Hello tous le monde !
Voici le premier chapitre de cette deuxième partie ... Enjoy :)
Dorea sortit de l'ascenseur d'un pas hésitant.
Lorsqu'elle pénétra l'espace semi-clos plongé dans la pénombre la plus totale, les grilles de l'élévateur se refermèrent dans un bruit métallique qui résonna tout autour.
La jeune fille, ne sachant pas où elle se trouvait plissa les yeux pour mieux examiner les lieux, malgré le clair-obscur qui y régnait.
C'est là, qu'elle aperçut au bout de ce qu'elle devinait comme un long corridor, une silhouette haute et longue.
À cet instant, les torches accrochées au mur marbré noir s'enflammèrent une à une, et elle reconnut le département des Mystères au ministère de la Magie à Londres.
Mais que faisait-elle ici ? À des milliers de kilomètres de là où elle devait normalement se trouver ?
Elle sentit un regard la charger et lorsqu'elle braqua les yeux vers le bout du corridor, Henry Nott, l'homme qu'elle avait assassiné lors de la bataille du ministère, se tenait immobile devant une porte lisse et aussi noire que les murs qui l'entourait.
Dorea se mit en garde, la baguette pointée devant elle, prête à en découdre. Seulement, l'ancien mangemort, ne bougea pas d'un iota et continuait à la fixer sans ciller.
La serpentard s'avança alors à pas mesurés, retenant son souffle. Lorsqu'elle arriva à la hauteur de Nott Sr. , ce dernier arbora un sourire narquois.
- Bienvenue dans le monde des morts… ma sœur.
Sous le coup de la surprise, l'adolescente lâcha sa garde et entrouvrit la bouche de stupeur. Était-elle morte ?
L'homme se décala sur le côté et tourna la poignée en laiton pour déverrouiller la porte qui s'ouvrit dans un grincement macabre.
Malgré elle, ses jambes s'actionnèrent d'elles-mêmes et Dorea s'introduisit dans une pièce circulaire semblable à une antichambre.
La porte claqua fermement dans son dos, ce qui la fit sursauter et des flammes jaillirent dans chaque coin du pourtour de la salle.
Elle vit avant tout Lord Voldemort se tenir en son centre, ses yeux rougeoyants où dansaient les flammes, l'observant fixement. Sa main blanchâtre était posée sur une épaule qui appartenait à Drago Malefoy.
Ce dernier contemplait également Dorea, néanmoins, la rousse nota que le manque d'expression, de vivacité possédait son regard. Comme s'il était mort de l'intérieur.
Cette pensée lui déchira le cœur.
Somme toute, alors qu'elle redressait ses pupilles émeraudes, elle remarqua sa famille et ses amis qui se tenaient devant chacune des portes, tout autour d'eux.
- C'est toi ou c'est eux…, fit Drago dans un écho au ton morne.
- Quoi ? souffla Dorea.
- C'est toi ou c'est eux, répéta Drago sur le même ton.
Dorea fronça des sourcils, ne saisissant strictement rien à cette injonction. Puis soudainement, prenant conscience de l'enjeu, elle écarquilla les pupilles de stupeur.
C'était elle ou c'était eux …
La jeune fille se réveilla en sursaut, la respiration haletante, la sueur perlant son front et son dos.
Dorea observa autour d'elle et prit conscience qu'elle se trouvait dans sa chambre à Guadalajara au Mexique.
Ce n'était qu'un rêve. Seulement et simplement un mauvais rêve.
L'ancienne verte et argent expira de soulagement et retomba mollement sur ses oreillers.
Chaque nuit, c'était la même chose. Le même cauchemar. Les mêmes peurs. Elle s'était beau éloigné à l'autre bout du monde, elle ne cessait de se demander si son frère, Drago, ou encore ses amis, étaient toujours en vie.
L'adolescente remua la tête et lança un coup d'œil à son radio-réveil : il était près de six heures trente du matin. Elle n'allait pas devoir tarder à se préparer pour partir à son travail.
Dorea fana une main lasse sur son visage et se convainc qu'il était temps pour elle de se lever et d'aller s'habiller.
Voilà la vie qu'elle menait depuis un peu plus d'un mois. Une vie simple, sans artifice, sans magie… En bref, une vie d'une jeune moldue lambda, âgée de presque dix-neuf ans.
La jeune Artwood se leva du lit et chemina vers la salle de bain attenante. C'est là, que comme tous les matins, occupée à faire sa toilette, elle lançait de temps à autre quelques coups d'œil à son reflet, à travers le miroir au cadran mordoré et vieilli.
Elle avait parfaitement conscience qu'elle avait changé du tout au tout. Physiquement tout du moins. Et d'ailleurs, personne n'avait remarqué qu'elle était bien plus jeune qu'une jeune femme âgée de dix-huit ans et plus. En fait, elle avait tout juste fêté ses seize ans la veille.
Dorea avait auparavant pris plusieurs centimètres lors de l'année qui s'était écoulée, mais là, ça en devenait presque vertigineux à quel point elle avait grandi. Son corps, au sens général, ne ressemblait plus en rien à la petite fille joufflue qu'elle était autrefois. Elle avait des formes féminines tout en arborant une silhouette fine et longiligne.
Sa peau, habituellement laiteuse et emplit de taches de rousseur, affichait dorénavant un teint légèrement halé, ce qui faisait ressortir ses yeux vert émeraude. Pour finir, ses cheveux normalement roux auburn étaient à présent blond. Ce qui finalisait plus ou moins sa réelle transformation physique.
Elle savait que les hommes n'étaient pas indifférents à ses « attraits », quoique ce genre de chose ne l'intéressât guère.
Dorea avait été estropié dans son ego de la plus cruelle des façons et jamais plus elle ne se laisserait berner par la gent masculine qui ne cessait de requérir son attention.
La jeune Artwood se dévêtit et pénétra la cabine de douche où des mosaïques azur et ocre donnaient une étrange sensation d'être dans un bain thermal oriental.
Lorsqu'elle actionna le jet de douche, Dorea se mit à réfléchir à nouveau à son rêve et plus précisément à l'expression du jeune Malefoy.
Chaque fois qu'elle y repensait, ça lui donnait un frisson semblable à un pressentiment désagréable.
À chaque heure, à chaque minute, à chaque seconde de la journée, l'image d'un Drago, lui souriant ou l'embrassant avec passion voguait dans son esprit. Puis venaient les dernières paroles qu'avait eues le blond à son encontre. Elles revenaient tel un boulet de canon qui la transperçait de part en part.
Elle aurait aimé faire l'impasse sur tout ce qu'il s'était passé durant les derniers jours à Poudlard. Seulement, elle ne pouvait pas faire machine arrière.
Drago, Harry, ses amis… Tous la méprisaient à présent, à cause de ses actes et c'était bien la raison qui l'avait poussée à partir.
Mais parfois, elle aimerait être près d'eux, et perpétuer ces moments de plénitude qu'ils avaient eu la chance de vivre quelques mois auparavant.
C'est la mort dans l'âme, comme chaque matin depuis qu'elle était arrivée dans ce pays, qu'elle ressortit de la douche et se vêtit promptement d'un top, d'un jean et de baskets.
Elle observa le paysage à travers la fenêtre du premier étage de sa bicoque et contempla les champs de maïs qui accompagnaient l'air du vent.
L'ancienne Serpentard sortit de la chambre et descendit les escaliers pour accéder au rez-de-chaussée.
La maison était des plus modestes. Seuls les éléments de première nécessité s'y trouvaient.
La cuisine ouverte sur le salon et séparée par un comptoir, détenait un réfrigérateur, une gazinière et un évier sur un plan de travail si exigu que Dorea avait parfois du mal à cuisiner correctement.
En face, se trouver un canapé de couleur moutarde au tissu vieilli et rapiécé qui faisait front à une table basse toute boisée.
Près de la porte d'entrée, une console avait été placé et c'était bien l'unique élément fastueux dans cette maison. Elle était faite d'acajou, et les tiroirs étaient sertis de dessins sinueux où la feuille d'or à laquelle ils avaient été peints se reflétaient à travers le levé du soleil qui franchissait la fenêtre de l'entrée.
Cette fenêtre donnait sur un porche, où seul un Rocking Chair poussiéreux se balançait de temps à autre.
Quand Dorea était arrivée, le taxi de l'aéroport la déposant devant l'allée bordée de hautes herbes jaunies, elle avait tout d'abord cru à une mauvaise blague de feu son père, Lord Goderic Artwood.
Ce dernier lui avait transmis des instructions très clair avant sa mort, et elle les avait suivis aveuglément, sans se poser de questions. Cependant, lorsqu'elle avait découvert l'abri qu'il lui avait indiqué sur une carte, elle l'avait maudit de toutes les manières qui soit.
Tout en se remémorant le jour de son arrivée, la jeune fille se distribua un bol de céréales, saisissant une boite dans le placard du haut ainsi que du lait dans le frigo.
C'était autre chose que les œufs brouillés ou les gaufres à la confiture de myrtilles qu'elle avait l'habitude de manger à Poudlard ou encore la succulente cuisine de Mrs Patmore à Highclere Castle. Mais elle s'en contentait.
Dorea sortit du taxi, énervée et fatiguée par le voyage interminable qu'elle avait parcouru la veille. De plus, le chauffeur de taxi avait été agaçant. Il lui avait présenté un sachet d'une poudre étrangement blanche qui apparemment se prénommait « coke ». Du moins c'est ce qu'elle avait compris entre deux mots espagnols qu'il avait baragouiné.
Il lui en avait demandé douze mille pesos ce qui équivalait, si ses calculs étaient bons, à près de 400 livres sterling.
Bien évidemment, elle avait refusé, ne sachant ce qu'était cette fameuse poudre blanche. Elle était consciente qu'il ne fallait particulièrement pas faire confiance à ce genre de personne. Néanmoins, elle avait été curieuse de savoir ce que cette « coke » avait le pouvoir de faire pour qu'elle soit si cher.
Le taxi parti dans un crissement de pneu qui dégagea une légère brume de poussière ce qui la fit tousser.
Lorsque la poussière de terre s'évapora, elle se rendit compte qu'elle se trouvait sur la place principale de Guadalajara.
Des étals de fruit, légumes, fromages et grigri en tout genre longeaient la place et menaient à une magnifique église. L'église datait certainement de l'époque conquistador, avec ses deux hautes tours aux toits semblables à des hauts de formes en pointe où les croix en forme de crucifix filaient vers les nuages. Au centre, une splendide arche, aux couleurs dépassées, surplombait l'entrée.
Dorea éleva le chef, et fendit la bouche, contemplant la majesté du lieu de culte. Souhaitant en découvrir plus, elle entreprit de marcher le long du marché, observant de temps à autre les alentours.
C'est là qu'elle remarqua une vitrine plus ou moins ostentatoire, qui était décorée d'une affiche rouge vif indiquant à prix dérisoire une formation pour l'obtention du permis moto.
Un sourire en coin, digne d'un Malefoy, apparut sur le visage de l'adolescente. L'image de son père Goderic roulant des yeux devant les nouvelles lubies de sa fille s'imposa dans son esprit.
Sans plus tergiverser, Dorea se dirigea vers l'entrée de l'école de formation de conduite et s'introduisit, alors qu'une sonnette retentissait à l'intérieur.
Elle referma la porte et examina la pièce au moment où un jeune homme, certainement âgé d'une vingtaine d'années, apparut dans l'encadrement de la porte derrière le bureau qui y était placé.
Il avait le teint mat, les cheveux de jais, coiffé en arrière et ses yeux était si bleu, qu'ils la transperçaient du regard. Cela lui évoquait vaguement quelqu'un, mais elle ne préférait pas y penser.
- Qué puedo hacer por ti ? demanda le jeune homme en s'installant sur sa chaise de bureau.
Que puis-je faire pour toi ?
- Heu…, hésita Dorea ne comprenant pas un traite mot de la langue latine.
- Américaine ? questionna alors son interlocuteur dans un fort accent espagnol.
- Non, anglaise, répondit la jeune fille quelque peu soulagée.
Le Mexicain hocha du chef, un sourire carnassié se dessinant sur ses lèvres fines.
- Tu as de la chance gringa, on n'aime pas beaucoup les Américains dans les parages.
- Ho, et bien tant mieux pour moi.
- Alors, que puis-je pour toi ?
- J'aimerais passer mon permis moto, j'ai vu qu'il y avait une offre dans votre vitrine.
Le jeune homme haussa un sourcil interrogateur.
- Tu es ici pour combien de temps ?
- Pourquoi cette question ? interrogea Dorea en fronçant des sourcils.
- Parce que si tu es ici uniquement pour les vacances, il va falloir renoncer à passer ton permis au Mexique. Pour faire approuver ton dossier à l'ambassade, il faut au moins un mois au bas mot, et sans compter que tu dois obtenir un Visa. Après tu dois passer ton code de la route et enfin, seulement, tu pourra commencer les cours de conduite.
- Je reste à Guadalajara pour un bon bout de temps, donc je prendrai le temps qu'il faudra, rétorqua Dorea d'un ton assuré.
- Bien, c'est une bonne nouvelle, murmura le mexicain.
- Pourquoi ?
- Parce qu'on pourrait faire plus ample connaissance, murmura-t-il d'un ton enjôleur.
Dorea se retint de lever les yeux au ciel et préféra changer de sujet.
- Néanmoins, j'aimerais passer mon permis le plus vite possible.
- Combien de temps ?
- Disons… un mois ?
- C'est impossible, l'ambassade britannique…
- Ne t'inquiète pas pour ça, je vais m'arranger, coupa Dorea d'un ton ferme et sûr
Le jeune homme plissa les yeux, l'air suspicieux.
- Ne me dis pas que tu es du MI6 ou un truc du genre ? On n'aime pas beaucoup les espions non plus.
- Certainement pas, assura Dorea.
- Alors tu as des pouvoirs cachés ?
Le moldu ne se rendit pas compte qu'il était si proche de la vérité.
- Et bien plus que tu ne le crois, pouffa l'anglaise.
Le jeune homme la suivie dans son rire, puis reprit son sérieux. Il se saisit d'une feuille posée sur une pile derrière lui et la présenta à l'adolescente.
- Tu dois inscrire ton prénom, nom et ta date de naissance ici, indiqua-t-il du bout de l'index. Et là, ton numéro de téléphone ainsi que de passeport.
Dorea attrapa un stylo posé devant elle et commença à compléter les informations qui la concernaient. Elle s'arguait d'avoir eu un père aussi strict sur son éducation et par ailleurs une éducation sans magie lorsqu'elle revenait chaque été de l'académie Beaubâtons, avant son entrée à Poudlard. Sinon, elle ne sait pas comment elle aurait fait pour arriver au Mexique saine et sauve. Rien que de monter dans l'avion avait été une épreuve en soi. Et c'était peu dire…
Cependant, elle était certaine qu'une nouvelle vie l'attendait. Loin de l'Angleterre, loin de la magie, loin de Poudlard, loin de la guerre, loin de tous ses malheurs.
C'est inouï de ces nouvelles perspectives que Dorea termina de remplir son inscription. Elle tendit le papier au jeune mexicain qui le parcourut avec une certaine attention.
- Kate Harrington, née le vingt et un septembre mille neuf cent soixante-dix-huit à Londres, lu le brun. Enchanté, Miguel, ajouta-t-il en présentant sa main.
Dorea eut un mouvement d'hésitation puis finalement la serra chaleureusement. Miguel reporta son attention vers la feuille d'inscription puis flanqua un coup d'œil au passeport, ouvert à la page d'identification, qui était posé devant lui. L'anglaise retint son souffle espérant que les années en moins qu'elle acquérait contrairement à ce qui était indiqué sur le passeport passeraient inaperçus.
- Rousse ? demanda-t-il en haussant le sourcil face à la nouvelle couleur de cheveux de l'adolescente.
- Une tare dont j'ai voulu me débarrasser, murmura Dorea soulagée.
Miguel hocha la tête reportant son attention sur l'inscription.
- Tu as oublié d'inscrire ton numéro de téléphone.
- Euh… je ne dispose pas de téléphone.
- Dommage, comment je vais faire pour te joindre et t'inviter à boire un verre ?
Dorea fut surprise de cette invitation impromptue et l'image d'un garçon blond, aux yeux si orageux qu'elle en rêvait chaque nuit, s'insinua dans sa tête.
- Euh… je suis désolé, mais… mais je ne suis pas intéressée.
- Même pas pour une petite virée touristique ? insista Miguel.
Dorea ouvrit la bouche pour répondre négativement, mais aucun mot ne sortit. Après tout, qu'est-ce qui l'empêchait de prendre un peu de bon temps ?
Le garçon qu'elle aimait l'avait rejeté de la pire des manières. En conséquence, ça n'allait certainement pas lui arriver deux fois. C'était une chose qu'elle s'était juré de ne pas revivre. Et oublier un peu ce blond de malheur, tout comme ses soucis qu'elle avait, pour ainsi dire, laissés à l'autre bout du monde n'allait pas lui faire de mal.
- Ok, répondit Dorea avec un grand sourire soudain, j'accepte ton invitation !
Et c'est comme cela qu'elle avait débuté sa nouvelle vie. Le lendemain, elle se munissait d'un téléphone portable muni d'une carte pré-payée, le soir même elle dansait collé-serré avec Miguel. Et pour la première fois depuis longtemps, elle s'était sentie libre.
Au plus vif étonnement de son nouvel ami, elle obtint en quelques jours une dérogation de l'ambassade britannique ainsi que son Visa pour passer son permis moto sur le sol mexicain. Elle commença sa formation de conduite une semaine plus tard, et obtint son permis seulement quinze jours après.
Miguel ne cessait de répéter qu'elle avait soudoyé les bureaucrates de l'ambassade.
Il était certainement proche de la vérité, cependant Dorea n'avait pas soudoyer, mais s'était plutôt servie de ses pouvoirs. Ce qui avait été un cas exceptionnel puisqu'elle s'était promis de ne plus se servir de la magie.
Elle était consciente qu'un tas de monde la recherchait, comme les membres de l'Ordre du Phénix, mais aussi les mangemorts. Et se servir de la magie avait été un pari risqué.
Dans le même temps, Miguel lui décrocha un boulot quelconque de serveuse dans un restaurant tenu par l'un de ses amis. Ce que Dorea avait apprécié, car il était hors de question qu'elle vive sur les économies que son père avait placé sur un compte en banque moldu.
Dorea gara devant le centre de formation sa toute nouvelle moto qu'elle s'était achetée deux jours auparavant pour fêter l'obtention de son permis de conduire. Une sportive rouge qui allait aussi vite qu'un Éclair de feu.
Elle aimait la sensation qu'elle avait sur la moto. C'était des sensations semblables lorsqu'elle se retrouvait sur un balai de course.
Devant l'entrée de l'école de formation, Miguel s'appuya contre l'encadrement de la porte, bombant son large torse musclé, taillé dans un t-shirt noir à col V.
- Quel classe gringa ! s'exclama-t-il dans son fort accent espagnol alors que Dorea descendait de son engin pour ôter son casque.
Dorea afficha un grand sourire fier et Miguel s'avança vers elle, pour encercler sa taille de ses mains. Le sourire de Dorea se fana et aussitôt, elle recula, tout à fait mal à l'aise. Miguel expira, lassé mais non moins habitué à l'attitude fuyante de la jeune anglaise.
- Hier soir, tu es partie, gringa.
- Oui, j'étais un peu fatiguée par ma journée.
- Tu étais de repos, en quoi étais-tu fatiguée ?
Dorea haussa des épaules et rangea son casque dans le coffre sous le siège en cuir noir.
- Ce soir, tu seras au bar de salsa ?
- Comme tous les jeudis, assura la blonde.
- Et est-ce que j'ai droit à un baisé ?
La jeune fille pencha la tête d'un air désolé et arbora un mi-sourire gêné.
- Ok, j'ai compris, continua Miguel en levant les mains avec reddition. Je tente simplement ma chance comme tous les matins.
- Et comme tous les matins, je te réponds que je ne suis pas intéressée.
- Quoiqu'il t'est fait, il t'a cassé le cœur.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, rétorqua la jeune fille en esquivant le regard du brun. Et puis on dit « briser » le cœur, pas casser.
- Tu sais très bien de quoi je parle, insista Miguel en ignorant la réprimande de Dorea. Une fille n'agit pas comme ça, si elle n'a pas le cœur brisé.
- Et j'agis comment ?
- Tu fuis. Tu fuis devant les compliments, tu fuis les garçons qui flirtent avec toi et tu as l'air de fuir bien plus que ta vie d'avant en Angleterre.
Dorea resta silencieuse devant cette analyse qui était bien plus correct qu'elle ne l'aurait souhaité. Sans répondre pour autant, la jeune fille embrassa la joue du mexicain.
- À ce soir Miguel, chuchota-t-elle.
Dorea se dirigea vers le marché sous l'œil inquisiteur de Miguel. Elle passa devant les étals où les vendeurs ambulants la reconnaissaient à présent. Elle saluait de temps à autre certain d'entre eux.
Lorsqu'elle rentra dans le bar-restaurant où elle travaillait, elle aperçut Julio, un de ses collègues, essuyer les verres derrière le bar qui longeait l'entrée et la salle de restaurant.
- Holà, Julio ! salua Dorea joyeusement.
Bonjour Julio !
- Holà Kate ! como estás hoy ?
Bonjour Kate ! Comment vas-tu aujourd'hui ?
- Muy bien, aunque no quiero trabajar con el clima en absoluto.
Très bien, même si je n'ai pas très envie de travailler avec ce beau temps.
- Entiendo. De todos modos, te veo progresando día a día en español
Je comprends. En tout cas, je te vois progresser de jour en jour en espagnol.
- Gracias Julio, sourit Dorea, rougissant sous le compliment du mexicain.
Merci Julio
La jeune fille se dirigea vers les escaliers menant au sous-sol où se trouvaient les vestiaires pour que les serveurs, équipe de jour comme de nuit, puissent se changer aisément. Lorsque la jeune Artwood ouvrit la porte, une tornade brune se jeta pour ainsi dire sur elle.
- Mais où étais-tu passé, bon sang de bois ?
- Bonjour à toi aussi Payton, répondit Dorea d'un ton las.
Payton Sanders, était l'une des serveuses qui travaillait avec elle dans le restaurant. Elle est arrivée quasiment en même temps que Dorea et contrairement à cette dernière, elle était loin d'être complaisante et discrète.
C'était l'américaine dans toute sa splendeur. Les cheveux châtains qui lui descendait à la taille, grande et mince, avec une poitrine plus ou moins opulente, ce qui plaisait beaucoup aux habitués du restaurant. Lorsqu'elle éclatait de rire, on pouvait l'entendre à l'autre bout de la place principale et surtout, elle adorait parler de ses conquêtes de la veille au soir.
- Non, mais tu te rends compte que je me suis fait du souci, continua Payton sans reprendre son souffle. Lorsque je ne t'ai plus vu au bar, j'ai cru que j'allais faire une crise cardiaque. On devait rester ensemble, tu te souviens ?
Dorea, qui avait cheminé vers son casier, en ouvrit la porte pour entreposer son sac en bandoulière, seule chose qu'elle avait emporté avec elle lorsqu'elle avait fui Poudlard. Elle écouta silencieusement, comme pratiquement tous les lendemains de sortie, les remontrances de celle qui était à présent devenue son amie. Parfois, elle lui faisait un peu penser à Daphné. Par certains côtés seulement, bien sûr, car jamais elle n'imaginerait Daphné porter un top où l'on voyait le nombril et un short si court, que l'on se demandait si ça ne ressemblait pas plutôt à une culotte.
Un sourire flotta sur le visage de Dorea, alors qu'elle pensait à ses amis.
- Kate, tu m'écoutes ? l'interpella Payton voyant que son amie était partie dans un autre monde.
Ladite Kate releva le chef, surprise.
- Qu'est-ce que tu disais ?
- C'est toujours pareil, soupira l'américaine en levant les bras au ciel. T'es totalement à l'ouest ! Je te disais que Miguel n'avait pas arrêté de demander après toi.
- Je sais, je l'ai vu à l'instant.
- Et alors ? demanda Payton soudainement curieuse et excitée.
- Et alors rien, s'exaspéra Dorea, lassé de parler de ce genre de chose.
Elle revêtit son tablier noir et attrapa son carnet posé sur l'étagère de son casier pour l'introduire dans sa poche avant.
- Tu devrais reconsidérer le fait de ne pas vouloir sortir avec lui, s'enthousiasma Payton. Il est hyper mignon et je t'avoue que j'en ferai bien mon quatre heures.
La jeune Artwood grimaça face à l'allusion des moins subtiles.
- C'est l'heure de commencer le service, fit Dorea précipitamment, souhaitant à tout prix changer de sujet.
- Ho, tu n'es franchement pas drôle, grogna la jeune Sanders.
Toutes deux montèrent dans la salle de restaurant, se saisirent d'un plateau puis allèrent prendre les commandes des premiers clients, pour la plupart des touristes, venus tester un petit-déjeuner typiquement mexicain.
La matinée passa à une vitesse folle et lorsque Dorea ressortit de la cuisine pour servir un plat de nachos à deux touristes danois installés sur la terrasse, elle vit qu'il était déjà une heure de l'après-midi.
- Voici votre commande, messieurs dames, annonça poliment la jeune fille en présentant les assiettes devant le couple.
Lorsqu'elle pivota sur ses talons, le choc la transperça de part en part en apercevant la première page de ce qu'il semblait un journal local. Le journal était certainement sorcier et seule elle pouvait observer le visage de son frère baisser le regard et éviter les flash des photographes sur la page titre.
Elle eut le temps de lire ce qui était inscrit en espagnol au-dessus : « Une deuxième guerre en Angleterre ? ».
Bien évidemment, depuis son arrivée dans ce pays, elle s'était déjà demandé où se situait le quartier sorcier de Guadalajara, mais jamais elle se serait y aventuré au risque que quelqu'un puisse la reconnaître et dénoncer sa couverture.
Prise de panique, elle se retourna vivement pour pénétrer prestement la salle de restaurant. C'est à cet instant qu'elle rencontra de plein fouet Payton qui fit tomber son plateau, ce qui engendra un grand fracas de verres cassés.
Des sifflements et des applaudissements retentirent dans tout le restaurant. Le patron, Félix, sortit même de son bureau, les sourcils froncés.
- ¿Lo que está sucediendo?
Qu'est-ce qu'il se passe ?
- Lo siento, es mi culpa, no me importaba, expliqua Dorea.
Désolé, c'est de ma faute, je n'ai pas fait attention.
- Se le descontará de su salario, répondit le patron d'un ton autoritaire.
Ce sera retenu sur ton salaire.
Félix retourna à son bureau, tandis que Dorea et Payton tâchaient de rassembler les bouts de verres étalés sur le bitume de la rue passante.
Lorsque la jeune anglaise se releva, il n'y avait plus signe de la personne cachée derrière le journal sorcier local.
Ainsi, la journée se déroula sans autre accroc, or, Dorea ne put s'empêcher de se demander si son imagination ne lui avait pas joué des tours. Sans compter, que les questionnements habituels refaisaient surface.
Que faisait Harry ? Était-il en sécurité ? Où était-il ?
Et il en était de même pour Drago, Daphné, Blaise, Théo… Elle passait et repassait toutes ces questions à chaque heure, chaque minute, chaque secondes de la journée et elle se surprenait même d'être prise par l'envie de retourner en Angleterre, et être auprès d'eux. Néanmoins, elle avait conscience que ce n'était pas imaginable alors que les dernières paroles que son frère, ses amis, et Drago avaient eu à son encontre tournaient et retournaient dans sa tête.
Eux, ne voulaient pas d'elle. C'était à présent une criminelle, certainement recherchée par les aurors, les membres de l'Ordre, les mangemorts … Elle avait commis un meurtre, bien malgré elle, mais elle l'avait quand même fait et comme l'avait si bien dit Daphné : « On ne parle pas avec des assassins ».
Dorea expira, tâchant de relâcher la pression de la journée alors qu'elle repliait son tablier et saisissait son sac dans son casier.
- On se retrouve ce soir au bar de salsa ? demanda Payton.
- Oui, répondit Dorea toujours dans ses pensées.
- Et ne me lâche pas cette fois, hein ?
- Promis.
Payton sourit d'un air satisfait et les deux collègues convergèrent vers la sortie du restaurant.
Alors qu'elles tournaient au coin de la rue, de l'autre côté du trottoir, trois personnes les fixaient d'un œil curieux.
- Est-ce que vous croyez que l'on devrait se manifester ? questionna Nymphadora Tonks, le regard soucieux.
- Non, ça va ne faire qu'empirer les choses, répondit Remus Lupin. Observons comment se passent les choses durant les prochains jours. Il faudra être discret.
- En tout cas, il faut la ramener d'urgence auprès de ses grands-parents. Elle n'est pas en sécurité ici, même parmi les moldus, grogna Maugrey.
Et voilà pour ce premier chapitre. Bon il ne s'y passe pas grand chose, mais ça permet de replacer le contexte.
N'hésitez pas à reviewer !
à la semaine prochaine !
