Chapitre V

Bakura n'avait jamais mangé d'aussi bons choux à la crème… Il devait se le dire : la cuisine de Lilienne était une des meilleures qu'il n'avait jamais expérimenté.

Il s'était endormi sur un matelas posé dans la chambre de Férix. Il croyait pouvoir ne pas dormir, mais il s'était trompé… À peine cinq minutes qu'il s'était couché et il s'était endormi tout seul. Sa dernière pensée fut pour sa famille qui devait bien s'inquiéter…

Le lendemain, ce fut Férix qui le réveilla. La fillette s'était mise dans le tête que lui sauter dessus en lui mordillant les lobes d'oreilles était une excellente façon de réveiller les gens…

Il se releva brutalement, envoyant rouler Férix à un mètre ou deux de lui. Le lobe d'oreille douloureux (et marqué par les petites dents de Férix) il eut un très mauvais commencement de journée.

-Férix, ne fait plus ça, je t'en prie… Dit doucement Bakura.

-Faire quoi? Questionna Férix qui était entrain de sauter sur son lit.

-Me réveiller en me mordant…

-Mais tu ne voulais pas te lever! Le Patron a dit que te mordre était une très bonne idée!

« Magius a décidément de drôles d'idées… » Songea sombrement Bakura.

Férix fit encore quelques bonds sur son lit avant de rejoindre Bakura.

-Tu viens? On va manger! J'ai faim!

Sans un mot ajouter, l'adolescent suivit la fillette qui s'était élancé dans le corridor et qui descendait à présent les escaliers quatre-à-quatre.

Lilienne, Éthane et Saphira n'était pas là. Selon Férix (qui faisait la conversation à Bakura entre deux bouchés) les autres partent toujours très tôt le matin. Puisqu'ils avaient de « petites missions » il avait le privilège de se lever plus tard.

Une fois le déjeuner avalé, Magius descendit les marches. Il tira une chaise et s'assit près des deux autres.

-Férix, il me manque quelques globes d'œil de salamandre rousse, des poils de Satyre et une fiole de vase des Marais Lointains. Tu pourrais me procurer tout ça pour un seul sac d'or?

-Compte sur moi Patron! Fit Férix.

« Des… yeux de salamandres, des poils de Satyre et de la boue? Mais… Dans quel monde suis-je tombé? » Pensa Bakura, horrifié par le fait qu'il devait aller acheter des yeux de reptile.

Magius remit une bourse à Férix qu'elle s'empressa de faire disparaître dans une poche de sa jupe.

La fillette attrapa une cape et se tourna vers Bakura.

-Tu viens, tu viens? Fit-elle, toute excitée.

-O…Oui, j'arrive, répondit Bakura en se levant et en alla rejoindre la fillette.

-Amusez-vous bien! Lança Magius derrière eux.

Ils sortirent de la boutique.

Bakura resta songeur un instant. Il y avait peu de temps qu'il était arrivé, mais jamais, au grand jamais, il n'avait vu Magius sortir de la boutique. Cette question le tortura un petit moment avant qu'il trouve le courage de prendre la parole :

-Férix?

-Oui? Fit la fillette en levant la tête vers lui.

-Est-ce que Magius sort de sa boutique parfois?

-Non, répondit la fillette.

Elle n'en dit pas plus. Bakura resta un encore quelques instants silencieux avant de demander :

-Tu sais pourquoi?

-Non, répondit encore la petite fille.

-Ah…

Bakura ne posa pas plus de question. Il se contentait des bribes d'information qu'il avait eues, observées et entendues depuis son arrivé.

« Décidément, tout est plus qu'étrange dans ce monde-ci… »

Ils firent leurs achats. Bakura refusa tout simplement de tenir les yeux de salamandre. Férix, contrairement à lui, ne semblait pas s'en préoccuper pour le moindre du monde.

Ils rentrèrent à la boutique lorsque le Soleil rougissait le ciel. Bakura n'avait pas vu le temps passé… Il ne s'était pas ennuyé non plus. Férix ne cessait de parler : de sa famille, d'où elle habitait (avant d'arriver à la boutique), des arbres (thème qui revenait assez souvent…) des oiseaux, de ce qu'elle aimait… mais jamais, jamais elle n'avait laissé échapper quelque chose sur Magius ou la boutique. Par contre, il apprit que Magius vendait toutes sortes d'objets… hétéroclites et rares. Certains même étaient considérés comme étant « dangereux » Bakura en fit donc la déduction que ces objets « dangereux » devait se trouver derrière le rideau coloré…

En entrant dans la boutique, Bakura remarqua qu'Éthane, Lilienne et Saphira était revenus.

Magius, comme à son habitude, était accoudés au comptoir devant le rideau bariolé.

-Encore lui! S'écria Éthane en guise d'accueil. D'où il sort, premièrement?

-D'un monde parallèle, répondit Magius.

Moment de stupeur.

-Encore vos histoires de débiles! Fit Éthane en frappant la table de son poing.

Magius l'ignora. Il se tourna vers Bakura, en souriant gentiment, comme à son habitude. Son chapeau melon cachait une bonne partie de son visage dans l'ombre, mais ses yeux bleus pétillaient de vie.

-Dit moi Bakura, quelle est la dernière chose dont tu te souviens avant de t'être réveillé ici?

-Je… Heum…

Il n'osait parler de Yami Bakura. Le monstre qui vivait dans l'Anneau de Millénium pouvait décidé de reprendre le contrôle de son corps lorsqu'il le voudrait. Bakura ne voulait pas être chassé de cette boutique… Il ne voulait pas se retrouver seul… Seul avec Yami Bakura…

-Il a perdu la mémoire peut-être, suggéra Lilienne. Cela arrive assez souvent lors des changements de dimensions…

-Ce qui m'inquiète, moi, fit Saphira, c'est le pourquoi. Le changement de monde, ce n'est pas courant parmi les mortels.

Coincé, Bakura ne savait pas quoi faire ou dire. Mentir? Cela ne pouvait que lui amener plus de problèmes…

-C'est à cause de… ça, dit-il, la tête basse, en attrapant l'Anneau du Millénium.

-Mmmh? Fit Magius, l'encourageant à continuer.

-Et aussi… parce qu'il y a un esprit… mauvais à l'intérieur de moi. Parfois, il prend le contrôle de mon corps. Hier, durant la nuit, un cauchemar m'a réveillé et cette… présence a prend le contrôle de mon corps pour m'envoyer ici. Je ne sais pas pourquoi…

Bakura était au bord des larmes. Comment réagirait les autres face à l'annonce de Yami Bakura?