Et c'est l'arrivée de mon joyeux SOLDIER préféré, Jostein! Ah la la, pauvre Kokoro...


J'eus à peine le temps de remplir un dossier que Jostein descendit les escaliers, en bâillant. Il n'avait pas pris la peine de se coiffer ou de se raser, évidemment. Je retins un juron. J'espérais vivement que de un, Kadaj ne se réveille pas, ne bouge pas, ne donne aucun signe de vie, et de deux, que Jostein ne le remarque pas, ne s'approche pas du feu… il ne fallait absolument pas qu'ils se croisent… pitié, Kami-sama!

-Bien dormi, Jostein?

-Mal, répondit-il, bougon. Le type de la chambre d'à-côté faisait des bruits étranges… comme s'il n'arrêtait pas de jouer avec sa lampe…

-Ah?… Matte… quelle est la chambre à côté de la tienne?

-La 3, je crois…

Je pris un air vaguement désolé et totalement ignorant de la situation. Il alla s'installer à une table heureusement assez éloignée du foyer et il prit un journal abandonné par un client précédent.

-Tu peux m'apporter un café? me demanda-t-il sans même me regarder.

-Bien sûr…

J'allai à la cuisine pour lui servir du café, enfin, du sucre avec un peu de café. Treize sucres dans un café, ce n'est pas naturel! Ce n'est pas humain! Ça donne une sorte de sirop vraiment horrible, comment fait-il pour avaler ça à tous les matins!

J'allai lui porter la substance sucrée. Il me remercia et prit la tasse sans même relever la tête de son journal. Et après, Kadaj se demande pourquoi je ne l'aime pas…

Je retournai vers mon comptoir. Jostein buvait tranquillement son « café », Kadaj dormait…

OoOoO

J'avais de la difficulté à lire le journal. Mes yeux se fermaient tout seuls. Avec la nuit que mon voisin de chambre m'avait fait passer… la porte défoncée, puis réparée avec le plus de bruit possible… puis ce déclic répété, incessant, comme si on cherchait à me rendre fou… j'avais à peine dormi. Et moi qui avais voulu me reposer pour mieux profiter de ma matinée de congé…

Soudain, j'entendis un murmure.

-… kaa-san… tu es tellement belle…

Je relevai la tête et je regardai Kokoro, qui avait l'air un peu effrayé. Au moins, ça faisait changement du regard de dégoût ou de haine qu'il me réserve habituellement…

-T'as dit quelque chose?

-Euh... oui! Je disais que j'ai des nouvelles de ma kaa-san... de Malik... J'ai appelé Liothar, hier.

-Tu aurais pu lui demander des nouvelles directement, non?

-À Malik.…? Euh… je n'ai pas son numéro…

-Ah bon…

Non, je n'allais pas lui donner le numéro de Malik. C'était peut-être son fils, mais elle ne se souvenait pas de lui. Si un quasi-inconnu se mettait à la harceler au téléphone… elle pourrait retomber dans son ancienne folie…

Je recommençai à lire le journal, enfin, à tenter de lire autre chose que les gros titres malgré mes yeux plissés. Au bout d'un moment, mon ventre se plaignit du peu d'attention que je lui avais porté jusque-là.

-C'est quoi le petit déjeuner, ce matin?

-Euh… pancakes. Ou crêpes.

-Les crêpes, s'il te plaît.

-Bien…

Il alla donner la commande au chef. Même son pas était agacé… et agaçant. Mais aujourd'hui, il y avait quelque chose de différent… il avait l'air encore plus pressé que d'habitude de me voir déguerpir. J'essayai de lui porter le moins d'attention possible.

OoOoO

La petite clochette sonna, annonçant que le petit déjeuner était prêt. Une clochette beaucoup trop aiguë et forte à mon goût. J'allai chercher le déjeuner de Jostein et je jetai un vif coup d'oeil à Kadaj. Il remuait… merde! J'allai rapidement porter l'assiette à Jostein, qui me remercia vaguement et commença à la dévorer rapidement et méthodiquement. Je retournai à mon comptoir et je fis discrètement signe à Kadaj, qui avait ouvert les yeux, de ne pas dire un mot. Malheureusement, il n'avait pas trop l'air de comprendre le langage gestuel…

-Hm?

-Shh! fis-je, en pointant Jostein.

-Sucre! marmonna-t-il.

Jostein leva la tête. Merde, il l'avait entendu…

-Tu disais?

-Euh… tu veux du sucre pour ton café?

-Non merci, répondit-il en retournant à son assiette.

-C'est bon, murmura Kadaj. Du sucre…

Mais à quoi pensait-il! Je lui indiquai la cuisine, secouant la tête et murmurant un rapide :

-Sucre là-dedans!

Et il alla dans la cuisine… à quatre pattes, heureusement. Jostein ne remarqua rien, cette fois. Je poussai un imperceptible soupir de soulagement, puis j'allai dans la cuisine pour prévenir le chef. Il fallait nourrir Kadaj, et le garder le plus longtemps possible… Je me pris un café en passant, puis je retournai à ma place. Juste au moment où je m'assis, Jostein m'appela.

-Tu peux m'en apporter une autre? me demanda-t-il en me tendant son assiette propre comme s'il l'avait léchée, ce qui était peut-être le cas.

-Autre chose pendant que je suis à la cuisine? dis-je, en prenant son assiette.

-Non, mais demande au chef de me servir une plus grosse portion.

-Bien.

Et j'allai à la cuisine.

OoOoO

Il y avait tellement d'appareils étranges, dans cette… « cuisine »… mais même s'il n'y avait pas de feu, il faisait chaud, et j'étais bien. Le gros bonhomme souriant que l'homme-loup avait appelé chef cuisinier souriait et il faisait une sorte de pâte pour moi.

-Des crêpes!

Il ajouta beaucoup de sirop collant, à la couleur ambrée, puis il me donna l'assiette. Je m'assis par terre et je la posai devant moi et j'inspirai l'odeur bien sucrée… ça promettait d'être si bon… le chef riait un peu. Puis, alors que j'allais prendre un des morceaux de « crêpe », l'homme en noir revint. Il avait l'air vraiment découragé…

-Il veut une plus grosse portion…

Le chef rit franchement et continua à faire des « crêpes ».

-Qui ça? demandai-je.

-Celui qui est dans la salle commune.

Quoi, il y avait quelqu'un? Et je ne l'avais pas vu? Je me levai et j'allai à la porte, pour voir, mais l'homme-loup me rattrapa par le bras et me ramena dans la cuisine.

-Ce n'est pas dans votre intérêt commun de vous voir, m'expliqua-t-il.

-Ah bon? Pourquoi?

-Parce que... parce que...

-Si tu le dis…

Tiens, là, il ne pouvait plus expliquer! Ce n'était pas grave, de toute façon, j'avais du sucre à profusion ici. Je retournai m'asseoir et je pris une « crêpe » dans mes mains. C'était gluant, à cause du sirop, gluant et collant… j'en fis une sorte de rouleau et je pris une bouchée. C'était boooooooooooon…

-Tu restes ici jusqu'à ce que je vienne te chercher, d'accord? me conseilla l'homme en prenant l'assiette très bien remplie que lui tendait le chef cuisinier.

Je ne pus répondre, j'avais la bouche pleine de nourriture et les doigts pleins de sirop… je hochai simplement la tête, et il s'en alla, me laissant seul avec le chef cuisinier. Je terminai mon assiette rapidement, c'était tellement bon, et ça avait l'air de rendre le chef content. C'était un bonhomme jovial… gentil… insignifiant…

-Tu en veux d'autres, mon petit? Ou tu veux quelque chose de différent?

-Du… sucre?

-Du… sucre pur?

Il cligna des yeux alors que j'acquiesçais, puis il m'apporta un gros pot de sucre blanc.

-Wah, alors c'est vraiment ça, du sucre?

Je trempai mon doigt encore plein de sirop dans le pot, puis je le portai à ma bouche. Ce que c'était booooooooooooooooon… je me versai directement le sucre dans la bouche, à même le pot.

-Eh… fais attention pour ne pas faire une overdose de sucre! s'exclama le chef.

Je ne fis pas attention à lui et j'avalai tout le sucre. Je me sentais étourdi…

-Euh… tu en veux d'autre?

-Non, là c'est… burps… juste assez!

OoOoO

C'était un cauchemar… mais bon, au moins, Kadaj était caché et il se tiendrait tranquille… je retournai voir Jostein et je lui donnai sa deuxième assiette.

-Hm, merci…

-De rien…

Et il recommença à dévorer. Les autres SOLDIER en garnison ici appelaient ça : dévorer façon Evans. Il paraît qu'il a une petite soeur qui bouffe de la même manière… famille bizarre… Je marmonnai, vraiment très bas :

-Hayaku…

Je bus le reste de mon thé, qui commençait à devenir froid, puis je tapai sur le comptoir dans un geste impatient presque inconscient. Jostein termina rapidement son assiette et la repoussa, puis il continua sa lecture du journal. Mais il ne se dépêchait pas!

-Que comptes-tu faire aujourd'hui? lui demandai-je.

-J'ai congé ce matin, je vais me reposer un peu, me répondit-il en me regardant étrangement. Après, c'est le boulot habituel.

Tout le matin? Raaaaaaaaah…

-Je vois…

-Ça te pose un problème?

-Non, non…

-Hm. Ne t'en fais pas, je ne resterai pas dans tes pattes trop longtemps.

Parfois, on dirait qu'il lit dans mes pensées… c'est agaçant… j'hochai vaguement la tête. Il replia le journal, se leva et le mit sous son bras, puis il alla au deuxième étage. Je l'entendis ouvrir la porte de sa chambre, et je retins un soupir. Je pris ma tasse et j'allai dans la cuisine. Je vis le chef cuisinier qui tendait un linge à humide à Kadaj pour qu'il essuie ses doigts et sa bouche pleins de sirop et… de sucre pur!

-C'est bon… il est retourné dans sa chambre… pour le moment.

Kadaj se tourna vers moi et en s'essuyant la bouche, l'air à moitié intéressé. Je soupirai.

-Pour l'instant, du moins… je ne sais pas quand il va redescendre…

-Je ne suis pas mal ici non plus. Monsieur est gentil, dit-il en pointant le chef cuisinier.

-… alors tu veux rester ici jusqu'à ce que tes frères arrivent?

-Je ne sais pas, répondit-il en haussant les épaules. Peut-être.

-Il ne me dérange pas, intervint le chef, riant doucement.

-D'accord…

Kadaj serra ses genoux contre sa poitrine.

-Tu as vraiment peur que je voie la personne, non?

-J'ai surtout peur que cette personne te voie. Je ne veux pas de combats dans l'auberge…

Il fronça les sourcils. J'avais trop parlé…

-Combats?

Je soupirai. J'aurais préféré ne rien dire…

-Il était là lors de ton carnage à la Tour Shin-Ra…

-Ah? Il m'a vu?

-Je crois bien…

-Ah… et il voudrait me combattre parce que j'ai fait une si petite chose?

-En fait… j'envisage le pire, je crois.

-Le pire?

-J'ai tendance à faire ça, répondis-je en haussant les épaules.

-De toute façon, s'il m'embête, je n'aurai qu'à le faire taire, non? dit-il innocemment.

Je fronçai les sourcils. C'était presque tentant… mais…

-Non. C'est le meilleur ami de mon frère. Et ça rendrait ma kaa-san triste.

-Je ne veux pas que ta kaa-san soit triste, alors je ne lui ferai rien. Mais lui, il voudrait essayer de me faire du mal?

-Peut-être, dis-je prudemment. Mais je veux éviter que ça arrive, justement.

-Il ne peut rien me faire, alors qu'est-ce que ça change?

-Je préfère prévenir...

-J'aime mieux affronter.

-Mais bon, rien ne va arriver, donc il n'y aura pas d'affrontement!

Du moins, c'était ce que j'espérais…

-Rien, dit Kadaj, assuré.

Je hochai la tête et je regardai ma montre.

-Rien… rien… rien…

-Je prendrais bien un café, moi…

-Rien… rienrienrienrienrienrien…

Je ris un peu, puis j'interrompis sa chansonnette.

-Dans combien de temps tes frères arrivent, tu crois?

-Je ne sais pas… ils vont me recontacter.

-Je vois… Je te laisse avec le chef, d'accord?

Je me servis une tasse de café alors qu'il hochait vivement la tête. Il recommença ensuite à chanter… dans une langue inconnue, cette fois. Je ne sais pas pourquoi, je songeai aux Cetras… Je sortis de la pièce avec sa petite mélodie en tête. Jostein passa sans trop me remarquer, portant son manteau, et il sortit de l'auberge.

-Arigatô, Kami-sama…