Théo fixait le plafond depuis près de deux heures maintenant, sans pouvoir amorcer un geste afin de se lever et rejoindre les Weasley en bas.

Il avait entendu les deux gryffondors sortir de la chambre il y a environ une heure et Fleur toquer à la porte pour prendre de ses nouvelles trente minutes plus tôt. Finalement, rien n'avait pu le convaincre de prendre son courage à deux mains et affronter la famille qui l'avait recueilli depuis le début de l'été.

Jusque-là, il avait tout fait pour éviter les repas pour ainsi les prendre uniquement lorsque tout le monde était sorti de table, ou encore prétextant un mal de ventre ou une migraine pour en définitive rester seul dans la chambre durant le reste de la journée. Et il y arrivait plutôt bien.

Bien que Mrs Weasley soit de bon cœur avec lui et l'ait accueilli avec son époux, Arthur, avec concupiscence, le fait d'être un fils de mangemort, assassiné quelques semaines plus tôt, et par-dessus tout en fuite pour ne pas tomber dans les griefs du Seigneur des Ténèbres après l'avoir trahi, ne jouait pas en sa faveur.

Quand il avait le malheur de croiser le regard du jeune Potter, la honte et la culpabilité le rongeait pour le restant de la journée. Et cela le renvoyait automatiquement dans ses retranchements.

Et puis … Qu'allaient dire ses amis à son retour à Poudlard ? Il avait moins d'un mois à présent pour trouver une excuse valable à son silence radio.

Il inspira profondément pour expirer toute sa lassitude. Il leva le poignet et vit qu'il était dix heures du matin sur sa montre au bracelet cuirassé. Cela frôlait l'indécence.

D'un mouvement abattu, il se mit en position assise et se hissa du lit de fortune sur lequel il dormait depuis son arrivée. Il étira sa longue silhouette et se saisit d'un t-shirt blanc qu'il revêtit sur son torse nu. Il s'habilla d'un jean, chaussa ses baskets et se dirigea vers la porte lorsque cette dernière s'ouvrit à la volée sur un Potter et un Weasley, plongés dans une conversation qui avait l'air plus ou moins sérieuse.

- Ça ne veut rien dire Harry ! Tu connais Malefoy, il aime toujours se vanter…

Le rouquin s'interrompit brusquement, la mine soudainement effrayée, en voyant le jeune Nott se tenir au milieu de la pièce.

- Nott, tu es là ? demanda le brun tâchant de réprimer sa surprise.

Ce dernier fronça des sourcils et enfonça les mains dans les poches tâchant d'apaiser ce sentiment d'énervement qui le gagnait chaque fois que le brun lui adressait la parole.

- Et où veux-tu que je sois ? questionna Théo en haussant un sourcil.

Harry se mit à fuir son regard, l'air tout à fait innocent. La même que faisait Dorea lorsqu'elle souhaitait échapper à un interrogatoire. La pensée de la jeune fille, comme à son habitude lorsqu'il le faisait, blessa son âme.

- Je ne sais pas… Il est dix heures. Habituellement, tu es dans le jardin avec un livre.

- Arrêtes ton baratin Potter, je vous ai entendu parler de Malefoy. Qu'est-ce qu'il se passe ?

- On n'a pas de compte à te rendre Nott ! cracha Ron Weasley.

- La ferme le rouquin ! rétorqua tout aussi sèchement le serpentard.

- Moi, la fermer ? Dois-je te rappeler que tu es chez moi et …

- Hé les garçons ! Vous venez dans le jardin avec nous ?

Hermione et Ginny venaient de faire leur apparition sur le pas de la porte alors que Ronald et Théo se défiaient du regard en chien de faïence.

- Qu'est-ce qu'il se passe encore ? demanda Hermione d'un air las.

- C'est lui qui a commencé cette fois ! cria presque Ron en tendant un doigt accusateur vers Théo.

- Oh je t'en prie Ron, tu rentres en sixième année, réprimanda Ginny. Laisse-le tranquille !

- Moi le laisser tranquille ?! Mais je n'ai rien fais ! s'outra le jeune homme.

- C'est ça on va te croire, répondit sa jeune sœur en faisant volte-face pour s'éloigner vers les escaliers.

Ron ouvrit la bouche l'air indigné, tandis qu'Hermione pénétra la pièce.

- Non mais tu as vu comment elle me parle ?!

- Ginny n'est plus une petite fille, Ron, lâche-lui la baguette, admonesta Hermione pendant qu'elle refermait la porte. Alors de quoi étiez-vous en train de parler ?

- De Malefoy, dit Harry en lançant un rapide coup d'œil vers le serpentard.

Hermione suivit son regard en direction du jeune Nott, la mine soudainement inquiète, comprenant ce à quoi pensait son ami.

- Harry, je ne crois pas que …

- Est-ce que tu crois que Malefoy peut devenir un mangemort ? interrogea ce dernier de but en blanc.

La question ne s'adressait pas à elle mais bien au serpentard. Hermione et Ron s'échangèrent un coup d'œil hésitant.

Théo était tout bonnement abasourdi par la question et s'attendait encore moins que ce soit le jeune Potter qui la lui pose.

- Pourquoi tu me demande ça ? questionna-t-il dans un souffle.

- On a vu Malefoy et sa mère sur le Chemin de Traverse.

- J'imagine qu'il a dû sauter de joie, dit Théo narquoisement.

- Ça, je ne te le fais pas dire, ajouta Ron.

- Sauf que plus tard dans la matinée, poursuivit Harry, lorsque nous étions dans la boutique de Fred et George, nous l'avons vu passer et se diriger seul vers l'Allée des Embrumes.

Le vert et argent croisa les bras sur son torse et grigna un peu plus le front, faisant le rapport avec la soudaine hystérie de Mrs Weasley lorsqu'ils étaient tous rentrer dans la soirée de leur course du Chemin de Traverse. Théo avait compris que les trois gryffondors avaient disparus à un moment donné mais apparemment personne n'en savait la raison, ni même où ils avaient bien pu passer une heure entière durant.

- Et laisse-moi deviner, vous l'avez suivi, n'est-ce pas ?

- Euh … oui en quelque sorte.

- Il n'y a pas de « en quelque sorte » Potter, ricana, Théo. Tu l'as suivi oui ou non ?

- Oui.

- Alors je me demande comment vous ne vous êtes pas fait repérer dans l'Allée des Embrumes. Un tas de gens aimeraient mettre la main sur toi Potter. Surtout des gens qui traînent dans ce genre d'allée.

- On … on a nos méthodes, intervint Hermione d'un ton hésitant.

- Tu m'en diras tant, dit Théo désabusé.

- Ce n'est pas la question Nott ! s'énerva Harry. Il était seul et a rendu visite à Barjow et Beurk. Il a acheté des … choses et il a menacé Barjow.

- Qu'as-t-il dit ?

- Juste qu'il connaissait Greyback et …

- Potter, interrompit Théo, même si je ne t'apprécie pas, j'ai beaucoup de respect pour toi. Tu es quelqu'un qui m'a toujours paru sensé, mais là, on dirait un illuminé qui parle. Le père de Drago était un mangemort, qui plus est emprisonné. Bien évidemment qu'il connaît Fenrir Greyback. Tout comme moi, il a vu passé chez lui des gens peu recommandables de cette communauté, rendre visite à son père.

- Je suis persuadé que Malefoy est un mangemort à présent, insista le rouge et or. Il avait l'air si …

- Si quoi ? Ne fait pas mine de le connaitre Potter, car tu ne le connais pas. Moi je le connais, Blaise ou encore Daphné le connaissent. Et je ne nommerai pas ici celle qui doit mieux le connaitre que nous tous réunis.

- Où veux-tu en venir ?

- Drago est peut-être con, mais pas au point de devenir aussi cruel que son père. La cruauté de son père, je peux t'assurer qu'il en a fait fi. Et par-dessus tout, Narcissa Malefoy ne laisserait jamais une chose se produire. Dès que Lucius a été emprisonné, il ne fait aucun doute que le Seigneur des Ténèbres ait été en colère par son échec, mais Narcissa savait certainement ce qu'elle devait faire à partir du moment où son mari partait en mission.

- C'est-à-dire ? demanda Hermione intriguée.

- Mettre Drago en sécurité. Drago lui-même le disait : jamais, ô grand jamais il ne souhaiterait avoir à faire aux amis de son père.

- Parce que c'est un peureux doublé d'un lâche ? dit Ron en pouffant moqueusement.

- Exactement, répondit Théo ce qui fit disparaitre subitement le sourire railleur du rouquin. Mais cette certitude s'est accentuée l'année dernière. Pas la peine que je vous en révèle la raison. Quoi qu'on dise il tenait un tant soit peu à elle malgré qu'il l'ait nié de la plus horrible des façons. Maintenant, excusez-moi, mais j'aimerais pouvoir prendre mon petit déjeuner au lieu de parler de conneries de ce genre.

Il se dirigea à grand pas vers la porte, l'ouvrit et sortit dans le couloir. Harry, Ron et Hermione échangèrent un regard perplexe. La brune et le rouquin sortirent de la chambre à leur tour laissant le jeune Potter seul avec ses pensées tournant et retournant en boucle dans sa tête.

Dans la soirée, alors qu'ils étaient tous réunit autour de la table et une fois n'est pas coutume, sans que le jeune Nott ne soit présent, un bruit caractéristique de transplanage au-dehors les dévièrent de leurs conversations ou de leurs chamailleries.

Trois silhouettes se dirigèrent vers la porte d'entrée et Mrs Weasley émit un petit cri de surprise lorsqu'elle reconnut Nymphadora Tonks, Remus Lupin et Alastor Maugrey.

Molly accourra vers la porte pour leur ouvrir mais Fol'œil la retint dans un grognement désapprobateur.

- La sécurité Molly, expliqua Lupin.

- Posez-nous une question, manda Maugrey d'un ton bourru.

- Oh, euh … Quel était le sujet de la dernière réunion de l'Ordre où nous étions tous réuni ?

- Dorea Artwood qui se trouvait au Mexique, répondit Tonks.

Molly hocha vivement la tête tandis qu'Harry releva le chef de sa soupe de choux farcies, en état de choc, qu'Hermione et Ron ouvrirent la bouche de stupeur et que Ginny se mordit nerveusement les lèvres. À ce même instant, Théo descendit les marches de l'escalier donnant sur la cuisine à pas mesurés, ayant entendu la fin de la conversation.

- Qu'est-ce qu'il se passe avec Dorea ? demanda-t-il avec précaution.

Les membres de l'Ordre, qui étaient entrés dans la maison entre temps, relevèrent la tête vers lui d'un même mouvement, puis ils détournèrent leur attention vers la table, tous pendus à leur lèvres, alors que la matriarche refermait la porte derrière eux.

- Je crois que vous devriez monter les enfants, ordonna Molly avec sérieux.

- Mais maman …

- Il n'y a pas mais, Ron !

- Ne t'inquiète pas Molly, le professeur Dumbledore est au courant de ce que l'on s'apprête à vous dire. Et de toute manière, ils l'apprendront d'une manière ou d'une autre, intervint Tonks avec douceur.

- Les autres ne sont pas là ? interrogea Lupin en prenant place autour de la table, face à Harry.

- Arthur et Bill sont tous les deux au travail et Fleur est allé faire des courses sur le Chemin de Traverse. Et bien sûr, Fred et George habitent au-dessus de leur boutique dorénavant.

- Bien, c'est mieux comme ça, nota Fol'œil en traversant la pièce tout en claudicant, son bâton de bois martelant le parquet vétuste.

- Alors, entreprit Harry le souffle court, vous avez retrouvé Dorea ?

- Oui, et elle nous a filé entre les doigts, grogna l'ancien auror de mauvaise humeur.

- Nous sommes rentrés de Guadalajara cet après-midi.

- Guadalajara ? questionna Théo qui se trouvait, à présent, debout en bout de table.

- C'est là, qu'elle se trouvait, expliqua Lupin. Une planque que lui a indiqué son père avant de mourir.

- Et … alors ? fit Ron.

- On l'a retrouvée, après des semaines de recherches partout en Europe, raconta Tonks. Elle s'était servie de sa magie là-bas et cela a activé sa trace. C'était notre chance.

- Pourquoi se serait-elle servie de la magie ? questionna Hermione en fonçant des sourcils.

- Pour une broutille à l'ambassade du Royaume-Uni, répondit Lupin. Mais ce n'est pas la question. Elle ne devait simplement pas savoir que cela activerait sa trace.

- Vous … vous l'avez-vu ? fit Théo.

- Oui.

- Et qu'a-t-elle dit ?

- Rien de plus que ce à quoi on pouvait attendre d'elle. Qu'elle ne voulait pas retourner en Angleterre, ni même auprès de ses proches.

- Et après elle a fui de nouveau ?

- Non. Bien pire que ça, dit Maugrey.

- Que voulez-vous dire ? demanda Harry, les pires scénarios s'imposant soudainement dans son esprit.

- Un proche de Lord Voldemort l'a repéré avant nous et a pu gagner sa confiance. Hier soir, il l'a emmené dans un repère de malfaiteur pour certainement la kidnapper et la ramener en Angleterre de force auprès de son maître.

- Vous … vous voulez dire que …

- Harry, elle a pu s'enfuir, rassura aussitôt Tonks.

Harry, tout comme Théo obstruèrent leurs prunelles, soulagés d'entendre que leur sœur et amie était encore vivante.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

- Le Cartel de la ville était présent, certainement embauché pour aider le gars avec qui elle était. Mais ça a du mal tourner. Puisqu'après avoir entendu des coups de feu, nous avons accourus vers le restaurant et on l'a vu sortir du bâtiment avec un autre homme.

- Gabriel Kowalski, précisa Tonks. Agent d'élite du MACUSA et prometteur d'après ce que l'on en dit.

- C'était un ami d'enfance de Dorea. Leurs parents se côtoyaient, dit Lupin.

- Où l'a-t-il emmené ? interrogea Harry sur le qui-vive.

- C'est justement là que l'on a perdu sa trace. Tout ce que l'on sait, c'est qu'en prenant la route menant à sa maison, il y avait plusieurs voitures en flammes et on a trouvé une lettre sur le comptoir de sa cuisine.

Il sortit une feuille chiffonnée de l'intérieure de sa cape et la posa sur la table. Harry s'en saisit et lut à voix haute :

- « Je suis en sécurité. Ne cherchez pas à me contacter. Je ne reviendrai pas. »

Il avala avec difficulté sa salive et leva ses yeux émeraudes pour rencontrer celle du serpentard. D'un regard attristé, tous deux comprirent qu'il n'y avait plus de retour en arrière. Et combien même ils auraient aimé détenir un retourneur de temps pour revenir à l'instant où ils auraient pu convaincre la jeune Artwood de rester, le mal était fait. Ce sentiment de culpabilité qu'ils ressentaient depuis l'instant où ils s'étaient rendu compte de la fuite de la jeune Artwood ne fit que grandir un peu plus.

0o0

La grande salle à manger du Manoir Malefoy était plongée dans un silence pesant. Seul le bruit des couverts et le crépitement du feu de cheminée donnaient vie à la pièce.

Narcissa Malefoy jetait de temps à autre des coups d'œil à son fils unique, qui était bien plus cerné qu'à l'habitude. Elle devinait assez bien l'origine de son état de fatigue qui s'était accentué depuis quelques jours.

Elle baissa les yeux vers ses doigts aux jointures rougies et bleutées de ci et de là, se demandant depuis deux jours si elle devait véritablement poser la question de la soudaine apparition de ces hématomes sur sa main.

Préférant ignorer la réponse qui ne lui plairait certainement pas, elle reporta son attention sur le repas.

- Blaise Zabini ne t'a toujours pas invité chez lui, dit Narcissa en buvant une gorgée de vin dans son verre à pied.

- Je n'en ai rien à foutre de lui.

- Surveille ton langage Drago, réprimanda durement la mère.

Le jeune homme marmonna des excuses, mais la mère était parfaitement consciente que le respect qu'il lui avait autrefois porté n'était plus de mise depuis un certain temps déjà.

- Vous êtes-vous disputés ? reprit-elle avec naïveté, d'une voix plus douce.

Drago ne répondit que par un haussement d'épaules.

- Et les Greengrass, n'as-tu pas de nouvelles de ton amie Daphné ? demanda-t-elle tout aussi ingénue.

Toujours silencieux, le blond secoua la tête.

- J'ai cru entendre que tu t'étais récemment rapproché de sa jeune sœur, Astoria.

- Et alors ? dit Drago en touillant son assiette de sa fourchette.

- C'est bien mieux de côtoyer ce genre de fille plutôt qu'une autre.

Le serpentard releva lentement la tête et fixa sa mère avec hébétude. Était-elle réellement de mettre le sujet sur la table, après un mois de silence à ce propos ? Il préféra faire mine de ne pas comprendre, tâchant de voir jusqu'où pouvait aller cette conversation.

- Si vous parlez de Pansy, je suis …

- Je ne parle pas de Pansy, interrompit sèchement l'épouse Malefoy.

Drago reposa sa fourchette tout en inspirant et s'adossa au dossier de sa chaise, jaugeant sa mère avec intensité. Cette dernière ne se donna même pas la peine de lever le regard.

- Que voulez-vous dire, alors ? demanda-t-il en plissant les yeux.

- Rien de plus que ce que je dis, répondit-elle en dégustant du bout des lèvres le saumon préparé par les elfes, plus tôt dans la soirée.

Elle mâcha, mettant la patience de son fils à quasi rude épreuve. Lorsqu'elle but une nouvelle gorgée de son verre et le reposa, elle répondit enfin :

- Tout ce que je dis c'est qu'Astoria Greengrass est un assez bon parti contrairement à tes précédentes… conquêtes.

- De qui souhaitez-vous parler ? Pansy Parkinson, Tracey Davis, Lisa Turpin ou encore … la dernière en date : j'ai nommé Lady Dorea Artwood.

Drago n'avait pu s'empêcher de dire son nom. Nom pourtant tabou dans son propre Manoir.

Il vit sa mère s'interrompre de manger et reposer ses couverts posément, ne pouvant plus reculer devant le problème qu'elle avait pourtant tenté de dissimuler sous une couche de non-dits et de faux semblants. C'était sans compter l'insistance de son fils.

Jamais auparavant il ne se serait adressé à elle ou même à son époux de cette façon. Et pourtant, tout cela avait changé dés l'instant où elle avait compris que son fils unique était littéralement tombé amoureux de la jeune Artwood.

Elle avait déjà noté, lorsqu'il était revenu à Noël, sept mois plus tôt, un changement dans son comportement. Il avait été plus nerveux, et n'avait qu'à la bouche le nom de Dorea Artwood – défendant la jeune fille au risque d'écoper des coups de cannes de la part de son père, répondant à ses invectives à l'encontre de la verte et argent.

Mais depuis son retour de Poudlard au début de l'été, l'humeur du jeune homme, habituellement déférente à son égard s'était littéralement transformée. Et elle se demandait quel incident était le plus à l'origine de cela ? L'emprisonnement de Lucius à Azkaban ? La mission que lui a confié le Seigneur des Ténèbres ? Ou encore la fuite de Lady Dorea Artwood.

Certainement un tout, bien que le dernier fait eût été un sujet sensible depuis que sa sœur – qui avait entraîné Drago, dès son retour, à l'art de l'Occlumencie – lui ait rapporté ce qu'elle avait vu dans la mémoire de son neveu, ainsi que ses véritables sentiments.

Heureusement, après avoir supplié sa jeune sœur de n'en rien révéler à son maître, elles avaient convenu – ou du moins Bellatrix avait convenu seule – d'une punition qui le remettrai dans le droit chemin.

Pour cela, il avait affronté la colère de la mangemort par de multiples Doloris. Depuis plus personne dans cette maison ne parlait de Dorea Artwood et seuls des sujets de discussions futile furent abordés. Jusqu'à maintenant, tout du moins.

- Si mes souvenirs sont bons, je crois vous avoir entendu dire à père que Dorea Artwood, pourrait être – et je reprends vos mots – « une épouse Malefoy, parfaite en tout point ».

- C'était bien avant de savoir qui elle était réellement.

- Parce que le fait d'être la sœur de ce balafré de Potter ait eu un changement dans sa personnalité ?

- Drago, je te prie, je n'ai pas envie de parler de ça.

- Tout ce que vous faites c'est fuir le sujet ! s'exclama-t-il soudainement en colère. Et qui plus est : vous laissez les autres s'en charger, si vous voyez ce que je veux dire.

Narcissa ferma les yeux de dépit et expira sa lassitude.

- Si tu veux parler de ta tante, je …

- Cette folle m'a littéralement torturé, et vous n'avez rien fait !

- Que veux-tu que je fasse Drago ? Que veux-tu que je dise ? Nous n'avons plus ton père pour nous protéger de qui que ce soit. Nos vies sont en danger, ne le sais-tu pas ?

- Je le sais parfaitement, mère ! Et à qui la faute ?! cracha-t-il méprisant.

- Drago …

Mais l'apparition de l'elfe rabougri, accoutré d'un habit chiffonné et sale, les interrompirent dans leur querelle en devenir.

- Maîtresse, un invité dans le petit salon du rez-de-chaussée.

- Qui est-ce ?

- Le professeur Rogue, Maîtresse, s'inclina l'elfe avant de disparaître.

- Monte dans ta chambre, Drago, cette discussion est terminée, dit-elle d'un ton sans réplique en se tournant à nouveau vers le blond.

Sans plus attendre, elle déposa d'un geste brusque sa serviette sur la table puis se leva tout en décalant sa chaise. Drago, la mâchoire crispée observa sa mère sortir de la pièce pour disparaître dans les escaliers de pierre, cheminant vers le rez-de-chaussée.

Quelques minutes passèrent, tandis qu'il fulminait sur place, puis violemment, il se releva, faisant tomber sa chaise en arrière au sol et se dirigea à son tour, d'un pas vif et rageur, vers le rez-de-chaussée. Il en avait plus qu'assez qu'on le traite comme un gamin insignifiant, le mettant à l'écart de tout.

Le Seigneur des Ténèbres lui avait assigné une mission, à lui et non à personne d'autre. Et il allait prouver à tous, qu'il était digne de sa confiance. La perspective de surpasser son propre père dans ce domaine, était l'attrait qui le motivait le plus.

Pourtant, une petite voix dans sa tête lui rappela que cette mission représentait surtout une mise à l'épreuve et que c'était pour punir sa famille, qu'elle lui été confiée. Mais il préférait croire que le Maître avait espoir en lui, même si cette idée, au plus profond de lui-même, le rebutait plus que tout.

Il enfouit ce sentiment alors qu'il arrivait devant la double porte verrouillée du petit salon donnant sur le hall d'entrée.

Il accola son oreille, espérant que sa mère n'ait pas jeté un sort d'impassibilité. La voix de son parrain lui parvenant, il fut satisfait que ce ne soit pas le cas.

- Je suis venu pour t'annoncer une nouvelle Narcissa, dit Rogue de son ton calme et mesuré.

- Laquelle est-ce ?

- Miguel Juajez est mort.

Un silence de quelques minutes s'installa avant que Narcissa ne reprennent la parole.

- Elle l'a tué ?

- Non. C'est un agent d'élite du nom de Gabriel Kowalski qui l'a assassiné. Elle s'est échappée avec lui.

Un sentiment de soulagement s'insinua en Drago. Il obstrua ses prunelles orageuses, soufflant d'un espoir qu'il n'avait que très peu ressenti depuis son retour au Manoir.

- Et comment ?

- En prenant une arme moldu et en mitraillant la plupart des hommes au service de Guzman.

- Qui c'est celui-là ?

Drago se posa la même question au même instant.

- Un moldu mafieux, qui fait du commerce de drogue. Juajez l'a engagé au cas où les choses se corseraient avec Artwood.

- Ce qu'il s'est passé apparemment.

- Exact.

- Les sorciers mexicains sont quand même extrêmement étranges de faire affaire avec des moldus. On ne peut pas leur faire confiance.

Le blond entendit sa mère expirer.

- Cette gamine a du cran. Le Seigneur des Ténèbres aura beaucoup de mal à mettre la main dessus, dit le maître des potions.

- Je reconnais qu'elle est très forte.

- Remarquerai-je une once de respect dans ta voix Narcissa ? demanda Rogue, le ton inquisiteur.

- Nous ne pouvons prétendre le contraire, comme tu prétends que Dumbledore est un grand sorcier.

- Il ne faut pas que Drago soit au courant, enchaîna le professeur. Cela pourrait le mettre dans une position délicate auprès du maître.

- Le maître ne sait rien d'autre que le simple fait qu'ils ont eu une aventure ensemble.

- Heureusement, tu as appris à ton fils à dissimuler ses sentiments.

- Alors que faisons-nous ?

- Je te conseille d'éloigner Drago, répondit Rogue.

- Je le ferai, assura Narcissa. Le maître ne demandera pas après lui avant qu'il ne retourne à Poudlard.

Drago se recula soudainement, fronçant des sourcils. Rogue, était-il au courant de sa mission ? Impossible, le Seigneur des Ténèbres ne l'a confié qu'à sa mère et à sa tante. Il ne ferait pas assez confiance à Rogue pour la lui confier également. Peut-être que ce dernier savait que le maître lui avait confié une mission, comme la plupart des mangemort, mais non son contenu.

Le jeune homme lança un dernier regard morne à la porte, ses pensées dérivants vers la jeune Artwood. Le soulagement qu'il eût ressentit à l'instant où il avait appris sa fuite fut promptement remplacé par une autre inquiétude : où était-elle à présent ? Et avec qui ?