Duel au sommet
Situation : La Reine de Naboo Amidala tente la reconquête de son palais envahi par la Fédération du Commerce. Elle est aidée dans cette entreprise par ses gardes personnels, quelques techniciens de sa flotte, un petit garçon qui accompagne les deux Jedi assignés à sa protection, le Maître Qui-Gon Jinn et son Padawan Obi-Wan Kenobi, et ses cinq suivantes. Parmi elles Edriel Menel-Randir, Chevalière Jedi amie des précédents.
Les tâches sont réparties entre différents groupes lorsque la petite troupe arrive à pénétrer dans le palais. Il est décidé que trois commandos seront formés. Le premier sera composé de la Reine, de ses suivantes à l'exception de la Jedi, de Qui-Gon, Obi-Wan, du petit garçon nommé Anakin et de quelques gardes. Ils devront libérer les pilotes Naboo prisonniers pour leur donner une chance de s'envoler et détruire le vaisseau droïde de la Fédération en orbite autour de la planète. Le second groupe, restreint, comprend la Chevalière Menel-Randir et les techniciens. Ils vont essayer de parvenir jusqu'à la salle de surveillance du Palais pour faire le point sur la situation à l'aide du système de vidéosurveillance. Enfin, le troisième groupe ne rassemblera que le restant des gardes chargés de déambuler dans les couloirs et d'éliminer le plus de droïdes possibles. Le temps de se souhaiter bonne chance, et tous partirent pour ce qui pouvait bien être leur dernier combat...
A l'autre bout du palais, Edriel, à la tête de son commando, venait de parvenir, à force de moulinets de sabre-laser, à la salle de vidéosurveillance qui était son but. Après avoir mis hors de combat les quelques droïdes imprudents qui essayèrent de s'interposer, la Jedi et les techniciens qui la suivaient s'installèrent devant les écrans de contrôle, qui donnaient diverses vues dans différentes parties du palais. Laissant aux hommes le soin de régler les fréquences endommagées par les tirs de blasters, Edriel sortit son comlink. Du bout de son ongle soigneusement manucuré, elle tapota distraitement quelques boutons, porta l'engin à son oreille pointue. Une sonnerie ininterrompue résonna. « Allez, Qui-Gon, réponds ! » s'impatienta la jeune fille en s'enfonçant dans son siège. « Réponds, vite ! J'ai besoin de tes conseils ! » Mais sa prière resta sans réponse. Soudain inquiète, Edriel composa à la hâte le numéro du comlink personnel de la Reine. Un bip-bip sonore retentit aussitôt, tandis que la Jedi sentait son cœur s'accélérer d'une étrange manière. Elle essaya d'entrer en contact avec la Force, de sentir la présence de ses amis, juste pour s'assurer...
- Padmé Amidala, j'écoute ?
- Madame, ici le groupe B. C'est moi, Edriel. Nous sommes arrivés à destination, notre mission est réussie. Et vous ? Qu'en est-il ?
- Eh bien, euh... Nous avons été... retardés au niveau du générateur, et...
La voix d'Amidala était hésitante, anxieuse. Un affreux pressentiment serra aussitôt la gorge d'Edriel, qui crispa son poing sur l'accoudoir du siège :
- Est-ce... Qui-Gon et Obi-Wan sont avec vous, Madame ?
- Non, hélas ! Nous les avons laissés en arrière : un homme près du générateur nous a barré le passage. Les Chevaliers ont tenu à l'affronter pour nous laisser le champ libre pendant un moment...
- Cet homme ! La description de cet homme, Altesse !
- Vêtu de noir, le visage tatoué de rouge, armé d'un sabrolaser à lame double...
- Nom d'un bantha ! Le Sith ! Merci, Padmé !
Sans façon, la Jedi coupa la communication et se précipita vers l'écran de contrôle principal :
- Donnez-moi le générateur d'énergie du palais ! aboya-t-elle au technicien.
L'homme fit rapidement défiler des images. Il s'arrêta sur l'une d'elles.
- C'est l'entrée du puits de fusion ! s'exclama ce dernier avec ébahissement.
- Quoi ?
- Le centre de la centrale, d'où provient toute l'énergie. Bon Dieu ! Ils ne vont tout de même pas y rentrer..!
- Agrandissez-moi ça !
Le technicien s'exécuta. L'image montrait une grande passerelle entourée de vide. A l'une de ses extrémités, un couloir, dont l'entrée était défendue par une porte de lasers. Et au beau milieu de l'étroite passerelle, chacune armée d'un sabre-laser, trois silhouettes se livraient bataille avec un acharnement et une rage folle. Deux hommes vêtus de beige concentraient leurs efforts sur un autre vêtu de noir qui se battait avec une double lame rouge. Edriel réagit au quart de tour :
- Par le trou noir de Senex, et les astéroïdes de Vergesso ! Obi-Wan ! Qui-Gon ! C'est bien eux !
- Faut-il envoyer des... commença le technicien.
- Inutile ! coupa la Chevalière en se levant d'un bond. Je vais m'occuper de ça !
Elle se précipita vers la sortie, empoignant fermement son sabre-laser pour le décrocher de sa ceinture. Tout en courant, elle tira de son ample tunique sombre un autre sabre, qu'elle emboîta dans le premier pour faire un manche unique. Edriel sprintait maintenant de toute la vitesse de ses jambes dans les dédales des couloirs déserts. « Pourvu que j'arrive à temps ! » Elle se le répétait sans relâche, elle le voulait absolument, il le fallait, il le fallait ! Jamais la jeune fille ne s'était sentie aussi angoissée alors que ses amis étaient en danger. Pourtant, aujourd'hui... Elle connaissait la sournoise morsure de la peur qui prenait au cœur comme aucune autre. L'expérience d'Edriel lui avait fait remarquer sans hésiter la difficulté avec laquelle les deux Jedi contenaient les assauts du Sith tatoué. Elle connaissait de plus la valeur de ses amis au combat de sabre : Qui-Gon était l'une des plus fines lames de l'Ordre, Forme IV, et Obi-Wan, avec l'avantage de la jeunesse, prenait le même chemin. Accepter le fait qu'ils aient, à eux deux, trouvé plus forte partie, était certes alarmant. La jeune fille, en tournant un angle de mur, se remémora les paroles de Maître Yoda, qu'il ne se lassait jamais de répéter : « Ne jamais sous-estimer le pouvoir du Côté Obscur, il faut. » Vite, encore, plus vite ! Un détachement de droïdekas de combat s'avança à sa rencontre. Sans s'arrêter, Edriel invoqua la Force, s'envola pardessus les machines d'un bond magnifique, et retomba de l'autre côté de leur formation :
- Désolé, Messieurs, ce n'est que partie remise !
« Enfin, j'espère... » murmura la Jedi pour elle-même. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas douté d'elle et ses deux compagnons de la sorte. Les droïdes, lents à accepter leurs réflexes enregistrés, n'eurent pas le temps de l'intercepter. Ses longs cheveux blonds flottant derrière elle comme une bannière, la jeune fille avait déjà disparu dans un couloir adjacent. Elle courait comme une flèche, comme jadis, il y a bien longtemps, sur les sentiers du Bois Doré ou de la Forêt Noire, parmi les Elfes son peuple. Elle courait comme si tous les droïdekas de la Fédération étaient à ses trousses, comme si sa vie en dépendait : ses amis étaient en danger, sans doute mortel. Vingt-cinq ans passés ensemble, à sillonner la galaxie, tant de rires, de combats, de moments de tendre complicité, pouvaient-ils ainsi prendre fin, à tout moment, sans préavis ? Non, cela ne serait pas ! La centrale, enfin ! Edriel s'engouffra dans l'entrée du complexe. Inquiète, elle s'arrêta un instant, chercha la présence de ses amis dans les champs infinis de la Force. Elle les sentit presque aussitôt, elle perçut leur détresse comme un appel, une supplique désespérée qui s'adressait à elle, elle le savait. C'était la voix de Qui-Gon, d'abord, qui l'appelait d'une voix rauque et anxieuse ; mais aussi la prière du jeune Kenobi, qui, sans se départir d'une once de courage, invoquait la Force, encore et encore. Edriel ressentit chez le Padawan une tension fantastique, une attente éreintante, comme si, dans l'incapacité de bouger, le jeune homme bandait tous les muscles de son corps et les fibres de sa volonté pour un assaut final. Alarmée, la Jedi s'élança sans plus attendre. Instinctivement, elle suivait le chemin qu'avait parcouru les combattants, de passerelles en passerelles, de coursives en coursives, franchissant les portails électroniques sans ciller aux décharges qui la traversaient. Et puis soudain, elle s'immobilisa au bord d'une plate-forme, foudroyée. L'appel avait été déchirant, brusque comme un coup de poignard, qui lui avait lacéré l'âme : « Princesse..! » Maintenant, plus rien. L'éclair de douleur avait disparu, la laissant haletante à quelques pas du vide. C'était Qui-Gon. Elle le savait, intiment. Son Maître. Non ! Il ne pouvait pas... Elle se fondit à la Force, recherchant la présence du Jedi comme une enfant perdue. Enfin, elle la trouva. Faible, terriblement ténue, endurant toute la souffrance du monde... Le soupir de soulagement qui était d'abord monté à la gorge de la jeune fille s'étrangla aussi vite. Pas le moment de traîner ! Elle repartit d'un bond, et, quelques instants après, se retrouva enfin à l'entrée du puits de fusion... bloquée, hélas par une mince mais infranchissable cloison de lasers. Edriel laissa échapper un long cri de rage et jeta un regard impuissant au combat qui se déroulait à quelques mètres d'elle.
Obi-Wan Kenobi, sa tunique déchirée de haut en bas, esquivait avec adresse les assauts du Sith tatoué. Maul semblait bien près d'avoir raison du Padawan couvert de brûlures, mais celui-ci se battait avec courage et détermination. Une fureur sans nom se lisait sur ses traits, ravageait ses traits juvéniles. Edriel admira avec sincérité la qualité des coups d'Obi-Wan, la fluidité de ses mouvements, ses nombreuses anticipations et ses bonds savants. Décidément, Qui-Gon avait raison : il serait un grand Jedi. Qui-Gon ! Le nom du Maître poignarda Edriel, lorsqu'elle vit non loin de là un corps étendu sur le sol, son sabre-laser tombé à côté de lui.
- Noooooon !
Le hurlement d'Edriel se fondit au grondement du générateur. Elle venait de reconnaître les longs cheveux de celui qui gisait sans mouvement à quelques pas d'elle, celui qu'elle aimait comme un père, et qu'elle ne pouvait même pas secourir à cause d'une simple cloison de lasers ! Le pire était donc arrivé... Un désespoir sans bornes envahit l'Elfe, la vida de toutes substances. Elle revit le visage noble du Maître Jedi, ses mèches volantes, ses yeux bleus, sereins et pétillants à la fois... Depuis toutes ces années qu'elle était à son côté, jamais encore elle n'avait songé au jour où ils devraient se quitter. Et maintenant... Edriel suffoqua : dans son trouble, elle avait oublié de respirer. La Chevalière secoua la tête : une vague de haine plus forte que toutes celles qu'elle avait connues la submergea. Elle aurait la peau de ce Sith ! Mais si pour cela elle devait se soumettre un instant au Côté Obscur, même si la règle de l'Ordre interdisait le meurtre sauf en cas de légitime défense ! Elle ne connaîtrait pas de repos avant que cette dette de sang ne soit payée. De toute la force de sa volonté, elle se concentra sur le mécanisme d'ouverture des lasers. Dans l'Ordre, on la disait capable de dérouter les circuits électroniques. Il suffisait à présent d'être à la hauteur de cette réputation... Elle vit, en pensée, le mécanisme céder, mettant dans sa vision tout le poids de la Force. Soudain, les lasers se désactivèrent. Edriel bondit dans la salle du puits de fusion avec un cri guerrier. Elle apparut comme surgie de nulle part au milieu des deux adversaires qui venaient de rompre un engagement. Il aurait été difficile de dire lequel des deux était le plus stupéfait de l'intervention...
- Edriel ! s'exclama enfin Kenobi, son beau visage ravagé par les larmes et le doute. Je n'ai pas pu ! Je ne...
- Ecarte-toi, Obi-Wan ! ordonna la Jedi d'une voix sourde.
Ce disant, elle se débarrassa de sa cape noire, révélant sa tenue de combat azur et jais. D'un geste rageur, elle rejeta derrière ses oreilles effilées les mèches folles de ses cheveux blonds. Dark Maul, immobile, la suivait du regard. Il jubilait : le combat serait plus excitant que prévu, et sa victoire plus écrasante ! Le Seigneur de Sith retroussa ses lèvres en un curieux rictus de joie sauvage. Edriel ficha ses yeux noirs dans les iris jaunes de Maul. Elle éleva d'une main sûre son sabre-laser, en fit jaillir d'une pression deux longues lames dorées qui se mirent aussitôt à bourdonner. Obi-Wan, impressionné, entrouvrit la bouche : deux lames, cela signifiait une exceptionnelle maîtrise et une grande audace. Quand avait-elle eu le temps, la patience de perfectionner un tel jeu d'escrime..? La réponse lui apparut comme une évidence : ces heures qu'elle passait, depuis quelques temps, dans la salle d'entraînement n°12 ! Et l'air complice de Qui-Gon... Qui-Gon... A cette pensée, le cœur du jeune homme se serra, et il eut soif de vengeance comme jamais. Il s'avança :
- Je suis avec vous, Edriel.
Sans quitter le regard du Sith, la Chevalière lui lança, d'un ton sans réplique :
- Pas question, Obi-Wan ! Ce serait trop dangereux de venir te glisser au milieu. Ces armes sont difficiles à manier. Repose-toi pour me relever, au cas où...
Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase : le Seigneur de Sith fondait sur elle. Les lames s'entrechoquèrent avec un grésillement d'énergie. L'entêté Kenobi hésita, puis, sa lame bleue fouettant l'air, il se jeta dans le tourbillon rouge et or de la bataille furieuse.
- Non, Obi-Wan ! Va-t-en !
Le jeune homme fit la sourde oreille. Il assena coup après coup à Dark Maul, mais une des lames d'Edriel lui frôlant le crâne, laissant derrière elle une odeur de cheveux brûlés, il comprit toute la justesse du raisonnement de son amie. Ensemble, ils se gêneraient, risqueraient de se blesser. Il se mit à l'écart à regret, sur le qui-vive, guettant un signe de la Jedi pour se jeter à nouveau dans la mêlée. En attendant, Kenobi admirait le fantastique spectacle qui se déroulait devant ses yeux.
Les duellistes mouvaient leurs doubles lames avec une habileté que seule égalait la haine presque palpable qu'ils se vouaient. Ils se rendaient coup pour coup, brûlures pour brûlures. Aucun des deux ne menaient vraiment les échanges, étant à la fois offensifs et défensifs. Un combat à mort, un duel au sommet comme peu en avait vu en cette ère de la galaxie. Se laissant guider par la Force, les escrimeurs n'avait qu'un seul but : tuer. Cela se lisait dans leurs yeux brûlants, dans leurs gestes instantanés et dans l'intensité des décharges d'énergie pure qu'ils s'envoyaient, paume largement ouverte, au cœur de l'action. Les attaques, contre-attaques, feintes, s'enchaînaient avec une rapidité stupéfiante, telle que l'on en discernaient parfois que de vagues flous lumineux. Les sabres-lasers à double lame étaient réputés pour leur difficulté de maniement, se rappela Obi-Wan. Ici, leurs possesseurs combattaient avec eux sans efforts apparents, coordonnant parfaitement attaques et replis, mariant une fluidité et une brutalité de mouvements impeccables. Deux incarnations de la Force, songea le Padawan, bluffé par tant d'adresse. Une de la Force de Lumière, l'autre du Côté Obscur. Un combat symbolique dont lui était l'improbable témoin. Le grésillement des armes et le vacarme des bottes ne semblaient devoir jamais s'arrêter : il était évident qu'aucun des duellistes ne prenait le dessus, chacun utilisant la Force avec une adresse égale. Les offensives devenaient de plus en plus meurtrières, les flips osés. Un spectacle au-delà de toute imagination.
Soudain, d'un coup sec, Maul trancha le générateur gauche du sabre d'Edriel. Il poussa un grondement de victoire et attaqua avec une frénésie renouvelée. Obi-Wan se rua en avant, enfin, son arme brandie. Edriel, saoulée de coups mais piquée au vif d'avoir perdu la première manche, l'intégra sans mal dans son jeu tactique. Elle connaissait bien la technique du Padawan : frapper puis feinter et reprendre par surprise. Combien de fois avaient-ils ainsi combattus côte à côte ! Mais aujourd'hui, plus que jamais, il leur fallait vaincre. Il leur fallait foncer. Pour Qui-Gon ! Pour les Jedi ! De son côté, Maul, toujours maître de la situation, élaborait rapidement une grossière stratégie : il lui fallait d'abord éliminer la femme Jedi, ou du moins la mettre hors de combat. D'un coup brusque par en dessous, il déséquilibra Kenobi qui alla s'écraser lourdement à quelques pas du gouffre qui béait au centre de la pièce. Edriel le suivit du regard, anxieuse. Profitant du bref moment d'inattention, fatal, le Seigneur de Sith frappa.
- Nooon ! hurla Obi-Wan, pour la seconde fois ce soir.
Pendant un temps qui lui parut interminable, la lame rouge fendit l'air. Le coup aurait dû être mortel, dirigé en plein cœur, mais mue par un ultime réflexe, Edriel interposa son bras. Le sabre-laser le lui déchira, descendant jusqu'à la racine des doigts. Une écoeurante odeur de chair brûlée emplit soudain l'air. Grièvement atteinte, Edriel laissa échapper son arme et tomba à genoux avec un long râle.
Au moment où Maul levait à nouveau son sabre pour frapper Edriel, Kenobi eut un déclic, et se releva en un éclair. Se précipitant à la rescousse, il s'interposa à l'instant où la lame rouge s'abaissait, croisant fermement la sienne pour l'en empêcher. Maul lui jeta un regard furieux, et se retourna vers lui en retroussant ses lèvres sur l'éclat inquiétant de ses longues canines... L'apprenti sentait que la bataille n'en finirait pas : il s'y jeta à corps perdu.
Pendant ce temps, Edriel rampa contre le mur et banda tant bien que mal ses blessures en serrant les dents. Là-bas, de l'autre côté du gouffre, elle voyait le corps immobile de Qui-Gon, ramassé sur lui-même...
« Pas question de perdre ! » se jurait Obi-Wan Kenobi. Les conseils de son Maître, lorsqu'il l'entraînait au sabre, lui revenaient pêle-mêle à l'esprit. « Tu mets trop de rage dans tes actions. Tu ne te maîtrises plus toi-même ; comment voudrais-tu maîtriser la Force qui coule en toi ? ». Ou encore « Ne pense pas à tes angoisses. Concentre-toi sur le moment présent. Ressens, ne pense pas. » Obi-Wan s'efforçait de ne pas trop réfléchir aux conséquences de ce combat, mais il ne pouvait tout de même s'en empêcher. Tant de choses reposaient sur lui, à présent ! « Entre en contact avec la Force, mon jeune Padawan. Sois fort ! » Conscient que la victoire s'éloignait de lui, Obi-Wan, tenta le tout pour le tout. Il rassembla son énergie pour lancer un dernier assaut : une série de coups latéraux destinés à amener le sabre-laser de son ennemi en position horizontale. Feintant ensuite une attaque vers la gauche, il leva son arme et l'abattit avec tant de force qu'il coup en deux l'arme du Seigneur Sith. Avec un cri de triomphe, il visa la tête cornue du guerrier noir. Un coup mortel ! se dit Edriel, qui suivait son ami des yeux. De l'issue de ce combat dépendait tout, et sa vie. Un coup mortel..!.. lamentablement raté. Dark Maul, déjouant la ruse, s'était écarté d'un bond. Renonçant à récupérer la moitié la plus courte de son arme brisée, il contre-attaqua avec suffisamment de puissance pour déséquilibrer le jeune Jedi. Poussant son avantage, il frappa, encore et encore. Débordé, Obi-Wan vacilla au bord du puits. Son sabre-laser lui glissa des doigts. Le jeune homme tomba dans le gouffre sombre, persuadé que sa dernière heure avait sonné. Il entendit Edriel crier son nom ; elle était condamnée, maintenant. Non, cela ne serait pas ! Galvanisé par cette pensée, il se rattrapa in extremis à un échelon de métal fixé sous le muret du puits de fusion. Et maintenant ? Impuissant, il leva les yeux vers le guerrier noir qui savourait déjà sa victoire...
Dark Maul avança lentement vers le bord du puits. La sueur ruisselait sur son visage, ses yeux jaunes brillaient d'un plaisir sauvage. Le combat était fini ! Dans quelques instants, un autre Jedi serait mort. Il ne lui resterait plus qu'à achever la femme : réjouissante perspective ! Le Seigneur de Sith sourit et fit passer plusieurs fois la moitié intacte de son sabre-laser de sa main gauche à sa main droite. Il retardait l'issue finale.
Edriel, effondrée contre le mur, était à la torture. Non, non, pas Obi-Wan ! Pas maintenant, il ne le fallait pas ! A son tour, elle réentendit les sages paroles de Qui-Gon. « Ne pense pas à tes angoisses. Vis les choses avec cette sensibilité à fleur de peau qui est la tienne, vis-les et bats-toi, Princesse ! » Graduellement, Edriel se calma. Elle évoqua en pensée la sérénité dont le Maître faisait preuve en toutes circonstances, elle entendit sa voix douce et grave l'appeler avec tendresse. Il fallait détourner l'attention du Sith, laisser à Obi-Wan le temps de se ressaisir. Comment ? Son bras noirci commençait à suppurer, lui arrachant des halètements de douleur, et entamer un nouveau duel, c'était plus qu'impensable. La solution se présenta soudain à son esprit, lumineuse, en même temps que les lointaines paroles d'un Maître renommé lui revenait en mémoire : « La Force nous habite, mais il faut savoir la réveiller. Il faut que la passion, l'ardeur embrase notre cœur, pour chaque but que nous nous donnons d'atteindre. Si tu as compris cela, alors, lorsque tu lui feras appel, elle t'aidera toujours, fut-ce de la manière la plus improbable qui soit. » Péniblement, Edriel se releva. Concentrant ses pensées sur Obi-Wan, ce jeune homme qui depuis quelques années était son ami, son frère, elle leva sa main valide, et invoqua la Force. Des tuyaux, des manettes, se détachèrent de toutes parts et fendirent les airs en direction de Dark Maul. Ce dernier fit volte-face, et détourna négligemment les projectiles à l'aide de son sabre-laser. Ses yeux jaunes brillants de rage, il s'approcha d'Edriel, décidé à l'achever la première. Elle était désarmée et blessée. Rien ne l'empêchait d'en finir. Enfin, si, quelque chose. En s'avançant, le guerrier noir se cogna contre un mur invisible. Sonné, il comprit : un champ d'énergie protecteur généré par la main tendue de la Jedi ! Et ces projectiles qui continuaient d'affluer ! Cette femme l'aurait entravé jusqu'au bout ! Maintenant, elle allait mourir. Levant sa main gantée, Maul s'employa à briser la volonté de la Chevalière par la pression de la sienne propre. Ils restèrent ainsi de longues minutes, des rayons rouge et or fusant de leurs mains tendues à l'extrême. L'issue était proche, à présent. La volonté d'Edriel vacillait dangereusement, avec ses dernières forces. Les projectiles qu'elle contrôlait n'étaient plus précis et s'effondraient en cours de route. La Jedi retomba à genoux...
Au milieu de ce fracas de fin du monde, les yeux rivés sur le Seigneur Sith, Obi-Wan Kenobi plongea au plus profond de lui-même à la recherche d'un contact avec la Force. Il essaya de se calmer, d'apaiser les furieux battements de son cœur. « Agis, mon jeune Padawan. Sois fort ! » L'ordre cette fois était impérieux, pressant. Il oublia soudain la colère et la peur, mobilisa ses dernières réserves. L'esprit clair et le corps pur, il lâcha le barreau de métal, s'écarta d'une poussée de la paroi du puits et se catapulta vers le haut. Porté par la Force, il jaillit hors du gouffre. Dans le même mouvement, il fit voler jusqu'à sa main le sabre-laser abandonné par Qui-Gon, et frappa sans se retourner. Dark Maul avait fait face à nouveau, la colère et la surprise mêlés sur son visage tatoué. Avant qu'il ait pu esquisser un geste, le sabre-laser de Qui-Gon Jinn s'enfonça dans sa poitrine. Il carbonisa ses chairs. Le Seigneur de Sith hurla de douleur et d'incrédulité. Obi-Wan se retourna, désactiva son arme et regarda calmement son ennemi agonisant basculer dans le puits de fusion. C'en était fini.
Lentement, le jeune Jedi se détourna. Edriel le regardait, ses yeux sombres exprimant la plus grande des admirations. Kenobi courut vers elle et la releva. Ils se jetèrent dans les bras l'un de l'autre :
- Mon Dieu, Obi-Wan, j'ai eu si peur quand tu es tombé !
- Tu n'auras plus jamais peur, répondit-il gravement.
C'était la première fois qu'il se laissait aller à la tutoyer. Edriel ne s'en étonna pas : désormais un lien plus fort que l'amour, la haine ou tout autre chose les liait l'un à l'autre.
- Tu as réussi, Obi-Wan ! Tu as réussi là ou deux Jedi aguerris ont échoué ! Tu as porté sur tes épaules le fardeau d'un Chevalier accompli, aujourd'hui. Qui-Gon serait fier de t...
Ils se regardèrent, se comprirent. Sans plus penser à ce que leur avait coûté leur victoire sur le Seigneur de Sith, les deux jeunes gens se précipitèrent vers le corps de Qui-Gon. Edriel le souleva par les épaules : il respirait encore. D'un mouvement convulsif, elle le serra dans ses bras :
- Maître... murmurèrent ensemble Edriel et Obi-Wan.
La jeune fille caressa d'une main fraîche le front moite. Qui-Gon ouvrit ses yeux bleus :
- Il n'y a plus rien à faire, mes enfants...
- Non, c'est impossible !
- Hélas... Cette fois, tu ne me guériras pas, Edriel. Mon heure a sonné. Ne me retiens pas, Princesse. Il te reste Obi-Wan...
Le visage du Jedi se tordit de douleur, mais son regard resta serein :
- Mon fils...
- Oui, Maître.
- Forme l'enfant... Anakin. Il est l'Elu, mon jeune Padawan... Il...
- Pourquoi moi, Maître ? interrogea le jeune homme en prenant sa main. Edriel serait plus qualifiée que moi pour cela. Elle est Chevalière de l'Ordre et l'enfant l'adule. Toute l'affection qu'il a perdu en quittant sa mère, il l'a reportée sur Edriel.
- Non ! répliqua Qui-Gon d'une voix hachée. Je sens son destin... trop intiment lié au sien... O... Obi-Wan... Promets-moi que tu le formeras. Il est l'Elu... C'est...
Le Maître Jedi s'arrêta, submergé par la douleur.
- C'est promis, Maître ! répondit Kenobi, prêt à tout pour soulager la souffrance de son mentor.
Le souffle de ce dernier s'accéléra, tandis que ses yeux d'azur se voilaient :
- Il est l'Elu... Obi-Wan, c'est... Il apportera... l'Equilibre à la Force. Princesse, mon fils, prenez garde... Il vous faudra... surmonter les épreuves. Je... Je vous aime... Je ne vous oubli...
Son regard se riva à celui des jeunes gens, puis devint flou. Il cessa de respirer, alors que la vie et la puissance le quittaient.
- Maître, Maître... répétait douloureusement Obi-Wan Kenobi. Maître...
- Il a rejoint la Force qui l'avait engendré, souffla Edriel, la voix brisée. Adieu, Qui-Gon Jinn...
La main fine de l'Elfe s'appesantit sur les paupières du Maître Jedi, les abaissa. Longtemps les deux amis serrèrent le corps sans vie, dont l'âme était rendue à la Force. Des larmes amères roulaient sur les joues des jeunes Jedi...
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