Et voici un deuxième chapitre pour cette misérable fic sur les états d'âme de notre Sophie préférée. Je préfère vous prévenir, il ne s'agit plus d'un conte pour enfant (nooon non), alors rate M pour plus de sécurité XD.

Aussitôt Hurle parti, Sophie se planta face à la cheminée et fit l'offrande de trois tranches de gigot à Calcifer. Le démon les dévora promptement avant de darder un regard suspicieux sur elle.

« À quoi dois-je cette générosité subite ? ».

« À ma bonne humeur. » mentit Sophie.

« Ça ne prend pas avec moi. Allez, dis moi ce que tu veux qu'on en finisse. » flamboya le démon.

Sophie se laissa tomber sur le fauteuil en bord de cheminée.

« Calcifer, tu es un garçon, non ? »

Les yeux du démon s'embrasèrent d'horreur.

« Je sais ce que tu vas me demander ! Je suis un démon, pas un humain, alors je ne sais rien de vos modes de reproduction ! »

Sur ce, il détala sans demander son reste par le conduit de cheminée. Sophie soupira. Elle regrettait un peu la nouvelle mobilité de Calcifer ; elle ne pouvait plus le martyriser avec la même impunité qu'auparavant. Résignée à chercher une autre source d'information, elle monta enfiler une robe convenable, puis orienta le repère de la porte sur les Hauts des méandres.

Grâce aux bottes de sept lieues, elle ne mit pas plus de trente secondes pour atteindre la maison de Mme Bonafé. Elle réussit notamment l'exploit de ne pas atterrir dans une bouse de vache fraîche, ce qui était en soit un évènement historique. Ce fut Mme Bonafé qui vint lui ouvrir.

« Sophie, ma chère enfant ! Que me vaut le plaisir de ta visite ? » s'exclama la charmante vieille femme.

Sophie se tortilla un peu avant d'avouer : « J'ai besoin de vos conseils en matière de … relations conjugales. »

Mme Bonafé eut un petit sourire entendu.

« Entre ma chérie. »

Sophie s'engouffra dans la maisonnette agréablement meublée et fleurie, un peu honteuse. Mais la semaine s'annonçait comme l'occasion qu'elle avait tant attendue pour basculer dans l'âge adulte. Hurle était un homme expérimenté, et elle était terrorisée à l'idée qu'il ait pitié d'elle en constatant l'étendue de son ignorance. Mme Bonafé lui proposa un siège, puis un thé au miel qu'elle accepta pour éviter le harcèlement de l'hôtesse fidèle à son devoir.

« Alors Sophie, je t'écoute » dit la vieille magicienne en remuant son propre thé d'un air précieux.

Les yeux fixés sur le bout de ses chaussures, Sophie murmura qu'elle aimerait bien savoir comment se passerait sa première nuit avec Hurle.

Mme Bonafé ouvrit des yeux étonnés en constatant que la nuit de noce s'était limitée à quelques baisers enamourés. Elle posa une main maternelle sur celle tremblante de Sophie et lui dit d'un ton solennel :

« Eh bien, tout commence généralement de manière très classique. Quelques papouilles, deux ou trois mots doux, avant que l'homme ne se fraye un chemin vers les jardins secrets de sa dulcinée. » (Sophie frémit d'effroi). « Mais ce que peu de femme savent, c'est que l'ingrédient indispensable pour faire de cette soirée un souvenir impérissable, c'est….le miel. »

« Le miel ? » fit Sophie d'un air incrédule.

« Oui, il suffit d'en recouvrir le …. »

Sophie s'étouffa avec son thé et se mit à tousser à s'en arracher les poumons, si bien que la fin de la phrase fut noyée dans ses suffocations d'agonie.

« …afin de permettre une meilleure pénétr… »

Sophie toussa de plus belle.

« Evidemment, ça peut être un peu poisseux, mais cela permet également d'ajouter la dégustation à l'acte.»

Sophie haussa un sourcil interrogateur.

« La dégustation ? Mais ça voudrait dire qu'il faudrait lécher le… » Ses yeux s'arrondirent d'horreur.

« C'est bien ! Tu apprends vite ! » s'exclama Mme Bonafé avec enthousiasme.

Sophie commença à regretter d'être venue voir la vieille sorcière. Il lui semblait que les pratiques qu'elle lui proposait étaient un peu excentriques. Mais après tout, elle n'était elle-même pas suffisamment experte dans ce domaine pour pouvoir en juger. C'est pourquoi elle accepta sans rechigner le monumental bocal de miel dont lui fit cadeau Mme Bonafé, avec un petit sourire de connivence.

En fin d'après midi, Sophie était de retour au château, son pot de miel dans les bras. Calcifer, qui avait repris place dans la cheminée, ne fit aucun commentaire lorsqu'elle passa devant lui, bien que ses crépitements fussent éloquents. Sophie rangea précieusement le cadeau de Mme Bonafé dans un placard, derrière les yeux de grenouilles et les scalps de corbeaux.

Hurle rentra tard ce soit là. Il se traîna misérablement jusqu'à la cheminée, sans apercevoir Sophie qui patientait dans l'ombre. Elle lui trouva l'air triste et fatigué. Hurle étendit ses longues jambes sur un tabouret et rejeta sa tête en arrière, les yeux mi-clos, comme pour se débarrasser des maux qui le tourmentaient. Sophie se glissa sans bruit jusqu'à lui, et caressa la chevelure blonde qui se déversait comme un flot impétueux sur le dossier du fauteuil.

« Sophie ? »murmura-t-il en ouvrant un œil. « Tu ne dors pas encore? »

« Je t'attendais. »souffla-t-elle en caressant sa joue. « Alors, tu as pu obtenir ton congé ? »

Un petit sourire détendit le visage de Hurle.

« Oui. J'ai insisté sur le fait que tu viendrais harceler le roi jours et nuits s'il ne cédait pas. »

Sophie eut une moue indignée qui ne fit qu'élargir le sourire du magicien. Il se releva et prit Sophie par la main.

« Allons-nous coucher. »

« Tu ne travaille pas demain, n'est-ce pas ? » demanda Sophie avec espoir.

« Hélas, si. Le congé ne débutera que lundi. »soupira Hurle.

« Encore deux jours ! » gémit Sophie d'un air si désespéré que Hurle éclata de rire.

« Allons mon cœur, pourquoi es-tu si pressée ? » chuchota-t-il en passant un bras autour de son épaule.

« Je ne suis pas pressée ! » rétorqua Sophie en réprimant un frisson lorsque son époux la serra contre lui.

Le magicien la guida jusqu'à leur chambre et lui ouvrit la porte. Elle se dirigea vers la penderie, dans l'intention de prendre une chemise de nuit, mais Hurle l'attrapa aux hanches avant de l'entraîner dans le lit. Sophie poussa un petit cri de surprise devant cette audace imprévue, et bougonna qu'elle devait se mettre en pyjama.

« Pas besoin de chemise de nuit » contredit son époux en la maintenant sur le matelas en dépit de ses protestations.

Hurle la surplombait. Il l'embrassa fiévreusement, ses doigts courant le long de son dos pour défaire les liens qui maintenaient sa robe en place. Sophie passa ses bras autour de son cou, et le laissa dévorer sa gorge de baisers, à mesure qu'une vague de chaleur se déversait dans son corps. Elle eut une pensée pour le pot de miel resté dans la cuisine, mais il serait malvenu d'interrompre son mari dans sa lancée. Hurle fit glisser son corsage avec une lenteur calculée, tout en déposant des baisers sur la peau qui se dévoilait peu à peu. Sophie entreprit de déboutonner la chemise de son époux, et glissa ses doigts contre son torse, avec un ravissement mêlé de crainte. Mais elle se crispa brutalement en sentant quelque chose de petit et velu dans son cou. Elle poussa un petit cri en réalisant qu'une de ces fichues araignée que Hurle vénérait était en train de se balader sur elle.

Elle repoussa Hurle et se mit à sautiller dans toute la chambre, à moitié nue, en tentant de faire tomber l'arachnide importune. Hurle la contempla avec incrédulité.

« Mais enfin mon cœur, qu'est-ce que tu fais ? »

« Je me débarrasse d'une de tes ABOMINABLE araignées ! »grogna Sophie en balançant une pichenette à l'intruse.

L'expression de Hurle semblait balancer entre amusement et reproche.

« Cette malheureuse araignée ne t'aurait fait aucun mal ».

Sophie ne daigna pas répondre et fila sous la couette, mécontente.

« Hurle, j'ai l'impression que tu aimes ces araignées plus que moi. En fait, je ne suis même pas sure que tu m'aimes réellement. »

Le magicien, qui jusqu'alors la dévisageait avec un petit sourire, se figea.

« Tu es sérieuse ? »

Sophie eut l'impression de l'avoir blessé. Mais Hurle ne se froissait pas pour si peu, du moins elle en doutait. Aussi leva-t-elle un regard de défi qu'elle planta solidement dans les prunelles vert d'eau de son époux.

« Parfaitement. Est-ce que tu réalise que depuis tout ce temps, pas une fois tu ne m'as dit que tu m'aimais ?»

Sophie sentit la main de Hurle se crisper sur son poignet. Un long moment passa, les deux époux se dévisageant intensément. La voix dure, Hurle finit par lâcher :

« Et toi ? »

« Comment ça moi ? » interrogea Sophie, qui ne s'attendait absolument pas à cette question.

« Est-ce que tu m'aimes, toi ? »

Sophie était tellement abasourdie qu'elle ne répondit pas tout de suite. Il osait douter d'elle !

« Mais évidemment que je t'aime ! Tu es vraiment stupide ou tu le fais exprès ? Tu crois que je serai dans ce lit infesté par des araignées mutantes, dans cette chambre encombrée d'amulettes et de grimoires, dans ce château qui se balade à sa guise grâce à un démon psychorigide, si je ne t'aimais pas ? ».

Hurle se glissa à ses côtés.

« Eh bien vois-tu chère Sophie, il en est exactement de même pour moi. Crois-tu que je te tolèrerai dans ce lit, dans cette chambre, dans ce château, si je ne t'aimais pas ? »

Hurle se mit à jouer avec les boucles de sa femme, tout en poursuivant sa litanie :

« Tu es détestable Sophie. Abominable, insensible, égoïste… »

« Incroyable ! C'est exactement ce que j'allais te dire ! » s'enthousiasma Sophie.

« Mais le pire de tout, c'est que tu es une voleuse… »

« Mais qu'est-ce que tu raconte ? » se récria l'offensée. « D'abord, pour le costume turquoise, c'est Calcifer qui m'avait donné l'autorisation, et puis…. »

Voyant que Hurle se mettait à s'esclaffer, Sophie s'interrompit brutalement.

« Allons mon amour, dis moi pourquoi tu as pris possession mon cœur. »

Les yeux de Sophie s'écarquillèrent de surprise, puis de plaisir. Hurle était décidément incapable d'exprimer ses sentiments par un « je t'aime » clair et concis. Mais elle s'en contenterait.

« Ton cœur est tellement grand…je me suis dit qu'il y aurait bien une petite place pour moi. » répondit-elle, amusée.

« Tu n'était pas obligée prendre toute la place ! »geignit Hurle. « Tu n'as rien laissé pour les autres ! »

« Je suis égoïste, tu l'as dit toi-même » rétorqua Sophie.

Il éclata de rire, puis Sophie décida de prendre les choses en mains. Elle entoura le cou de Hurle de ses bras pour l'embrasser, mais lorsqu'elle laissa ses mains dériver vers le bas de son dos, il la repoussa gentiment.

« Non Sophie. »murmura-t-il.

« Mais pourquoi ? »s'insurgea l'épouse frustrée.

Un sourire provocateur éclaira le visage de Hurle.

« Tu verras, ma chérie, tu verras. »

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Et voilà pour cette fois ! Le prochain chapitre sera le dernier, et vous comprendrez pourquoi Hurle repousse à chaque fois leur..union XD .

J'ai déjà une idée pour une autre fic, toujours sur notre couple préféré. (Soso et Hurlinouchet évidemment), c'est pourquoi je préfère faire des « Soucis de Sophie » un fic courte, pour ne pas m'éterniser dans une histoire sans fin.

Enfin bref, balancez vos reviews pour encourager l'auteuse . Si j'en ai assez, je ferais peut-être même une traduction des fics anglophones que j'ai aimées (si vous voulez les lire dans leur langue originale, regardez dans mes favoris). Ouai, c'est du chantage, mais comme on dit, la faim (j'ai faim de comms !) justifie les moyens.