Les défis

Avertissement : Shaman King pas à moi.

Note Je cherchais une idée de cadeau d'anniversaire pour Rain (non je ne t'ai pas oublié ! je sais que c'était le 1er juillet...) sans avoir d'inspiration quand j'ai redécouvert un vieux texte qui doit dater de l'époque de Crêpes à volonté et Eau de rose que j'ai donc décidé de dépoussiérer ! J'espère que ça va vous plaire. Bon anniversaire Rain !

Personnage : Neaicream

Entre Jeanne et Hao, tout était sujet à défi. C'était à celui qui aurait la meilleure idée de balade. Celui qui offrirait le meilleur cadeau. Celui qui choisirait la table au restaurant. Celui à qui Opacho proposerait un bonbon en premier.

Mais en plus de cette compétition implicite, ils adoraient se lancer des défis, en pariant quelque chose, sinon ce n'était pas drôle. Parier d'être à la merci de l'autre pendant une semaine entière pour le concours de celui qui fera les meilleurs crêpes. Parier de devoir composer un poème amoureux pour le concours de celui qui composera le meilleur cocktail. Parier de devoir porter une robe rose à paillettes pendant une journée entière pour celui qui vendra le moins de ticket pour la tombola des Paches.

Le truc, c'est qu'ils ne pouvaient pas jouer ainsi sans exclure Tamao, qui demandait toujours d'une petite voix si elle pouvait participer aussi. Et forcément ils lui disaient « oui, bien sûr ». Et si au début ils le disaient avec condescendance, acceptant sa participation mais sans vraiment se soucier d'elle, ils avaient appris à se méfier, car elle gagnait systématiquement.

...

À tous leurs jeux implicites, c'était finalement presque toujours Tamao qui l'emportait. Il fallait dire qu'après un quart d'heure passé à surenchérir proposition d'activité sur proposition, quand elle ouvrait finalement la bouche pour suggérer une idée, de sa voix douce tantôt timide, tantôt rêveuse, ils lui cédaient tous deux. Et puis, dans ces cas-là, c'était une sorte de compromis pour ne pas céder à l'autre.

Mais quand elle avait commencé à s'inclure dans leurs paris, la donne avait changé. Il y avait eu l'affaire des crêpes tout d'abord, où elle avait réussi à leur arracher que les siennes étaient les meilleures en esquissant quelques larmes. Hao comme Jeanne s'était promis de ne plus se faire avoir, aussi sa participation au concours du meilleur cocktail ne les avait-elle pas inquiétés.

Hao comme Jeanne étaient sûrs de gagner. Lui pensait que petite et sainte Jeanne n'y connaissait rien en alcool et n'avait aucune chance. Elle pensait que Marco, Bounster et Kevin étaient les meilleurs conseillers qu'elle pouvait avoir et qu'en alcool, ils étaient ceux qui s'y connaissaient le mieux. Quand Tamao était arrivée à leur compétition avec une sorte de multi-fruits maison sans aucune goutte d'alcool, Jeanne n'avait pas trop su quoi dire et Hao l'avait regardée avec condescendance en se retenant de faire un commentaire.

Puis Opacho avait déclaré que les boissons de Hao et Jeanne étaient vraiment imbuvables et que c'était celle de Tamao la meilleure un point final. Seyrarm et Reoseb avaient approuvé. Et Mikihisa. Et Yoh. Et Horo-Horo en ricanant. Et une grande partie de ceux qui jugeaient que trancher entre le Shaman King et l'Iron Maiden, c'était quand même dangereux. Et puis de toute façon, on ne contrariait pas Opacho.

Au concours de celui qui vendrait le plus de ticket de tombola, Hao pensait l'emporter. Et il y avait intérêt, le perdant s'étant engagé à porter une robe – idée de Jeanne – rose à paillettes – idée de Hao. Jeanne avait évidemment demandé aux X-laws de l'aider, Hao à son ancienne équipe. Les Paches avaient donc halluciné en voyant une foule de shamans s'interpeler sur toute l'île pour vendre et s'acheter les tickets de leur tombola. Jamais aucune de leur initiative pour gagner de l'argent afin de rembourser les frais du Shaman Fight n'avait aussi bien marché.

Quand Tamao avait demandé à participer aussi, Hao et Jeanne avaient commencé à s'inquiéter. Ils ne souhaitaient vraiment ni l'un ni l'autre porter la robe de fée-princesse qu'ils avaient imaginée. Elle avait demandé d'une petite voix s'ils avaient le droit de dire qu'ils aidaient les Paches dans le cadre d'un pari. Jeanne avait froncé les sourcils sans répondre, Hao avait balayé l'argument d'un « tous les coups sont permis ». Puis tous deux s'étaient empressé d'expliquer en vendant leurs tickets qu'ils avaient un pari en cours et que le perdant devrait porter la robe. Ils avaient même fait distribuer les dessins dudit costume pour appuyer leur argumentaire. Hao n'avait aucun scrupule Jeanne trouvait que c'était un peu à la limite des règles mais que son amant ne se priverait pas et que seul le résultat comptait.

Ils avaient eu l'impression que c'était une bonne idée. D'un côté, Rakist disait à Hao que beaucoup de gens rêvaient de voir Maiden en princesse – le terme « fantasmer » aurait été plus exact mais Hao aurait été capable de se fâcher – en s'abstenant de parler de ceux qui trouveraient beaucoup plus drôle de le voir lui en fée. De l'autre, Marco assurait à Jeanne que ridiculiser Hao motivait beaucoup de gens, sans mentionner que lui-même trouvait que la robe était magnifique et lui irait bien mieux à elle.

Ce que Jeanne et Hao n'avaient pas prévu cette fois-là, c'est qu'en parlant de « pari » la majorité des shamans se tournerait vers Tamao. L'argument majeur en ce sens était la présence de Ponchi et Conchi voletant autour de Marco et Rakist en affirmant qu'ils suivaient le nombre de tickets de tombola vendus mais en tenant scrupuleusement les listes des acheteurs. Or si apparaître sur la liste de Hao signifiait avoir « joué » contre Jeanne et vice-versa…

Et puis si Tamao gagnait, les deux devraient porter la robe et ce serait coup-double. Du moins était-ce ce que Horo-Horo maintenait à tous ceux qu'il croisait.

Sans grande surprise, Tamao avait donc vendu le plus de tickets de tombola devant les mines déconfites de Hao et Jeanne.

— J'ai gagné, s'était-elle enthousiasmée. Je peux avoir la robe ?

Jeanne avait cligné des yeux.

— La robe ?

Tamao avait hoché la tête.

— Oui… la robe qui devait revenir au vainqueur.

Hao et Jeanne avaient échangé un regard. Jeanne avait failli dire quelque chose, Hao l'avait coupé en désignant les quelques badauds qui les dévoraient des yeux avec curiosité en faisant mine de faire autre chose.

— C'est incroyable qu'autant de gens t'aient acheté des tickets de tombola, tu es vraiment une incroyable vendeuse, avait-il lâché avec une voix qui sonnait trop faux pour être franche.

Hao avait vu l'orage passer dans les yeux de Jeanne alors qu'elle comprenait la mécanique qui s'était enclenchée dans l'ombre et elle avait laissé Hao remettre à Tamao la robe qu'elle croyait devoir revenir au vainqueur sans moufter.

— Merci, avait souri Tamao avant de partir se changer.

En la voyant passer pour se rendre aux toilettes, Thalim avait détourné la tête pour cacher sa mine dépitée.

Tamao avait passé le reste de la journée dans sa robe de princesse, à rougir à chaque compliment qu'elle recevait mais en tournant sur elle-même avec un air extatique qui faisait soupirer Hao et fondre Jeanne.

Pas plus tard que le lendemain, Jeanne avait failli relancer la compétition.

— On pourrait aider les Paches à vendre leurs places de concert, avait-elle hasardé.

— Celui qui en vendrait le moins gagnerait le droit de porter des oreilles de lapin toute la soirée, avait murmuré Hao.

Tamao avait coupé Jeanne avant qu'elle n'ait le temps de surenchérir.

— Ne comptez pas sur moi pour rattraper vos bêtises, cette fois.

Et elle l'avait dit d'un ton tellement détaché et assuré qui ne lui ressemblait pas que Jeanne et Hao en étaient restés sans voix.

...

Le concert venait de commencer : les Boz venaient de faire l'ouverture. Radim était en train de discourir pour remercier tout le monde d'être venu. Ses remerciements auraient eu l'air plus sincères s'il s'était abstenu de les insulter à moitié dans le même temps, mais bon…

— Oh il me tarde que ce soit le tour de Pof et Lucky, trépigne Jeanne, debout en équilibre sur le muret pour mieux voir. Je suis sûre que leur prestation sera la meilleure.

Hao qui est assis à côté d'elle se retient de la bousculer et se contente de ricaner.

— Avec les Boz qui ont déjà sorti des albums à l'internationale, ça m'étonnerait vraiment, la rabroue-t-il.

— On parie ? s'enflamme aussitôt Jeanne.

— Tes cheveux.

La réponse de Hao fuse. Jeanne papillonne des yeux, décontenancée.

— Si les Boz font une meilleure prestation, tu me laisses faire ce que je veux avec tes cheveux, déclare-t-il tranquillement. Les teindre, les boucler, les tresser… les couper.

Jeanne frissonne tandis que Hao la dévore du regard. Elle serre les poings et redresse ses épaules.

— Pareil. Si je gagne, je choisis ta nouvelle coupe de cheveux.

— Pari tenu.

Et qu'Hao soit si tranquille alors qu'ils sont en train de jouer l'une des choses sur lesquelles il est le plus susceptible angoisse grandement Jeanne.

Hao jette un coup d'œil à Tamao, puis échange un regard avec Jeanne. C'est étrange qu'elle ne se soit pas jointe à leur pari, mais ils ne savent pas s'ils doivent s'en inquiéter ou s'en réjouir.

— Je suis sûr que Pof et Lucky seront excellents, lance Jeanne en parlant un peu fort.

— Qu'en penses-tu Tamao ?

La jeune femme tourne la tête vers lui. Contrairement à eux, elle est debout devant le muret et se balance d'avant en arrière. Elle semble nerveuse.

— Le meilleur groupe ce soir, synthétise Hao. On parie nos cheveux.

— J-je ne sais p-pas.

Sa voix est toute cotonneuse.

— J-je vais…

Elle fait un signe de main vers la foule qui se masse devant la scène devant eux puis s'éclipse au milieu de la populace.

— Elle n'avait pas l'air bien, s'inquiète Jeanne.

— Elle va revenir, la tranquillise Hao. Prête à devenir une brune aux cheveux courts avec des mèches rougeoyantes ?

Jeanne pâlit.

— Pof et Lucky adorent la musique et en font… en ont fait, se reprend-elle, beaucoup lorsqu'ils étaient plus jeunes. Ils vont exceller.

— C'est certain, se moque Hao. Après tout, cela fait longtemps qu'ils ont l'habitude de jouer ensemble, comme les Boz.

Jeanne se mordille la lèvre puis sourit.

— Les Boz, as-tu dit ? demande-t-elle soudain. C'est curieux…

Elle sort de la poche de son manteau le tract que lui a remis Karim plus tôt dans l'après-midi.

— C'est vraiment curieux, je ne vois aucun groupe de ce nom sur le programme, fait-elle en faisant semblant de lire le papier auquel elle n'a en réalité jamais accordé un regard. Qui soutiens-tu exactement, Hao ? Moi j'ai l'impression que tu ne soutiens personne.

Et elle sourit victorieusement alors que les yeux de Hao lui lancent des éclairs.

— Ne joue pas à ça, Jeanne.

Il enrobe son prénom de miel en même temps qu'il la menace, mais Jeanne ne se démonte pas.

— Je te verrai bien le crâne rasé, rêve-t-elle juste pour l'embêter.

Mais il ne réplique pas car, sur scène, Peyote et ses mariachis viennent de laisser la place à Tamao qui s'avance, toute timide, avec Nichrom et Magna derrière elle qui commencent à jouer des percussions. Et quand elle revient vers eux à la fin du concert, les joues rouges, se frayant un chemin à travers la foule de gens qui veulent la féliciter, Jeanne et Hao se sont implicitement mis d'accord sur le fait qu'une nouvelle fois, ils avaient tous les deux perdu leur pari.