8-L'épouse bafouée

Danny, Stella et Sheldon se trouvaient face à la maison luxueuse des McCarter et l'admiraient : elle était en léger décalage par rapport aux habituels bâtiments de New York.

Danny : Je devrais me convertir dans la télé…

Sheldon (gentiment moqueur) Pour y faire quoi ? Jouer dans des soaps ?

Danny (fronçant le nez, vexé) Très drôle.

Stella (avec une gentille autorité) Les garçons, on bosse là…

Stella soupira, amusée du comportement enfantin de ses deux jeunes collègues. Elle avait parfois vraiment l'impression d'être une institutrice ou une mère réprimandant ses enfants…Elle appuya enfin sur la sonnette et un joli son de carillon se fit entendre.

Sheldon : C'est pas « Ave Maria ? »

Stella : Si.

Danny : Ok, je vois le genre…

La porte s'ouvrit enfin, tout doucement, et les trois experts virent alors la femme stricte et austère du révérend McCarter : des cheveux bruns rassemblés dans un chignon incroyablement serré, un tailleur gris très stricte, des chaussures à talons plats et un visage sans maquillage. Jane McCarter finit par regarder les trois enquêteurs avec des yeux tristes et sombres, lui donnant un aspect assez inquiétant.

Stella : Bonjour, Madame McCarter. Nous sommes de la police scientifique de New York. Je suis le lieutenant Bonasera et voici le lieutenant Messer et le docteur Hawkes. C'est au sujet de votre mari…

Jane (calmement) Vous l'avez trouvé ?

Stella : Oui. Nous avons une commission rogatoire pour fouiller votre maison.

Jane : C'était parfaitement inutile.

Danny (interloqué) Pardon ?

Jane (d'une voix toujours aussi calme et neutre) Je l'ai tué…Je les ai tués tous les deux.

Les trois experts se regardaient : ça, c'était une première ! Un coupable qui avouait immédiatement, sans interrogatoire, sans confrontation.

Jane (voyant le regard interrogateur des trois enquêteurs) Ne soyez pas si étonnés. J'avais décidé d'avouer si la police remontait jusqu'à moi…

Sheldon : Vraiment ?

L'attitude très calme de cette femme décontenançait les trois experts. Ils ne savaient vraiment pas comment ils devaient réagir face à ces aveux.

Jane (les invitant à la suivre) Je vais vous donner ce que j'ai utilisé pour les tuer…

Stella (reprenant ses esprits la première) Comment avez-vous fait pour les emmener dans cette chambre d'hôtel ?

Jane (les menant à son bureau) C'était celle que Paul prenait habituellement pour rejoindre sa maîtresse et jouer à ses petits jeux sordides. Je lui ai dit que je l'y attendais et il est venu. Je lui ai fait croire que je voulais m'essayer à ses pratiques…Quel naïf ! Une fois à ma merci, je l'ai étouffé…avec ma robe de mariée. Et je lui ai fait avaler son alliance, l'aidant un peu en lui enfonçant au fond de la gorge.

Les experts tressaillirent devant ces aveux racontés d'une manière si neutre, si froide. Cette femme était vraiment effrayante.

Stella (continuant tout de même, avec une certaine appréhension) Et pour la femme ?

Jane : Elle s'appelait Stacy Kinsey. Une de ses ouailles. (secouant la tête, un sourire ironique sur les lèvres) Je l'ai aussi appelée et lui ai raconté que je savais tout. Quand je pense qu'elle a vraiment cru que je voulais lui parler pour faire le point sur cette situation…

La femme se mit à rire, un rire cruel et glacial, un rire effrayant qui donnait des frissons aux trois experts.

Jane : Elle a été plus difficile à tuer mais les coussins de cet hôtel sont étonnamment pratiques pour étouffer quelqu'un…

Stella : Pourquoi ne pas avoir quitté votre mari ? Pourquoi être allée jusqu'au meurtre ? Et cette mise en scène ?

Jane : Si vous saviez à quel point je me suis sentie stupide quand j'ai découvert ses petits secrets. J'ai cru à chacune de ses paroles, à chacun de ses sermons…J'ai tout fait pour être l'idéal qu'il clamait dans ses discours et lui…Lui les bafouait sans remord ! Il m'a ridiculisée ! Vous ignorez tous les sacrifices que j'ai dû faire ! Il ne méritait pas une mort digne. (avec un sourire satisfait) Et dès demain, tous sauront qui il était vraiment.

Jane se mit à rire une nouvelle fois. Elle apporta aux experts toutes les preuves dont ils avaient besoin puis attendit qu'on lui passe les menottes aux poignets.

Alors que Sheldon rassemblait toutes ces nouvelles pièces à conviction, Stella et Danny se regardaient, une lueur presque incrédule dans le regard.

Danny : C'est l'enquête la plus étrange que j'ai jamais résolue.

Stella (d'un ton grave) Elle est aussi teintée de tragédie. Cette femme semble avoir perdu son cœur et son âme…

Danny (haussant un sourcil, intrigué par les paroles de sa collègue) Comme beaucoup de meurtrier…

Stella : Tu ne comprends pas. Elle a donné tout son cœur à un homme qu'elle admirait et celui-ci lui a brisé. Son amour et son admiration se sont transformés, par cette trahison, en haine et en vengeance et ça l'a détruite peu à peu, consumant ainsi son âme.

Danny : Tout cela me semble bien lyrique, Stella.

Stella sourit tristement à son jeune collègue et tous deux finirent par quitter l'immense maison. La scientifique pensa encore à la souffrance qu'avait dû ressentir Jane McCarter. Cette affaire qui avait commencé d'une manière plutôt comique se finissait en tragédie…pour la meurtrière.