Chapitre 4 : Absent sans permission
Sometimes
I remember the darkness of my past / Quelques fois je me rappelle les
ténèbres de mon passé
Bringing back these
memories / Ramenant ces souvenirs
I wish I didn't have / Que je
souhaiterais ne pas avoir eus
Sometimes I think of letting go and
never looking back / Parfois je pense à tout laisser tomber et
à ne jamais regarder en arrière
And never moving
forward so there'd never be a past / Et ne jamais aller de l'avant
pour qu'il n'y ait jamais un passé
"Easier To Run" / "C'est plus facile de courir"
LINKIN PARK
«Entrez. » dit distraitement Élisabeth, absorbée par la paperasse, lorsqu'elle entendit un coup à la porte de son bureau. C'était probablement juste Peter avec encore un peu plus de paperasses.
« Élisabeth, avez-vous vu John ? » Kate se tenait debout, appuyée contre l'embrasure de la porte, ses bras croisés et un regard inquiet dans ses yeux.
« Pas depuis la nuit dernière, au dîner, pourquoi ? » La question de Kate frappa une corde d'inquiétude chez Élisabeth et lui donna toute son attention.
« Il était supposé me rencontrer à mon bureau il y a une heure, mais il ne s'est jamais montré, et il n'est pas dans sa chambre. » Elle leva la main, faisait taire ce qu'Élisabeth allait dire, « Et oui, j'ai vérifié avec les membres de son équipe et avec Carson, aucun d'entre eux ne l'a vu, ce qui veut dire que puisqu'il n'est pas dans son bureau, il devrait être dans sa chambre puisqu'il sait qu'il n'a pas l'autorisation d'aller seul ailleurs que dans sa chambre, à l'infirmerie, ou dans mon bureau. Vous étiez ma dernière tentative. »
Cela faisait plus d'un mois que John avait commencé ses visites chez Kate, et pendant tout ce temps, enfin jusqu'à maintenant, il n'avait jamais manqué ou été en retard à une seule séance. Quelques fois il était même venu la chercher pour parler, sans qu'ils aient un rendez-vous. Et le mois passé, John avait même été d'accord pour laisser son équipe continuer à faire son travail. Ils ne savaient rien, juste que John ne partait plus en mission à cause de quelques résultats médicaux.
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John se moquait du fait qu'il allait être trempé à cause de la pluie. Il pleuvait sans arrêt depuis les deux derniers jours, mais les scientifiques qui gardaient un oeil sur les intempéries assuraient à qui voulait l'entendre que c'était juste une pluie torrentielle caractéristique, rien dont on devait s'inquiéter.
John savait qu'il était supposé être dans le bureau de Kate il y a une heure, mais il ne semblait pas s'en soucier, pas après le rêve qu'il avait fait la nuit dernière. Pour la première fois depuis longtemps, il n'avait pas eu un cauchemar, mais un bon rêve. Il avait rêvé de quelque chose qu'il se rappelait à peine avoir, sa famille, ainsi que d'autres choses qu'il savait qu'il n'aurait jamais. C'était ce genre de rêve qui l'achevait vraiment, il n'en avait pas souvent, mais lorsqu'il en avait, cela le faisait toujours se sentir encore plus mal que s'il avait eu un cauchemar.
D'habitude John aurait été sur le balcon qui donnait sur la jetée nord pour réfléchir et méditer, mais il savait que ce serait le premier endroit où Élisabeth irait le chercher lorsqu'elle découvrirait qu'il s'était absenté sans permission, et c'était la raison pour laquelle il s'était terré là.
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L'après-midi était bien avancée lorsqu'Élisabeth trouva John ; elle avait regardé partout où elle pensait qu'il puisse être, elle en était même venu à l'idée qu'il puisse avoir trouver un moyen pour prendre l'un des jumpers sans être remarqué, mais lorsqu'elle avait vérifié, tous les jumpers se trouvaient là.
Élisabeth s'était dirigée vers les quartiers de John, espérant que peut-être il s'y était montré depuis la dernière fois qu'elle avait vérifié, et lorsqu'elle passa la porte qui donnait sur le petit toit du pont supérieur, comme l'appelait John, elle fut frappée par le fait qu'elle n'avait pas vérifié tous les endroits où il pouvait se trouver. Ouvrant rapidement la porte, elle fut accueillie par une forte pluie et un John trempé, fixant l'océan mais sans vraiment voir quelque chose, assis sur le sol, adossé là où la balustrade et le mur se rencontraient.
« John ? » Comme Élisabeth n'obtint aucune réponse, elle marcha prudemment vers l'endroit où John était assis et s'accroupit à côté de lui, tentant de se composer le visage le moins effrayé qu'elle puisse.
« Que diriez-vous si nous rentrons ? Nous allons tous les deux être trempés et il gèle la dehors. » Élisabeth savait que John devait être gelé, elle n'était même pas là depuis plusieurs minutes et déjà elle avait froid, qui pouvait savoir depuis combien de temps il était assis là.
« Et si vous rentriez à l'intérieur et me laissiez seul. » La déclaration de John était plus un ordre qu'une question. Les mots étaient légèrement blessants, mais le ton éteint dans la voix de John nuança toute offense qu'Élisabeth aurait pu ressentir.
« Je ne peux pas faire ça, John. Nous devons vous emmener hors de la pluie et vous réchauffer, vous risquez de finir malade si vous restez ici plus longtemps, et alors Carson vous enchaînera littéralement à l'un des lits de l'infirmerie. »
« Élisabeth, je m'en fous, alors partez. »
« Non, pas tant que vous n'acceptez pas de revenir à l'intérieur avec moi. » Élisabeth n'était pas sûre de savoir pourquoi John agissait de cette façon, mais elle serait maudite si elle le laissait seul.
« Je ne veux pas rentrer. J'aime être ici. »
« Je suis sûre que oui, mais je veux rentrer à l'intérieur. »
Sachant que cette conversation tournait en rond et n'aboutirait nul part, Élisabeth tendit le bras, attrapa la main de John – qui était gelée, nota-t-elle – et se retourna vers la porte, donnant à John la possibilité de venir avec elle de son plein gré ou la forcer à essayer de le tirer à travers la porte. John vint plus ou moins de plein gré, pour la plus grande gratitude d'Élisabeth.
« Qu'est-ce qui vous est passé par la tête, John ? » demanda Élisabeth une fois qu'ils étaient entrés dans les quartiers de John et que les portes se soient refermées. John se contenta de rester debout silencieusement, il n'était pas sûr de savoir exactement pourquoi il agissait ainsi et pour être honnête, il ne s'en souciait pas vraiment, il voulait juste qu'on le laisse seul.
Réalisant qu'elle n'aurait pas de réponse, Élisabeth soupira et prit une fois encore la main de John, et cette fois-ci elle l'emmena dans sa petite salle de bains, attrapant au passage le tee-shirt et le pantalon qui étaient posés sur le lit de John.
Une fois dans la salle de bains, Élisabeth se mit aussitôt à la tache d'enlever tous les vêtements mouillés de John. Elle n'était pas aussi embarrassée ou aussi gênée qu'elle aurait pensé l'être, mais encore une fois la relation entre John et elle dépassait l'amitié, ce n'était pas vraiment quelque chose de romantique, mais appeler ça juste de l'amitié ne semblait pas correspondre. John resta silencieux et calme pendant qu'Élisabeth utilisait une serviette pour le sécher, puis l'habilla avec le pantalon et le tee-shirt.
En ayant terminé avec ça, Élisabeth commença à pousser John hors de la salle de bains en direction de son lit, mais cette fois-ci John ne l'accepta pas et éloigna sa main d'elle, croisant les bras sur sa poitrine.
« John, s'il vous plaît. » Élisabeth regarda John droit dans les yeux, le suppliant de coopérer avec elle, et lui prit à nouveau sa main. Cette fois-ci John ne résista pas et suivit Élisabeth jusqu'à son lit, où elle le poussa rapidement sur le lit et le couvrit avec les couvertures qui avaient été jetées au pied du lit.
Puis Élisabeth fouilla rapidement dans les tiroirs de John et trouva un autre pantalon et une chemise. Disparaissant dans la salle de bains, mais en ne fermant la porte qu'à moitié pour qu'elle puisse entendre si John essayait de partir, Élisabeth ôta rapidement ses propres vêtements mouillés, se sécha et enfila les vêtements qu'elle avait pris. Les habits étaient trop grands de quelques tailles pour elle, mais ils étaient mieux que ses vêtements trempés et il n'y avait aucun moyen pour qu'elle laisse John seul le temps qu'elle rejoigne ses quartiers pour prendre quelques vêtements secs.
Passant sa tête à l'extérieur de la salle de bains, Élisabeth supposait que John s'était endormi car ses yeux étaient fermés, mais elle n'en était pas complètement sûre. Debout dans l'embrasure de la porte, Élisabeth utilisa sa radio pour contacter Kate et lui faire savoir qu'elle avait trouvé leur major qui s'était absenté sans permission.
« Kate. » Élisabeth parla doucement, pour ne pas déranger John si celui-ci dormait réellement.
« Élisabeth, est-ce que vous l'avez trouvé ? » Kate répondit presque immédiatement. Elle avait passé tant de temps à chercher John qu'elle commençait vraiment à s'inquiéter comme il ne s'était toujours pas montré.
« Oui, nous sommes dans ses quartiers maintenant. »
« J'arrive. »
« Nous serons là... Oh, et pouvez-vous amener Carson également ? »
« Carson ? »
« Oui, j'ai trouvé John dehors sous la pluie et vu son était, il était dehors depuis un bout de temps. »
« D'accord, Carson viendra. »
Terminant sa conversation avec Kate, Élisabeth sortit de la salle de bains et s'assit sur le lit à côté de John. John, puisqu'il ne dormait pas, sentit Élisabeth s'asseoir à côté de lui ; et s'il avait quelque chose à dire là-dessus, il ne dormirait jamais plus.
« Je croyais vous avoir dit de partir ? » John n'ouvrit pas les yeux lorsqu'il sentit Élisabeth poser sa main contre sa joue, il n'avait pas l'énergie pour les forcer à s'ouvrir afin de la regarder.
« Carson et Kate vont arriver. »
« Vous pouvez les emmener avec vous lorsque vous partirez. »
« Je ne vais nul part tant que je ne serais pas sûre que vous allez bien. »
« Je vais bien, maintenant partez. » John était sûr qu'il ne s'était jamais senti aussi mal dans sa vie... Et bien en fait, si, une fois... John réprima sans pitié ce souvenir avant qu'il ne fasse pleinement surface. Il ne voulait pas penser à la famille qu'il avait à peine connu ou aux expériences qu'il n'avait jamais pu avoir avec eux.
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Il fallut seulement vinq minutes à Carson et à Kate pour rejoindre les quartiers de John. Une fois là, Carson commença immédiatement à examiner John pendant que Kate emmenait Élisabeth sur le côté pour obtenir l'histoire complète de ce qu'il s'était passé.
« John. » Carson s'assit doucement au bord du lit, plaçant sa main sur le front de John, vérifiant une fièvre éventuelle. « C'est Carson, je veux juste être sûr que vous allez bien, alors restez tranquille pendant une seconde, d'accord ? »
John ne se donna pas la peine de répondre, ce n'était pas comme s'il était capable d'aller ailleurs. Gardant ses yeux fermés, John ignora complètement Carson pendant qu'il prenait sa température et sa tension. Le fait de sentir le stéthoscope froid sur sa poitrine fut un peu dur à ignorer et John tressaillit légèrement, mais à part ça il ne réagit pas plus à la présence de Carson.
«Respirez profondément, John. »
« Non, bordel maintenant laissez-moi seul avant que je ne vous frappe. » John n'était pas certain de savoir s'il serait plus facile de se débarrasser de Carson avec les mots ou juste faire ce qu'il demandait, et le fait de décider lui prit trop d'énergie, alors à cet instant, John se contenta de réagir instinctivement.
« Élisabeth s'inquiète pour vous. »
« Elle a des choses plus importantes sur lesquelles s'inquiéter. Dîtes lui de partir, encore mieux, pourquoi ne partiriez-vous pas en l'emmenant ainsi que Kate. »
« J'ai bien peur que ça n'arrive pas avant longtemps. Maintenant ne bougez pas pendant que j'ai une discussion avec Kate et Élisabeth.
Voyant Carson se lever et se diriger vers elle, Kate et Élisabeth firent un pas dans sa direction, anxieuses d'entendre ce qu'il avait à dire.
« Alors, le verdict ? » questionna Kate.
« Il n'est pas malade, physiquement il va bien, mais s'il était dehors sous la pluie aussi longtemps que nous le pensons, cela pourrait changer. Je suggère de le garder au lit quelques jours, par précaution. »
« Est-ce qu'il vous a dit quelque chose ? » demanda Élisabeth. Elle n'était pas habituée à ce que John soit si tranquille et cela commençait vraiment à l'effrayer.
« Il m'a menacé de me frapper si je ne le laissais pas seul, mais sinon en gros il m'a juste dit de partir. »
« Alors, que faisons-nous maintenant ? »
« Nous avons peu d'options, mais pour l'instant je suis d'accord avec Carson, nous laissons John se reposer au lit quelques jours, et nous gardons un oeil sur lui pour s'assurer qu'il ne tombe pas malade, et après nous verrons. Mais je ne veux pas qu'il reste seul, que ce soit l'un d'entre nous, un membre de l'équipe, ou juste quelqu'un choisi au hasard dans la cité, je veux quelqu'un avec lui tout le temps. » Kate exprima son opinion.
« Ca semble être un bon plan. Mais si vous voulez bien m'excuser, autant j'aimerais rester ici et faire ce que je peux pour aider, autant j'ai des chose à faire à l'infirmerie. Je reviendrai plus tard dans la soirée pour l'examiner une nouvelle fois. » Sur ce, Carson quitta la pièce, après avoir jeté un regard inquiet en direction de John.
« Je vais rester ici si vous voulez aller vous changer et terminer le travail que vous n'avez pas pu finir ce matin. » offrit Kate, en montrant les vêtements que portait Élisabeth.
« Quoi ? Les miens étaient trempés et il n'y avait aucun moyen pour que je laisse John seul pendant assez longtemps pour aller me chercher des vêtements. » Élisabeth haussa les épaules d'un air abattu alors qu'elle franchissait la porte pour rejoindre ses quartiers afin de se changer rapidement puis de revenir.
John entendit les trois docteurs murmurer sur le pas de la porte, il n'y avait aucun doute sur le fait qu'ils parlaient de lui, mais il ne s'en souciait pas. En entendant la porte s'ouvrir puis se refermer plusieurs fois, John pensa que peut-être les trois avaient compris et l'avaient laissé seul. Mais après un instant John sentit quelqu'un s'asseoir au bord du lit et placer gentiment une main – une main féminine, ce n'était définitivement pas Carson – sur son épaule.
« John, je sais que vous ne le croyez probablement pas en ce moment, mais il y a des personnes qui s'inquiètent pour vous et qui veulent vous aider de toutes les façons qu'ils peuvent. » Kate parla doucement. John ne répondit pas, mais Kate savait qu'il pouvait l'entendre, bien sûr cela ne voulait pas dire qu'il allait l'écouter.
Please
don't think I'm crazy / S'il te plaît ne crois pas que je suis
fou
I don't want you to understand / Je ne veux pas que tu
comprennes
My mind is growing hazy / Mon esprit s'embrouille
To
heck with your helping hand / Au diable ta main qui veut m'aider
Why
don't you just leave me alone / Pourquoi ne me laisses-tu pas
seul
This conflict is my own / Ce conflit est le mien
"I
Want To Be Alone" / "Je veux être seul"
GREEN
DAY
