Suite!
Mon PHS sonne. Ça me fait drôle, chaque fois, je sursaute légèrement. C'est peut-être à cause de la vibration… Je réponds, je vois que c'est Yazoo.
-Salut, Yaz'! Qu'est-ce qui vous arrive? Vous en mettez, du temps!
Il m'explique longuement la situation. Je souris.
-Bon, d'accord, j'arrive. Attendez-moi, et ne jouez pas trop avec. Salut.
Je raccrochai et je sortis de la cuisine en sautant d'un pied à l'autre. Gauche, droite, gauche, droite…
-Un problème? me demanda l'homme-loup en me voyant.
-Pas tellement, répondis-je, mes frères ont trouvé des matérias.
-Vraiment?
-Ouais... je vais partir, il faut voir ça
-D'accord, fit-il en hochant la tête.
-Alors salut!
J'allai tout simplement à la porte, je l'ouvris et je sortis dehors. Les symboles tracés dans la neige avaient disparu, il ne restait plus rien… plus rien…
-Tu sais où ils sont, au moins? fit la voix de l'homme, comme pour me retenir.
-Je vais le savoir…
Je vis un homme avec un manteau de SOLDIER qui marchait un peu plus loin sur le sentier. Je haussai les épaules. Ce n'était que ça, un SOLDIER… un chien du shachou…
-Tu veux que je t'accompagne, pour aller plus vite? proposa l'homme-loup.
-J'irai plus vite si tu n'es pas là, répliquai-je.
Je commençai à m'éloigner. L'homme vint me regarder, appuyé contre le cadre de la porte.
-Très bien! Bon voyage, dans ce cas!
-Salut!
Je lui envoyai un signe de la main, puis je commençai à marcher à grandes enjambées vers cet endroit mystérieux, encore inconnu, ce point où je ressentais la présence de mes frères…
-Oh! Matte!
L'homme en noir courut vers moi. Il portait un petit sac. J'entrevis le chef cuisinier qui rentrait à nouveau dans l'auberge.
-Le chef te donne ça… du sucre, pour la route.
Il me souriait. Je pris le sac et je l'attachai dans mon dos.
-Merci! Je suis sûr que Loz va adorer!
-Amuse-toi bien avec ces matérias, dit-il en souriant et en hochant la tête.
-Évidemment que je vais m'amuser.
On ne peut que s'amuser avec des jouets pareils…
-Bien. Ja ne, Kadaj!
Mais qu'est-ce qu'il raconte encore? Il dit des mots étranges, parfois… les mots de Wutai. Drôle de pays, Wutai…
-Quoi?
-À la prochaine, à la prochaine.
-Ah… oui, la prochaine fois. Quand tu seras vraiment un loup.
Et je partis à nouveau, en courant, cette fois, vers ce point qui semblait m'appeler et qui était mes deux frères.
OoOoO
Je marchais tranquillement sur le sentier mal déblayé du village, Malik en tête, comme d'habitude. Je n'avais pas grand-chose d'autre à faire, puisque mon PHS ne fonctionnait toujours pas. J'aurais voulu entendre sa voix… savoir comment elle allait… juste un petit coup de PHS. Mais non, rien. Les services fournis aux simples SOLDIER comme moi ne valaient pas une fortune…
-J'irai plus vite si tu n'es pas là.
Qu'est-ce que c'était que cette voix? Jeune… étrange… douce… arrogante… Je l'avais déjà entendue… je me retournai.
Oh non… c'était… le gamin… ce gamin…
Je décidai d'aller me cacher derrière une maison tout près. Je ne pouvais pas bien entendre ce qu'il disait, je ne pouvais plus le voir, mais je saurais s'il était toujours là ou non. De toute façon, je n'avais besoin que de quelques secondes. Juste le temps de sortir mon revolver, de le charger…
De viser…
Merde! Kokoro!
-Quoi? Il est avec…?
Je me cachai à nouveau en marmonnant quelques jurons. Kokoro avec Kadaj, c'était quoi cette histoire? Et qu'est-ce que le gamin foutait à Icicle Inn? Et pourquoi… je prêtai l'oreille.
-Amuse-toi bien avec ces matérias.
-Évidemment que je vais m'amuser.
C'était définitivement suspect, cette histoire… Je jetai un oeil. Kadaj s'en allait en saluant Kokoro de la main. Bon. Je pouvais intervenir. Kokoro restait là, planté sur le sentier, sans manteau, au beau milieu de la neige. J'avançai sans bruit vers lui et…
OoOoO
Clic!
Ce bruit… je sentis quelque chose de métallique et froid contre l'arrière de ma tête. Et ce bruit, je le reconnaissais bien, c'était celui du cran de sûreté d'une arme. Quand on l'enlève. Je levai instinctivement mes mains en l'air, lentement.
-Tu sais que je pourrais t'accuser de haute trahison?
Jostein… kuso! Il avait dû voir Kadaj… me voir avec Kadaj… Tant pis. J'allais jouer les innocents. Je n'étais qu'un simple réceptionniste d'auberge, après tout, non?
-Et pourquoi donc?
-À cause de ce gamin.
-Ce n'est qu'un gamin, non?
-C'est un meurtrier dangereux et tu le sais.
Ce que sa voix était dure… pleine de haine… comme il avait l'air de me haïr, en cet instant! Comme il me devinait facilement! Mais je ne devais – absolument – rien laisser paraître… sinon, ce n'était pas seulement ma vie que je mettais en danger… mais aussi celle de Kadaj… et celle de tous les Loups Errants. Je secouai la tête.
-Non, je ne le savais pas. Tu m'apprends quelque chose.
-Menteur, grogna-t-il en appuyant un peu plus son arme derrière ma tête.
-Pourquoi je mentirais? Ce n'est qu'un gamin perdu, pour moi.
-Pour moi c'est le responsable de beaucoup de choses très désagréables, ainsi que pour la Compagnie.
Il eut l'air d'hésiter. Je me sentis rassuré quand je cessai de sentir le canon du fusil contre l'arrière de ma tête… mais un instant plus tard, Jostein abattait la crosse du fusil contre mon crâne. Je tombai à genoux en me tenant la tête à deux mains.
-Itai!
C'est qu'il ne s'était pas retenu! Ça faisait foutrement mal!
-T'as de la chance que je déteste la Compagnie, dit-il en rangeant son fusil et en se mettant en face de moi pour mieux me regarder de haut. La prochaine fois, fais attention à qui tu héberges.
-Un client est un client, m'exclamai-je, peu importe qui c'est!
Il me donna un coup de pied au ventre. Sur le coup, j'en perdis le souffle. Je serrai mes bras contre mon ventre et je me laissai retomber sur le côté. On aurait dit qu'il avait attendu qu'une occasion comme celle-là se présente pour se défouler sur moi… c'était tellement lâche… tellement bas… et je ne pouvais rien faire!
-Il a tué vingt personnes dans la Tour, s'écria-t-il, il devrait être en prison, pas en train de dormir tranquillement dans une auberge!
Je serrai les dents et je gardai le regard baissé. J'avais rarement ressenti autant de haine pour une seule personne.
-Tu crois que tu n'en as pas tué, toi, des gens? grognai-je.
-Pas pour le plaisir de tuer, répliqua-t-il.
Je restai silencieux, et je frottai l'arrière de ma tête. Pas de sang, c'était déjà ça… mais j'allais avoir une grosse bosse…
-Je ne sais pas pour qui tu me prends, poursuivit-il plus doucement, mais ne me confonds jamais avec ce genre de malade.
-D'accord, d'accord… désolé…
Il resta pendant quelques secondes à me regarder, puis, comme si on l'avait piqué, il retourna à l'auberge en courant. Je me relevai et j'époussetai la neige qui avait collé à mes vêtements. Et je fixai ce petit point noir, à l'horizon.
-Cours, Kadaj, cours! murmurai-je. Ne te laisse pas attraper!
OoOoO
Merde. C'était tout ce que mon esprit arrivait à saisir clairement. Merde. C'était vraiment une situation merdique. Pourquoi fallait-il que Kadaj soit là? Et pourquoi fallait-il que Kokoro s'en mêle? C'était déjà assez difficile comme ça…
Je pris différentes armes. Mon habituel revolver, très léger. Un gunblade, en cas de combat rapproché, même si je n'étais pas particulièrement doué avec ce genre d'instrument. Une Matéria Fire, ça pouvait toujours servir, et je n'avais droit qu'à une seule de ces merveilles. Rien de plus, sinon j'allais être trop lourd et je ne pourrais pas courir rapidement.
Je redescendis l'escalier en trombe et je sortis de l'auberge. Kokoro était encore là, comme s'il voulait me bloquer le chemin. Je lui donnai un léger coup de coude en passant, mais il m'attrapa le bras. Quoi, il ne comprenait pas?
-Que vas-tu faire?
-Ça ne te regarde pas, gamin!
Je me dégageai violemment. Kokoro me fixa de ses yeux gris que je déteste tant.
-Si tu penses à aller tuer l'autre, alors ça me regarde. Tu mettrais ta vie en danger et je ne pense pas que tu veux cela. Pense à Malik!
-Je ne suis pas encore assez fou pour ça, mais j'ai des devoirs envers la Compagnie, figure-toi! Tu crois que j'ai vraiment envie de faire ça?
-Est-ce un ordre que tu as reçu de le tuer?
-Je te dis que je ne suis pas assez fou pour essayer, fous-moi la paix, maintenant!
Je me mis à courir vers l'endroit où était parti Kadaj. Merde, Kokoro pouvait rendre les choses si compliquées… Je l'entendis murmurer quelque chose, puis il… sauta sur mes jambes. Je tombai à plat ventre contre la neige. Obstruction envers un SOLDIER, il empirait son cas! J'aurais tellement voulu qu'il ne se mêle pas de tout ça!
-Écoute-moi bien, Jostein. Même si tu ne fais rien, rien ne va assurer ta survie si tu es près de lui. Je me fiche un peu de toi, je l'avoue, mais si tu meurs, alors Malik va être très triste et c'est la dernière des choses que je veux.
Le problème, c'était que je savais qu'il avait raison… mais je devais quand même y aller, c'était mon devoir! Et lui ne pouvait pas m'en empêcher! Alors je lui donnai un coup de pied au visage, et je me dégageai de sa prise autour de mes jambes, puis me relevai.
-Ferme-la, Kokoro!
-Tu n'as pas à faire ça! s'écria-t-il en se relevant lui aussi.
-Je ne peux pas fermer les yeux!
-Il n'a tué personne, ici. Tu n'as pas à t'en charger! De plus... il m'a dit que le Président l'aidait. Je ne mens pas!
-Tu n'as pas vu le carnage, toi, tu ne peux pas savoir.
-Tu penses que ton président va te remercier, te monter de grade et tout parce que tu auras débarrassé la compagnie d'un individu qu'il aide personnellement?
-Ça m'étonnerait beaucoup, et crois-moi, c'est pas pour lui que j'y vais... merde! Arrête de me retenir!
Et je repartis en courant avant même qu'il ait pu ajouter quelque chose. Tout ce qu'il tentait de faire, c'était me faire perdre mon temps… Je l'entendis râler, puis se mettre à ma poursuite. Et l'auberge, elle?
-Lâche-moi, gamin!
-Je viens avec toi! Pour m'assurer que tu fais pas de conneries, tiens!
-T'as intérêt à pas te mettre dans mes pattes!
-Non non…
Courir, courir, de toutes mes forces… peu importait que Kokoro soit là ou non, au fond.
