Bonjour tout le monde, après un weekend de salon littéraire et de dédicaces, voici la partie 5 !

J'espère que ce mois de juillet se passe bien pour vous.

Merci à Dana LMM pour les commentaires et tout son précieux travail de correction ! Merci à Shippeusesamnjack pour ses encouragements et aux deux pour leur présence, leurs relectures et surtout leur amitié ! Je vous attends en commentaire si le cœur vous en dit ;)

Balises d'épisode: courant saison 5 avant Zenith

Note de la correctrice: Ne buvez pas en lisant cette fic !

La maison décline toute responsabilité en cas de crise de rire ayant entrainé un étranglement. ET ne vous étouffez pas, restez avec nous l'histoire est loin d'être finie! ;)


Partie 5:

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— Vous êtes consignés ici à l'infirmerie ! Tous les quatre ! Jusqu'à nouvel ordre !

Jack se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas éclater de rire. George, au stade au-delà de la colère, avait quelque chose de profondément hilarant. La sueur faisait briller son crâne rond sous la lumière crue des néons, la veine sur sa tempe battait la mesure en écho de la jugulaire de son cou, il crachait ses fins de phrases et bafouillait le début des suivantes. Aussi loin qu'il puisse s'en souvenir, les engueulades parentales avaient toujours eu cet effet sur Jack : surprise, gêne, rire. Que le parent soit effectif ou symbolique ne changeait rien : géniteur, professeur, curé, général visiblement aussi, tous lui faisaient le même effet. Il avait un jour lu que c'était une réaction réflexe chez les jeunes enfants maîtrisant mal les codes sociaux, sourire pour provoquer la sympathie de l'agresseur potentiel, ou un truc comme ça, il ne savait plus vraiment. Visiblement, il avait trois ans pour toujours. Ou il avait mal compris, ou oublié depuis le temps, cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas ouvert un livre sur la parentalité. Aucun livre n'avait de toute façon fait de lui un père correct, ils n'avaient rien empêché.

— Ramassis de conneries, grinça-t-il pour lui-même entre ses dents.

— Je vous demande pardon, colonel ? éructa George, furieux.

Oups. Merde. Rebondis Jack. Rebondis.

— Je trouve cette sanction injuste.

George devint si rouge que Jack se demanda très sérieusement pendant une minute s'il y avait un risque que le général ait pu avaler sa langue.

— Vous vous fichez de moi colonel ?

Bon, non visiblement. Jack grimaça, il avait peut-être rebondi un peu fort mais il était maintenant trop tard pour abandonner, même si un rapide coup d'œil à sa droite puis à sa gauche lui avait permis de voir les yeux de Sam et Daniel hurler « Stop », ceux de Carter semblaient même clignoter comme une enseigne lumineuse qui afficherait « mission suicide – abandonnez mission » mais il était déjà lancé alors :

— Mon général, il n'y a rien eu de si catastrophique…

— Les quartiers de Teal'c ont brûlé !

Nouveau stade, la voix de George, vraiment, vraiment très en colère, partait un peu dans les aigus, Jack n'aurait jamais parié là-dessus.

— Une bougie, ça aurait pu arriver à tout le monde, monsieur.

Teal'c leva les deux sourcils, même lui n'y croyait pas, l'accusé réfutant son avocat, bravo Jack.

— Quarante-deux bougies laissées sans surveillance, colonel !

Il haussa les épaules et continua alors que même son propre esprit lui soufflait que c'était une mauvaise idée :

— Une ou quarante-deux…

— Colonel !

— Pour la défense de Teal'c, ce n'est pas tout à fait de sa faute, il était sorti de sa chambre…

— Parce que le docteur Jackson hurlait parce que vous aviez mis du piment dans son bocal de chocolat en poudre ! Je le sais bien et je ne suis pas certain que ce soit dans votre intérêt de me le rappeler, colonel !

— Il avait mis tous mes calçons sous la douche !

Hammond agita les bras :

— Et vous trouvez vraiment que c'était une réponse appropriée, colonel ?

— J'ai dû porter une culotte de Carter !

L'intéressée laissa échapper un gargouillis à sa droite, il grimaça, embarrassé de la voir rougir de gêne.

— Désolé Carter, glissa-t-il dans un filet de voix.

— Mais tu as dit que j'étais un gamin ! se défendit Daniel avec sa voix fluette.

— Mais parce que tu es un gamin, Daniel ! Tu l'étais déjà avant la machine !

— Colonel !

— Je t'interdis de dire ça ! beugla Daniel.

— Docteur Jackson ! s'époumona vainement George.

— Gamin ! Gamin ! fanfaronna-il.

— Tu vas me le payer Jack !

Il fit mine de trembler et fixa le petit garçon qui s'agitait sous son nez :

— Vas-y, essaie pour voir !

— Maintenant ça suffit !

Hammond avait hurlé si fort que toute la base avait dû l'entendre, d'ailleurs un silence inhabituel planait subitement. Il les planta de son regard dur tour à tour :

— Écoutez-moi bien maintenant : vous allez vous taire. Et obéir. Et ne pas sortir d'ici tant qu'on n'aura pas trouvé avec certitude un moyen de vous rendre vos… il agita la main, confus, cherchant le terme approprié : capacités ou quoi que ce soit d'autre.

Jack savait qu'il aurait dû la fermer, ou alors l'ouvrir juste pour marmonner « oui mon général » en baissant la tête mais… il ne le fit pas. Il ne pouvait pas s'en empêcher :

— Pour ça, vous allez avoir besoin de Carter et elle n'a pas participé au complot piment ! C'est injuste qu'elle soit punie pour ça. Pourquoi est-elle consignée aussi ?

— Parce qu'elle a refusé de m'écouter, n'en a fait qu'à sa tête et a fait griller un serveur et la moitié des ordinateurs de cette base, répondit la voix vibrante de colère contenue de Jacob.

— Papa ! couina Sam.

— Papa ! reprit Jack sur le même ton pour la soutenir.

— Oh non Jack, pas cette fois ! tonna Jacob dans un avertissement si évident que, pour le coup, Jack baissa la tête.

— Bien, soupira George. Et maintenant, extinction des feux, je vous verrai demain.

— Quoi ? s'étrangla Sam.

— Mais il est seulement vingt et une heure ! couina Daniel.

— Au lit, enfants ! ordonna Bra'tac qui n'avait pas bougé du fond de la pièce jusqu'à présent.

— Et puis après quoi, Janet va venir nous border et nous lire une histoire ? ironisa Jack.

— Je vous attends tous les quatre à six heures, répondit Bra'tac sans ciller, l'entrainement durera toute la journée. Nous verrons si vous avez progressé au combat, je commencerai par vous O'Neill, puisque vous êtes si en forme.

Jack grimaça, son dos couvert de bleus causés par autant de coups de bâton mal esquivés se rappela à son bon souvenir.

— Maintenant, couchez-vous et dormez sans attendre ! ajouta Bra'tac avant de tourner les talons et de sortir, suivi des deux autres. Avant de partir, George leur adressa un regard noir, coupa la lumière et ferma la porte.

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George se laissa tomber dans le fauteuil en bout de table de briefing, Jacob à sa droite, Bra'tac à sa gauche. Les coudes sur le bois, il se massa les yeux avant de laisser lentement ses mains glisser sur ses joues. Il ne s'était pas senti autant épuisé depuis longtemps. Il soupira :

— Est-ce qu'on a été trop loin ?

Jacob lui lança un regard en coin :

— C'est eux qui ont été trop loin. Je te trouve même très gentil, il secoua la tête : il aurait fait chaud qu'un seul de mes hommes se permette de me parler comme Jack l'a fait avec toi, sous mon commandement.

George sentit la lassitude l'accabler, il rejeta la petite voix qui menaçait de le blesser et de l'atteindre, sachant pertinemment que, même si dans les faits cela sonnait comme un jugement, ce n'était pas la volonté de son ami. Il se tourna vers Jacob :

— Crois-tu vraiment qu'on soit encore dans ce genre de rapport ?

Jacob laissa échapper un éclat de rire froid :

— Tu es plus son père que son général, il secoua la tête, cela fait longtemps qu'ils sont tes enfants avant d'être tes hommes, même avant tout cela…

— Tu les connais Jacob, tu sais comment ils sont, ose me dire que tu aurais pu faire autrement à ma place.

Jacob inspira et se laissa aller contre son dossier :

— Je n'ai pas dit cela, mais Sam est ma fille…

— Et Jack t'appelle papa depuis trois ans…

Jacob tourna la tête dans sa direction et son regard se fit aigu mais il n'ajouta rien. George essaya de savourer ce point gagné sans sourire, ni suffisance. Un rire attira son regard de l'autre côté de la table. Bra'tac semblait toujours prendre la situation avec légèreté.

— Qu'est-ce qui vous fait rire ? demanda Jacob, acide.

— Jack a la fougue du guerrier et l'angoisse de l'enfant, il a besoin de la confiance d'un père pour grandir. Et vous le savez. Et c'est tout à votre honneur de remplir ce rôle Hammond du Texas.

Oh oui, George le savait bien, il l'avait toujours su, il avait juste fait en sorte de s'acquitter de la tâche sans y regarder de trop près jusqu'à présent. Jacob le fixait avec cet air satisfait et moqueur qu'il n'avait heureusement pas transmis à Sam, mais qu'il voyait un peu trop souvent chez Jack.

— Et vous Jacob de la Tok'ra, vous êtes confronté à ce que tout père de fille affronte : son cœur a parlé et dès lors, vous ne pouvez plus être que le père des deux ou d'aucun. Vous le savez. Et votre choix est fait depuis longtemps.

Jacob grogna et si ses yeux avaient pu lancer des éclairs, ils l'auraient fait. Était-ce ça ? Était-ce le rire de Bra'tac ou le besoin impérieux d'évacuer l'angoisse et la fatigue qui l'avaient assailli toute la journée ? George n'en savait rien mais il éclata de rire à son tour, ce qui ne fit qu'assombrir encore un peu plus Jacob. George tendit un bras dans sa direction :

— Elle aurait pu choisir tellement pire, et tu le sais bien. Je sais que tu l'aimes bien.

— Ils n'ont pas le droit George, on ne devrait même pas être en train de parler de ça.

George soupira, Jacob avait raison, comme toujours, il avança quand même pour le rassurer autant qu'il essayait de se rassurer lui-même :

— Vu la situation depuis une semaine, nos archives vidéos sont stockées, plus rien ne sort de la base, tout sera scellé.

Jacob leva un sourcil :

— Comment as-tu obtenu cela du président ?

George grimaça :

— Il m'en doit une. Et puis les petits ont sauvé le monde plusieurs fois, non ?

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— Ok Carter, pourquoi est-ce que tu ne dors pas ?

Sam ferma les yeux, ce qui ne changeait pas grand-chose dans le noir de la chambre, et sourit sans même le vouloir, Jack la connaissait bien, beaucoup trop bien :

— Comment le savez-vous, mon colonel ?

— Fréquence respiratoire, répondit-il simplement, comme si le fait qu'il connaisse parfaitement la façon dont elle respirait éveillée et endormie était absolument normal. Vous voulez en parler, major ?

Sa voix n'était plus si naturelle à la fin de la phrase, comme gênée, comme si les mots trébuchaient à la bordure de ses lèvres. Un sourire triste glissa sur son visage tandis qu'elle demandait :

— Ça devient de plus en plus dur, n'est-ce pas ?

— De ?

— Ne pas m'appeler Sam.

Elle aussi connaissait par cœur tout ce qui constituait Jack, sa respiration, sa fréquence cardiaque, la façon dont il déglutissait aussi quand il manquait de s'étrangler, comme là :

— Possible. Est-ce que ce serait si grave ?

Son souffle trembla un peu quand elle répondit :

— Je ne sais pas.

— Mais il n'y a pas que ça, pas vrai ? ajouta-t-il après un silence.

L'angoisse qu'elle cherchait à chasser depuis au moins deux heures revint à la charge et lui serra le cœur :

— Ouais, articula-t-elle péniblement, essayant vainement de retenir toute la terreur qui l'habitait et qui menaçait de dégouliner de ses yeux.

— Ok, on se retrouve à mi-chemin.

Elle fronça les sourcils et grimaça quand une larme lui roula dans l'oreille :

— Quoi ?

— Merde, lui répondit une voix étouffée dans un bruit de chaise qu'on bouscule.

Elle secoua la tête et glissa hors de son lit. Cherchant le colonel à tâtons dans le noir. Elle glissa ses mains dans les siennes au pied du lit de Daniel et ils s'assirent par terre, assez proches pour pouvoir chuchoter :

— Alors ?

— Quoi ? souffla-t-elle.

— Pourquoi tu pleures Carter ?

Elle inspira, l'angoisse tourbillonna jusqu'à lui retourner l'estomac, elle prit sur elle pour dire l'une des choses sans doute les plus difficiles qu'elle avait dû lui dire jusqu'à présent :

— Ils ont raison.

— Qui ?

Elle se mordit la lèvre pour qu'elle arrête de trembler :

— Mon père, Selmak, Lee, tous les autres, ils ont raison, je n'y arrive plus, je ne sais plus.

— N'importe quoi, n'écoute pas leurs conneries, gronda-t-il contre elle et elle sentit vibrer sa contrariété à travers leurs épaules jointes.

Cela lui arracha un sourire et le cœur dans le même mouvement. Il croyait en elle, toujours, envers et contre tout, malgré les preuves, malgré les erreurs, il continuait de croire que sa consignation dans cette chambre était une erreur. Cette confiance avait été sa force jusqu'à présent, mais aujourd'hui, elle rendait le reste tellement plus difficile. En échouant, elle le trahissait, elle les trahissait tous, tous les quatre, mais aussi toute cette base et le programme Stargate, ils avaient besoin de ses compétences, de son génie, de son professionnalisme et aujourd'hui il n'y avait plus rien. Elle les trahissait tous, elle le trahissait lui alors qu'il avait toujours cru en elle, alors qu'il y croyait encore. Il avait pris et était prêt à prendre tous les risques pour elle. Il lui avait toujours confié sa vie les yeux fermés. Et inversement. C'était le fondement de leur relation professionnelle… et du reste. Comment pourrait-il jamais lui pardonner ? Comment pourrait-elle vivre sans sa confiance ? Survivre sans sa présence ?

— Ils ont raison, vraiment, insista-t-elle, l'estomac au bord des lèvres.

— Tu es fatiguée, tenta-t-il.

— Non, grinça-t-elle.

Elle aurait préféré, sincèrement, mais elle mesurait combien c'était au-delà de ça, et elle savait, comme lui sans aucun doute, que même épuisée elle restait fonctionnelle.

— À quoi tu penses ?

Il s'appuya un peu plus contre elle et elle ferma les yeux, savourant sa présence tout en ne s'en jugeant pas digne :

— Il n'y a pas que nos corps qui soient retournés en arrière… je crois que nos connaissances aussi, les miennes en tout cas…

Elle s'interrompit alors que sa voix la trahissait, pliant sous le poids des larmes contenues. Le bras de Jack glissa autour de ses épaules et il l'attira contre lui :

— Il te reste toujours plus de connaissances que 90% des gens de cette base.

Elle hoqueta, prise en traitre par un éclat de rire qu'elle étouffa comme elle put pour ne pas réveiller les petits autant que par crainte d'attirer les gardes. Elle essuya ses yeux d'un revers de main, elle savait bien qu'il essayait de calmer par une pirouette, l'angoisse que ses propos faisaient naître en lui mais elle ne pouvait pas se permettre de le laisser se défiler. La situation était trop grave, il devait comprendre, agir en conséquence, la lâcher avant qu'il ne soit trop tard, trouver mieux, ailleurs, se reposer sur quelqu'un qui pourrait vraiment les aider, quelqu'un qui n'était plus elle. Elle secoua la tête :

— Tu ne comprends pas ce que cela veut dire ? À seize ans, je ne connaissais rien à la porte, à la rétroingénierie, même en mathématiques j'étais tellement loin de ce que je maitrisais il y a une semaine !

Jack frottait doucement son bras et elle se rendit compte qu'elle tremblait. Et il était toujours là, doux, attentif, le dégout de ce qu'elle devenait s'insinua en elle. Elle s'éloigna un peu et insista un ton plus fort, aussi fort qu'il était possible sans prendre le risque de réveiller tout le monde :

— Mais sans ces connaissances, je n'arriverai jamais à inverser les effets de cette machine !

Il reposa sa main sur son épaule :

— Quelqu'un d'autre trouvera.

— Et si ce n'était pas le cas ?

— Alors tant pis.

— Comment ça tant pis ? Comment est-ce que vous pouvez dire ça ? Et pour tout le reste ? Et si la porte ne fonctionne plus ? Et si cette base a besoin de…

Elle évita de dire moi, mordit dedans comme dans une pomme empoisonnée à la moisissure de son égo et termina :

— …mes connaissances ? Celles que j'avais avant ?

— Carter…

Elle ne pouvait pas voir ses yeux dans le noir, on leur avait même coupé la veilleuse de sécurité, mais elle les devinait, rivés au siens, sondant les ténèbres qui ne venaient pas de la nuit mais de son âme, fissurant les barrières, une à une, jusqu'à ce que son armure frêle tremble, craquelle et se brise, entrainant avec elle les digues de son angoisse. Elle se rendit :

— Qu'est-ce que je suis, moi, sans mes connaissances ?

Elle enfonça si fort ses dents dans sa lèvre que le goût métallique du sang envahit sa bouche.

— Sam.

— Ça doit paraître tellement égocentrique, c'est tellement égocentrique, je suis désolée mon colonel, je…

Elle l'entendit sourire, très légèrement, alors qu'il la tenait par les deux épaules, si proche de lui qu'elle pouvait sentir son souffle :

— Non. Là, c'est toi qui ne comprends pas. Sam. Tu es Sam. Tu restes Sam. Peu importe les connaissances que tu as ou pas. Tu restes un génie et même si ça aussi venait à disparaitre sous l'action de je ne sais quelle machine, tu resterais Sam Carter. Toujours. À jamais essentielle.

Elle trébucha mentalement alors que son cœur s'emballait violemment, elle essaya de l'ignorer :

— Mais la base…

Il la fit taire d'un doigt, effleurant sa lèvre à l'aveugle avec une précision presque déconcertante :

— Tu es la meilleure Sam, et de loin. On a commis l'erreur de se reposer exclusivement sur toi, c'est vrai, mais ce n'est pas ta faute.

— Mais…

— Non. Tu n'y es pour rien. Et puis, tu n'es pas la seule. Cette base ne recrute que des génies scientifiques, alors certes ils ne t'arrivent pas à la cheville…

— Plus maintenant.

— Carter… gronda-t-il doucement, toujours est-il qu'ils sont nombreux et que s'il y a quelque chose à faire ou n'importe quel problème dans cette base, à eux tous ils finiront bien par trouver.

— Et si…

— S'ils ne trouvent pas alors peut-être que tu n'aurais pas trouvé non plus, ou peut-être que si et peu importe, dans tous les cas ce ne sera pas ta faute.

Elle soupira, il se voilait la face, il prenait sa défense, il l'idolâtrait, encore, toujours et malgré tout. Il était temps, le moment était venu : arracher le pansement, exposer la plaie, dire la vérité, endurer les conséquences.

— Je ne suis plus digne de SG1, monsieur.

Plus digne de vous, souffla son cerveau.

Les mains de Jack glissèrent de ses épaules à son dos, l'attirant contre lui, la joue contre sa clavicule, ses mots la traversèrent, passant directement de la poitrine de Jack à la sienne :

— Jamais, tu m'entends ? Tu es SG1. Plus que n'importe lequel d'entre-nous. SG1 n'a plus de raison d'être sans toi.

— C'est faux et tu le sais, laissa-t-elle échapper, même si elle était remuée par ses déclarations.

— Pas pour moi, contra-t-il simplement.

Elle en venait presque à détester cette assurance qui faisait qu'elle l'aimait :

— Tu t'aveugles.

— Non. C'est toi qui refuses de voir que tu es plus qu'une bonne scientifique, plus qu'un bon soldat, plus qu'un bon second, plus qu'un génie, tu es tellement plus que ça Carter, aujourd'hui, la semaine dernière, à seize ans. Tu es importante. Tu n'as pas à justifier ton existence.

Sa dernière phrase brisa quelque chose en elle et elle fit de son mieux pour ne pas inonder son t-shirt. Il se resserra un peu plus autour d'elle et lui glissa à l'oreille :

— Rien à justifier. Rien à compenser. Rien à mériter Sam. Être suffit. C'est tout ce qui compte. Et tu n'as pas besoin de mon admiration, même si elle t'est acquise dans tous les cas. Tu n'as pas besoin de sauver le monde tous les jours pour ça.

Les poumons de Sam se vidèrent brutalement et elle peina à reprendre son souffle. Ils se connaissaient bien, très bien, sans doute trop, elle le savait, mais cela allait même au-delà de ce qu'elle avait imaginé. Il avait su lire entre les lignes de son angoisse et mettre le doigt sur ce qu'elle tentait d'enfermer, de lui dissimuler. Ce n'était pas la première fois, mais à chaque fois que cela arrivait, cela la prenait au dépourvu.

— Une dernière chose Sam, les connaissances que tu penses avoir oubliées… qu'est-ce qui t'empêche de les réapprendre ?

Elle hoqueta. Rien. Rien du tout. Il avait raison. Elle avait appris tout cela une première fois, elle pouvait recommencer, surtout qu'elle pourrait avoir accès à tous les ouvrages de références qu'elle voulait ! Un rayon de soleil perçait les ténèbres, enfin, il venait de Jack, comme souvent :

— Merci.

Elle devina son air embarrassé et cela la fit sourire, il botta en touche, comme d'habitude :

— Bien, donc je suppose que demain, tu auras besoin de moi pour porter tous les livres dont tu auras dépouillé la bibliothèque de la base ?

Elle laissa échapper un rire autant par soulagement et pour lui, que pour le trait d'humour.

— Enfin, reprit-il, j'espère quand même qu'il n'y aura pas de nouvelle catastrophe galactique dans l'immédiat, je ne veux pas avoir à parier sur Felger ou Lee. Ou pire, faire revenir McKay de Russie.

Elle grimaça rien qu'à l'idée :

— Pitié non !

— Alors dodo Carter, une longue journée d'étude t'attend demain !

— Et l'entrainement avec Brat'ak ?

— Je prendrai ta part de coup de bâtons !

Cette fois, elle éclata de rire, toujours logée dans ses bras, les secouant tous les deux. Dans son lit, Daniel s'agita dans son sommeil et les deux redressèrent la tête.

— Oups, grimaça Jack.

— On devrait peut-être rester là… suggéra-t-elle avant d'y avoir réfléchi.

— Pour éviter de le réveiller davantage en allant nous recoucher ?

Sam se mordit le coin de la lèvre :

— Oui, voilà.

— Ça me semble une raison valable, murmura Jack en ajustant sa position.

Il s'adossa au pied du lit et Sam se cala contre lui, la tête sur son épaule, ajustant rapidement sa respiration à la sienne : calme et ample. Elle savoura sa chaleur et le silence apaisant entre eux alors qu'en toile de fond, son cerveau mettait déjà en place un plan de révision. Ses paupières se fermaient lorsqu'elle sentit les lèvres de Jack effleurer ses cheveux :

— Bonne nuit Sam.

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À suivre

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