La suite ? La suite :) Merci à toutes celles et ceux qui me lisent !
balises d'épisode: courant saison 5 avant Zenith.
Partie 2 :
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George abattit ses deux mains à plat sur la table pour faire taire les nouvelles chamailleries en cours :
— Ça suffit ! Sortez d'ici ! Tous les quatre ! Vous êtes placés à l'isolement…
— Quoi ?
— Colonel ! Je disais, vous êtes placés à l'isolement, chacun dans vos quartiers…
— Mais…
— Major !
Sam le fixait, déjà debout, des flammes au fond des yeux :
— Mon général, avec tout le respect que je vous dois, je ne peux rien faire de mes quartiers, je dois pouvoir avoir accès à mon labo et…
— Vous aurez accès à votre labo, major, quand je serai certain de votre état.
Elle rebéqua instantanément :
— Mais Janet a dit que nous allions parfaitement bien et…
George inspira pour garder son calme :
— Major !
— Mais…
— C'est un ordre, Major !
Elle ouvrit la bouche pour répondre encore puis s'immobilisa, mâchouillant sa lèvre inférieure, ses yeux dardant des éclairs dans sa direction. George essaya d'ignorer la main que Jack avait posée sur le bras de Sam et comment ses doigts s'enroulaient doucement autour de son poignet, réussissant à la calmer, ou du moins à stopper son insubordination. Elle n'ajouta rien. Jack se racla la gorge et se leva à son tour, sans la lâcher :
— À vos ordres, mon général.
Sam coula vers lui un regard en biais que George décida d'ignorer aussi. D'un geste, il ordonna aux hommes qu'il avait choisis pour être les « nounous » de son équipe phare, de reconduire tout ce petit monde dans sa chambre. Quand ils furent tous sortis, il se laissa retomber sur son siège en soupirant et se passa une main sur le visage. Le docteur Frasier, à sa droite, lui offrit un visage compatissant.
— Vos conclusions, docteur ?
Janet eut un petit sourire navré :
— Sam n'a pas tort, autant que je puisse en juger, ils vont bien.
— Et ce sont bien eux ?
— Visiblement, oui. On attend encore les résultats ADN formels mais tout le reste semble correspondre.
George se gratta la tête, ne sachant pas comment formuler sa question :
— Et pour leur… âge ?
— Teal'c ayant reçu son premier symbiote à l'âge de onze ans, on peut en déduire qu'il a moins de onze ans, je pencherai pour dix, approximativement. Le Docteur Jackson, à en juger par le développement de sa dentition, aurait environ sept ou huit ans, je donnerais une quinzaine d'années au Colonel O'Neill au vu de son développement osseux et seize ans à Sam.
— Pourquoi autant de précision la concernant ?
Janet ouvrit le dossier sur une photo représentant la hanche droite de Sam :
— C'est elle qui a trouvé. Vous voyez cette marque, mon général ?
— Ça a l'air récent.
— Oui, normalement c'est une vieille cicatrice, sauf que Sam s'est fait cette blessure le lendemain de ses seize ans…
George fronça les sourcils :
— Attendez, vous êtes donc en train de me dire que cette machine ne les a pas fait juste rajeunir mais leur a redonné leur corps…
— De l'époque, oui, termina Janet.
— Et sait-on pourquoi ils n'ont pas tous le même âge ?
Janet posa ses coudes sur la table et le menton dans ses poings, fixant les dossiers étalés devant elle :
— Aucune idée.
— Et pour le reste ?
Janet tourna la tête pour le regarder :
— Ils ont tous leurs souvenirs et pour autant que j'ai pu le constater sans test approfondi, toutes leurs capacités d'adulte, mais émotionnellement… ils ont l'âge de leur corps.
Malgré les preuves évidentes, George avait espéré le contraire :
— Je vois. Que recommandez-vous ?
Janet inspira et grimaça :
— Honnêtement mon général, tout ceci me dépasse complètement…
— Pensez-vous que nous puissions laisser le Major Carter et le Docteur Jackson travailler ?
Janet réordonna vaguement les dossiers devant elle :
— Je doute qu'on ait vraiment le choix, ils sont probablement les plus qualifiés pour travailler sur la résolution de leur problème, et je crains que vous ne puissiez empêcher Sam d'atteindre son labo…
La pointe de rire dans la voix de Janet fit sourire George qui secoua la tête :
— Effectivement…
— Pour ce qui est du reste, reprit le médecin, je recommande que l'on fasse attention à leur fatigue, en particulier en ce qui concerne le Docteur Jackson… ça reste un enfant de sept ans.
George frappa ses mains l'une contre l'autre :
— Bien, je vais faire prévenir nos alliés, je pense que nous aurons besoin de leur aide…
La voix d'ado de Carter résonna dans les couloirs, portant jusque dans la salle de briefing restée entrouverte :
« Mais ça n'a aucun sens que je vous dise de quoi j'ai besoin de mon labo pour que vous me le rameniez ici ! Vous n'allez pas transférer tout mon labo dans mes quartiers, si? Laissez-moi passer, je dois reparler au général ! »
George échangea un regard avec Janet et soupira :
— Je vais faire appeler Jacob en premier.
— Je crois que c'est sage mon général, sourit Janet, en attendant, je vais voir ce que je peux faire pour la calmer.
« Demandez à Jack » faillit être la réponse spontanée du général mais il la retint de justesse :
— Je vais lui laisser l'accès à son labo, ça devrait aider, pour l'instant.
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Sam serra les poings, pensant à l'analyse des données qu'elle venait de lancer juste avant qu'on ne la chasse de son labo pour la réenfermer dans ses quartiers :
— Je n'ai pas sommeil ! Laissez-moi retourner travailler !
La soldate qu'on avait affectée à sa garde la regarda de haut avec un regard plus aigu que sa mâchoire :
— Ce sont les ordres du Général Hammond, Madame.
— Rahhh, le Général Hammond, je …
— Carter ! fusa une voix de l'autre côté du couloir.
Sam se tortilla pour apercevoir le colonel par-dessus les épaules de leur garde respectif :
— Mon colonel ! Dites-leur que je dois retourner travailler pour nous sortir de là !
Jack se décala pour la regarder par en-dessous les bras de son surveillant et elle fit de même :
— Ce n'est pas moi qui décide, Carter.
— Mais colonel…
— Le Général Hammond a été clair Madame, reprit sa gardienne, extinction des feux à vingt-deux heures.
Sam soupira et se prit la tête dans les mains :
— Mais je ne suis jamais couchée à vingt-deux heures !
Un gloussement traversa le couloir, elle se raidit :
— Ah parce que ça vous fait rire, mon colonel ?
— Pour une fois, vous allez peut-être faire une nuit complète, major !
— Niah niah niah, singea-t-elle en tentant une grimace, sans savoir s'il la verrait de si loin.
— Vous n'allez pas recommencer ! gronda le soldat en charge devant la porte d'O'Neill. Monsieur, Madame, s'il vous plaît, ajouta-t-il un peu confus et visiblement déstabilisé par la situation.
Ce jeune homme avait l'air moins à l'aise et plus facilement manipulable que le cerbère qu'on lui avait affecté, nota Sam en se promettant de tirer parti de cette information plus tard.
— Ne vous plaignez pas Carter, reprit O'Neill, ils ont mis Daniel au lit à vingt heures.
Elle manqua de s'étrangler et explosa de rire :
— Sérieusement ?
— Comme je vous le dis. Et encore, vous deux au moins vous avez pu sortir de vos quartiers, je vous rappelle que Teal'c et moi sommes enfermés dans les nôtres depuis ce matin !
Elle pouffa dans sa main :
— Ils vous ont nourris au moins, rassurez-moi, mon colonel ?
— Évidemment.
— Mais ? tenta Sam qui sentait bien qu'il y avait autre chose.
— Toute la journée avec juste un yoyo, c'est long, bougonna le colonel.
— Fallait passer à mon labo, lança-t-elle dans un sourire difficilement contrôlé.
— Ils n'ont pas voulu !
— Nos ordres sont de vous garder isolés les uns des autres et dans vos quartiers, sauf exception, se sentit obligé de préciser le jeune soldat.
— Et la Game Boy ? lança-t-elle.
— Plus de piles, grogna Jack.
« Jack… » Sam prit conscience de ce qu'elle pensait et était en train de faire alors qu'elle avait déjà sauté sur ses pieds, les deux mains dans sa commode. Elle s'immobilisa un instant, les doigts roulant sur les piles qu'elle gardait toujours là, pour lui, quand il se retrouvait coincé à la base pour une raison ou une autre. Elle hésita. Pourquoi d'ailleurs ? Ce n'était que des piles. Elle referma sa main dessus et bondit jusqu'à sa porte, juste avant que la main de Cerbère ne se pose en travers de sa poitrine :
— Madame, vous devez rester dans vos quartiers !
— Oh ça va, ce sont juste des piles ! Je peux lui donner non ? Ou faites-le vous-même si vous voulez !
Les deux gardes échangèrent un regard et Sam tenta une œillade vers le jeune soldat qui lui valut un levé de sourcil de Jack… D'O'Neill, se corrigea-t-elle. Finalement, Cerbère roula des yeux et baissa son bras :
— Deux minutes.
Sam força son plus beau sourire :
— Merci.
En passant, elle frôla le garde d'O'Neill qui rougit brièvement.
— Carter… la gronda gentiment Jack.
Elle haussa les épaules, puis certaine de son effet, elle le regarda légèrement par en-dessous, avec ce regard qui, elle le savait, l'atteignait toujours d'une façon ou d'une autre. Jack déplaça légèrement son poids sur ses appuis, reportant son attention sur leurs mains qui se rejoignaient alors qu'elle faisait glisser les piles dans sa paume. Volontairement, Sam laissa ses doigts s'égarer un peu sur la peau du colonel, cherchant machinalement dans le creux de sa main, les cales dont elle connaissait par cœur chaque relief mais qui désormais n'existaient plus. Il ferma brièvement les yeux et inspira un peu plus fort, sa main vibra légèrement sous ses doigts et Sam se sentit déglutir à son tour, soudain un peu mal à l'aise, comme prise à son propre piège. Elle releva la tête, tombant sur les yeux de Jack qui attendaient les siens : elle oublia de respirer.
Et merde.
Il fallait qu'elle se reprenne, maintenant. Qu'elle enlève sa main déjà pour commencer. Ou qu'elle arrête de le regarder. Et de sourire bêtement, oui, ça ce serait bien. Allez Sam. Allez ma grande, arrête d'agir comme une godiche ! Mais elle avait beau s'admonester mentalement, elle ne bougeait pas d'un pouce et sentait les traits de son visage se crisper tellement elle souriait niaisement. Pathétique. Et respirer ! Il fallait qu'elle respire, maintenant ! À y regarder de plus près, Jack aussi affichait un air nigaud.
Deux idiots ! Comme des gosses. Elle avait quitté l'adolescence, bon sang ! L'évidence la rattrapa et la heurta de plein fouet tandis que le manque d'air lui faisait tourner la tête, à moins que ce soit son cœur qui batte la chamade : ils étaient de nouveaux des adolescents et cela allait poser problème, aussi sur ce point précis… surtout sur ce point précis ?
Un cri fendit l'air, brisant l'instant suspendu, et Sam avala par réflexe une grande goulée d'air alors que Cerbère l'empoignait par le bras pour la tirer dans sa chambre.
— Daniel ! hurla Jack en essayant de lutter contre son propre garde pour passer.
Sam se débattit mais l'autre resserra sa prise :
— C'est Daniel ! Laissez-moi passer !
— Quelqu'un s'occupe de lui et va aller voir ce qu'il a, retournez dans vos quartiers Madame, s'il vous plaît.
— Hors de question ! cracha-t-elle bravache avant de se retourner le bras dans une tentative d'échapper à son adversaire.
— Madame, ne m'obligez pas à vous faire du mal.
— Essayez pour voir ! Mon colonel !
— Carter !
— Qu'est-ce qui se passe ici ? tonna la voix de Janet qui remontait à vive allure le couloir.
— C'est Daniel ! répondit Jack.
— Ils ne nous laissent pas aller le voir ! ajouta Sam.
— Le Docteur Jackson dort, il a fait un cauchemar, expliqua doucement Janet, tout va bien.
— Non, tout ne va pas bien, contra Jack, il a besoin de nous.
— Daniel ne fait jamais de cauchemars isolés, ça va durer toute la nuit, explicita Sam.
— Il a sept ans ! argumenta Jack. Vous n'allez pas le laisser tout seul à sept ans face aux cauchemars qu'on peut avoir dans ce job ? Si ?
Janet les regarda tour à tour et soupira :
— Qu'est-ce que vous proposez ?
— Laissez-nous aller le retrouver !
Sam grimaça, sa voix avait été un peu plus implorante qu'elle ne l'aurait voulu. Janet la fixa et décrocha le téléphone mural le plus proche :
— Passez-moi le général, s'il vous plaît.
La minute que Janet passa en conversation avec Hammond parut durer une éternité à Sam qui piétinait sur place. Enfin, son amie raccrocha :
— C'est bon, vous pouvez y aller.
Les gardes semblèrent hésiter un instant, Sam agita son bras :
— Hé, lâchez-moi maintenant !
— Vous avez entendu la dame ? ajouta Jack qui lui tendit la main avant de l'entraîner dans les couloirs en direction de la chambre de Daniel. Teal'c y était déjà, défiant son propre garde qui leva les mains dans un geste désespéré envers Janet :
— Il ne veut rien savoir.
Janet balaya l'inquiétude du soldat d'un sourire navré :
— Ce n'est rien, le général est d'accord pour qu'ils y aillent.
Ils s'engouffrèrent tous les trois dans la chambre sombre. Le colonel tâtonna sur la table de nuit jusqu'à allumer la lampe de chevet mais elle faisait bien trop de lumière, il la posa au sol et l'éloigna. Dans le lit, couvert de sueur, Daniel geignait, endormi, s'agitant dans les couvertures. Sam se laissa tomber assise sur le bord du lit et de l'autre côté de Daniel, Jack fit de même. Debout derrière elle, Teal'c les fixait.
— Chut… souffla-t-elle doucement en glissant sa main dans les cheveux fins et en bataille de Daniel.
Jack attrapa la main de leur ami et la serra :
— Tout va bien Daniel, on est là, tout va bien se passer.
La ride qui barrait son front de petit garçon se détendit un peu et Daniel soupira légèrement dans son sommeil. Sam immobilisa sa main mais Daniel recommença à s'agiter.
— Chut, tenta-t-elle encore, tout va bien.
— Nous sommes tous là Daniel Jackson, ajouta Teal'c d'une voix si claire qu'elle prenait toujours Sam un peu au dépourvu.
C'était étrange de voir Teal'c si jeune, à peine plus vieux que Daniel maintenant, plus jeune que Jack, plus jeune qu'elle. Elle tourna la tête pour croiser le regard du colonel, comme pour chercher confirmation avant de formuler à voix haute ce qu'elle pensait qu'ils songeaient tous :
— On va rester là toute la nuit, elle s'allongea à coté de Daniel pour se rapprocher de son oreille : On reste avec toi Daniel, promis.
Elle sentit l'enfant se détendre sous sa main et Jack lui adressa un de ses sourires qui lui faisait toujours fourmiller le ventre.
— Teal'c, vous… commença Jack avant de s'arrêter et de grimacer, tu ne dormais pas non plus ?
— Non, O'Neill. Sans symbiote, je n'arrive pas à effectuer le kelno'reem.
Sam fronça les sourcils, elle n'avait pas du tout pensé à ce problème.
— Ah oui, c'est… embêtant, commenta Jack.
— En effet, O'Neill.
— Et comment font les enfants jaffa, avant la prim'ta ? demanda-t-elle finalement.
Teal'c la fixa et haussa les épaules :
— Ils dorment, comme les humains, mais je ne sais plus comment faire. Je n'y arrive pas.
— Ah, releva simplement Jack.
Sam se décala de façon à lui laisser de la place :
— Commencez donc par essayer de vous allonger.
Teal'c leva un sourcil, ce qui sur son jeune visage paraissait hautement comique :
— Major Carter ?
— Ce lit est bien assez grand pour nous quatre.
Sam avait replié ses jambes et, après une minute d'hésitation, Teal'c s'allongea vers le pied du lit, la tête proche de son genou. Jack, lui, s'était étendu de l'autre côté de Daniel. Ce dernier s'agita et machinalement, Sam et Jack se recroquevillèrent autour de lui : une main dans la sienne, l'autre dans ses cheveux. Rapidement, les doigts de Sam frôlèrent ceux d'O'Neill au milieu des mèches brunes. Elle croisa son regard au-dessus du corps endormi de l'enfant qui ronflait doucement, à présent complètement rassuré.
— Beau travail major, sourit-il.
— Travail d'équipe, répondit-elle dans un souffle.
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— Content que tu aies pu venir aussi vite ! s'exclama George avec un soulagement non feint dans la voix.
— Où est-ce qu'ils sont ? demanda Jacob pendant qu'ils remontaient le couloir.
— Dans les quartiers du Docteur Jackson.
Jacob sembla tiquer et lui lança un regard en biais :
— Tous les quatre ?
— Cauchemars, répondit George en espérant que cela suffirait.
Ils trouvèrent les quatre gardes en faction devant la porte close.
— Ils dorment tous depuis presque trois heures, précisa l'un d'eux.
Hammond posa sa main sur la poignée de la porte :
— Bien, je vous remercie, prenez une pause, nous prenons le relais. Disposez.
Alors qu'il ouvrait la porte, la lumière du couloir éclaira le lit où reposaient entrelacés les quatre membres de SG1. Daniel, minuscule, blotti entre Sam et Jack, et Teal'c en boule vers le pied du lit, la tête sur le mollet de Sam. George essaya d'ignorer comment les doigts de ses deux officiers s'étaient étroitement entremêlés sur l'oreiller, au-dessus de la tête de Daniel, et vu la tête de Jacob, il supposa que son meilleur ami essayait vainement de faire de-même.
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à suivre
