Il était presque deux heures du matin, Lily était assise au milieu des escaliers menant aux dortoirs des filles, ses genoux repliés contre sa poitrine, ses mains nouées autour, et elle fixait le vide en essayant de se convaincre que le match contre Serpentard se passerait bien.
Elle n'arrivait pas à dormir, étouffée par le stress mêlé à une impatience qui l'empêchait de se tenir parfaitement immobile ou de ralentir son rythme cardiaque. Visiblement, Morphée ne voulait pas la laisser tomber dans ses bras cette nuit là.
Ses doigts tapotaient le rythme d'une chanson d'un groupe de rock moldu sur ses tibias, et ses pieds bougeaient de la même manière contre les marches. Elle n'avait pas repensé à la pierre tombale à son effigie depuis deux jours, et elle se serait bien passée de la voir ressurgir dans son esprit à ce moment là.
Elle savait que les serpentards préparaient quelque chose. James aussi. Ils en avaient parlé ensemble après l'entraînement, il l'avait rassurée sur le fait qu'ils avaient l'avantage d'être assez malins pour s'attendre à un coup bas de leur part, et qu'ils étaient donc préparés à toute éventualité. Puis il lui avait assuré qu'il trouverait ce qu'ils mijotaient, mais elle en doutait. Le match avait lieu dans quelques heures, et elle voyait mal comment les choses pouvaient tourner en sa faveur. Elle se raccrochait juste à la confiance qu'elle avait envers ses coéquipiers. Personne ne la laisserait tomber, au sens propre comme au sens figuré. Malgré tout, ses intestins restaient noués.
« Oh, Lily... »
Une voix douce derrière elle la fit sortir de ses pensées, et elle tourna légèrement la tête vers Marlène McKinnon qui referma sa robe de chambre en frissonnant avant de lui faire signe de se pousser un peu pour qu'elle puisse s'asseoir à côté d'elle. Les marches grincèrent sinistrement sous ses pieds, la faisant grimacer.
« Est-ce que tu penses encore au match ? »
La jeune femme rousse se contenta de hocher la tête tout en lui adressant un sourire contrit. Elle n'avait jamais autant appréhendé quoi que ce soit. Même les examens pratiques de métamorphose lui paraissaient être une promenade de santé depuis qu'elle avait découvert le stress du quidditch. Elle n'avait jamais pensé au fait qu'elle pouvait littéralement mourir sur le terrain, mais ce soir là, cette pensée lui colla à la peau, probablement parce qu'elle avait eu le malheur de relire Le quidditch à travers les âges.
« Tu savais qu'au fil des siècles, plusieurs arbitres de quidditch se sont fait tuer par des supporters et des joueurs ?
- Je vais te confisquer ce bouquin, affirma Marlène en arquant un sourcil.
- Oh il y a une bonne quantité de joueurs qui sont morts aussi, mais principalement de chutes ou de collisions. Imagine, je peux peut-être devenir la première à mourir d'un sort en plein match. J'ai toujours voulu entrer dans l'histoire, mais je n'avais pas imaginé que ce serait grâce à mon assassinat, tenta t-elle de blaguer.
- Personne ne va te faire quoi que ce soit, Lily. Les garçons et moi seront là. Et tu sais très bien à quel point Wilkes à peur de moi depuis que j'ai fait rétrécir ses testicules en troisième année. Crois-moi, il va tenir son équipe en place.
- D'après Sinistra Lowe, Mme Pomfresh n'a jamais réussi à leur faire retrouver leur taille normale, gloussa Lily.
- Je sais. Je l'ai entendue dire à Alecto Carrow l'année dernière qu'ils n'étaient pas plus gros que deux pois chiches, sur-enchérit Marlène avant de plaquer hâtivement sa main sur la bouche de Lily quand son éclat de rire résonna dans la salle commune. »
Wilkes était le capitaine de l'équipe de Serpentard. Il était un peu la star de la maison, et il n'y avait rien d'étonnant à cela. Il était sournois, absolument détestable, et aussi beau que perfide. Lily n'avait jamais trop eu affaire à lui, et elle ne le devait probablement qu'à son amitié avec Marlène, mais elle connaissait son animosité envers James, loin du respect qu'un capitaine de quidditch digne de ce nom pourrait avoir envers un autre. Il n'était pas le seul. Bertram Aubrey partageait son avis sur le capitaine de Gryffondor, et c'était d'ailleurs probablement la seule chose sur laquelle ils étaient d'accords.
« Et si Mulciber, Avery, et Rosier n'avaient rien dit à Wilkes ? Et s'ils préparaient quelque chose tous les trois ? James croit que c'est le cas, et...
- Et même si c'est vrai, ils se mangeront un cognard en pleine tête avant d'avoir réussi à faire le moindre geste vers toi, la coupa Marlène en la fixant droit dans les yeux. Est-ce que tu crois sérieusement que je resterais les bras croisés ? Est-ce que tu crois sérieusement que James laisserait quoi que ce soit t'arriver ? »
Elle posa la dernière question en haussant les sourcils et en lui adressant un sourire malin qui fit monter le rouge aux joues de Lily. Elle déplia ses jambes sur les marches et se frotta nerveusement les cuisses avant de replacer une mèche de cheveux roux derrière son oreille.
« Bordel, Lily, est-ce que tu as vu sa tête quand tu as pris la batte de Frank et que tu as envoyé le cognard sur Sirius après qu'il ait balancé cette blague sur le fait de sortir avec ta sœur si tu n'attrapais pas le vif d'or en moins d'une heure ? reprit-elle en ricanant. Je ne crois pas qu'il était au courant que tu sais aussi jouer batteur. Ça l'a clairement perturbé. Sirius a dit qu'il était resté près d'une heure dans la douche après ça. Combien de fois est-ce qu'il s'est touché, à ton avis ?
- Oh tais toi, s'esclaffa Lily en enfonçant son visage dans ses mains.
- Et dire que les autres ne le trouvent pas assez dur avec toi, continua t-elle, espiègle.
- Oh mon dieu, sérieusement, Marly ?
- Quoi ? Je dis juste qu'il était certainement très dur ce soir. »
Lily l'admirait de réussir à afficher une mine aussi innocente quand tout ce qui sortait de sa bouche était l'absolu contraire de la décence. C'était Marlène toute crachée. Un visage angélique, mais un démon à l'intérieur, et c'était tout ce dont Lily avait besoin ce soir là.
« Ce n'est pas comme si je n'avais pas passé un moment sous la douche moi non plus, admit-elle, son regard déviant vers le bas des escaliers pour éviter celui de Marlène.
- Merlin, Lily, pourquoi est-ce que tu ne vas pas le trouver pour lui dire ça ? Ça le détendrait certainement, se moqua la gardienne.
- Je n'en sais rien, répondit-elle aussitôt, les paumes de main tournées vers le plafond. C'est trop compliqué, c'est... C'est James, lâcha t-elle comme si le nom en lui même constituait une explication détaillée.
- Et alors ?!
- Tu es sortie avec lui, lui rappela t-elle en lui jetant un coup d'oeil incertain.
- Histoire ancienne, lui assura Marlène du tac au tac en balayant sa remarque d'un revers de la main.
- Vraiment ? »
La jeune femme blonde détourna les yeux tout en inspirant profondément, puis enfouit sa main dans ses longs cheveux, et finalement, elle lâcha de but en blanc.
« J'ai... Je me suis un peu amusée avec Sirius, ces derniers temps.
- Pardon ? gloussa Lily en la fixant d'un air éberlué.
- Disons que si tu pouvais éviter de passer dans la salle numéro onze quand tu fais tes rondes, cela nous arrangerait largement.
- Je n'y crois pas. Est-ce que tu comptes faire le tour des maraudeurs ? plaisanta t-elle, et Marlène s'empressa de lui flanquer un coup sur la cuisse, lui faisant pousser une exclamation de douleur.
- C'est bas, Evans... Mais prem's sur Lupin ! »
Lily éclata d'un rire si soudain qu'elle manqua de s'étouffer, et Marlène dut lui taper plusieurs fois dans le dos pour l'empêcher de mourir sur les marches en bois, écarlate et hilare. Il n'y eut pendant quelques minutes que leurs rires entrecoupés de silence, et puis Marlène reprit la parole.
« Alors... Tu vas tenter quelque chose ?
- Je ne sais pas, bredouilla Lily. James est... Comment dire ? Je sais qu'il y a quelque chose, mais...
- De toutes évidences, la coupa Marlène en roulant les yeux.
- Mais j'ai la sensation qu'il essaie de me tenir à distance, poursuivit-elle avant de lâcher un soupir.
- Tu veux dire quand il fait ce truc où il te caresse le bras ou les cheveux ? ironisa la jeune femme blonde, et Lily se mordit légèrement la lèvre.
- Je sais, je sais que c'est bizarre, mais je le sens. Comme quand ils ne veulent rien de sérieux, tu vois ce que je veux dire ?
- Je serais surprise qu'il n'ait pas déjà réfléchi à la couleur des fleurs pour votre mariage, le connaissant, plaisanta t-elle, et Lily pouffa.
- Honnêtement, je ne crois pas que ce soit comme ça pour lui.
- Lily...
- Je t'assure, insista t-elle. Ce n'est pas ce qu'il veut.
- Bien. Imaginons que ce soit vrai. Vous pourriez toujours vous envoyer en l'air histoire de dissiper les tensions, proposa t-elle avec un sourire espiègle. »
Lily demeura interdite pendant un instant, les yeux perdus dans le vague, en pleine réflexion. Elle ne savait pas si elle était capable de cela. Avec lui, en tout cas. Elle l'avait fait avec d'autres. Bertram Aubrey et Dirk Cresswell. Séparément. Et cela lui avait convenu, mais James... L'histoire était différente, elle n'avait pas de sens, ni queue, ni tête, et c'était là que se trouvait tout l'attrait. Il la rendait curieuse. Elle voulait le connaître mieux qu'elle ne le connaissait déjà. Elle voulait tout savoir de lui.
« Je ne crois pas que je puisse, lui avoua t-elle avant de poursuivre quand Marlène fronça les sourcils, perplexe. J'en ai envie, clairement, je veux dire, est-ce que tu l'as vu ? Il est... Merlin, Marly, je crois qu'il pourrait me faire faire ce qu'il veut.
- Evans ! s'exclama sa coéquipière de quidditch en prenant un air faussement choquée. Qui aurait cru que tu étais une petite débauch...
- Si tu répètes ça à qui que ce soit, je te tue, s'empressa d'ajouter Lily tout en étouffant son dernier mot dans sa main.
- Tout ce qui se dit dans les escaliers, reste dans les escaliers, jura Marlène en faisant mine de fermer sa bouche et de jeter la clé. »
Lily acquiesça et pencha sa tête juste assez pour pouvoir la laisser reposer contre les barreaux. La fatigue commençait à peser sur ses paupières, et le bâillement de Marlène n'arrangea rien.
« Est-ce que tu penses pouvoir dormir un peu ?
- Je crois que oui, chuchota Lily. Merci. »
Elles échangèrent un sourire complice, puis se levèrent d'un même mouvement et pouffèrent lorsqu'elles se donnèrent un coup de boule au passage. Allongée dans son lit, Lily espérait que leur cohésion serait meilleure après une nuit de sommeil. Quelque part, elle n'en avait aucun doute.
Il était presque treize heures quand Rémus Lupin posa une assiette dans laquelle se trouvait une grosse part de tarte à la tomate devant Lily. Le bruit de vaisselle la tira de ses pensées et son pied arrêta pendant quelques secondes de taper incessamment contre celui du banc sur lequel elle était assise.
« Merci, souffla t-elle en se saisissant nonchalamment de sa fourchette. »
Rémus lui pressa brièvement l'épaule pour toute réponse avant de s'asseoir en face d'elle. A quelques mètres de là, Benjy Fenwick venait d'avaler son troisième dessert, et elle l'enviait de ne pas être aussi nauséeux qu'elle à l'approche du match.
« Si on perd, je veux bien me raser la tête, s'exclama t-il, faisant éclater de rire Howland Coopey et Daisy Hookum qui stoppa sa discussion avec Doris Purkiss pour pouvoir lui répondre.
- J'espère que Potter, Black, et Cooper vont se bouger un peu pour marquer des points alors, parce que j'imagine mal Evans attraper le vif d'or avant que la nuit ne tombe. »
Elle avait prononcé la phrase en chuchotant, mais Lily l'avait entendue, et elle se demanda soudainement si sa tarte ne lui ferait pas plus de bien étalée sur le visage de sa camarade de classe, plutôt que dans son estomac.
« Evans est loin d'être nulle, entendit-elle Benjy Fenwick lui répondre, et Lily ressentit un élan d'amitié envers lui bien qu'ils ne se soient que rarement parlés.
- Ce serait un comble, après tous les entraînements que Potter lui consacre.
- La jalousie ne te va pas, Day, se moqua Howland. »
Cela eut l'air de particulièrement la contrarier. Elle leva les yeux au ciel, et Lily put lire un « N'importe quoi. » sur ses lèvres avant qu'elle ne pivote dans l'autre sens, ne lui montrant plus que son dos. Daisy l'exaspérait depuis leur toute première année, et le sentiment était réciproque. Les choses n'étaient pas allées en s'améliorant avec l'âge, et Lily supposait qu'elles étaient différentes sur beaucoup trop de points fondamentaux pour parvenir à s'entendre un jour.
Toutefois, ce n'était pas tant une histoire de divergences d'opinion que de jalousie, du moins c'était ce que Marlène et Mary avaient toujours pensé. Et visiblement c'était aussi l'avis de Howland Coopey, l'un de ses meilleurs amis.
Lily comprenait l'hypothèse parce qu'elle pouvait aisément voir le problème. Eparpillées au milieu de leurs nombreuses différences se cachaient des similitudes troublantes. Deux filles de moldus rousses dans la même maison, une année seulement les séparant, toutes les deux douées avec la magie, toutes les deux entichées de Bertram Aubrey à un moment de leur scolarité, toutes les deux préfètes, toutes les deux régulièrement conviées au Club de Slughorn, toutes les deux en compétition pour le même poste dans l'équipe de quidditch quelques semaines plus tôt...
Et c'était elle qui l'avait remporté. C'était aussi elle qui avait les meilleures notes. Elle était sortie avec Bertram Aubrey avant Daisy. Elle était celle dont les gens se souvenaient du nom, et rien dans tout cela ne la rendait fière. C'était même plutôt l'inverse. Toutefois, l'attitude de Daisy l'empêchait de se sentir désolée pour elle.
Ils n'avaient fait qu'une brève réunion avec les nouveaux préfets dans le Poudlard Express à la rentrée, et pas une seule fois elle n'avait daigné l'écouter. Elle s'était adressée à James pour toutes ses questions, agissant délibérément comme si Lily n'existait pas, au point de parler par dessus sa voix dès qu'elle en avait eu l'occasion.
Et c'était tellement plus que cela, des centaines de petites choses, mises à la suite les unes des autres, qui l'empêchaient d'éprouver de la compassion envers elle. Ses regards quand elles se croisaient dans les couloirs, et son gloussement mêlé à celui de Doris Purkiss juste après. Le fait même qu'elle change de place quand elle se trouvait trop proche d'elle au déjeuner ou au dîner tout en lui jetant un coup d'oeil dégoûté. La bassesse dont elle avait fait preuve l'année précédente en lisant à voix haute devant plusieurs élèves de son année une lettre de Pétunia que Lily avait oublié dans la salle commune, révélant les causes de son mal-être le plus profond. Les bruits de couloir s'étaient occupés de mettre les autres au courant. Elle en avait été malade pendant des mois, et elle en subissait encore les conséquences au travers des moqueries des serpentards.
La liste aurait pu s'étendre sur une dizaine de parchemins, mais pour résumer, Daisy Hookum était la seule personne dans ce château qui réussissait à ébranler sa confiance en elle. C'était aussi simple pour elle que de souffler sur un château de cartes, et elle semblait toujours mettre un point d'honneur à se trouver là où celui de Lily se dressait.
« Ça va aller. »
Le murmure, audible pour personne d'autre que pour elle, lui fit tourner rapidement la tête vers James qui s'installait à côté d'elle. Elle sentit sa main dans son dos, une faible pression, et un frisson descendit le long de sa colonne vertébrale. Ses yeux verts se braquèrent aussitôt sur sa part de tarte à la tomate qu'elle avait machinalement ruinée avec sa fourchette, et son pied se remit à taper frénétiquement contre le banc.
Un projectile la toucha en pleine tête, et son regard trouva celui de Marlène McKinnon, suggestif. Elle était fière de son coup. Lily récupéra le morceau de toast qui vola de nouveau en travers de la table. Malheureusement, Marlène avait des réflexes, et elle se baissa juste au moment où le professeur Slughorn passait derrière elle. Le projectile lui toucha la main, et quand il pivota pour trouver le coupable, Lily maudit Sirius Black de pointer son doigt droit dans sa direction.
« Espèce de balance, chuchota t-elle en lui jetant un coup d'oeil mauvais.
- Miss Evans ? Est-ce que ce toast est à vous ? l'interrogea Slughorn en faisant léviter l'objet du délit jusqu'à elle.
- Oui, je suis navrée professeur. Il m'a échappé des mains, s'excusa t-elle en esquissant une moue en direction de Marlène.
- Oh oh ! J'espère qu'il en sera de même pour le vif d'or, ma chère Lily, plaisanta t-il, et elle se mit tant à pâlir qu'il se sentit obligé de rajouter quelque chose. Oh non, ne faites pas cette tête, ce n'était qu'une stupide boutade. Je suis sûr que vous serez très bien là haut. Même si j'espère pour ma maison que vous ne serez pas trop bien. »
Son rire n'était pas très naturel, et finalement, il grimaça et poursuivit son chemin vers la table des professeurs alors que Lily sentait une acidité familière tapisser sa langue. Elle allait vomir. Elle repoussa son assiette de quelques centimètres en fronçant le nez, et adressa un doigt d'honneur à Sirius lorsqu'elle croisa son regard. Il était le petit frère énervant qu'elle n'avait jamais eu et qu'elle n'aurait échangé contre personne d'autre, même s'il pouvait parfois se montrer si pénible qu'elle n'excluait pas d'essayer de commettre le crime parfait sur lui un jour.
Elle le vit ouvrir la bouche, et elle était certaine qu'il allait émettre une hypothèse douteuse sur la raison pour laquelle Slughorn ne lui avait pas donné de retenue, mais finalement, quelque chose attira son attention à l'entrée de la Grande Salle et il demeura muet. James suivit son regard, et quand Lily sentit une main s'appuyer sur son épaule, elle se retourna. Mary était debout derrière elle, elle s'apprêtait à s'asseoir à sa droite, mais la même chose qui avait attirée l'oeil de Sirius lui fit marquer une pause.
« Qu'est-ce qu'ils trafiquent ? chuchota t-elle tout en s'asseyant lentement. »
Mulciber, Avery, Rosier, Rogue, et Alecto Carrow étaient debout près de la porte, en train de discuter activement en jetant des coups d'oeil rapides vers la table des gryffondors, et rien dans ce tableau ne rassura Lily. Severus avait l'air particulièrement contrarié, ses gestes étaient sans équivoque, et à la façon dont il parlait à ses comparses, elle devina qu'il n'était pas d'accord avec ce qu'il se passait. Après quelques secondes, la tension sembla retomber entre eux, et ce fut presque pire parce qu'à l'issu d'un bref flottement, ils semblèrent parvenir à une sorte d'accord. Rogue hocha la tête, et ils se dispersèrent.
« Est-ce que vous croyez qu'ils sont partis ensorceler les balais ? Ou les balles ? demanda Peter, curieux.
- Impossible, répondit aussitôt James. J'ai sécurisé la réserve. Et j'ai prévu de vérifier tout avant le début du match, donc même s'ils essayent, ce sera un échec. »
Elle se sentait malade. Elle prit une profonde inspiration et but une longue gorgée d'eau tout en essayant de penser à autre chose, et ses yeux croisèrent de nouveau ceux de Sirius. C'était comme s'il avait immédiatement compris qu'elle avait besoin d'une distraction, et en un instant, il la lui servit sur un plateau d'argent.
« Si tu attrapes le vif d'or en plus d'une heure et demie, j'ai le droit d'écrire à ta sœur, la provoqua t-il en lui tendant la main comme s'il attendait qu'elle la lui serre.
- Je vais te tuer. »
Elle les abandonna juste avant le match pour faire un crochet vers les toilettes et vomir la tarte à la tomate qu'elle avait fini par avaler en sachant pertinemment que ce n'était pas une bonne idée et qui lui avait pesé sur l'estomac depuis, et elle se passa un peu d'eau sur le visage tout en essayant de se servir un discours qui boosterait son ego. Sans grand succès.
Elle soupira, traversa les toilettes, et laissa échapper un grognement quand elle poussa la porte pour sortir, qu'elle ne s'ouvrit pas, et qu'elle manqua de se cogner dedans. Elle essaya plusieurs fois, actionna la poignée, et finit par sortir sa baguette parce qu'aux grands maux, les grands remèdes, mais aucun de ses sorts ne produisit l'effet escompté. Elle appela, mais elle réalisa bien rapidement que les tribunes avaient déjà commencé à se remplir une demie-heure auparavant et que personne ne passerait par là avant la fin du match.
Les pièces d'un puzzle dont elle avait peur de voir l'image d'ensemble commencèrent à s'assembler dans sa tête. Elle tapa plusieurs coups contre la porte dans un mélange de rage et de panique, et finalement, elle entendit des pas, puis une voix qu'elle reconnut aussitôt.
« On a eu la prévenance de te laisser un balai, Evans. Il paraît que ça sert à faire le ménage chez les moldus, alors tu vas jouer ton propre petit match de sang-de-bourbe là dedans, d'accord ? susurra Avery à travers la porte.
- Dès que je sors de là, tu es mort.
- Des menaces ?
- Tu auras d'autres préoccupations d'ici là, crois-moi, s'amusa une autre voix, celle d'Alecto Carrow.
- Qu'est-ce que...
- Allez hop Evans, au travail, et que ça brille ! la coupa Avery, et leurs gloussements s'éloignèrent jusqu'à ce qu'elle ne capte une dernière phrase : Rogue a toujours de bonnes idées. »
Ce fut le coup de grâce, et elle eut beau se déchaîner sur la porte et crier à pleins poumons, personne ne lui vint en aide, alors elle finit par se laissa glisser contre la porte des toilettes en se maudissant de ne pas avoir laissé Mary l'accompagner. Elle savait qu'elle était déjà probablement installée dans les tribunes avec les autres élèves de leur maison et qu'elle ne s'inquiéterait pas de ne pas la voir parce qu'elle était supposée être déjà dans les vestiaires.
Elle n'imaginait même pas à quel point James devait la maudire à cet instant. Elle était en retard à son premier match. Elle allait rater son premier match. Le match contre Serpentard. Presque le seul match qu'il ne fallait absolument pas perdre. Dans le meilleur des cas, ils auraient la présence d'esprit de la remplacer au pied levé. Dans le pire des cas, elle allait les faire perdre par forfait. Elle allait tout gâcher, et elle savait à quel point il tenait à cette coupe. Tout à coup, elle se trouva encore plus malade que quelques minutes plus tôt, et elle eut à peine le temps de se précipiter dans la même cabine que précédemment avant que la bile ne remonte dans sa gorge.
« Est-ce que quelqu'un a vu Lily ? demanda James, debout au milieu des vestiaires des garçons à côté de Marlène qui semblait aussi inquiète que lui. »
Ses coéquipiers répondirent tous par la négative, et il se précipita à l'extérieur, cherchant Peter et Rémus des yeux dans les tribunes tout en jetant de rapides coups d'oeil vers sa montre. Il avait pensé à toutes les éventualités sur le terrain. Toutes. Il s'était préparé à devoir être focalisé d'avantage sur elle que sur le souafle, mais il n'avait pas envisagé une seule seconde qu'elle ne serait pas là, et pour une fois, pour la première fois, il était stressé avant un match.
« Potter, le coup d'envoi sera donné dans trois minutes, on attend vos joueurs sur le terrain, déclara le professeur McGonagall.
- Nous ne sommes pas au complet, professeur, répondit-il entendant clairement l'anxiété dans sa propre voix.
- Arrangez-vous, Potter, mais il est hors de question que vous déclariez forfait contre Serpentard.
- Mais... ses protestations moururent dans sa bouche alors que la responsable de sa maison disparaissait dans les tribunes bondées.
- Lily ne se sentait pas bien, elle est probablement restée à l'infirmerie, lui confia Marlène en apparaissant à côté de lui, et il songea qu'elle n'avait pas l'air d'y croire elle-même.
- Elle nous aurait prévenu. Elle aurait dit quelque chose. »
Il parvint à repérer les garçons dans les tribunes, et il leur fit signe de descendre, ses yeux jonglant entre sa montre et l'entrée du terrain de quidditch, comme s'il espérait la voir apparaître à tout moment.
« Lily n'est pas là, et McGonagall n'a rien voulu entendre, annonça t-il à Peter et Rémus lorsqu'ils arrivèrent à sa hauteur.
- Elle n'avait vraiment pas l'air en forme ce midi, on peut vérifier à l'infirmerie, lui proposa Rémus au moment où l'arbitre sifflait.
- Vérifiez tout. Prenez la carte sous mon lit. Trouvez là, s'empressa t-il de leur dire avant de réfléchir à toute allure.
- Qu'est-ce qu'on fait ? lui demanda Sirius qui venait d'apparaître à côté de lui.
- On ne peut pas jouer sans elle.
- On ne peut pas jouer sans attrapeur, corrigea Frank Londubat en les rejoignant, balai à la main.
- Il en est hors de question, répliqua James en sachant pertinemment ce que son batteur suggérait.
- Si elle n'arrive pas, je doute que nous ayons le choix. Ça ne me fait pas plaisir non plus, Potter. »
Il savait qu'il avait raison, mais l'idée même de ne pas jouer ce premier match avec Lily le rendait malade. Ils s'étaient entraînés pour ça, et malgré son stress évident, il savait à quel point elle était impatiente de faire ses preuves, de montrer qu'elle était dans l'équipe pour une raison, et pas pour celle qui avait été clamée haut et fort par Daisy.
Il jeta un nouveau coup d'oeil à sa montre et laissa échapper un juron, se tournant nerveusement de tous les côtés en espérant la voir arriver en courant. Toutefois, la seule personne dont il croisa le regard fut l'arbitre qui lui fit signe de se mettre en place. Celui de Frank pesait maintenant une tonne sur lui, et il savait qu'il n'avait plus le choix.
Il n'avait plus le temps d'hésiter, et encore moins le temps de réfléchir. Il parcourut de nouveau la tribune Gryffondor des yeux à la recherche d'une tête, n'importe laquelle qui ferait l'affaire à l'exception de Dave Goujon, et lorsqu'il la trouva, il enfourcha son balai jusqu'à arriver à sa hauteur, l'estomac noué.
Peut-être qu'il aurait dû comprendre que le fait qu'il se sente aussi mal était le signe clair que cette idée n'était pas la meilleure qu'il ait eu dans sa vie, mais à ce moment là, c'était la seule.
« Hookum ? Est-ce que tu peux être prête en moins de deux minutes ? »
Merci Fortamorette pour ta review absolument adorable 3 J'espère que je continuerai à te faire venir par ici et à te faire aimer les Jily :)
