Et c'est là qu'on voit que Kadaj n'est PAS un simple gamin emmerdant...
Kuso… c'est qu'il court vite celui-là… j'aurais dû y penser, c'est quand même un SOLDIER, entraîné et boosté à la Mako, alors… quelle saleté, la Shin-Ra… ce n'est pas naturel, tout ça, toutes ces expériences, toutes ces manipulations… Et Jostein, comme les autres SOLDIER, je suis sûr qu'il ne s'en rend pas compte!
Il me tira brusquement par le bras et me jeta derrière lui. Nous étions plus près de Kadaj, on pouvait voir sa chevelure claire briller malgré l'ombre des arbres. Il marchait tranquillement, presque en gambadant, mais il avançait tout de même à une vitesse étonnante. Jostein m'avait camouflé derrière un sapin. Je soupirai et je m'accroupis à côté de lui pour pouvoir continuer de regarder Kadaj.
-Tu sais ce qu'il y a là-bas? murmura-t-il d'un ton absent.
-Non, pourquoi, je devrais?
-Si tu habites le coin…
Il s'interrompit, comme s'il allait soupirer, et il se tourna vers Kadaj. On aurait dit qu'il réfléchissait à voix haute…
-C'est un petit entrepôt de la Shin-Ra, dit-il finalement.
Ça expliquait pourquoi les frères de Kadaj avaient trouvé des matérias… je me demandais bien aussi comment ils avaient pu en trouver, au beau milieu de nulle part, en pleine neige…
-Ah… et qu'est-ce qu'il y a dedans? demandais-je innocemment.
-C'était l'entrepôt d'un petit laboratoire... juste à côté, il y a la maison d'une ancienne scientifique de la Shin-Ra... celle de ta grand-mère.
Je sursautai. Kami-sama… je ne savais pas ça…
-Vraiment?
-Disons que depuis que ton frère m'a appris ce qui vous est arrivé, j'ai fait le lien entre cette maison de la Shin-Ra et Hyundel Kel, tu vois...
-Le laboratoire... il a été détruit, n'est-ce pas…? Il était à IcicleInn...?
Jostein recommença à avancer, prudemment, en essayant de rester camouflé derrière des arbres et des buissons. Évidemment, sans prendre la peine de me répondre tout de suite, pour que je m'impatiente, on aurait dit… je le suivis tout de même, en plus, il allait vite…
-C'est la maison du professeur Kel, pas son labo, me répondit-il finalement. Ça ne l'empêchait pas de faire des expériences ici non plus... du moins, à ce qu'il paraît.
-Je n'en savais rien…
Il se contenta de hausser les épaules. Il ne voulait pas faire trop de bruit, c'était évident. Et pendant ce temps, je réfléchissais à ce qu'il venait de m'apprendre. Je n'aurais jamais cru que ce crétin me serait aussi utile un jour… mais il me restait d'autres questions.
-Des expériences… quelles expériences pouvait-elle bien mener ici?
-Tu crois qu'un simple SOLDIER est au courant de ça? siffla-t-il.
Bon, pas si utile, le Jostein… mais quand même, j'avais pas mal appris, malgré les emmerdements incroyables qu'il m'avait apportés… Il faudrait que je fasse un tour dans cette maison…
-Tu sembles en savoir pas mal, en tout cas.
-En temps normal, je ne saurais rien, ni du Black Gods Project, ni de Kadaj.
-Si tu n'avais pas connu mon frère, c'est ça?
-C'est ça.
OoOoO
Je chantonnais…
-Elles sont là, matérias, elles sont là…
Et je les sentais… les humains… ils étaient là, ils étaient là… c'était amusant… leurs odeurs, leurs couleurs…
OoOoO
Je continuais d'avancer prudemment parmi les arbres, Kokoro légèrement essoufflé derrière moi. Je me demandais vaguement comment il faisait pour ignorer le froid, moi, j'étais en manteau, et je sentais bien le vent glacial… mais bon, ce n'était pas mon problème. Et puis, c'était un Black God, il ne tomberait pas malade aussi facilement.
J'entendais le gamin chanter, encore loin devant nous. Je me permis donc de recommencer à discuter à voix basse avec Kokoro.
-Il va dévaliser cette propriété, en plus?
-Et puis alors?
-Il faudrait l'arrêter...
-Nan.
Que de bonne volonté…
-Je ne te dis pas que je m'en sens capable, lui confiai-je.
-Je ne vois pas comment tu pourrais l'arrêter... surtout s'il est avec deux autres personnes.
-Si je le voulais, je le tuerais très facilement. Je suis un sniper, je te signale. Mais je voudrais surtout l'arrêter, l'emmener dans un centre de rééducation, un truc du genre. Il avait l'air d'avoir des problèmes avec sa mère, quand je l'ai vu, à la Tour…
-Il cherche sa mère, c'est tout.
Il disait cela comme s'il savait qui était sa mère… merde, je lui avais dit des informations importantes pour lui, et il ne pouvait pas m'en donner en retour? Tant pis…
-Il y a des milliers de gamins qui cherchent leur mère, mais pas tous des psychopathes.
-Hm…
Encore une fois, que de bonne volonté… était-ce moi qu'il détestait, ou bien était-ce la Shin-Ra? Probablement un peu des deux…
Je baissai la voix en voyant que Kadaj commençait à ralentir le pas… mais… nous n'étions pas encore arrivés à la maison de Hyundel Kel…
-Pourquoi tu le couvres? demandais-je.
-… Je sais pas trop... parce qu'il cherche sa mère... et que moi aussi, en quelque sorte, répondit-il vaguement.
-Même si tu sais que c'est un tueur?
-Oui.
Alors il le savait… il m'avait menti tout à l'heure… il savait bien qui était Kadaj…
Kadaj s'arrêta devant nous, brusquement, et il leva ses bras en l'air d'un geste… étrangement gracieux. Je retins Kokoro par le bras en me demandant si nous étions suffisamment cachés derrière cette épinette.
-Le chasseur, le loup, le chasseur, le loup… chantonna-t-il.
Kokoro se tourna vers moi et me dit, un petit sourire arrogant aux lèvres :
-J'aurais peut-être dû te dire qu'il peut nous sentir, ne?
-T'aurais peut-être dû, petit con, marmonnai-je entre mes dents.
Trop tard pour reculer, apparemment…
OoOoO
Je ris doucement. C'est drôle à quel point les humains ont tendance à me sous-estimer… comme le shachou. Au début, il ne me prenait que pour un sale clone sans cervelle. Il a fallu que je le dresse, à coups de crises de Géostigma et de cadavres autour de lui… des murs de cadavres.
-Et depuis quand le loup tient la main au chasseur? demandai-je à voix haute et forte à l'intention de l'homme aux cheveux noirs.
-Depuis qu'il s'assure que le chasseur reste en vie, me répondit-il de loin.
Je restai dos à eux. Leurs odeurs me plaisaient. Surtout le mélange, le contraste entre les deux… hihi… je me demandais comment ils faisaient pour rester côte à côte sans s'entretuer.
-C'est drôle, d'habitude, il cherche à le dévorer ou le fuir, lui fis-je remarquer.
-Oui… mais je ne suis pas un loup normal, non?
Je me tournai à moitié vers lui. Je le vis tenter de libérer son bras de la poigne d'un SOLDIER. Cheveux bruns courts, assez costaud, plus grand que moi. L'air terriblement humain.
-Plutôt un chef de meute, ouais…
La suite allait être amusante… kaa-san me criait littéralement d'aller m'occuper du chasseur. Le SOLDIER. Oui… amusant…
OoOoO
Jostein voulut prendre un fusil dans sa poche arrière. Je retins vivement son bras et je lui fis un regard « fais pas ça idiot ». Il grogna, mais il rangea son arme. Le problème, c'est qu'avec lui, il y a toujours un fusil à portée de main…
-On dirait pourtant que le loup et le chasseur ont décidé d'aller à la chasse aux enfants perdus dans le bois...
C'était bien Kadaj, de se comparer à un simple enfant perdu dans le bois…
-C'est le chasseur qui s'inquiète… alors le loup le suit.
Il se tourna totalement vers nous. Il pouvait dire des choses si innocentes… et avoir l'air si terrifiant à la fois…
-Dommage que le petit enfant ait plus de crocs que le loup, pas vrai?
Et il sauta très haut en l'air… pour atterrir juste derrière nous. Jostein sursauta et se tourna vivement, et moi je tentai de garder mon air calme. Mais la chose devenait encore plus difficile puisque Kadaj avait dégainé son étrange sabre et l'avait mis juste sous la gorge de Jostein, qui avait eu la bonne idée de ne pas bouger du tout.
-Drôle de chasseur, s'exclama Kadaj en penchant la tête de côté, comme pour mieux le juger.
Je repoussai doucement le sabre à deux lames de sous la gorge de Jostein. Kadaj était si imprévisible… il fallait le calmer, il avait l'air excité… exalté, même.
-Pourquoi dis-tu ça, hm?
-Il me fait rire.
-Et pourquoi te fait-il rire?
-Il sait qu'il n'a aucune chance.
Je me tournai un instant vers Jostein, qui avait l'air impassible, et je haussai un sourcil. Il… savait qu'il n'avait aucune chance contre Kadaj? Dans ce cas… pourquoi…?
-Alors tu vas le laisser fuir, non?
-Je ne sais pas.
-Je n'ai pas l'intention de fuir, dit Jostein d'une voix morne.
-Il est vraiment drôle, répliqua Kadaj en riant légèrement.
-Si tu le dis, soupirai-je en secouant la tête.
Je voulais bien protéger Jostein, mais là, il empirait son cas! Kadaj leva à nouveau son arme et posa les lames contre la gorge de mon beau-père, du côté non coupant, heureusement.
-Alors, l'apostropha-t-il, pourquoi tu me chasses?
-Je dois t'arrêter, répondit Jostein d'un ton neutre. C'est mon devoir.
-Et tu n'as pas pensé que je pourrais te tuer?
-J'y pensais tout le temps.
-Alors tu as envie de mourir?
-Non.
J'admirais secrètement l'impassibilité de Jostein. Si j'avais eu un couteau comme ça sous la gorge, je ne serais pas resté aussi calme, c'est certain… Surtout pas devant le sourire agacé de Kadaj!
-Je ne comprends pas, vraiment pas les humains…
-Ne t'inquiète pas, lui dis-je, je ne le comprends pas non plus…
Kadaj fit glisser ses deux lames le long de la gorge de Jostein, jusqu'à la pointe qu'il appuya doucement contre la peau. Quelques gouttes de sang apparurent, et Jostein serra simplement les dents. Je ne pouvais pas le laisser faire, et je décidai de repousser une nouvelle fois le double sabre. Cependant, Kadaj me lança un regard signifiant clairement : « Pas touche à mon sabre! » Je ne voulais pas qu'il se mette contre moi non plus… surtout pas…
Et évidemment, il fallait que Jostein profite de l'absence de menace immédiate pour se mettre encore plus dans le pétrin en sortant une arme de son dos pour la pointer vers Kadaj. Un gunblade court, marqué du logo de la Shin-Ra. Kadaj prit un air amusé
-Oooooooh… j'ai peeeeeeeeeur…
Je soupirai et je me mis entre Jostein et Kadaj, de côté. Pas question de tourner le dos à l'un ou à l'autre. Pas question de les laisser se battre non plus… je ne voulais pas avoir la mort de Jostein sur la conscience. Ça ferait trop de peine à Malik…
-Arrêtez d'agir comme des gamins, tous les deux! m'écriai-je.
-Enlève-toi, le loup, je ne voudrais pas te faire du mal, dit Kadaj d'une voix sérieuse, beaucoup plus sérieuse que tout ce que j'avais pu entendre.
Jostein répondit en sortant un revolver pour sa main gauche et en reculant de quelques pas. Baka.
-Et moi, je ne veux pas qu'aucun de vous ne soit blessé, c'est simple.
-Il ne m'arrivera rien, répliqua Kadaj. Pour lui, par contre…
-Je le protège de toi… car s'il meurt ou s'il est blessé, ma kaa-san sera triste.
Une ombre sembla passer dans les yeux de Kadaj. Je venais de toucher un de ses points faibles…
-Ta kaa-san serait triste?
-Malik comprendra, dit Jostein.
Comment osait-il de telles choses? Il voulait vraiment crever? Et moi qui faisais tout mon possible pour le sortir de cette situation merdique dans laquelle il s'était fourré! Et comment osait-il dire cela? Malik était encore si fragile! Si instable psychologiquement! Comment pouvait-il…? Et pourtant, je devais continuer à la défendre… kuso… si seulement ça n'avait été qu'un SOLDIER comme ça, je l'aurais laissé se faire tuer sans aucun remords, ça ne ferait qu'un chien de la Shin-Ra de moins dans mes pattes… mais non, il fallait qu'il soit le meilleur ami de mon frère, et qu'il sorte avec ma mère en plus! Mais pourquoi ces situations n'arrivent qu'à moi?
-Ma kaa-san sera très triste, oui, insistai-je, parlant plus fort que Jostein pour le convaincre de se la fermer.
-Dans ce cas… je ne le tuerai pas.
-Merci.
Et il rangea son arme dans son fourreau. Je clignai des yeux. Ça me semblait… presque trop facile… même Jostein devait le sentir, je l'entendis soupirer derrière moi, non pas de soulagement, mais de crainte… Kadaj s'approcha de moi et posa une main sur mon épaule.
-Dommage… ça aurait peut-être mieux valu.
Le temps de cligner des yeux, Kadaj était déjà sur Jostein. Et le temps que je me retourne pour l'empêcher de faire quoi que ce soit, il l'avait déjà pris par le cou et l'avait violemment projeté contre un arbre. Il retomba assis, appuyé contre le tronc, un peu de neige lui tombant dessus, complètement assommé.
-Tu ne l'as pas abîmé, j'espère, soupirai-je.
-Non… pas encore.
Il s'approcha du corps de Jostein et ramassa la gunblade qu'il avait laissée tomber en passant. Je m'approchai aussi, pour m'assurer qu'il ne ferait pas plus de mal à Jostein.
-Comment ça, pas encore?
Kadaj se tourna vers moi et me fit un sourire mystérieux… puis il s'entailla le poignet avec la gunblade, et fit éclabousser le sang sur le visage de Jostein!
-NON!
Je poussai Kadaj loin de Jostein. Il tomba dans la neige… mort de rire.
-Qu'est-ce que tu fais!
Il se contenta de continuer à rire, rire comme un dément. Kuso… Jostein avait raison… ce gamin n'était qu'un psychopathe… mais pourquoi il avait fait ça? J'enlevai mon chandail (de toute façon, je portais un T-shirt en dessous) pour essuyer le visage de Jostein, du mieux que je pus, puis je vins me poster à côté de Kadaj. Dément ou pas, il me devait des explications…
-Pourquoi tu as fait ça!
-C'est ma kaa-san qui le veut!
Mais pourquoi avait-il l'air si innocent?
-Et pourquoi veut-elle ça!
-D'après toi?
Il se coucha sur le côté et s'appuya sur un coude pour regarder Jostein qui ne bougeait toujours pas. Ce sourire… le sourire lorsqu'il pensait à sa kaa-san… sa kaa-san… Jenova… oh non…
-Tu… lui as donné le géostigma, c'est ça?
-Peut-être que oui, peut-être que non. C'est comme un jeu de hasard!
Et il se remit à rire. Je regardai le chandail que je tenais toujours en me disant que je devrais le brûler…
-Je vois…
-C'est drôle, non?
-Peut-être pour toi…
Mais comment faisait-il pour rire de telles choses? Et rire, rire, en se roulant par terre, dans la neige! Je secouai la tête et je retournai auprès de Jostein.
-Je dois le ramener à l'auberge…
Kadaj se tourna vers moi, l'air surpris. Tellement surpris qu'il avait arrêté de rire.
-Tu vas l'aider?
-Je ne vais pas le laisser mourir de froid, en tout cas.
-Hm…
Il lécha le sang sur son poignet. Apparemment, il n'y avait plus de plaie… il guérissait aussi vite que moi, sinon plus… pauvre jouet de la Shin-Ra, lui aussi… je me secouai et me penchai au-dessus de Jostein. Kadaj se releva et s'appuya contre un arbre, continuant à lécher le sang sur son poignet, tandis que je soulevais mon beau-père, le soutenant du mieux que je le pouvais. Je l'entendis grogner, signe qu'il allait se réveiller bientôt. Tant mieux, il était lourd…
-Tu t'en vas vraiment, murmura Kadaj alors que je m'éloignais lentement de lui, cheminant péniblement dans la neige.
-Hm…
OoOoO
Je les regardais s'éloigner, le chasseur appuyé sur les épaules du loup qui clopinait à cause de son poids… c'était amusant. Mais je me souvins que Loz et Yazoo m'attendaient, quelque part… quelque part où il y avait des matérias, et peut-être d'autres beaux jouets! Je saluai l'homme en noir de la main, même s'il me tournait le dos et ne pouvait pas me voir.
-Au revoir, le loup! Et fais attention aux chasseurs, la prochaine fois, son gibier ne sera peut-être pas les petits enfants…
Et je me mis à courir. Je ne savais même pas son nom… est-ce que ça avait de l'importance? Ce… ce n'était qu'un humain…
Non, il était plus que ça. Il était peut-être un ami, qui sait? Drôle de pensée…
Aller rejoindre mes frères. Le reste, le monde, la vie, cela importait peu. Et l'homme-loup saurait bien se débrouiller avec le chasseur. Les cycles tournoyants… cette vie si facile, si humaine… ils sauraient s'y débrouiller.
Il ne me restait plus qu'à trouver ma kaa-san. J'allais poursuivre ma route vers le sud, dans ma quête inlassable. Quitte à devoir fréquenter d'autres humains…
La route, toujours la route…
Kaa-san, toujours là…
Ça, ça veut dire, pour ceux qui ne l'ont pas compris, que même si cette fic se continue, les histoires de Kadaj se poursuivront... dans une autre fic! À suivre!
Mais pour l'instant, on va finir la belle histoire de Kokoro et Jostein... hé non, c'est pas encore fini... d'après moi, j'en ai encore pour un ou deux chapitres!
