CHAPITRE 4
Clark Kent posa sa sacoche dans l'entrée, il se déchaussa, accrocha sa veste sur la patère ... des gestes anodins, quotidiens. Mais la boule d'angoisse était toujours coincée dans sa gorge, la rage lui tordait invariablement l'estomac.
Diana était dans le vaisseau d'Arane, dans quel état ? Il préférait ne pas trop laisser son esprit extrapoler sur ce que le maudit prince lui faisait, il deviendrait fou.
Avec un soupir visant à faire baisser sa tension, il enleva ses lunettes et se redressa totalement, se dirigeant vers la petite cuisine de son appartement.
Il fallait qu'il se concentre sur la conversation à venir.
Lois l'attendait assise, les jambes croisées, une tasse de café noir fumant posée devant elle . Ses doigts pianotaient nerveusement sur la surface de la table et son visage était fermé.
Clark avait beau être doué de superpouvoirs, il se retrouva un instant incertain sur la défense à adopter.
La jeune femme parla la première.
- Ton message était vague, et vu l'urgence, je m'attends au pire ... quelle mission cette fois ci?
- Sauvetage, sur une planète d'un autre système. Il y a minimum deux semaines pour le trajet, et plus bien sûr pour régler la situation sur place.
Il essayait d'être le plus évasif possible, de retarder la question qui allait envenimer la situation. Il ne voulait pas qu'elle voit la détresse totale dans ses yeux ; l'importance que représentait la princesse amazone pour lui.
Il y avait toujours eu cette tension autour de la super héroïne entre eux. Clark n'était pas dupe, sa fiancée était jalouse, elle se sentait menacée. Il éludait donc le plus souvent les discutions ou son nom pourrait être mentionné.
La question tomba logiquement tout de suite.
- Sauvetage? De qui?
- Diane...
Il s'était retourné, et se faisait lui aussi couler un café. Il en avait tout sauf besoin car ses nerfs étaient tendus à l'extrême.
Mais il ne voulait pas que Lois le regarde quand il parlait d'elle.
La main de la brune arrêta de pianoter sur la table et Clark entendit son rythme cardiaque augmenter. C'était parti...
- Que s'est-il passé? N'est-elle pas presque aussi forte que toi ?
- Elle n'est pas pour autant invulnérable, l'homme qui l'a enlevé nous à tous mis à l'amende. Il est très fort, et vient d'une planète avec des technologies bien plus avancées que les nôtres. Quand ils sont partis elle était presque ...
Sa voix dérailla, le mot « morte » ne voulait pas sortir. Non c'était impossible.
- Il est si puissant , et vous voulez aller la chercher sur son propre terrain de jeu? Si il vous a battu ici c'est complètement suicidaire d'aller là-haut !
La journaliste montait dans les tours, la colère et l'inquiétude prenaient le dessus. Le fait que ce soit pour sauver Diana empirait la chose.
- Lois, je suis ce que je suis. Même si toutes les chances ne sont pas de notre côté. On ne peut pas abandonner l'un des nôtres sans se battre, sans essayer de le sauver.
- Alors vous vous jetez tous dans la gueule du loup?! Qui vous dit qu'elle est encore vivante de toute façon ?
La tasse à café de Clark explosa dans sa main et il fit volte-face, faisant sursauter la jeune femme.
Elle déglutit difficilement devant son expression agitée .
- Manquerais-tu d'empathie à ce point?! Diana a toujours risqué sa vie pour défendre la Terre et ses habitants. Elle mérite qu'on lui rende la pareille !
C'est une des personnes les plus bonnes que j'ai jamais rencontré, tu ne sais pas ce qu'elle risque d'endurer... ce que cet voulait lui faire...
Lois grimaça, elle avait en effet un peu honte. Mais c'était plus fort qu'elle, elle n'était pas objective dès qu'on parlait de la princesse.
- Excuse moi je... je réagis comme une idiote... j'ai juste tellement peur que tu me sois enlevé.
Clark comprit le double sens de sa phrase et soupira.
Il évita le regard contrit de sa fiancée et s'appliqua à nettoyer le café et les morceaux brisés de la tasse étalés sur le plan de travail.
Il ne voulait pas la faire souffrir, mais elle n'aidait pas avec ses réactions.
La Lois qu'il aimait n'était pas égoïste et sans cœur. Elle avait beau être incisive et fougueuse dans son travail, il avait toujours vu en elle cette volonté de faire le bien et éclater la vérité.
Seulement ces derniers temps, elle avait changé. Pensant plus à l'évolution de sa carrière qu'aux sujets faisant vraiment bouger les choses .
Dans leur relation de couple, elle lui reprochait de plus en plus de choses; manque de temps ensembles, manque de lâcher-prise dans leur intimité, et une certaine frustration de leur différence physiologique.
Elle grognait à chaque nouveau cheveux blanc apparaissant, ou chaque nouvelle ridule, et rejetait sa frustration sur lui; qui semblait plus jeune que jamais. Il y avait aussi ce sujet tabou de la maternité, qu'il ne pourrait jamais lui offrir, et qui semblait lui peser de plus en plus.
Il eu soudain un flash sur le baiser brûlant qu'il avait eu quelques heures plus tôt avec Diana. Malgré la situation tout sauf opportune, il avait ressenti des émotions incroyables.
Un malaise supplémentaire le prit. Cela rendait son intimité avec Lois si banale et peu passionnée. Pourtant quand il lui avait offert la bague de fiançailles, il était tellement sûr que la belle journaliste serait la femme de sa vie. Mais c'était avant Diana... et maintenant que la jeune amazone avait été enlevée, chaque fibre de son être tendait douloureusement à la retrouver, quitte à tout laisser tomber.
Il était loin d'être parfait, mais il n'était pas un menteur. Il avait besoin de lui dire; de ne pas rester emprisonné dans les faux semblant. Advienne que pourra.
Il pausa l'éponge dans l'évier et s'assit sur la chaise en face de Lois. Elle le fixa, tendue, sentant qu'il allait lui avouer quelque chose de douloureux.
Quel meilleur superpouvoir que l'intuition féminine...
- Je vais partir ce soir avec Jonn, wally et Hal, et je pense qu'il vaut mieux qu'on en discute maintenant... ca fait un moment déjà que nous nous éloignons l'un de l'autre. Que nos conversations, quand elles ne sont pas superficielles, virent vite aux disputes. Nous ne sommes plus sur la même longueur d'ondes tous les deux...
Les yeux de Lois s'agrandirent d'angoisse .
Elle sentait venir la suite. Elle le coupa
- Nous avons quelques désaccords oui, mais nous nous aimons . C'est ce qui compte.
Clark lui pris doucement la main . C'était dur, tellement dur.
- Ca ne fera qu'empirer Lois et tu le sais. Je serais perpétuellement absent, tu t'inquiéteras toujours... je ne pourrais jamais t'offrir une vraie vie de famille. Celle que tu mérites. Tu vas avoir 32 ans et je sais que si ce sujet ne te semblait pas si important il y a quelques années, aujourd'hui il te pèse. Et je ne peux que comprendre. Il m'a été très dur aussi de réaliser que je ne pourrais jamais être père. C'est un fardeau que je ne peux pas t'infliger ...
- On en a déjà parlé... je t'ai dis que je pouvais dépasser ca.
Cela sonna faux à leurs oreilles. Les yeux de la jeune femme s'embuèrent.
- Il n'y a pas que ca ... poursuivit Clark doucement. Je ressens quelque chose de fort pour Diana.
La main de Lois s'arracha rapidement de l'emprise de Clark et la colère déforma ses traits.
- Je le savais! Comment rivaliser avec madame perfection...
Elle pinça les lèvres et s'empêcha de continuer sa tirade enflammée sur l'Amazone. Elle avait sa fierté et elle savait qu'elle s'enfoncerait a dénigrer Diana alors que celle ci était en train de subir les enfers.
- Je suis désolé Lois, je n'ai jamais voulu que ça se passe comme ça ... je n'ai jamais voulu te faire du mal. Je ne veux pas non plus que notre relation soit basée sur un mensonge. Nous n'allons plus nul part tous les deux.
Elle ouvrit la bouche, puis la referma. Pour une fois, sa célèbre répartie lui faisait défaut. Tout son plan de vie était remis en questions, toutes ses certitudes. Et en même temps, elle sentait au fond d'elle que ce moment lui pendait au nez.
- Je pense que je vais y aller, réussit-elle à souffler, ravalant ses larmes.
Elle se leva , raide comme la justice, fit deux pas et s'arrêta à sa hauteur. Elle hésita puis retira sa bague de fiançailles et la laissa tomber sur la table devant Clark.
- Je viendrais reprendre mes affaires pendant ton absence et je laisserais la clef à ton concierge.
Ils se fixèrent un petit moment, le regard chargé de tristesse, de regrets. Mais au fond, c'était vraiment le bon choix.
- Reviens- nous en un seul morceau ...
Il lui fit un petit sourire.
- On se verra bientôt au bureau.
Le ventre de la journaliste se tordit à cette pensée. Ca ne serait plus jamais comme avant.
Elle prit son sac à main et son trench sur la banquette. Clark écouta la porte claquer, et pendant quelques minutes le bruit de ses talons aiguilles jusqu'à se qu'il semblait être sa station de métro.
Ses yeux étaient fixés sur la bague le narguant sur le bois brut de la table.
Il n'avait pas le luxe de se laisser plus de temps pour pleurer sur l'échec de ses fiançailles.
Déjà Diana avait à nouveau toute la place dans son esprit.
La bile lui monta à la gorge quand il repensa à Arane la touchant, et ce qu'il lui avait susurré à l'oreille avant qu'elle ne perde connaissance. Son ouïe ultra sensible avait pu le capter, contrairement à ses coéquipiers.
" mes doigts ne sont qu'un avant goût de ce qui t'attend ma belle"
Un craquement sinistre le sorti de sa torpeur; il avait cassé la table avec la pression de ses poings.
...
Diana sortait doucement de son état comateux. Elle mit plusieurs minutes à remettre ses idées en place...
La soirée de Bruce, sa transe soudaine... Lui!
Ses poings se contractèrent, alors qu'elle n'avait pas encore ouvert les yeux. Il l'avait humilié, elle s'était sentie faible comme jamais auparavant. A la merci de ses gestes obscènes.
Et puis elle s'était évanouie, ses coéquipiers n'avaient rien pu faire pour l'aider.
Où était-elle maintenant?
Elle sentait du métal froid et dur sous elle.
Ses yeux se forcèrent péniblement à s'ouvrirent.
Ce fut d'abord un flou blanc, qui se précisa; la lumière aveuglante d'un néon au dessus d'elle, des murs immaculés, des étagères remplies de flacons en tout genre. La pièce était aseptisée, chirurgicale. Un bip strident retentissait régulièrement à sa gauche, sortant d'une machine qui était reliée à son bras par une perfusion. Un liquide bleu foncé lui était injecté par intraveineuse.
Quoi que ce soit, ça lui avait apaisé ses maux. Elle ne ressentait plus cette chaleur accablante, son rythme cardiaque était stable et les veines violettes n'étaient plus qu'un mauvais souvenir à l'instar des visions qui allaient avec.
Elle essaya de se redresser mais ses bras étaient maintenus par de solides sangles à la table d'acier sur laquelle elle était allongée.
Elle râla, banda ses muscles et essaya de les briser, en vain. Sa force n'était pas encore revenue.
Un bruit de porte automatique lui fit brusquement tourner la tête. Arane entra, un sourire carnassier aux lèvres.
- Vous voilà réveillée princesse! Quelle rapidité de guérison je suis bluffé!
Diana essaya tant bien que mal de camoufler son stress en le voyant s'approcher d'elle .
Il posa deux doigts sur son poignet pour mesurer son pouls.
Ce contact lui rappela aussitôt quand ses doigts s'étaient aventurés autre part.
- Ne me touche pas sale porc! Je ne veux plus jamais que tu poses tes mains sur moi!
Il ricana .
- Voyons c'est comme ca que tu traites ton futur seigneur et amant?
- Tu ne seras jamais ni l'un ni l'autre.
Elle repensa soudain à la phrase qui lui avait glissé à l'oreille avant qu'elle ne perde connaissance, quand elle lui avait demandé la teneur du traitement.
La belle brune regarda son corps avec appréhension. Elle avait toujours sa robe de soirée, ainsi que ses sous-vêtements.
Le prince suivit son regard et capta ses pensées.
- Vous étiez en trop mauvaise posture , seule l'injection de fleur d'Azaltriz pouvait vous sauver. Heureusement que j'en avais dans la pièce de soin.
Diana poussa un léger soupir de soulagement, mais cela ne dura pas quand elle vit la lueur folle revenir dans les yeux noisettes du Lusien. Il lorgnait ses jambes à travers la fente de sa robe.
- Maintenant que vous n'êtes plus à l'article de la mort, cela semble être plus opportun.
D'un geste rapide, il attrapa des deux mains le tissu beige pailleté au niveau de l'ouverture mi-cuisse et tira d'un coup sec, déchirant sa robe jusqu'au nombril.
Il se délecta de la vue alors que la jeune femme se tortillait vainement pour l'éloigner d'elle.
- Tu es une si belle créature, tu es faite pour ça, ne soit pas si belliqueuse. Nous nous imbriqueront à merveille tous les deux. Si tu te laisse faire, tu pourrais même y prendre du plaisir. Je suis un très bon amant.
- Aucun homme ne m'a jamais touché, cracha Diana, et je ne te laisserai certainement pas ce privilège vieux bouc malade! Relâche moi tout de suite.
Arane eu un temps d'arrêt et fronça les sourcils, décontenancé.
- Tu es vierge ?
- Je le suis et je le resterai !
- Cela change tout... souffla-t-il perplexe. Notre déesse nous interdit de prendre la pureté d'une femme sans cérémonie .
Il semblait hésiter, son regard accroché sur le ventre tendu et la culotte blanche à dentelle de sa prisonnière.
- Mais en même temps nous ne sommes pas encore arrivés ... Nos lois ne s'appliquent pas en dehors de Lusac.
Diana arqua les sourcils, les Lusiens avait une Déesse et étaient vraisemblablement pieux. Il fallait profiter de cette brèche.
- Je suis une princesse amazone bénie des dieux ; ils m'ont donnés mes pouvoirs, mon immortalité, et ma virginité est sacrée. Vous ne pouvez pas me la voler ainsi, en me forçant. Ce serait un sacrilège impardonnable.
Arane tendit la main pour la toucher, mais se ravisa en grognant .
- Très bien, nous ferons ce qu'il faut sur Lusac pour que tout soit dans les règles. Mais ne te méprends pas. Tu seras mienne de toute façon.
La jeune femme se détendit légèrement lorsqu'il quitta la pièce en râlant.
Ca lui donnait du répit, le temps qu'elle retrouve sa force.
Qu'avait-il dit? Ils n'étaient pas encore sur Lusac, donc dans son vaisseau.
Dommage, elle ne pouvait pas se préparer à ce qui l'attendait. Elle n'avait lu aucune information sur cette planète.
Étaient-ils tous aussi forts que le prince?
Avaient-ils une armée ? Des armes de guerre avancées ?
Aaaarrrgghhhh aucune idée. Si Jonn était là...ou Hal. C'étaient eux les savants pour ce genre de questions.
Elle eu une pensée pour ses coéquipiers. Surtout kal, qui avait lui aussi subit il y a trois ans les assauts de la reine superpuissante Maxima, voulant qu'il lui donne un héritier et l'épouse.
Sur le coup ils avaient tous pris ça avec légèreté, le taquinant quand tout s'était arrangé . Mais maintenant elle voyait ça totalement autrement.
Kal... un flash l'assaillit; elle lui collait sa main sur son sein et l'embrassait à pleine bouche.
"Oh Héra! Qu'est ce que j'ai fait! "
Elle se mit à rougir, se rappelant leur étreinte, le gout de sa bouche , de sa langue sur la sienne, son odeur boisé et sa silhouette imposante contre son corps.
Comment allait-elle gérer cela?
Il ne fallait pas qu'elle y pense. De toute façon , si elle ne se sortait pas de cette galère avec le Lusien, elle n'aurait rien à gérer du tout... et pour l'instant, vu sa posture à moitié nue entravée sur une table, dans un vaisseau se dirigeant vers une planète inconnue et puissante, c'était mal barré.
