Auteur : Tanuki
Source : Bishoujo Senshi Sailor Moon. Je me permets de modifier certaines données pour le bien de ma fanfiction. Veuillez m'excuser d'éventuelles incohérences et m'en faire part si vous le voulez bien.
Disclaimer : les personnages sont la propriété de Naoko Takeuchi, mais cette version de l'histoire m'appartient.
Rating : R (violence possible au cours de l'histoire)
Résumé : La Princesse Serenity a fêté son anniversaire. Durant ce bal, la Princesse Neptune a croisé la route du Prince Uranus. Malgré une rencontre difficile, elle s'est soumise à son baiser, créant un incident diplomatique plus grave qu'elle ne l'imaginait.

Hime no Taisen
Chapitre 2

Une eau glacée se déversa sur les épaules de la Princesse Neptune qui se raidit d'horreur. Depuis son retour, on l'avait forcé à prendre plusieurs bains aux sels purificateurs. Bien sûr, elle adorait l'eau, elle aimait cet élément qui lui était si familier. Mais elle détestait par-dessus tout qu'une personne de rang inférieur se permette de lui donner un bain sans son accord.
Gelée et agacée, elle tenta de se relever mais une main sévère s'appuya sur son épaule et la fit se rasseoir dans la baignoire.
– Un peu de patience, Princesse ! ordonna la Générale Amazone alors que les servantes continuaient de frictionner la jeune fille. Vous devez assainir votre corps...
La Princesse lui lança un regard accusateur et répliqua :
– Tout ça pour un simple baiser ! N'avez-vous pas l'impression d'en faire un peu trop ?
– Ne recommencez pas avec ça, Princesse ! coupa l'Amazone. Vous avez été assez sotte pour vous laisser corrompre par le premier libertin venu, alors assumez les conséquences, à présent !
Offensée, l'Héritière détourna la tête, hautaine.
– Si vous ne vous étiez arrêtée qu'à un bain, je me serais tue. Mais c'est le deuxième bain que je prends depuis mon lever et le cinquième depuis mon retour du Millenium d'Argent.
L'Amazone se planta devant elle et lui saisit le menton :
– Vous materner n'est pas un plaisir mais je me dois de suivre les ordres de votre père.
– N'oubliez pas à qui vous vous adressez, Générale Néréide...
– À une petite écervelée qui se permet de prendre le monde entier de haut.
La Princesse dégagea son visage et repoussa brutalement sa tutrice. Les deux femmes se défièrent du regard un long moment, puis l'Amazone froissée quitta les lieux en marmonnant quelques ordres secs aux servantes.
Neptune entoura ses genoux de ses bras et soupira. En quoi ce baiser était-il malsain ? Après tout, c'était un Prince qui l'avait enlacée...
« S'il s'agit réellement du Prince Uranus, alors la situation est plus grave que je ne le pensais. »
Ces paroles mystérieuses que la Générale Amazone avait prononcées quelques jours plus tôt résonnaient encore dans ses oreilles. Certes, il s'agissait d'un personnage arrogant et son côté charmeur faisait désordre dans le rang des Princes. À lui seul, il réduisait à néant la parfaite image stéréotypée du Prince. Son caractère épouvantable et sa tendance à charmer tout ce qui portait un jupon faisaient d'Uranus un individu particulièrement détestable et atypique aux yeux des Seigneurs prêts à marier leurs filles.
Comment avait-elle pu éprouver une quelconque attirance pour cet homme qui, finalement, n'avait que peu de qualités ? Avait-elle trouvé en lui une personnalité plus forte que la sienne – ce qui n'était pas une mince affaire – ?
Sans doute Uranus avait-il de bons côtés, mais il ne s'était pas présenté sous son meilleur jour lors de la réception de la Princesse Serenity. Un peu trop entreprenant, volage et capricieux... Neptune avait toujours été en quête de la perfection. Pourquoi diable ses joues devenaient-elles brûlantes chaque fois qu'elle repensait au sourire enfantin de ce Prince insolent ? Neptune la glacée avait-elle fondu face à cet inconnu plus brûlant qu'un soleil ?
– Pourquoi se « purifier » ? grogna-t-elle tout bas en imaginant déjà sa peau fragile rougie sous les massages frénétiques des servantes.
– Parce que seul votre mari aura l'autorisation de vous embrasser, et de vous serrer dans ses bras, Princesse... répondit doucement une des jeunes domestiques. Le Prince Uranus n'a pas respecté ce Principe Fondamental.
Neptune lui leva un regard passablement ennuyé avant de rétorquer froidement :
– Alors je l'épouserai.
Elle s'étonnait de son détachement effronté. Parler de choses sérieuses avec tant de légèreté ne lui ressemblait point, surtout que l'idée de s'unir à ce personnage décalé ne la réjouissait guère.
– C'est impossible, Princesse...
Pourtant cette réponse l'agaçait bien plus que le souvenir de ce jeune garçon. Elle se raidit et leva fièrement le menton.
– Il s'agit d'un Prince, son sang est royal. Rien ne peut empêcher ces épousailles.
Elle en rougissait de honte mais son regard restait déterminé et lointain.
– Princesse... vous semblez ignorer que votre Père le Roi Poséidon a toujours eu un léger différend avec le Roi Ouranos, murmura son ancienne nourrice en s'approchant d'elle, un peignoir plié sur le bras. Venez vite, vous risquez d'attraper la mort dans cette eau glacée.
La Princesse ne se fit pas prier et quitta le bain pour se couvrir du vêtement doux et chaud. Alors qu'elle l'ajustait à sa taille et qu'on s'occupait de sa chevelure, elle répéta pensivement :
– Un différend... quel genre de différend ?
– Seul votre père le Roi Poséidon pourra clairement vous expliquer l'origine de cette situation, Princesse, répondit la vieille femme avec embarras.
– Bien. Je souhaitais lui rendre visite, justement.
Royale, la jeune fille s'en retourna dans ses appartements et s'assit face à son miroir pour démêler ses longs cheveux bleus. Elle prenait toujours grand soin de sa chevelure qu'elle savait très belle. Une fois cette tâche consciencieusement accomplie, elle quitta son peignoir pour se vêtir d'une robe légère et d'un châle luxueux autour des épaules. Il était temps pour elle de s'intéresser à la politique étrangère. Longtemps, elle avait renié son devoir d'Héritière au trône. Ce jour-là, le simple fait d'apprendre qu'une querelle avait poussé deux monarques à ne plus se rencontrer lui faisait prendre conscience qu'elle ne connaissait rien en dehors de son palais.
Alors qu'il discutait avec un Général d'Armée, le Roi Poséidon aperçut sa fille entrer dans la salle et il fit signe à l'homme de disposer. Souriant, il accueillit son enfant et l'interrogea :
– Comment te sens-tu, Neptune ?
La Princesse s'inclina respectueusement et répondit d'un ton grinçant :
– Propre.
– J'en suis ravi, répondit son père, manifestement sourd aux soupirs de sa descendance. La Générale Néréide m'a narré les faits dont tu as été victime. Je suis le seul responsable et tu n'auras aucun blâme. Personne n'a pensé à te prévenir de quoi un Uranien est capable...
Neptune détourna la tête et agita impatiemment une main.
– Quelle intransigeance... Pensez-vous que tous les Uraniens soient à l'image de ce Prince ?
– Ce vaurien est bien représentatif de sa race, marmonna le Roi en caressant pensivement sa barbe grise.
Un silence suivit ses paroles alors qu'il étudiait le profil de sa fille. Elle était certainement la plus belle princesse à marier de tout le système solaire et il ne pouvait s'empêcher de s'enorgueillir à l'idée d'avoir engendré une beauté parfaite. Mais cette perfection avait quelque chose de gênant, un détail fort déplaisant ; sa froideur que seule une statue de marbre blanc pouvait égaler.
Pourtant, bon nombre de prétendants parmi les fils des Grands de la Cour avaient tenté une approche tout en évitant les foudres de ce regard glacé. Mais jamais la Princesse Neptune n'avait accepté une danse. Encore moins les discussions courtoises mais lassantes de jeunes Ducs timorés et maladroits. Discussions qu'elle s'empressait toujours d'écourter.
– Neptune, il y a quelque chose qui m'échappe. Ta réputation de jeune femme distante et peu engageante est célèbre au-delà de notre planète. Des dizaines de jeunes hommes ont tenté d'attirer ton attention en vain. Et ce... cet Uranus qui t'embrasse... Comment a-t-il osé ? Et comment a-t-il fait pour que tu ne le repousses pas d'emblée ?
Quelque peu agacée par tout ce remue-ménage pour un simple baiser, la Princesse fixa son père droit dans les yeux et détacha ses mots.
– Je l'ai laissé faire, Père. Je l'ai laissé m'embrasser. Mieux encore, j'ai dégusté ce baiser avec la plus grande allégresse.
– Ce que tu dis est insensé ! s'écria Poséidon en se levant de son trône. Comment oses-tu proférer de telles paroles sans même rougir de honte ? Tu n'as pas l'air de te rendre compte de la gravité de la situation...
Neptune poussa un soupir impatient et reporta son attention ailleurs, le regard hautain prêt à conquérir l'horizon.
– Où est le problème ? Il s'agit d'un Prince, un futur Roi. N'est-ce pas là un moyen sûr de gagner en puissance ?
– Ne parle pas sans savoir. Et n'oublie pas qu'il est un Prince des Cieux. Toi, tu es une Princesse des Mers. Vous ne pouvez vous entendre...
Ces mots n'étaient point dénués de bon sens. Cet Uranus avait un caractère insupportable. Alors que Neptune se dirigeait vers les vitraux des larges fenêtres pour admirer le jardin royal au-dehors, la Générale Amazone entra dans la salle et s'agenouilla devant le souverain.
– Votre Majesté, les suites de l'incident avec le Prince Uranus sont plus lourdes que nous ne l'avions cru. Apparemment, quelqu'un a pris un malin plaisir à annoncer ce qui est arrivé à votre fille ; une minorité parmi les Grands de la Cour a décidé de retirer leurs fils aînés de la liste des prétendants de la Princesse.
À peine les mots furent-ils prononcés qu'un silence pesant s'installa. Neptune se sentit rougir. À la fois vexée d'être ainsi dénigrée et pleine de rancœur envers ce malotru qui l'avait bel et bien souillée aux yeux du monde entier, elle détourna la tête. Le Roi serra les doigts autour de son accoudoir et inspira profondément. Déjà, la colère empourprait son visage pâle.
– Il s'agit des extrémistes de votre Cour. Majesté, vous avez décidé de ne plus entrer en conflit avec le royaume d'Uranus, cependant il demeure toujours dans certains cœurs de la haute société Neptunienne un fort sentiment de haine et de dégoût envers les Uraniens. Il n'est pas étonnant que ceux qui ont conservé une telle rancœur aient voulu retirer leurs fils de la liste des prétendants de la Princesse.
– Je comprends. Cette histoire ne fait qu'attiser ma colère envers Ouranos et son fils, mais je ne vais pas jouer à ce jeu et donner raison à l'extrémisme le plus malsain qui subsiste encore au sein de ma Cour.
Le Roi glissa un coup d'œil vers sa fille qui ne cessait de fixer les jardins. Il savait que cette nouvelle l'avait froissée.
– Ma fille, tu comprends pourquoi nous faisions preuve d'insistance avec cette purification ?
– Oh, ne commencez pas avec ça ! grinça la jeune Princesse en agitant une main impatiente. Même si je n'apprécie guère le Prince Uranus, je ne comprends pas quel plaisir vous prenez à le diaboliser ainsi. Il n'est pas pire que la plupart des hommes.
– Je t'interdis de prendre sa défense ! prévint Poséidon d'un ton menaçant. Il est méprisable et ses paroles sont rudes...
– Ses paroles sont rudes parce qu'il ne se cache pas derrière la flatterie fallacieuse et l'hypocrisie sournoise prisées par les autres hommes de haut rang.
Sans plus écouter les mots furieux de son père, elle traversa la salle du trône et la quitta, ne manquant pas de claquer violemment la porte derrière elle.
– Neptune ! vociféra le Roi.
Mais sa fille était déjà loin. Il soupira et se massa les sinus, fatiguée par ces conflits perpétuels entre lui et la Princesse. La Générale Amazone osait à peine croiser le regard de son monarque. Elle se rendait compte de la part de responsabilité qu'elle tenait dans cette histoire : un moment d'inattention, court mais fatal, avait suffi pour qu'un étranger salisse sa protégée. Malgré la magnanimité reconnue du Roi Poséidon, une telle faute professionnelle pouvait lui coûter extrêmement cher. À présent, aux yeux d'une poignée de royalistes convaincus, la Princesse avait à tout jamais perdu sa pureté. Elle serait bien vite la cible de dépréciations injurieuses...
Néréide n'approuvait guère la haine gratuite des Neptuniens envers les Uraniens ; la discorde n'avait concerné que les deux Rois qui s'étaient promis de la garder secrète. Cependant, certains « Grands » estimaient en savoir autant que leur souverain, malgré le silence établi et respecté entre Ouranos et Poséidon.
– Votre Majesté, votre fille n'était pas au courant de cette rivalité entre vous et le Roi d'Uranus. Elle ne pensait pas à mal en laissant un Prince l'embrasser. Elle n'avait jamais quitté le palais auparavant, sans doute le changement d'air l'a-t-il étourdie ?
– Je te remercie de prendre la défense de Neptune malgré son ingratitude envers toi. Mais les femmes qui l'ont élevée sont rigoureuses, et je doute qu'on lui ait dit que laisser un inconnu l'enlacer était de bonnes mœurs. Elle s'est enflammée pour un baiser, sans se rendre compte que ce geste allait la desservir et empreindre à jamais sa réputation.
La Générale baissa son regard aux couleurs azuréennes, le rose aux joues et la gorge serrée. Ses longs cheveux bruns et joliment ondulés voilèrent son profil épuré comme pour lui cacher ses couleurs.
– Mais un premier baiser, c'est important... murmura-t-elle tout bas.
– Pardon ?
– Peut-être devriez-vous expliquer à votre fille les raisons de cette guérilla entre votre Royaume et celui d'Uranus, fit semblant de répéter la jeune femme d'une voix claire et ferme.
Consentant finalement à se lever, Poséidon se permit un soupir résigné et quitta la salle.

§§§

Neptune s'était étendue sur son lit, un énorme coquillage à son oreille pour écouter l'écho infatigable des vagues. Ces musiques naturelles que peu de gens savaient apprécier étaient toujours parvenues à l'apaiser. Depuis des années, depuis qu'elle avait vu les paysages marins de cette petite planète qu'était la Terre, elle s'était plue à s'imaginer marcher sur le bord de mer, ses pieds nus dans l'écume blanche et le vent marin caressant son corps au travers de la soie d'une robe.
Les paupières closes, un mince sourire ombrant ses lèvres, la Princesse arborait un visage détendu que personne ne lui connaissait. Seule une parfaite intimité pouvait lui permettre une telle sérénité.
Lorsque l'on frappa à la porte, elle éloigna le coquillage de son oreille et fronça les sourcils. Elle se leva sans prendre la peine de répondre, laissant le Roi libre d'entrer ou d'abandonner l'idée d'un dialogue entre eux.
Poséidon savait que la communication était difficile entre lui et sa fille, cependant il abaissa la poignée en or et referma la porte derrière lui. Il s'approcha de la fenêtre et admira la vue. Il avait toujours fait en sorte que Neptune puisse bénéficier des plus beaux panoramas. Il s'était persuadé qu'avec un tel paysage à ses yeux, la Princesse n'aurait jamais envie de quitter leur planète pour découvrir l'univers.
– Mon défaut aura été de trop vouloir te protéger. En te confinant ici, je m'assurais de ta sécurité. Mais j'aurais dû savoir que le jour où tu découvrirais le monde extérieur, tu ne serais pas préparée pour l'affronter... Cet incident l'autre soir en est la preuve.
Un silence pesant s'installa entre eux. Manifestement, ces paroles étaient de trop. Sans doute Neptune s'estimait-elle parfaitement maîtresse de son destin. Poséidon savait combien l'adolescence était source d'orgueil ; à cet âge, on en savait toujours plus que les parents.
Lui aussi avait proféré ce discours, à l'époque où il n'était qu'un jeune prince arrogant. Lui aussi avait fait preuve de trop d'assurance malgré son inexpérience certaine.
– Il existe un différend entre vous et le Roi de la planète Uranus. Puis-je savoir lequel ?
– À l'époque de nos grands parents, les souverains de nos deux royaumes ont fondé une alliance nommée KAZUMI, le Vent et la Mer... Cette Alliance était basée sur un pacte aux règles très strictes. À la suite de nos parents, nous avons suivi cet accord et nous avons sympathisé. Mais peu à peu, alors que nous avancions en âge, Ouranos Tenousei a commencé à se marginaliser. Ses excentricités et son goût de la provocation m'ont vite agacé. J'avais acquis une sagesse qu'il était incapable de concevoir. Cette divergence n'a cessé de croître et un jour, nous sommes entrés en conflit. Ouranos est entré dans une colère effroyable. J'ai croisé son regard à ce moment-là : Ouranos était fou. Réellement fou. Un forcené irresponsable... De rage, il a détérioré notre salle de conférence. J'ai préféré détruire l'Alliance KAZUMI.
Poséidon se frotta les yeux. Ressasser le passé n'était guère réjouissant compte tenu des mauvais souvenirs qui dominaient les bons.
– Nous avons gardé cette histoire secrète pour éviter que nos peuples se déclarent la guerre. Mais finalement, tous les Uraniens sont aussi insupportables que leur Roi. Nous n'avons plus aucun contact à présent. J'aspire à une tranquillité que j'estime méritée.
La Princesse tourna le dos à son père et porta une main à son front, abattue.
– Quelle querelle stupide...
– Ne parle pas sans savoir, Neptune ! Il avait les pupilles rétrécies et les yeux éclaircis par la fureur. Il ne reconnaissait plus personne ! La famille Tenousei est reconnue pour être dégénérée et sujette à des crises de folies imprévisibles... Je refuse que tu fréquentes un Uranien, et je suis très sérieux.
– Vous comptez régir mon intimité après dix-huit années d'emprisonnement en ce palais ?
– Navré que tu le prennes de cette façon. Je n'avais pas l'intention de t'emprisonner. Cependant, je me dois de juger si oui ou non tes fréquentations sont recommandables. Heureusement, nous avions étudié la liste de tes prétendants. Même si ma décision est presque définitive, je suis contraint d'en parler au Prince choisi. Un messager est parti le prévenir... Il viendra nous rendre visite demain.
– Oh, parfait, articula Neptune d'un ton cassant.
L'Empereur baissa les yeux et soupira. Il s'était attendu à cette réaction certes compréhensible mais décourageante. Quand Neptune comprendrait-elle que sur cette planète, ce n'était pas à la fille de choisir son partenaire mais aux parents ? Cependant, il se demandait de temps en temps quelle aurait été sa réaction si ses parents avaient décidé pour lui. Ayant été un héritier mâle, certains droits lui avaient été accordés, en outre l'autorisation d'épouser la femme de son choix à condition que son statut social fît honneur au sien. Sa rencontre avec la Princesse du satellite Thalassa avait été décisive et ils s'étaient unis quelques années plus tard.
Mais sur Neptune et Uranus, seul un Roi pouvait gouverner ; la loi était formelle pour ces deux planètes jumelles. Neptune devait donc épouser un homme que son père estimait digne de lui succéder. La Reine n'avait qu'un rôle d'ambassadrice qui lui interdisait la politique.
Le mécontentement de Neptune avait sans doute de bonnes raisons d'être, mais Poséidon ne pouvait se permettre de mettre son royaume en danger pour ménager l'orgueil de sa fille.
– J'ai choisi ce qu'il y a de mieux. Cet homme possède tous les atouts que tu puisses rechercher. Il est séduisant, galant, instruit et de sang pur. Que demander de plus ?
– Rien. Tout le monde n'a pas la chance d'être réservé à un homme parfait, siffla la Princesse.
Accablé par ce ton corrosif, le Roi libéra un profond soupir. Sa fille semblait prendre un malin plaisir à répliquer ce qu'il souhaitait entendre sans jamais lui laisser l'occasion d'y croire.
– Il s'agit du Prince de Galatée. Au moins, il n'est pas un enfant bâtard, murmura-t-il enfin.
– Bâtard ? De quoi parlez-vous ?
Poséidon avait enfin réussi à attirer l'attention de sa fille. Non sans fierté, il redressa les épaules et afficha une carrure imposante.
– Ce Prince Uranus dont tu ne cesses de vanter les défauts n'est rien de plus qu'un fils bâtard.
Les yeux de Neptune s'agrandirent d'effroi. Subitement, elle commençait à comprendre pourquoi certains Ducs l'avaient considérée comme impure après l'incident au Millenium d'Argent. Elle-même éprouvait en cet instant un profond dégoût à l'idée d'avoir été enlacée par un enfant illégitime.
– Il faut savoir qu'Ouranos a toujours été volage. Sans doute trop excentrique pour se plier au code de conduite qu'un Roi se doit de suivre... Le fait est qu'il n'a jamais voulu épouser l'une des innombrables Princesses qu'on lui présentait. Contre tout bon principe, il a préféré mener une vie de débaucher et passer ses nuits en compagnie de femmes sans morale. Un jour, il a rencontré une fille très pieuse du nom de Miranda, vivant dans les bas quartiers du satellite uranien Cressida. Sa beauté a ému Ouranos qui l'a courtisée. Après maintes promesses qu'il n'aura jamais tenues, il a profité d'elle et l'a abandonnée le lendemain. Cette jeune femme a aussitôt compris que les serments d'un avenir radieux au sein du palais ne seraient pas respectés et qu'elle avait été tout simplement abusée. Elle a tout de même souhaité porter dans son ventre la descendance honteuse d'Ouranos. Des jumeaux sont nés, un garçon et une fille. Trop pauvre pour s'occuper d'eux et rejetée par sa famille, elle a décidé d'abandonner les deux nouveaux-nés aux portes du palais et de se poignarder à leur côté. Elle espérait qu'ainsi, Ouranos la reconnaîtrait et accueillerait sa descendance. Ce qu'il a fait scrupuleusement...
Un petit silence s'installa alors que Poséidon se délectait de cette narration pour le moins cruelle et révoltante. Avec une telle révélation sur les origines du Prince Uranus, sa fille allait enfin accepter le fait que l'héritier du satellite Galatée était un homme digne d'elle.
– Le Roi Ouranos a accepté de les éduquer ? s'étonna la Princesse.
– Oui... Ouranos n'est pas stupide. Il est au contraire très lucide et intelligent, c'est ce qui le rend dangereux. En voyant le corps de cette jeune fille, il a parfaitement compris le message et a adopté les deux enfants. Cependant, la fille a été tuée dans un accident à l'âge de 9 ans. Un jeune étalon de la garde royale s'est débattu lors de son dressage et a décoché une ruade. Comme les deux enfants apprenaient l'équitation, ils étaient présents. Le garçon a eu le temps d'esquiver. Mais les sabots du cheval ont touché la tête de la petite ; elle est morte sur le coup...
Se tournant vers Neptune, le souverain reprit calmement :
– Maintenant que tu connais les origines du Prince Uranus, je suppose que tu ne cherches plus à lui trouver des vertus là où il ne peut y en avoir ?
La Princesse se garda bien de répondre. Effectivement, elle ne pouvait plus voir en ce jeune homme l'héritier arrogant mais agréable qu'elle avait rencontré auparavant. Mais donner raison à son père était parfaitement inconcevable.
– J'ignorais que la pureté du sang influait sur les vertus d'un homme...
Encore ce ton méprisant.
– Ma fille, pourquoi refuses-tu de comprendre que j'agis pour le bien de ce Royaume ?
– Et si vous pensiez à mes biens ? coupa la jeune fille en lui dardant un regard furieux. Avez-vous pensé qu'avant d'avoir une descendance à marier, vous aviez une fille ?
– Égoïsme de Princesse, grogna le Roi.
Une tension s'ajouta à l'ambiance déjà glaciale entre le père et la fille. Souhaitant calmer cette colère silencieuse qui se déchaînait dans le corps de la Princesse, Poséidon lui caressa les cheveux et lui offrit un sourire rassurant. Elle lui retourna un coup d'œil irrité, puis un sourire mesquin étira ses lèvres :
– Je n'épouserai pas votre Galatéen. Mon projet est de refonder l'Alliance KAZUMI, sur une relation plus stable et durable... Oseriez-vous tourner le dos à une telle union qui nous permettrait de gagner en puissance ?
Poséidon comprit immédiatement le message ; son élan de compassion disparut pour ne faire place qu'à la déception. Le fil du dialogue venait de rompre...
– Dans deux nuits, un bal sera organisé au Palais. Le Prince de Galatée sera spécialement invité. Je compte sur ta présence et j'espère que tu ne proféreras plus jamais de paroles aussi absurdes que celles que je viens d'entendre.

§§§

Allongé sur son lit, une main jouant machinalement avec un ruban blanc, le Prince Uranus soupira. Le souvenir de la jeune Princesse qu'il avait rencontrée au bal de Serenity le hantait depuis son retour dans le palais.
Ce matin-là, il n'avait pas quitté la chambre. C'était contraire à ses habitudes : il avait toujours tendance à préférer se lever tôt et reprendre ses activités dès le lever du soleil. Mais cette fois-ci, plutôt que se présenter à ses leçons de tir à l'arc, il avait préféré se cloîtrer dans une pièce tranquille pour réfléchir à la situation actuelle. Il connaissait les rapports distants entre les Deux Puissants, tels étaient nommés les deux royaumes en conflit. Il savait pertinemment que les Uraniens étaient perçus par les Neptuniens comme un peuple fruste et amoral. Vexé d'être relégué au rang de goujat sans même avoir le droit de se défendre, le Prince avait nourri en retour une animosité certaine envers les Neptuniens. Pourtant, il avait volontiers reconnu le génie et les charmes de la fille de Poséidon.
Il se surprit. Pourquoi éprouvait-il soudain une telle attraction ? Il avait connu tant de femmes toutes plus jolies les unes que les autres. Il ne s'était jamais passé un soir sans qu'il fît la cour à une charmante servante de son Palais. Sa mémoire n'était pas suffisante pour qu'il se souvînt de chacune de ces chairs qu'il avait touchées et aimées pour une nuit. Aussi, ce visage obsédant de la jeune Princesse à la chevelure marine l'inquiétait presque. Quelque chose d'inconnu n'allait pas tarder à s'éveiller en lui et le pousser toujours plus vers elle.
La situation était d'autant plus insupportable qu'il était forcé de rester présent dans son empire en cas d'attaque surprise de la Lune Noire ; quitter ses terres et rassasier sa curiosité envers cette Neptunienne lui était impossible.
Un bruit à la porte l'interrompit dans ses pensées.
– Oui ? grogna-t-il, une main courant dans ses cheveux rebelles.
Une jeune servante qu'il ne connaissait pas encore apparut. Elle avait les joues rouges et était vêtue sa courte robe bleue de servante ; à croquer, tout simplement... Et Uranus en profita pour oublier un instant la Princesse Neptune.
– Prince Uranus, Sa Majesté le Roi Ouranos vous demande, dans la Salle du Trône...
– Allons bon ! Que me veut-il encore, ce vieux débris ? marmonna le jeune homme en se redressant.
Il traversa la chambre et retint fermement le bras de la petite servante qui souhaitait s'éclipser. Il était temps pour lui de se ressaisir et ne plus penser à cette Neptunienne foncièrement odieuse. Un sourire doux éclaira son visage et il se pencha lentement, embrassant une joue rose. La servante s'empourpra et baissa la tête, mais un index retraça le contour de son visage fin et lui fit relever le menton. Uranus se courba au-dessus d'elle et posa ses lèvres contre les siennes.
Lorsque la servante osa rouvrir les yeux, elle était seule, adossée contre le mur, la porte entrouverte à côté d'elle...
Uranus se dirigeait vers la Salle du Trône en examinant pensivement ce ruban blanc dont il ne pouvait se défaire. Agacé, il fourra le ruban dans sa poche entra dans la salle où son père l'attendait. Sans même s'incliner, il marmonna :
– Depuis quand quittez-vous votre lit, Père ? Vous êtes presque mourant, et il serait fâcheux que mon siège d'empereur soit sali par la dépouille poussiéreuse d'un vieux Roi desséché.
Ton siège ? Tu n'es pas encore à la tête du Royaume, Miranda Uranus Tenousei...
Uranus grinça des dents.
– Pour quelles raisons m'avez-vous appelé ?
– Puisque tu as été rendre visite à la famille royale du Millenium d'Argent, je voulais savoir où en était la Reine Serenity avec l'ennemi.
– La Reine a échoué. Ses arguments n'ont pas été assez persuasifs du point de vue des ambassadeurs de la Lune Noire. L'ennemi va passer à l'attaque et la Reine Serenity m'a fait comprendre qu'elle appellerait sans doute l'Armée Uranienne à l'aide. Notre réputation de guerriers n'est plus à refaire.
Ouranos leva un regard fatigué. La Reine n'avait donc pas été assez convaincante ? Cela ne l'arrangeait guère. Atteint d'une maladie qui ne touchait que les héritiers mâles du Royaume, il avait vu sa durée de vie diminuer de moitié et ses jours étaient comptés à présent. Même si cette idée lui était insupportable, il savait que le jeune Prince serait bientôt le seul et unique Empereur du Royaume d'Uranus.
– Je m'en doutais un peu. Elle a beau être une impératrice incroyablement généreuse et loyale, la Reine Serenity est une incapable dès que se pointe un conflit. Je ne pourrai malheureusement pas combattre aux côtés de mes hommes. J'ai fait mon temps et la fin est proche...
– Si vous le permettez, Père, je prendrai la tête des troupes. (S'inclinant pour la première fois depuis le début de la discussion, Uranus ajouta :) N'oubliez pas que vous avez fait de moi le meilleur Général d'Armée de toute la planète...
– De tout le système solaire, rectifia le Roi Ouranos, fier d'avoir formé son fils à la bataille.
– N'est-ce pas un peu prétentieux ? Nous ignorons la force des autres héritiers des planètes de l'Extérieur...
– Ce sont des filles aux pouvoirs impressionnants mais moins bien entraînées que toi.
Le vieil Empereur sourit doucement. C'était une des rares fois où ils parvenaient à discuter sans hausser le ton. Le dialogue était extrêmement difficile entre eux ; ils se ressemblaient trop. Ce même caractère arrogant, borné et malin. Ils ne pouvaient se supporter depuis des années. Leurs rapports s'étaient considérablement dégradés le jour où le Prince avait eu connaissance de ses origines bâtardes. Depuis, l'enfant nourrissait en son cœur une rancœur terrible. Porter le prénom de sa mère était une humiliation.
– Je te charge d'une mission ; va voir le Roi Poséidon et demande-lui sa position politique.
– Bien, Père. (Un peu mal à l'aise, Uranus se massa la nuque et reprit :) À propos de Poséidon, j'ai rencontré sa fille au Millenium d'Argent. Des cheveux bleus, une personnalité froide et hautaine...
– Tu parles de Thalassa ? Thalassa Neptune Kaiousei est la fille de Poséidon. Elle est un peu plus jeune que toi je crois.
– Elle est loin d'être avenante.
– C'est le propre des Neptuniens. Enfin j'espère pour toi que tu n'attends rien d'elle. N'oublie pas que son père nous méprise. Tu n'es qu'un chien à ses yeux...
Uranus comprit qu'il valait mieux éviter de relater l'incident diplomatique qu'il avait engendré en embrassant la Princesse.
– Pas étonnant. Si tu avais appris à ne pas baisser le pantalon devant chaque fille qui passe...
Sans attendre l'ordre de son père, le Prince quitta la salle en claquant les portes derrière lui. S'en allant vers les écuries, il sella et brida l'un des pégases et le chevaucha. Grâce à ces destriers mythiques qui peuplaient cette planète, le voyage jusqu'à Neptune ne serait pas long...

§§§

Debout au beau milieu de la salle de réception et agitant les bras tel un chef d'orchestre, Poséidon soumettait des ordres à ses serviteurs afin que la décoration pour le bal soit la plus raffinée. Alors qu'il s'acharnait quant à la parure des rideaux, un garde entra et s'agenouilla devant lui :
– Majesté, quelqu'un vous demande...
– Je n'ai pas le temps. Vous voyez bien que je suis occupé ?
– Il s'agit du Prince Uranus... Il vous attend à la Salle du Trône.
L'ambiance se brisa soudainement et un lourd silence s'installa. La fureur silencieuse du Roi qui émanait de son corps était presque palpable. L'homme hocha simplement la tête et s'en retourna dans les couloirs qu'il traversa pour rejoindre son hôte détestable. Que diable lui voulait Uranus ? N'avait-il pas déjà assez fait ?
On lui ouvrit les portes et il croisa le regard accusateur du Prince.
Je n'aime pas qu'on me fasse attendre, semblaient dire ses yeux.
Le Roi s'installa sur son trône sans prêter la moindre attention à Uranus. D'un signe de la main, il lui permit de prendre la parole, prenant toutefois le malin plaisir de ne pas le regarder.
– Je vous remercie de m'accorder de votre temps pour cette concertation, commença Uranus. La Reine Serenity a avoué que l'ennemi se fait de plus en plus offensif : la guerre est imminente. Mon père souhaitait simplement connaître votre position quant aux menaces de la Lune Noire sur notre système solaire...
– Rapport plutôt concis...
– Oui. J'ai tenté d'être bref car j'ai cru comprendre que vous ne m'appréciez guère.
– Ne vous demandez pas pourquoi, Prince Uranus ! rétorqua Poséidon. Je n'apprécie pas que l'on salisse ma fille, en particulier lorsque les origines de l'accusé sont douteuses...
Le regard d'Uranus s'éclaircit, ses pupilles rétrécies analysant le moindre geste du Roi face à lui. Le même regard fou que son père...
– Je vais être bref, moi aussi, reprit le Roi Poséidon. Nous allons reformer les troupes et nous positionner aux endroits stratégiques en attendant le déclenchement de la guerre. Nous défendrons les planètes de l'intérieur. J'en référerai aux Royaumes de Saturne et de Pluton. Cela vous convient-il ?
– C'est clair et limpide, Votre Majesté. Mais à l'avenir, apprenez à mieux juger ceux à qui vous vous adressez. Mes origines troubles n'ont pas leur place dans une affaire géopolitique comme celle-ci.
Poséidon soutint le regard coléreux du Prince et se mit à rire.
– Puis-je vous demander ce qui vous rend de si joyeuse humeur ?
– Ton culot dépasse l'entendement et je ne vois aucun intérêt à vouvoyer un Prince aussi insolent que toi. J'ai répondu à ta question. Plus rien ne te retient ici, tu peux partir.
Altier, le Prince Uranus se redressa et quitta silencieusement la salle.

§§§

Les servantes s'affairaient dans un couloir, se soufflant des messes basses et riant entre elles comme des enfants un peu trop gourmandes devant un gâteau. S'arrêtant juste derrière elles, la Princesse Neptune croisa les bras et se pencha, curieuse.
– De qui parlez-vous ?
– D'un très beau jeune homme, Votre Majesté !
C'était Larissa qui avait répondu. Les cheveux blonds légèrement ondulés, des yeux bleus joliment effilés et un sourire pur qui était un ravissement pour tout le monde... Elle était d'une finesse peu coutumière pour une Neptunienne. Les femmes de cette race avaient beau être généralement très minces, elles n'étaient pas filiformes comme cette jeune fille.
– Venez Princesse, je vais vous le montrer...
Prenant la jeune héritière par la main, elle l'entraîna avec elle. Malgré son manque de manières évident, cette servante était la seule en qui la Princesse avait confiance. Larissa pointa du doigt un jeune homme à l'autre bout du corridor et Neptune étouffa une exclamation.
– Le Prince Uranus ?
Alors qu'elle se sentait irrémédiablement attirée vers lui et qu'elle s'apprêtait à le retrouver, elle tomba nez à nez avec un jeune homme aux cheveux d'un noir de jais. Derrière lui se tenait Poséidon, plus souriant que jamais. Larissa comprit qu'elle était de trop et s'éclipsa en silence.
– Neptune, je souhaitais justement te voir... Voici le Prince que j'ai choisi pour gendre.
Le jeune homme s'inclina respectueusement et se présenta :
– Mes hommages, Princesse. Je me nomme Draconi di Galatea.
Neptune le toisa d'un regard condescendant et hocha simplement la tête.
– Enchantée. Puisque les présentations sont faites, je vais me retirer dans mes appartements. Je suis extrêmement fatiguée. Père, Prince di Galatea, je vous souhaite une bonne journée.
Elle tourna les talons et partit sans prêter attention au regard sombre de colère que lui adressait Poséidon. Embarrassé par cette situation pour le moins désagréable, il toussota :
– Veuillez excuser l'hostilité de ma fille.
Le Prince sourit simplement et prit poliment congé du Roi. Alors qu'il trouvait le chemin vers la sortie, il croisa alors un jeune homme aux traits fins et à la chevelure d'or. Se défiant mutuellement du regard, ils passèrent leur chemin. Les paroles étaient inutiles car tout était établi ; sans même décliner leurs identités, sans même échanger leurs desseins, chacun savait qu'il trouverait en l'autre un rival.
Uranus se détourna de ce jeune homme et se concentra sur ce qu'il avait à faire. Il avait demandé son chemin vers la chambre de Neptune à la petite servante blonde. Il savait à quoi s'exposer si on le surprenait en ces lieux privés. Pourtant, il entra sans frapper et ferma doucement la porte derrière lui. Au bout de la pièce, derrière les rideaux à demi lâchés d'un lit à baldaquin, on pouvait deviner une silhouette étendue sur le dos. Apparemment, la chance n'était pas de son côté ; il aurait souhaité entrer avant la Princesse pour y déposer le ruban sans la rencontrer.
Il s'approcha subrepticement du lit et se plaça du côté de la fenêtre entrouverte. Le vent souffla dans ses cheveux et balaya un des rideaux, laissant apercevoir une Princesse endormie au visage sillonné de larmes séchées. Ce spectacle étreignit le cœur du Prince. Pourquoi s'était-il refusé de croire que cette froideur pouvait être involontaire et cacher un profond désarroi ? Il était pourtant bien placé pour savoir ce que c'était que de vivre sous des apparences.
Il reconsidéra d'un œil critique cette jeune fille qu'il avait trop vite jugée. Finalement, en lui volant l'intimité de ce sommeil, il pouvait voir cette vérité qu'elle cachait derrière un masque. Il s'était souvenu d'un visage particulièrement ravissant mais ce jour-ci, il redécouvrait cette beauté sous sa forme pure et authentique. Neptune n'était pas seulement belle : elle était aussi pétrie de charmes. Poussé par un désir implacable, il s'assit à ses côtés et se pencha vers elle, s'imprégnant du parfum de rose qui l'avait enivré le soir du bal.
Les battements de son cœur se précipitèrent. Laissant son instinct reprendre le dessus, il ferma les yeux et déposa sur les lèvres de Neptune un baiser des plus doux. Le souffle coupé, il recula soudainement. Jamais il n'avait embrassé deux fois la même fille. Il s'en retourna à la fenêtre, un poing serré appuyé contre un mur, et garda le silence. Songeur, il scrutait le ruban qu'il tenait en main.
Un vent léger caressa ses mèches blondes et il ferma les yeux, levant le nez pour s'enivrer de cet élément qui lui rafraîchirait très certainement les idées. Un léger froissement de drap attira son attention et il glissa un regard lointain vers le lit où se tenait la Princesse désormais assise.
– Que... que faites-vous ici ?

À suivre.


Je tiens à remercier ceux qui m'ont encouragée à continuer cette histoire grâce aux reviews où aux logiciels de discussion instantanée.

À ceux qui ont laissé des reviews ;

Sailor Ocean : Tu as été la première à m'envoyer un commentaire. J'espère que ce second chapitre te plaira autant que le premier. Je passe régulièrement sur "Women in Love", c'est un très beau site que tu as fait là.
jade-MEST : Muchas gracias para tu comentario. No pensaba que una chilena leería la modesta ficción de una francesa. ¡Soy feliz! Espero que este segundo capítulo te gustará.
Rukashin : Tu demandais une update, la voici :)