5-Colère

La colère est un sentiment si inutile…Peut-être pour crier sa tristesse… ? Non, c'est un sentiment négatif. Et toi, tu es rempli de colère, Brad…

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Debbie Smith était vraiment ennuyée. Elle voulait faire une surprise à son époux en lui préparant son gâteau préféré mais elle n'avait plus un seul œuf. Il fallait qu'elle en demande à l'un de ses voisins et à cette heure, seul le désagréable locataire du 52 était là. Soupirant et prenant son courage à deux mains, la jeune femme sortit de chez elle et se dirigea d'un pas traînant vers l'appartement de Monsieur Speer. Debbie frappa doucement la porte et attendit les futurs éclats de voix contrariée de son effroyable voisin. Mais là, rien. Le silence total. Etrange…

Fronçant les sourcils, Debbie refrappa un peu plus fort tout en appelant son voisin, de plus en plus inquiète. Elle aperçut soudain un jeune policier, Jameson, et l'interpella, lui demandant de l'aide. Le jeune homme la rejoignit et frappa la porte à son tour mais avec force. Jameson finit par enfoncer la porte, entrant enfin dans l'appartement, et trouva Monsieur Speer tranquillement assis dans son fauteuil. Mais cette immobilité intrigua le jeune agent, qui s'approcha de l'homme et vérifia alors son pouls. Aucun. Et merde, encore un autre…

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Flack, Stella et Mac avait suivi Jameson et découvrirent ainsi la nouvelle scène de crime.

Don (entre ses dents, se sentant de plus en plus impuissant) Plus que deux…L'étau se resserre.

Mac : Voyez s'il n'y a pas d'autres voisins pendant que je l'examine.

Don : Bien.

Mac : Stella, accompagnez-le. Vous avez besoin de vous aérer…

Stella (protestant) Mais, Mac…

Mac (la coupant, implacable) C'est un ordre.

La jeune femme acquiesça et suivit enfin Don, sous le regard soulagé de Mac. Son amie était si pâle…La mort horrible de la petite Lucy l'avait profondément ébranlée et Mac craignait qu'une nouvelle scène de crime ne mine ses dernières forces. Il valait mieux la laisser aux côtés de Flack : le jeune homme avait un don pour la remonter à bloc…Comment ? Ça, Mac l'ignorait. Il n'avait jamais réussi à percer le secret du détective mais cela montrait la puissance du lien qui existait entre ses deux collègues. Mac se réjouissait d'ailleurs que Stella ait trouvé quelqu'un comme Flack. Elle semblait tellement heureuse.

Interrompant ses pensées, Mac retourna à l'examen du corps de Brad Speer et ne trouva aucune blessure, à part une bosse. Le meurtrier aurait donc assommé sa dernière victime…Mais pourquoi ? Mac examina alors les yeux du mort et y vit le signe évident d'une overdose : ses pupilles avaient la taille d'une tête d'épingle. Cet homme avait été drogué…Prenant une profonde inspiration, Mac fit doucement basculer le cadavre vers l'avant afin de découvrir de quel péché le tueur l'accusait. Un feuillet était scotché au dossier du fauteuil et l'expert le décolla avec délicatesse, le saisissant prudemment entre ses doigts gantés. Il put y lire le mot suivant : « Colère ».

Mac (observant le mort) C'est sûr que là, il est calme…

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Pendant que Flack interrogeait Debbie Smith, un autre locataire, Charlie Ringer, était arrivé. L'homme avait oublié sa mallette et s'était fait accueillir par la police lorsqu'il arriva devant son appartement, le 58. Stella s'occupa donc de son interrogatoire, à la grande joie de Charlie. Il adorait les femmes…

Stella : Je suis désolée pour le dérangement, Monsieur Ringer, mais…

Ringer (l'interrompant et lui faisant son sourire le plus charmeur) Appelez-moi Charlie…

Don, entendant la voix mielleuse de Ringer, tiqua immédiatement et se hérissa. Pas touche…

Stella (professionnelle et le regardant d'un air grave et sérieux) Ecoutez, Monsieur Ringer, votre voisin, Brad Speer, a été assassiné.

Ringer (surpris) Comment ? Un autre meurtre ?

Stella : Oui. Pouvez-vous me décrire Monsieur Speer ?

Ringer : C'était un gars colérique. Un incroyable râleur. Je ne l'ai jamais vu calme. Il râlait, criait, hurlait tout le temps et sur tout le monde. J'avais jamais vu ça auparavant…On l'évitait le plus possible.

Stella : Je vois. (pour elle-même) Et je devine aisément son péché…

Ringer (draguant outrancièrement) Alors, comme ça, vous êtes dans la police scientifique ? Une beauté comme vous ?

Stella (sur la défensive, fronçant les sourcils) Je ne vois pas en quoi ça vous regarde…

Ringer (avec un large sourire éclatant, caressant la joue de Stella avec son index) Vous devez être seule en faisant un tel métier, non ?

Stella (repoussant son doigt de sa joue et hésitant à répondre) Heu…N…

Soudain, Charlie fut plaqué contre le mur par un Flack furieux et il poussa un petit cri strident, effrayé. Le détective lui tordit le bras et l'immobilisa avec force.

Don (avec une voix pleine de colère) Non, elle ne l'est pas ! Et touches-la encore avec tes sales pattes et je t'arrête pour harcèlement, pigé ?

Ringer (terrorisé) Ok, ok. Désolé, mec, je savais pas.

Don (implacable) Maintenant, tu le sais. Approche-la encore et je ne serai pas aussi gentil…

Flack finit par relâcher Charlie, qui déguerpit en vitesse, puis il se tourna vers Stella, muette de stupeur. La scientifique se mit ensuite à lui sourire, se sentant étrangement flattée.

Stella (amusée) Jaloux ?

Don (avec véhémence) Bien sûr ! Tu crois vraiment que j'allais le laisser continuer à te peloter ?

Stella (haussant un sourcil) Tu crois que je l'aurais laissé faire ?

Sur ce coup-là, Don se sentit vraiment stupide. Il s'était laissé influencer par sa colère et sa jalousie et avait agi en toute impulsivité. Et pourtant, le jeune détective avait confiance en Stella. Mais il avait horreur qu'un homme lui tourne autour de cette manière, la considérant comme un trophée. C'était son Ange et il fallait la respecter.

Don (embarrassé) Non. Et je le sais bien, mais…

Stella (attendrie, elle lui caressa le visage avec tendresse et l'embrassa) Tout va bien. (taquine) Et puis, j'aime bien quand tu es jaloux. Ça montre que tu m'aimes.

Don : C'est évident.

Stella lui déposa un rapide baiser sur les lèvres puis lui fit un sourire éblouissant. Elle ne pouvait vraiment plus se passer de lui…Elle aperçut Mac qui sortait de l'appartement 52 et le vit les rejoindre.

Mac : Bon. On retourne au labo.

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Le docteur Syd Hammerback n'avait jamais eu tant d'autopsies à effectuer en si peu de temps. Il venait à peine de finir celle de Brad Speer quand Mac débarqua dans la morgue et se dirigea droit vers lui. Prenant une profonde inspiration, le légiste se posta aux côtés du corps de la petite Lucy Kimber et fut rapidement rejoint par le chef de la scientifique.

Mac : Alors ?

Syd : C'est une mort atroce pour un enfant. L'énucléation des yeux et l'ablation de la langue sont ante mortem.

Mac (surpris et choqué) Quoi ? Mais elle n'avait pas la moindre tache de sang conséquente à ce genre de mutilations.

Syd : Son visage a été nettoyé avec un désinfectant… (voyant l'interrogation muette de Mac) quelconque, navré. Les autres traces ont certainement étaient recouvertes par l'hémorragie de l'artère jugulaire.

Mac (soupirant et observant avec tristesse le petit corps) A…A-t'elle souffert ?

Syd : Oui. Pas trop longtemps, mais suffisamment pour qu'elle se sente mourir. Une enfant de cet âge a un très léger seuil de tolérance à la douleur. L'égorgement était donc parfaitement inutile. Mais notre tueur avait une autre idée en tête.

Mac (intrigué) Comment ça ?

Syd : Il lui a retiré les cordes vocales. Quel était son péché ?

Mac : L'envie…Pourquoi ? Vous avez une théorie sur la signification d'une telle boucherie ?

Syd : Oui. C'est très symbolique. Notre tueur voulant éviter que cette petite soit encore plus touchée par ce péché lui a retiré ce qui peut provoquer cette envie, c'est-à-dire les yeux, et ce qui l'exprime, c'est-à-dire la langue et les cordes vocales…

Mac réfléchit alors à cette dernière hypothèse et vu la façon de fonctionner du meurtrier, le légiste avait sans aucun doute raison…Mon Dieu, le tueur n'avait aucune limite…

Mac (revenant à Syd) Avez-vous découvert des traces permettant de nous mener vaguement au tueur ?

Syd (tristement) Non. Je n'ai jamais vu une telle minutie dans un tel massacre…

Mac : Ok. Et pour Brad Speer ?

Syd (le conduisant vers l'autre corps) Vous aviez raison, il a été drogué. Vraiment plus que de raison. J'ai envoyé les échantillons sanguins à Zach pour qu'il identifie la ou les drogues dont s'est servi l'assassin. Notre homme a eu une mort plutôt douce. C'est comme s'il s'était endormi…

Mac : Je vois. Merci, Syd.

Syd : Je vous en prie.

Mac salua le légiste de la tête et quitta enfin la salle d'autopsie pour préparer un nouveau bilan de l'affaire. Il ne restait plus que deux péchés…