Au milieu du terrain de quidditch, James tourna la tête pour observer Ludo Verpey à quelques mètres de là. Il était en train de donner des indications à ses joueurs sur leurs placements pendant le match, et, comme à son habitude, il ne pouvait s'empêcher d'accompagner ses paroles par la gestuelle qui allait avec. Agatha Timms avait entièrement raison, ce garçon était profondément idiot.

« Visiblement, ils vont tenter la feinte de Porskoff, commenta Buckley Cooper qui était en train d'étirer ses jambes juste à côté de lui.

- Quel imbécile, je n'y crois pas, déclara Sirius, hilare.

- Hé, ne vous réjouissez pas trop vite, les gars. Il pourrait essayer de nous tromper, intervint Frank juste après avoir adressé un signe de main à Alice qui était déjà installée dans les tribunes.

- Je suis d'accord avec Frank, pointa James en se penchant pour récupérer sa bouteille d'eau. Verpey n'est certainement pas la torche la plus lumineuse de Poudlard, mais restons quand même sur nos gardes. »

Il avait été trop confiant l'année précédente avant son match contre Serdaigle, et c'est probablement ce qui les avait amené à perdre. Il ne voulait pas prendre de risque cette fois-ci, même s'il y avait de fortes chances pour que Ludo soit réellement en train de trahir son jeu.

« Cooper, je sais que tu sors avec Gladys Goujon, mais je ne veux aucune pitié sur le terrain, reprit James sur un ton qui ne laissait pas de place à l'argumentation.

- Aucun risque, répondit aussitôt son joueur. J'ai parié avec elle qu'ils perdraient en moins d'une heure, je n'ai pas le temps de lui faire de cadeau.

- Qu'est-ce que vous avez parié ? demanda Marlène qui venait d'apparaître, Lily sur ses talons.

- Tu ne veux pas le savoir, McKinnon, répondit Buckley en esquissant un sourire, et Sirius s'esclaffa à côté de lui.

- Benjy ? appela James, et le garçon aux cheveux blonds qui était en train de lacer ses chaussures à quelques mètres de là trottina vers lui. Il est impératif que Frank et toi ne laissiez pas une seconde de répit à Chittock. Si elle voit une ouverture, elle va nous manger, ok ?

- Ok, répondit simplement le jeune homme avec détermination en trottinant sur place.

- Marlène, je ne veux pas te voir statique une seule seconde, et ça vaut pour toi aussi Lily, ajouta t-il en se tournant vers ses deux coéquipières. »

Elles acquiescèrent d'un même mouvement, et il s'efforça de ne pas trop fixer Lily dont les mains venaient de se refermer sur ses cheveux roux pour resserrer sa queue de cheval. Elle n'avait pas l'air aussi stressée qu'il l'avait imaginé avant qu'ils n'arrivent sur le terrain. L'impatience de Benjy semblait déteindre sur elle, et c'était une bonne chose.

Il reporta son attention sur Sirius, posant ses mains sur ses épaules pour capter son regard, ce qui était loin d'être une mince affaire avec Marlène dans les parages.

« Écoute moi. Si le match se déroule comme je l'espère, on va pouvoir s'amuser un peu, ok ? lui dit-il avec un sourire espiègle plaqué sur le visage.

- Est-ce que ça veut dire ce que je crois que ça veut dire ? s'enquit son meilleur ami en lui rendant son sourire.

- Celui qui réussit la meilleure figure fait les devoirs de l'autre pendant une semaine, trancha James avant de retirer ses mains de ses épaules juste pour lui ébouriffer les cheveux.

- Tu sais à quel point j'adore être en vacances avant l'heure, répliqua t-il sur un ton hautain.

- Ça restera juste un fantasme, mon vieux.

- En parlant de fantasme, commença narquoisement Sirius avant de se tourner vers les filles. Pas trop stressée pour ton premier match, Evans ?

- Pressée, corrigea t-elle en esquissant un léger sourire.

- Vraiment ? J'aurais parié tout mon coffre fort que tu serais en train de vomir tes tripes sur le bord du terrain à cette heure-ci.

- Je suis trop contente d'être ici plutôt que devant une foutue cuvette, déclara t-elle en faisant allusion au malheureux incident du précédent match.

- J'imagine. En tout cas, sache que je suis un peu ému que tu fasses cette première fois avec nous, poursuivit-il sur un ton beaucoup trop innocent pour que James ne relève pas le sous-entendu. »

Il soupira et lui donna un coup de poing sur l'épaule, ignorant son exclamation outrée, puis il se tourna vers Lily en lui jetant un regard d'excuse auquel elle répondit par un hochement de tête amusé.

« Je pourrais difficilement rêver mieux, Black, répliqua t-elle avant de taper dans sa main lorsqu'il la lui tendit en pouffant. »

Ils continuèrent de s'étirer pendant un moment, jusqu'à ce que les tribunes ne soient complètement remplies, et que le professeur Dumbledore ne s'installe entre le professeur McGonagall et le professeur Slughorn. Là, seulement, l'arbitre se planta au milieu du terrain et siffla pour indiquer aux deux équipes qu'il ne leur restait plus que quelques minutes pour se préparer.

« James, l'appela Lily en trottinant vers lui alors qu'il était parti poser sa bouteille sur un banc près des tribunes.

- Oui ?

- Tu ne m'as rien dit, à part de rester mobile, et...

- Miriam Strout ne t'arrive pas à la cheville, la coupa t-il. Ça va être un jeu d'enfant pour toi.

- Aucune exigence particulière, alors ? »

Elle avait presque l'air déçue. Il fronça les sourcils, prêt à lui répondre lorsque l'arbitre siffla une nouvelle fois. Il referma aussitôt la bouche et posa sa main sur son épaule en la guidant au centre du terrain où les attendait déjà tous les autres. Il la quitta pour aller serrer la main de Verpey, et une minute plus tard, ils étaient tous en l'air.

Il était accro à l'adrénaline des matchs. Le vent froid de février ne pouvait rien y faire. Même voir Chittock attraper le souafle en première n'entacha pas son optimisme. Marlène arrêta le premier tir sans aucune difficulté, et le souafle passa de ses mains à celles de Buckley, puis aux siennes, et enfin à celles de Sirius qui marqua le premier but du match, faisant rugir la tribune rouge et or.

Les poufsouffles n'étaient pas des méchants. Ils étaient d'ailleurs la seule équipe que James ne craignait pas physiquement. Ils ne cherchaient pas le contact, ils évitaient les fautes le plus possible, tout restait respectueux, et trop, beaucoup trop facile à son goût.

Ludo marqua plusieurs buts par la suite, et comme prévu, ils tentèrent la feinte de Porskoff plusieurs fois. Sans succès. Les gryffondors étaient préparés, plus entraînés, et James avait besoin de se retrouver après le désastre du match contre les serpentards. Il marqua un but absolument magistral alors qu'un poursuiveur adverse tentait de faire une passe à Ludo. Il se retourna de sorte à faire le poirier sur son balai pour pouvoir donner un coup de pied dans le souafle lorsqu'il passa au dessus de lui, coupant la trajectoire de la passe.

Le gardien resta médusé pendant une seconde, donnant le temps à James d'adresser un regard arrogant vers Sirius. Il allait définitivement apprécier une semaine sans aucun devoir. Il s'autorisa quelques coups d'oeil vers Lily tout au long du match, appréciant plus que de raison de la voir partager le terrain avec lui, mais ce fut au moment où Sirius exécuta une figure qui vola la vedette à la sienne qu'il prêta pour la première fois attention au commentateur.

« Une Fourberie de Finbourgh ! A Poudlard ! Black vient de monter la barre d'un cran, et le score est à présent de quatre-vingt à cent quatre-vingt . Est-ce que je... Oh ! Evans vient de se prendre un mauvais cognard. Smith n'y va pas de main morte à la batte ! »

James tourna immédiatement la tête de tous les côtés, la cherchant activement des yeux, jusqu'à ce qu'il ne la repère enfin, quelques mètres au dessus de leurs propres buts. Elle avait visiblement mal à l'épaule, mais elle continuait de voler alors que Frank venait de renvoyer le cognard vers Chittock.

Marlène se rapprocha d'elle, et il devina qu'elle lui demandait si elle allait bien. Le hochement de tête de Lily le rassura considérablement, et il recommença à voler vers les buts adverses dès qu'il vit Buckley passer devant lui à toute vitesse. Après une suite de passes avec Sirius, ils marquèrent un nouveau but. James profita du repli en défense pour s'arrêter brièvement à côté de Frank.

« Assure toi qu'ils ne touchent plus Lily une seule fois, lui glissa t-il sur un ton sec qu'il ne maîtrisa pas avant de poursuivre son chemin sans attendre la moindre réponse de la part de son coéquipier. »

Il n'en avait pas besoin. Frank était scolaire quand il s'agissait du quidditch, beaucoup plus que quand il s'agissait des cours, bizarrement. James avait rarement besoin de lui dire quoi que ce soit deux fois, et il savait que le jeune homme mobiliserait toute son attention sur cet ordre en particulier.

« Glenda Chittock se met debout sur son balai... Elle tire ! Et McKinnon arrête le but ! s'exclama le commentateur, et James s'empressa de retourner se placer. Et c'est une roulade du paresseux pour Buckley Cooper qui évite un nouveau cognard lancé dans sa direction. Les batteurs de Poufsouffle sont en forme, on dirait, mais l'équipe de Potter ne se laisse pas faire ! »

Sirius manqua un but par la suite, et Ludo Verpey en profita, offrant dix points de plus à son équipe. Cela n'impressionna pas le moins du monde les gryffondors qui reprirent rapidement l'ascendant, James et Buckley enchaînant plusieurs belles actions, protégés par Frank et Benjy alors que Sirius préparait le retrait en défense et que Lily scannait le terrain à la recherche de la petite balle dorée.

A chaque but, les supporters s'agitaient, et le fracas de leurs pieds contre les tribunes en bois semblaient vibrer dans la poitrine de James qui n'était jamais autant dans son élément que lorsqu'il se trouvait à vingt mètres au dessus du sol et qu'une foule l'acclamait. C'était sans aucun doute son côté égocentrique qui parlait, mais il aimait que les autres élèves le voient comme le leader de Gryffondor, même s'il ne se considérait lui même pas comme tel.

Il y avait quelque chose dans le fait de sentir l'espoir reposer sur lui pendant les matchs de quidditch qui le faisait se sentir si important qu'il en avait perdu la tête lorsqu'il était plus jeune et qu'il n'était pourtant pas encore capitaine. C'était à la fois une grosse pression, et une énorme fierté. Le plus souvent, il penchait vers la deuxième option.

Il n'avait cependant jamais cessé de tout faire pour mettre ses coéquipiers en avant. Il n'était rien sans eux, il l'avait rapidement compris. Il aurait voulu que tout le monde en vienne à cette même conclusion, mais comme Rémus le lui avait une fois sagement expliqué, ce n'était pas le genre de chose qu'il pouvait décider à la place des gens, et s'ils voulaient le placer en leader, ils le feraient, qu'il soit d'accord avec cela ou non. Il l'était. Plus ou moins.

« On dirait qu'Evans a repéré le vif d'or ! s'égosilla le commentateur. »

En tournant la tête, James la vit foncer vers les tribunes Est, Miriam Strout à sa poursuite. Il s'efforça de continuer à voler vers les buts adverses, et Buckley marqua une nouvelle fois. Les poufsouffles semblaient démunis. Aucune de leur technique de défense n'arrêtait les gryffondors, et James n'était pas peu fier de son équipe.

« Evans se rapproche... Miriam Strout la suit de près... Evans attrape le vif d'or en toute simplicité et offre la victoire à son équipe en cinquante minutes tout pile ! »

James s'arrêta net, souafle sous le bras, et vola jusqu'à l'extrémité Est du terrain où Marlène, Frank, et Lily étaient déjà en train de s'étreindre en plein vol. Son éclat de rire après quelques mots que Marlène prononça dans son oreille et qu'il ne put entendre lui provoqua une drôle de sensation au creux du ventre. Merlin, il aurait pu l'embrasser. Il se contenta d'une (trop) brève accolade dès qu'il arriva à sa hauteur, et il disparut rapidement pour aller serrer la main de Ludo Verpey qui l'attendait en bas, bon joueur.

« Bien joué, Potter. Belle cohésion d'équipe, le complimenta t-il en lui serrant la main.

- Merci Ludo. C'était un plaisir de jouer contre vous, répondit James. Est-ce qu'il est utile de te préciser que je serai de votre côté en mai, quand vous affronterez Serpentard ?

- Non, je le sais ne t'en fais pas, ricana Ludo en lui donnant une petite tape sur l'épaule avant de rejoindre ses coéquipiers. »

La tribune rouge et or rugissait encore, et les élèves s'étaient précipités sur le terrain, si bien que James dut chercher des yeux ses camarades pendant plusieurs minutes avant de finalement les retrouver devant les vestiaires des garçons. Il leur fit signe d'entrer et il s'engagea derrière eux avant de fermer rapidement la porte.

Ils célébrèrent la victoire pendant quelques minutes, se félicitant mutuellement et se remémorant les plus belles actions avant que les filles ne se retranchent dans leurs vestiaires, mais il ne manqua pas les longs étirements de Lily. Visiblement, son épaule était encore un peu douloureuse, même si elle n'en dit rien.

« Je crois que tu vas devoir faire face à une surcharge de travail cette semaine, pointa Sirius avec un sourire narquois. Ma figure était époustouflante.

- Je ne sais pas, intervint Benjy. Celle de James était vraiment incroyable.

- Reste en dehors de ça Fenwick, veux-tu ? ajouta Sirius, visiblement ennuyé, et un sourire amusé s'étala sur le visage du capitaine.

- Tu as été meilleur, vieux. Je prends tes devoirs, conclut-il. »

Il lui envoya sa chaussette sale en pleine tête, et il jura que tout le château put entendre le cri surhumain que son meilleur ami poussa à ce moment là, faisant éclater de rire les trois autres garçons.

« Evans a bien joué, remarqua Buckley, elle progresse vite.

- Elle a un professeur particulièrement dévoué, plaisanta Sirius, esquivant la deuxième chaussette de James.

- Oh, fit le poursuiveur. Lily et toi, vous...

- Non, le coupa James. Tu sais comment est Sirius. Au fait, tu as gagné ton pari, finalement. On a plié le match en cinquante minutes.

- Gladys n'avait pas l'air si déçue de perdre, intervint Frank, amusé.

- Elle est cool. Par contre, c'est dur que tu doives te coltiner un beau-frère comme Dave, ajouta Benjy, et Sirius éclata d'un rire franc alors que Buckley grimaçait.

- Tu ne peux pas imaginer à quel point j'étais soulagé qu'il ne passe pas les sélections, dit-il. Merci pour ça, Potter.

- Aucun problème, Cooper.

- Il n'a pas été pris juste parce qu'il a reluqué Lily et que ça n'a pas plu au capitaine, révéla Sirius, et cette fois, ce fut le sac entier de James qui vola dans sa direction.

- Il passait les essais pour le poste d'attrapeur et elle était meilleure que lui, réfuta t-il bien qu'il sache pertinemment qu'il ne l'aurait jamais recruté pour la raison que son meilleur ami venait d'évoquer.

- Bien sûr qu'elle l'était, admit(il avant de poursuivre. Il n'empêche qu'avant même de l'avoir vu décoller du sol, tu savais que tu ne le prendrais pas.

- Est-ce que je dois te jeter un sortilège de mutisme ?

- Oh, alors c'est vrai ? Tu en pinces toujours pour Evans ? s'enquit Frank, s'interrompant alors qu'il rangeait ses chaussures sales dans son sac.

- Tu es loin du compte, Franky, poursuivit Sirius, espiègle. Si ça peut t'aider à comprendre, je le suspecte de l'aimer plus que moi, et ça me brise le cœur de l'admettre. »

James ne répondit pas à la question, il se contenta de fondre sur son meilleur ami et de le jeter sous la première douche qu'il parvint à atteindre, jouissant intérieurement de le voir hurler sous le jet d'eau froide qui plaqua ses cheveux noirs sur son visage, formant un drôle de rideau devant ses yeux. Une lutte acharnée s'ensuivit, mêlée à des éclats de rire, et lorsqu'ils quittèrent enfin les vestiaires, la totalité du carrelage était inondée.

« Tout le monde sait qu'Evans t'aime bien. Tu devrais tenter le coup, lui dit Frank alors qu'ils remontaient vers la Salle commune.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, vieux, lui répondit James, les yeux rivés sur l'extrémité du couloir menant aux escaliers principaux.

- Pourquoi pas ? C'est une chouette fille.

- Crois moi, je le sais, soupira James avant de marquer un temps de pause. J'ai entendu dire que tu allais habiter avec Alice après les vacances d'été, reprit-il pour changer de sujet.

- On aimerait bien. Si nous trouvons tous les deux un travail rapidement, on devrait pouvoir emménager ensemble d'ici Noël prochain, et ce ne serait pas un mal. Je n'en peux plus d'avoir ma mère sur le dos, souffla t-il en grimaçant, faisant rire James.

- Elle est si terrible ?

- Tu n'as même pas idée, répondit le jeune homme. »

Quelques minutes plus tard, ils pénétrèrent dans leur Salle commune et James ne fut pas surpris de constater que la petite fête prévue après chaque match n'était pas aussi survoltée qu'elle l'avait été lorsqu'ils avaient gagné contre Serpentard, et qu'elle ne le serait lorsqu'ils gagneraient contre Serdaigle. Si seulement ils gagnaient contre Serdaigle.

La musique était présente, mais pas assourdissante, probablement parce que Sirius n'était pas encore arrivé, et les élèves étaient disséminés en petits groupes, riants et discutants du match, et leur bonne humeur enveloppa James comme une grosse couverture en laine. Quelques applaudissements les accueillirent, Frank et lui, et ils saluèrent solennellement leur public avant de se joindre à eux lorsque Buckley, Benjy, et Sirius débarquèrent quelques secondes plus tard.

Lily, vêtue d'un simple haut à bretelles, était déjà assise près de la cheminée entre les jambes de Marlène qui était en train de lui masser l'épaule et le dos tout en discutant avec Rémus, Peter, et Mary, tous les trois confortablement installés sur le canapé rouge. James abandonna son sac devant les escaliers, fit un brève crochet vers le buffet de confiseries qui avait été installé là par des quatrième année dont il salua l'initiative, puis les rejoignit.

Il s'échoua sur le fauteuil le plus proche de la cheminée en poussant un long soupir d'aise. Ses membres étaient encore engourdis par le froid extérieur et les efforts fournis, alors la chaleur des flammes était une véritable bénédiction.

« Je te le dis, Marlène, souffla Lily, il est plus collant qu'un canapé en cuir en été.

- De qui est-ce qu'on parle ? demanda t-il alors que la jeune femme blonde riait à la comparaison de sa meilleure amie.

- Dave Goujon, lui répondit Mary, le regard espiègle. Il a proposé à Lily qu'ils se voient pendant les vacances de février. »

Un sentiment désagréable germa au creux du ventre de James qui se redressa légèrement, posant les yeux sur la jeune femme rousse sans toutefois oser formuler la question qui le démangeait. Il se détendit légèrement lorsqu'il se souvint de la phrase peu flatteuse qu'elle avait lâché à son propos quelques secondes auparavant.

« Ce n'est pas qu'il n'est pas gentil, continua Lily l'air de rien, mais je ne veux pas qu'il s'imagine quoi que ce soit.

- Comme si ce n'était pas déjà le cas, se moqua Marlène dont les mains s'attardaient sur l'épaule droite de Lily.

- Ça me rappelle la fois où il s'est précipité pour être ton partenaire de potions quand Mary était malade, intervint Rémus, amusé par la situation.

- J'ai pourtant l'impression d'être toujours très claire avec lui, mais je ne veux pas non plus être méchante, bredouilla Lily. Qu'est-ce que je fais mal ?

- Absolument rien, répondit James. Goujon est un sale type, c'est tout. »

Il réalisa quand les cinq paires d'yeux se braquèrent sur lui qu'il n'y était peut-être pas allé de main morte, et il déglutit avant de fourrer une plume en sucre dans sa bouche.

« Est-ce que tu sais quelque chose qu'on ne sait pas ? lui demanda Marlène, haussant les sourcils. »

Rémus et Peter s'enfoncèrent un peu plus dans le canapé, et James remercia Merlin que Sirius ne soit pas dans les parages.

« Est-ce que quelqu'un a vu Sirius ? demanda t-il finalement, et juste comme cela, ils se tournèrent tous vers le côté opposé de la pièce, oubliant momentanément le véritable sujet de la discussion.

- Là bas, avec Alice et Frank, répondit Mary en pointant l'index vers le buffet autour duquel ils étaient tous les trois en train de discuter.

- Ca me fait penser que je meurs de faim, déclara Marlène en se dégageant de derrière Lily pour se lever.

- Hé, protesta la jeune femme rousse. Mme Pomfresh a dit qu'il fallait masser pendant une demie-heure ! »

Marlène lui lança un curieux regard que James ne sut pas interpréter, accompagné d'un sourire malin avant de disparaître derrière un groupe de cinquième année.

« Tu es passée à l'infirmerie alors ? s'enquit James.

- Oui, juste après ma douche. C'est juste un mauvais coup qui pourrait tourner en horrible hématome si je n'applique correctement cette foutue lotion. Est-ce que l'un de vous est plus doué que Mary avec ses mains ? demanda t-elle en jetant un rapide regard entre les trois garçons.

- Ça me blesse un peu, mais je sais que je risquerais de te lustrer l'autre épaule, admit la jeune femme brune, faisant pouffer Peter qui secoua la tête de droite à gauche avec un entrain qui découragea aussitôt Lily de faire appel à lui.

- James lisait des tas de manuels sur la détente musculaire pendant un moment, pointa Rémus. »

C'était curieux et fascinant comme James pouvait à la fois avoir envie de l'étouffer dans les coussins du canapé et de l'embrasser à pleine bouche pour avoir émis une telle suggestion.

« Est-ce qu'il n'y avait que des images ou est-ce que tu as vraiment appris à lire ? se moqua Lily. »

Il haussa les sourcils sans retenir le rire sarcastique qui lui échappa juste avant qu'il ne s'extirpe de son fauteuil pour aller occuper l'exacte même place que Marlène quelques secondes plus tôt. Le regard de Lily le suivit jusqu'à ce qu'il ne soit installé derrière elle, et il n'avait aucune idée de la façon dont il devait l'interpréter, mais il jura y avoir vu du soulagement.

« Ma mère m'a surtout montré comment gérer les douleurs d'après match, expliqua t-il. Où est-ce que tu as mal exactement ? »

Elle posa sa main sur sa nuque avant de descendre sur son épaule et sur une grande partie du côté droit de son dos. Il était déterminé à rester focalisé sur sa mission principale, mais c'était compliqué quand cette mission principale consistait à faire précisément ce qu'il se retenait constamment de faire, à savoir, la toucher.

« Oh, au fait Lily, Daisy Hookum était dévastée que tu aies été plus rapide qu'elle à attraper le vif d'or, je l'ai entendu en parler avec Doris Purkiss, reprit Peter alors que James frottait rapidement ses mains sur ses cuisses pour les réchauffer avant de les poser sur elle.

- Je sais, pointa t-elle. Bertram et elle étaient devant la salle commune tout à l'heure. Ils m'ont félicitée. Bizarrement, elle n'y a pas mis autant de cœur que lui.

- Enfin, Bertram t'a félicitée, et elle avait l'air d'avoir envie de l'étriper pour ça, appuya Mary. »

Le visage de Lily était tourné vers leurs trois amis, si bien que quand elle ouvrit la bouche pour répondre à Mary, James eut une vue parfaite de son profil, et il la vit nettement la refermer aussitôt qu'il posa ses mains sur elles, comme si la phrase qu'elle s'apprêtait à prononcer s'était volatilisée de son esprit. Il réprima un sourire, mais ce fut plus compliqué lorsqu'une espèce de courant électrique passa directement de sa peau à la sienne quand elle bafouilla et que sa voix sembla résonner sous ses doigts.

« C'était un beau match, commenta Rémus en piochant dans un tas de chocogrenouilles posé sur la table basse. Est-ce que Sirius a gagné un pari avec toi ? Il a l'air trop content pour que ce ne soit que l'euphorie de la victoire.

- C'est peut-être aussi parce que Marlène est collée à lui, lui fit remarquer Mary.

- Clairement, affirma James qui était trop occupé à encaisser la façon dont Lily se détendait contre lui pour jeter un coup d'oeil de l'autre côté de la pièce. Mais on a aussi parié que celui qui ferait la figure la moins spectaculaire devrait faire les devoirs de l'autre toute la semaine.

- Et tu as perdu ? s'indigna Mary. Avec le truc que tu as fait ?

- C'était serré, répondit-il en haussant les épaules.

- Est-ce que ton ego s'en remet ? le taquina Lily, et quand il exerça une pression avec ses deux pouces en haut de son omoplate, elle ravala son rire.

- Je vais descendre. Prends une profonde inspiration et relâche doucement, lui dit-il alors que ses doigts traçaient une ligne invisible dans son dos.

- Merlin, laissa t-elle échapper dans un murmure, et le ton de sa voix à ce moment là le rendit fébrile. »

Elle avait fait exprès de ne pas le retenir. Il le vit au subtil sourire qu'elle laissa filtrer. Il avait du mal à continuer à garder sa ligne de conduite, et c'était comme si elle le savait, comme si elle faisait tout en son pouvoir pour le faire dévier ne serait-ce qu'un peu, et c'était comme être en cinquième année à nouveau. A l'exception près que les rôles étaient inversés. Et qu'elle n'était pas stupide, contrairement à lui à l'époque. Et aussi qu'il n'était pas indifférent, contrairement à elle à l'époque.

Rémus, Mary, et Peter étaient toujours en train de débattre sur le match et sur qui de lui ou de Sirius avait fait la meilleure figure, et alors que ses paumes de mains remontaient le long de ses épaules, James se demanda si l'attirer contre lui serait si terrible. Il suffisait juste qu'il exerce une petite pression et il était certain qu'elle se laisserait tomber contre son torse.

« Tu ne nous as toujours pas dit ce que tu as contre Dave, maintenant que j'y pense, lui fit-elle remarquer à voix basse.

- Je n'aime pas comment il te regarde. »

Les mots étaient sortis sans qu'il n'ait pu les arrêter, et il grimaça dans son dos, ses mains se stoppant sur sa nuque pendant un court instant avant de reprendre leur chemin. Il la sentit se tendre légèrement, et alors qu'elle ouvrait la bouche pour répondre, Sirius surgit de nulle part et la coupa dans son élan.

« J'ai tellement de commentaires à faire là dessus que je ne sais pas lequel choisir, chantonna t-il en faisant des petits cercles avec son index dans leur direction.

- Aucun, peut-être ? proposa Lily en lui adressant un sourire sarcastique.

- Comme tu voudras Evans, lui concéda t-il un peu trop facilement au goût de James qui le connaissait assez bien pour savoir que c'était louche. Passons au sujet suivant. Comment s'est passée cette première fois avec nous ? »

Évidemment.

Il ne pouvait pas être soudainement devenu un modèle de discipline, de réflexion, et de maturité. James doutait d'ailleurs que son meilleur ami connaisse la définition des trois mots. Toutefois, il dut admettre que la remarque lui arracha un sourire amusé.

« Mieux que celle avec Bertram, c'est certain, plaisanta t-elle du tac-au-tac, provoquant un gloussement incontrôlé dans son dos, et un rire tonitruant du côté de Sirius. »

L'entendre descendre en flèche l'un de ses ex petits-amis était probablement l'une de ses choses préférées sur terre, et quand Sirius frappa dans la main de Lily en lui déclamant son amour totalement platonique mais non moins existant, James songea que cette journée n'aurait pas pu mieux se terminer.