Chapitre XI
Le lendemain se passa sans accroc. Magius leur avait laissé un jour de congé après ce qui c'était passé avec l'ogre. L'homme en blanc n'avait pas quitté des yeux une seule seconde Férix ; la petite fille semblait très bien se porter. Même, elle ne parlait pas du tout de l'épisode avec le monstre à la hache qui avait failli la tuer. Pour elle, c'était de l'histoire ancienne. Tout le monde était soulagé que Férix ne garda aucune séquelle. Surtout Bakura.
Le surlendemain, Magius les envoya quérir des épices et des plumes rares venus de l'autre côté de la mer. Leur précieux butin en main, ils rentrèrent dans le milieu de l'après-midi à la boutique. Férix, épuisée d'avoir tant marché et marchandé durant toute la matinée, alla s'écraser dans un coin ensoleillé. Elle s'y roula en boule et s'endormi en quelques minutes. L'énorme chien au long poil noir l'y rejoignit sans tarder et se coucha avec elle.
Une fois les paupières de Makku fermées, Bakura se prêta à un examen plus attentif du canidé d'ébène. Les ailes… Il les voyait toujours. C'était une sorte de pointillé translucide, à peine visible. Mal à l'aise, l'adolescent préfèra regarder ailleurs. Il se mit à arpenter la boutique sans but précis ; vraisemblablement, il était seul.
Tout à coup, ses yeux tombèrent sur un coffret de bois. Oh, cette boîte n'avait rien d'extraordinaire : le réceptacle était fait de bois pâle, sans gravure ou bijou encastré dedans. Par contre, une épaisse couche de poussière le recouvrait.
« Ouvre-le, souffla Yami Bakura dans son esprit.
«-Oh, la ferme-toi, » répondit Bakura, surprit de sa propre audace.
Son double ne dit plus rien. Bakura en déduisit qu'il devait être « aller faire un tour ».
Ne savant pas s'il devait touché les objets dans les rayons, Bakura hésita longuement. Finalement, sa curiosité finit par l'emporter. Tremblant un peu, il saisit le coffret. Il n'était pas lourd ni léger.
Voilà ce qui était inquiétant avec cette boîte : elle… elle n'avait rien de caractéristique.
Il quitta les rayons de la boutique et alla s'asseoir dans un fauteuil mou. D'une main fébrile, il chassa la lourde couche de poussière. Il éternua un peu et ouvrit la boîte.
Le fond du coffret était fait d'un velours rouge. Bakura passa le bout de ses doigts dessus. Malgré l'âge, le tissu était resté doux. L'adolescent se livra à un examen du la boîte. Dans le réceptacle, deux pierres trônaient dans le velours. Il y avait une troisième encoche, signe qu'il en manquait une. Machinalement, les doigts de Bakura s'enfoncèrent dans le petit trou.
Il regarda les deux autres pierres. Elles étaient toutes les deux taillés en formes de losange tridimensionnel. Elles avaient un aspect lisse, brillant et luisaient énormément. Les deux bijoux brillaient étrangement… d'une lueur… malsaine.
Voilà, malsaine. C'était le mot.
L'une des pierres était d'un vert émeraude. L'autre était rouge sang.
-Je te recommande de ne pas y toucher, fit une voix familière.
Comme prit un faute, Bakura referma vivement le coffret et le posa devant la table devant lui. Rougissant, il s'enfonça dans le fauteuil, en baissant la tête.
Magius descendit d'un pas impérial les escaliers et vint se poster aux côtés de Bakura.
-Ah… Je savais qu'un jour où l'autre tu finirais pas tomber sur le Coffret aux Malheurs.
-Le… Quoi? Fit Bakura, surpris.
-Ce que tu as sortit des étagères. On l'appelle le Coffret aux Malheurs.
Magius pencha son buste et prit la boîte de bois entre ses mains. Il l'ouvrit et la montra à Bakura.
-La pierre verte ici… On l'appelle la Pierre de la Destination. Avec cela, tu peux voyager n'importe où en quelques secondes…
Il raffermit sa prise sur le contenant et pointa la pierre rouge de son autre doigt.
-Et celle-là… C'est la Pierre du Temps. On peut à volonté reculer, arrêter, ralentir et voyager dans le temps. Très utile pour ceux qui sont particulièrement pressés.
Magius eut un petit sourire.
-Et… La dernière? Demanda Bakura, la gorge sèche.
-Oh… La dernière, la pire des trois... C'est la Pierre de l'Apocalypse. On parfait joujou pour celui qui veut devenir le maître du monde ou jouer à Dieu…
-Où est-elle? Questionna l'adolescent, avide de savoir.
Magius haussa les épaules. Il referma le coffret qui émit un claquement sec.
-Nul ne le sait, répondit-il. Et c'est une chance… Les pouvoirs de la Pierre de l'Apocalypse combinés à ceux de la Destination et du Temps sont tout simplement… destructeurs. On peut détruire un monde en quelques formules… C'est terrible, tu sais.
Bakura avala difficilement sa salive. Allait-il réellement croire à toutes ces salades?
-Ces objets sont les plus dangereux magiquement de ce monde. Jamais tu ne trouveras nul outil plus puissants que ceux que tu viens de voir à l'instant.
Magius alla ranger le Coffret aux Malheurs à sa place en chantonnant tout doucement. La gorge serrée, Bakura laissa errer son regard. Il s'arrêta sur Férix. Le fait que le Coffret aux Malheurs avait-il un lien direct avec le fait que Férix n'était pas humaine? Que Makku avait des ailes d'insecte dans le dos? Que Magius ne quittait jamais la boutique?
« Trop de question… si peu de réponse… j'en ai mal au crâne à force de vivre dans ce mystère…
-J'éclairerai bientôt ta lanterne, mon cher Bakura, ricana son Yami
-…
-Aie donc encore un peu de patience… Et tu verras…
-Laisse-moi en paix! »
Yami Bakura éclata d'un rire sardonique dans son esprit. Bientôt, ses éclats d'hilarité ne furent plus qu'un écho lointain dans la tête de Bakura.
« Je ne peux pas rester ici plus longtemps… » Pensa tristement l'adolescent.
