Bonjour à tous,

Voici le nouveau chapitre du vendredi ! Merci pour toute vos lectures, je vois le nombre de vue grimper et c'est plaisant à voir.

Shadow : Merci beaucoup pour ta review, c'est très touchant. J'espère sincèrement que tu surmonteras tes propres épreuves que la vie peu t'apporter ! Ce chapitre va être encore pleins de rebondissements et j'espère qu'il te plairas tout autant que les autres. merci pour ton soutien et tes petits messages =)


Chapitre 3 : Abandon


Dimanche à l'aube - Chez Taïga :

Aomine s'était littéralement figé à l'entente de la phrase du tigre. Son cœur avait loupé un battement et il avait l'impression d'avoir mal entendu la phrase de l'autre. Il se redressa sur un coude et tenta d'observer son visage dans la pénombre de la chambre, plissant les yeux pour tenter de l'apercevoir.

"Quoi ?" Coassa t'il.

Kagami tourna la tête vers lui et il entendit ce même rire sortir de sa bouche, celui qui montrait toute l'ironie de la situation.

"Ouais, t'as bien entendu, Ao'. J'ai buté ma mère."

Malgré la voix froide qu'essayait de se donner Kagami, il n'y croyait pas une seule seconde. Il n'avait jamais été proche jusqu'à ce soir, mais il avait eu tout le temps de l'observer durant cette dernière année, de le comprendre à travers ces gestes et son comportement. Évidemment, il n'avait jamais connu sa situation familiale jusqu'à ce soir, mais il le savait incapable de ce genre de chose. Il ne connaissait personne d'aussi fiable et d'aussi avenant que lui. Faire du mal à quelqu'un ? Jamais ! Tuer quelqu'un ? Encore moins. C'est pourquoi il ne se démonta pas.

La réponse l'avait surpris, l'intonation de sa voix aussi, il ne le cachait pas. Il avait dit ça sur un ton tellement détaché que pendant une demi-seconde il avait douté, mais il était convaincu du contraire. Il lui fallait des explications, il en avait soit trop dit, soit pas assez.

"Qu'est-ce que tu racontes, Bakagami."

Il crut voir le rouge fermer les yeux. Regrettait-il d'avoir répondu à sa question ? Certainement.

"C'est à cause de ça qu'avec mon père... c'est devenu compliqué."

Daiki fronça les sourcils et s'appuya un peu plus sur son torse, pour se rapprocher de son visage, pour voir les traits et les émotions qui s'y installaient.

"Raconte-moi." Souffla-t-il.

Il l'entendit s'humecter les lèvres et soupirer.

"Tu ne veux pas savoir."

"Si."

"Je t'assure que non..."

Daiki soupira à son tour et croisa les bras sur la poitrine de l'autre, y posant son menton. Il voulait être attentif et lui faire comprendre qu'il attendrait le temps qu'il faudrait. Il était têtu et l'autre le savait pertinemment. Kagami soupira et il sentit le torse se gonfler et s'affaisser sous ses bras. Il avait craqué, il le savait.

"J'étais plus jeune, peut-être sept ans ... On avait sport et ... J'ai toujours eu un caractère de merde ... Je me suis engueulé avec le prof, je ne sais même plus pourquoi ... J'ai ... Enfin, il m'a viré du gymnase... On m'a emmené voir le directeur et il l'a appelée..."

Il vit une main remonter le long du visage de Kagami, et son avant-bras se poser sur ses yeux, comme pour se couper du monde. Il avait entendu la voix du tigre s'enrouer sur la fin de sa phrase, il avait l'impression qu'il revivait en même temps que son récit, ces propres souvenirs.

"On m'a demandé d'attendre qu'elle vienne me chercher. Il devait être quinze heures... C'était mon dernier cours de la journée... J'ai attendu dans une salle... tout seul en ruminant… Je savais que j'allais me faire engueuler en rentrant... Mais j'avais tout faux..."

Kagami ne bougeait pas d'un iota. Seul son torse bougeait du fait de sa respiration et ses lèvres remuaient au fil de ses mots. Daiki avait le regard braqué dessus, attendant la suite de l'histoire. Le tigre parlait doucement et lentement, comme s'il pesait chaque mot. Sa voix résonnait doucement entre les murs de la chambre.

"Les minutes sont passées, puis des heures... Je me souviens qu'un prof s'était même étonné que je sois encore là, dans cette salle... Alors ils ont rappelé ma mère, puis mon père. Personne ne répondait. L'école a fermée et je me suis retrouvé à attendre dehors sur les marches, attendant que l'un ou l'autre arrive… Un prof était avec moi, et il a fini par téléphoner aux flics, parce qu'il ne pouvait pas me laisser là, ni me laisser rentrer tout seul."

La main de Daiki se fraya un chemin sur les courbes du cou devant lui, atteignant et caressant la mâchoire carrée de la pulpe de ses doigts pour le soutenir.

"Je me suis retrouvé au commissariat avec un inspecteur plutôt sympa. Il a patienté avec moi un long moment, m'offrant à manger et à boire pour me faire attendre, et ça jusqu'à recevoir un coup de fil. Quand il est revenu, il ne savait pas trop comment m'aborder. Il m'a annoncé que mon père n'allait pas tarder à arriver, et moi je ne comprenais toujours pas pourquoi ma ... ma mère n'était pas là... C'est lui qui m'a offert un chocolat chaud en me disant que ça soignait les blessures, que ça réconfortait. Je n'ai pas compris sur le coup, et je lui ai demandé pourquoi j'en avais besoin..."

Il sentit son cœur se serrer, le dénouement arrivait et il commençait à se douter de la fin. Les images de son histoire s'insinuaient dans son esprit et il s'imaginait chaque scène décrite par Kagami. Il imaginait le rouge, plus jeune, seul dans cette classe, seul sur les marches d'une école, seul dans un commissariat...

"Je n'oublierais pas son regard. Jamais... Il m'a dit que les jours à venir allaient être ... difficile et il ne s'était pas trompé, sauf que les jours se sont transformés en années... Il m'a dit que j'allais devoir être fort... et patient pour surmonter la plus grosse des épreuves de la vie... Et il me l'a annoncé... Il ... P'tin ..."

Kagami se redressa brutalement dans le lit, se mettant en position assise, le délogeant de sa place par la même occasion. Il le vit s'essuyer rageusement les yeux et se pincer l'arête du nez. Il se mit à ses côtés, posant une main sur lui pour l'apaiser, contre son dos nu.

"T'peux arrêter Kagami ..."

Il le vit secouer la tête de gauche à droite.

"Non ! Non, il ... Il faut que j'arrive à le dire ! Shit ..."

Alors il attendit, il lui laissa le temps de remettre les idées en place, de se calmer pour mieux reprendre la parole par la suite, et il le fit après quelques minutes.

"Il m'a dit qu'elle avait eu un accident. Qu'elle s'était faite... renverser par une bagnole en descendant du bus à quelques rues de mon école... Juste à côté... Qu'elle avait été emmenée d'urgence et ... qu'elle ne s'en était pas sortie..."

Il entendit les soubresauts dans la voix de Kagami et n'hésita pas une seconde à se coller à lui. Il se positionna juste devant lui, écartant les jambes pour pouvoir le prendre dans ses bras et le rouge se laissa faire. Il passa une main dans son dos et l'autre sur sa nuque. Il sentit les larmes de l'autre couler seulement lorsque le visage de Kagami glissa dans son cou, le laissant retomber sur son épaule.

"Mon père était resté avec elle à l'hôpital, c'est pour ça que ... ni l'un ni l'autre n'était joignable... Elle était partie, et je n'ai même pas pu la voir... J'ai voulu jouer les cow-boys et j'ai tué ma mère en ouvrant trop ma putain de gueule... C'est ma faute si elle se trouvait là à ce moment-là ... C'est moi ... Moi qui l'ai tuée..."

Daiki resserra sa prise et le berça un moment jusqu'à ce qu'il se calme. Aucun mot ne pourrait réparer les blessures du passé et il ne le savait que trop bien. Kagami redressa finalement le visage, essuyant rapidement les traces des sillons qui marquaient ses joues. Il soupira et ferma les yeux, et Daiki vint poser son front contre le sien.

"Mon père m'a tout craché au visage... durant des jours et des jours ... Puis c'est l'ignorance qui à fini par prendre la place de la colère... Ça n'a jamais changé depuis... Il ne me parle pas, m'évite et moi ... moi j'ai fini par fuir ici..." Termina Kagami.


Taïga se sentait faible d'avoir trop parler.

Libre d'avoir tout déballé.

Soulagé d'avoir dit à voix haute tout ce qu'il gardait pour lui durant toutes ses années.

Rassuré par la chaleur qu'Aomine dégageait.

Il sentait le front du brun contre le sien et l'autre ne disait rien. Y'avait-il quelque chose à ajouter ? Pas vraiment. La réalité était là, pesante et écrasante, mais il était bon de dire à haute voix qu'il était coupable. Ça rendait la chose plus réel.

"Tu n'es qu'un idiot." Murmura Aomine.

Il fronça les sourcils et voulu se redresser mais les mains du basané attrapèrent fermement sa nuque pour le maintenir en place.

"J'te dirais pas que ce n'est pas d'ta faute, parce que tu n'veux pas l'entendre, et qu'tu ne m'écouteras pas. Mais, j'peux t'dire que tu n'étais pas dans cette voiture, tu n'étais pas au volant. Tu n'as pas renversé ta mère. Alors oui, les circonstances ont fait que ... qu'elle s'est trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment, mais ça, ce n'est pas d'ta faute. Ton père a évacué sa colère d'la mauvaise manière, et toi ... Toi, t'as tout prit sur tes épaules et ça ne m'étonnes même pas. Parce que t'es comme ça…. T'as pris toute la responsabilité d'sa mort, alors que tu n'es pas l'seul fautif."

"Ao..." Chercha-t-il à le couper.

"J'suis certain qu'ton père se sent fautif aussi, de ne pas y être aller à sa place pour te chercher. Que l'conducteur se sent fautif de ne pas l'avoir vu. Qu'les médecins aussi, pour ne pas l'avoir sauvée, tout comme toi d'avoir merdé ce jour-là. Ce n'est pas ta faute à toi. Ok ? C'est la faute de tout le monde, et de personne à la fois."

Comment ce mec pouvait avoir des mots si justes, si prenant, alors qu'ils avaient picolés. Il se mordit violemment la lèvre et les paroles du brun se répétèrent dans sa tête, inlassablement. Pas que de sa faute ... Il avait tout de même déclenché toute la suite des évènements, et ça, personne ne pourrait lui retirer. Surtout pas son père. Il lui avait balancé tellement de fois à la tronche qu'il ne risquait pas de l'oublier. Mais ce soir ... Ce soir il n'était pas seul. Ce soir, Aomine était là pour lui, avec lui. Il avait réussi là où le monde entier avait échoué, même les psychologues et pédopsychiatres qu'il avait pu rencontrer dans sa jeunesse. Il avait réussi à lui tirer les vers du nez, à cracher le morceau, à pleurer.

Il releva la tête et plongea son regard dans celui bleu nuit. Dans la pénombre de la chambre, il distinguait tout de même les traits du visage du brun. Il était proche, trop proche peut-être, mais il s'en foutait.

"Ton père est un imbécile de t'avoir laissé derrière lui..." Lâcha-t-il.

Il vit les yeux de son homologue s'écarquiller un peu, et les mains sur sa nuque se détacher de lui, tombant le long de ses épaules.

"Tu es quelqu'un de bien, Ao'. Vraiment. Il ne sait pas ce qu'il rate en passant à côté d'un fils comme toi... " Reprit-il.

Il crut voir la gêne dans le regard de l'autre mais il n'en était pas certain, mais il s'en foutait. Il pensait ce qu'il disait même si ...

"Même si t'as un putain de caractère de merde et que t'es un emmerdeur de première." Termina t'il.

Il vit Aomine ouvrir la bouche et sans qu'il ne puisse amorcer un geste, il se retrouva avec un oreiller en pleine face, le faisant basculer en arrière.

"Toi, espèce d'enfoiré !" S'écria le brun.

Taïga ne put retenir son rire et s'en suivit une lutte acharnée sur son lit king size. Les cousins volaient en tous sens, la couette était en pagaille. Il avait fini par allumer sa lampe de chevet entre deux coups de coussins pour y voir plus clair dans la bataille. Elle avait d'ailleurs fini au sol durant leurs échanges et elle éclairait désormais plus le sol que la pièce elle-même. Ils avaient eu tous les deux l'envie de laminer l'autre gentiment, la même compétitivité que sur le parquet. Ils avaient eu besoin de se défouler pour relâcher toute la pression de leurs palettes d'émotions ressenties pendant la soirée.

Au bout de dix minutes de lutte acharnée, il s'écroula sur le dos et le brun lui tomba dessus. Ils riaient tous les deux comme deux gosses. Aomine était juste au-dessus de lui, à moitié assis à califourchon sur ses genoux. Chacun reprenait son souffle et les avant-bras de la panthère se posèrent de part et d'autre de son visage. Il tentait de reprendre sa respiration, le front collé sur son torse et lui essuyait les larmes qui perlaient aux coins de ses yeux après ce fou rire incontrôlable.

Le brun fini par relever la tête et son visage se trouva bien trop proche de celui de l'autre.

"Bordel, j'ai la tête qui tourne avec ces conneries." Déclara Aomine.

"C'est l'alcool, ça ..."

Yeux dans yeux, il vit ceux du brun se détourner lentement pour observer chaque parcelle de son visage. Il avait l'impression de voir la scène au ralenti au-dessus de lui. Les yeux bleus commencèrent leurs explorations sur ses sourcils, puis son front, glissant ensuite sur ses cheveux pour terminer sur son nez. Ils continuèrent sur ses pommettes, ses joues, sa mâchoire. Il vit un sourire aux coins des lèvres du fauve lorsque les pupilles se dirigèrent vers son menton, puis sa bouche. Ce putain de sourire arrogant avait reprit place sur son visage.

"Tu as fini ton observation ?" Demanda-t-il calmement, amusé.

Le sourire face à lui s'élargit.

"Ouais, et j'crois que j'commence à les comprendre…"

Il haussa un sourcil, l'interrogeant du regard.

"De quoi tu parles ?"

Le visage d'Aomine s'approcha du sien, joueur, faisant rencontrer leurs nez. Taïga n'avait aucun problème avec leur proximité, il avait déjà fait bien plus avec un homme, mais il savait que ce n'était pas le cas de son homologue. La panthère jouait avec le feu alors que lui, il savait le manipuler à la perfection.

"Des nanas qui parlent de toi ... T'es plutôt pas mal comme mec quand on r'garde bien."

"Ah ouais ? Tu crois que t'as regardé d'assez près ?" La charria-t-il.

"De loin, comme de près. Sérieux, t'es bien foutu, plutôt beau gosse. Moins qu'moi, c'est sûr, mais t'as du potentiel... Avenant et tout l'tralala..."

"Qu'est-ce que tu m'fais là ?" Demanda-t-il amusé du comportement de l'autre.

Aomine laissa apparaitre ses dents à travers ses lèvres et s'approcha un peu plus, taquin, leurs bouches à quelques centimètres l'une de l'autre. Leurs souffles se mélangeait et un faux mouvement de leur part les feraient se toucher.

"Quoi, tu flippes ?" le chercha Aomine en le défiant du regard.

Taïga leva un peu la tête, faisant se frôler leurs bouches. Il voulait jouer à ça ? Un sourire joueur prit place sur son visage et ses yeux se plissèrent de malice.

"Pas l'moins du monde, tu ne serais pas l'premier mec à m'embrasser."

Il sentit le brun se raidir un instant et il rit, réduisant la proximité de leurs bouches et reprit, loin de se vexer par le comportement de l'autre. Il était bi et assumait totalement mais il pouvait comprendre le choc de l'autre.

"Alors, qui flippe maintenant, Daiki ?" Demanda-t-il en utilisant son prénom pour la première fois, détachant volontairement les syllabes.

Il vit Aomine ouvrir la bouche, certainement surpris qu'il utilise son prénom dans de telle condition. Puis il le vit prendre un air de défis et le brun s'approcha de nouveau de lui, réduisant de nouveau la distance qu'il avait mise entre eux.

"Pour qui tu m'prend ?"

Taïga lui sourit franchement et déposa un chaste baiser sur ses lèvres, juste pour clôturer le débat qui allait devenir stérile d'un instant à l'autre. Et puis Aomine aimait gagner, quel qu'en soit l'enjeu alors autant lui donner raison le temps d'un instant.

"Pour quelqu'un qui ne sait pas ce qu'il fait." Déclara-t-il.

Taïga le fit basculer d'un mouvement de bassin avant que l'autre ne proteste et il se pencha pour éteindre la lampe de chevet, la remettant à sa place d'origine. Il remit les oreillers à leur place et tira rapidement sur la couette pour la remettre sur le matelas, restant accroupis sur ce dernier pour l'étaler correctement.

Il allait se rallonger de nouveau quand une main vive attrapa sa nuque et qu'une bouche prit possession de la sienne, pressante. Il allait protester mais à peine eut-il ouvert la bouche d'une langue s'immisça dans sa cavité buccale sans aucune hésitation. Il sentait le bout de chair humide découvrir sa bouche et caresser la sienne, frôlant ses dents, ses lèvres, son palet. Un frisson le parcourut sans qu'il ne puisse le retenir. Personne ne l'avait embrassé comme ça, avec autant d'envie et de besoin. L'une des mains d'Aomine tenait fermement sa nuque et le corps du brun le chevaucha en un mouvement, plaquant leurs torses l'un contre l'autre. Il sentit la chaleur du corps d'Aomine contre le sien. La deuxième main s'accrocha à ses épaules et la langue taquine le fit gémir.

Son corps prit le contrôle et il répondit avec le même engouement au baiser, cherchant de sa langue sa jumelle. Un balai endiablé faisait rage et il entendit un soupire de bien-être quitter les lèvres du brun. Il passa un bras dans le bas du dos de la panthère et sa main libre s'aventura dans les cheveux noirs pour coller leur corps et leurs visages un peu plus. Il sentit un début d'érection contre son bas-ventre et l'autre devait certainement constater la même chose chez lui. Il mordilla la lèvre inférieure d'Aomine et tenta de se reculer mais le brun revint à la charge dans un dernier échange, beaucoup plus doux, aspirant sa lèvre entre les siennes, déposant un baiser chaste pour clôturer l'échange.

Leurs souffles étaient haletants et semblaient résonner entre les murs de la chambre.

"Alors, qui flippe, Taïga ?" Demanda la panthère.

Taïga sentit son ventre se retourner en entendant son prénom dans la bouche de l'autre, avec cette voix étrangement rauque et chaude. Il lâcha un petit rire et relâcha sa prise sur Aomine, récupérant son espace vital.

"Ok, tu ne flippes pas…"


Daiki se mordit la lèvre, il ne savait pas ce qui lui avait pris de bondir comme ça sur lui. Était-ce le trop plein d'émotion ? L'alcool ? Il n'en avait aucune idée, mais il avait été pris d'une putain de pulsion. Il avait senti son corps réagir lorsqu'ils avaient été proche l'un de l'autre, lorsqu'il avait laissé son regard vagabonder sur les traits de l'autre homme. Il avait eu l'impression de le découvrir sous un nouveau jour, comme si un voile s'était levé entre eux. Il l'avait trouvé beau.

Ni plus, ni moins.

Il n'avait jamais été attiré par un homme, et il n'aurait jamais cru cela possible, et pourtant… Était-ce le fait d'avoir partagé leurs secrets ? Leurs peurs ? Leurs angoisses ? Il avait été pris au dépourvu et s'était caché derrière le jeu et l'humour, comme à son habitude. Il avait provoqué Kagami, parce que quand son regard avait observé ces lèvres pleines, charnues et un peu gercées, il avait eu envie de les embrasser. Le rouge l'avait surpris en lui avouant qu'il avait déjà eu des aventures avec des hommes, mais ça ne l'avait pas braqué, au contraire. Il s'était raidit sous une envie sourde et pressante qui avait envahi son corps sans son autorisation. Et le fait d'entendre son prénom sortir si naturellement de cette bouche tentatrice ne l'avait pas aidé à reprendre ses esprits, bien au contraire.

Kagami l'avait repoussé gentiment, comme pour lui demander de réfléchir avant d'agir, mais ce n'était pas son truc, ça… Non, lui, il agissait selon ses envies, le reste viendrait après. Il avait observé l'homme remettre sa chambre en état, et comme à son habitude, il avait agi de manière impulsive.

Il n'avait laissé aucune chance à Kagami de se soustraire à son baiser et l'étonnement de son hôte lui avait permis d'aller plus loin, le laissant découvrir sa bouche sans complexe. Il l'avait enjambé sans réfléchir.

C'était différent. Tellement différent de la bouche d'une femme. Il ne pouvait même pas expliquer ce que la réponse de Kagami avait provoqué chez lui. Le Tigre avait férocement repris le dessus, entremêlant sa langue avec la sienne, caressant, suçant et mordillant sa langue. Bordel, il lui avait fait perdre la tête. Sentir ses mains sur son corps presque nu, la chaleur de sa peau, les doigts dans ses cheveux... Ce membre contre le sien en train de prendre vie sous le désir grandissant. Cette sensation était étrangement grisante, tentatrice, nouvelle.

Ouais, Kagami embrassait bien, et ouais, il était canon.

Il n'avait pas eu envie de la relâcher et s'était réapproprié cette bouche appétissante qui tentait de s'enfuir. Il s'était encore caché derrière ce stupide défi mais il savait que l'autre n'était pas dupe.

Non, il ne flippait pas.

Et il avait terriblement envie de lui. Envie de plus. Plus de contact, plus de chaleur, plus de Kagami. Il avait juste cette envie viscérale de sentir un corps contre le sien, et Kagami était là.

"Je ne savais pas que les hommes t'attirais…" Souffla Kagami.

Daiki redressa la tête.

Non.

Non, il n'avait jamais été attiré par le corps d'un homme. Il ne s'était jamais attardé sur des courbes musculeuses, sur des formes robustes. Non, en temps normal, il regardait seulement des poitrines opulentes et des fessiers bombés. Il n'avait aucune idée de ce qu'il se passait avec lui ce soir. Pourtant, il ne pouvait pas nier que Kagami lui faisait de l'effet, et la bosse dans son pantalon lui rappelait bien.

"J'suis pas attiré par les hommes. Fin, j'crois pas."

Il sentit le regard étonné de l'autre sur lui, puis un rire gêné sorti de la bouche du tigre. Il le sentit bouger et devina qu'il se passait la main dans les cheveux, geste qu'il faisait constamment pour dissimuler son trouble.

"Ok... So, we should stop there."

Il fronça les sourcils et dévisagea son homologue.

"Tai ... J'pige rien à ton charabia ..."

Ledit Tai se mit à rire légèrement.

"Sorry ! Je disais qu'on devrait s'en tenir là, et depuis quand tu m'donnes des surnoms ?"

Daiki se lécha les lèvres pour les humidifier, il ne s'était même pas rendu compte qu'il lui en avait donné un.

"Ne prend pas d'décisions tout seul, ok ? Et c'est toi qui m'as appelé par mon prénom le premier j'te signal !"

"Daiki ... Je suis un mec, tu en as conscience au moins ?"

"Sans blague ?"

"Écoutes, moi, ça ne me pose pas de problème mais ..."

"Alors ferme là..." Le coupa-t-il.

Daiki prit les devants et l'attira de nouveau contre lui, reprenant cette bouche - qui parlait bien trop à son goût - en otage. Il attrapa entre ses dents la lèvre inférieure de l'autre, la mordillant, la suçotant. Il sentit un soupire chaud contre sa bouche et Kagami ouvrit la bouche pour approfondir leur échange. Il pencha la tête, offrant un meilleur accès au tigre et plongea ses doigts dans les cheveux de feu. Il sentit les mains du rouge remonter le long de ses bras pour encercler finalement sa nuque, lui procurant de longs frissons. Il sentit les grandes mains chaudes et un peu rugueuses entourer ses oreilles entre ses pouces et ses index, glissant le reste de ses doigts dans ses cheveux. La poigne était forte et douce à la fois, tellement nouveau et surprenant. Être tenu comme ça en sentant cette bouche le dévorer était juste... magique. Jamais une femme n'agirait comme ça, avec cette force mêlée à cette tendresse.

Il sentait la langue de Kagami contre la sienne, jouer, tourner et le faire dériver. Il fit glisser ses mains sur le torse du basketteur, découvrant chaque parcelle, chaque muscle sous ses doigts. C'était étrange de ne pas sentir de courbe féminine sous la pulpe de ses doigts, mais la peau était étonnement douce. Ça aurait pu le dégouter, lui remettre les idées en place, mais non. A vrai dire, c'était même l'inverse. Il était curieux et avide de découvrir ce corps masculin.

La bouche de Taïga dériva et alla se perdre sur sa mâchoire qu'il mordilla gentiment, y retraçant du bout des lèvres ses propres traits jusqu'à glisser dans son cou. Il sentit les lèvres embrasser sa peau, mordre sa jugulaire, sucer la peau tendre pour la câliner de sa langue juste après. Les dents virent attraper son lobe d'oreille et il ne put retenir un gémissement de quitter sa bouche.

Bordel !

Il se mordit les lèvres pour retenir les sons qui voulaient sortir de sa bouche. Il sentait son membre palpiter dans son sous-vêtement sous les caresses de Kagami. Il en voulait plus. Vraiment plus.

Kagami le fit basculer en arrière et il retrouva sur le dos, les jambes écartées, le numéro dix entre elles. Le tigre avait laissé un monde entre leurs deux corps, s'appuyant sur ses mains pour soutenir son poids. Il voyait cette silhouette massive au-dessus de lui et n'avait que pour seule envie de la ramener contre lui.

Le Tigre abaissa son bassin, lentement, faisant rencontrer leurs membres avec une délicatesse extrême, comme s'il avait peur de sa réaction, mais il avait pleinement conscience d'avoir un homme au-dessus le lui. Pleinement conscience de Taïga.

Il ne flippait pas du tout, et il ne put s'empêcher de lever ses hanches pour rencontrer plus franchement le bas ventre du tigre dans une demande muette. Un gémissement leur échappa sous le mouvement. C'était électrisant.

"Bordel, Daiki ..."

"Bouge, j'suis pas en sucre !" Quémanda t'il.

"Désolé d'avoir peur de me prendre une mandale." Grommela Taïga.

Daiki se figea un moment, comme prenant conscience des paroles de l'autre. Kagami avait peur de le brusquer. Il craignait d'aller trop loin avec lui. Le tigre savait qu'il n'avait pas d'expérience avec d'autres hommes et il avait peur qu'il ne se réveille d'un coup, mais il était bien réveillé. Un peu alcoolisé, mais bien conscient de ses actes. Il se redressa sur un coude et attrapa la nuque devant lui, rapprochant leur visage. Il embrassa rapidement son compagnon et colla son front contre celui de l'autre.

"J'sais ce que j'veux, Tai. Je sais qu't'es un mec, j'sais qu'c'est toi, là, contre moi. J'te sens bien, s'tu vois c'que j'veux dire. Alors continue."

"J'vais te bouffer, Dai ..."

"Alors bouffe moi, bordel."


Taïga avait fait son possible pour être le plus avenant possible avec Aomine, mais l'autre venait clairement de lui dire d'y aller franchement. Il captura de nouveau cette bouche vulgaire et impétueuse avec la sienne te se colla entièrement au corps sous le sien. Il bougea des hanches, faisant se rencontrer et frotter leurs verges l'une contre l'autre. Daiki gémissait sous ses gestes, contre sa bouche, et il en voulait plus. Il voulait le faire crier de plaisir.

Sa bouche descendit de nouveau pour gouter sa peau. Traçant un sillon de baiser jusqu'à son cou. Il joua de nouveau avec le lobe de Daiki, le faisant gémir fébrilement. Il avait trouvé un point sensible chez l'autre et il comptait bien en trouver d'autre. Il laissa une main vagabonder sur le torse à sa merci, caressant de son pouce le bouton de chair durcit par le plaisir. Il sentit la panthère frissonner sous son toucher et ça déclenchait tout un tas d'émotion chez lui. L'envie de le voir se tordre sous lui, de lui donner du plaisir, de le faire frémir, vibrer.

Sa bouche descendit sur le torse mate et il attrapa entre ses dents le téton droit, lui infligeant une douce torture. Il pinça avec sa main le gauche et joua de sa langue sur l'autre. Il sentait Daiki défaillir sous les caresses certainement nouvelles pour lui. Il semblait découvrir lui-même des zones érogènes qu'il ne soupçonnait pas chez lui. Sa main descendit jusqu'à l'élastique du caleçon qu'il frôla du bout des doigts. Le bassin du brun se souleva, cherchant le contact. Kagami sourit en voyant l'air pressé du fauve et abaissa le tissu gênant le long de ses jambes, l'obligeant à rompre le contact charnelle. Il retira son propre caleçon et attrapa les cuisses devant lui. Il sentit Daiki se tendre un moment et il s'appliqua à embrasser l'intérieur des cuisses musclés.

"Détends-toi, Dai ... On n'ira pas jusqu'à la pénétration…" Souffla t'il.

Il croqua un bout de peau et frôla de bout des lèvres la verge tendu sous son nez. Ses mains caressaient les cuisses offertes, palpant la peau douce sous ses doigts. L'une de ses mains vint saisir le membre et il lécha du bout de la langue le gland humide. Daiki se tordit de plaisir et se cambra fortement. Kagami déposa des baisers le long du sexe et souffla dessus, le faisant frémir. Il prit totalement en bouche le membre et s'appliqua à le pomper de sa bouche, jouant avec sa langue sur l'extrémité lorsque ses lèvres arrivaient à cette hauteur.

"P'tin... Tai ... Ta bouche ...hmm.."

Sa main vint caresser ses bourses et il s'activa, donnant parfois un rythme lent, parfois rapide, parfois ferme, parfois léger. Les ongles de Daiki s'enfoncèrent dans sa peau, sur ses épaules. La griffure l'excita bien plus qu'il ne l'aurait pensé.

"Stop, Tai...ga... Remonte... merde ..."

Le basketteur se redressa et laissa un petit rire satisfait quitter ses lèvres. Il se remit à hauteur du visage du brun et déposa un baiser dans son cou, humant son odeur. Il prit en main leur deux sexes et les branla. La main de Daiki se superposa sur la sienne, la chassant. Il laissa Aomine le renverser et échanger leur position. Il sentait le souffle court de l'autre homme et le laissa le toucher. Il ferma les yeux de plaisir en sentant cette main contre son membre, la friction entre leurs deux verges. Ça le rendait fou. Il se laissa totalement faire entre les mains du brun et bordel, il savait y faire ! Il sentit une chaleur bien connue prendre possession de son corps, son bas ventre fourmiller et il attrapa la nuque du brun, le rapprochant de lui. Daiki l'embrassa passionnément et entendant leurs souffles courts et hachés, ils comprenaient qu'ils n'étaient pas loin de la libération. Taïga ajouta sa main sur celle du brun et l'accompagna dans ses mouvements.

Les gémissements emplissaient la pièce, la chaleur était à son paroxysme et dans des gestes forts et serrés, ils éjaculèrent entre leurs mains, contre leurs ventres. Daiki s'écoula sur lui, le cœur tambourinant contre le sien. Il sentait le souffle du brun contre son cou et le rythme effréné de leurs organes vitaux.

"P'tin ... Comment ça peut être aussi bon..." Souffla le brun.

Taïga posa une main sur sa tête, caressant gentiment les cheveux à sa portée.

"Il te fallait juste un Taïga dans l'équation." S'amusa t'il.

Daiki rit et se redressa.

"P't'être, mais si j'étais pas aussi sexy, tu t'srais pas donné comme ça."

"C'que tu peux être prétentieux."


A suivre ...