Note 1 : merciiiiiiiiiiiiiiiiiiiii (je dis même plus pourquoi !)
Note 2 : Cycle « Entrez dans le jeu … » (merci Téli !), épisode 4.
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10 – Radeck Zelenka était mort.
Cette fois, il pouvait le dire.
Jesizi ! Pourquoi avait-il accepté cette mission ? Il jeta un rapide coup d'oeil à Rodney et au Sergent, soupira et revint à ses récriminations silencieuses.
Deux. Ce n'était pas un, mais deux enfants dont il avait la charge depuis ce qui semblait être des heures et des heures !
Ils n'arrêtaient pas, les pourquoi de Lawson s'enchaînant aux comment de Rodney. INSATIABLES ! Lawson n'était pas, loin de là, le denier à poser des questions. Tout se passait comme s'il s'était soudainement découvert un cerveau, à tout le moins la manière de le faire fonctionner. Rodney avait créé un monstre : d'une manière ou d'une autre, il avait ouvert les vannes à cette soif de connaissance. Radeck repoussa ses lunettes sur son nez et se cala dans sa chaise. En fait, c'était peut-être lui qui était à blâmer pour cette transformation : en lançant ce défi stupide pour redonner confiance à Rodney, il avait apparemment donné le goût de la science au sergent américain.
Rodney et ce dernier se trouvaient actuellement en pleine discussion sur les trous noirs ! Rien que ça. Radeck pouvait entendre la petite voix fluttée de Rodney expliquer calmement la théorie de la relativité (18) au sergent dont la voix semblait avoir pris elle aussi de curieuses intonations enfantines. Radeck sourit à la vision de ce texan d'1 mètre 80, assis en tailleur, écoutant religieusement un garçonnet de 7 ans, comme s'il s'agissait d'un de ses supérieurs.
Après tout, ce n'était peut-être pas le docteur Zelenka qui était à l'origine de cette nouvelle et soudaine passion, peut-être était-ce tout simplement le fait de la partager avec Rodney.
Ce dernier prenait son temps pour expliquer le plus simplement possible, posant régulièrement des questions pour vérifier qu'il avait été compris. Patient, à l'écoute, félicitant pour les bonnes réponses. Le professeur idéal.
Bref, la parfaite antithèse du Docteur Rodney McKay.
Après des mois passés à travailler avec lui, Radeck connaissait bien les méthodes pédagogiques de McKay et elles pouvaient se résumer ainsi : si tu comprends ce que je dis tant mieux, sinon c'est que tu ne mérites pas de fouler le même sol que moi. Il ne dénigrait jamais le travail de ses collègues – sauf peut-être celui de Kavanaugh, mais Radeck ne pouvait pas l'en blâmer, l'homme était un pitre de la pire espèce – seulement on ne pouvait pas dire non plus qu'il les encourageait, quant à les féliciter … Avec McKay c'était plutôt le genre « marche ou crève ». Enfin, avec l'adulte. Radeck se demanda un instant ce qui avait pu se passer pour qu'un tel changement se produise. Il en était là de ses considérations lorsque sa radio se mit en marche.
/Docteur Zelenka /
C'était le Docteur Weir et le ton de sa voix ne lui disait rien qui vaille.
« Oui, Docteur. »
/J'ai besoin que vous me rejoigniez au poste de commande avec le jeune Rodney aussi vite que possible./
« Que se passe t-il ? »
/Le Major rencontre apparemment quelques difficultés sur Akthar. Je vous en dirais plus dès que vous serez là. /
« Nous arrivons. »
Le Sergent Lawson, contacté de son côté par le Sergent Bates, se trouvait déjà près de la porte, sa main dans celle de Rodney.
Radeck soupira. Rodney avait le même petit air résigné que dans le hangar à Jumper. Il ne voyait pas très bien ce qu'il pouvait lui dire pour le rassurer. Sincèrement, il doutait que la situation se soit améliorée, bien au contraire : non seulement ils ignoraient toujours comment lui rendre son état normal, mais en plus il était clair que quelque chose d'imprévu était arrivé sur Akthar.
« Ne t'inquiète pas petit, je suis là. Comme l'as dit le Major, je te colle comme ton ombre. »
Le sergent Lawson avait les mâchoires serrées et l'air du parfait bodyguard. Instinctivement, Rodney se rapprocha de lui.
Que se passait-il encore ? Avait-il fait une bêtise ? Oh, non ! Il avait compris. Son père. Ils avaient du prévenir son père. Et si c'était le cas … Rodney frissonna. Le Sergent Lawson le prit dans ses bras.
« Je te l'ai dit. Ne t'inquiète pas. Tout ira bien. »
Rodney savait que tout n'irait pas bien. C'était toujours ce que lui disaient les infirmières lorsqu'il quittait l'hôpital. Jamais le même. Mais les choses ne s'amélioraient jamais. Au contraire.
Ils sortirent tous les trois du laboratoire.
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Le Major Sheppard avait retrouvé Teyla devant la Porte des Etoiles avec le Régent. Celui-ci semblait à la fois ravi et nerveux. Sheppard lui était juste excédé. Il n'attendit pas que le Régent les conduise dans ses bureaux. Il voulait en finir ici et maintenant.
« Ecoutez, Valdar, nous avons juste besoin d'accéder à la chambre sacrée pour déterminer ce qui est arrivé exactement au Docteur McKay, nous ne casserons rien, juste entrer et sortir, vous ne vous apercevrez même pas que nous sommes passés par là, Okay ! »
Les yeux de Valdar allaient de Teyla au Major.
« Mais … Vous ne comprenez pas … Ce n'est pas possible … »
« BON SANG ! Qu'est-ce qui n'est pas possible, hein ? »
Sheppard avait presque instinctivement ramené son P-90 devant lui.
« Major. Je crois que nous devrions accompagner Valdar dans la Maison commune pour discuter de tout cela calmement. »
Elle lui prit le coude et avec un grand sourire, l'emmena vers le centre ville, Valdar sur leurs talons.
« Teyla. »
« Oui, Major. »
« Vous pourriez peut-être me lâcher maintenant ? »
« A la condition que vous promettiez ne pas tirer – comment dites vous, oh oui, - dans le tas. Nous ne parviendrons pas à résoudre cette crise en hurlant et en … »
« … tirant dans le tas. Ouais, je crois que j'ai compris. Donc, vous pouvez me lâche, hein. »
La jeune athosienne resserra son étreinte autour de son bras.
« Huhu, Major. Comment expliquerais-je au Docteur McKay que vous êtes mort, criblé de balles ? N'avez-vous donc aucune idée de ce qu'il pourrait me faire subir ? Et moi qui pensais que vous étiez une personne pleine de compassion. »
John ne pu s'empêcher de sourire.
Ils avaient un peu tous profité de l'ignorance de Teyla sur les mœurs terriennes pour la taquiner, mais il semblerait qu'elle ait appris deux ou trois choses depuis leurs premières missions ensembles. Notamment à développer son sens de l'humour (19).
C'est donc bras dessus- bras dessous qu'ils entrèrent tous les deux dans le grand Hall de la Maison Commune, suivi d'un étrange cortège : une petite troupe de soldats atlantes, quatre scientifiques, Valdar et ses courtisans.
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Le Commandant Kolya Ascatus se trouvait debout devant la fenêtre de la petite maison où logeait l'homme qui les avait prévenu de la présence de Sheppard sur Aktar. Les Génii faisaient du commerce avec ces gens depuis une éternité.
Des illuminés. Sans intérêt.
En fait, si, le minerai de leurs mines du nord. Un minerai pour les Aktar sans grand intérêt. Mais pas pour les Génii. Il s'agissait de mine d'uranium. Ils faisaient exploiter ces mines juste pour eux. Le plus discrètement possible bien sûr. Inutile d'attirer l'attention, n'est-ce pas. Ne jamais monter de signes de faiblesses. Si les Aktar savaient que les Génii avaient désespérément besoin d'uranium …
C'était assez amusant en fait. Ils tombaient sur les Atlantes et notamment sur le seul qui savaient comment traiter ce fameux minerai. Le Docteur McKay. Le petit génie d'Atlantis. Petit était d'ailleurs l'adjectif adéquat s'il avait bien compris ce qui s'était passé.
Il sourit. Un sourire carnassier.
Oui. Vraiment amusant. Il allait pouvoir se venger de John Sheppard et en même temps récupérer celui qui permettrait aux Génii de se débarrasser une fois pour toute de la menace des wraith.
Son plan était des plus simples. Il ne manquait plus qu'un peu de persuasion pour le mettre en action.
Et le Commandant Kolya Ascatus était quelqu'un de très persuasif.
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Ils n'avançaient pas. Les arguments des Aktar étaient toujours les mêmes : la chambre sacrée était sacrée et seul l'enfant sacré pouvait y entrer ! GENIAL ! Teyla ou pas Teyla, John allait régler tout ça très rapidement dans quelques minutes, ça n'allait pas traîner !
Trabor était là aussi, en fait c'était lui qui insistait pour rappeler aux autres Conseillers le caractère sacré de toute cette foutuenondedieudemerde de Chambre. Les doigts de John se plièrent sur son P-90. Une autre main, blanche et fine, vint se superposer à la sienne. Il leva les yeux vers Teyla qui continuait comme si de rien n'était à discuter avec Trabor.
Cette fille était vraiment surprenante. Sur Terre, Weir l'aurait certainement fait embaucher aux Nations Unies. Avec elle, les cessez-le-feu auraient été de la rigolade à obtenir !
Il fallait qu'il se calme. Seulement, il n'y parvenait pas.
Ces gens n'avaient pas vu Rodney. Ils n'avaient pas vu ses yeux emplis de terreur dès qu'un adulte l'approchait, ils n'avaient pas vu combien il était fragile, vulnérable. Il fallait qu'il redevienne adulte.
John ne savait pas exactement ce qui était arrivé à Rodney étant enfant, encore qu'il commençait à en avoir une petite idée, mais une chose était claire : ça n'avait pas été une période agréable de sa vie. Et maintenant, il était obligé de revivre ses terreurs passées.
C'était inacceptable.
« Major ? »
Huuuuu. Oui. Il se tourna vers Teyla et le responsable de l'équipe de scientifique. Un Docteur quelque chose. Evidemment. Ils étaient tous Docteur. Parfois même plusieurs fois. Comme Rodney.
Concentration. Allez, tu peux le faire ….
« Oui. »
Voilàààààà. Trop facile.
« Major, je pense que nous parviendrons à rien de cette manière. »
Nonnnn, ça il ne s'en serait jamais rendu compte tout seul !
« … je crois que le mieux, c'est d'accepter que le Docteur McKay vienne sur Aktar. »
« QUOI ! Vous êtes folle ou quoi ! Il n'en est pas question. »
Teyla poussa un soupir, puis s'excusa auprès des conseillers.
« Major, je souhaite vous dire deux mots … »
John avait croisé ses bras sur son P-90. Il retirait tout ce qu'il avait dit auparavant. Cette fille était folle et mettrait la planète à feu et à sang.
« … maintenant ! »
Le ton de sa voix fit réagir le Major qui se leva et suivi l'athosienne dans une petite pièce attenante à la salle du Conseil.
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Teyla se posa devant lui, jambes écartées, bras croisés sur sa poitrine. Si elle avait eu un chignon et des lunettes, il aurait pu la prendre pour Mlle Simon. Son professeur d'anglais (20) en 6ème.
Un vrai tyran.
« Major, je comprend votre frustration mais … »
Elle l'interrompit d'un geste avant qu'il n'ait le temps de répliquer.
« Mais, votre comportement n'arrange pas les choses. Si vous continuez à répondre de cette manière au Conseiller Trabor, cela ne m'étonnerait pas que les Aktar nous interdisent purement et simplement de rester ici ! »
John explosa.
« Répondre ? Répondre impliquerait que nous tenons une conversation ! Ce qui est exclu avec ce type, c'est un vrai illuminé ! »
« Qui est chez lui, dois-je vous le rappeler Major ? Nous ne sommes que des invités ici. »
Sheppard la fixa un moment avant de capituler. Elle avait raison. Il avait tort. Seulement faire venir Rodney ici c'était juste si, si …
Comme si elle lisait dans ses pensées, Teyla s'approcha de lui et posa une main sur son épaule.
« C'est la seule solution acceptable. De cette manière nous serons admis, après la cérémonie de la Bénédiction, dans la Chambre sacrée. Avec le Docteur McKay. Tout ira bien. »
Tout ira bien.
Il en doutait. Lorsque Rodney était concerné, les choses avaient un peu tendance à tourner au vinaigre. Seulement, Teyla avait raison : ces gens ne lâcheraient pas le morceau. Pas tant que l'élu ne serait pas revenu.
Il soupira.
« D'accord. Je vais faire contacter Weir. »
Teyla hocha la tête et ils retournèrent deux les deux dans la Salle du Conseil annoncée la bonne nouvelle à Trabor et à Valdar.
TBC
(18) Un trou noir est, par définition, une région de l'espace d'où rien, ni rayonnement ni matière, ne peut s'échapper. C'est un corps noir parfait: il absorbe toute radiation et n'en émet aucune. C'est l'une des trois possibilités qui s'offrent aux étoiles vers la fin de leur vie, les deux autres étant la naine blanche et l'étoile à neutrons. Le trou noir n'est issu que des étoiles les plus massives et est, en quelque sorte, l'ultime cadavre stellaire, le plus massif et le plus mystérieux. Voir le site pages(point)infinit(point)net(slash)mycroft(slash)trousnoirs(slash), très bien fait et simple à comprendre.
(19) J'aime bien Teyla, mais je trouve que son personnage manque singulièrement de sens de l'humour.
(20) Ce qui donnerait chez nous, professeur de français. Perso, moi mes bêtes noires c'étaient plutôt les prof de math !
