Le ciel était baigné d'une intense lumière, le soleil entamait tout juste sa chute et la température était très agréable. Ginny discutait avec Tonks, dont les cheveux avaient pris une couleur cuivrée. Soudain, des dizaines de voix, s'élevant d'un peu partout dans un rayon de cinquante mètres autour des deux filles, se mêlèrent pour crier un « joyeux anniversaire » retentissant. La jeune fille rousse, qui avait oublié que la date du mariage coïncidait avec celle de son anniversaire tant elle était pressée d'y assister, rougit fortement. Harry qui était rentré dans le château pour soi-disant prendre un rafraîchissement courut vers elle et lui tendit le paquet qu'il avait reçu peu avant au Terrier. Il l'embrassa puis la regarda arracher patiemment le papier. Le garçon avait hésité longtemps avant de choisir ce cadeau et il espérait de tout son cœur que ce dernier allait lui plaire. Ginny poussa un cri d'admiration devant le collier qu'elle venait de découvrir. Il était serti de petits rubis, et sa chaîne d'or scintillait de mille feux. Harry le prit délicatement puis le passa autour du cou de la fille. Elle lui sauta dans les bras pour l'embrasser longuement, puis ouvrit ensuite ses autres cadeaux. Quand elle eut terminé, Harry la tira à l'écart, derrière un buisson. Ils ne réapparurent que trois heures plus tard, moins bien coiffé qu'avant l'ouverture des cadeaux. Bill et Fleur vinrent vers eux. Le futur marié était coiffé de son habituel catogan alors que les longs cheveux bouclés de la semi-Vélane redescendaient majestueusement vers le bas de son dos.

- Salut Harry, dit le jeune homme en lui serrant la main, tu vas bien ?
- Très bien. articula Harry en grimaçant.
La poigne de Bill Weasley était bien plus forte que l'année précédente, et Harry comprit que la morsure de Greyback, un loup-garou très dangereux, avait quand même laissé quelques séquelles à sa victime. Son visage n'avait pas gardé de cicatrices, mais son ossature semblait avoir subit de fortes modifications. Harry jeta un regard en biais à Ginny qui le rassura d'un signe de tête. Bill ne se transformerait pas en loup-garou à la pleine lune, contrairement à Lupin.
- Bonjour Arry ! cria Fleur avant de l'embrasser sur les deux joues.
- Bonjour ! bafouilla Harry en rougissant.
- Salut… lança simplement Ginny en jetant des éclairs dans la direction de Harry. Coucou grand frère.
Bill les regarda tous les deux puis d'une voix amusée s'esclaffa :
- Vous vous êtes battus ou quoi ? Ou alors vous avez utilisé un pétard pour vous coiffer ce matin ?
Les deux jeunes rougirent et essayèrent tant bien que mal d'aplatir leurs cheveux. Ils se mêlèrent ensuite au reste des convives et prirent part aux conversations.
Alors que le soleil commençait à disparaître derrière les montagnes à l'horizon, que le ciel se teintait de rose et d'orange, et que les invités terminaient de dîner, plusieurs tintement successifs attirèrent l'attention de la foule vers la tombe. La rumeur des conversations s'arrêta aussitôt. Mr Weasley se tenait debout sur une estrade improvisée, un verre et un couteau à la main. Tout le monde s'était regroupé près de lui et il n'avait pas besoin de recourir au sortilège d'amplification de voix pour se faire entendre. Harry ne connaissait rien aux mariages sorciers et il buvait les paroles de l'homme.

- Mes amis, nous sommes aujourd'hui réunis pour célébrer le mariage de mon fils Bill et de Fleur Delacour. Puissent-ils vivre heureux et avoir de merveilleux enfants.
La foule applaudit. Il reprit.
- Vous remarquerez que ce soir, un grand homme ne se tient pas à vos côtés, mais qu'il repose dans cette tombe. A cet homme, à qui nous devons tous beaucoup, je porte un toast.
Il leva son verre et le but d'une traite. Tous ceux qui en avaient un firent de même. Puis, Bill et Fleur le rejoignirent près de l'estrade. Ginny prit la main de Harry dans la sienne, se serrant contre lui. Le garçon fut un peu gêné mais fit comme si de rien n'était. En regardant vers l'estrade, Harry remarqua alors que la robe de Fleur n'était pas une simple robe blanche comme en portent les Moldus, mais une étoffe bleu pâle sur laquelle avaient été cousus de fins pétales de roses blancs.
- Je porterai la même quand se sera notre tour. lui murmura Ginny.
Harry eut un hoquet, puis se ressaisit et sourit. « Seize ans et elle pense déjà au mariage. En voilà une qui t'aime vraiment pour ce que tu es, pas pour ce que tu as fait. », dit une petite voix joyeuse dans sa tête.
- Et maintenant, reprit Mr Weasley, voici le moment qui scellera le destin de ces deux jeunes amants. Les témoins, avancez jusqu'ici.
Ginny s'éloigna de Harry et rejoint Gabrielle, la sœur de Fleur. Elles se placèrent près de cette dernière et sortirent leur baguette. Près de Bill se tenaient Charlie et une femme qui pleurait à chaudes larmes. Harry déduit qu'elle devait être la mère de Fleur. Il cligna des yeux et, quand il les rouvrit, des gerbes d'étincelles vertes s'élevèrent des baguettes puis retombèrent lentement vers le sol. C'était féerique.
- Hum hum !
- Ron ! Tu m'as fait peur ! J'ai cru que cette satanée Ombrage était de retour… C'est pour quoi faire les étincelles ?
- Les témoins donnent leur bénédiction pour le mariage. S'il y avait eu des étincelles rouges, il aurait fallu attendre un an avant de pouvoir refaire la Cérémonie.
- Ah… Les Moldus doivent signer des papiers pour les mariages, c'est plus long… Et beaucoup moins captivant…
- Euh… Harry ? demanda Ron. Je peux te poser une question?
- Bien sûr que oui.
- Qu'est-ce que tu faisais derrière le buisson avec Ginny ?
Harry ne s'attendait pas à une question de ce type. Il réfléchit rapidement puis sourit. Il regarda son ami et dit calmement :
- On faisait de la magie !
Ron parut sceptique mais il ne posa pas d'autre question. Ginny les rejoint, suivie par Hermione, qui était restée avec ses parents pour leur expliquer comment se déroulaient les mariages sorciers. La foule applaudit quand les mariés se passèrent les alliances au doigt. Bill et Fleur s'embrassèrent, et Ginny se pressa un peu plus contre Harry. Soudain, tout le monde se tut. Un feu d'artifice d'étincelles argentées s'échappait de la pierre blanche qui recouvrait la tombe de Dumbledore. Personne n'avait l'air de comprendre ce qui se passait. La nuit était tombée et les visages reflétaient la lumière produite par les étincelles. La pluie lumineuse s'arrêta aussi vite qu'elle avait commencé, et un tonnerre d'applaudissements éclata. Mrs Weasley et Mrs Delacour pleuraient et riaient en même temps près des jeunes mariés, les étreignant dans leurs bras. La fête continua jusqu'à l'aube, puis les jeunes regagnèrent le dortoir de Gryffondor.
Comme l'Ordre du Phénix avait établi son nouveau QG au château, la Salle sur Demande leur fournie plusieurs espaces, parmi lesquels des chambres individuelles, une salle de réunion et une salle de bain très luxueuse. Les membres de l'Ordre avaient monté un planning avec leurs horaires de rondes dans les couloirs. Ce fut après le petit déjeuner, le lendemain du mariage, que Dobby leur apprit une grande nouvelle. Ils étaient tous descendus le saluer aux cuisines, accompagnés de Fred et Georges. La petite troupe de six se vit proposer divers biscuits et desserts, que seuls les jumeaux acceptèrent. Dobby, caché sous une montagne de chapeaux et de chaussettes dépareillées, engagea la conversation avec Harry après lui avoir sauté dessus.
- Harry Potter, monsieur ! Dobby est heureux de vous revoir !
- Moi aussi Dobby !
- Vous êtes revenu à Poudlard, pour vos amis ? La sagesse de Harry Potter égale celle de Dumbledore.
Harry devint écarlate. L'elfe de maison l'avait toujours complimenté, mais jamais il ne l'avait comparé à Dumbledore.
- Et euh… Tu es toujours payé ? bafouilla-t-il.
Plusieurs elfes sursautèrent en entendant le garçon, et s'empressèrent de s'éloigner. Harry aperçut Kreattur et celui-ci lui jeta un regard mauvais.
- Oh oui, le professeur McGonagall a accepté de laisser à Dobby son salaire. Dobby a même reçu une promotion.
- Enfin ! s'écria Hermione. Le professeur McGonagall participera peut-être à la S.A.L.E. maintenant.
Ron laissa échapper un soupir d'exaspération. Dobby sourit puis reprit.
- Winky a accepté de recevoir de l'argent elle aussi. Mais elle a tenu à travailler plus.
Un sourire triomphal éclaira le visage d'Hermione. Elle semblait intéressée par le sujet.
- Et en quoi consiste ton nouveau travail ?
- Dobby s'occupe maintenant d'aider les membres de l'Ordre du Phénix, il y a des nouveaux chaque semaine et Dobby leur fait visiter le château.
- C'est tout ? s'indigna la jeune fille.
- Non, mais c'est la principale tâche de Dobby en tout cas. Il assiste aussi les professeurs. La semaine dernière, Dobby a rangé les serres, nettoyé les balais de l'école, aidé les professeurs de Défense Contre les Forces du Mal à établir un roulement pour leur emploi du temps, il a même…
- « Les » professeurs de… On en a plusieurs cette année ? Tu sais qui sont nos nouveaux profs ? s'exclama Harry.
- Oh, ils ne sont pas nouveaux, ce sont le professeur Lupin et le professeur Maugrey.
Les jumeaux sautèrent sur place.
- Quoi ? Pourquoi les bons professeurs reviennent quand nous ne sommes plus là ! hurla Georges.
- Je veux reprendre mes études… lança Fred.
- Tu rigoles ? s'étonna Ginny.
- Evidemment !
Ils remercièrent les elfes de maisons puis remontèrent à la Salle Commune des Gryffondor en commentant la nouvelle. Charlie et Tonks gardaient fièrement le portrait de la Grosse Dame.
- Le mot de passe ? demanda cette dernière.
- Felicitum ! dit Hermione qui était en tête.
Le panneau pivota, laissant apparaître une salle circulaire pleine de fauteuils plus confortables les uns que les autres. Ils rentrèrent en file indienne, saluant les deux gardes au passage, mais quand Harry voulu suivre ses camarades, Tonks l'arrêta.
- Salut Harry.
- Salut !
- Tiens, c'est pour toi... dit-elle en lui tendant une lettre.
Le garçon prit la lettre, remercia la métamorphomage, et rejoint les autres, qui l'attendaient au coin du feu. Il s'installa et Ginny prit place sur ses genoux devant les sourires goguenards des jumeaux. Il décacheta l'enveloppe et en sortit un parchemin signé par le Mr Weasley. Pendant sa lecture, personne n'ouvrit la bouche. Quand les yeux de Harry atteignirent le bas de la lettre, son visage s'était éclairé.

- Qu'est-ce que ça dit ? demanda Ron.
- Vous vous souvenez de l'arcade au département des mystères ? Derrière laquelle Sirius a disparu…

L'étonnement put se lire sur le visage de ses amis. Harry évoquait rarement la mort de son parrain, et quand il en parlait, c'était avec beaucoup moins de légèreté. Ils acquiescèrent.
- La lettre est de ton père, reprit Harry en s'adressant à Ron, il a reçu un mot du ministre en personne, lui demandant de me prévenir que l'arcade appelait mon nom… Je dois aller voir Scrimgeour au ministère demain.
- Tu… Tu crois que c'est Sirius ? bégaya Hermione.
- J'espère…
Il restèrent discuter encore un peu puis sortirent faire du Quidditch dans le parc. Au milieu de la partie, alors que son équipe menait, Harry feignit avoir oublié quelque chose dans son dortoir et remonta, accompagné de Ginny. La jeune fille s'allongea sur le lit alors que Harry sortait sa valise d'en dessous. Il cherchait quelque chose. Après quelques minutes, il tira victorieusement une chaussette. Ginny ouvrit des yeux ronds, avant de le voir fouiller fébrilement à l'intérieur, pour en sortir un petit miroir.
- C'est ça que tu voulais me montrer ? Qu'est-ce que c'est ?
- Un miroir qui m'aurait permis de communiquer avec Sirius le jour où on s'est fait piéger au ministère… Un miroir qui aurait pu le sauver !
- Tu penses qu'on peut savoir s'il est vivant avec ?
- Je crois que s'il me répond c'est qu'il est vivant.

A ces mots, Harry entreprit de le faire fonctionner, mais chacune de ses tentatives échoua. Il jeta le miroir dans sa valise de toutes ses forces, son visage tremblait de rage. Il plongea son regard dans celui de Ginny, puis la rejoignit sur le lit. Il avait besoin d'être consolé et elle saurait comment faire. Elle referma soigneusement le baldaquin derrière eux.
Le lendemain, en descendant prendre leur petit déjeuner, ils croisèrent Ron dans la Salle Commune.
- Salut Ron, dirent-ils en cœur, Bien dormi ?
Le rouquin jeta un regard furieux à sa sœur puis dit à Harry :
- T'as déjà essayé de dormir dans un fauteuil ?
- Pourquoi t'as pas dormi dans ton lit ? demanda le garçon interloqué ?
- Je voulais pas vous déranger ! dit Ron sur le ton le plus neutre possible.
Harry et Ginny se regardèrent puis éclatèrent de rire. Entre deux hoquets, la jeune fille réussi à articuler :
- On a juste parlé bêta… On s'est endormi en parlant d'ailleurs.
Ron leur jeta un regard perplexe puis éclata de rire. Ils descendirent dans la Grande Salle dans la bonne humeur. Mr Weasley attendait déjà Harry, et discutait des loisirs des Moldus avec Hermione. Elle était en train de parler du golf quand les trois ados s'assirent près d'eux. Ils furent rejoints un peu plus tard par Tonks et Charlie, qui avaient vraisemblablement discuté toute la nuit. De grandes cernes bleues s'étendaient sous leurs yeux et ils baillaient sans cesse. Les jumeaux entrèrent, suivis par deux garçons âgés d'une trentaine d'années que Harry ne connaissait pas.
- Bonjour tout le monde ! cria Fred en regardant le plafond magique.
- Voici Jonas et Mathias, deux nouvelles recrues de l'Ordre ! Ils sont informateurs et remplacent Mondigus.
- Pourquoi ? Mondigus a peur de me recroiser ?
- Non, il est mort…
Harry se tut. Les deux hommes se présentèrent puis s'assirent à la table de Gryffondor, avec tous les autres. Soudain, Mr Weasley bondit du banc.
- Harry ? On va être en retard ! Allez, on y va !
Les deux nouveaux arrivants dévisagèrent Harry en se donnant des coups de coude. La cicatrice de Harry le picota, se pouvait-il que ces hommes soient une menace ? Il secoua énergiquement la tête et suivit son guide jusqu'à Pré-au-Lard, où plusieurs Aurors patrouillaient. De là, ils transplanèrent au ministère de la Magie.