10/06/19.

Bonsoir à tous! Oui, je suis toujours en vie! Incroyable n'est-ce pas? Moi aussi, j'avais quelques doutes, surtout en constatant les dates de MAJ sur mes fictions... Je dois admettre que j'avais un peu oublié l'écriture de La Valse Narnienne... Et j'en suis vraiment désolée...

En revanche, une auteur que j'aime bien sur le site m'a mise une grande claque à ce sujet, en m'annonçant qu'elle me lisait, et que je traînais la patte... Puis en montrant qu'elle avait peur que j'abandonne mes histoires. Mais non! Je n'abandonne jamais rien, j'oublie juste que c'est là! Donc! J'arrête de raconter ma vie... Et je vais retourner écrire tout de suite.

Merci à LiliHufflepuff, Liaux et Hachi Osaki, ainsi que tous les Guest pour vos commentaires, et les nombreux fous qui suivent cette histoire ça me fait chaud au cœur vous savez? J'ai l'impression que ça vous plait, et ça me fait plaisir, parce que je me dis que je ne raconte pas que des bêtises. Bref, je vous laisse avec le chapitre 4 et vous souhaite une bonne lecture, en espérant que ça vous plaise!

4 Meet me on the battlefield

« Sa majesté est-elle heureuse de me séquestrer dans son univers ? » demanda la voix pourtant si douce qu'on aurait eut du mal à comprendre les horreurs proférées.

Edmund se réveilla en sursaut, le cœur battant à tout rompre dans sa cage thoracique. Les genoux replié sous ses draps de soie, le roi se sentait malaisé, le cœur lourd, l'esprit torturé, il était perdu. Passant une main dans sa chevelure désordonnée par le sommeil, il se remémora son cauchemar.

Il ignorait encore pourquoi, mais sa douce Angèle s'était retrouvée face à lui, dans les geôles du palais, pieds et mains liés au mur par des chaines rouillées. Sa tenue de bal était froissée, déchirée, les manches souillées par a moisissures des lieux, et la crasse. Et sa chevelure emmêlée, poussiéreuse, pleine de brindilles. Ses yeux eux-mêmes, le transperçaient par la douleur qu'ils émettaient.

Mais c'était la voix de la princesse d'Archenland qui avait franchit les lèvres de sa bien-aimée. Le choc avait été tel qu'Edmund s'était réveillé en sursaut. Pourquoi lui faire voir de telles horreurs ? Aslan voulait-il le dégouter d'avoir osé en aimer une autre malgré les plans de son frère ainé, et Grand Roi ?

Le Juste l'ignorait. Mais après quelques ablutions à l'eau claire, et après avoir reçu la visite d'un serviteur lui apportant des vêtements et un petit déjeuner frugal, le roi quitta ses appartements pour rejoindre l'écurie, ou l'attendait son frère, le roi Rupert, et les ministres et amis masculins qui les accompagneraient dans cette chasse au cerf.

oOoOoOo

Le soleil déposa ses rayons gracieux sur la chevelure d'or d'Agnèle. Malgré la situation assez particulière de la veille, et le fait qu'elle s'était couchée en colère, elle ne pouvait nier avoir bien dormi. Les draps de soie sur sa peau étaient doux et tièdes, très agréable. De même, le grand lit à baldaquin dans lequel elle se trouvait était sculpté d'ornement, et la tête de lit, elle, avait une forme de lion. C'était beau. Riche et beau.

Mais ça ne suffirait pas à endormir sa nature vengeresse.

Enfilant plusieurs robes de lins et de coton brodés, avec de larges manches échancrées, la demoiselle demanda aux servantes de la coiffer d'une simple tresse perlée, et, lorsque ces dernières quittèrent ses appartements, ressortir l'anneau qui pendait dans son bustier. La pierre était dorée au soleil, du moins cette fois-ci. La petite princesse le contempla d'un air mélancolique, et ses prunelles émeraudes brillèrent d'un éclat triste et douloureux.

Peut-être pouvait-elle se rendre infernale au point que les Narniens paieraient sa famille pour qu'ils la reprennent ? Non… Cet espoir était inutile, elle le savait. Un contrat de mariage entre deux créatures royales n'avait pour fin que si l'un des deux partis tuait l'autre, ou trahissait la famille royale d'accueil. Trahir les Pevensie, c'était prendre le risque qu'ils anéantissent son pays. Et tuer le Juste… C'était la même chose, avec en plus, du sang direct sur ses mains, et une conscience brisée.

Elle ne pouvait pas faire ça.

Fourbe, elle était bel et bien prise aux pièges. Mais soit, elle s'en tiendrait au plan initial, devenir la pire épouse au monde.

Tout d'abord, rejoindre les deux reines dans un boudoir public, et les ennuyer à mourir pendant leur séance de broderie. Dés que ces demoiselles n'en pourront plus, elles l'emmèneront dans la cour, pour apprendre à tirer. Là, il lui suffirait de prétendre à un coup de chaud pour s'échapper, et directement se rendre dans la forêt derrière la colline, où chassaient les hommes, pour les rendre fous et gâcher leur partie de chasse.

Agnèle n'était pas certaine de la réussite de ce plan. Qui plus est, il était fort plausible que son père ne comprenne rapidement ses manigances… Mais elle n'avait aucune autre idée fonctionnelle pour l'instant.

Ayant retrouvé son courage à travers cette introspection des plus étranges, la petite princesse quitta les appartements fournis pour ses fiançailles, et suivit les domestiques jusqu'au boudoir des reines d'un pas mesuré. Elle avait rangé dans son bustier l'alliance que lui avait offerte Edward, un gage de leur amour, quand bien même ce dernier fut interdit.

Sur place, elle salua ses deux futures belles sœurs d'une inclinaison de la tête et d'un sourire, avant que chacune ne prenne place dans le petit salon. C'était une pièce circulaire, recouverte de teinture représentant des tisserandes et des personnes de la basse noblesse, ainsi que quelques créatures enchanteresses. Certainement des naïades.

Il y avait des canapés confortables, mais aussi des banquettes simples, et un triclinium, avec au centre, une petite table de bois, sur laquelle reposait le matériel de couture dans une cassette de bois gravée de cuivre. Cette dernière semblait impeccable, tant et si bien qu'Agnèle se demanda si elle avait déjà servi avant son arrivée.

« Dites-moi, Agnèle… » Commença Susan, avant de se reprendre « Je peux vous appeler Agnèle ? » La princesse hocha la tête avec un regard très doux à son adresse. « Bien. Donc, je me demandais, n'êtes vous pas trop en colère de voir ce mariage de convenance ? Les rumeurs disent que vous aviez toujours refusé toutes vos demandes. Pourquoi céder à celle-ci ? »

« Parce que votre frère menaçait de raser mon pays avec son armée si je disais non. » Simple, clair, concis. Susan ne tenta plus de dire un seul mot après cette réponse, et Lucie se chargea de faire la conversation.

La petite reine parlait des créatures narniennes qui vivaient sous leur règne, des naïades, de son ami Tumnus, qui avait quitté Cair Paravel pour visiter les villes alentours, de Calormen… Le tout, ponctué par ses petits cris chaque fois qu'elle se piquait le doigt avec une aiguille. Agnèle était embêtée. Si elle avait vu les difficultés des deux à suivre la broderie – en particulier les motifs qu'elle avait choisie de faire : un cerisier en fleur – les deux reines semblaient vouloir s'accrocher à cette activité.

Jusqu'à ce qu'au bout d'une heure à écouter Lucie, Susan se lève, et déclare ne plus y arriver. Elle expliqua que ses doigts étaient trop douloureux à présent pour continuer, mais qu'elle serait ravie de les attendre au camp d'entrainement.

La vaillante se leva à son tour, et ses petits yeux noisette percutèrent la princesse, cherchant à la faire céder. Non pas qu'Agnèle refuse cette invitation, puisque c'était justement ce qu'elle voulait, mais il ne fallait pas non plus qu'elle paraisse enjouée à l'idée de manier les armes. Ainsi, l'Archenlandaise fit traîner sa réponse, semblant peser le pour et le contre, avant de reposer son cerclage sur la table basse, et se lever elle aussi.

Mais la princesse ne comptait pas non plus s'attarder avec leurs arcs et poignards. Bien qu'elle ait appris quelque peu à tirer avec ses valets lorsqu'elle fut plus jeunes, elle ne s'intéressait vraiment pas à l'art de la guerre. Non. Et puis, elle avait un atout que peu, très peu d'archenlandais, possédait. Elle descendait d'une des rares familles magiques du Royaume. Oh ce n'était pas grand-chose, aussi, elle savait que le don qui la rendait si joyeuse pouvait parfois sauter plusieurs générations, mais sa tante, la princesse de vertu et sœur de la reine, lui avait expliquer que sa propre grand-mère en avait hérité elle aussi.

Ainsi donc, à peine une demi-heure après avoir entamé le lancer de poignard en compagnie de la plus jeune des reines, et sous le regard de leur aînée, Agnèle prétexta une fatigue lourde, et un léger malaise. Ce qui mit fin à la session d'apprentissage royale.

On lui proposa de la raccompagner, mais elle assura que cela n'était pas nécessaire, et après avoir salué ses futures belles sœurs d'une révérence distinguée, elle suivit ses propres domestiques. Deux femmes aux allures modestes, qui dévoilaient cependant des oreilles légèrement pointues. Pour autant, alors qu'elles arrivaient prés des portes du château, elles bifurquèrent vers la vallée, et partirent en direction du Guet de Beruna.

« Votre Majesté, ne pensez-vous pas que c'est dangereux ? » Tenta la première, à la chevelure brune tressée.

« Contesterais-tu mon plan, Asilys ? » Rétorqua la princesse, alors qu'elles se cachaient désormais entre deux arbres.

« Non, bien sûr que non Majesté… Mais une chasse ? N'est-ce pas prendre de gros risques ? »

« Vous pourriez vous faire tirer dessus ! » Ajouta la seconde.

« Thoumet, Asilys, je ne crains rien. Jamais personne n'a put perturber ma course, ni les loups, ni les ogres. Ne l'oubliez point, je suis… »

« La nymphe dorée de votre génération… Nous le savons madame, mais si votre père le roi l'ignore, il est fort probable qu'il parle ensuite de ceci lors du banquet de ce soir… Et si votre mère l'apprenait ? » Reprirent-elles en chœur.

« Ma mère ne sait pas pour ce don, seuls les serviteurs de mon arrière-grand-mère, et ma tante sont au courant. Ceux qui ne le possède pas ont toujours été épargnés de sa connaissance, et ce n'est que par un concours de circonstances que la Princesse Cassandre l'a su. »

La tirade de la princesse fut suffisante pour faire taire ses deux suivantes, qui baissèrent la tête, penaudes et craintives. Se dévêtant derrière les arbres, Agnèle revint vers elles, nue, avec pour seule couverture, sa longue chevelure blonde dénouée.

« Allons mes chères amies, je ne crains rien, je vous l'assure. » Elle s'étira, avant de confier ses biens aux deux femmes, qui se chargèrent de plier les robes, et ranger les bijoux dans une sacoche. « Je ne ferais que narguer nos valeureux chasseurs avec ma présence, et je reviendrais saine et sauve, je vous le promets. » Acheva-t-elle de sa voix tendre.

Elle inclina légèrement la tête, avant de s'écarter de ses servantes, et joindre ses mains sur son cœur. Le vent souffla à travers les branches des feuillus qui l'avaient couverte lorsqu'elle s'était dévêtue, et un rayon solaire traversa ces dernières pour venir s'échouer sur le pelage doré qui avait remplacé sa peau. Alors, la biche d'or tapota le sol délicatement de ses sabots, avant de prendre la fuite devant ses deux gardiennes.

Enhardie par la vitesse, et cette sensation de liberté qui la possédait chaque fois qu'elle prenait cette forme, la princesse fila à travers les bois. À travers les époques, les récits Archenlandais parlaient d'une créature unique traversant le ciel, les mers et les forêts, dont l'éclat d'or était similaire au soleil. La reine Constance avait pris l'apparence d'une chouette effraie durant ses jeunes années, aux plumes chatoyantes d'or sous l'astre lunaire.

Mais Agnèle ne comptait pas juste batifoler entre les arbres. Non. Elle avait pour idée de ruiner la partie de chasse des hommes qui avaient ruiné son futur. Il lui suffirait de se montrer pour attiser leur envie d'un nouveau trophée, et disparaître à chaque fois qu'ils banderaient leurs arcs.

Et c'est d'ailleurs ce qui se passa les vingt premières minutes de cet étrange jeu dangereux. Agnèle se montrait, sa fourrure d'or chatoyante au soleil, elle grignotait quelques brins d'herbe sucré, et disparaissait dés que les chevaux et leurs cavaliers royaux s'approchaient. Les chiens de chasse étaient eux aussi à la traîne, et c'était un pur ravissement que de voir tous ces hommes lui courir après et la manquer à chaque tir de flèche.

La princesse ne savait pas vraiment où elle se rendait, juste qu'elle suivait la rivière, et galopait à la vue des hommes. Son royal père avait sonné le clairon à plusieurs reprises, mais jamais personne n'arrivait à la toucher. Elle avait même entendu la rage du Grand Roi et de sa monture, affirmant à qui voulait l'entendre, qu'il se ferait une joie d'accrocher sa tête dans la salle du trône.

Non. Agnèle ne comptait certainement pas se transformer en vulgaire tapisserie. Il était simplement hors de questions que ces idiots s'amusent à courser le cerf après avoir décidé de la forcer à rentrer dans leurs idées de mariages sous prétexte de protéger leurs royaumes respectifs. Le roi Rupert avait promis qu'elle pourrait épouser l'homme qu'elle aurait choisi, et il était revenu sur sa promesse. Alors certes, c'était pour le bien de son peuple, mais elle ne pouvait pas laisser passer ça.

Les promesses étaient des serments sacrés, comme les vœux d'un mariage, justement.

Mais peut-être que la demoiselle aurait dût faire plus attention. Peut-être qu'elle aurait dû mieux tendre l'oreille, plus se fier aux courants tièdes du vent, ou encore aux chants des oiseaux, qui s'étaient soudainement arrêtés. Et alors qu'elle s'apprêtait à franchir le lit de la rivière d'un bond, ses yeux émeraudes s'écarquillèrent d'horreur.

Incapable de faire demi-tour, et en plein élan, la biche d'or percuta un obstacle. Un son aigu trancha l'air, et sa respiration se coupa une seconde, avant que tout redevienne normal, puis, ses sabots retrouvèrent enfin le sol de l'autre côté de l'eau, mais ces derniers manquèrent de la lâcher sous son propre poids. L'animal tangua soudainement, avant de se retourner pour lancer un regard noir à l'obstacle qu'il avait percuté.

Un jeune homme se tenait l'épaule avec difficulté, et avait la lèvre inférieure en sang. Il portait une large chemise de velours bleue nuit par-dessus un pantalon de coton brun, et avait les armoiries royales dans son dos ainsi qu'une couronne d'argent, puisque celle-ci était désormais dans les herbes qui l'entouraient. Celui qui était roi releva alors la tête pour croiser le regard effarouché de l'animal qu'ils s'évertuaient tous à chasser depuis un long moment.

Le temps sembla s'arrêter.

L'espace d'une seconde, qui pourtant sembla durer des heures, Agnèle se surprit à trouver ce roi étrangement beau et doux dans sa façon d'être. Il se relevait lentement, sans faire de gestes brusques, la fixant toujours de ses yeux tristes. Le Juste était-il insatisfait d'avoir touché l'animal qu'il coursait ? Ou bien sa tristesse venait-elle d'ailleurs ? La princesse aurait put se questionner des heures sur les origines de cette peine au fond des yeux de celui qui était devenu son ennemi principal…

Mais le carreau qui était planté dans son flanc, et faisait couler son sang l'en dissuada. L'adrénaline commençait à redescendre, et avec elle, la sensation de liberté et d'invincibilité. La douleur marqua alors les traits de l'animal, qui disparu dans les bois sous les yeux perplexe d'Edmund Pevensie.

Jamais de sa vie, et ce depuis qu'il était arrivé à Narnia, il n'avait vu de biche réagir ainsi. L'air outré qu'elle avait eu sur le museau l'avait laissé pantois, mais ce pelage doré, soudainement souillé par le sang qui s'écoulait de la blessure qu'il avait lui-même faite, l'avait rendu mal. Comme si l'une des promesses qu'il avait faites, venait d'être balayée par cette partie de chasse. Il ignora ce sentiment, lui aussi blessé par le saut de l'animal qui l'avait percuté, sabot en avant.

oOoOoOo

« Stupide fils d'Adam ingrat et idiot ! » La voix se faisait douloureuse.

« Majesté, cessée de bouger, je vais vous faire plus mal que nécessaire… » Supplia la voix d'Asilys.

« Je me fiche d'avoir mal, je veux juste qu'il paie ! Depuis quand les rois attendent comme de vulgaires paysans au bord de la rivière avec une arbalète pendant que les autres sont à cheval à l'autre bout ? C'est quoi cette stratégie ? » La servante soupira, avant de tirer d'un coup sec, le carreau qui était enfoncé dans la hanche de la princesse, qui se tenait à la branche d'un pommier.

Les deux servantes se regardèrent, secouant la tête face aux injures que pouvait parfois crier Agnèle sous le coup de la fureur.

« Majesté… Nous allons bander cette plaie, mais vous devrez faire attention à vous, et ne plus vous faire remarquer quelques temps… » La sermonna Thoumet d'une voix qui se voulait légèrement maternelle. Avec un peu d'espoir, la blondinette finirait par se calmer et accepter son triste sort…

« Hors de question que je reste sur une victoire de sa part. C'était un coup bas ! Mais vous allez voir, je vais lui faire regretter cette blessure… Oh oui ! » Elle voulu poursuivre son discours, mais la douleur la fit taire.

Non vraiment, ces fiançailles commençaient très mal…

Alors? Vous en pensez quoi après tout ce temps à attendre? ça vous a plu?