Chapitre 15 - Échanges
Dimanche matin : Chez Taïga :
Les rayons du soleil venaient caresser sa peau déjà chaude et lui firent ouvrit un œil. Emmêlé entre les couvertures et le corps de son amant contre lui, Taïga profita de ce moment de calme pour repenser à la soirée d'hier. La main calée sur les hanches de son homme, il respirait à pleins poumon son odeur qui lui avait tant manqué. La surprise d'hier l'avait retourné. Elle l'avait touchée profondément, lui jetant en pleine figure tous les sentiments de ses amis à son égard. Ils avaient mangé outrageusement, bu jusqu'à plus soif, dansé et chanté jusqu'à en perdre la voix. Puis il leur avait annoncé la nouvelle... Daiki avait avalé difficilement la pilule de son futur départ, même s'il avait pris sur lui pour le reste de la soirée.
Après ça, c'était difficile de repartir. Il n'avait pris conscience qu'hier soir de la puissance des liens et de l'attachement qu'il avait ici, au Japon. Il allait une nouvelle fois tout quitter et il devrait retourner chez son père. Père qu'il avait fuis sans se retourner et voilà qu'il allait y remettre les pieds, délibérément. Il allait quitter son homme, ses amis, ses repères pour retrouver son enfer à lui, tout ça pour son rêve... Et ce que ça en valait vraiment le coup ?
Voilà la question qui le tiraillait.
C'était bien beau un rêve, mais il n'avait pas non plus une confiance extrême en lui. S'il en était arrivé là, c'était grâce à son équipe. Grâce aux entrainements de Riko, grâce à ses sempais qui ne lâchait jamais rien, et grâce à Kuroko... Sans Kuroko, est-ce qu'il aurait pu en arriver là ? Est ce qu'il aurait autant évolué ? Est ce qu'il aurait pu affronter la génération miracle comme il l'avait fait ? Est ce qu'il en aurait fait autant ? Se serait autant donné pour accomplir tout ça ? Il n'en était pas certain du tout. Il allait de nouveau se retrouver seul, là où il avait mal vécu son enfance, là où les souvenirs n'étaient que noirceur. Allait-il réussir à surmonter tout ça ? A passer outre toute ses choses qui lui pourrissait la vie juste pour jouer au basket en professionnel ? Il n'en était plus sûr du tout...
Et comment le laisser lui ? Daiki. Ce mec qui était entré brutalement dans sa vie pour tout retourner sur son passage. Ils ne cessaient de s'attirer, de se repousser... et voilà qu'il avait pris la décision de partir quand l'autre avait pris une résolution le concernant. Bon sang que son cœur avait battu fort lorsqu'il l'avait embrassé devant tous leurs amis. A quel point il l'avait chéri lorsqu'il avait vu son comportement face à Kise... Comment pouvait-il le laisser derrière lui une fois encore ? Oui, il aurait rêvé que le brun le suive, mais il ne pouvait pas être égotiste au point de lui demander de tout abandonner juste pour lui. Daiki avait raison, sa vie était ici, et la sienne, il ne le savait pas encore au final ...
L'amour était une chose complexe et totalement non malléable. Il nous faisait faire des choses auxquelles nous n'aurions jamais pensé, il nous faisait ressentir tout un tas d'émotion jusque-là inconnu. Il nous forçait à prendre des décisions à l'opposé de nos envies. Il faisait mal autant qu'il faisait du bien. Mais la raison venait souvent y mettre son grain de sel, s'insinuant dans nos veines pour nous pousser à être de nouveau rationnel. Daiki l'avait sorti de sa bulle de confort, et il avait certainement fait de même pour lui. Il lui avait montré ce qu'était d'aimer, de partager des moments à deux. Avec lui il avait découvert ce qu'était de vivre avec l'autre, de ne plus être seul, de ne plus penser qu'à soi. Il lui avait démontré sans le vouloir qu'une vie à deux était beaucoup plus riche qu'une solitude durement travaillée.
"Tai, qu'est-ce que t'as ?"
Taïga tourna son visage en direction de celui de son amant, niché sur son épaule. Ses yeux bleus si pénétrants fixés sur sa personne, presque inquiet. Il sentit les doigts de son amant caresser sa mâchoire, glisser sur sa joue pour venir caresser le coin de ses yeux. Il ne sentit seulement qu'à ce moment là une larme être essuyée et il resserra sa prise sur le corps chaud contre lui et il tenta de lui sourire.
"Rien, ça va ..."
Daiki fronça un peu les sourcils et se redressa légèrement, juste pour effleurer ses lèvres des siennes dans un baiser chaste et léger.
"Tu n'es pas du genre à avoir ce regard dès l'matin. Parle-moi."
Il humidifia ses lèvres et ouvrit la bouche.
"Je me pose juste des questions. J'ai pris cette décision sur un coup de tête, et ... j'sais pas si je fais le bon choix..."
Il vit son amant le regarder un moment, cherchant probablement ses mots pour exprimer ses sentiments. Son regard semblait le bruler tant il restait fixé sur sa personne. Il allait lui dire d'oublier ces bêtises mais Daiki le prit d'avance.
"Je ne peux pas répondre à cette question, personne ne le peut, mais ... J'ai confiance en toi Taïga. Je sais que tu peux évoluer encore dans cette branche. Tu as du potentiel, tu nous l'as tous prouvé."
"Je sais mais ..."
"Tai, je ne vais pas te dire que ça m'enchante que tu r'tourne là-bas, parce que ce n'est pas le cas. Je ne vais pas te le cacher, mais tu l'as dit toi-même, si tu ne tentes pas, tu le regretteras. Alors fais ce que tu as à faire et tu verras bien ce qui en ressortiras, ok ?"
Il soupira et se passa une main sur le visage. Il le savait tout ça, mais laisser Daiki ... Sérieusement, ça allait être dur.
"Arrête de te prendre la tête, ce n'est pas ton genre. Fonce comme d'habitude, et si c'est moi le problème, tu ne t'inquiètes pour rien. Je suis ok avec ça."
Taïga se tourna un peu, remontant sa main pour atteindre la nuque de son homme. Il plongea son regard dans le sien et caressa la base de ses cheveux.
"Comment tu veux que je te laisse ici, je sais très bien que c'est compliqué pour toi de rester là ..."
Daiki lui sourit. Un sourire sincère et serein comme il en avait vu rarement sur son visage.
"Tout va bien. Je t'ai dit que j'avais un paquet de chose à te raconter, en commençant par mère, mais je te propose de commencer par m'embrasser, puis d'aller déjeuner et je te raconterais tout, ok ?"
Taïga se colla un peu plus contre son homme, se mettant sur le flanc et emmêlant ses jambes avec celles de son homme. Il captura sa bouche dans un sourire, enserrant dans ses mains les mèches brunes de Daiki.
Daiki voyait bien que son homme avait besoin d'être rassuré et c'était étrange de voir les rôles s'inverser. Il avait eu besoin de Taïga pour assumer son attirance envers lui et prendre sa vie en main, et maintenant c'était à lui de lui montrer qu'il pouvait se montrer fort, qu'il pouvait le soutenir dans ses choix, même si ça voulait dire le laisser partir.
Taïga l'embrassait avec passion, si bien qu'il se colla un peu plus contre lui, frottant son érection matinale contre celle de Taïga qui se réveillait de nouveau contre son corps. Ça lui avait tellement manqué d'être dans ses bras, de sentir sa peau contre la sienne, de retrouver le goût de sa bouche contre la sienne. Il était là pour le moment et il comptait bien en profiter. Il ne voulait plus de barrière entre eux. Il voulait se laisser pleinement aller avec lui. Il ne voulait plus ressentir cette frustration le gagner. Il voulait se donner pleinement et entièrement comme son homme l'avait toujours fait.
Il laissa ses mains parcourir le dos musculeux de Taïga, suivant les courbes de la paume des mains jusqu'à empoigner fermement le fessier bombé pour coller le bassin plus fort contre lui. Son amant gémit contre ses lèvres sous l'audace de ses gestes et il en voulait encore. Il voulait ce corps contre le sien, sentir toute la chaleur corporelle de Taïga contre lui. Le rouge rompit le baiser, s'écartant de quelques centimètres.
"Je croyais que tu voulais déjeuner." S'amusa l'autre.
Daiki captura de nouveau ses lèvres et happa de ses dents la lèvre inférieure sous ses yeux, faisant grogner son homme.
"J'ai un plat très appétissant sous les yeux..." Chuchota Daiki.
"Vraiment ?"
Daiki chevaucha le corps, obligeant le tigre à se mettre sur le dos. Il l'embrassa de nouveau, mêlant sa langue à la sienne dans un baiser plus fort et langoureux. Ses hanches se déhanchait contre le membre de Taïga, le faisant soupirer de plaisir. Prit d'une impulsion, il fit descendre sa bouche dans le cou, puis sur le torse. Embrassant chaque parcelle de peau, happant un téton au passage. Le corps sous le sien se cambra sous la succion et il réitéra le geste, titillant le bout de chaire qui avait l'air de se tendre entre ses lèvres.
"Daiki, à quoi tu joues ?" Soupira Taïga.
Le brun ne répondit pas et descendit plus bas, traçant les pectoraux du bout de la langue puis dévia pour croquer le bout de hanche faisant frémir son homme. Ses mains glissèrent le long des flancs à sa portée et il avait vraiment envie d'aller plus loin, bien qu'il allait droit vers l'inconnu. Ses doigts effleurèrent l'élastique du boxer de Taïga et ce dernier se tendit un peu, comprenant certainement ses intentions.
Il fit glisser le boxer le long des cuisses, puis des jambes, embrassant la peau à sa portée.
"Dai..."
Le brun se trouva devant un membre érigé bien plus imposant que ce dont il se souvenait. Il se lécha les lèvres pour les humifier et jeta un rapide regard à son amant. Ce dernier s'était redressé sur les coudes et se mordait les lèvres d'anticipation et d'excitation. Devant ce regard emplis de désir, il ne se posa pas plus de question et se pencha pour attraper d'une main le sexe tendu et il y apposa ses lèvres.
Taïga ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil à son amant assis en face de lui. Ce dernier était en train d'engloutir son repas avec envie. Il était toujours sur le cul de ce qu'il venait de se passer un peu plus tôt dans sa chambre et même la préparation du repas ne lui avait pas remis les idées en place. Daiki avait osé lui ...
Merde !
Il se sentait rougir et posa une main sur sa bouche, tentant de cacher ses rougeurs tout en fixant son homme. Il voyait encore la bouche du brun avaler son membre goulument. S'il avait été gêné au début de pratiquer la fellation, Daiki avait rapidement prit le pli, osant même le regarder dans les yeux pendant qu'il enfonçait dans sa bouche son sexe. Bordel, il l'avait totalement pris par surprise et ça avait été tellement bon ... C'était juste impossible que ce soit sa première fois, ou alors il était naturellement doué pour ça, il n'en savait foutrement rien mais ...
"Quoi ?!" Grogna Daiki en voyant son petit manège.
Taïga secoua la tête et gigota un peu sur sa chaise, sentant son membre se réveiller de nouveau juste avec la vision qu'il avait de ce matin. Il détourna le regard et entendit le petit rire sournois de son homme. Il lui jeta de nouveau un coup d'œil et ce dernier avait son satané sourire narquois collé sur le visage.
"Oh ... Tu repenses à ce que je pense ?"
Taïga détourna le regard et il sentit plus qu'il ne vit son amant se pencher au-dessus de la table.
"Je t'avais bien dit que j'aurais ta queue dans la bouche un jour ou l'autre." Susurra-t-il.
Il tourna prestement son visage vers lui, les yeux un peu écarquillés et la bouche entre ouverte, laissant retomber sa main mollement contre la surface de la table. Ses joues s'échauffèrent brutalement et Daiki le regardait avec amusement. Il vit clairement son sourire s'élargir devant son étonnement et ce dernier reprit.
"Et j'ai beaucoup aimé si tu veux tout savoir..."
"Dai ... Shit ..."
"Et de te voir rougir comme ça, ça me donne vraiment envie de recommencer. Juste pour te voir encore te tordre de plaisir en dessous de moi."
Il attrapa son verre d'eau et le vida d'une traite, essayant de se rafraichir un moment les idées mais Daiki semblait voir les choses tout autrement, essayant visiblement de lui faire perdre ses moyens. Il se racla la gorge et plongea son regard dans celui de l'autre. Il devait retourner la situation.
"Ao'... Je ne te cache pas que ... là, tu m'as eu en beauté, mais ne me cherche pas trop si tu ne veux pas que je m'occupe de ton cul."
Cette fois-ci, c'est l'autre qui resta sans voix, la bouche entre ouverte et les joues rouges puis contre toute attente, Daiki prit un air de défit et lui souris, le faisant frissonner.
"Peut-être bien que je ne dirais pas non."
Taïga sentis une décharge électrique parcourir son corps et des papillons volèrent au creux de son ventre. Il avait bien entendu ? Il était vraiment prêt à tenter plus avec lui ? Il lui faisait confiance à ce point-là ?
Les yeux bleus le fixaient, à la fois un peu gênés et amusés de la situation. Le brun se redressa un peu dans sa chaise, puis se leva, contournant la table pour l'inviter à s'écarter un peu pour lui laisser de la place. Taïga fit reculer sa chaise et son amant s'assit sur ses cuisses, face à lui, passant ses bras autour de son cou. Il frotta son nez contre le sien, ne le lâchant pas du regard et machinalement, ses bras entourèrent ses hanches pour le maintenir en place tout contre lui.
"Est-ce que c'est si étrange que ça ? J'ai confiance en toi bébé, et je suis prêt à aller jusqu'au bout."
Taïga ferma les yeux et posa son front contre celui de son homme. Il inspira fortement et rouvrit les yeux, attrapant lentement les lèvres à sa portée.
"Est ce que tu as conscience de l'effet que tu me fais ?" Demanda-t-il.
Le brun lâcha un petit rire et hocha la tête.
"Eh bien je sens quelque chose de bien dur, juste là, un peu plus bas, qui me dit clairement que ouais, j'te fais de l'effet."
Taïga lui sourit et attrapa entre ses dents la lèvre inférieure de son homme.
"Tu vas finir par me rendre fou ..."
"Je suis déçu que tu ne le sois pas déjà ..."
Un rire les pris et après un dernier baiser, Daiki libéra son homme de son étreinte.
Daiki ne pouvait s'empêcher de regarder le moindre faits et geste de l'autre basketteur. Il voulait ancrer dans sa mémoire le moindre détail possible. Le repas était passé rapidement et il était maintenant contre lui, allongé sur ses cuisses, sur le canapé devant un film qu'il ne regardait même pas. Il avait les yeux rivés sur ce visage qu'il aimait tant, voulant photographier cette mâchoire carrée, ce menton, cette bouche, ce nez, ses yeux si vifs et expressifs. Il voulait tout garder précieusement dans sa mémoire pour ne rien oublier après son départ.
Taïga bougea un peu et il détourna le regard un instant, jusqu'à ce que la main chaude de l'autre vienne prendre en otage son menton, le forçant à le regarder de nouveau.
"D'ailleurs, on n'a pas discuté tout à l'heure. Tu voulais me parler."
Daiki se redressa soudainement, c'est vrai qu'il n'avait rien dit sur sa situation actuelle. Il devait tout lui raconter, mais surtout, il devait le rassurer. Il s'assit rapidement, les jambes sous son corps tourné vers celui de son amant.
"C'est vrai... Y'a pas mal de truc qui ont changé. Quand tu ... enfin quand on s'est quitté, j'ai pris conscience de plein de chose. Sur moi."
Taïga bougea en face de lui, s'accoudant contre le dossier du canapé pour lui faire face, étant attentif à ses paroles. Il reprit alors.
"Je me suis rendu compte à quel point je laissais la vie me porter. A quel point je ne me battais pas pour ce que je voulais vraiment. Tu as remis beaucoup de chose en question sans le vouloir. J'ai pris le temps de réfléchir et ... j'ai décidé de commencer par ce que j'aurais dû faire il y'a déjà un moment. J'ai contacté un spécialiste pour ma mère et elle est internée pour se faire soigner depuis cinq semaines maintenant."
"Quoi ?"
Il vit d'abord le visage surpris en face de lui puis quelques secondes plus tard se transformer en ... peine ? Son homme se leva sans un mot et se passa une main sur le visage en soupirant. Il avait l'air totalement abasourdis par la nouvelle. Il ne comprenait pas le comportement de Taïga. Qu'est ce qui lui prenait ? Son homme se tourna vers lui et s'accroupis en face de lui, attrapant ses mains dans les siennes.
"Putain, je suis désolé Daiki."
Les yeux bleus le scrutèrent, interrogateur.
"Pourquoi tu t'excuses ?"
"J'aurais dû être là pour toi. Cinq semaines ... Merde, je suis désolé..."
Daiki lâcha un petit rire face à l'inquiétude de son homme. Décidément, il ne changerait jamais. Il passait son temps à tout prendre sur ses épaules et à s'inquiéter pour les autres.
"C'était à moi de le faire Taïga. Et ... J'avais besoin de le faire seul."
"Je sais mais ..."
"Mais c'est grâce à toi que j'ai eu le déclic. C'est grâce à toi que j'ai sauté le pas. Donc c'est ok." Le coupa t'il.
Taïga baissa la tête, il semblait peu convaincu de ses arguments mais il remonta le visage contrarié vers lui et le força à se rassoir à ses côtés.
"Il fallait que je le fasse seul. C'était important pour que j'avance. Je devais me prouver à moi-même que j'étais capable de prendre ma vie en main, sans personne pour m'y pousser."
Son homme soupira et détourna le regard.
"Ouais, mais tu n'avais personne avec toi ... merde. Tu aurais dû me téléphoner."
Daiki récupéra la main devant lui et l'embrassa doucement.
"J'ai failli le faire, crois-moi. Mais je voulais tout régler avant de revenir vers toi. C'était à moi de revenir, pas à toi. Je devais remettre de l'ordre dans ma vie, me trouver un but, savoir où et comment je voulais évoluer. Je devais trouver toutes ces réponses avant de me lancer dans quoique ce soit, et ça, tu ne peux pas le faire pour moi."
Taïga le regarda intensément mais en voyant son visage sûr de lui et déterminé, il se résigna.
"Ok. Ok, je comprends. Je suis juste ... J'aurais voulu être là..."
"Tu l'as été plus que tu ne le crois. C'est toi qui m'as donné le courage de le faire."
"Tu... Tu as trouvé tes réponses ?"
"Pas toutes, mais la grande majorité."
"Et... Est-ce que ça va ? Ta mère je veux dire ?"
Daiki se pinça les lèvres et lui souris.
"Ouais, ça va carrément mieux. J'ai retrouvé la femme qui m'a élevé, qui m'a aimé et... merde, j'aurais dû le faire bien avant."
"Je suis content pour toi. Vraiment."
Ils se sourirent sincèrement l'un et l'autre puis le brun lui proposa, le cœur battant à tout rompre.
"Et si tu venais avec moi mercredi ? Je dois aller la voir."
Taïga écarquilla les yeux et se mit à rougir, si bien qu'il ne put se retenir de rire.
"Ne te moque pas, sérieux ! Tu veux vraiment que je rencontre ta mère ?"
"Evidement que je veux te la présenter !"
Il ne put empêcher un fou rire de le prendre tant son amant était au paroxysme de la gêne. Il sentait la main dans la sienne devenir moite et les yeux se détourner de sa personne, sans parler de ses joues qu'ils n'avaient jamais vu aussi rouges. Taïga retira vivement sa main de la sienne et baragouina dans sa barbe, boudant dans le coin du canapé. Il se reprit bien vite et s'approcha de son homme.
"Ça va Tai, elle ne te mangera pas tout cru, c'est promis."
"Je t'emmerde Aomine !"
"Ohhh ! Ne boude pas bébé."
Taïga le fusilla du regard et chassa sa main qu'il venait de poser sur son épaule mais il garda son sourire plaqué sur le visage, faisant grogner d'avantage son homme. Il adorait cette facette de Taïga. Celle qui était timide et réservée. Il l'appréciait tout autant que lorsqu'il prenait les commandes et était sûre de lui.
"Je ne boude pas ! Et arrête de m'appeler comme ça !"
"Je sais que t'aime quand je t'appelle comme ça ..." Le contra Daiki amusé.
"Pas du tout ..." Grogna le rouge.
Daiki attrapa son visage entre ses mains et il le força à le regarder.
"Tu viendras, hein ?"
Les traits de son homme se détendirent instantanément sous sa demande et l'autre roula des yeux.
"Bien sûr que je viendrais, idiot."
Son cœur loupa un battement et il embrassa rapidement son homme, le remerciant silencieusement. Taïga gigota en râlant et récupéra sa place, il en fit de même. Il allait enfin reporter ses yeux sur l'écran quand une question lui brula soudainement les lèvres.
"Dis..."
"Hm ?"
"Tu ... Tu vas retourner chez ton père là-bas ?"
Taïga tourna son visage vers lui et il vit son visage se crisper instantanément. Il savait le sujet sensible mais il devait lui poser la question. Il devait savoir où son homme allait mettre les pieds. Savoir dans quel environnement il évoluerait, physiquement et mentalement. Il savait la situation compliquée entre eux et il devait être pleinement conscient de la chose pour le soutenir si besoin. Pour être présent pour lui comme l'autre l'avait été. Il se l'était promis.
"J'en sais rien. Je ne lui ai rien dit encore."
Daiki se redressa et le regarda avec de grands yeux.
"Mais Tai, tu pars dans moins d'une semaine !"
"Je sais ..."
Les sourcils froncés qu'avait très souvent Taïga reprirent leur place d'origine, montrant clairement sa contrariété. Il se mordit l'intérieur des joues pour éviter de parler avant de réfléchir et poursuivit.
"Et ce que tu as d'autres possibilités ?" Demanda t'il.
"Ouais... mais c'est foutrement cher en Californie. Je pourrais toujours squatter chez Alex mais ... Je n'en sais rien. Je l'appellerais demain..."
"Taïga ..."
"Je vais bien. Je ne sais juste pas où je mets les pieds ... Je n'arrête pas de me dire que je vais faire une connerie ..."
"Ce n'est pas une connerie."
Son homme haussa les épaules et se gratta la nuque.
"J'ai que des mauvais souvenirs là-bas. "
"Raison de plus pour t'en créer de nouveau, et bien meilleur cette fois-ci."
Taïga tourna son visage vers son homme. Il avait tellement changé en si peu de temps. C'était comme s'il était totalement apaisé. Il avait l'air tellement sure de lui en cet instant. Il savait que Daiki ne voulait pas le voir partir et pourtant il ne cessait de le pousser à le faire, à vivre son rêve. Il le motivait pour voir au-delà de ses peurs les plus primaires. Il avait tellement mal vécu sa vie en Amérique qu'il était difficile pour lui de voir le bon côté des choses. Il avait tellement subi, entre le racisme, sa mère, son père ... Evidemment, il avait aussi vécu de belles choses, comme sa rencontre avec Tatsuya et Alex, mais ce n'était rien en comparaison de ce qu'il avait ici. Il avait tellement trouvé son bonheur au Japon, le construisant pierre par pierre, et Daiki avait solidifié toute la structure pour en faire un endroit solide. Partir maintenant c'était comme démolir à la masse ces murs qu'il avait mis tant de temps et de sueurs à construire.
"Comment tu arrives à être si optimiste ?" Demanda t'il.
Daiki le regarda surpris. Oui, Daiki était le plus optimiste des deux pour une fois. Les rôles étaient inversés et c'était étrange de se laisser aider de la sorte. Tout semblait si simple avec lui. Il n'avait plus peur de dire les choses, d'exprimer ses sentiments et ses peurs. Il ne se sentait pas jugé mais écouté et compris.
"Je veux juste ton bonheur Tai, et je sais que tu dois aller à L.A pour faire ton stage. Je suis optimiste parce que je te connais, et que je sais que tu peux atteindre des sommets si tu t'en donne la peine."
Il ferma les yeux, écoutant chaque parole réconfortante sortir de cette bouche qu'il aimait tant. Son brun le poussait en avant, lui donnait confiance en lui. Il voulait lui montrer qu'il avait raison, qu'il ne partait pas pour rien. Qu'il ne le laissait pas derrière pour des broutilles, mais tout semblait se mélanger dans sa tête. Laisser Daiki c'était comme laisser une part de lui ici. Depuis quand il était aussi attaché à lui ? Depuis quand c'était si fort entre eux ?
On lui avait souvent parlé de l'amour mais il n'y avait jamais vraiment cru, encore moins depuis que sa mère était partie, mais ça lui était tombé dessus comme ça, et il remerciait chaque jour ce sentiment d'exister, même si c'était dur.
"Tu as raison, je ne devrais pas ... Je ne devrais pas me prendre la tête. Je suis désolé ..."
"Tu n'as pas à être désolé de ça avec moi."
"Si. Si je le dois, parce que j'ai fait ce choix et je sais que c'est dur pour toi aussi. Je ne devrais pas douter autant. Je devrais me montrer confiant et plein d'assurance."
"Mais tu flippes."
Il regarda son homme et hocha positivement la tête. Il ouvrit la bouche et laissa un flot de sentiment être exprimé parce qu'il ne voulait rien lui cacher. Il voulait être transparent avec lui parce qu'il allait partir, et que l'honnêteté était primordiale s'il voulait que leur couple perdure.
"Ouais, je flippe de te laisser. Je flippe que tu rencontres quelqu'un entre temps. Je flippe que tu m'oublis. Je flippe de ne pas revenir et je flippe encore plus de te faire souffrir."
"Taïga ..."
"C'est vrai. Je sais que tu ne veux pas d'une relation à distance, et je comprends, mais je ne peux pas te demander de m'attendre non plus, tu vois ?"
"Ça, c'est à moi d'en décider, bébé."
"Ao'." Soupira t'il.
"Ecoutes, j'ai les mêmes peurs que toi, ok ? Tu crois que je ne flippe pas de te savoir dans un autre pays qui est beaucoup plus extravertis que le Japon? Sérieusement, il n'y a qu'à voir le comportement d'Alex envers toi pour flipper des autres ... mais j'ai beau être jaloux, j'ai confiance en toi. Je pense... Merde, on s'est prouvé qu'on pouvait se faire confiance. Et je veux t'attendre, même si ça doit être long. On trouvera des solutions... ok ?"
"Tu as trop changé ..."
Il entendit le rire de Daiki résonner entre les murs puis le brun l'enjamba, passant ses bras autour de sa nuque.
"Toi et moi, c'est spécial et ce n'est pas l'océan qui nous séparera qui y changera quoique ce soit."
Il passa ses bras autour de ses hanches et le ramena un peu plus contre lui.
"J'aime ce Daiki pleins de surprise, amoureux et sure de lui ..." Chuchota t'il.
"Ça tombe bien, parce qu'il n'est pas prêt de s'en aller celui-là."
Il captura ses lèvres et sans avoir à prononcer les mots qu'ils pensaient tous les deux, juste dans leurs regards, ils se dirent à point ils s'aimaient.
A suivre ...
