Bonjour à tous, tout d'abords, un grand merci, nous avons dépassé les 1000 vues sur cette histoire donc MERCI !

Merci de la suivre chaque semaine, de laisser vos messages.

Désolé si je ne répond pas toujours au fil des chapitres, le temps me manque mais je vois tout !

Shadow : Oui, je savais que tu allais me maudire pour ce chapitre ! Mea culpa ! Je te laisse découvrir la suite des évènements mais je me rattraperais, promis juré !

Yuukitsune : Je sais que Kise peu paraitre lourd, c'était le but recherché ^^ Je te laisse découvrir la suite de nos deux fauves !


Chapitre 11 : Thérapie


Vendredi soir - Chez Taïga :

Il aurait été incapable de dire combien de temps il avait passé allonger sur son lit à observer son plafond mais ça se comptait certainement en heure. Il voyait encore le regard perdu de Daiki, les larmes sillonnant son visage. Et cette tristesse... c'était lui et lui seul qui l'avait provoqué. S'il n'avait pas amorcé cette situation, jamais son brun n'aurait eu à ressentir ça. et jamais il n'aurait eu à le voir ainsi. Il connaissait sa situation familiale difficile avec sa mère et l'absence de son père, et il s'était ajouté à l'équation. Désormais, Daiki devait se sentir encore plus seul que d'habitude, et ça, par sa seule faute. Jamais il n'aurait pensé pouvoir lui faire autant de mal. Lui qui se montrait si fort, si détaché de tout en temps normal ne serait plus que l'ombre de lui-même dans les jours à venir. Le brun avait toujours eu un caractère bien trempé et le voir ainsi l'avait bouleversé. Il n'aurait jamais pensé le voir dans cet état.

Le pire dans tout ça, c'est qu'il avait osé lui montrer un bout de bonheur pour lui reprendre tout aussi tôt. Il lui avait montré ce que ça faisait de vivre à deux, d'avoir tout un monde à partager. Il l'avait découvert lui aussi, à ses côtés. Toutes ces choses banales pour la plupart des gens mais qui pour lui comptait énormément. Ne plus être seul devant son assiette, avoir quelqu'un avec qui partager un repas, discuter tout en mangeant. Devoir se battre pour le choix d'un jeu vidéo, d'un repas... Apprendre à faire des concessions, apprendre à se lever plus tôt pour préparer un vrai petit déjeuné pour deux, apprendre à faire plaisir à l'autre. Partager tous ces petits moments de vie à deux. Ça avait été court, mais tellement intense avec lui. Daiki avait bousculé son quotidien, jouant sans cesse avec lui, cherchant à le défier, à le provoquer, à le charmer, à le séduire. Bon sang, ce qu'il pouvait lui manquer !

Daiki.

Ils avaient si proche en si peu de temps. Ils avaient partagé leur quotidien avec un naturel étonnant et surprenant.

Et maintenant, il avait fait le choix de partir. Il avait fait le choix de le laisser. Il se devait d'assumer l'entièreté de sa décision. Assumer, même si ça voulait dire être seul de nouveau, ressentir ce vide omniprésent.


Vendredi soir - Chez Daiki:

Daiki était resté un moment assis sur le béton froid du recoin du gymnase, espérant le voir revenir, mais il ne l'avait pas fait. Il voyait encore cette silhouette s'éloigner de lui et ça faisait mal. Il l'avait attendu seul dans ce coin sombre. Il avait pleuré un bon moment, et il venait tout juste de se calmer. Il fallait qu'il retourne chez lui, sa mère allait s'inquiéter, du moins si elle n'était pas en crise. Il espérait que non, il n'aurait pas la force de se battre ce soir. Il se sentait totalement vidé de son énergie.

Il avait essayé. Oui, il avait essayé de se laisser aller dans ses bras musclés qui semblaient le protégé du monde entier. Cependant, il fallait croire que son passé était bien trop présent pour qu'il arrive à se faire confiance. Avoir confiance en soi même... Ça lui semblait si difficile... S'il n'arrivait pas à croire en lui, comment pouvait-il laisser pleinement son cœur à Taïga ?

Il le voulait. Il voulait entièrement se donner à lui parce qu'il savait que le rouge était quelqu'un de confiance et ce soir, encore une fois et malgré le fait qu'il le quitte, Taïga avait agis pour eux. Il avait mis un terme à leur plongeon macabre. Il avait pris la responsabilité de leur relation, du début à la fin. Il les avait portés à bout de bras sans qu'il n'y fasse attention. Il avait été égoïste, profitant de chaque moment sans prendre en compte les sentiments de Taïga.

Taïga avait raison, il le savait, mais même comme ça, il ne voulait pas abandonner. Il voulait se raccrocher à cette lumière qu'il avait allumé chez lui mais pour ça, il devait prendre sa vie en main.

"C'est à toi de te bouger putain ! Arrête de te laisser aller comme ça !" S'écria-t-il à lui-même.

Depuis quand c'était sa vie qui le contrôlait et pas le contraire ? Depuis quand était-il si faible et si peu entreprenant.

Il se leva et souffla un bon coup. Il avait plus d'un problème à régler et il devait s'y prendre dès maintenant s'il voulait reprendre les rênes de sa vie. Il se mit deux claques sur les joues et amorça un pas, le regard déterminé.

Il fallait qu'il change, sans quoi, il resterait enfermé dans cette routine de merde.


Dimanche soir - Chez Taïga :

Le week-end avait été long et éprouvant pour lui. Il avait ruminé dans son appartement en y faisant les cent pas. Il ne cessait de se demander s'il avait fait le bon choix en prenant cette décision. Il avait beau y penser encore et encore, il devait s'y tenir. Pourtant, il ne pouvait nier ce vide constant qu'il éprouvait depuis qu'il lui avait tourné le dos. Le choix avait été rapide et il avait fait tout ce qu'il avait pu pour tenter de maintenir le cap, mais maintenant que c'était fait... Il avait un réel manque. Un manque qu'il n'aurait pas pensé revivre une nouvelle fois.

C'était ça être addictif ?

C'était ça être amoureux ?

Merdé...

Il avait merdé. Depuis le début en réalité. Il n'aurait jamais dû laisser son regard se porter sur lui plus que sur un autre. Il n'aurait jamais dû laisser Daiki comprendre ses sentiments cette nuit-là. Il n'aurait jamais dû le faire entrer chez lui de la sorte. Il n'aurait jamais dû laisser ses sentiments prendre le dessus comme ça. Voilà où ça l'avait mené... A un amour réciproque mais voué à l'échec.

Il n'arrivait pas à l'oublier. Ça ne faisait peut-être que quelques semaines, mais ces moments semblaient avoir duré une éternité bien trop courte.

Le problème, c'est que les affaires de Daiki étaient partout. Dans la salle de bain, dans sa chambre, dans le salon. Il ne pouvait pas se retourner sans avoir les yeux rivés sur un objet lui appartenant. Sérieusement, comment le brun avait-il pu s'étaler autant en si peu de temps ? C'était affolant. Son bordel était partout et il avait envie de s'y rattacher comme de tout flanquer en l'air. Et son odeur … Son odeur était encore présente sur son oreiller, sur ses draps. Dans la salle de bain aussi, comme si l'odeur de son déodorant s'était accrochée au moindre tissus dans la pièce. Comme s'il avait su, comme s'il avait voulu laisser sa marque ! Oui, comme un chat marquant son territoire pour ne pas laisser un autre s'y installer. Son odeur l'entêtait tant elle semblait présente.

Hier soir, il avait fait une crise de nerf et il avait tout fourré dans un sac de course pour ne plus tomber dessus. Comme si le fait de ne plus avoir ses affaires sous le nez allait l'aider. Comme si le fait de ne plus les voir allait faire disparaitre le problème principal.

Mais non !

Le second problème, c'est que même sans ça, il voyait Daiki partout. Il le voyait allongé sur le canapé, sous la douche, dans son lit, accoudé sur le plan de travail. Alors il était sorti jouer au basket et il avait enchainé des dunks jusqu'à s'épuiser et tomber de sommeil. Il n'y avait que comme ça qu'il arrivait un tant soit peu à le sortir de sa tête, et encore, c'est comme ça qu'il s'était connu. Sur ce terrain-là, en bas de chez lui. Il avait beau se torturer l'esprit, il ne pouvait pas s'empêcher de penser à lui, de le vouloir, de le désirer encore.

Il aimait cet homme, et c'est pour ça qu'il l'avait quitté, il ne devait pas l'oublier. Il ne devait pas omettre que son existence pouvait faire souffrir son brun, et pour rien au monde il ne le voulait. C'était même la dernière chose qu'il souhaitait. Porter ce fardeau sur ses épaules, ça, il savait faire, il en avait l'habitude. Alors il continuerait pour deux. Il voulait lui offrir une vie simple et normale mais Daiki ne l'aidait pas sur ce point-là...

Il avait reçu des messages de sa part. Il les avait tous lu, mais n'avait répondu à aucun. Ce n'était pas l'envie qui lui manquait mais il devait tenir bon. Se remettre ensemble dans ces conditions seraient encore pire que tout. Il avait réussi à partir une fois, il n'était pas certain d'y arriver une deuxième fois.

Il revoyait ses mains trembler sur son téléphone, parcourant les lignes de ses yeux embués.

"Tu me manque déjà."

"Je t'aime Taïga."

"Je suis désolé."

"J'aurais voulu faire plus."

"C'est vraiment fini ?"

"Je pense à toi."

"C'est dur..."

Des messages de la sorte, il en avait reçu une ribambelle de sa part et ça lui avait réchauffé le cœur autant que ça l'avait détruit. C'était compliqué de se quitter quand on s'aimait. Si au moins ils s'étaient quittés en mauvais terme, il aurait pu tourner la page rapidement et plus facilement, mais les 'Et si ...' emplissaient son esprit et seul dieu savait qu'avec des 'si ' on pouvait refaire le monde.


Lundi midi - Chez Daiki :

"Comment est-ce que tu me faire un truc pareil ! Tu n'as pas le droit !"

"Maman..."

"Je te déteste ! Tu es comme ton père !" Hurla-t-elle.

Daiki était dans son salon avec deux infirmiers et un médecin. Il avait cogité tout le week-end sur sa situation et il avait décidé de se prendre en main. Il ne pouvait pas laisser son quotidien le bouffer comme ça, le garder prisonnier de la sorte. Il était seul, Taïga l'avait laissé et ça avait été une bonne chose finalement. Ça lui avait remis les idées en place et ça lui avait permis de faire le point sur lui-même et sur ce qu'il voulait réellement. Qui était-il ? Qui voulait-il être ? Avec qui ? Avec quels moyens, et comment y parvenir. Il n'avait pas encore trouvé toutes les réponses, mais en tout cas, aujourd'hui, il avait pris l'une des plus grosses décisions de sa vie. Celle de s'occuper de son plus gros problème : sa mère et sa maladie.

Depuis tout ce temps il c'était caché derrière l'espoir que tout reviendrait un jour à la normal, mais il avait pris la décision de ne plus se voiler la face. Il avait besoin d'aide. Il ne pouvait pas gérer les crises de sa mère seul. Il était encore un gamin et il avait besoin d'être accompagné, surtout pour ce genre de cas. Il devait s'en remettre à du personnel compétant, alors hier, il avait téléphoné à leur médecin de famille et avait tout raconté. Ce dernier avait été plus que surpris de l'annonce et lui avait donné le numéro d'un spécialiste et le verdict était tombé. Il fallait que sa mère soit prise en charge dans une clinique spécialisée avec un traitement adapté. Elle suivrait une thérapie et serait suivit par une psychologue. En attendant, il se retrouverait seul chez lui.

Voilà pourquoi il se trouvait maintenant face à sa mère qui lui hurlait dessus.

"Tu ne peux pas faire ça !"

"Maman, je n'ai pas le choix, tu ne peux pas rester comme ça ! Je ne peux pas gérer ça !"

"Tu m'abandonnes !"

"Je ne te laisse pas ! Je viendrais te voir dès qu'on m'en donnera l'occasion. Je te téléphonerais, et quand tu iras mieux, on vivra de nouveau ensemble. Je te le promets !"

"Tu mens... TU MENS COMME LUI !"

Les deux hommes accompagnants le médecin s'interposèrent, attrapant chacun un bras pour maintenir sa mère, empêchant une crise de folie.

"Jeune homme, vous avez bien fait de nous contacter. Nous allons prendre soin d'elle, je vous l'assure." Déclara le médecin.

"Je vous remercie."

"Je vous contacterais dès notre arrivée à la clinique. Je vous donnerais les détails de son hospitalisation lorsque nous aurons évalué son état."

"Bien."

Daiki laissa son regard se porter sur sa mère qui se débattait et il s'approcha d'elle, toujours maintenu par les deux hommes. Il prit son visage en coupe et déposa un baiser sur son front.

"A bientôt maman. Je fais ça pour toi…"

"Menteur ! Ne me touche pas !"

Il ferma difficilement les yeux et se recula, faisant un signe de tête au spécialiste pour donner son accord. Rapidement, sa mère fut embarquée par une ambulance et il se retrouva seul chez lui. Il se laissa tomber dans le canapé et soupira, se prenant la tête dans les mains. C'était vraiment le bordel dans sa vie...

Mais il l'avait fait. Il avait envoyé sa mère se faire soigner. Il n'aurait jamais pensé avoir la force de faire une telle chose. Il ne savait pas où il avait puisé cette force mais elle était là. Aujourd'hui, il avait fait la chose la plus dure de sa petite existence. Il avait l'impression d'avoir trahis sa mère, mais au fond, il savait qu'il avait pris la bonne décision. Il aurait dû le faire depuis tellement longtemps ... Est-ce que Taïga c'était sentit comme ça en le quittant ? Avec cette impression de faire mal pour le bien de l'autre ? Bon sang, ce type était bien plus fort que quiconque.


Mardi matin - Chez Taïga :

Ce matin encore, il n'avait pas eu la force de sortir du lit... Il avait attrapé son téléphone et avait téléphoné au lycée, comme hier. Il avait reçu plusieurs appels de ses coéquipiers mais il n'avait pas répondu. Il voulait juste rester coucher et ne penser à rien. A rien, sauf à Daiki.

Il voulait juste se souvenir de leur moment passé sur ce matelas, dans ce lit. Se rappeler de ces doigts courants sur sa peau. De ces mèches caressant son visage. De ces yeux malicieux le détaillant minutieusement le matin. De ce corps collé contre le sien, l'empêchant de quitter son lit. De ce poids qui dormait sur lui. De ce souffle dans son cou. Du contraste de sa peau sur la sienne.

Il se passa une main sur le visage et le plongea dans le second oreiller trônant à ses côtés. Il inspira fortement, à la recherche de l'odeur du brun qui y résidait encore un peu. Il avait l'air d'un fou à agir de la sorte, mais c'était le seul moment où il arrivait un tant soi peu à émerger.

Il fallait qu'il se bouge, ça ne lui ressemblait pas d'être comme ça... Si faible et si à côtés de ses pompes. Il ne pouvait pas se cacher éternellement entre les murs de son appart à éviter le monde entier.

Ouais, demain, il y retournerait, même si c'était dur. Demain il se bougerait le cul et reprendrait sa vie en main.


Mardi soir - Chez Daiki :

La journée avait été longue et ennuyante. Il avait trainé un bon moment pour ne pas avoir à rentrer chez lui. C'était bien trop calme, bien trop vide. Il n'avait pas l'habitude de ce silence pesant alors il avait pris le réflexe d'allumer la télévision pour avoir un fond sonore. Juste pour avoir l'impression de ne pas être seul. D'avoir un peu de compagnie.

Il avait eu des nouvelles de sa mère. Elle avait été diagnostiquée comme ayant une dépression majeure. On lui avait expliqué que ça agissait sur son comportement. Que ce phénomène la faisait passer de tout à rien, entrainant plusieurs effets tel que l'autodépréciation, le ralentissement psychomoteur, la fatigue, la tristesse et les pleurs, la perte d'appétit, la perturbation du sommeil, le dégoût, le goût ou l'envie de rien, des troubles somatiques... Au moins, le bilan était tombé. Pour le moment, aucune envie de mettre fin à sa vie n'avait été diagnostiquée et c'était une bonne chose.

Elle serait suivie pendant un moment avec des anti-dépresseurs et anxiolytiques pour réduire les angoisses, puis elle serait suivit par une psychologue pour faire ressortir toutes les idées noires et les maux qui la terrassait depuis toutes ces années.

Le spécialiste n'avait pu lui donner de date de sortie, tout dépendrait d'elle et de son implication lors des séances.

Il attrapa son téléphone et voulu appeler Taïga pour lui raconter, mais il se retint au dernier moment. Il ne devait pas encore le faire. Il devait attendre le bon moment pour agir.


Mercredi matin - Lycée Seirin :

Depuis ce vendredi soir où tout avait changé, il avait séché les cours, prétextant être malade alors qu'au fond, il ne voulait juste pas être accablé par les questions. Il avait toujours été transparent et son état était plus que visible. Oui, il portait la tristesse sur son visage et il ne savait pas faire semblant. Il avait eu besoin d'un long week-end pour se remettre les idées en place.

Il soupira et ouvrit son casier, coinçant le sac contenant les affaires de Daiki entre ses jambes. Il devait le donner à Kuroko, lui au moins, il pourrait lui rendre. Lui, il n'en avait définitivement pas le courage. S'il le voyait, il ne pourrait pas s'empêcher de le prendre dans ses bras et connaissant sa panthère, il le dévorerait tout cru, et il ne saurait pas dire non.

Il s'était obligé à venir en cours pour ne pas déprimer seul dans ce lieu qui lui rappelait bien trop son brun. Il avait besoin d'en sortir. De voir du monde. De s'occuper l'esprit. De prendre l'air.

"Bonjour Kagami."

Il sursauta et observa son ami qui était encore apparu de nul part. Il se passa une main sur le visage pour se reprendre mais ne répliqua même pas, il n'en avait pas la force. Kuroko l'observait, attendant une réplique qui ne vint pas et haussa finalement les sourcils.

"Que se passe-t-il ?" Demanda son ombre.

Il attrapa rapidement son cahier et son livre de cours puis se baissa, attrapant lascivement les anses du sac à ses pieds et lui tendit d'une main.

"J'aimerais que tu amènes ça à Da... à Aomine." Se reprit-il

Kuroko attrapa le sac et observa son contenu, fébrile. Il plongea son regard dans le sien à la recherche de réponse mais son visage parlait pour lui. Il ouvrit tout de même la bouche.

"Tout est terminé. Ne me demande rien d'autre. Je vais bien."

Voulant clore rapidement la conversation, il ferma bruyamment la porte métallique et se détourna de son ami, rejoignant la salle de cour. Il traversa les couloirs, téléphone en poche, sac sur l'épaule. Il ne voulait pas parler. Il voulait juste s'assoir et regarder les gens bouger autour de lui. Entendre les autres parler pour lui. Rien de plus.


Mercredi midi - Lycée Too:

Daiki était sur le toit du lycée, allongé à même le sol. L'un de ses bras était replié sous sa tête, l'autre au-dessus, tenant son téléphone dont les yeux marines sondaient l'écran. Taïga n'avait pas répondu à ses messages, mais il les avait lu. Il était mitigé concernant ses sentiments. Il ne savait pas s'il devait être déçu de ne pas avoir de réponse, ou heureux que Taïga prenne au moins la peine de les lires. Au moins, il ne l'avait pas bloqué, c'était un bon début, non ? Il l'ignorait, mais lisait le contenu de ses messages.

Il avait du mal à réaliser. Il avait l'impression d'avoir été spectateur de la scène de l'autre soir, de ne pas y avoir vraiment été présent. Il avait la désagréable impression d'avoir laissé filer un truc important. Comme s'il avait perdu une compétition de basket sans même avoir mis un pied sur le terrain, et c'était désagréable. Il ne s'était pas battu pour eux. Il n'avait pas montré à Taïga combien il comptait, combien il aurait pu lui offrir, combien il aurait pu l'aimer.

Ouais, il avait cette sensation désagréable dans le ventre. Il n'avait jamais cru au grand amour, après tout, ils n'étaient que des ados et avaient encore toute une vie devant eux, alors pourquoi est-ce qu'il devrait se prendre la tête avec un mec ?

Parce qu'il l'aimait.

Parce que c'était Taïga.

Parce que c'était le mec qui l'avait sorti de son trou. C'était celui qui lui avait redonné l'envie de se battre. Qui lui avait redonné l'envie du sport. C'était sa lumière dans sa vie si sombre. C'était le mec qui l'avait accepté avant même qu'il ne connaisse son passé. Il l'avait apprécié sans connaitre son ancienne personnalité auquel ses amis se raccrochaient sans cesse. Il ne l'avait pas jugé, il l'avait écouté, s'était confié, l'avait aimé.

Et lui ?

Lui, il lui avait juste offert un semblant de relation. Un bout de lui, mais pas la totalité et il s'en voulait. Il s'en voulait parce qu'il était persuadé de passer à côté d'un truc extra. D'une aventure défiant toute autre chose. Alors oui, ils n'étaient encore que des gamins, ils ne connaissaient rien au monde extérieur, aux vraies responsabilités, à la vie d'adulte mais pourtant, son intuition le poussait à croire qu'il avait fait une erreur en laissant Taïga partir.

Alors, non, il ne croyait pas au grand amour, et ses parents en était la preuve, mais s'il avait bien appris un truc, c'était qu'il fallait se battre pour survivre. Se battre pour grandir. Se battre pour avancer.

Le fallait-il aussi en amour ? Sans doute... S'il voulait le récupérer, c'était à lui de le faire, pas le contraire.

Son écran s'alluma et il se figea. Un sourire vint illuminer son visage et les larmes lui montèrent aux yeux. Il souriait et pleurait en même temps. Quel idiot il faisait.


Mercredi soir - Chez Taïga :

La journée était passée avec une lenteur affligeante. Il n'avait cessé de regarder son téléphone, attendant un signe de sa part, et il en avait reçu un.

Une photo du ciel.

Daiki devait certainement être en train de flâner sur le toit de son bahut comme il aimait tant le faire. Il s'était lui aussi rendu sur le sien pendant la pause, s'allongeant à même le béton. Il avait posé sa tête sur son sac et avait regardé le ciel et les nuages. Il s'était imaginé avoir Daiki à ses côtés, à regarder le même ciel que lui et ça lui avait fait du bien. Alors sans comprendre pourquoi, et avant même de penser son geste, il avait levé son téléphone au-dessus de sa tête, capturant la vision qu'il avait sous les yeux. Il lui avait envoyé la même photo que la sienne. Celle d'un ciel bleu éclatant, dont quelques nuages parsemaient la couleur unie. Il n'avait pas ajouté de message, mais ça voulait tout dire.

Tu me manque aussi.

Je pense à toi aussi.

Je t'aime aussi.

Il savait qu'il comprendrait, et il aurait tout le temps de regretter cet envoie, mais tant pis. Là, il en avait besoin. Il voulait juste lui montrer qu'il était là, même si ce n'était pas de la manière dont ils le souhaitaient tous les deux. Il serait là quoi qu'il arrive. Il penserait à lui et surtout, il ne lui en voulait pas ...

Ouais, il avait merdé en envoyant cette image, mais son corps avait agi pour lui. Ce n'était peut-être pas la meilleure chose à faire, mais ça l'avait pris d'un coup. Il ne voulait pas le faire espérer, mais il ne pouvait pas non plus l'ignorer de la sorte.

Demain, il le reverrait sur le terrain alors que lui serait dans les gradins. Il devait se préparer à le revoir, et il espérait du fond du cœur qu'il n'arborerait pas un visage triste, ou pire encore, qu'il ne joue pas. Il commençait à le connaitre et il savait qu'il était du genre à fuir ses problèmes, à les cacher, alors il priait pour que demain, tout ailles bien.


Mercredi soir - Chez Daiki :

Tetsuya se trouvait devant la porte des Aomine. Du plus loin qu'il s'en souvienne, il n'était jamais entré chez son ancien ombre. Il l'avait parfois raccompagné, mais il n'était jamais entré. Il observa le sac entre ses mains et soupira. Pourquoi se trouvait-il mêlé à ça ? Il avait voulu demander à Kagami de ses nouvelles et il se retrouvait avec un bout de leur relation entre les mains. Il savait que la discussions allait être compliqué avec Aomine. Premièrement, il n'était pas censé être au courant de leur relation, et de deux, il avait le mauvais rôle en lui rapportant ses affaires.

Il était d'un naturel curieux et voilà où ça l'avait mené : Devant chez le brun au tempérament bougon et arrogant à souhait. Il poussa le petit portillon et s'avança vers la porte ou il frappa deux coups. Il entendit des pas dans l'escalier et releva la tête lorsque sa porte s'ouvrit sur son ancien coéquipier.

"Tetsu ? "

"Bonjour Aomine."

"Qu'est-ce que tu fiches ici ?"

Il haussa les épaules et leva le sac pour que son ami le récupère. Le brun l'attrapa et observa curieusement son contenu. Il ouvrit grand les yeux et s'apprêta à parler mais la phrase mourut dans sa bouche. Il releva un regard qui en disait long. Son ami était passé de l'étonnement, à la colère. Puis de la colère à la lassitude.

"Merde ... L'enfoiré ..."

"Il m'a demandé de te les rendre."

"Putain, il aurait pu venir... Je suppose que tu es courant, hein ?"

Il garda un air impassible mais Aomine le connaissait suffisamment pour en comprendre la réponse. Qui ne dit mot consent, non ? Le brun se décala légèrement, l'invitant à entrer. Il suivit son ami jusqu'à la cuisine ou il lui servit un verre.

"Il t'a tout raconté ?" Demande Aomine en entamant le sien.

"Il avait besoin de parler lorsque tu es parti précipitamment l'autre soir..."

Le dos du brun se vouta et il passa ses mains dans ses cheveux. Tetsu était donc au courant. Il connaissait la nature de leur relation et pourtant il était là, et il ne semblait pas le juger. Cela ne fit qu'empirer sa culpabilité. Il avait poussé Taïga à agir de la sorte en se cachant derrière sa peur alors que son ami ne semblait pas avoir de problème avec le sujet, ou alors il ne le montrait pas, mais ce n'était pas son genre.

"Tu me prend pour un lâche, hein ?"

"Pas du tout. Je pense que ... c'est compliqué pour chacun d'entre vous."

Son ancienne ombre soupira et détourna le regard un moment, un sourire triste aux coins des lèvres. Il avait vraiment agi comme un imbécile.


"Comment il va ?" Demanda t'il.

Il ne savait vraiment quoi lui répondre. Kagami ne lui avait vraiment laissé l'occasion d'en savoir plus. Si en temps normal il était dur d'avoir des informations sur lui, c'était encore pire aujourd'hui. Il l'avait esquivé toute la journée, s'enfuyant dès la sonnerie des cours. Il avait même séché. Il devait être honnête avec son ami, il ne devait pas prendre de pince, après tout, il n'aurait pas voulu qu'on le fasse avec lui.

"Pour être honnête, il a séché les cours en début de semaine. Il est revenu juste aujourd'hui et j'ai hérité de tes affaires. On nous a dit qu'il était malade mais, j'ai compris la cause que ce matin, quand il m'a donné le sac. Il ne va pas bien... Il s'est enfermé dans un mutisme que je ne lui connaissais pas. Il ne relève même pas les provocations qu'on peut lui lancer."

Aomine le fixa un moment avant d'acquiescer.

"Je vois..."

Un silence prit place dans la cuisine et Tetsu l'observa longuement. Il avait rarement vu Aomine avec cet air là et même s'il voyait nettement la tristesse dans son regard, il s'en vit heureux. Non pas qu'il soit content de son malheur, pas du tout. C'était juste qu'il voyait enfin autre chose que du mépris et de l'arrogance dans ces yeux. Il voyait enfin l'intérêt qu'Aomine portait à une autre personne du genre humain, et ça, ça le touchait bien plus qu'il ne le montrait.

"Et toi ? Comment tu vas ?" Demanda t'il.

Le regard marine se tourna vers lui et il haussa les épaules.

"Tout roule, ça se voit, non ?"

"Sérieusement ..."

L'ancienne lumière soupira et ouvrit la bouche, l'air sérieux.

"C'est la merde, quoi d'autre ? J'ai tout foiré avec lui..."

"Et donc ?"

"Et donc quoi ?" S'agaça le brun.

Il haussa un sourcil sous la question. Il était sérieux, ou bien ne voulait-il seulement pas qu'il soit au courant de quoi que ce soit. Aomine était comme ça après tout, il n'aimait pas qu'on se mêle de sa vie, il pensait être incompris et seul, mais il ne l'était pas, et ça, c'était frustrant car personne n'arrivait à lui faire comprendre. Personne, hormis Kagami.

"Rien, laisse tomber. Je pensais juste qu'il comptait pour toi." Déclara t'il en le provoquant délibérément.

Deux mains s'abattirent brutalement sur la table, le faisant sursauter. Il venait apparemment de le mettre en colère.

"Évidement qu'il compte ! Je l'ai... Hum... "

L'excès de colère fut vite remplacé par de la gêne et un sourire naquit sur ses lèvres. Aomine allait le dire. Il était à deux doigts de le dire tout haut et ça lui suffisait amplement. Il était conscient de son attachement pour le tigre, il était conscient de ses sentiments.

"Je vais te laisser, je pense que tu as toutes les cartes en main, Aomine. Il te faut juste abattre les bonnes. J'ai confiance en toi."

Il sentit plus qu'il ne vit son regard étonné. Il ne voulait pas prendre parti, il espérait juste que leurs décisions respectives finissent par les rendre heureux. Ils le méritaient, l'un comme l'autre.


A suivre...