Chapitre X

Impossible.

Férix!

Où était-elle?

Il y avait encore quelques minutes et elle se trouvait là!

Bakura sortit de la cuisine, alarmé. Elle n'avait pas pu allé bien loin!

Il s'apprêtait à quitter la boutique lorsqu'un chant d'une douceur extraordinaire l'interrompit. Il se retourna et chercha d'où pouvait provenir la voix. Puis, en écoutant attentivement, la voix semblait provenir de derrière de la boutique.

Le jardin!

Il traversa la boutique en vitesse et se retrouva dans le jardin. Il leva la tête. Là, dans l'arbre, perchée sur une haute branche, Férix, chantait. Elle avait les cheveux planqués sur sa tête parce qu'ils étaient mouillés. Ses vêtements dégoulinaient de la substance gélatineuse dans laquelle elle baignait un peu plus tôt. Les yeux fermés, elle s'appliquait à chanter, sans se préoccuper du vent vif et frais qui venait de l'est.

-Férix! Appela Bakura. Ne reste pas là, descends!

La petite fille l'ignora.

Soupirant, l'adolescent s'agrippa aux basses branches, puis se hissa à son tour dans l'arbre. Précautionneusement, il grimpa à son tour dans le noble végétal. Rendu à la hauteur de Férix, il posa sa main sur l'épaule de la fillette.

-Férix… Ne reste pas là, tu vas attraper froid.

-Baku-kûn… tu ne m'en veux pas? Fit Férix, la voix brisée par la tristesse.

-T'en vouloir? Mais pourquoi?

-Parce que tu as été obligé de te battre pour moi.

-Oh… Férix…

Pour toute réponse, Bakura passa tendrement un de ses bras autour du cou de Férix et l'attira comme il le pu à elle.

-Je ne pourrais pas t'en vouloir, dit-il à mi-voix. Même si je le voudrais de tout mon cœur.

-Tu me pardonnes? Fit Férix.

-Je n'ai rien à te pardonner puisque je ne te reproche rien.

-Je t'aime, Baku-kûn!

La petite file répondit à son étreinte avec force.

Ils redescendirent de l'arbre.

Férix ne voulait plus quitter Bakura. L'adolescent avait longtemps renoncé d'essayer de convaincre Férix de quelque chose lorsqu'elle avait une idée en tête.

-Bakura c'est un drôle de nom, commenta la fillette en deux sujets de conversation.

-Pas autant que Férix, répondit ce dernier avec un certain amusement.

-Bah non, rétorqua immédiatement la petite fille, Férix c'est un dérivé de « Fénix ».

-Fénix? C'est joli comme nom.

-Moi je ne trouve pas! C'est un nom pour garçon!

-Oh… Je ne savais pas. Désolé.

-D'où tu viens, Baku-kûn?

-Du Japon. Mais mes parents sont anglais.

-Jhapont? C'est où, le Jhapont?

-Heum… Très loin.

-Et tu as des amis au Jhapont?

-Oui…

-Comment ils s'appellent?

-Bah… Il y a Yûgi. C'est un garçon très gentil. Mais un peu gêné.

-Comme toi!

-Si tu veux…

-Et il y a un deuxième Yûgi?

-Hein? Oh… je vois ce que tu veux dire. Oui, il y a un deuxième.

-Il est gentil?

-Oui, lui aussi.

-Après, il y a qui?

-Mmmh… Il y a Joey, Tristan et Théa.

-Ils sont gentils eux aussi?

-Oui, très.

-J'aimerai bien les rencontrer!

-Je crois que c'est un peu impossible…

-Pourquoi? Fit naïvement Férix.

-Parce qu'ils habitent très très loin.

-Alors nous n'avons qu'à marcher très très longtemps!

Bakura éclata de rire.

-Décidément, toi, tu es persévérante.

Férix eut l'air pensive un instant puis orienta le sujet vers d'autre chose. Ils parlèrent un moment, mais Bakura pensait à autre chose. Comment… Comment son « Dark Necrofear » avait-il pu se matérialisé? Il se rappela des paroles de Magius :

« Mais, je te rappelle que tu n'es pas chez toi. »

Ses pensées dérivées sur le pourquoi du comment, lorsque une grosse langue gluante vint lui lécher la figure. Il poussa un cri aigu et recula.

Devant lui, un immense chien au long poil noir se tenait, la gueule ouverte. Sa queue battait l'air et ses petits yeux bruns s'était plantés dans le regard da Bakura.

Le chien se jeta sur Bakura une nouvelle fois pour le lécher. L'adolescent repoussa l'animal, ne sachant même pas d'où il venait.

-Makku! Fit Férix. Non, Makku, laisse-le!

Le gros chien se détourna de Bakura et revint vers sa maîtresse. Cet animal était tout simplement… immense. Sa gueule arrivait à la hauteur de l'épaule de Férix.

Dans la lumière du pâle Soleil de dehors, Bakura cru remarquer des élytres dans le dos du chien!

Comme s'il sentait son regard, Makku se retourna, la gueule fendit dans un sourire amical.

Ce canidé avait bel et bien des ailes. Elles n'étaient pas très visibles vu qu'elles étaient très pâles, presque transparentes, mais un œil attentif dénonçait les ailes de l'animal.

-Quelque chose ne va pas, Baku-kûn? Fit Férix, inquiète.

-N…Non… T…Tout va pour le mieux, balbutia Bakura.

Férix haussa les épaules mais ne dit rien.

La fillette et le chien sortirent dans le jardin. Par la fenêtre, Bakura les voyait jouer.

« Il y a un moment que je sens que je vois des choses dont je ne suis supposé voir, » Pensa Bakura « Pour commencer, j'ai vu des ailes noires dans le dos de Lilienne… Ensuite, des racines au bout des cheveux de Férix… et à présent… des ailes de scarabée dans le dos du gros chien noir !

-Oh, tu n'es pas le seul à partager ces visions, Bakura

-Yami… Il y avait un long moment que ne t'étais pas manifesté.

-Tu as raison. Je te passe un petit bonjour. Juste pour te faire plaisir.

-…

-Elle est jolie, la petite Férix. Tu ne trouves pas?

-Euh… Elle est mignonne, oui.

-J'ai toujours su que tu avais des tendances pédophiles.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire!

-Passons.

-…

-Je voulais seulement te rappeler que je peux prendre le contrôle de te corps à volonté. Il y a quoi ne pas dormir de la nuit, non?Bon… J'arrête de te déranger pour… le moment. Je te redonne des nouvelles… bientôt… »

-Bakura?

Bakura se secoua vigoureusement la tête pour chasser les dernières paroles de Yami Bakura de son esprit. Il leva les yeux vers celle qui lui avait adressé la parole : Lilienne.

-Tu vas bien? S'enquint la dame aux cheveux noirs.

-Ou…Oui.. Je suis OK… répondit faiblement Bakura.

-Tout à l'heure tu avais les yeux tout vitreux… tu semblais en transe… Tu m'as effrayé, un peu.

-Dé…Désolé. Je… Je pensais. Je ne voulais pas vous faire peur.

Lilienne posa une main rassurante sur l'épaule de Bakura.

-Ne t'inquiète pas. Ma frayeur est passée. Tu sais où se trouve Férix?

-Elle est dans le jardin avec le chien ail… Le chien noir.

-Oh, je vois.

Gracieuse, Lilienne alla rejoindre la fillette dans le jardin. Bakura soupira tout bas. Il ne pouvait pas rester plus longtemps ici. Ce qu'avait dit Yami Bakura était vrai. À tout moment, son double maléfique pourrait décider de prendre sa place. Avec son corps, Yami Bakura pourrait blesser, faire du mal… peut-être même tuer quelqu'un. Qui sait ce que Yami Bakura avait en tête?

Éthane entra dans la boutique en grognant. Couvert d'une substance gluante, les cheveux collé ensemble à cause d'une sorte de glue colorée, il semblait encore plus agressif que d'habitude.

-SALETÉ DE FÉES! Hurla-t-il en tentant de retirer la colle qui était dans ses cheveux. MAGIUS! JE T'AVERTIS, C'EST LA DERNIÈRE FOIS QUE JE RETOURNE LÀ-BAS! Aaah, fit-il plus bas, j'ai horreur de ces sales lutins!

Puis, il se tourna vers Bakura.

-T'es encore avec mes fringues sur le dos, toi?

-M…Mais… commença Bakura.

-Je t'interdis de les porter, tu m'entends?

-Je…

Éthane allait sauter sur Bakura lorsque Magius redescendit les escaliers d'un calme olympien. En voyant son patron, l'adolescent à la crinière de lion se retint d'étrangler Bakura.

Saphira vint vers son tour après le souper et repartie aussi vite qu'elle était revenue. Magius lui avait remit quelque chose que Bakura n'avait pu voir. Apparemment, ce paquet était très important… L'adolescent ne chercha pas en savoir plus. Ce n'était pas ses affaires…

Bakura, Férix et Lilienne passèrent la soirée à jouer au « damion », un jeu très populaire dans ce monde-ci. Le « damion » était un étrange mélange d'échec, de dame et serpents et échelles. Très original et les retournements de situations n'y manquait pas. Férix, avec ces petits doigts agiles, réussissaient toujours à mettre le dé sur la face neuf (les dés avaient neuf faces dans ce monde là). Bakura, peu familiarisé avec les règles, ne cessait de perdre avec un pointage se rapprochant du zéro.

Lorsque Férix commença à bailler, elle monta à l'étage pour dormir. Bakura qui ne ressentait pas la fatigue (et qui avait du mal à digérer 10 défaites de suite) resta en bas, en compagnie de Lilienne. Tandis que la dame aux longs cheveux noirs rangeait la boîte de jeu, Bakura eu le courage de formuler une question :

-Férix n'est pas humaine, n'est-ce pas?

-Mmmh? Mais qu'est-ce qui te fait croire ça?

-J'ai cru voir des racines au bout de ses cheveux, une fois. Et son chien est ailé!

Lilienne ne répondit pas. Son visage prit une expression songeuse. Un bout d'un moment, elle dit :

-Tu as raison. Férix n'est pas humaine. Cela te dérange?

-Euh…

Bakura fut saisi par le retour de la question. Il n'osa ouvrir la bouche un long moment, puis, il murmura :

-Je ne sais pas… Je… Je ne crois pas…

-Tu ne crois pas quoi?

-Que cela me dérange que Férix ne soit pas humaine.

Lilienne eut un sourire radieux.

-Tu es un bon garçon, Bakura. Ton cœur est pur. Tu aurais presque ta place parmi les Anges…

À ces derniers mots, le visage de Lilienne prit une expression si douloureuse que Bakura avait envie de pleurer sans en connaître la raison.

Il bailla.

-Je vais aller dormir, moi, dit-il.

-Bonne nuit… fit doucement Lilienne.

-À vous aussi…

Il monta le pas lourd, les yeux collés par le sommeil. Quelle fatigue! Il s'écrasa dans son lit, épuisé. Férix s'était déjà endormie.

« Si elle n'est pas humaine, songea Bakura, elle est quoi alors? »

Et ce fut ses dernières pensées.