3) Les trous d'eau
Les deux hommes reprirent le petit sentier qui longeait le courant.
Le soleil filtrait à travers les branches et Rodney admirait les jeux de lumière sur l'eau. La végétation était dense. Sur les rives poussaient des plantes étranges et des fleurs géantes aux pétales lourdes à l'aspect satiné.
Le scientifique eut une pensée pour Katie Brown, la botaniste avec laquelle il était sorti.
Bon, sorti était un bien grand mot pour décrire leur relation. Elle s'était finalement limitée à un baiser maladroit et ce, devant un Carson Beckett ébahi. Et en plus il n'était pas lui même ce soir là. Il avait dans la tête Laura Cadman qui le harcelait sans cesse.
C'était tombé à l'eau et c'était tout aussi bien ainsi.
En tout cas le colonel Sheppard l'avait surpris en lui proposant cette excursion. Il avait débarqué dans son laboratoire, s'était planté devant lui et l'avait dévisagé d' un œil critique.
-Ben, que vous arrive t'il, colonel, j'ai un bouton au bout du nez ou quoi ?
-McKay, avait décrété Sheppard d'un ton péremptoire, vous n'avez pas l'air d'aller bien. Vous êtes tout pâle, vous avez les traits tirés et…on dirait même que vous avez maigri.
Le scientifique avait été étonné par tant de sollicitude de la part du colonel mais il n'avait pas voulu le décourager.
-Ah oui colonel ?
-Oui McKay, et je sais ce qu'il vous faut : Une journée au grand air et un peu de marche. Faîtes moi confiance,je prends les choses en main. Vous verrez comme vous vous sentirez bien ensuite.
Et McKay avait accepté. Déjà il aimait bien la compagnie du colonel même s'ils se disputaient souvent. Et puis les plus grands génies avaient besoin de distraction de temps à autre eux aussi.
Et ce matin, John avait l'appelé pour lui dire que les conditions étaient favorables sur PLN1553 et qu'il devait se tenir prêt.
McKay ne le regrettait pas. Cette balade était très agréable: Les contrastes d'ombres et de lumières le long du chemin, le bruit clair de la rivière qui cascadait dans son écrin de verdure, les odeurs de tourbe, d'herbe fraîche et le lourd parfum des fleurs exotiques, tout contribuait à faire de cette petite randonnée un enchantement.
Tout ça grâce au colonel. C'était ça, un ami.
John Sheppard était un ange !
-Euh, McKay, si vous le voulez bien, je vais passer devant maintenant. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quelque chose.
Un ange, oui. Et si prévenant !
L'ange arrivait en vue de son plan numéro deux.
A cet endroit le sentier s'évasait et descendait en pente douce vers la rivière. L'herbe y était particulièrement haute et des roseaux géants y poussaient en touffes éparses.
Mais ce qui intéressait John Sheppard, c'était les trous d'eau. Invisibles de l'endroit où ils se trouvaient. Le chemin en était truffé. Et pas de gentils petits trous d'eau peu profonds. Non, de véritables baignoires d'au moins un mètre cinquante de profondeur remplies d'une eau saumâtre et glacée.
Pauvre Rodney ! Il allait être trempé de la tête aux pieds. Et il ne faisait pas très chaud quand même.
Le colonel ressentit presque des scrupules mais finalement il se dit que qui veut la fin justifie les moyens. Et puis si le scientifique s'était montré un peu plus réceptif ils n'en seraient pas là.
Mais je saurais bien te réchauffer. Mmumm ! Ca va te plaire Rodney !
Il avança sur le sentier en évitant prudemment les trous dissimulés par la végétation. Il fallait vraiment faire attention. Un pas de trop et splash ! le plongeon. Un petit bain dans la vase.
John Sheppard sourit rêveusement. Dans quelques minutes il allait éplucher McKay comme un oignon. Les vêtements allaient tomber les uns après les autres. Les doigts glacés du scientifique contre la poitrine du militaire, cherchant un peu de chaleur..Il allait lui en donner de la chaleur, tiens, tant qu'il en voudrait. Et plus encore. Le colonel en ressentait déjà les effets au niveau de son entrejambe. Bon, voilà qu'il commençait à bander. Ah cette manie d'anticiper sur tout ! Il s'imagina de nouveau avec McKay serré contre lui dans la couverture. Il entendait déjà le scientifique pousser un soupir de satisfaction, puis un autre soupir de bien-être quand John le frictionnerait, histoire de le réchauffer. Puis les mains du militaire s'égareraient sur son corps, glissant lentement sur la peau douce, caressant. McKay gémirait doucement, d'abord étonné puis consentant, il se livrerait avec ardeur aux caresses de John et…
-Colonel, vous devriez faire attention où vous mettez les pieds, il y a des trous d'eau !
BADABOUM ! Sheppard faillit plonger la tête la première dans l'un deux. Il reprit son équilibre in extremis.
Saboteur ! Mais il le faisait exprès où quoi ? C'était un véritable cauchemar ce type ! Il pourrait y mettre du sien quand même ! C'était vrai à la fin. Le colonel Sheppard se donnait un mal de chien pour arriver à ses fins et l'autre ne faisait pas le moindre effort pour l'aider !
-Ca va pas colonel ? Demanda McKay, étonné par l'air furibond du militaire. J'ai dit une bêtise ? Il n'y a pas de trous d'eau ? J'ai pensé à ça à cause des roseaux, vous savez. Je ne voulais pas qu'il vous arrive quelque chose, vous auriez été trempé et il ne fait pas chaud et…
-Ca va, ça va Rodney, maugréa le colonel Sheppard qui essayait de digérer l'échec du plan numéro deux, continuons.
Ils n'avaient pas fait cinq mètres que Rodney poussa un cri. Le colonel se raidit, plein d'espoir. Mais aucun plouf suggérant une quelconque chute du scientifique. Bien au contraire. John se retourna à contrecœur. Rodney avait l'air triomphant et désignait divers endroits dans le sol :
-Là, là et encore là ! Tenez, regardez colonel si je n'avais pas raison ! Le coin est truffé de trous d'eau. Il y en a ici et encore là…Ca va pas colonel ? Ce dernier le dévisageait d'un drôle d'air, tout à coup.
A ce moment là, John Sheppard se demanda s'il n'allait pas tout bonnement sauter sur le scientifique et au diable les bonnes manières !
Mais il se reprit. Ce n'était pas une bonne idée de brusquer Rodney. Avec lui il valait mieux prendre des gants.
N'empêche qu'il n'était pas très coopératif, tout de même.
Bon, il allait devoir passer au plan numéro trois. Pas de pitié.
Cette fois ci Rodney allait faire un vol plané et un plongeon dans la rivière.
Tant pis pour lui. Le colonel lui avait laissé sa chance. Il avait espéré ne pas en arriver là mais l'autre ne lui laissait vraiment pas le choix.
Rodney, tu m'auras donné du fil à retordre mais quand je te tiendrais je ne serais pas près de te lâcher. Crois-moi, tu vas crier grâce avant pas longtemps .Je t'entends déjàhurler de plaisir. Oh oui , dans pas longtemps, tu vas avoir un avant goût du Paradis.
Mais en attendant, pause déjeuner. Rodney devait prendre des forces avec ce qui l'attendait.
A suivre…
