Hello à tous ! Voici le nouveau chapitre de la semaine.

Je n'avais pas mis de messages sur les chapitres précédents, car honnêtement, je ne ressentais pas le désir de vous expliquer ma longue absence depuis mai dernier. J'ai malheureusement passé une période compliqué suite à une grosse blessure physique. Mais j'en ai justement profité pour avancer dans l'écriture de cette partie. Je souhaiterais avoir justement votre avis sur le début de cette deuxième partie. N'hésitez pas donc à écrire des reviews. Je me ferais un plaisir d'y répondre !

Enjoy :)


Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent sur le hall d'entrée du Penthouse.

Tandis que les Greengrass Blaise et Drago talonnaient Ludwig hors de l'appareil, ouvrant la bouche d'ébahissement face à la splendeur et à l'opulence des lieux, une femme brune, élancée et d'allure élégante, s'avança vers eux tenant la main d'un petit garçon âgé d'environ huit ou neuf ans, la chevelure aussi blonde que les blés.

- Diane, Gareth, je vous présente mon épouse Deirdre et notre fils, William, présenta Feldmann avec fierté.

- Ho, mais quelle joie de faire enfin votre connaissance ! fit Diane d'un ton chaleureux.

Elle s'avança vers sa belle-sœur et l'enlaça contre elle avec une maladresse qui reflétait ses manières bien trop aristocrates pour autant de familiarité. Malgré cela, Ludwig appréciait les efforts de sa cadette.

Deirdre, quelque peu nerveuse, serra la main de Gareth Greengrass, qui s'était approché d'elle avec un sourire qui montrait tout son mépris pour la famille de son épouse.

- Et voici mes nièces, Daphné et Astoria.

- Bonjour madame, dirent-elles avec une politesse appuyée que leur avait certainement enseigné leur mère.

- Appelez-moi Deirdre, fit cette dernière avec douceur.

- Blaise Zabini et Drago Malefoy, présenta Ludwig.

Le regard de Deirdre s'arrêta sur le blond et l'observa d'un œil si perçant que Drago commençait à se sentir mal à l'aise au bout de seulement quelques secondes sous l'inquisition de leur hôtesse.

- Drago Malefoy, répéta Deirdre en s'approchant du jeune homme, l'observant avec dédain.

L'atmosphère se glaça soudainement au milieu de ces retrouvailles qui furent chaleureuses quelques secondes auparavant.

Le blond haussa le menton, défiant la femme du regard avec sa nonchalance naturelle, alors qu'elle avançait vers lui à pas mesurés.

- Oui, intervint soudainement Diane avec une gêne manifeste. C'est un ami de mon ainée, Daphné.

- Je sais qui est Drago Malefoy, sourit Deirdre en le fixant cependant.

- Vous avez certainement entendu parler de son père ? questionna Diane en observant successivement le jeune Malefoy et sa belle-sœur.

- Les exploits de son père sont venus à nos oreilles, certes. Mais ce n'est pas ce Malefoy-là qui m'intéresse.

Ludwig, sachant le caractère affirmé, voire parfois impulsif de sa femme ferma les yeux de dépit. Diane se tourna vers lui, l'interrogea du regard.

- Papa, est-ce que c'est le garçon qui a dépucelé ma cousine d'Angleterre ? demanda naïvement William en levant les yeux vers son père.

Tout le monde, en état de choc, se tourna vers le petit garçon.

- William, qui t'a enseigné ce mot ? l'interrogea Deirdre soufflée par la remarque de son fils.

- Ben toi, fit le garçonnet en haussant des épaules. Je t'ai entendu le dire à papa tout à l'heure dans ton bureau, avant qu'il ne parte. D'ailleurs, ça veut dire quoi « dépucelée » ?

- Ok, William, on a bien compris que tu savais écouter aux portes, rigola nerveusement son père en apposant une main sur son épaule.

Blaise pouffa soudainement. Daphné, qui fronçait les sourcils, lui donna un coup de coude et Blaise dû mettre une main devant sa bouche, tâchant d'éviter d'éclater de rire

- Les enfants …, soupira Diane. C'est pour cela qu'il faut systématiquement mettre un sort d'impassibilité sous le pas de la porte, dit-elle avec hauteur. Mes filles n'ont jamais pu écouter une seule de nos conversations avec Gareth.

Deirdre et Ludwig se lancèrent un coup d'œil entendu. Pendant ce temps-là, le cerveau de Drago tournait à plein régime. Il n'avait pas « dépucelé » bon nombre de jeune fille. Elle se comptait au nombre de deux : Pansy Parkinson et Dorea Artwood.

- Attendez, fit-il soudainement, de qui parle-t-il ? demanda Drago presque haletant.

Deirdre pivota vers lui puis un sourire bref, mais qui le fit quasi frissonner d'anticipation, naquit sur ses lèvres.

- De Lady Dorea Artwood.

Blaise s'interrompit brusquement de ricaner sous cape, fixant avec ébahissement la maîtresse de maison. Daphné ouvrit la bouche d'hébétude, Astoria plongea son regard dans le vide, grignant à son tour le front, Gareth inspira profondément et expira la colère qui progressait en lui, et Diane tourna la tête vers son frère aîné Ludwig, l'observant avec stupeur. Ce dernier abaissa la tête et pinça l'arête de son nez, une expression affligée s'accolant à son visage.

Drago et Deirdre ne cessaient de se dévisager, l'un avalant avec difficulté sa salive, l'autre prête à bondir sur le premier.

0o0

- Voilà, bienvenue chez moi, fit Gabriel en ouvrant la porte du loft.

Dorea pénétra les lieux, les yeux brillants d'admiration.

Ils étaient à présent dans le quartier de Brooklyn et l'endroit fut tout ce qu'elle s'était imaginé d'un appartement typiquement « Brooklynien ».

Sur sa droite, se trouvait un salon avec des canapés et fauteuils de styles « club » en cuir marron. Sur la gauche, une cuisine ouverte isolait la pièce avec un comptoir de bar qui datait certainement des années 1920.

Au fond, il y avait trois portes dont une double-porte qui menait à une chambre, la décoration aussi simple et masculine que le reste de l'appartement.

Gabriel lui indiqua où se trouvait la salle de bain ainsi que sa propre chambre, séparée avec la sienne – et Dorea trouva ce détail plus ou moins cocasse – par une porte de garage.

L'entièreté du loft était recouverte de murs de briques rouges, ce qui ajoutait de l'authenticité et du charme à l'endroit.

La jeune femme déambula vers les fenêtres qui donnaient sur le Brooklyn Bridge et vit dans la rue en contre-bas une voiture de collection, année 1962, de la marque Aston Martin. Elle sourit, amusée d'entrapercevoir la passion que Gabriel avait développée pour les voitures de collection.

- Fait comme chez toi, Dott'. Si tu veux prendre une douche, vas-y, moi, je vais aller régler certaines choses au travail et j'irais rendre visite à ta tante en passant.

- Tu reviens quand ? questionna Dorea en se tournant vers lui, alors qu'il entreprenait de ranger ses affaires dans l'appartement.

- Je n'en sais rien, dit-il avec une agitation manifeste. Je suis parti pour une mission personnelle et je vais devoir rendre des comptes au M.A.C.U.S.A. Mais si je ne suis pas là avant l'heure du dîner, tu peux te faire livrer si tu le souhaites, dit-il en indiquant une brochure posée sur un tas de magazines sur le comptoir de cuisine, tandis qu'il était derrière celui-ci.

Dorea s'approcha et saisit la brochure qui indiquait un restaurant japonais, se mordillant la lèvre inférieure. À cet instant, elle sentit un regard s'appesantir sur elle et lorsqu'elle leva les yeux, elle aperçut son ami la fixer intensément.

- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle en fronçant des sourcils.

- Rien, répondit-il en secouant la tête comme pour remettre de l'ordre dans ses idées.

La jeune femme comprit soudainement l'état agité de l'agent, elle le suivit du regard alors qu'il contournait le comptoir pour se diriger vers son sac posé sur l'un des fauteuils du salon.

- Tu sais, je pourrais prendre une chambre d'hôtel. Je ne voudrais pas créer de problème entre ta fiancée et toi, s'enquit-elle d'une petite voix.

Gabriel stoppa net son geste, alors qu'il défaisait le bagage. Il se redressa et tourna lentement la tête vers son amie d'enfance.

- Qu'est-ce qui te fais croire que ta présence ici poserai un problème ?

- Eh bien… tu sais…, commença Dorea en baissant les yeux vers ses mains qu'elle triturait avec un certain malaise.

- Non, je ne sais pas, répondit Gabriel, le regard légèrement amusé par la gêne de la jeune femme.

- Si tu sais, insista Dorea en rehaussant ses prunelles vers lui. Par rapport à ce que tu m'as dit…

Gabriel resta silencieux, se mordant les joues tâchant d'éviter d'éclater de rire.

- Gabriel, soupira Dorea d'exaspération en relâchant les bras le long de son corps et en levant les yeux au ciel. Ne m'oblige pas à le dire. Tu sais très bien de quoi je veux parler.

Le jeune homme inspira profondément et expira puis avança vers elle de quelques pas mesurés, introduisant ses mains dans les poches, jusqu'à se retrouver si proche de l'ancienne serpentard, que cette dernière pouvait sentir les effluves de son eau de cologne légèrement épicée. Il inclina ses yeux noisette vers elle alors qu'il la surplombait de quelques centimètres.

- Ta présence en ces lieux ne pose aucun problème, Dorea, dit-il dans un murmure.

- Mais ta fiancée…

- J'ai vu ma fiancée en tout et pour tout quatre fois. Alors crois-moi quand je te dis que ce qu'il se passe ici, ne la regarde pas. C'est une inconnue à mes yeux, tout comme je le suis aux siens.

- Bien… Si tu le dis, dit Dorea en se mordillant de nouveau la lèvre.

Gabriel arbora un sourire rassurant et se recula pour se diriger vers le fauteuil au centre du salon, y saisit son sac et chemina vers sa chambre. Dorea suivit chacun de ses gestes, et se pencha même pour l'apercevoir à travers la porte tandis qu'il enlevait son t-shirt. À la découverte de son torse bien plus musculeux qu'elle l'aurait imaginé, elle fit un pas en arrière, son dos percutant le bar, tâchant de ne pas en épier plus, de peur de ce qu'elle pourrait ressentir de voir son ami d'enfance avec un corps d'homme, et pas des plus disgracieux après le peu qu'elle en avait constaté.

0o0

Depuis le début du repas, le silence était de mise. Personne n'osait amorcer la moindre conversation.

Après que Diane Greengrass avait eu compris pourquoi son propre frère s'était marié en cachette avec une cracmole il y a de cela dix ans et qu'il ne l'ait avertie, elle et leurs parents, seulement plusieurs mois plus tard, elle avait fait mine d'ignorer ce détail dérangeant, tâchant de faire bonne figure.

Elle s'était enfermée avec son mari dans leur chambre lorsqu'ils avaient pris connaissance de leur quartier et en était ressortie pour les rejoindre dans le salon plusieurs heures plus tard, souriante et enjouée. C'était loin d'être le cas de son époux Gareth Greengrass, où on aurait dit, vu son expression, qu'il venait de perdre la totalité de sa fortune.

Néanmoins, les conversations futiles qui avaient parcouru l'apéritif s'étaient vite essoufflées lorsqu'ils s'étaient dirigés vers la salle à manger pour le dîner.

Les enfants, quant à eux, se jetaient de temps à autre des regards entendus.

Cela faisait donc plus d'une heure que l'on percevait le son de la pendule. Un « Tic-Tac » régulier qui rythmait le repas.

- Excusez-moi, Madame, fit alors une voix pompeuse à l'autre bout de la salle à manger qui interrompit ce silence que Drago commençait à percevoir comme glacial.

Le majordome avait fait irruption, les mains gantées croisé dans son dos, alors qu'il arborait une livrée des plus élégante. Tous avaient tourné la tête, clignant des yeux et revenant à leur réalité.

- Oui, qu'y a-t-il ? demanda Deirdre qui était en bout de table.

- Un visiteur pour vous, Madame. Je l'ai installé au salon.

- Nous sommes en plein dînée. Ça ne peut pas attendre ?

- Il s'agit de Monsieur Kowalski, Madame.

La stupeur se lut sur le visage de Deirdre ainsi que celui de Ludwig. Drago eut un éclair de surprise à l'instar de ses hôtes, mais reprit son masque d'impassibilité bien vite tandis que le reste des convives s'interrogeait du regard.

- Excusez-moi, je dois vous laisser quelques instants.

Drago, le cœur battant à tout rompre, observa l'épouse Feldmann poser sa serviette sur la nappe blanche et se lever de sa chaise, légèrement tremblante.

Le jeune homme savait parfaitement qui était « Monsieur Kowalski », pour l'avoir entendu nombre de fois avant son départ d'Angleterre durant ces derniers jours. C'était l'homme qui avait été envoyé chercher Dorea au Mexique. Et s'il était revenu seul, ça ne pouvait dire qu'une seule chose.

Le cœur au bord des lèvres, il vit l'hôtesse se diriger vers le hall d'entrée qu'elle traversa pour pénétrer le salon qui donnait sur les buildings illuminés de la ville de New-York. Il entr'aperçut alors un jeune homme d'une taille plus ou moins imposante apparaître dans son champ de vision.

Seulement le majordome passa dans l'entrée et vit Drago épier la conversation du plus subtilement qu'il le pouvait. Cela ne devait pas l'être assez, puisque le domestique décida de refermer les double-portes du salon.

- Qui est Monsieur Kowalski ? questionna alors Diane à son frère.

- Un ami de la famille, répondit Ludwig simplement.

Diane hocha la tête et reporta son attention vers son assiette.

- Oncle Ludwig ? fit alors Astoria.

Les convives levèrent la tête vers la cadette Greengrass et les joues de cette dernière rosirent a vu d'œil.

- Est-ce que je peux vous appeler Oncle Ludwig ? questionna-t-elle soudainement hésitante.

- Je ne crois pas que…

- Bien évidemment, Astoria, répondit l'homme en coupant délibérément la parole à sa sœur.

- Je crois avoir entendu dire que vous organisiez un bal demain pour vos dix ans de mariage ?

- C'est cela et vous serez nos invités d'honneur, répondit l'hôte avec un mi-sourire.

Un toussotement se fit entendre, provenant de l'autre bout de la table et Gareth Greengrass reposa le verre dans lequel il était en train de boire.

- Malheureusement Feldmann, je ne crois pas que nous pourrons vous faire honneur. Une affaire pressante nous oblige à retourner en Angleterre.

- Une affaire pressante, répéta Ludwig dans un murmure en observant son beau-frère d'un œil perçant. Dites-moi Greengrass, est-ce réellement une affaire pressante qui vous rappel en Angleterre ou est-ce le fait que vous ne pouvez pas supporter de séjourner sous le même toit qu'une cracmole ?

- Ludwig, je ne crois pas que ce soit le moment d'en parler, intervint Diane.

- Oh, crois-moi que si, c'est tout à fait le moment, lui répondit-il calmement en se tournant vers elle.

Il observa un à un les visages de ses invités et Drago eut la sensation que son regard s'attardait sur lui.

- Je n'autoriserai personne manquer de respect à mon épouse et à sa famille, et qui plus est sous mon toit. Deirdre vient d'une grande famille de l'aristocratie anglaise de la communauté sorcière. Son rôle ou encore sa personne ne peuvent être remis en cause ici. C'est un membre respecté de notre communauté. Et d'autant plus respecté dans son milieu professionnel. C'est un médecin émérite où la plupart des moldus atteint de maladies incurables traverse le pays tout entier, car elle demeure leur dernière chance. Par conséquent je le répète, Greengrass, est-ce que votre retour en Angleterre concerne le fait que vous ayez honte que mon épouse soit une cracmole ?

Greengrass contracta la mâchoire sous le joug de la colère qui devait certainement progressait en lui, mais un seul coup d'œil vers sa femme qui le suppliait silencieusement de ne rien rétorquer, le força à battre en retraite, bien malgré lui.

- Bien alors, nous nous ferons une joie de vous compter parmi nos invités demain soir. Si vous ne le souhaitez pas, vous savez où est la porte d'entrée.

Il jeta presque sa serviette sur la nappe et décala sa chaise dans un raclement sinistre pour finalement sortir de la pièce et rejoindre son épouse dans le salon.

Diane expira toute la tension accumulée lors de la confrontation entre son frère et son époux et ferma les yeux.

- Ne me dis pas que tu acceptes cela, Diane ? siffla Gareth entre ses dents.

- C'est mon frère, c'est ma famille, souffla-t-elle en rouvrant ses prunelles ébène.

- Nous allons être la risée de tous à notre retour. D'autant plus avec le contexte actuel.

- Gareth, je t'en supplie, fait un effort ! s'agaça la femme. N'oublie pas ce que je t'ai dit tout à l'heure lorsque nous étions seuls. Si les Greengrass possèdent un minimum de relations et de prestiges, c'est bien grâce aux Feldmann.

- Que dis-tu ?! s'exclama Gareth. Les Feldmann ne font pas partie du registre des vingt-huit. Pas même les Artwood. C'est ce qu'on appelle des « nouveaux riches », grimaça-t-il.

- Et dois-je rappeler que ton père, cet ivrogne, a dilapidé la fortune des Greengrass il y a des années de cela. Dois-je rappeler pourquoi autour de cette table ? Or si les Greengrass survivent, c'est bien grâce à ma famille de nouveau riche !

Les époux se défièrent du regard, l'une ne se démontant pas face à la menace que pouvait représentait l'autre. Néanmoins Gareth Greengrass garda le silence, tout comme il l'avait fait avec son beau-frère. Et au milieu de tout cela, la sœur aînée et sa cadette s'échangèrent un regard lourd de sens.

0o0

Dorea contemplait religieusement les lumières de la ville qui scintillaient par-delà l'Hudson River. Cela faisait plusieurs heures que Gabriel était reparti, dans l'objectif de remettre de l'ordre après son absence impromptue.

Elle éleva les mains pour les observaient et se découragea pour la énième fois de la soirée. Si elle esquissait le moindre geste, elle activerait de nouveau sa trace par le biais de sa magie. Et elle souhaitait encore quelques jours de répit avant que tous ne lui sautent dessus.

Lorsqu'elle s'était retrouvée seule, le doute et l'angoisse avaient de nouveau surgis. Bien évidemment, elle était plus que reconnaissante à son ami de l'avoir extirper d'un bourbier pareil. Elle était à présent en sécurité, cachée, et personne ne pouvait savoir où elle se trouvait actuellement. C'était un avantage considérable. Cependant, si elle s'écoutait réellement, elle resterait indéfiniment sur cette passerelle à observer l'île de Manhattan vivre au rythme de ses habitants. Seulement, c'était inenvisageable. Premièrement, parce qu'elle ne souhaitait pas s'imposer plus que cela chez Gabriel. Il allait bientôt se marier et sa présence allait très vite engendrer un problème aux yeux de sa future épouse. Et puis à l'heure qu'il était, sa tante devait certainement être informée de son arrivée en ville et prête à la revoir.

Mais est-ce que Dorea avait eu vraiment le choix ? Deirdre allait certainement contacter ses grands-parents, Dumbledore et tous s'évertuerait à la ramener dans le « droit chemin » et qu'elle réintègre Poudlard à la rentrée de septembre. Cette possibilité était également inenvisageable.

Personne ne voulait d'elle là-bas. Ses anciens amis, son frère, Drago … Sans compter qu'ils vivraient tous bien plus en sécurité si elle ne se trouvait pas dans les parages.

Elle baissa la tête, observant le vide sous ses pieds qui se balançaient sur l'échafaudage. La rue en contre-bas était calme, seuls les réverbères éclairaient les voitures garées aux abords du large trottoir. Plus loin, des klaxons et le bruit des moteurs des autos franchissant le Pont de Manhattan résonnaient dans les environs.

Une larme s'échoua sur sa cuisse dénudée, puis une deuxième, et le désespoir la gagnant soudainement sans qu'elle puisse le contrôler, elle se mit enfin à pleurer.

Qu'allait-elle faire ? Où allait-elle vivre ? Aurait-elle de nouveau l'opportunité de renouer avec sa famille ?

Elle s'était entièrement et irrémédiablement bercée d'illusions. Pas qu'elle n'en avait pas eu conscience auparavant. Une petite voix dans sa tête lui répétait inlassablement qu'elle se leurrait complètement depuis sa fuite de Poudlard. Mais elle avait préféré faire l'autruche.

À présent, elle n'avait plus le luxe de choisir sa voie. Elle ne pouvait que se laisser porter et s'appuyer sur son ami pour s'en sortir. Elle était perdue, désorientée et ne savait plus quoi faire, ou comment agir ? Son avenir était en suspens. Tout était en suspens. Et elle ne pouvait que s'en prendre à une personne : elle-même.

Elle aimerait tant que ça soit différent. Si elle n'était pas… Elle… Si Voldemort n'avait pas existé, s'il n'y avait pas eu de guerre…

Une image d'elle riant avec son frère, ou jouant avec son ami Blaise au Quidditch, étudiant avec Théo, se promenant à Pré-au-Lard, bras-dessus bras-dessous avec Daphné, embrassant Drago dans un placard à balais dans les recoins de Poudlard ….

Elle ferma les yeux, une douleur vive coulant en elle tel un poison. Cela ne servait à rien de ressasser ces souvenirs. Ce n'était plus qu'à l'ordre du fantasme et c'était ce qui était réel à présent. Jamais plus elle n'entendra parler de son frère, de ses amis ou même de… Lui.

Car à cet instant, si elle était bien certaine d'une chose : c'est qu'elle ne retournerait pas à Poudlard. Jamais elle ne pourrait le regarder en face, ou être de nouveau humiliée. Et encore plus, le fait qu'ils s'exposeraient tous à un grand danger en la côtoyant. Voldemort la voulait elle, et elle avait très vite compris, après ces derniers jours, qu'ils tueraient tout être qui se trouverait sur son chemin, pour uniquement l'attraper elle.

Dorea flanqua un nouveau coup d'œil vers la rue en contre-bas. Cela devait faire au moins une cinquantaine de mètres en hauteur. Cette solution était si simple, si facile. C'était amplement suffisant pour ….

- Dorea ?

Elle se retourna, sursautant légèrement et vit Gabriel passer la tête à travers la fenêtre de la chambre. Elle essuya rapidement ses joues humides et renifla discrètement tandis que le jeune homme enjambait le rebord de la vitre pour la rejoindre.

Il s'installa à ses côtés, ses pas faisant écho sur le grillage.

- Tu vas bien ? s'enquit-il

- Oui, juste un moment d'égarement, répondit la jeune Artwood d'une voix tremblante.

Gabriel la fixa durant plusieurs minutes, les sourcils froncés d'appréhension puis tourna finalement la tête vers le paysage urbain, le contemplant à son tour.

- Alors ? Tu … tu as pu … Régler tes affaires ? demanda l'ancienne serpentard avec hésitation.

- On va dire que ça s'est bien passé.

Dorea détourna les yeux des tours jumelles du World Trade Center qui se découpaient à travers le ciel new-yorkais et observa l'agent. Elle eut la sensation qu'il lui cachait quelque chose au vu de son expression morne.

- J'ai tenté d'aller rendre visite à ta tante, mais elle n'était pas là.

- Ah …

- D'après ce que j'ai compris, elle revient de sa mission humanitaire dans une semaine.

- D'accord, fit Dorea en hochant la tête. Une semaine, répéta-t-elle dans un murmure.

- Une semaine, fit à son tour le jeune homme, observant la mine défaite de l'ancienne serpentard.