« Stop ! s'écria James, et tous ses coéquipiers, à l'exception de Sirius, s'échouèrent dans l'herbe en poussant des soupirs d'épuisement. Oh non, relevez-vous, ce n'est pas terminé, c'est seulement une pause d'une minute, ajouta t-il rapidement, et les protestations ne lui firent ni chaud, ni froid.
- Je n'en peux plus.
- Est-ce que j'ai l'air de m'en soucier, Benjy ?
- Peut-être qu'on devrait remonter sur nos balais, notre coordination sera meilleure maintenant, je t'assure James, tenta Frank.
- Le problème n'était pas tant la coordination que la cohésion et la concentration, Franky. Tout le monde doit pouvoir compter sur tout le monde. Si Benjy et toi ne savez pas constamment où chaque joueur se trouve, vous pouvez blesser quelqu'un, lui expliqua t-il avant de se tourner vers Marlène et de poursuivre. En ce qui te concerne, si tu ne regardes pas qui défend, et qui reste en attaque entre Buckley, Sirius, et moi, tu ne peux pas savoir comment protéger les buts. Quant à nous, reprit-il en pivotant vers les deux poursuiveurs, si nous ne communiquons pas, autant garder le souafle sous le bras et tenter de marquer en solo, mais c'est la technique de Serpentard et vous avez pu constater à quel point elle est mauvaise. Pour ce qui est de Lily, ajouta t-il sans toutefois lui faire face, si elle ne garde pas un décompte précis des points en tête, elle n'aura aucune idée de ce qu'elle doit faire entre attraper le vif d'or ou empêcher l'adversaire de l'attraper. Tout est une question d'attention, de solidarité, de précision, et d'observation.
- Alors pourquoi est-ce qu'on fait des pompes et des tours de terrain depuis une heure ? gémit Benjy.
- Parce que vous serez certainement plus attentifs à ce que je dis maintenant que vous savez que je peux vous faire souffrir comme ça, répondit-il avec un sourire en coin.
- Je suis presque sûre qu'on te déteste tous, là, est-ce que ce n'est pas une preuve de cohésion d'équipe ? lui fit remarquer Marlène avec une pointe d'humour, le visage écarlate et le souffle saccadé.
- Pas moi, pointa Sirius en prenant un air supérieur, lui faisant lever les yeux au ciel.
- Parce que tu es un lèche-c...
- On y retourne ! la coupa James en frappant dans ses mains. Dix tours de terrain. Je ne veux voir personne s'arrêter avant la fin, sinon c'est un de plus pour tout le monde. »
Marlène et Sirius recommencèrent à courir en se chamaillant, et les autres s'élancèrent derrière eux malgré une mauvaise humeur évidente. James les suivait en queue de peloton, là où il pouvait le mieux les surveiller. Il était probablement le seul à ne pas avoir trop de mal à suivre son propre entraînement. Il savait qu'il était dur, mais le match contre Serdaigle avait lieu à la fin du mois et il ne voulait pas mettre quoi que ce soit de côté.
Et puis il ne voyait pas tellement ce qu'il y avait de désagréable à courir autour du terrain de quidditch lors d'une belle matinée ensoleillée. Les gradins projetaient juste assez d'ombre pour qu'ils puissent se cacher du soleil s'il tapait trop, mais pas assez pour les en dissimuler s'ils souhaitaient en profiter. C'était le temps parfait.
« Je n'arrive pas à croire qu'on soit en mai et que tu n'arrives toujours pas à pointer mes défauts en t'adressant directement à moi.
- Économise ta salive, Lily, dix tours c'est long, et à la façon dont Marlène et toi vous êtes écrasées sur le sol tout à l'heure, je dirais que tu en as besoin, lui conseilla t-il alors qu'elle avait ralenti pour trottiner à côté de lui. »
Elle s'esclaffa et plaqua aussitôt sa main sur sa hanche, signe que le point de côté dont elle s'était plainte quelques minutes plus tôt venait de revenir. Il songea que c'était un juste retour des choses étant donné que sa taquinerie l'avait mis considérablement mal à l'aise.
C'était absolument vrai. Il avait un mal fou à lui dire ce qui n'allait pas dans son jeu en la regardant dans les yeux. Il n'avait même pas envie de travailler là dessus, il était juste perdu. Ils en revenaient toujours au même point, il le savait, mais ils n'avaient pas passé six ans et demi à s'apprivoiser pour qu'il gâche tout.
« Dommage. Je te laisserais me donner des ordres avec plaisir, reprit-elle en lui donnant la nette sensation qu'ils ne parlaient plus tellement de quidditch. »
Il s'arrêta net, confus, incapable de reprendre son souffle alors qu'elle continuait sa course l'air de rien. Il distingua juste l'ombre d'un sourire malin sur son profil avant qu'elle ne s'éloigne, et il laissa échapper un juron dans un murmure.
Il essaya un moment de se convaincre qu'il avait mal entendu, mais il savait que ce n'était pas le cas parce que c'était Lily, et que Lily était comme ça, qu'ils étaient tous les deux comme ça l'un avec l'autre. Néanmoins, depuis le match des Faucons, ils ne se tournaient plus autour de la même façon qu'avant.
C'était souvent plus discret, moins frontal, plus subtil et hésitant, l'opposé total de ce qu'elle venait de faire, et il trouva cela profondément rassurant. Il avait cru, pendant un moment, que la brève discussion qu'ils avaient eue au match avait fini par les entraver alors que son but était exactement l'inverse. Il ne voulait pas perdre Lily. Il se souciait trop d'elle, et chaque instant qu'il ne passait pas avec elle lui semblait être perdu.
Sirius lui donna une tape sur les fesses quand il le doubla, lui remettant automatiquement les idées en place, et il s'empressa de le rattraper. Marlène avait ralenti et essayait tant bien que mal de se calquer au rythme de Benjy, les laissant tous les deux devant.
« Pourquoi est-ce que tu as l'air d'être en train d'agoniser alors qu'habituellement, tu adores courir bêtement avec pour seul but de voir lequel d'entre nous tous mourra d'épuisement en premier ? s'enquit Sirius sur un ton sarcastique.
- Lily, se contenta de répondre James dans un souffle, et il le vit tourner instinctivement la tête vers la jeune femme qui avait un demi tour d'avance sur eux.
- Lily mourra la première ?
- Non, ça, c'est toi.
- N'importe quoi, regarde moi ces superbes foulées, nia aussitôt Sirius en faisant un geste vers ses jambes. »
Il dépensait une énergie folle à faire semblant d'être en pleine forme depuis une demie-heure, et cela avait fait rire intérieurement James jusqu'à ce que Lily ne lui apporte une nouvelle distraction. Sirius avait ce besoin constant d'attirer son attention et de tout faire pour être la meilleure de ses recrues, et cela se traduisait souvent par ce genre de faux semblants qui amusaient beaucoup James et Marlène.
« Alors quoi, Lily ? reprit son meilleur ami.
- Lily, répéta simplement James comme si l'explication était suffisante.
- Oh. Est-ce que c'est le short ? Vieux, on est en mai, il va falloir t'habitu...
- Non, le coupa James. Enfin, maintenant si. Merci, ironisa t-il après avoir suivi son regard, jusque là, c'était surtout le fait qu'elle me dise qu'elle veut que je lui donne des ordres.
- Quoi ?! s'exclama Sirius, hilare. »
Il s'arrêta de l'exacte même façon que James l'avait fait auparavant, et ce dernier s'empressa de le tirer par le bras alors que quelques mètres derrière eux, Frank lui hurlait de repartir parce qu'il ne voulait pas faire un seul tour de plus que nécessaire.
« Maintenant tu ne peux plus prétendre que vous n'avez pas commencé à perpétuer la dynastie Potter chez elle après le match des Faucons, reprit Sirius en lui jetant un regard soupçonneux.
- Je t'ai répété cent fois qu'il ne s'était rien passé.
- Je sais, je sais, tu lui as dit que tu ne voulais pas gâcher votre amitié, elle n'a pas vraiment répondu à ça, et tu n'as pas vraiment répondu à sa réponse, et tu ne sais pas quoi comprendre, et...
- J'en ai parlé tant que ça ? trancha James, sincèrement confus.
- Vieux, tu nous as donné tellement de détails que je suis capable de te dire combien de cailloux tu as compté entre vous dans la pelouse pendant cette discussion. Quatorze, précisa t-il en même temps que James.
- Désolé.
- Tu sais, si je retiens toutes ces informations depuis des lustres c'est parce que j'imaginais que tu allais finir par tenter quelque chose, et que je pourrais briller à votre mariage avec mon discours de témoin, déclara Sirius, mi las, mi moqueur. Enfin, honnêtement, la première année, c'était seulement parce que tu n'avais aucune chance et que c'était drôle à voir, mais maintenant que tu l'intéresses et que tu ne fais rien, tu m'énerves tellement que la seule vision qui me conforte c'est toi dans le caveau des Rogue, enterré pour l'éternité avec l'autre type qui n'a jamais su saisir sa chance. »
James ouvrit grand la bouche et écarquilla les yeux, profondément révulsé par l'idée qui venait de se former dans son esprit, puis il poussa violemment son meilleur ami des deux mains, le faisant éclater de rire.
« Je plaisante. Du moins, à moitié, reprit-il entre deux foulées. Sérieusement, comment crois-tu que ce truc entre vous évoluera quand elle sortira avec quelqu'un d'autre ? »
James détesta l'idée. Elle n'était pas inconcevable du tout, et pourtant, elle ne lui avait pas vraiment traversé l'esprit ces derniers temps. Lily ne se comporterait plus de la même façon, et par conséquent, lui non plus. Ils n'auraient plus cette complicité liée intrinsèquement à l'ambiguïté de leur relation, et l'idée de perdre ce morceau d'eux qui leur collait à la peau depuis bien plus longtemps qu'ils ne voulaient bien se l'avouer lui paraissait profondément désagréable au mieux, et insurmontable au pire.
« Si mal, Merlin, intervint Marlène qui était arrivée à leur hauteur sans qu'ils ne s'en aperçoivent, un sourire espiègle pendu aux lèvres. C'est ce que je me tue à répéter à Lily.
- Tiens, Marly. Visiblement tu cours plus vite quand tu cherches à écouter les conversations des autres, constata James en haussant les sourcils.
- Tu n'es pas en position de m'attaquer sur quoi que ce soit, monsieur « Je-veux-qu'on-reste-amis », cita t-elle en l'imitant d'une façon douteuse qui fit ricaner Sirius qui avait drôlement ralenti.
- Je n'ai pas dit exactement ça, réfuta t-il en grimaçant.
- Alors... pourquoi est-ce que... c'est ce qu'elle a compris ? haleta Sirius qui n'arrivait plus tellement à tenir le rythme.
- Qui a dit qu'elle avait compris ça ? demanda t-il, et un simple regard réprobateur de Marlène vers son meilleur ami lui suffit pour comprendre que l'information venait d'elle. »
James ne savait pas quoi répondre à cela parce qu'il était évident qu'ils avaient laissé quelque chose en suspend à ce match de quidditch, et qu'il avait peur de revenir dessus et de faire cette déclaration précise. Ce n'était pas ce qu'il souhaitait, mais en même temps, il ne savait pas ce qu'il souhaitait. Il savait juste que ce n'était pas ça.
Bien sûr, à la regarder courir, il avait une vague idée de ce dont il avait envie, mais il se garda bien de la verbaliser. Elle n'avait pas plus de facilité que les autres à trottiner, mais elle avait un mental à toute épreuve, et c'était une chose qu'il détestait autant qu'il aimait. Il n'avait pas besoin d'être un génie pour savoir d'où cela lui venait, c'était la mauvaise partie de tout cela.
Il ne l'avait pas vraiment reconnue quand il s'était retrouvé chez elle après le match des Faucons. C'était comme si une autre personne se tenait devant lui, plus renfermée sans toutefois l'être complètement. Différente. Stressée. Perturbée, d'une certaine façon, et il supposait qu'il avait causé cela par sa présence à cause de la façon dont elle lui avait dit qu'il était le seul sorcier à être jamais entré dans sa maison. Il avait mieux compris la situation quand il avait croisé Pétunia, et l'idée de savoir que Lily devait partager un toit avec elle toutes les vacances l'avait hanté jusqu'à ce qu'ils ne se retrouvent à Poudlard.
Il détestait qu'elle ait à vivre cela, autant qu'il avait détesté la situation de Sirius à l'époque. La notion de rejet était difficile à assimiler pour lui qui n'avait jamais connu moins qu'un amour inconditionnel de la part de ses parents, mais avec cela était venu l'empathie, et c'était exactement la raison pour laquelle il se sentait aussi mal dès qu'il repensait à son bulletin de notes sur cette table, noyé dans du café.
« Ce n'est pas par rapport à nous deux, n'est-ce pas ? »
La voix de Marlène le tira de ses pensées, et il s'aperçut à ce moment là que Sirius avait tant ralenti qu'il avait même du mal à tenir la cadence de Benjy qui n'était clairement pas le plus endurant du lot.
« Hmm ? fit-il en clignant rapidement des yeux.
- Je me demandais juste si tes réserves par rapport à tout ça me concernaient en partie, déclara t-elle avant de reporter son regard droit devant elle. »
Il aurait menti s'il avait dit non. Il y avait pensé depuis le début. C'était presque tout ce qui l'avait guidé, la façon dont les choses s'étaient terminées avec Marlène, et comment leur amitié avait survécu à leur rupture sans toutefois avoir continué à vivre vraiment.
Il la considérait comme une amie, et il savait que c'était pareil pour elle, mais ce n'était simplement plus comme avant, il n'y avait plus la même complicité, et il détestait qu'ils aient perdu cela en chemin.
« Un peu, admit-il. Je sais que Sirius et toi avez ce truc, et je suis content pour vous, ce n'est même pas le sujet, c'est plutôt... il s'interrompit pour chercher ses mots.
- Notre relation présentement ? proposa t-elle, et quand il hocha la tête elle sourit légèrement avant de poursuivre. Je me doutais qu'il y avait de ça.
- Je t'ai un peu perdue.
- Tu ne m'as pas perdue, espèce d'idiot, souffla t-elle en levant les yeux au ciel. On est juste deux amis qui se sont vus nus, et ça vient avec son lot de malaise parfois. »
Il s'esclaffa et manqua de s'étouffer avec sa propre salive alors que Marlène commençait à ralentir le pas à côté de lui, gagnée par la fatigue. Il se calqua sur son rythme tout en prenant soin de surveiller les autres d'un œil attentif. Sirius marchait presque mais il continuait de lutter avec Benjy à ses côtés. Buckley était constant, quelques mètres devant Frank qui était écarlate. Lily n'était pas très loin d'eux, et il semblait à James qu'elle avait accéléré, comme pour en finir au plus vite.
« Et puis Lily et toi, ce n'est pas pareil, reprit Marlène entre deux profondes inspirations. C'est Lily et toi, insista t-elle. Tu sais combien de paris circulent dans le château sur vous depuis deux ans ?
- Les gars tiennent un compte précis qu'ils ne manquent pas de me communiquer dès qu'ils en ressentent le besoin. D'après eux, ils ont plus à y gagner que moi, répondit-il en esquissant un sourire amusé.
- Moi aussi, avoua t-elle sans la moindre gêne avant de se reprendre lorsqu'il lui jeta un regard surpris. Enfin, ce que je voulais dire, c'est qu'il y a un truc entre vous depuis longtemps. Vous avez juste commencé par le pire. Ça veut dire qu'il ne reste que le meilleur.
- Je suppose que c'est une façon de voir les choses. »
Il lui en avait déjà trop dit et il n'avait aucune envie de s'étaler plus que cela. Son cerveau était en pleine surchauffe. C'était récurent quand il pensait à Lily, et particulièrement au fait de gâcher leur amitié.
« Un tour en plus ! s'écria t-il lorsqu'il vit Sirius s'allonger sur le sol. »
Des jurons fusèrent de tous les coins du terrain, et cela fit ricaner James, d'autant plus lorsque Marlène lui donna un coup de pied quand ils passèrent devant lui. Il avait toujours aimé le chaos.
Il aimait aussi les samedis après-midi. Encore plus lorsqu'il faisait beau et chaud et qu'il pouvait passer son temps allongé dans le parc avec ses amis, une main plongée paresseusement dans ses cheveux alors que son autre bras était plaqué contre ses yeux, le protégeant du soleil qui menaçait sa sieste.
Il était dans la même position depuis une petite heure et n'avait pas tant cherché à dormir qu'à se reposer, mais à un moment, il s'était simplement laissé bercer par les clapotis du lac et le très léger bruit du vent dans les feuilles des arbres, nullement dérangé par les discussions de ses camarades autour de lui. Il avait toujours eu plus de facilité à s'endormir dans le bruit que dans le silence. Cela expliquait certainement des choses sur sa personnalité.
« James ? entendit-il Marlène l'appeler d'une voix étonnement douce qu'elle n'avait plus employée avec lui depuis la dernière fois qu'ils s'étaient réveillés ensemble. »
Il n'avait pas envie de répondre maintenant. Peu lui importait qu'ils aient prévu de sauter dans le lac ou de rentrer se vautrer dans les canapés de la Salle Commune, il resterait là jusqu'à ce que la nuit ne tombe, il était trop bien.
« Je crois qu'il dort, répondit Mary, et il eut sentit son ombre au dessus de lui pendant une seconde. On le réveille ?
- Pourquoi faire ? demanda Lily, et il la remercia intérieurement. Il est rarement aussi facile à vivre, et après l'entraînement de ce matin, je suis presque contente de ne plus l'entendre. »
Il se retint difficilement de rire en repensant à la fin de l'entraînement et aux regards assassins de tous ses coéquipiers épuisés. Il y avait eu d'autres séances difficiles au cours de l'année, mais celle-ci avait été particulièrement éprouvante.
« J'ai du mal à croire que les autres soient partis réviser maintenant, reprit Mary, un samedi après-midi ?!
- Parce qu'ils ne sont pas partis réviser, répliqua Marlène. Sirius les a suivi beaucoup trop docilement. Je te parie qu'ils sont quelque part dans les escaliers menant aux cachots en train d'ensorceler chaque Serpentard qui passe devant eux. »
James songea que cette possibilité n'était probablement pas loin de la vérité, mais il resta muet. Ce n'était pas qu'il ne voulait pas leur faire savoir qu'il ne dormait pas, c'était seulement qu'il savait que s'il bougeait le moindre membre, ou s'il disait quoi que ce soit, la sérénité du moment disparaîtrait et il serait obligé de revenir dans leur monde alors qu'il avait encore besoin de profiter du sien. Il espérait se rendormir un peu, mais il doutait y arriver quand il les entendait parler si près de lui.
« Lily, tu le fixes, pointa Mary, et James entendit une pointe de moquerie dans sa voix.
- Ce n'est pas comme s'il y avait une plus belle vue autre part, commenta t-elle et il eut brutalement l'impression qu'il n'aurait pas dû entendre ça.
- Tu sais qu'il serait parfaitement capable de faire semblant de dormir ? intervint Marlène, amusée par la déclaration.
- Alors j'espère qu'il apprécie ce qu'il entend, répondit Lily sur un ton égal. »
Il pouvait presque la voir hausser les épaules, et il se sentit soudainement un peu moins coupable. Ce n'était pas non plus particulièrement plaisant, et s'il avait pu se téléporter autre part en passant inaperçu, il l'aurait fait. Ce n'était pas comme s'il voulait entendre la conversation. Il était juste là, et elles étaient à côté, et elles auraient pu tout aussi bien aller quelques mètres plus loin, mais elles ne se souciaient probablement pas tant que cela du fait qu'il puisse les écouter.
« Est-ce qu'Hookum fait exprès de toujours apparaître dans notre champ de vision quand elle est avec Bertram ? les interrogea Marlène sur un ton suspicieux.
- Où est-ce qu'ils vont ? demanda Mary, et il l'entendit bouger un peu à côté de lui.
- Probablement sur le terrain de quidditch. Je te parie deux gallions qu'ils vont copuler dans la remise.
- Ils ont raison. C'est le seul moment où elle peut toucher les balles, la tacla Lily, faisant s'esclaffer les deux autres.
- Elle vient de nous regarder avant de l'embrasser, ou j'ai rêvé ? s'enquit Mary. est-ce qu'elle croit encore que ça te fait quelque chose de le voir avec elle ? »
Il voulait vraiment savoir ce que Lily allait répondre à cela, mais pendant une ou deux minutes, il n'entendit rien d'autre que de légers murmures qu'il ne put déchiffrer, suivit d'un rire si discret qu'il manqua de passer à côté.
« Je ne sais pas si c'est ça, ou si elle veut me montrer que c'est elle qui l'a, au bout du compte, dit finalement Lily avec un flegme qui amusa James. comme si j'en avais quoi que ce soit à faire. Je préfère les capitaines de quidditch qui ne veulent pas de moi. »
Elle avait prononcé la dernière phrase sur le ton de la plaisanterie mais les filles n'avaient pas ri, elles avaient juste poussé des protestations pour montrer leur désaccord avec cette affirmation, et James avait senti son estomac se nouer.
« Vous croyez que ce serait acceptable, d'un point de vue amical, que je m'allonge sur lui ? reprit-elle, et cette fois, elles se mirent toutes à rire. »
En même temps, James s'étouffa avec sa salive. Il se redressa brutalement en toussant, le visage brûlant, et constata que les trois filles le fixaient avec un sourire en coin.
« Tu es tellement prévisible, Potter, se moqua Lily qui était vraisemblablement très au courant qu'il écoutait, et il ne savait même pas ce qui l'avait trahi.
- Ce n'est pas comme si j'avais prévu de vous espionner, j'étais bien, et vous avez troublé ma sieste, se défendit-il avant de s'appuyer en arrière, les mains enfouies dans l'herbe.
- Peut-être que la prochaine fois que tu ne veux pas avoir besoin d'une sieste pour récupérer, tu éviteras de nous faire courir toute la matinée, répliqua Marlène.
- Hé. Est-ce que c'est Rogue et Avery, là bas ? Qu'est-ce qu'ils font ? les interrompit Mary qui tendait le cou pour apercevoir l'entrée du château derrière sa camarade. »
Les trois autres tournèrent simultanément la tête vers les deux serpentards qui discutaient avec de minuscules Gryffondors, probablement des première ou deuxième année, et James bondit sur ses pieds, sa main plaquée sur sa poche pour s'assurer qu'il avait bien sa baguette. Ce genre de vision était rarement de bon augure.
Il trottina rapidement vers eux, et dès qu'Avery le remarqua, il recula d'un pas, tirant légèrement Rogue avec lui sans pour autant décamper. Les deux filles de Gryffondor étaient blêmes quand James arriva à leur hauteur.
« Tout va bien ? leur demanda James sans esquisser un regard vers les deux autres.
- De quoi tu te mêles, Potter ? pesta Avery. Tu vas nous mettre en retenue parce qu'on discute gentiment avec d'autres élèves, maintenant ?
- A voir leur tête, je ne suis pas certaine que « gentiment » soit l'adjectif adapté, trancha Lily que James n'avait même pas vue arriver à côté de lui.
- Tu entends quelque chose Sev' ? s'enquit le Serpentard en pivotant vers son ami qui resta de marbre pendant un long moment, ne répondant que quand le regard de l'autre se fit plus insistant.
- Rien du tout, souffla t-il froidement.
- C'est vraiment comme ça que tu vas le jouer, Rogue ? commenta James en faisant un pas de plus vers lui pour le toiser de toute sa hauteur. »
Ils n'avaient qu'un seul point commun, et il s'agissait de Lily. Toutefois, il ne se sentait pas en concurrence avec lui. Plus depuis des années, en tout cas. Les choses avaient changé, et il n'y avait plus de jalousie. Il se souciait trop de ce que la jeune femme pouvait bien ressentir à entendre le garçon qu'elle considérait autrefois comme son meilleur ami la mépriser d'une telle manière. Il n'avait vraiment plus le loisir de ne penser qu'à sa petite personne.
« James, appela doucement Lily. »
Il sentit ses doigts se refermer sur son poignet, et il vit le regard de Rogue tomber dessus. La répulsion qu'il lut sur son visage à ce moment là l'aurait fait rire quelques années plus tôt, mais cette fois-ci, elle le désola. Il se laissa tirer légèrement en arrière par Lily, mais ses yeux restèrent figés dans ceux du Serpentard, le défiant silencieusement d'oser ajouter quoi que ce soit qui pourrait la blesser.
Comme s'il avait compris le message, Rogue tapota sur l'épaule d'Avery et lui fit un signe de tête vers l'intérieur du château. Ce dernier sembla profondément agacé, mais il commença à le suivre non sans esquisser un sourire ironique vers James.
« Ça y est? Tu te tapes la petite sang-de-bourbe, Potter ? ricana t-il en marchant en arrière sans le quitter des yeux, comme s'il connaissait exactement la réaction qu'il allait susciter. »
Cela ne manqua pas. James sortit sa baguette et un sort fusa dans la direction des deux Serpentards qui le contrèrent aussitôt. Il fut à peine surpris de voir Lily perdre autant son calme que lui et tenter de les stupéfixer. Cependant, il sursauta lorsque le ton sec du professeur McGonagall retentit derrière lui.
« Potter ! Evans ! Assez ! »
Lily se figea à côté de lui alors que les deux serpentards s'enfuyaient bien rapidement, le rire d'Avery résonnant dans les couloirs du château. A quelques pas de James, les deux petites gryffondors étaient tétanisées, les yeux ronds comme des souafles alors que le professeur de métamorphose se dirigeait à grandes enjambées vers eux, furieuse.
« Dans mon bureau, immédiatement ! »
Le ton était sec et sans équivoque. Il ferma les yeux, inspira profondément, et rangea aussitôt sa baguette dans sa poche en même temps que Lily. Ils étaient foutus.
Helloooo ! Bon, je me suis aperçue que je ne recevais plus d'alerte pour les reviews et les PM, donc j'étais passée à côté de toutes les reviews de mars et je viens de les découvrir, donc je suis désolée si je ne vous ai pas répondu, mais en tout cas sachez que je lis tous vos petits mots et qu'ils me font chaud au coeur 3 merci beaucoup :)
(PS : il ne reste plus que deux chapitres après celui là)
(PS N°2 : mais je suis en train d'écrire la suite de SMIYP, et je suis impatiente de pouvoir la poste :) )
