Chapitre 9 : Habitudes
Mercredi soir - Gymnase du Lycée de Seirin :
Trois semaines étaient passées et ils prenaient tous les deux leurs petites habitudes. Daiki se montrait étonnant avec lui. Taïga découvrait des facettes de cet homme qui autrefois l'agaçait au plus haut point. Aujourd'hui, il en était tout autre. Il appréciait chaque petit caprice, chaque airs renfrognés, chaque manie que son homme pouvait avoir. Il s'était habitué à le voir squatter chez lui au moins quatre fois par semaine. Daiki ne s'était pas encore servi de sa clef, il l'attendait toujours devant sa porte, comme s'il n'osait pas y pénétrer de lui-même, et il trouvait ça vraiment mignon.
Le brun avait investi les lieux sans même qu'il ne s'en rende compte. Il avait apporté sa brosse à dents, son déodorant, son gel douche. Ses fringues trainaient ici et là dans sa chambre. Il avait même trouvé des cahiers de cours dans le salon. Le brun avait envahi son espace vital mais étrangement, ça ne lui déplaisait pas, même s'il râlait constamment sur son coté bordélique. Il devait sans cesse passer derrière lui mais au fond, il aimait ça. Il aimait sentir Daiki dans son dos lorsqu'il préparait à manger. Il aimer le sentir contre lui lorsqu'il daignait bouger pour venir l'enlacer. Il aimait le voir glander sur son canapé, mais par-dessus tout, il aimait se réveiller avec lui le matin.
Daiki était toujours collé à lui lorsqu'il ouvrait les yeux. Il l'empêchait tout le temps de mettre un pied hors du lit, réclamant encore un câlin, un bisou. Le brun était beaucoup plus tactile que ce qu'il n'aurait pensé et ça lui plaisait.
Ils avaient appris à prendre leur distance lorsqu'ils se retrouvaient avec les autres, même si l'autre fois, il avait merdé.
Ouais, Daiki l'avait fusillé du regard, mais au moins, maintenant, il pouvait l'appeler par son prénom sans gêne. C'était lors d'un rendez-vous qu'ils s'étaient donné avec la GM, ils avaient été au Maji Burger et par réflexe, il avait lâché un "Tu prends quoi Daiki ?"
Il se souvenait parfaitement des joues rouges de son amant et du regard à la fois colérique et gêné. Il avait senti le regard de Tetsu sur lui et il avait vite répliqué un "Quoi ? J'ai perdu le dernier match contre lui, c'était notre pari, je lui dois une bouffe." Mais son ombre avait continué de le fixer et il avait juste demandé : "Depuis quand tu l'appelles par son prénom ?" Et c'est là qu'il avait tiqué. Il avait passé une main dans ses cheveux pour dissimuler sa gêne et avait haussé les épaules, tentant d'être le plus convainquant possible. "Depuis qu'on se voit régulièrement pour des one-on-one."
Il n'avait aucune idée de si Tetsu l'avait cru ou non, mais il s'en foutait cordialement. S'il faisait ça, c'était pour son homme, rien de plus. Depuis, il continuait à l'appeler par son prénom en présence des autres, et le brun avait fini par en faire de même un peu plus tard.
Concernant Kise, c'était plutôt tendu. Le blond tentait souvent des approches subtiles et il passait son temps à le contrer. Ils s'étaient vu deux fois depuis les messages et il ne semblait pas lâcher l'affaire, ce qui commençait à taper sur les nerfs de son amant. Daiki était jaloux et possessif, ça il le savait, mais malgré le fait que leur relation soit cachée, il venait toujours faire irruption dans leur conversation pour le tirer des griffes du mannequin. Il arrivait, l'air de rien et le kidnapper subtilement en trouvant toujours une bonne raison. Il ne le dirait jamais à Daiki, mais il appréciait ces moments-là. Ceux où leur relation semblait du coup un peu plus réel. A vrai dire, il adorait passer du temps avec son amant, quoi de plus normal ? Le hic, c'était que leur relation se limitait à son appartement, et ça, c'était très contraignant. Le Japon n'était pas un pays où la différence était vue d'un bon œil, bien au contraire. Rien à voir avec L.A. Là-bas au moins, il n'avait jamais eu honte de se balader main dans la main avec un autre homme, ici, c'était compliqué, et Daiki ne l'aidait pas sur le sujet, bien au contraire. Alors il se contentait des moments d'intimités qu'ils partageaient ensemble, mais il s'avait qu'à un moment ou l'autre, ça deviendrait compliqué à gérer pour lui.
Plusieurs fois il s'était surpris à fixer son homme. A jalouser les filles qui lui tournaient autour sans avoir à se cacher. Lui, il devait se retenir, il devait le regarder de loin. Il devait jouer le pote sympa et sportif. Il devait prendre sur lui quand ces nanas se permettaient d'être un peu trop tactile avec son mec. Il devait serrer les dents quand elles lui proposaient une sortie. Il devait se retenir de le toucher, de l'embrasser.
Il avait confiance en Daiki, il n'y avait pas de soucis là-dessus, le problème c'était lui. Lui et sa jalousie qu'il ne connaissait pas et qu'il apprenait de jour en jour à maitriser, et s'était un sacré défi ! Bordel que c'était dur ! Cependant dès qu'ils se retrouvaient dans l'intimité de son appartement, ce tiraillement disparaissait, et il profitait de chaque instant avec lui.
"A quoi tu penses ?"
Taïga sursauta et perdit le ballon des mains. Il scruta son ombre, encore apparut de nulle part qui le scrutait un peu trop intensément. Merde, il était en plein entrainement et il laissait un peu trop Daiki envahir son esprit.
"Merde Tetsu, arrête de faire ça !"
"C'est de ta faute. Tu n'es pas du tout concentré aujourd'hui."
"Ouais, je sais, désolé. Je vais me reprendre !"
Il récupéra habillement le ballon entre ses mains et repris l'entrainement, mettant son amant de côté pour quelques instants.
Mercredi soir - Playground :
Daiki s'ennuyait ferme. Il était seul sur le terrain de basket en bas de chez lui et mettait quelques paniers, mais sans Taïga, c'était nul. Il n'y avait aucun adversaire digne de lui et aucun défi. Il fit rebondir la balle entre sa main et le bitume puis regarda le panier.
Ça faisait trois semaines qu'ils étaient en couple tous les deux, et il ne se lassait pas. Il avait craint de s'ennuyer du tigre, de changer d'avis entre temps sur sa décision mais non. Non, il ne regrettait pas du tout de s'être lancé dans cette relation. C'était toujours étrange avec Taïga. Il était toujours aux petits soins avec lui. Il prenait toujours la peine de lui préparer ses plats préférés et bordel, c'était un sacré cuisinier.
Son homme était du genre attentionné. Il l'avait toujours su, mais de le voir comme ça avec lui, c'était un réel bonheur. Souvent il cherchait à le tester, à voir jusqu'où il pouvait aller pour lui. Souvent Taïga haussait le ton pour le remettre en place, mais au final, il finissait toujours par répondre à sa demande et il adorait ça. Il prenait toujours le temps de lui demander s'il avait besoin de quelque chose, s'il avait froid, faim, s'il était fatigué. Il lui envoyait même des messages pour lui rappeler ses dates de tests ou de match lorsqu'ils n'étaient pas ensemble.
Ouais, son mec était avenant et aux petits soins, et il ne s'en laissait pas. Il aimait être dans ses bras, l'embrasser, sentir sa bouche contre sa peau. Il aimait le regarder s'activer dans son appartement devenu leur cocon à tous les deux. Il fournissait des efforts lui aussi, enfin Taïga l'avait obligé à en faire en réalité. Il était de nature bordélique et son homme passait sans cesse derrière lui, jusqu'au jour où il avait crié. Ce soir-là, son homme était épuisé après un entrainement et il lui avait dit de se bouger le cul, qu'il n'était pas sa mère et que s'il voulait manger, il devait se bouger. Comprenant la fatigue de son amant, il s'était activé sans rechigner et depuis, il avait pris l'habitude de l'aider dans les tâches de la maison.
Il aimait plus que tous ces moments-là. Ceux où il avait l'impression qu'ils vivaient ensemble, que rien ne pouvait les atteindre, mais il y avait toujours cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Il savait que Taïga était compréhensif, mais il savait aussi qu'il n'était pas d'une nature très patiente non plus. Il avait bien vu son comportement changer lorsque qu'il était avec des filles.
Il était comme ça, il ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu dragueur, même si ça ne dépassait pas le stade d'échange verbal. Mais il avait vu, il avait remarqué que Taïga se fermait dans ces moments-là. Qu'il prenait sur lui pour ne pas les envoyer bouler et certainement de lui en coller une. Qu'il s'évertuait à jouer au bon copain, mais il savait qu'au fond de lui, il allait craquer un jour ou l'autre. Cependant il n'était vraiment pas prêt à avouer leur relation. Il était tiraillé entre sa peur et son amour, parce que oui, clairement, il aimait Taïga, même s'il ne lui dirait pas.
Plusieurs fois pourtant, il avait eu envie de lui attraper la main, d'être un peu plus tactile que d'habitude en public. Il avait plusieurs fois eu envie de le chopper dans un coin juste pour l'embrasser à la volée, mais cette peur tapie au fond de lui ressurgissait toujours. Elle le bridait et le calmait instantanément, l'empêchant d'aller plus loin.
Et puis il y avait Kise. Kise et son regard aiguisé, posé inlassablement sur son amant. Kise qui pourrait offrir à Taïga bien plus que lui. Kise qui pourrait assumer une vie à deux sans se soucier des autres. Kise qui pourrait lui voler son mec en un claquement de doigt. Kise qui le terrifiait pour ça. Il arrivait toujours à se mettre entre eux mais il connaissait bien le mannequin. Il était rusé et subtil. Viendrait un moment où il arriverait à détourner son homme. Il en était persuadé.
Il lança la balle qui passa sans accro dans l'arceau et il soupira. Il espérait vraiment que tout irait bien. Il n'avait pas envie de le perdre. Pas maintenant qu'il goutait au bonheur à deux. Il avisa l'heure sur son téléphone. Taïga devait être en plein entrainement.
Mercredi soir - Gymnase du Lycée de Seirin :
Taïga se passa une serviette sur le visage, épongeant la sueur sur son visage. L'entrainement avait été rude. Depuis la fin de la Winter Cup, Riko était de plus en plus dur avec eux, ne leurs laissant aucun répit sur le terrain. Elle s'appliquait à les pousser dans leurs retranchements, à améliorer leurs techniques, leurs rapidités, et il n'y avait pas à dire, c'était épuisant. Il se dirigea vers les douches, suivant son équipe et laissa l'eau chaude détendre ses muscles. Les gars se plaignaient de la tyrannie de Riko et il rigola de leur remarque, se joignant à l'ambiance détendue. Il perçu le regard de Kuroko encore posé sur lui et si fit la réflexion qu'il l'observait souvent en ce moment.
"Un problème ?"
"Non."
Taïga haussa un sourcil.
"Ce n'est pas la première fois que je te vois me regarder comme ça."
Le bleuté garda un moment le silence, se rinçant, puis ouvrit la bouche de nouveau.
"Je te trouve juste changé, mais je ne sais pas pourquoi."
"Oh... Bah, je ne sais pas. Je n'en ai pas l'impression."
"Tu es plus détendu. Plus serein et souvent ailleurs."
Taïga haussa les épaules et s'activa à sortir des douches. Kuroko était en mode détective, et ce n'était pas bon pour lui. Il se rinça rapidement et quitta les cabines pour s'habiller.
Quelques minutes plus tard, son ombre et lui quittèrent le gymnase l'un à côté de l'autre, parlant du prochain match qu'ils iraient observer avec l'équipe. Riko venait de leurs annoncer le prochain match amical de Tōō contre Yosen dans deux semaines, et il était impatient de les voir en action. Voir son frère et son homme jouer allait être des plus attractifs. Himuro était le seul à être au courant de leur relation. Daiki lui avait fait la gueule pour avoir lâché l'information, mais il lui avait dit qu'il pouvait lui faire confiance, et qu'il ne pouvait pas lui mentir à lui et le brun avait finalement abdiqué.
"Hey ! Kuroko, Kagami !"
Les deux concernés relevèrent la tête pour tomber dans le regard doré et amusé de Kise. Il retint un soupire et força un sourire.
"Oh, Kise. Que fais-tu ici ?" Demanda Kuroko.
"C'est assez calme par chez nous, je me disais qu'on pourrait aller manger dehors tous ensemble ?"
"Je n'ai rien de prévu pour ma part. Kagami ?"
Merde, merde, merde ! Il fallait qu'il trouve une excuse rapidement pour se sortir de là. Il ouvrit la bouche mais un bras tomba lourdement sur son épaule, le coupant dans sa lancée.
"Yooo... Eh bien, on compte s' faire une bouffe sans moi ?"
Taïga tomba sur le profil de son amant qui avait les yeux rivés sur le blond. Il avait vraiment le chic pour tomber au bon moment celui-là. Il soupira et reporta lui aussi le regard sur Kise.
"Aomine, quelle surprise... Qu'est-ce que tu fais là ?" Demanda Kise.
"Je passais dans le coin, je voulais venir voir l'entrainement de Seirin, mais apparemment, j'arrive en retard. Ça te pose un problème ?"
L'ambiance était tendue entre les deux hommes et n'importe qui passant par-là aurait pu le sentir. Kise avisa d'un mauvais œil le bras de Daiki sur son épaule et il haussa un sourcil.
"Je ne te savais pas si poche de Kagami..."
Il sentit aisément le corps de Daiki se tendre contre lui.
Daiki avait décidé de rejoindre son amant pour lui proposer un repas à deux pour terminer sa soirée. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit son homme en compagnie de Tetsu et Kise. Son sang n'avait fait qu'un tour et il s'était dirigé d'un pas décidé vers son amant, s'immisçant sans gêne entre eux. Il ne laisserait pas d'occasion au blond !
Il posa rapidement son coude sur l'épaule de Taïga, marquant sa propriété en foudroyant Kise du regard. Il voyait bien la déception sur le visage du blond et il en était ravi. Il vit son air se renfrogner en voyant leur proximité physique.
"Je ne te savais pas si poche de Kagami..."
Son corps se tendit et il plissa les yeux. Ce type lui sortait de plus en plus par les yeux. Il essayait de faire quoi au juste ?
"Qui ça, Taïga ? Ouais, on est plutôt bon pote tous les deux finalement. "
Il avait volontairement utilisé le prénom de son amant pour faire taire Kise et ça avait l'air de plutôt bien marcher. Il allait lui montrer à qui il avait à faire. Il entendit son homme se racler la gorge pour attirer leur attention.
"Je vais surement rentrer moi, je suis claqué."
Il tourna vivement son visage vers lui, si bien que leur visage se retrouvèrent assez proche.
"Qu'est-ce que tu racontes ? On va aller manger avec eux !"
Il vit une grimace passer sur le visage de Taïga et il devina très bien ses pensées. Ce n'était pas une bonne idée. Voilà ce qu'il lui disait silencieusement mais il voyait les choses autrement, lui.
"Je suis fatigué et..."
"T'inquiètes Taïga, tu auras juste à poser tes fesses et manger. J'te raccompagnerais même chez toi si tu ne t'en sens pas capable. Je suis dans un bon jour aujourd'hui !"
"Ouais, je vois ça."
"Bien, c'est réglé alors."
Il se redressa et attrapa Tetsu par le cou, commençant à parler avec lui pour détourner l'attention tout en le guidant vers les rues piétonnes.
"Eh bien, on dirait qu'Aomine te porte un peu plus dans son cœur..." Déclara Kise.
Taïga haussa les épaules et remonta son sac en bandoulière sur son épaule.
"On se voit pas mal ces derniers temps pour des matchs. On a appris à ne plus se mettre sur la gueule, c'est tout."
"Bien, dans ce cas, je suis toujours dans la partie."
"Kise ... "
"Ne t'inquiète pas Kagami. Je sais que je ne suis pas en tête pour le moment, mais j'ai un atout dans ma manche. Je ne laisserais pas tomber. C'est une promesse."
Kise le devança, rejoignant les deux autres et il soupira. Kise était tenace mais Daiki était largement en tête du peloton. Pour le moment, il ne lui faisait pas du tout concurrence et n'y avait pas à en avoir. Il appartenait pleinement à son homme, Kise ne le ferait pas craquer.
Très vite, ils furent devant le Maji burger, et Kagami alla s'assoir avec sa montagne de burger. Tetsuya vint s'assoir à ses côtés, Daiki devant lui et Kise sur la gauche de son homme. Tetsuya gardait la bouche fermée mais il voyait clairement ses yeux vagabonder entre eux trois. L'ambiance était bon enfant mais la tension était toujours là, bien présente et son ombre n'en loupait pas une miette, cherchant à comprendre ce drôle de sentiment, cette atmosphère qui régnait.
Il retira l'emballage de son premier burger et alors qu'il allait croquer dedans, Daiki lui prit des mains et y mit un croc, le laissant comme un couillon, la bouche ouverte et les mains encore devant la bouche, prêt à mordre dans son bien. Il voyait clairement la lueur taquine de son homme et il plissa dangereusement les yeux.
"Daiki ..." Grogna-t-il.
"Je pense à ta ligne, Taïga ! Et le partage c'est important !"
"Tu te fou de moi, tu as des burgers sur ton plateau !"
Il vit son homme changer de position et prendre un air un lubrique qui le fit hausser un sourcil.
"Ouais, mais le fait que ce soit gratuit le rend ... bien meilleur !"
Le brun n'eut même pas terminé sa phrase que son propre souffle se coupa dans sa poitrine. Il venait de sentir un pied sur sa cheville. Pied qui remontait le long de sa jambe de manière lente et taquine. Il écarquilla un peu les yeux et fixa son homme. Il commençait à bien connaitre ce regard joueur et provocateur que portait l'autre en ce moment même.
Il était sérieux là ?
Il détourna les yeux, gêné. Jamais Daiki n'avait osé faire ce genre de truc en public. Il déglutit en sentant le pied atteindre l'intérieur de ses cuisses. Il se racla la gorge pour reprendre contenance et attrapa un burger pour tenter de reprendre ses esprits et cacher son trouble, mais le membre sous la table venait d'atteindre son entrejambe. Ses mains tremblèrent et il en lâcha son sandwich, s'attirant les regards des deux autres. Il sentit ses joues s'enflammer et rattrapa bien vite sa nourriture, le déballant rageusement. Son homme avait retiré sa chaussure et il sentait désormais les orteils masser son entrejambe. Il dissimula son trouble comme il put, tentant de mordre le pain rond entre ses dents.
Il osa relever le regard vers Daiki et se dernier se lécha les lèvres d'un air aguicheur. Bordel, il allait le rendre fou. Il retint un gémissement entre deux bouchées et ferma les yeux quelques secondes. Le brun s'activait sur son membre et il sentait son ventre se tordre douloureusement sous les caresses. Il abaissa discrètement une main et attrapa la cheville sous la table, fusillant son homme du regard. Il fallait qu'il arrête. Un petit rire sortit de la bouche du brun mais ça ne le fit pas arrêter, bien au contraire. Il sentit le pied se défiler sous ses doigts et appuyer plus fortement sur son entrejambe. La voute plantaire caressait encore plus son membre déjà bien dur et il devait avouer que le fait d'être caché par cette table avec du monde à coté l'excitait bien plus qu'il ne voulait l'avouer. Il voulait retenir son excitation, mais le problème c'est que son corps, lui, était là pour le trahir.
Il se cacha derrière son burger, remontant sa main qui ne servait à rien et se mordit la lèvre alors qu'il entendait vaguement Kise et Kuroko parler à côté. Il sentait le plaisir monter en lui et ferma douloureusement les yeux, se forçant à retenir tout son pouvant sortir de sa bouche. L'orgasme explosa et tous ses membres se contractèrent en un mouvement et il se mordit la lèvre si violemment que le gout de sang envahi sa bouche.
"Kagami, tout va bien ?" Demanda Kuroko.
Il ne répondit pas tout de suite. Il fallait qu'il se calme. Le pied disparu soudainement d'entre ses jambes et il expira fortement.
"Bah alors, Taïga ? Un problème ?"
Daiki se mordait la lèvre pour ne pas exploser de rire. Voir son amant tenter de lui résister avait été un pur bonheur, et le voir prendre son pied c'était... jouissif. Tellement qu'il avait lui aussi un joli début d'érection. Il ne savait pas ce qui venait de lui prendre, mais il avait eu le besoin de le toucher. C'était surement à cause de Kise, mais tout de même, il n'aurait pas pensé être capable de faire ça. Taïga se cachait le visage derrière son burger et ses mains, il tentait tant bien que mal de reprendre ses esprits.
"Bah alors, Taïga ? Un problème ?" S'amusa t'il.
Le regard cuivré remonta vers lui, lentement, et il y lu tout le désir qu'il lui portait mêlé avec un peu de contrariété.
"J'ai eu un ... vertige, mais ça va aller."
"Oh, tu as dû trop forcer à l'entrainement, comme d'habitude."
"Ça doit être ça, ouais. Mais ne t'en fait pas Daiki... Je saurais prendre ma revanche contre toi au moment opportun."
Il se mordit la lèvre en comprenant le sous-entendu et réprima un long frisson. Depuis qu'ils étaient ensemble, ils n'avaient pas dépassé le stade de la branlette et de la fellation, bien qu'il ne l'ai pas encore fait lui-même, mais là, il avait envie. Vraiment envie de lui faire l'amour, de le goûter là ou jamais il n'avait posé sa bouche. Un raclement de gorge les ramenèrent à la réalité et il tourna le regard vers Tetsu qui le fixait.
"Vous êtes vraiment étrange tous les deux."
"Je ne vois pas en quoi ! C'est si choquant de ne pas nous voir nous taper dessus ?" S'amusa-t-il.
"Oui. Je crois que je vais avoir du mal à m'y faire, bien que ce soit une bonne chose."
"Ne t'en fait pas, on est toujours partant pour se mettre sur la gueule au basket."
Taïga lâcha un petit rire et il lui fit un clin d'œil. Le geste fit un peu rougir Taïga et il adorait le voir comme ça.
"Au fait Kagami, j'ai appris que nous allions bientôt nous rencontrer en match amical. J'ai hâte de me confronter à toi de nouveau." Les coupa Kise.
Il vit le regard de son homme se porter sur le mannequin et il sera les poings. Décidément, il avait beau montrer autant qu'il le pouvait leurs liens, ce satané blond venait toujours s'immiscer entre eux. Il ne lâchait rien.
"Vraiment ? Riko ne nous en pas parlé."
"Oh, c'est encore en préparation, mais ça va se faire d'ici deux semaines. Notre coach prépare les derniers ajustements."
"Je vois."
"Sache que je ne te ferais pas de cadeau. Tu as beau me plaire, sur le terrain je ne succomberais pas à tes charmes !"
Il vit son amant ouvrir et fermer la bouche, apparemment il ne s'attendait pas à ce genre de réplique, et lui non plus d'ailleurs. Il ouvrait verbalement la chasse au Taïga et il serra les dents. Il ne laisserait pas Kise s'approcher comme ça de son homme.
"Tant mieux, je ne compte pas te rendre la chose facile." Répliqua finalement son homme.
Il vit Kise rire et s'avancer un peu sur la table, tentant de charmer son mec.
"Ah ? Tu comptes me séduire sur le terrain ?"
"Je n'ai pas ..."
"Ne t'en fais pas Kagami, je suis déjà sous ton charme, mais ça ne changera rien sur le parquet."
Il vit Taïga déglutir et se passer une main derrière la nuque, il était gêné, et lui énervé. Il ne pouvait pas répliquer et ça le frustrait !
"D'ailleurs" Reprit Kise " Que dirais-tu d'un pari ?"
"Un pari ?"
Il tourna vivement la tête vers le blond et le foudroya du regard. Qu'est-ce qu'il allait lui sortir encore ? Ce renard était bien trop rusé !
"Ouais, si je gagne, on se refait un rendez-vous tous les deux."
"Vous avez eu un rendez-vous ?" Demanda soudainement Tetsu.
Taïga sursauta, ayant surement oublié sa présence une fois de plus.
"C'est plutôt …"
"Oui, on s'est fait une sortie tous les deux, et ça à plutôt bien matché, le problème, c'est que Kagami à.. comment dire, certain doute ?" Tenta Kise.
Son homme n'en menait pas large. Il le voyait lui jeter des coups d'œil pour ne pas qu'il explose et il devait avouer que c'était limite. Kise le provoquait ouvertement et il serrait les poings. Il sentit le pied de Taiga se poser contre le sien, faisant toucher leur jambe pour garder un contact entre eux, mais ça ne le calmait pas pour autant.
"Je n'ai pas de doute. C'est juste que nous deux c'est... amical." Déclara Taïga.
"Pour le moment oui, mais je sais que toi et moi, ça pourrait être beaucoup plus. J'ai un gros avantage. Je n'ai pas peur du regard des autres et j'assume parfaitement mon attirance pour toi."
Il ferma douloureusement les yeux et se passa une main sur le visage.
Voilà.
Il l'avait dit.
Il venait de mettre ce doute dans la tête de son amant. Il venait de mettre le doigt sur son plus gros problème. Sur la raison qui pousserait Taïga à s'en aller à un moment ou un autre. Maintenant que la graine était semée, elle pousserait dans la tête de son homme jusqu'à éclore, et il partirait.
Il rouvrit les yeux et tomba dans le regard déterminé de Taïga. Celui qui lui montrait qu'il ne lâcherait rien. Qu'il ne le laisserait pas tomber. Qu'il était là, et qu'il s'accrochait pour eux.
"Ça ne change rien pour moi. Je sais ce que je veux."
Kise tentait de l'attirer vers lui et le regard perdu de Daiki venait de le retourner. Le blond savait très bien qu'il se passait un truc entre eux, qu'il avait des vues sur Daiki, bien qu'il ne connaisse pas l'étendue de leur relation. Il venait de mettre le doigt sur le point sensible de leur histoire et il avait vu son amant en être déstabilisé. Il savait que Daiki le vivait mal, tout comme lui, mais il ne pouvait pas le pousser à prendre la décision tout seul. Le brun s'avait pertinemment qu'il le soutenait et acceptait son choix, ils en avaient déjà discuté. Cependant il connaissait les doutes de son amant. Il ne lui avait pas dit clairement, mais il savait qu'il doutait de sa ténacité sur ce sujet. Il savait qu'au fond de lui, il était persuadé qu'il finirait par s'en aller. C'est pour ça que sans détour, il plongea non pas son regard dans celui de Kise, mais dans celui de son homme pour répondre.
"Ça ne change rien pour moi. Je sais ce que je veux."
Toi. C'est toi que je veux. Voilà ce qu'il tentait de lui dire, mais Daiki détourna le regard et il en fut déstabilisé à son tour. Allait-il laisser les choses comme ça ? Est ce qu'il allait abandonner sans même se battre ? Il ne le laisserait pas faire.
Il plongea son regard dans celui doré de Kise et lui sourit.
"Ouais, je suis désolé Kise, mais ça ne pourra pas être toi. J'ai déjà trouvé ce qu'il me faut et c'est à moi de faire ce que je peux pour l'avoir et la garder."
Il vit du coin de l'œil son homme se lever.
"Je suis désolé, je dois rentrer, ma mère m'attend."
Taïga fronça les sourcils et dévisagea son amant. Il lui faisait quoi là ? Il fuyait ? Sérieusement ?
"Déjà ? Tu n'as même pas fini tes burgers." Tenta Tetsu.
"Je n'ai pas faim, A +"
Il contourna Kise et s'échappa du restaurant sans un regard en arrière. Taïga regarda sa silhouette s'éloigner et soupira. Bordel, rien n'était simple avec Daiki.
"Tu sais peut-être ce que tu veux, mais ça ne sera jamais réciproque Kagami. Réfléchis-y. J'y vais aussi. A plus tard."
Kise les quitta et il resta seul avec Kuroko. Ce dernier posa une main sur son épaule.
"Eh bien, j'ai eu toute mes réponses en une soirée."
Tetsu avait observé toute la scène. Il avait vu le jeu malsain entre ses deux anciens coéquipiers pour s'attirer les faveurs de Kagami. Il n'aurait jamais pensé voir une telle chose un jour, encore moins concernant Daiki. Kagami avait l'air totalement abattu et il posa sa main sur son épaule pour le réconforter. Il n'avait pas toutes les informations mais il en avait compris la majorité. Une sorte de triangle amoureux entre trois grandes personnalités. Ça allait incontestablement foutre le bordel.
"Je sors avec Dai ..."
Kuroko écarquilla les yeux et observa le visage de sa lumière qui ne le regardait même pas. Celle-là par contre, il ne l'avait pas vu venir. Il avait compris la dernière fois que les deux hommes avaient eu une relation mais de là à la concrétiser... Bon sang ! Il comprenait tout maintenant ! La phrase de Kise qui était arrivée comme un cheveu sur la soupe. Voilà ce qu'il se passait.
"Il va m'buter pour te l'avoir dit mais ... c'est la merde Kuroko, je ne sais pas quoi faire."
"Je t'avoue que j'ai eu des doutes, mais je ne m'y attendais pas. Raconte-moi."
Il vit son ami soupirer et plonger son regard dans le sien. Il l'avait rarement vu dans cet état. Il avait les yeux dans le vague et ses sourcils n'étaient même pas froncés, comme s'il était résigné.
"Un soir j'ai croisé Dai, il n'allait pas bien et ... bref, on a fini la soirée chez moi. On a parlé, bu et ... On a un peu dérapé mais on n'a pas couché ensemble. Après ça, on s'est disputé, mais ça tu l'avais compris. On a fini par se mettre ensemble mais Dai... Il préfère qu'on garde ça pour nous, il flippe du regard des autres. On s'est pris la tête plusieurs fois là-dessus. J'ai accepté pour lui, parce que je sais que ce n'est pas facile de prendre conscience de tout ça, de s'accepter..."
Il ne bougeait pas, attendant silencieusement la suite. Pour une fois que Kagami se confiait, il ne pouvait pas le laisser comme ça.
"Kise à des vues sur moi, sauf que Daiki est jaloux et ça fou la merde. Entre Kise qui refuse de comprendre, Daiki qui ne veut pas se montrer et moi qui ai le cul entre deux chaises... Shit... It's annoying me!"
"Je comprends... Écoute, je connais bien Aomine et Kise. Je ne vais pas te dire que ça va s'arranger parce que vous avez tous les trois des caractères bien trempés. Si Aomine veut garder votre relation secrète, tu vas finir par être blessé à un moment ou à un autre, parce que t'es pas comme ça. Ça va finir par te bouffer et tu vas péter les plombs. Kise ne lâchera pas l'affaire, il est du genre têtu et ça va finir par exploser avec Aomine parce que lui aussi, c'est une bombe à retardement et effectivement il est jaloux et possessif. Et ... je comprends sa réticence à vous montrer. Il a déjà du mal à s'adapter à son équipe, bien que ça ait changé depuis la Winter Cup, mais même s'il parait détaché, il a besoin des autres."
"Je le sais ça ..."
"Je n'ai pas de solution miracle Kagami. Soit il accepte votre couple à part entière, soit ça finira par vous peser l'un et l'autre."
"Fais chier."
A suivre...
