Auteure : Amanda A Fox
Série : Stranger Things
Couple : Billy Hargrove/Steve Harrington (princpal, d'autres couples en parallèle peuvent toujours être là)
Genre : Aventure/Romance
Résumé : Début des vacances d'été, en plus des tourments constants qui embrouillent le train de vie quotidien de Steve concernant un certain Californien, son karma a aussi décidé de lui coller Vecna au derrière. Réécriture des moments clés de la saison 4 si Billy était en vie.
Petit blabla introductif : Ça fait un moment que je n'ai pas posté ni même écrit à vrai dire. Mais comme toujours ce fandom m'a éjecté à nouveau dans du shipshipship. Voici donc un petit essai de réécriture qui honnêtement, est plus un terrain de jeu pour moi. Mais comme toujours j'essaie de rester le plus possible cohérentes et proche du canon (hormis évidemment, Billy n'est pas mort ;-) ).
Je vous indique donc clairement que c'est PLEIN DE SPOILS. Cette petite fic' débute donc un jour avant le début de la saison 4. Tout est équivalent, hormis le fait que Billy a survécu au fiasco du 4 juillet 1985.
Ceux qui me lisent et qui avaient pu laisser des reviews tout le long de l'années 2021 jusqu'à présent, je suis désolée si je n'ai jamais répondu. Je ne m'étais plus rendue ici, de plus, j'ai aujourd'hui remarqué que je ne recevais plus des notifications par mail lorsque j'en reçois. Alors je vous remercie ici !
N'hésitez pas à me faire un retour sur cet écrit. Kiss.
Steve Harrington and Vecna's curse upon him
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Chapitre 1
Nier, meilleure compétence de Steve Harrington
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20 mars 1986 – Hawkins Forest
« Quelle chanson très désagréable, » indiqua Steve Harrington en retirant le casque du walkman qu'il tenait dans sa main droite sans même prendre le temps d'éteindre l'appareil.
Ses cheveux s'ébouriffèrent légèrement dans le mouvement et d'un geste de la main, il arrangea rapidement sa chevelure pour ensuite reporter son regard jusqu'au jeune homme qui se tenait à quelques pas de lui. Dès lors qu'il avait posé sa conclusion quant au morceau de hard rock qu'il écoutait jusque-là, Billy Hargrove s'était retourné vers lui, abaissant la main qui tenait une cigarette fumante, pour lui lancer un regard outré.
« Désagréable ? Ai-je bien entendu, Harrington ? » lui lâcha-t-il, sourcils haussés à l'extrême.
Ricanant légèrement, s'étant attendu à cette réaction, Steve haussa les épaules en s'installant plus confortablement contre le vieux tas de rondins déposés à l'entrée du petit entrepôt de pailles laissé à l'abandon au sein de la forêt de Hawkins. Il déposa le walkman appartenant au Californien près de lui et reporta vers Billy un regard mesquin.
« Tes goûts musicaux sont vraiment à vomir, Hargrove, » dit-il, ne pouvant retenir un sourire amusé.
Anciennement dos à Steve à fumer pendant que l'ancien King du lycée écoutait la première chanson de la cassette, Billy lui faisait dorénavant totalement face, délaissant la cigarette qui se consumait en silence.
« Honnêtement, vu ce que tu te démènes à écouter, je serai toi, je la fermerai, » lui répondit le blond aux cheveux mi-longs, pourtant sans trop de réelle animosité. « Même Max me dit être à deux doigts de vomir lorsque tu lui sers de taxi. »
Et la fillette ne se faisait pas prier pour le lui faire remarquer à chaque fois, au grand dam de Steve qui n'avait pourtant pas cessé de tourner en boucles les mêmes chansons pour rendre Max et Lucas fous. À cette petite pique, Steve rit doucement et croisa les bras contre sa poitrine.
« Tu ne mérites même pas que mon Walkman se trouve entre tes mains, » ajouta vivement Billy en tirant sur sa cigarette pour ensuite se rapprocher des rondins et récupérer l'engin. « Ton aura souille ma douce musique. »
« Douce, bien sûr, » ironisa Steve qui suivait Billy du regard, léger sourire sur les lèvres.
Il inspecta l'autre garçon éteindre le Walkman et enrouler le fil noir du casque autour du boitier orange. Aujourd'hui, cela faisait six mois que Billy Hargrove était sorti de l'hôpital dans lequel il avait subi des soins intensifs suite à l'incident de Starcourt. Sa possession et les blessures infligées par le Mind Flayer avaient failli lui être fatals, et le rétablissement avait été long. Pourtant, à voir Billy Hargrove en débardeur noir et veste en jean emblématique sur les épaules, à l'aura toujours imposante et au caractère toujours aussi fort, il était presque impossible d'imaginer ce qu'il avait pu subir en juillet dernier.
Néanmoins, Steve faisait partie des personnes qui remarquaient quelques petits changements. Certes subtils mais également logiques. Mais en bref, globalement il restait le même. Ou du moins, la même personne qu'il avait été avant juillet dernier tout en prenant en compte son évolution qui avait déjà un peu commencé avant le drame. Steve ne pouvait en effet pas retirer de son esprit le fait que depuis l'été dernier, sa relation avec le Hargrove était en nette amélioration. Entre Billy Hargrove et un peu tout le monde en réalité, même s'il gardait un bon « caractère de merde » comme disait parfois Dustin.
À ce jour, les deux personnes de son âge avec qui trainait le plus Steve, était Robin et Billy. Jonathan avait été aussi un ami proche jusqu'à son départ en fin d'été dernier.
Ceci expliquait sa présence aux côtés du Californien aujourd'hui. Et tout ceci lui paraissait tout à fait normal alors qu'un an auparavant il n'aurait jamais imaginé trainer avec lui de façon régulière. Un peu trop régulièrement lui avait même avoué Robin un soir à la sortie du vidéoclub.
Remarquant soudain qu'il scrutait peut-être un peu trop intensément l'autre garçon qui continuait de fumer en silence, Steve se racla la gorge et détourna les yeux pour regarder tout sauf la source de ses tourments.
Oui, la source de ses tourments.
Mais ses pensées furent brusquement coupées lorsqu'il aperçut un petit quelque chose d'anormal sur la carrosserie de sa BMW garée près du vieux pick-up de Billy qu'il avait pu récupérer du garage où il bossait depuis le début de l'année. Fronçant les sourcils, Steve se leva et s'approcha de son véhicule bien aimé, pour ensuite passer le bout de ses doigts contre un sticker collé près du rétroviseur gauche. Une tête de mort en noir et blanc pas plus grand qu'une balle de ping-pong mais bien assez visible pour avoir été distingué de sa position près de l'entrée du vieil entrepôt.
« Billy… » commença Steve d'une voix qu'il voulut sévère. « Qu'est-ce que c'est que ça ? »
Le concerné tourna la tête vers Steve tout en prenant une dernière bouffée de nicotine, expression totalement détachée.
« Oh, » répondit simplement le blond, tout en jetant sa cigarette consumée d'une pichenette.
Steve se redressa et lui adressa un regard meurtrier. Évidemment, c'était Billy qui avait collé ce fichu sticker qui n'était pas là en début d'après-midi de son jour de congé quand il avait pris sa voiture.
« Tu m'expliques ce que c'est que cette horreur ? » insista Harrington en désignant sa voiture d'un geste vif de la main, sans lâcher le Californien des yeux.
Et Billy semblait bien s'amuser de la situation et après un petit rire mesquin, lui répondit le plus tranquillement du monde :
« Désagréable ? Horreur ? Tu es bien vilain aujourd'hui à me juger comme tu le fais. »
« Billy ! »
« C'est un tas de stickers que j'ai récupérés hier au taff'. Un nouveau lot qui a une très bonne fixation. Tu verras, même sous la pluie, ça reste collé à la caisse. »
« Me fais pas la PUB des nouveaux accessoires de-… Comment ça, qui a une très bonne fixation ? »
Faisant volte-face vers son véhicule pour analyse l'ampleur de la situation, Steve maudit intérieurement l'action de son camarade. Ça allait être un enfer à retirer. Certes le sticker n'était pas imposant, mais Steve aimait sa voiture nickel et d'une homogénéité sans pareille.
« Allez Princesse, considère cela comme un beau cadeau afin que tu penses à moi à chacun de tes voyages, » ajouta Billy taquin, agrémenté d'un clin d'œil tout en tapotant vivement sa propre épaule, là où derrière sa manche en jean, se trouvait un tatouage similaire au sticker.
Cela faisait bien des mois que Steve Harrington avait fait abstraction à ce surnom ridicule et ne prenait plus la peine de le rappeler à l'ordre, ainsi il se concentra sur le contexte actuel et sortit la clé de sa voiture, la levant vers Billy.
« Moi aussi tu vas voir, je peux t'offrir un très joli cadeau sur ta bagnole, » l'avertit Steve, sourcil haussé, pourtant expression plus amusée que frustrée. « Pourquoi ne pas graver Steve Harrington est mon idole juste à l'arrière de ton pick-up pour me faire un peu de promo ? »
Et il agita plus vivement sa clé de voiture, là où un porte-clés d'une DeLorean était accrochée et s'agitait au gré du mouvement, petit cadeau offert par Dustin à Noël dernier –oui, Steve était retourné voir Retour vers le futur avec Robin quelques semaines après Starcourt pour réellement se faire un avis sur le film qu'il a nommé film du siècle-.
« Oh, oh, oh, » lâcha Billy après un rire tout en attrapant avec ferme douceur le poignet de Steve pour lui faire abaisser la main pouvant être meurtrière pour son pick-up. « Si tu fais ça, la prochaine fois que tu viens au garage avec ta caisse, elle risque de ressortir en plus morceaux. »
Steve et Billy se chamaillèrent gentiment durant quelques minutes, le poignet de Steve un long moment enfermé dans la main chaude et ferme du blond. Puis vint le moment où il fut bientôt temps de se séparer. Steve jeta un coup d'œil à sa montre tout en buvant les dernières gouttes de sa canette de bière anciennement déposée contre le capot du pick-up.
« Je dois y aller, j'ai les parents de Robin à rencontrer ce soir, je vais éviter d'être en retard où elle me tuera avant même que je puisse la spotter. »
Steve écrasa la canette à présent vide qu'il jeta avec adresse jusqu'à la benne à ordure qui n'avait pas été vidée ni utilisée depuis des lustres et quand il se retourna pour saluer proprement le Californien avec qui il avait passé à nouveau un très bon moment, il fut pris d'un temps d'arrêt. Billy, walkman dans une main, énième canette de bière dans l'autre, ne semblait pas ravi de la raison pour laquelle Steve avait à partir.
« Alors c'est bien ce que je disais, tu t'es enfin décidé à concrétiser avec elle, » lâcha Billy qui tenta de prendre un air nonchalant mais dont les éclairs frustrés de ses pupilles poussaient à croire autrement.
Steve leva les yeux au ciel, rengaine qu'il avait à chaque fois que quelqu'un présumait tout haut que lui et Robin étaient en couple –ce qui arrivait relativement souvent puisqu'il trainait beaucoup avec elle-même en dehors du boulot-. Mais comment dire, ce n'était pas comme s'il pouvait répondre à ses interlocuteurs que la jeune femme ne serait jamais intéressée par lui, cette dernière étant attirée exclusivement par les filles.
« Billy, » soupira Steve, légèrement agacé. « Combien de fois il faudra vous le répéter à tous. Il n'y a rien entre elle et moi. Seulement une amitié platonique avec un P majuscule, se force à appuyer Robin à chaque fois. »
Billy plissa cependant les yeux à son égard, suspicieux, et malgré lui, Steve se permit de préciser :
« C'est juste qu'on est potes depuis des mois maintenant, et je suis un peu comme… son seul pote encore à Hawkins. Ses parents meurent d'envie de rencontrer qui est le charmant ami que je suis. Robin a attendu expressément que ses parents aient compris que notre relation était purement amicale avant de me les faire rencontrer. Voilà, fin de l'histoire. »
Steve parvint à remarquer un éclair de soulagement filer dans les yeux de Billy. La même lueur de soulagement qu'il semblait voir apparaître quand Billy apprenait qu'une énième conquête de Steve lui avait fichu un râteau. Au début, Steve pensait que Billy était simplement amusé par son aptitude claquée au sol concernant la drague et les relations de longues durées, mais plus les semaines étaient passées et plus Steve avait trouvé cela curieux.
À vrai dire, enchainer les relations et s'efforcer à trouver la fille parfaite n'enchantait guère Steve et à chaque fois qu'une de ses relations se terminait, un brin de soulagement tiraillait son cœur. Mais il n'oserait surement jamais dire tout haut le pourquoi. Ni même tenter de le penser dans sa tête. Le déni était son meilleur ami ces derniers temps.
Déni qui, malgré cela, poussa Steve à lever un regard quelque peu incertain vers Billy, se remémorant une discussion qu'il avait eue avec le Californien une petite semaine avant. C'était la seconde sortie qu'il avait faite avec Robin, car sa collègue et le blond semblaient ENFIN s'entendre un peu. Ils étaient allés tester un nouveau bar ouvrant ses portes à Hawkins, se faisant tous trois passer pour des plus de vingt-et-un an suite à un stratagème ingénieux. Après être retournés à pied jusqu'à chez soi et une fois Robin chez elle, Billy et Steve avaient continué dans les rues sombres de Hawkins –même si Steve n'était toujours jamais très rassuré à se balader la nuit dans cette ville maudite-.
« Arrête de draguer à gauche et à droite, trouve-toi une meuf et fiche nous la paix, » s'était lamenté Billy, loin d'être torché mais bien pompette au vu des petits slaloms qu'il faisait sur le trottoir.
Steve marchait derrière lui, mains dans les poches de sa vieille veste de basket aux couleurs de Hawkins High School, lui aussi un peu touché par l'alcool, ne se rappelant même plus comment le sujet des petites copines étaient revenu sur le tapis.
« Et toi alors, Hargrove, » avait répondu Steve, amusé. « Jaloux de les voir toutes tomber pour moi ? C'est vrai que depuis décembre dernier tu ne me nargues plus avec aucune de tes conquêtes.
Après sa sortie de l'hôpital en septembre, deux mois après la fermeture de Starcourt, Billy avait été rapide à partir à la chasse aux demoiselles, comme pour se prouver quelque chose ou bien pour simplement, au plus vite retrouver la personne qu'il était avant ce cauchemar, Steve ne le savait pas trop. Mais depuis décembre, plus rien.
« Oh, c'est que tu tiens des comptes, » avait ricané Billy qui marchait toujours devant lui, cette fois-ci, bras tirés sur les côtés, ses pieds suivant la fente rectiligne entre deux pavés du trottoir, tel un funambule. « Je me disais bien que tu ne pouvais me quitter des yeux. »
« C'est surtout que tu ne me gaves plus avec tes anecdotes de cul. »
Puis soudain, Billy s'était arrêté au milieu du trottoir aux craquelures visibles, sous le lampadaire de la rue, ce qui avait poussé Steve à faire de même, un pas derrière lui. Ayant tiré légèrement sa tête en arrière comme pour observer le ciel étoilé, le Californien avait simplement lâché :
« Je suis juste soulé d'avoir à prétendre. »
De sa position, Steve avait haussé un sourcil, dérouté par cette réponse qui paraissait pourtant honnête, tout en ayant croisé les bras contre son torse et rentré un peu la tête dans les épaules, attaqué par le froid des derniers jours de l'hiver.
« Et puis, les meufs sont tellement ennuyantes ! C'est tellement plus fun avec des mecs ! »
À ce moment-là, le sang de Steve n'avait fait qu'un tour et Billy s'était mis à rire fort, de manière presque démoniaque, si bien que l'ancien King du lycée se demandait sérieusement si le blond n'était pas devenu fou. Ou s'il avait finalement atteint le stade du gars torché plutôt qu'au gars un peu éméché.
Néanmoins, sur le coup, il était lui aussi partagé entre légère ivresse et fatigue intense de la semaine, de plus Billy avait très vite changé de sujet comme si de rien n'était, pointant du bout du pouce un panneau sens interdit tagué de bleu représentant la tête d'un monstre grossier.
Mais disons plutôt que… les propos de Billy lui tournaient en boucle dans la tête depuis des jours. Est-ce que c'était normal que cela impact à ce point ses tourments déjà bien présents ? C'était la vie de Billy après tout, pas la sienne. Mais Déni le voici, le voilà.
Je suis juste soulé d'avoir à prétendre
C'est tellement plus fun avec des mecs
« Et toi Billy, » ajouta soudain Steve qui retomba sur terre en cette journée du vingt mars, d'une voix abaissée, ses yeux allant vagabonder vers le sol, entre ses Nike blanches et le gravier. « Pourquoi es-tu fatigué de prétendre ? »
Il n'osa pas lever les yeux vers l'autre homme, comme effrayé d'entendre la réponse. D'entendre de vive voix les potentielles conclusions qu'il avait eues le temps de voir naître dans son esprit lors des longues nuits d'insomnie –insomnies qui avaient bien du mal à le laisser tranquille depuis l'affaire du Mind Flayer-. Mais n'entendant pas de réponse de la part de son ami –pouvait-il se considérer comme ami depuis le temps malgré un si mauvais démarrage ?- Steve se força à lever la tête, laissant son dos se presser contre la portière de sa BMW.
Et Billy paraissait ne pas comprendre sa question au vu de son expression perplexe. Peut-être avait-il oublié tout ce qu'il avait dit cette nuit-là ?
« Non laisse, » fit finalement Steve en agitant légère sa main. « Oublie. »
« Non, va au fond de ta pensée. Qu'est-ce que tu entends par prétendre ? » insista soudain Billy en fronçant les sourcils, expression soudain préoccupée.
Il avait déjà déposé sa bière sur le capot de son pick-up et du coin des yeux, Steve vit qu'il avait récupéré son briquet en argent et qu'inconsciemment, il l'ouvrait et le refermait dans des clac sonores.
« Qu'est-ce que tu toi tu entendais par prétendre, » lui répondit Steve toujours adossé à sa propre voiture, le souffle soudain rapide. « Quand la dernière fois, on parlait nanas et… tu m'as sorti ça. Tu étais fatigué de prétendre. »
Et là, Steve vit clairement un éclair de réalisation et de crainte filer dans les pupilles de Billy. Certainement avait-il dû se remémorer leur petit échange d'il y a quelques jours à la sortie du bar qui sera surement bientôt le plus côté de Hawkins.
Néanmoins, le brun se décida à ne surtout pas répéter ce qu'il avait ajouté après, insinuant que c'était plus fun avec les mecs. Parlait-il avec expérience ? Avait-il expérimenté des choses qui ne s'expérimentaient pas du tout à Hawkins, quand il était encore en Californie ? La gorge sèche, le cœur battant à tout rompre, Steve attendit la bombe à retardement que pouvait être Billy. Mais la réaction de son homologue lui fit finalement regretter de l'avoir mis mal à l'aise avec cette question.
Certes, ils s'entendaient bien depuis quelques mois. Certes ils commençaient à se parler sans trop de pudeur et avait fini par ne plus craindre le jugement de l'autre, mais visiblement, il semblait avoir certaines limites.
Steve ouvrit alors la bouche, prêt à lui dire de laisser tomber la conversation, s'excusant pour l'avoir mis dans l'embarras, mais le dernier clac sonore du briquet se refermant avec plus de hargne et la canette de bière que Billy vint prendre d'un geste vif pour boire cul sel la fin de l'alcool, figea Steve dans son geste.
« J'ai pas envie de parler de ça avec toi, » lâcha finalement Billy en écrasant ensuite la canette vide dans sa main droite, yeux rivés vers le contenant. « Pas maintenant. »
La seconde partie des propos de Billy lui fit l'effet d'une claque en pleine face. Pas maintenant. Il y avait définitivement quelque chose. Quelque chose qu'il serait prêt à lui partager. Mais Steve et son meilleur ami le déni haïrent les flammes d'espoir qui se mirent à crépiter quelque part dans le creux de son bas-ventre.
Ainsi, Steve se ressaisit rapidement, se détacha de la portière de sa voiture et tenta d'offrir un sourire de réconfort à l'adresse de l'autre garçon.
« OK, sache que tu peux tout me dire, mec. Tu étais bien au tel' avec moi la dernière fois alors que tu chiais littéralement aux toilettes. Plus rien ne me déroutera. »
Il tenta un brin d'humour et voir le léger sourire de Billy suite à ce souvenir, apaisa Steve.
Mais malgré cela, sans un regard en arrière, Billy jeta lui aussi habilement la canette de bière jusqu'à la benne à ordure, marquant un point tout comme Steve avant lui et après un vague geste de la main et « bonne soirée, Harrington, » le voilà déjà à ouvrir son pick-up pour le démarrer. Laissant ainsi Steve et ses tourments seuls au milieu de la forêt de Hawkins. Il frissonna suite au vent qui s'était levé, son sourire lui échappant, ne lui laissant plus que craintes et doutes.
Au même moment, quelque part sous Hawkins, une menace au nom de Vecna s'apprêtait à frapper…
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21 mars 1986 – Steve Harrington's bedroom
Sa maison vidée de toute vie, les longs couloirs sombres ornementés de vieilles photos de famille dont les membres représentés devaient à peine se rappeler du nom des autres, une chambre glaciale. Tout ceci le suffoquait, où qu'il se rende il se sentait prisonnier dans sa propre maison, incapable de sortir de la solitude et du regret. Derrière lui, une ombre se dessina, femme d'un âge un peu avancée désormais, aux habits parfaitement bien repassé aux à la pointe de la mode de son temps. Lorsqu'il fit face à cette personne, impossible de ne pas reconnaître sa propre mère.
Tu es seul.
Tu n'es qu'un bon à rien.
Tu n'as rien.
Tu perdras tout ce qu'il te reste.
Steve entendait ses mots en boucles, incapable de bouger de sa position, le cœur battant, les larmes lui montant aux yeux. N'aurait-il donc jamais une conversation amicale avec sa propre mère ? Qu'avait-il fait pour que tout instinct maternel n'ait jamais vu le jour ? Avait-il été seulement un pion pour faire perdurer la réussite de la famille Harrington ?
Le visage sévère de sa mère se brouilla soudain juste sous ses yeux, sa peau encore ferme et blanche vint subir le passage du temps et fini par craqueler totalement et commença à fondre jusqu'à la moquette de sa chambre.
« Tu es uniquement une HONTE Steve HARRINGTON ! » hurla-t-elle alors.
Le réveil de Steve fut brutal, se redressant violemment en position assise sur son lit, la couette s'échouant au pied de son lit. Il ne se remémora pas s'être entendu crier au réveil, mais il était très probable que cela lui était arrivé. Fort heureusement, comme la plupart partie de son temps chez lui, ses parents n'étaient pas là. Le père et la mère Harrington cette fois-ci en voyage aux Maldives suite au succès des derniers résultats de la grande entreprise qu'ils partageaient –et que techniquement, Steve aurait dû hériter-, ainsi, il n'avait réveillé personne, hormis peut-être le poisson rouge dans son bocal qui semblait observer curieusement Steve de l'armoire sur laquelle il était déposé.
Le souffle court, Steve ignora le jugement du poisson et pressa une main contre son cœur, ses doigts finissant par agripper le t-shirt gris qu'il utilisait en tant que pyjama. Depuis quatre jours, ses cauchemars avaient repris de plus belle, mais concernait que très peu l'Upside Down, ce qui était une première. Non, ses cauchemars se tournaient principalement autour de sa mère qui avait toujours été la personne l'ayant le plus effrayé sur toute la terre –peut-être derrière un Demogorgon tout de même- ou bien à propos de Billy. Parfois il y avait même Barbara Holland.
Ne pourrait-il donc jamais passer une bonne nuit de sommeil ? Poussant un gémissement contrarié, Steve pressa deux mains contre son visage pour ensuite se laisser retomber lourdement sur le matelas, seul le halo de la lune derrière les rideaux de sa chambre et la petite lumière de l'aquarium éclairait l'habitacle, mais n'étaient pas assez fort pour protéger Steve de la noirceur qui commençaient à ramper jusqu'à lui.
Puis, deux heures après, son réel réveil sonna. Steve fit alors ce qu'il savait le mieux faire en ce moment nier ses tourments du moment. C'est ainsi qu'en allant chercher Robin ce matin à 7h pour qu'elle puisse participer à la fanfare de leur ancien lycée, il se décida à se concentrer uniquement sur son futur rencard avec Heidi et à taquiner sa collègue sur son potentiel crush pour Vickie de la même fanfare.
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21 mars 1986 – Family Video Videoclub
Gosh. Heidi. Ce n'était qu'une énième conquête. Une jolie blonde aux cheveux bouclés –tout aussi bouclés que Billy l'année précédente tiens, et à ce petit souvenir Steve fut à deux doigts d'éclater ton propre crâne contre le comptoir de Family Video- au joli sourire et toujours habillée de façon à attirer l'œil sans trop en faire. En plus de cela elle était gentille. Que demander de plus ? Était-ce pour cela que lorsque Dustin l'appela au téléphone en pleine journée de travail pour lui demander de participer à un D&D dans la soirée, il lui avait répondu de ne pas pouvoir décaler son rencard, pour ajouter :
« C'est peut-être la femme de ma vie. »
Pour ensuite rapidement raccrocher au nez du pauvre Dustin suite à l'arrivée de nouvelles clientes. Peut-être que dans ce lot-ci, la VÉRITABLE femme de sa vie se trouvait ? Dieu qu'il était pathétique et même en le sachant clairement, Steve se ferma à toute rationalité et offrit un magnifique sourire aux damoiselles qui vinrent se présenter au comptoir.
Au moins il y avait bien une chose pour laquelle il ne mentait pas : il préférait discuter en charmante compagnie plutôt que participer à du D&D, surtout avec ce taré d'Eddie Munson.
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22 mars 1986 – Forest Hill Trailer Park
Depuis qu'ils avaient déménagé suite au départ de Neil Hargrove de leur vie, vraisemblablement pour suivre une jeunette à New-York, le mobil-home était trop petit pour que Max et sa mère acceptent entendre les chansons hard rock de Billy sans interruption dans sa chambre. Voilà la raison pour laquelle lui et Max avaient acheté un Walkman chacun, pour respecter le calme de l'autre, et Billy s'était dit que ce n'était peu cher payé pour avoir pu rester à Hawkins plutôt que suivre son propre père dans un petit appartement près de la capitale et avoir à se farcir son père à chaque pas qu'il ferait.
Hawkins ne l'avait guère plus enchanté, surtout après ce qu'il avait vécu en été dernier, mais son rêve de pouvoir retourner en Californie était obstrué par deux choses : le manque d'argent et Steve Harrington. La première chose, il pouvait régler le problème s'il continuait de bosser régulièrement en tant que mécanicien au petit garage de la ville, sans trop attirer l'attention ou se faire virer. La seconde, eh bien, c'était plus compliqué.
Alors qu'il écoutait Mötley Crüe, boitier du Walkman accroché à sa ceinture, casque sur les oreilles, tout en roulant une cigarette, Billy laissa un instant son esprit vagabonder jusqu'au fameux Steve Harrington, et tout cela de si bon matin. Il se remémorait à peine la conversation qu'il avait eue avec l'ancien King du lycée le jour d'avant, qu'il crut percevoir un son inquiétant à travers son casque audio. Il abaissa le casque, ses cheveux mis blonds s'ébouriffant suite au geste rapide, et il tendit l'oreille.
C'est bien ce qu'il pensait. Il s'agissait de sirènes de police. Sans attendre, il abandonna la cigarette roulée sur le bord de sa commode et ouvrit la porte de sa chambre pour atteindre l'entrée de leur modeste demeure. Sur le perron, se trouvait déjà Max et Suzan, toutes deux scrutant avec attention les voitures de police qui pénétraient à Forest Hill Trailer Park.
« Billy, qu'est-ce que tu as encore fait ? » lâcha Max sans se retourner, pourtant sans l'ombre d'une moquerie tant la situation l'angoissait.
Évidemment, quand quelque chose arrivait à Hawkins, connaissant la malchance de la ville pour attirer le surnaturel, les concernés n'étaient jamais très rassurés.
« Hilarant, Maxine, » lui répondit Billy sur le même ton, lui aussi quelque peu inquiet tout en suivant les voitures du regard.
« Le jeune Munson a encore fait des siennes, » annonça Suzan Mayfield, observant sans surprise l'habita où logeaient Eddie Munson et son oncle.
Billy plissa les yeux en remarquant qu'en effet, les voitures se garaient en trombe devant chez les Munson. Billy se rappelait du jeune Eddie Munson, ce dernier ayant été en dernière année de lycée lui aussi quand il était arrivé à Hawkins, et à l'époque, il avait déjà redoublé une fois et était de un an son ainé. Un vrai nerd doté d'un don pour agacer et qui pourtant, avait de très bons goûts musicaux malgré sa passion pour les jeux de rôle qui avait toujours exaspéré Billy Hargrove. C'était bien le type de personne qu'il aimait martyriser, mais Eddie n'avait jamais été qu'un simple nerd. Il avait du répondant.
Cependant, à Hawkins High School, Billy n'avait jamais été en classe avec lui, et même dans les couloirs ou à la cantine, n'avait jamais eu d'interaction avec cet individu. Et d'après ce qu'il avait compris, cet imbécile avait encore redoublé et se trouvait être encore coincé en dernière année.
Il remarqua soudain que Max avait descendu les marches du perron, encore en long pyjama et chaussons, pour se rendre discrètement jusqu'au mobil-home en face de chez eux. Billy fronça les sourcils et pressa ses mains contre la rambarde, suivant des yeux l'adolescente qu'il avait fini par quasiment considérer comme petite sœur.
Mais visiblement, Max ne put pas aller bien loin car un policier lui avait déjà attrapé l'épaule pour lui ordonner de rentrer chez elle. Quand elle revint en courant jusqu'à chez eux, Billy se redressa, remarquant la pâleur de la jeune adolescente. Il la laissa passer puis tenta à nouveau de percevoir quelque chose par la porte ouverte des voisins d'en face. Mais rien à faire, la police vint bientôt entourer strictement les lieux et barricader la porte derrière les officiers.
« Merde, » jura alors Billy en retournant ainsi dans le salon, laissant Suzan pensive sur le perron.
Il fila jusqu'à la chambre de Max et à peine eut-il toqué deux fois que la jeune fille ouvrait la porte vivement, déjà prête, sac sur l'épaule.
« Je dois y aller, » dit-elle simplement afin d'intimer à Billy de se pousser.
Ce que fit d'abord le Californien, bien intrigué. Max avait décidément vu quelque chose. Et n'aimant pas réellement être dans le doute à Hawkins avec tout ce qui pouvait se produire, Billy se hâta à récupérer sa veste en jean dans sa chambre ainsi que la cigarette roulée qui allait surement lui être d'un grand secours.
« Où est-ce que tu vas ? » lui lâcha Billy en refermant la porte d'entrée derrière lui, Max déjà bien loin à marcher à grandes enjambées, ignorant l'attroupement des habitants qui essayait de comprendre ce qui se passait. « Max ! »
Il espéra avoir été insistant pour qu'elle daigne s'arrêter. La rouquine soupira et se retourna. Avait-elle oublié que Billy était lui aussi au courant de la malédiction qui pesait sur la ville ? Non. Mais au fond d'elle, trainer son demi-frère avec elle dans une autre galère dangereuse et surnaturelle ne lui plaisait pas du tout. Elle avait déjà failli le perdre une fois, au point de lui faire comprendre qu'elle tenait définitivement à cet idiot.
« Qu'est-ce que tu as vu chez les Munson ? » l'interrogea alors Billy qui arriva à son hauteur.
L'adolescente se mordit un instant la lèvre inférieure, agitée, comme hésitant à tout lui avouer. Et l'appréhension grimpa en flèche chez le blond qui espérait réellement que tout cela n'ait pas un lien avec la créature terrible qui avait pris possession de son corps l'année dernière. Il devait savoir et se força à ne pas secouer brutalement le corps de la rouquine pour lui faire cracher le morceau.
« Si tu me dis tout, je te conduis où tu veux avec ma caisse, » ajouta alors Billy d'une voix qu'il voulut calme. « J'suis sûr que tu seras plus rapide que de marcher avec tes petites jambes je ne sais où à Hawkins. »
Max porta enfin son regard bleuté jusqu'à Billy et capitula finalement :
« OK. Dustin connaît Eddie. J'ai besoin que tu m'emmènes jusqu'à chez lui. J'ai besoin de clarifier ce que j'ai vu hier et aujourd'hui. »
Oh non pas chez le Henderson. Quand il le croisait, ce gamin avait bien trop pris la confiance et n'hésitait pas à lui lancer des piques désagréables. Certes, piques que lui balançait en retour sans difficulté à la figure, mais le Henderson était une personne on ne peut plus fatigante. Cependant, il connaissait sa jeune demi-sœur. Si elle avait cette idée en tête, rien ni personne ne pourra la faire penser autrement.
« Très bien, » soupira le blond en récupérant la clé de son pick-up toujours bien calé au chaud dans la poche de sa veste en jean. « Mais quoi que tu aies à dire à Henderson, je veux être là. »
Max fit une grimace à cela. Mais Billy savait très bien que la rouquine cherchait à trouver son ami pour quelque chose de sérieux, et non pas pour raconter des ragots ou jouer aux jeux vidéos. Il y avait quelque chose de grave. Et cette fois-ci, Billy voulait être l'aide et non pas l'ennemi ou celui qui n'avait aucune conscience de la gravité du problème.
« Si c'est ce que je suppose… » marmonna Max en serrant plus fermement la lanière de son sac. « Il vaudrait mieux que tu ne t'en mêles pas. »
« Bien sûr, je vais totalement faire comme si j'avais pas remarqué ton comportement chelou et ta pâleur de cadavre pour ensuite retourner à ma routine de vie. Allez Maxine, on y va. »
Il lui attrapa le bras vivement mais sans brutalité pour la trainer avec lui jusqu'à son pick-up garé un peu plus loin tandis que Max se demanda sérieusement si elle n'avait pas fait une erreur à le mettre dans la confidence...
