Bonjour à tous! Merci beaucoup aux nouveaux lecteurs qui ont commenté les chapitres, c'est un bel accueil et que de motivation pour poursuivre cette aventure !
Bonne lecture à vous en ce vendredi !
Chapitre 6 : Confrontation
Samedi fin de matinée - Kombini de quartier :
Daiki était dans le Kombini du coin à acheter autant de friandise et trucs salés qu'il le pouvait. Il avait glandé toute la matinée et il n'avait aucune envie de passer la journée chez lui. Il avait juste envie de se poser au soleil, allongé dans l'herbe d'un parc, et de roupiller tranquillement en grignotant. Il attrapa un paquet de chips et le glissa dans son panier déjà bien remplis, cherchant du regard un autre paquet à y glisser.
"Eh bin, si avec ça tu arrives encore à te bouger sur le terrain..."
Daiki tourna la tête et tomba dans le regard rubis de Taïga. Il se redressa de toute sa hauteur et lui offrit un sourire arrogant.
"Même avec ça, tu ne m'battras pas. L'seul qui peut m'battre..."
"Ouais, c'est toi, je connais la chanson..."
Un petit rire quitta ses lèvres et il observa le panier de son vis-à-vis, bien plus diététique que le sien. Il remarqua les légumes, la viande, mais surtout de quoi préparer un repas succulant. Il se mordit la lèvre et remonta son regard vers l'autre, bavant déjà de l'un de ses plats fétiches.
"Ouais, 'fin pour c'qui est d'cuisiner, c'pas comme si j'pouvais manger mieux qu'ça ..." déclara Daiki.
Taïga lui coula un regard et rit ouvertement.
"Dis plutôt qu'tu veux que je t'invite à manger. Je t'ai vu lorgner sur mon panier."
"Pas du tout ! Mais si t'insiste ..."
Taïga secoua la tête d'un air désespéré et lui montra d'un signe de tête ses futurs achats.
"Repose moi ces cochonneries et ramène ton cul."
Taïga le laissa en plan et souriant, il redéposa ses emplettes d'un geste habile. C'était trop facile de l'avoir ! Taïga répondait facilement à ces piques mais son côté empathique finissait toujours par ressortir et il devait l'avouer, ça arrangeait bien ses affaires. Il préférait mille fois déguster les plats du cuisinier que ça.
Il rejoignit rapidement le Tigre en caisse et lui demanda ce qu'il fichait dans son quartier.
"Promo sur la viande." Répondit simplement le numéro dix.
Les yeux bleus se portèrent sur le paquet en question et effectivement, vu la multitude de portion qu'il avait prise, la promo valait le coup. Il avait tendance à oublier que le rouge vivait seul et qu'il devait subvenir lui-même à ses besoins. Daiki avait du mal à se l'imaginer en femme de maison, à faire à manger, les lessives, le ménage ... Mais en y réfléchissant bien, ça ne le surprenait pas tant que ça. Taïga était un mec multitâche.
Samedi midi - Chez Taïga :
Taïga avait enfilé son tablier pour préparer le repas tandis que l'autre mettait la table. Ça l'étonnait toujours de voir Daiki dans ces moments-là. Il n'était pas du genre à filer un coup de main, du moins c'est ce qu'il avait toujours pensé...
Le trajet avait semblé court pour revenir à son appartement. Ils avaient mené un combat verbale intensif porté sur le choix du déjeuner. Il avait prévu de préparer un curry mais la panthère voulait absolument du poulet Teriyaki. Finalement, il avait laissé Daiki gagner et le voilà à préparer sa recette. Il jeta dans la casserole chaude l'ail et le gingembre émincé, laissant de suite les odeurs épicées emplirent la pièce. Il y ajouta les autres ingrédients pour la sauce, laissant le tout prendre et devenir un liquide semblable à un sirop. Le brun revint vers lui et posa sa tête sur son épaule pour le regarder faire, collant son torse à son dos. Taïga remua pour le faire bouger mais l'autre semblait collé à lui.
"Bouge de là, tu me déconcentre."
"Si j'veux ! Et pis j'veux voir comment tu fais."
Taïga soupira et lui expliqua les étapes de préparation de sa recette, insistant sur le fait qu'il n'avait pas besoin de le coller comme ça, mais l'autre ne bougea pas pour autant. Daiki écoutait sans rien rire, et il pouvait sentir le souffle du brun contre sa peau. C'était déstabilisant. La sauce était presque prête. Il attrapa tant bien que mal sa planche à découper pour faire glisser les morceaux de viandes coupés et enveloppés de maïzena dans la poêle chaude. L'odeur de viande remonta à leurs nez et instinctivement Daiki laissa un gémissement sortir de sa bouche, appréciant certainement les saveurs qui titillait ses narines. Quand bien même, lui, il s'était figé. Imaginez-vous avec un mec collé à vous - Plus que bien foutu - et gémissant au creux de votre oreille. Comment pouvait-il se concentrer sur la cuisson de sa viande ?
Daiki passa un bras autour de sa taille pour se maintenir et attrapa la spatule de l'autre, chassant sa propre main et remua la viande à sa place, regardant toujours au-dessus de son épaule.
"Dai..."
"Hm ?"
"Bouge."
"J'peux pas. Je cuisine." Railla Daiki.
Taïga ferma les yeux et expira pour tenter de se calmer. Il lui prit violemment la spatule des mains et se courba en avant pour le faire reculer avec ses fesses. Par réflexe, Daiki s'accrocha à ses hanches pour ne pas tomber et colla par inadvertance son entrejambe contre ses fesses. Taïga se sentit rougir et remercia le ciel d'être de dos. Il se redressa vivement et attrapa sa casserole de sauce, vidant son contenu sur le poulet.
"Va servir les bols de riz au lieu d'être dans mes pattes !" S'écria-t-il.
Daiki n'avait pas ouvert la bouche jusqu'à éclater de rire. Taïga se retourna, surpris et se figea devant la scène qui s'offrait sous ses yeux, un peu comme l'autre fois dans le canapé, mais là, c'était encore différent. Jamais il n'avait vu le basketteur rire de la sorte. Un rire franc et clair sortait de sa bouche. Les plis aux coins de ses yeux ne faisaient qu'accentuer la beauté du visage basané. Daiki riait au point d'avoir la bouche ouverte, montrant ses dents. Subitement, il comprit pourquoi Tetsu tenait tant à lui ramener le sourire depuis toutes ces années. Daiki était juste... beau. Il était de ceux qui vous coupez le souffle en un instant et là, il était totalement ébahi devant cet homme qui riait si différemment de d'habitude. Il n'y avait aucun air hautain, aucune moquerie, juste un rire sincère.
Daiki se calma et plongea son regard dans le sien, le surprenant en pleine contemplation et il sentit ses joues s'échauffer. Il se tourna brutalement, faisant face à sa poêle et fronça les sourcils. Merde ... Il ne pensait pas être retourné à ce point par le joueur de Tōō.
Daiki avait squatté sans une hésitation chez le Tigre. Il avait profité de l'empathie de l'autre pour s'inviter sans aucun scrupule. Il avait pris ses marques la dernière fois et faisait comme chez lui, mettant la table rapidement. Ce n'était vraiment pas dans ses habitudes, mais il devait avouer que sur ce coup-là, il profitait un peu trop de l'autre, donc il avait décidé de faire un effort pour participer aux tâches.
Il s'était retourné en sentant les épices lui chatouiller agréablement les narines et avait vu ce dos large bouger au rythme des mouvements du cuisinier. Son regard c'était de nouveau porté sur cette nuque dorée qui l'attirait sans cesse et son coté fauve avait reprit le dessus. Il avait envie de l'emmerder, de le chercher. Un sourire prédateur vint prendre place sur son visage et il s'approcha furtivement de son hôte, posant comme la dernière fois son menton sur l'épaule musclée. Il posa ses mains sur les hanches masculines et sentis l'autre se figer. Son sourire s'agrandit, il aimait avoir le pouvoir et rien n'était plus amusant que de déstabiliser Taïga. L'autre essayait vainement de le chasser mais il resta bien en place, agaçant son compagnon. Il adorait le faire tourner en bourrique et l'excuse était toute trouvée.
Il écouta la voix de Taïga énoncer les étapes de sa recette, mais en réalité, il s'en foutait cordialement. Il avait ce besoin viscéral d'être contre un corps, constamment. Comme pour se prouver qu'il n'était pas seul, et comme cette nuit-là, c'est lui qui était à sa portée. Il avait toujours ressenti ce besoin d'avoir quelqu'un à ses côtés, juste pour se sentir utile, aimé, désiré ou bien même, juste présent pour quelqu'un. S'il couchait à droite et à gauche, c'était juste pour ne pas ressentir trop sa solitude. Rien de plus, et la baise, c'était l'option supplémentaire.
L'odeur de viande réveilla sa faim et il ne put retenir un gémissement. Taïga se figea dans ses bras et le repoussa avec ses fesses et il s'accrocha comme il put pour ne pas chuter en arrière. La scène était comique, ils se retrouvaient dans une position du Kâmasûtra qu'il connaissait bien.
"Va servir les bols de riz au lieu d'être dans mes pattes !"
Il se figea un moment en réalisant ses pensées tordues et en entendant la voix gueulante et gênée de Kagami, il savait que le tigre avait certainement eu les mêmes pensées que lui et un fou rire le prit. Il se tint le ventre tant ça lui faisait mal de rire autant. Un rire incontrôlable et libérateur.
Lorsqu'il se calma, il tomba dans le regard de Taïga qui l'observait silencieusement, la bouche entrouverte et les joues rouges. Il le trouva adorable sur le moment. L'autre se retourna vivement, feignant d'être occupé, mais c'était trop tard, il l'avait vu tout rougissant, et ça déclenchait en lui cette envie maladive de le provoquer. Il s'approcha telle un félin en pleine chasse et glissa ses mains sous le tee-shirt de Taïga, caressant ses abdominaux du bout des doigts. Il colla franchement son bassin aux fesses bombées devant lui et mordilla la nuque offerte.
Il entendit la spatule tomber des mains de l'autre et rit dans son cou.
"Bah alors, Tai... On perd ses moyens ?"
Le rouge coupa le feu et se tourna vers lui brutalement. Il lui crocheta la nuque et l'embrassa violemment, le plaquant de son bras contre lui. La langue du basketteur pénétra dans sa bouche dès qu'il en eut l'occasion et passé l'étonnement, il y répondit vivement.
Tel est pris celui qui croyait prendre.
L'expression prenait tout son sens en cet instant. Il avait tendance à oublier que Taïga n'était pas du genre à se laisser manipuler facilement. Il l'avait provoqué, il l'avait trouvé. Inconsciemment il avait eu envie que ça se passe comme ça. Il avait eu envie que le tigre le prenne en chasse et lui fasse prendre conscience qu'il pouvait le dévorer en un instant. Pourquoi y avait-il un tel magnétisme entre eux ? Cette envie palpable de se sauter dessus, de se toucher, de se voir ? La main de Taïga passa dans sa nuque, agrippant ses cheveux et il se pressa un peu plus contre lui, le plaquant contre le plan de travail. Ses mains palpaient les muscles saillants sous le tee-shirt large. Dans un mouvement brusque, la poêle bougea dans un bruit strident et Taïga coupa leur échange, se tournant vers l'objet. Daiki se recula et se passa une main dans les cheveux pour reprendre ses esprits. Il devait prendre de la distance.
Il avisa d'un regard l'objet de leur arrêt brutal et la remercia silencieusement. La poêle était bancale, en biais entre deux plaques de cuisson et le cuisinier la remit en place. Il l'entendit se racler la gorge et parler.
"On devrait manger."
Il ne répondit pas et se dirigea vers le cuiseur à riz où il servit machinalement deux bonnes portions dans deux bols. Merde, il partait vraiment en couille en ce moment, c'était quoi ça encore ? Pourquoi est-ce que ça finissait comme ça entre eux ? Comment pouvaient-ils passer d'un moment calme à ça ? Sérieusement, c'était quoi son problème ? Il aimait charrier Kagami, c'était même devenu son passe-temps favori depuis un moment, mais tout de même, de là à le plaquer contre la cuisinière ? A le toucher comme ça ? Il ne faisait même plus attention au fait que ce soit un homme devant lui, c'était juste lui. Juste Taïga.
Il se pinça les lèvres et apporta les bols sur la table, et l'As de Seirin le rejoignit en posant le plat de viande au centre. Taïga évita son regard et alluma la télévision sur une chaine sportive où un match entre les Chicago Bulls et les Lakers faisait rage. Il s'assit en face de lui et commença à manger, sans un mot, les yeux rivés sur l'écran.
Vendredi soir - Gymnase du Lycée Seirin :
Taïga s'entrainait avec ses coéquipiers comme tous les vendredis. Riko usait de son sifflet pour les faire marcher aux pas et ils étaient épuisés. Deux heures déjà qu'ils couraient et suaient comme des bœufs sur le parquet. Son jeu était beaucoup plus calme et réfléchi que la dernière fois. Il n'était pas parasité par des mauvaises ondes mais il avait tout de même l'esprit ailleurs. Il repensait sans cesse au week-end dernier. Celui où Daiki avait squatté chez lui. A ce moment où ils étaient partis en vrille, où ils avaient une nouvelle fois dérapé.
Il était incapable de mettre un mot sur ce qu'il se passait entre eux. Leur relation était devenue super ambiguë. Jamais l'un ou l'autre n'auraient amorcé ce genre de chose en temps normal. Eux, ils étaient faits pour se mesurer encore et toujours sur le terrain, pas à se sauter dessus comme ça comme deux bêtes en rut. Qu'est ce qui avait pris au joueur de Too d'agir comme ça ? Et lui, à se comporter ainsi ? Ils allaient où tous les deux ? Ils avaient une relation spéciale, ça, il en avait conscience, mais là, ça prenait un tournant étonnant. Comme s'ils étaient deux aimants constamment attiré l'un par l'autre. Un besoin irrépressible d'être en contact. Il en avait pris conscience lorsqu'ils s'étaient séparé dans la cuisine. Il avait pris ça comme une tape derrière la tête, le forçant à reprendre pied avec la réalité. Il n'avait pas su la gérer. Il s'était contenté d'ignorer Daiki, d'allumer la télé pour combler le silence pesant entre eux.
Ils n'en avaient pas reparlé. Ils avaient déjeuné, regardé la télé, et la panthère était rentré chez lui, comme si rien ne s'était produit. Pas de nouvelle depuis. De toute façon, sans téléphone, c'était compliqué d'en avoir. Il fallait vraiment qu'il aille s'en acheter un.
"Oy ! Kagami !"
Il tomba dans le regard de Teppei qui le regardait d'un œil amusé.
"Le match est fini depuis deux minutes..."
Il se passa une main derrière la nuque, gêné.
"Désolé..."
"Tu as l'air ailleurs en ce moment, tu es sûre que ça va ?"
Ce mec avait le don de se comporter comme un grand frère, et ça lui plaisait autant que ça l'agaçait. Il voyait tout et savait remonter le moral des troupes, mais il voulait tout savoir et ça...
"Ouais, ça va."
Il quitta le terrain sous le regard perçant du plus vieux et se passa une serviette sur la nuque avant de rejoindre les vestiaires. Il fila sous la douche pour reprendre contenance et laissa l'eau chaude apaiser ses muscles endoloris.
Daiki.
Ce mec s'était immiscé dans sa vie du jour au lendemain, bien qu'il l'ai invité de lui-même à y entrer. Ils étaient passé d'ennemi à rivaux - de rivaux à connaissance - de connaissance à … à ce qu'ils étaient aujourd'hui, soit une relation bien plus complexe que de l'amitié. Il n'arrivait pas à cerner le basané. Il le voyait parfois comme le pire mec que la terre puisse porter - arrogant, froid, imbus de sa personne - et comme le mec le plus sympathique - empathique, souriant et … proche de lui en ce moment. Ce mec était bipolaire, ce n'était pas possible autrement !
Il se savonna et se rinça rapidement, sortant des douches. Il enfila ses vêtements de rechange et salua tout le monde avant de quitter le gymnase. Il croisa Tetsu sur les marches devant le grand bâtiment et fut étonné de le voir accompagné.
"Bonsoir, Kagami !"
La voix de son homologue le fit frissonner tant la voix était nouvelle pour lui, suave comme elle ne l'avait jamais été. Tetsu le regarda un moment puis les salua, les laissant tous les deux en plan avec un simple signe de la main.
"Eh bien, qu'est ce qui t'amène Kise ? Tu venais voir Tetsu ?"
Il remonta son sac en bandoulière sur son épaule et remarqua le sourire de l'autre.
"Pas vraiment, en fait, c'était plutôt toi que j'étais venu voir à vrai dire. Je sais que tu n'as plus de téléphone donc je suis venu."
"Oh..."
Taïga ne s'attendait pas à cette réponse et il ne savait pas vraiment comment agir face à lui, après tout, ils ne se connaissaient pas plus que ça tous les deux. Ils s'étaient rencontrés plus de fois sur le terrain qu'en dehors. Que le blond vienne pour le rencontrer était surprenant, quoique...
"Et, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?" Demanda t'il.
Kise parût soudainement gêné et détourna un peu le regard avant de replonger dans le sien. Il le vit se passer une main dans les cheveux et soupirer.
"Eh bien, ça paraissait plus simple à dire dans ma tête mais ... Est-ce que tu serrais libre demain ?"
Il écarquilla les yeux et ouvrit la bouche sans répondre. Il était sérieux ? C'était ... est-ce que c'était un ... rencard ? Kise ne s'était pas caché de son attirance envers lui la dernière fois, mais de là à l'inviter ouvertement, il ne s'y attendait pas. Il observa l'homme devant lui, intimidé. Kise était un bel homme, il ne pouvait pas le nier. Ses cheveux décolorés allaient parfaitement avec son regard doré. Il avait un beau visage et un corps finement sculpté. Après tout, il n'était pas mannequin pour rien.
"Ne vois pas ça comme un date ok ? Disons que c'est ... un moyen de mieux se connaitre et ... on avisera après ?" Tenta le blond.
Taïga laissa un rire léger sortir de sa bouche et acquiesça, il n'avait rien à perdre de toute façon.
"Je dois me racheter un téléphone, ça tombe plutôt bien..."
Le mannequin lui offrit un magnifique sourire, apparemment ravi de sa réponse. Il vit ses muscles se détendre sous son uniforme scolaire et se mordre la lèvre avant d'ouvrir la bouche.
"Ok. Très bien... Hm, on se dit à demain alors ?"
"Ouais, on peut se retrouver devant le Starbucks à Shibuya, ce sera plus simple." Proposa t'il.
"Ok, midi ? Comme ça on mange un bout avant ?"
"Ça me va."
"Ok ..."
Kise le regarda un moment, hésitant puis il s'approcha, déposant furtivement un baiser sur sa joue avant de lui tourner le dos et amorcer son départ. Il posa instinctivement sa main sur sa joue et le regarda s'éloigner.
"A plus, Kagami !"
"Ouais ..." Souffla-t-il.
Il resta comme un piquet sur les marches du gymnase, réalisant la scène qui venait de se produire puis lâcha un rire nerveux. Merde, il ne s'attendait pas à ça ! Lui qui avait la tête remplis de mini Aomine, voilà que Kise s'ajoutait maintenant à l'équation. Il n'avait pas fini de se prendre la tête. La génération miracle tenait en son sein des types bien plus surprenants les uns que les autres.
Samedi midi - Carrefour de Shibuya :
Taïga attendait sagement l'arrivé de son compagnon. Il était nonchalamment appuyé contre la façade de leur lieu de rendez-vous et regardait les gens passer sans vraiment les voir. Il devait se l'avouer, il était un peu nerveux. Ça faisait un bon moment qu'il n'avait pas eu de rendez-vous comme ça, et même si Kise avait voulu désamorcer leur rencontre en stipulant qu'il pouvait juste le prendre comme une simple sortie entre pote, il savait qu'il en était tout autre pour le blond. Il ne savait toujours pas pourquoi il avait accepté, mais il était là, et il comptait bien profiter de sa journée. Le soleil était présent et tapait doucement contre sa peau déjà tannée, une journée parfaite pour faire un peu de shopping.
"Hey !"
Il tourna le regard vers la voix et tomba dans ceux brillants de Kise. Il le regarda s'approcher, les mains dans les poches. Il resta sur le cul en le voyant habillé sans son uniforme. Le blond avait un tee-shirt blanc en col V surmonté d'une veste noire taillée à la perfection pour lui. Un jean sombre complétait sa tenue avec de belles chaussures de ville de la même couleur. Il avait agrémenté sa tenue avec une paire de lunette coincé sur le col de son haut, dévoilant un peu plus sa peau. Une montre et quelques bracelets habillaient ses poignets. Taïga déglutit, il était canon.
Lui, il avait gardé un style plus simple, avec un jean basique, un tee-shirt blanc un peu moulant et une veste noire, son casque visé autour du cou et sa chaine qu'il ne quittait jamais.
"Salut."
Kise lui tendit son poing, et il tapa le sien dessus. Le sourire de Kise le laissa un moment pantois mais il se reprit bien vite. Il n'avait pas l'habitude que le blond lui adresse ce genre d'attention, d'habitude, c'est Tetsu qui y avait le droit.
"Ça change de te voir comme ça, ça te va bien."
"A côté de toi, je fais tâche tu veux dire ?" Répliqua-t-il en se massant la nuque, un peu gêné.
Kise rit en lui passant amicalement un bras autour des épaules comme Daiki avait prit l'habitude de le faire, et lui chuchota au creux de l'oreille.
"Crois-moi, tu n'as rien à m'envier."
Le blond lui offrit un clin d'œil et se sépara de lui, l'invitant à le suivre. Il marcha à ses côtés le cœur battant, leurs mains se frôlant parfois mais ni l'un, ni l'autre n'amorça un geste de plus. Il l'avait surpris à agir de la sorte. Il se montrait beaucoup plus tactile que ce qu'il n'aurait pensé. Kise lui montra un petit restaurant qui ne payait pas de mine mais il lui garantissait que les meilleurs ramens du coin s'y trouvaient. Ils s'y installèrent tranquillement, en terrasse, et le repas se passa calmement et agréablement. Le blond lui raconta son parcours, sa carrière de mannequina, son entré à Teiko, sa rencontre avec les joueurs de la génération miracle, et sa vie maintenant. Lui, il raconta vaguement sa vie sans trop entré dans les détails, s'attardant sur sa vie aux States, son retour au Japon, sa rencontre avec Tetsu, son parcours dans le monde du basket. Ils apprenaient à se connaitre tranquillement et Taïga trouva ça agréable. Kise buvait ses paroles, le sourire aux lèvres.
Ils commandèrent une glace pour le dessert et profitèrent du beau temps, continuant à parler de tout et de rien. Taïga rit à l'une des anecdotes de Kise et se dernier se pencha au-dessus de la table, tendant une main vers lui. Il essuya le coin de sa lèvre - délicatement - avec son pouce et le porta à sa bouche, le léchant sans le quitter des yeux. Son rire se coupa et il sentit ses joues s'enflammer sous le regard doré.
"Tu avais de la glace."
Passant sa langue sur ses lèvres, il déglutit péniblement. Kise avait un tempérament changeant. Il paraissait toujours un peu extraverti mais d'un coup, il devenait sûre de lui et téméraire, osant même ce genre de geste sans même se soucier des regards autour, et il devait l'avouer, ça lui plaisait.
Ils quittèrent le restaurant après s'être gentiment bagarré sur qui paierait et se dirigèrent dans les rues commerçantes, allant chercher une boutique de téléphonie mobile. Kise avait fini par lui offrir le repas, lui affirmant que c'était lui qui l'avait invité, et il lui proposa de payer la prochaine fois, chose qu'il accepta en souriant. Kise l'aida à trouver un modèle pas trop cher mais performant et il trouva son bonheur, ressortant de la boutique avec un sac en main, il ne lui restait plus qu'à remettre son ancienne carte SIM dedans. Ils s'arrêtèrent un moment sur un banc le temps qu'il fasse l'échange, et sourit en voyant son écran s'allumer. Il programma rapidement les réglages et un tas de notifications apparurent, faisant sonner le téléphone sans interruption pendant quelques secondes, ce qui fit rire Kise.
"Eh bin, y'a du monde qui t'attendais !"
"Ouais, faut croire."
Il consultât rapidement ses messages et appels, mais ceux qui retenaient son attention en ce moment même, c'était les messages de Daiki qui dataient de leur dispute, et il y'en avait un tas. Il comptait treize appels en absences de sa part et une ribambelle de sms. Il cliqua sur le premier.
Aomine - Dim. 15h43 :
Faut qu'on parle.
Aomine - Dim. 16h12 :
Réponds-moi.
Aomine - Dim. 19h24 :
Tu fais chier Taïga !
Aomine - Dim. 22h35 :
Tu comptes vraiment faire la gueule ? Répond bordel !
Aomine - Dim. 23h59 :
Sérieux, j'ai merdé, ok ? Donc répond moi.
Taïga haussa un sourcil, c'était quoi ça ? Une excuse à la façon Aomine ? Il ne put empêcher un sourire de s'étaler sur son visage en imaginant Daiki taper le message. Son sourcil se haussa encore plus en voyant l'heure du second message, bien trop matinale pour la marmotte qu'il était. Depuis quand le joueur de Tōō se levait si tôt ?
Aomine - Lun. 7h35 :
Tu es sérieux là ? Même pas une réponse ?! Tu comptes vraiment m'ignorer ? Personne ne m'ignore !
Aomine - Lun. 12h35 :
Je ne te pensais pas lâche, Taïga ...
Taïga marmonna dans sa barbe, il lui en foutrait des lâches !
Aomine - Lun. 21h45 :
Je t'appelle et je tombe sur ta messagerie... Si tu as bloqué mon numéro, je vais te coller la plus grosse raclée de ta vie !
Il aurait bien voulu voir ça tient ...
Aomine - Mar. 13h24 :
Tu m'fou grave en rogne, j'espère que t'en a conscience ! JE SUIS DESOLE ! OK ?!
Taïga lâcha un rire, attirant le regard de Kise sur lui, l'interrogeant du regard.
"Rien, un message surprenant." Expliqua t-il.
Kise hocha la tête et le laissa encore quelques minutes consulter ses messages.
Aomine - Mer. 15h31 :
Parle-moi... Même si c'est pour m'envoyer chier... mais dit un truc.
Aomine - Mer. 16h36 :
Stp...
Aomine - Mer. 20h48 :
Taïga, on ne peut pas juste arrêter comme ça, pas vrai ? On doit parler ! Donc porte tes couilles et PARLE !
Aomine - Jeu. 2h16 :
Va te faire Taïga ! Tu m'emmerdes !
Il soupira et éteignit l'écran de son téléphone. Les messages étaient surprenants, touchants et violents mais il voyait bien à quel point cette dispute l'avait touché autant que lui et quelque part, ça le rassurait. Il n'avait pas été le seul à péter un plomb pendant les jours qui avaient suivit. Il ne savait pas pourquoi il s'était mis dans un tel état mais il était persuadé que ça avait quelque chose à voir avec leurs confidences nocturnes. Ça ne pouvait pas être autre chose. Il n'arrivait tout bonnement pas à mettre un mot sur leur relation. Elle était juste ... spécial.
Il glissa son téléphone dans la poche arrière de son jean et se releva, invitant Kise à en faire de même.
"Ça te tente d'aller dans un magasin de sport ? Je voudrais voir les chaussures." Demanda-t-il.
Le blond lui sourit et lui indiqua un magasin tout proche. Ils marchèrent l'un à côté de l'autre, le blond le charriant encore pour la quantité de notifications reçues lors du redémarrage de son appareil.
"Sans déconner, je pourrais être jaloux. Même moi je n'en ai pas autant."
"Tu abuses Kise."
"Non sérieux ... Oh ! Aomine ?!"
Taïga releva la tête et stoppa sa marche. Kise se planta devant lui et il dû tordre le cou pour apercevoir l'autre. Daiki sortait de la boutique où ils allaient entrer, une charmante demoiselle à son bras. Il la dévisagea sans le vouloir, il n'avait jamais vu l'autre avec une fille et la curiosité l'avait poussé à la regarder un peu plus qu'à la normale. Elle avait de longs cheveux noirs, les yeux en amandes et les lèvres pulpeuses, et bien évidement, une poitrine généreuse. Cette fille n'était pas faite pour lui, ça sautait aux yeux, elle était bien trop superficielle.
Le brun fut étonné de voir son ancien coéquipier, mais son regard se changea automatiquement en le voyant lui, juste derrière. Taïga haussa un sourcil. C'était quoi son problème ? Il l'avait vu se pincer les lèvres et avoir ce pli de contrariété entre les sourcils.
"Kise, Kagami..." Les salua-t-il.
Il se foutait de sa gueule ou quoi ? Kagami ? Sérieusement ? Il repassait à son nom maintenant ? Il fronça dangereusement les sourcils, prêt à répliquer mais Kise le prit d'avance. Il allait le remettre en rogne, il le savait.
"Je ne m'attendais pas à te voir, et en aussi charmante compagnie."
"Moi non plus, surtout vous deux... ensemble." Grogna-t-il.
Les yeux bleus de Daiki étaient durs et fixés sur lui. Il ne comprenait pas ce changement de comportement du brun. Ils avaient réglés leurs comptes la dernière fois, non ? Même si il s'était quitté dans une ambiance un peu tendue la dernière fois, il s'était quitté en bon terme, alors qu'est ce qui lui prenait d'un coup ? Pourquoi était-il aussi froid ?
Kise passa un bras autour de ses épaules, amenant leurs visages à se rapprocher l'un de l'autre. Sa joue touchait presque celle du mannequin.
"Ouaip ! Kagami à accepter de m'accompagner pour la journée."
Taïga leva les yeux au ciel, amusé, en entendant l'air ravi et enjoué de Kise, ça le changeait du comportement changeant de la panthère.
"Tu ne me présente pas ?" Demanda la jeune femme.
Daiki soupira et la toisa d'un air nonchalant.
"Hinata, je te présente des mecs avec qui je joue au basket. Et elle, c'est Hinata."
"Tss...Sérieux ..."
Taïga n'avait pu empêcher cette remarque de sortir de sa bouche. Ils étaient que ça ? Juste des mecs jouant au Basket ? Il confronta Daiki d'en dire plus pour le foutre en rogne mais l'autre ne détachait pas son regard du sien, le confrontant tout autant. C'était quoi son putain de problème ? Il l'appelait volontairement par son nom de famille, il lui faisait comprendre qu'ils n'étaient rien devant cette nana et il comptait s'en sortir comme ça ? Il n'était pas un jouet qu'on prenait et qu'on jetait à son bon vouloir. Qu'il aille se faire voir ! Lui aussi il savait jouer à ça !
"Bin tu nous excuseras, Aomine, mais on à mieux à faire, nous." Le provoqua Taïga en insistant sur son prénom.
"Ouais, on vous laisse faire votre rendez-vous, qu'on profite du notre ! A plus Aomine !" Chantonna Kise en le tirant vers l'intérieur du magasin, ne sentant pas la tension entre les deux hommes.
"Du votre ?" Souffla Daiki ébahi.
Taïga ne le lâcha pas du regard et alors qu'il allait franchir la porte du magasin, une main ferme sur son poignet le retint. Il baissa le regard et vit celle de Daiki fermement accrochée à lui. Il leva un regard étonné sur le brun, surprenant également Kise qui fut stoppé dans sa course. Le blond le tenait par le bras d'un côté le tirant vers l'intérieur, Daiki de l'autre, le retenant à l'extérieur. Il sentit Kise dans son dos les observer, mais il ne bougea pas, plongeant son regard dans celui sombre du basané.
"C'est quoi ça ?" Demanda faiblement Daiki.
"Ça quoi ?" Grogna Taïga.
Daiki se pinça les lèvres et ouvrit la bouche, l'air sombre.
"Un rendez-vous ? Sérieusement ?"
Taïga le dévisagea et il tira sur son poignet, faisant lâcher la prise.
"Je te trouve bien intrusif dans ma vie pour un simple mec avec qui je joue au basket, Aomine."
Les yeux bleus s'écarquillèrent légèrement et son cœur se serra. Il venait de lui rendre la pique, lui recrachant ses propres mots au visage, l'appelant même par son nom. Il venait de le blesser et il n'aimait pas ça, mais sur le coup, c'était sorti tout seul. Il était en colère et lorsqu'il était dans cet état, il ne savait pas retenir ses mots. Et puis il l'avait bien cherché.
Il se détourna et entra dans le magasin, sans un regard en arrière.
A suivre ...
