Bonjour, désolé pour ce jour de retard, je ne capte pas du tout en vacance !!

Merci encore pour vos lectures, vos retours.

Des bisouus

Shadow : Oui je sais, je suis un peu machiavélique haha.

Chapitre 16 - Réalité


Mercredi Après-midi - Clinique spécialisée :

Taïga était mal à l'aise et peu sure de lui. Il se trouvait aux côtés de son homme qui était en train de remplir la fiche des visiteurs et il ne pouvait s'empêcher d'être stressé. Il n'avait jamais fait ce genre de chose auparavant. Il n'était jamais resté assez longtemps auprès de quelqu'un pour rencontrer sa belle-famille. Il était du genre sociable, bien qu'un peu taciturne vu de l'extérieur, c'est pourquoi il ne doutait pas de bien passer auprès de la mère de Daiki. Le problème, c'est que ce n'était pas juste la maman de Daiki. C'était la femme qui avait élevé l'homme qu'il aimait, la femme qui l'avait mis au monde. La femme qui l'avait, certes blessé involontairement à cause de sa dépression, mais elle était la personne qui comptait le plus dans la vie du brun.

Et si elle ne l'aimait pas ? Si elle le trouvait trop ... tout ? Ou trop rien ? Si elle ne l'appréciait pas, qu'adviendrait-il par la suite ? Il s'engageait déjà dans une relation complexe tous les deux, donc si elle ne les acceptait pas, est ce que ça remettrait tout en cause ? Est-ce que Daiki prendrait son parti ? Est ce qu'il le laisserait tomber ?

Il se passa une main tremblante dans les cheveux et soupira, attirant le regard bleu de son homme qui s'arrêta d'écrire un instant sur les documents de la clinique. Il vit clairement le regard mi amusé, mi compatissant de son amant. Daiki se redressa et lâcha un petit rire.

"Bon sang Taïga, je ne t'ai jamais vu aussi stressé de toute ma vie."

Il lui jeta un mauvais regard et soupira de nouveau. Oui il se sentait mal. Premièrement il détestait les hôpitaux. C'est la que sa mère était partie et qu'il n'avait pas pu lui dire aurevoir une dernière fois. L'odeur médicamenteuse et aseptisée lui donnait mal au crâne. Ces murs blancs encore plus exposés avec les éclairages tout aussi blancs lui donnait envie de s'enfuir en courant. Deuxièmement, il était incontestablement dans l'état que Daiki venait d'énoncer et il ne pouvait pas le nier, c'était certainement bien trop flagrant.

"J'vais bien..." Baragouina t'il.

Daiki haussa les épaules et repris son écriture.

Les jours qui avaient succédés avait été magique. Ils ne s'étaient pas quittés d'une semelle, prenant leurs repas, leurs douches ensemble. Ils avaient joué au basket, si complice l'un et l'autre. Ils s'étaient baladés dans les rues de Tokyo, se prenant même en photo pour capturer les moments échangés. Il en avait même mis une d'eux en fond d'écran qu'il aimait plus que tout. Elle les représentait tous les deux, avec une glace dans les mains. Daiki avait une trace de crème glacée sur le nez et riait aux éclats, lui dans le même état. Leurs yeux brillaient sur cette photo et leur bonheur transpirait sur chaque pixel.

Il sourit légèrement en repensant à ce moment. Le brun avait absolument voulu manger une glace et ils s'étaient assis sur un banc. Il avait sorti son téléphone et avait passé son bras autour du cou de son homme pour la photo. En voyant l'air sérieux de son homme se refléter sur l'écran, il avait poussé de son avant-bras le visage du brun sur sa glace, lui laissant cette jolie trace sur le bout du nez. Daiki avait râlé pour la forme puis en plongeant son regard dans le sien, il avait ri et il avait appuyé sur bouton pour capturer ce moment.

Voir le brun rire de cette manière était la plus belle chose que la terre est portée. Il ne voulait pour rien au monde le voir perdre le sourire, et c'est pour ça qu'il était là. Il savait que c'était important pour Daiki qu'il rencontre sa mère avant son départ, alors il avait accepté. Il ne regrettait pas du tout son choix mais il avait peur. Il avait cette boule d'angoisse au creux du ventre qui ne cessait de grandir.

Déjà ce matin, il avait tenté de contacter son père pour son retour en Amérique mais l'appel n'avait pas aboutis, et voilà que la journée se compliquait encore un peu. Daiki se redressa, attirant son regard sur lui.

"Tout est fait. Tu es prêt ?"

Taïga haussa les épaules et Daiki ne put empêcher un nouveau rire de quitter ses lèvres et il le foudroya du regard.

"Arrête ça, j'aimerais bien t'y voir, tient !"

"Tout va bien se passer, Tai."

Le brun lui passa un badge visiteur autour du cou, lui souriant avec tendresse. Les doigts fins se mêlèrent aux siens et Daiki le tira à sa suite, passant les portes de sécurité pour accéder aux salles de visites. Il laissa ses yeux vagabonder sur les lieux qui lui étaient inconnu et se demandait comment son amant s'était senti la première fois qu'il y avait mis les pieds, seul. Il ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir d'être passé à côté d'un moment aussi dur pour lui, bien qu'il n'ait cessé de le rassurer sur le sujet.

Ils longèrent un long et interminable couloir pour déboucher sur une salle entièrement vitrée où des tables et chaises étaient posées ci et là dans la pièce. C'était lumineux et de nombreuses plantes avaient été disposées dans la pièce, rendant l'atmosphère moins oppressante, plus accueillante.

Daiki lâcha sa main et poussa les portes, le laissant entrer dans la grande salle. Il passa à ses côtés en continuant de sourire et se dirigea d'un pas assuré vers une table. Il le suivit silencieusement, découvrant par la même occasion la silhouette de la femme qu'il allait rencontrer. Il inspira un grand coup pour se donner du courage et ne lâcha pas du regard la mère de Daiki. Elle avait l'air assez grande, même assise. Elle était fine et se tenait bien droite, un livre entre les mains.

Daiki contourna la table, se postant devant elle et il en fit de même, découvrant le visage de cette femme dont il avait tant entendu parler et qui releva la tête vers eux. Il vit une peau du même teint que celle de son amant, bien qu'un peu plus clair finalement. Le visage était doux et souriant, quelques rides aux coins des yeux noir et légèrement maquillés. Elle avait l'air calme et aimante. Il y'avait quelque trait en commun avec Daiki mais la ressemblance n'était pas flagrante. Daiki lui avait dit ressembler à son père après tout.

Les yeux de la femme se tournèrent vers lui et elle lui sourit franchement, se levant de sa chaise pour les accueillir. Il se mit à rougir sans comprendre pourquoi et s'inclina respectueusement pour la saluer.

"Oh, bonjour. Je ne pensais pas que tu viendrais accompagner Daiki."

Elle remit une mèche de ses cheveux attachés derrière ses oreilles et son amant se mit à rougir légèrement. Elle se mit à rire, un rire léger et amusé qui faisait écho à ceux de son homme.

"Et bien asseyez-vous les enfants."

Ils s'exécutèrent et les yeux noirs se posèrent sur lui.

"Enchanté jeune homme, tu dois être Kagami si je ne me trompe pas ?"

Taïga sentit son estomac se retourner, étonné qu'elle connaisse son identité. Il se râcla la gorge et se tint bien droit sur sa chaise.

"Je... euh, oui. Je suis Kagami Taïga. Comment ...?"

La femme rit et posa ses mains sur la table, s'approchant un peu de lui, l'observant d'un air amusée.

"Comment je le sais ? Mon fils n'a que ton nom à la bouche ses derniers temps. Je m'appelle Ayumi Aomine, je suis vraiment heureuse de faire ta connaissance."

"Moi de même, Madame."

"Appel-moi par mon prénom, voyons. Après tout ce que tu as fait pour mon fils, je ne peux pas te demander de m'appeler Madame..."

Taïga sentit la main de Daiki se poser sur sa cuisse et il lui retourna un regard étonné et gêné. La table avait beau cacher ce geste, il se sentait mal à l'aise. Sa mère avait l'air vraiment aimante et compréhensive, comme lui avait décrit Daiki depuis qu'elle allait mieux. Il avait du mal à imaginer les scènes que le brun lui avait décrite entre eux lorsque tout allait mal.

"Je tenais à te remercier d'avoir épaulé Daiki lorsque ... j'allais mal. C'est important pour moi de savoir qu'il a pu compter sur quelqu'un."

"Je n'ai pas vraiment ..." Tenta Taïga.

"Tu as fait beaucoup, et ça se voit. Daiki à retrouver le sourire, et rien ne me rend plus heureuse que ça." Le coupa-t-elle.

Daiki se tourna vers lui et lui fit un clin d'œil, approuvant les dires de sa mère.

"Ouais, il est génial." Affirma le brun.

"En tout cas, tu as de très bon goût mon fils. Je n'aurais pas fait mieux. Il est tout à fait charmant."

Taïga se sentit rougir à des kilomètres sous les mots prononcés. Était-elle au courant pour eux ? C'était impossible ... Daiki ne lui avait rien dit sur le sujet. Il ne lui aurait pas caché un truc aussi important, si ? Il se tourna vers son amant, ne sachant comment réagir, cherchant toute trace de réponse sur son visage mais le brun ne le regardait plus, restant figé sur sa mère, sourire aux lèvres.

"Et encore, tu n'as pas tout vu, maman !"

"De ce que je vois, c'est un très bel homme, plutôt musclé, gentil et modeste apparemment." Continua sa mère.

Daiki rencontra enfin son regard et il explosa littéralement de rire.

"Respire bébé, elle est au courant pour nous."

Ses yeux s'écarquillèrent sous la surprise et il coassa idiotement.

"Quoi ?"

Daiki se calma et lui offrit un merveilleux sourire.

"Je voulais te faire la surprise. Te montrer à quel point c'est ok pour moi tout ça. J'ai tout dit à ma mère et elle t'accepte, donc relax."

Il expira tout l'air de ses poumons et se passa une main sur le visage pour se reprendre. Son homme passa une main dans son dos pour le soutenir et il ne releva la tête qu'après un moment. Il tourna son visage vers la femme qui lui souriait et il lui rendit son sourire.

"Vous m'avez eu tous les deux, on dirait."

Les deux Aomine se jetèrent un coup d'œil complice puis elle se tourna de nouveau vers lui.

"Prend soin de mon fils Kagami."

"Je ..."

La sonnerie de son téléphone le coupa dans sa lancé. Il allait raccrocher mais le nom affiché l'en dissuada. Il jeta un regard à Daiki qui comprit en voyant l'émetteur et il s'excusa, prenant l'appel au passage, sortant de la salle des visites pour plus de calme. Il sentit le regard de Daiki sur lui mais tenta de le chasser temporairement. Il devait vraiment parler à son père.

"Papa ?"

"Taïga. Un problème ?"

La voix de son père résonna, impassible au possible et ses muscles se contractèrent d'eux même. Il grimaça et soupira avant de tenter une réponse.

"Pas vraiment, enfin je n'en sais rien."

Un silence prit place et il s'adossa à la paroi vitrée, levant les yeux au plafond tout aussi blanc que le reste avant de reprendre sur le même ton.

"Je vais rentrer. En Amérique je veux dire."

Un nouveau silence s'installa avant que la voix de son paternel ne résonne de nouveau dans l'appareil.

"Tu as des problèmes au Japon ?"

"Non." Soupira-t-il. "Non, j'ai... une opportunité à L.A, et je ne peux pas la manquer."

"C'est à dire ?"

Il se décolla du mur et fit quelques pas, cherchant ses mots. Il ne savait même pas si son père connaissait son engouement pour le basket, s'il savait à quel point ça comptait pour lui. Est ce qu'il serait compréhensif sur le sujet ? Est qu'il comprendrait son besoin de jouer, cette passion qui le dévorait ? Ils y avaient tellement de non dit entre eux qu'il était compliqué de s'exprimer correctement avec lui. Il avait toujours le chic pour se braquer dès qu'il entendait le son de sa voix, comme s'il voulait se protéger d'une menace quelconque. Il se passa la langue sur les lèvres et passa une main dans ses cheveux.

"J'ai été repéré par une école pour faire un stage. Un ... Un stage pour intégrer la NBA, du moins si je me démarque des autres joueurs durant cette session... C'est une chance que je ne peux pas louper..."

"La NBA ?" Répéta son père.

Taïga se mordit la lèvre. Il n'était plus confiant du tout mais il ne lâcherait pas l'affaire. Il ne laisserait pas son père se mettre en travers de sa route. Pas maintenant qu'il arrivait à voir le bout du tunnel et qu'il tentait de prendre sa vie en main. Alors qu'il allait argumenter sur le sujet, son père reprit la parole, l'air toujours aussi clame et détaché.

"Dis-m'en plus."

Taïga s'étonna de la demande. Jamais son père ne s'intéressait à ce genre de chose en temps normal. Il ne s'encombrait que rarement de ses envies, de ses passions. Il se passa une main sur la nuque et se posa un banc à quelques pas de lui.

"On m'offre l'opportunité de faire ce stage durant l'été, et si ... si je suis sélectionné parmi les autres joueurs, on m'offrira une bourse d'un an pour intégrer une école spécialisée. Je pourrais continuer les cours, mais je passerais mon temps à m'entrainer pour intégrer une équipe pro..."

"Je vois. Je ne savais pas... que tu jouais au basket." Souffla son père.

Taïga fronça les sourcils et appuya un peu plus son téléphone contre son oreille, surpris par l'intonation de la voix de son père. Il avait cru entendre une émotion quelconque, différente de d'habitude. Est-ce que son père s'en voulait de ne pas savoir ça ? Il retint de justesse une réponse cinglante et se décida finalement de prendre sur lui. Ca ne mènerait à rien de s'emporter.

"Est ce que ça va ?" Demanda t'il.

Il se mordit la lèvre en posant la question. Elle pouvait paraitre tellement futile pour n'importe qui, mais pour eux, c'était une question qui n'avait pas été posée depuis des années. Ils ne prenaient jamais la peine de demander comment allait l'un ou l'autre, comme si la réponse ne les intéressait pas mais au fond, il savait. Il savait que la question n'était pas posée car aucun des deux ne se donnaient le droit d'en connaitre la réponse. Ils étaient arrivés à un stade où se mêler de la vie de l'autre paraissait trop intrusif. Comme deux étrangers posant des questions trop personnelles. Il sentit aisément l'accro dans la respiration de son père. Lui aussi ne s'attendait pas à ce genre de question.

"Oui, je vais bien. Je ne m'attendais pas à ça, c'est tout."

"Ok... Donc ..."

"Taïga ... Je ne t'ai jamais mis à la porte de la maison ..."

Il sentit les larmes lui monter aux yeux. Non, il ne l'avait pas mis à la porte... il était parti tout seul. Il avait pris sa décision sur un coup de tête mais il ne la regrettait pas. Il avait connu tellement de chose grâce à cela.

Son estomac se serra et il retint un sanglot, il ne voulait pas se montrer faible face à son père mais c'était difficile. Depuis combien de temps n'avaient-ils pas échangé autant de mots ensemble ? Depuis quand n'avait-il pas entendu ce genre de phrase rassurante sortir de la bouche de son père ? Depuis quand autant de distance s'était installée entre eux ?

"Taïga ?" Appela son père.

Il ferma les yeux difficilement, retenant ses larmes et parla d'une voix tremblante et basse.

"Je sais ... Je ... Shit... Je ne savais juste plus comment partager ta vie, comment être ... ton fils mais... je suppose que ce n'est pas un truc qu'on se dit au téléphone."

"En effet. Ce n'est pas par téléphone qu'on devrait en discuter." Affirma son père d'un vois basse qu'il ne lui connaissait pas.

"Ok..." Souffla-t-il.

"Je vais devoir te laisser, j'ai une réunion. Tu rentres quand ?"

"Samedi soir."

"Ce samedi ?"

"Ouais ..."

"Ok."

Un silence prit de nouveau place mais c'était étrangement calme, serein. Il ne savait pas si c'était les quelques mots francs qu'ils avaient échangés ou bien son retour annoncé qui les laissait l'un l'autre sans mot, mais ils devraient parler, et ça, ils en avaient conscience tous les deux.

"Je m'arrangerais pour être là le soir. Ça te convient ?" Demanda son père.

"Sérieusement ?" S'étonna Taïga.

"Oui, tu as raison. Je pense qu'on doit parler."

Les mots se bloquèrent dans sa gorge tant la surprise était grande. Son père voulait vraiment parler avec lui ? Est ce qu'ils arriveraient à communiquer sans se braquer l'un et l'autre ? A être honnête et franc, surtout ? Bon sang, il avait du mal à croire que son père prenne cette initiative.

"Ok, à ... A samedi alors."

La tonalité se coupa mais il resta un moment le téléphone à l'oreille, se répétant silencieusement la conversation. Il avait du mal à croire que tout cela n'était pas une hallucination, un détournement de ses pensées les plus profondes, mais non. Il abaissa la main, la laissant tomber mollement sur sa cuisse, laissant un moment son regard s'égarer on ne sait où. Il releva enfin la tête et chercha inconsciemment le regard de Daiki, juste pour reprendre pied avec la réalité. Il trouva rapidement son visage et leurs regards se croisèrent. Il avait l'air inquiet et son visage ne pouvait que le pousser dans ce sens. Il se sentait perdu, comme un enfant ayant perdu sa maman dans une foule immense. Il devait se reprendre, après tout, ça ne s'était pas mal passé, bien au contraire. Il vit son amant froncer les sourcils et ça lui fit l'effet d'une claque derrière la tête. Il força un sourire et se leva, le rejoignant dans la pièce d'un pas incertain.

Daiki ne le lâcha pas du regard et ouvrit la bouche dès qu'il atteignit son espace vital.


Daiki n'avait cessé de lui jeter des regards depuis qu'il avait quitté la pièce. Voir cet appel durer plus d'une minute l'avait intrigué et le comportement de son homme derrière les baies vitrées ne l'aidait pas. Il le voyait faire les cent pas, montrant toute son anxiété, il se touchait la nuque, prouvant sa gêne, s'assoir et baisser la tête. Taïga était en train de passer d'émotion en émotion et il ne savait même pas pourquoi. Est-ce que ça se passait bien ? Mal ? Devait-il le rejoindre ?

Son homme avait enfin levé les yeux vers lui et il avait l'air totalement abasourdis, si bien qu'il ne savait même pas s'il devait attendre ou non pour le retrouver. Il serra les doigts contre le bord de la table, prêt à bondir si besoin. Il ne comprenait pas ce besoin viscéral de vouloir le protéger. C'était nouveau, et totalement flippant. Ça le prenait aux tripes et il voulait savoir, et pouvoir effacer cette moue anxieuse de son visage. Il fronça les sourcils et Taïga se leva presque immédiatement et instinctivement son corps pivota sur sa chaise pour se trouver face à lui. Il ouvrit la bouche dès que Taïga était à quelques mètres seulement de lui.

"Est ce que ça va ?"

Taïga hocha la tête et se rassit calmement à ses côtés, passant une main tendre dans ses cheveux pour le détendre. Il avait très certainement un air inquiet sur le visage et le geste de son homme était là pour le calmer. Il ferma les yeux sous la caresse et les rouvrit aussitôt, voulant être certain de son état. Il savait mieux que personne que Taïga était du genre à dissimuler ses doutes, ses craintes et ses incertitudes, mais il ne comptait pas le laisser faire pour autant. Ils étaient deux maintenant, même si la fin semblait proche.

"Ouais, ça va. Je te raconterais."

"Sure ?"

Taïga lui offrit un sourire et hocha de nouveau la tête, récupérant sa main au passage pour la poser sur la table avec la deuxième.

"Surprenant mais positif."

Son homme se tourna vers sa mère et s'excusa de nouveau.

"Je suis désolé, je devais prendre l'appel. Est-ce que j'ai manqué quelque chose ?"

"Pas du tout mon grand. Parle-moi plutôt de toi, j'ai tellement de chose à te demander."

Taïga rit, amusé de la demande et lui râla pour l'indélicatesse de sa mère.


Taïga sorti de la clinique le sourire aux lèvres, bien plus léger et de bonne humeur qu'à son arrivée. L'après-midi était passée avec une vitesse remarquable et il ne put s'empêcher de mêler ses doigts à ceux de Daiki pour sentir sa présence. Ce dernier le regarda surpris de ce geste, après tout, c'était la première fois qu'ils se tenaient la main en public mais la poigne était forte et chaude et l'autre ne chercha pas à s'en défaire. Il plongea son regard dans celui bleuté et lâcha un petit rire. Il avait tant d'émotion positive qui se bousculait dans sa tête que s'en était étourdissant. Il avait toujours cette pointe d'angoisse aux fonds des trippes mais ce qu'il venait de partager avec son père était fort. La rencontre avec la mère de Daiki aussi. C'était une femme forte, consciente de sa maladie et du mal involontaire qu'elle avait causée à son enfant. Elle en prenait l'entière responsabilité et faisait tout pour rattraper ses erreurs, en commençant par accepter son fils dans son intégralité.

Il avait discuté longuement avec elle, trouvant presque un semblant de sa mère à travers les mots qu'elle avait employés, les traits sereins de son visage. Elle l'avait accepté aussi, sans une hésitation. Elle lui avait tendu la main comme une mère l'aurait fait avec son enfant alors qu'il se voyait pour la première fois. Il ne savait pas si son amant lui avait parlé de sa situation mais cette femme lui avait réchauffé le cœur en un instant. Elle l'avait rassuré sans le vouloir. C'était peut-être ça, l'instinct maternelle ...

"Si nous n'étions pas dehors je t'embrasserais sur le champ." Déclara-t-il.

Le brun lui mit un coup d'épaule pour la forme et plissa les yeux de malice. Daiki prit une voix sérieuse en haussant un sourcil.

"Qu'est-ce qui vous prend d'être aussi amoureux Monsieur Kagami ?"

"Eh bien, il se trouve que mon homme à non seulement avoué à ses amis qu'il m'aimait, mais il a surtout annoncé la nouvelle à sa mère, et ça ... ça me comble de bonheur."

"Oh, je vois. Cet homme doit être vraiment pas mal alors... Vous en avez de la chance."

Taïga stoppa sa marche et força le brun à en faire de même, se postant juste en face de lui.

"Vous n'imaginez pas à quel point Monsieur Aomine. Sans parler du fait que sa mère est tout aussi exceptionnelle que lui."

Daiki sourit de toute ses dents et son cœur loupa un battement. Cet homme était beau. Cet homme était à lui.

"C'est vrai, tu l'aimes bien ?"

"Ouais, j'ai eu l'impression de retrouver un peu ma mère, c'était étrange mais ... ça met du baume au cœur."

Son homme écarquilla un peu les yeux et détourna le regard, semblant chercher quelque chose et d'un coup, il le laissa en plan au milieu de l'allée, lui demandant d'attendre un instant. Il le suivit du regard et s'amusa de le voir courir vers un distributeur. Il le rejoignit silencieusement et entoura son corps de ses bras dès qu'il fut à sa portée, embrassant la nuque qui ne demandait que ça.

"Je t'avais dit d'attendre, t'es nul Tai !"

Il souffla par le nez en riant et déposa un second baiser, sachant parfaitement ce que Daiki allait faire. Le brun se pencha pour récupérer sa boisson et il le libéra pour le laisser faire. Le brun grogna sous la 'non surprise' et lui colla la canette dans les mains. Il avait mal aux joues tant le sourire refusait de quitter ses lèvres mais il était heureux. Vraiment, et il ne savait pas depuis quand il ne s'était pas sentit comme ça. Comme si d'un coup, le monde lui appartenait, comme s'il pouvait tout faire, tout vivre. Comme si personne ne pouvait ternir ce moment de plénitude.

Il observa le cylindre de boisson chocolaté entre ses mains et releva la tête, attrapant avec l'une d'elle le col de son homme et il l'embrassa sans honte, là, en pleine rue, devant le distributeur.

"Je t'aime Daiki. Tu me rends heureux, n'en doute jamais."

Sans un mot de plus il s'éloigna, commençant à marcher et peu de temps après, il entendit les pas de son amant résonner sur le bitume pour le rejoindre au pas de course. Il lui jeta un coup d'œil et les joues du brun avaient une jolie coloration rosée.

"Idiot. Faire ça ici ..." Chuchota Daiki.


Mercredi Après-midi - Chez Taïga :

Daiki était resté totalement sur place lorsque Taïga lui avait volé un baiser. Il ne s'y était pas du tout attendu et l'autre avait filé l'air de rien, le sourire aux lèvres. Ses joues étaient brulantes et son estomac avait fait des loopings. Il n'avait jamais eu autant de sensation avec un baiser volé. Jamais son cœur n'avait battu aussi vite. Il avait couru pour le rejoindre et avait râlé pour la forme, mais il avait adoré ça. Il aimait découvrir toutes les facettes de son amant, découvrir tout ce qu'il était capable de lui faire ressentir. C'était encore tellement nouveau pour lui qu'il avait parfois du mal à réaliser qu'ils étaient ensemble, qu'ils s'aimaient et qu'il était capable de ressentir autant de choses au fond de lui. Ça faisait peur mais c'était tellement plaisant.

Il marcha à ses côtés, lui jetant des coups d'œil par moment. Taïga avait le sourire aux coins des lèvres et il était tellement rare de le voir dans cet état de plénitude que le sourire le prit aussi. Il aimait voir cet air sur son visage, ce côté détendu et fort. Il savait qu'ils allaient devoir discuter un peu en rentrant. Il trépignait d'impatience de connaitre la conversation entre lui et son père. Il savait leur relation complexe et difficile, mais le comportement de son homme le rassurait. Il lui avait affirmé que l'échange avait été positif et il voulait savoir, comprendre et le soutenir de nouveau.

Il ne savait pas où ils allaient tous les deux mais il avait eu une longue discussion avec sa mère lorsque Taïga les avait laissés seuls. Il n'avait pu cacher son air inquiet à sa mère et elle l'avait questionné et il avait tout dit. Il lui avait raconté comment il avait récupéré son homme, mais aussi sa décision de partir. Il avait longuement évoqué ses craintes d'une relation à distance et sa mère avait été à l'écoute, elle lui avait offert sur un plateau plusieurs possibilités qu'il n'avait jusque-là pas envisagé. Il allait devoir y réfléchir sérieusement car le temps était compté... Dans quelques jours, Taïga serait dans l'avion. Dans quelques jours il se retrouverait seul.

Il grimaça à cette idée et pressa le pas, il voulait vite se retrouver avec lui, il voulait le garder à ses côtés pour le temps qu'il leur restait. Il n'avait jamais été du genre tactile avec ses anciennes copine mais avec lui c'était tellement différent. C'était comme si le fait de ne pas le toucher allait le faire disparaitre d'un instant à l'autre. Là, il avait envie de l'embrasser, de passer ses mains sur sa peau. Il avait de la sentir contre lui. Intimement.

Il se mordit la lèvre sous les pensées indécentes et passa son bras autour de son cou pour se calmer. Son homme posa ses yeux rubis sur lui et il lui sourit.

"On se dépêche de rentrer ?"

"T'es pressé chaton ?"

Daiki fit de gros yeux sous l'appellation et son homme explosa de rire.

"J'suis pas un chaton !" Grogna Daiki et retirant son bras.

"Oh que si, un chaton câlin et dormeur."

Il ne pouvait pas réfuter les arguments de son homme et ça le contraria pour la forme.

"Bah fait gaffe, parce que sa griffe un chat !"

"Oui, mes épaules s'en souviennent." Le nargua Taïga.


Daiki était sur le canapé de son salon et malgré le film qui tournait, son regard ne cessait de se tourner vers lui si bien qu'il attrapa la télécommande pour mettre pause. Les yeux bleus se tournèrent vers lui étonnés et il soupira amusé.

"Vas-y, pose ta question."

Le brun ouvrit la bouche et la referma d'un coup.

"Je ... Ouais ok, j'avoue je veux savoir... "

"Pour ?"

"Bah ton père, tiens !"

Il s'amusa de la réaction de son homme et hocha la tête, il avait totalement oublié de lui raconter.

"Je ne sais pas trop par quoi commencer. C'était nouveau et ... étrange ..."

Daiki se redressa dans le canapé et se tourna vers lui, posant une main encourageante sur sa cuisse pour le laisser prendre son temps.

"Je flippais qu'il réagisse mal mais, en réalité, il a été surpris. Il ... ne s'attendait pas à ça. Il n'a jamais su que je faisais du basket donc ... J'imagine que lui annoncer que je remettais les pieds à L.A pour un stage spécialisé là-dedans, ça l'a laissé pantois mais ... il a cherché à savoir, à comprendre. Et c'est la première fois pour nous qu'on... parle sans se hurler dessus ou, se cracher notre indifférence à la figure. C'était étrange et je t'avoue que ça m'a pas mal retourné ... Il m'a dit qu'il ne m'avait jamais mis à la porte et j'ai eu l'impression de tout revivre en un instant, ma prise de décision, mon départ précipité, mon arrivé ici, tout seul et sans repère ..."

Il fit une pause et se passa une main dans les cheveux pour se reprendre alors que la main de Daiki sur sa cuisse semblait le réchauffer de l'intérieur. Il posa la sienne dessus, entremêlant leurs doigts ensemble.

"Je ne sais pas ce qui m'a pris mais... je lui ai dit que je ne savais plus comment agir en étant son fils et ... étonnement, ça a abouti au fait qu'on devait discuter tous les deux. Ça nous a jeté aux visages toutes ses années perdues et ce qu'on ignore l'un de l'autre. Il m'a dit qu'il serait là à mon retour et qu'on ... parlerait."

Il avait terminé sa phrase en grimaçant et Daiki lui sourit tendrement, comme pour le rassurer.

"C'est une bonne chose, non ?"

"Ouais, je crois. Ça m'angoisse mais en même temps, je sais qu'on doit le faire. Ça fait des années qu'on doit le faire ..."

"Tu penses que ça va aller ?"

"Honnêtement, je n'en sais rien. Il va déjà falloir que je prenne sur moi et que je ne me braque pas dès le départ, sinon je vais péter un plomb et ce n'est pas le but. Je pense qu'on à tellement à se dire et ... pas sur des sujets minimes donc, je n'en sais rien, vraiment ..."

Daiki lui grimpa dessus, passant ses jambes de chaque côté de ses cuisses et ses bras s'enroulèrent autour de sa nuque.

"J'ai confiance en toi Tai, tu sauras prendre sur toi, j'en suis sure."

Il colla son front au siens et ferma les yeux.

"J'espère que tu as raison..."


A suivre...