Chapitre 1 : Une nuit d'été

La nuit était tombée depuis un bon moment déjà. Les grillons chantaient, quelques chouettes hululaient et une brise fraîche sifflotait. Rien ne pouvait interrompre cette mélodie d'un soir d'été. C'était calme et reposant.

Seul, un jeune homme en profitait.

Son nom était Naruto Uzumaki et, positionné sur le visage de pierre de l'Hokage quatrième du nom, il écoutait cette musique en observant son village d'un air attendri et protecteur.

Konoha était sa maison et il ferait tout pour la protéger. D'ailleurs, il avait enfin réussi à s'y faire accepter et on l'appelait aujourd'hui le héros de Konoha.

Mais... À quel prix ? Méritait-il vraiment ce titre ? Avait-il vraiment réussi tous ses objectifs ? Face à ces questions, son sourire s'éteignit.

Était-il finalement arrivé à faire revenir Sasuke ? Le jeune homme soupira. Il pouvait comprendre le besoin de l'Uchiwa d'expier ses fautes. Mais ne pouvait-il pas le faire à Konoha, auprès d'eux ? Pourtant, Naruto savait qu'il était idiot de penser ça. Il avait compris que ce n'était pas que par envie mais aussi par obligation que son ami n'était pas revenu. Il fallait que ce dernier se fasse oublier encore quelques temps car même si Sasuke avait participé activement à la victoire de la guerre, il avait commis beaucoup de fautes. Beaucoup trop pour se faire accepter gentiment par Konoha.

Il leva la tête, observant les étoiles.

En réalité, l'Uchiwa n'était pas sa seule préoccupation. Sans cesse, le blond repensait à cette Quatrième Grande Guerre.

Cela avait été éprouvant autant pour le corps que pour la tête mais l'Alliance ninja avait finalement gagné. Pourtant, il n'y avait eu aucune réjouissance, aucun sourire, pour fêter cette victoire. Le prix à payer avait été trop fort. Tant de pertes à pleurer, tant de familles à consoler, trop d'orphelins à qui expliquer la vérité…

S'il avait pu agir avant…

Le jeune homme secoua la tête. Non, c'était vraiment pas une bonne idée de se mettre ce genre de trucs dans la tête. Les choses s'étaient passées comme ça et il ne pourrait plus jamais revenir en arrière.

Un point, c'est tout.

Naruto décida alors qu'il était temps pour lui de rentrer dormir. En plus, il avait une mission demain.

Une fois devant chez lui, il poussa lentement la porte. Celle-ci grinça légèrement mais s'ouvrit et Naruto rentra puis la claqua à sa suite. Il regarda autour de lui.

Pas un bruit. Pas une lumière chaleureuse.

L'appartement était plongé dans une obscurité pesante accompagnée d'un silence assourdissant.

Le héros de Konoha ressentit un poids lourd dans son cœur mais, comme habitué, il baissa simplement la tête. Machinalement, il retira ses chaussures, les jeta sur le pas de la porte sans se soucier du désordre et s'installa à table pour manger des ramens instantanées.

À la première bouchée de nouilles, il grimaça. Celles d'Ichiraku étaient meilleures mais il n'avait pas le choix. À cette heure-ci, son restaurant préféré était sûrement fermé. Alors il continua de manger, toujours silencieux. Et une question lui vint.

Est-ce que sa mère, Kushina, savait faire les ramens maison ? Est-ce que, si elle avait été encore vivante, elle lui en aurait cuisiné ? Est-ce qu'ils auraient été meilleurs que ceux d'Ichiraku ? Il sourit légèrement. Peut-être pas mais dans tout les cas, il aurait préféré les ramens de sa mère que celles du cuisinier.

D'ailleurs, il s'imaginait parfaitement son quotidien.

Il serait rentré aussi tard qu'aujourd'hui, mais à la différence du silence et de l'obscurité, la chaleur mais aussi les cris l'auraient accueilli. Les cris de sa mère, bien-sûr, lui reprochant son arrivée trop tardive. Il aurait enlevé ses chaussures mais les aurait soigneusement rangées dans un coin à l'entrée, craignant plus de remontrances. Il serait arrivé dans la pièce, sa mère, hystérique et son père, Minato, essayant en vain de la calmer. Et il y aurait cette bonne odeur… Hmm… Naruto en avait l'eau à la bouche. Une fois Kushina apaisée, ils auraient mangé joyeusement les ramens qu'elle avait préparé en se racontant leur journée. Le soir, il se serait couché, heureux.

Heureux d'avoir une famille et un foyer.

Il prit une autre bouchée de nouilles et grimaça à nouveau. Beurk, elles étaient froides maintenant.

Brusque retour à la réalité. Brusque retour du silence.

Et le poids dans sa poitrine s'agrandit.

Ce qu'il n'aurait pas donné pour que ses parents soient là, avec lui... Il soupira et sortit de table. Son paquet à la poubelle, il se changea pour se mettre en pyjama et se mit au lit.

Il tourna la tête vers sa fenêtre et observa la lune. Ce soir, l'astre brillait de mille feux.

En fait, cette couleur lui faisait penser à deux iris, ceux d'Hinata Hyûga. Enfin, en réalité, ils n'étaient pas totalement blancs comme ceux de l'astre. On pouvait distinguer, avec un peu d'attention, une couleur lavande captivante teinter le blanc pur. Naruto, quand il l'avait remarquée pour la première fois, s'était fait la réflexion qu'il n'avait jamais vu d'yeux aussi beaux. Le héros de Konoha sourit légèrement. Oh oui, il avait eu le temps d'observer ces prunelles car, ces derniers temps, il passait beaucoup de moments avec elle. Le héros de Konoha appréciait de plus en plus la jeune femme et il avait hâte de la voir quand elle sera rentrée de sa mission.

D'ailleurs, Naruto avait aussi constaté que l'Hyûga, depuis la dernière grande guerre, avait pris confiance en elle et ne passait plus son temps à bégayer ou s'évanouir bien qu'elle restait étrangement tendue par moment avec lui. C'était vraiment une bonne amie, l'une de ses plus proches. Il pouvait compter sur elle et inversement. Et en se remémorant, il sourit.

C'est vrai qu'elle lui avait démontré son amitié et son courage par bien des manières en le sauvant face à Pain, Madara, Obito, ou encore Jûbi. Le jeune ninja sentit des frissons lui monter le long de l'échine. Cette créature cauchemardesque avait failli le tuer. Et elle aurait réussi si Neji n'avait pas été là. À sa mort, il avait été si dévasté, en voyant son ami éteint à ses côtés ou les cadavres jonchant le sol, qu'il avait failli abandonner... Encore une fois, failli était le bon terme, grâce à Hinata. Il ria légèrement.

La claque qu'elle lui avait mise ce jour-là, il s'en souvenait encore.

Elle n'était pas violente,

mais ferme et affirmée.

Sa main était douce,

mais son regard, lui, restait dur.

Ce n'était plus Hinata, la jeune fille timide et réservée, qu'il avait en face de lui mais la Princesse au Byakûgan, l'aînée du clan Hyûga.

Et pendant un instant, il avait été captivé par cette aura de confiance et de détermination qui émanait d'elle.

La jeune femme lui avait remis les idées en place et Kurama n'avait pas été en reste non plus, ça c'est clair. Ils lui avaient redonné courage et espoir. S'ils n'avaient pas été là tous les deux, que serait devenu l'Alliance et le Monde entier ? Hinata l'avait encore sauvé et il lui en était à jamais redevable.

Il aurait dû allé la voir bien avant, quand ils étaient jeunes, mais sa timidité extrême avec lui avait tendance à le mettre mal à l'aise. Il ne comprenait pas vraiment ce qu'il avait fait pour la mettre dans cet état. Alors que Sakura lui criait dessus, qu'Ino se moquait de lui, que les autres filles l'ignorait et que toutes, étaient raides dingues de Sasuke, Hinata, elle, rougissait dès que lui, Naruto, lui parlait et s'évanouissait dès que lui, Naruto, s'approchait.

Il en avait conclu qu'elle était bizarre. Sympa mais bizarre.

Mais maintenant qu'il avait appris à la connaître, à voir ses yeux s'étinceler de bonheur, son sourire s'agrandir, ses joues se teinter de rouge et entendre son rire si particulier, il regrettait de ne pas être allé au delà de cette impression. À présent, il ne savait pas pourquoi mais dès qu'il l'entendait glousser à ses bêtises, il avait envie de continuer celles-ci, juste pour qu'elle continue de rire. Et puis il y avait ces moments où ils n'avaient pas réellement besoin de parler, où ils fermaient juste les yeux et profitaient simplement de l'instant avec l'autre. Hinata lui avait offert une quiétude que Naruto n'aurait jamais pensé avoir besoin mais qu'il attendait à présent avec impatience.

Oui, avec son amie, il se sentait calme, apaisé. Naruto, calme et tranquille ? Les autres en auraient sûrement rit.

Le jeune homme sourit tristement. Ce qu'il aurait aimé vivre cela avec Sakura…

Il passait la mission de demain avec elle d'ailleurs. Elle était assez simple, il devait juste accompagner la ninja médecin chercher des ingrédients pour l'hôpital du village. Il soupçonnait Kakashi-sensei de vouloir l'éloigner du village. Tout ça parce qu'à force de "rester enfermé comme un lion en cage, il rendrait le village fou". Il aurait pu jurer avoir vu, à ce moment-là, Shizune s'empêcher de rire.

Quoi qu'il en soit, il allait quand même devoir passer deux jours complets avec Sakura, seuls. À une époque, il aurait adoré et aurait saisi vivement l'opportunité mais aujourd'hui, Naruto avait bien compris qu'entre elle et lui, cela ne serait que pure amitié. La jeune femme restera irrémédiablement amoureuse de Sasuke, il en était à présent persuadé et avait tiré un trait sur tout espoir.

Mais ses sentiments étaient toujours là et maintenant, le fait de passer quelques minutes avec elle était devenu...compliqué.

La voir si près pourtant si loin…

C'était lui qui était avec elle mais c'était Sasuke qui demeurait dans son coeur. Ce n'était pas juste, pour lui. Cette pensée le fatiguait physiquement et moralement. Pourtant, il continuait de sourire car pour rien au monde, Sakura ne devait le voir comme ça. Il la connaissait, elle culpabiliserait.

Naruto soupira et se replia un peu plus sur lui-même. Il était épuisé. Sa famille lui manquait, Sakura aimait Sasuke et il en était là, seul, dans son petit appartement.

Au final, rien n'avait changé.

Il avait pourtant des amis sur qui il pouvait compter, Konoha qui l'avait enfin accepté pleinement et bientôt, d'après ses proches, il deviendrait le septième Hokage, à la place de Kakashi-sensei.

Alors pourquoi ? Pourquoi ressentait-il toujours ce vide ?

La réponse lui vint automatiquement. Il n'avait pas tout ce qu'il souhaitait.

Il ne sortait pas avec Sakura et Sasuke était loin d'eux. Ses parents étaient morts, Jiraya à leur suite, il n'avait donc plus aucune famille.

Le jeune héros refoula une larme. Se le rappeler était devenu un mantra habituel qui le poignardait inévitablement. Et chaque fois le vide dans son cœur s'amplifiait et s'alourdissait.

Il devrait dormir, ça allait aller mieux demain.

Et dès qu'il fut endormi, la larme profita de son inattention pour couler le long de sa joue avec pour seul témoin, l'astre de la nuit.

...

Dans le cœur de Naruto, Kurama, lui, était couché et attendait impatiemment le lendemain. Son hôte était mélancolique ce soir, comme tant d'autres depuis son enfance.

Le Renard avait cru que cela se serait arrêté à présent mais comme quoi, même ce gamin, la personne la plus joyeuse qu'il ait connu à travers les époques, avait ses coups bas. Kurama préférait donc le laisser tranquille et attendre le lendemain que ses amis lui remontent le moral. Bon, il fallait avouer aussi que le Renard n'était pas très à l'aise avec les consolations.

Alors qu'il était dans ses pensées, une voix doucereuse surgit :

-Et bien alors, Naruto, tu es bien triste aujourd'hui...

Qu'est-ce que...

Kurama se redressa lentement. Instinctivement, il se mit en position d'attaque et gronda légèrement. Des pas résonnaient et il n'aimait pas ça, vraiment pas. En plus, le gamin dormait et le connaissant, il ne se réveillerait pas avant un bon moment l'idiot.

-Pauvre Naruto... Il me fait de la peine. commenta la voix, moqueuse. Et toi, Renard, qu'est-ce que tu en penses ?

Les pas s'approchaient petit à petit. Une silhouette apparut dans son champ de vision et Kurama plissa les yeux. Elle lui disait quelque chose mais qui ?

-Tu ne me réponds pas ? La voix ricana. Cet imbécile déteint sur toi, on dirait.

Kurama se crispa. Qui était-il pour insulter le gamin ? Seul lui en avait le droit.

Même si la silhouette avait toujours une partie de son visage caché, Kurama put enfin la distinguer. Cheveux noirs ébènes, une posture droite et froide, et ces pupilles... Les pupilles des Uchiwa.

-Cela faisait longtemps, Kyûbi. dit l'homme avec un sourire narquois.

-Madara... gronda Kurama.

Sans attendre plus longtemps, il lança sa patte mais l'Uchiwa l'esquiva facilement. Un grondement venant d'en haut retentit, Kurama releva la tête et tenta d'esquiver, en vain. Comme lors de son dernier scellement, des barrières rouges lui bloqua le cou, le dos, ses pattes et ses queues. Le Renard était pris au piège. L'homme ricana légèrement puis reprit la parole :

-J'aurai adoré discuter avec toi mais j'ai d'autres affaires plus importantes. Prépare-toi Kyûbi, aujourd'hui est un jour nouveau. Le jour où Naruto Uzumaki, le héros de Konoha, n'est plus.

-NON ! rugit Kurama tentant toujours de se libérer.

Le Renard avait compris ce que ce sale Uchiwa de malheur allait faire. Cela n'avait pourtant servi à rien. Il était trop tard. La dernière chose qu'il vit fut les pupilles rouges de ce clan maudit.