Quatre jours étaient passés depuis son arrivée et Dorea s'ennuyait de plus en plus.
Seule dans cet appartement, elle ne pouvait sortir se promener librement dans les rues de la Grande Pomme, et encore moins utiliser sa magie afin de s'occuper.
Gabriel avait été extrêmement clair à ce propos : la moindre petite étincelle de magie qui pourrait lui faire bouger, ne serait-ce qu'un cil la mettrait en danger. Sortir et prendre l'air revenaient au même.
Elle lui avait proposé de descendre juste en bas de l'immeuble, mais Gabriel lui avait rétorqué, du tac au tac :
« Imagine qu'un sorcier passe dans la rue et te reconnaisse ! » Avait-il dit quasi paniqué.
Dorea lui était très reconnaissante de considérer sa sécurité tant au sérieux, mais elle le trouvait un peu trop angoissé parfois. Sans parler de son expression constamment abattue et de son attitude maussade qu'il affichait depuis son retour au travail.
Il partait le matin alors qu'elle était à peine levée et revenait le soir tandis qu'elle se préparait à se mettre au lit – dont elle ressentait une angoisse réelle à l'idée de rêver à nouveau de Miguel qui s'apprêtait à la violer ou alors de ses amis pris au piège par Lord Voldemort tandis que Drago Malefoy lui donnait le choix entre sa propre vie ou la leur.
Dorea inspira profondément, tâchant de penser à autre chose.
La jeune femme avait bien posé quelques questions à son ami, mais ce dernier répondait uniquement par des grognements ou des monosyllabes. L'ancienne serpentard comprenait que ça ne devait pas être simple pour le jeune Kowalski au M.A.C.U.S.A. depuis son absence prolongée, mais cela était certainement rentré dans l'ordre, depuis leur retour, non ?
Elle se répétait donc depuis le matin même, alors que le crépuscule tombait sur le ciel new-yorkais, qu'il ne restait plus que trois jours et elle pourrait retrouver sa tante. Elle inspira donc profondément et referma le livre qu'elle venait tout juste de finir.
Dorea s'était étonnée de voir son ami détenir des grandes œuvres moldus tandis qu'il lui avait proposé d'en lire une pour s'occuper. Elle avait été très dubitative en entamant sa lecture, mais il fallait avouer que ce F. Scott Fitzgerald avait su l'emmener dans son monde. Et elle avait encore plus adoré le personnage de Gatsby.
Elle reposa le livre sur la petite table basse face au canapé sur lequel elle était assise et se demanda ce qu'elle pourrait faire à présent. Regardant autour d'elle, elle espéra voir lui venir une idée qui puisse l'occuper jusqu'au retour de son ami. De plus, son estomac commençait à gronder et Gabriel ne serait pas de retour avec le repas avant plusieurs heures.
Peut-être qu'elle pourrait en somme commander ces fameux sushis qu'il lui avait conseillé lors de leur arrivée.
Elle se leva et dirigea vers le comptoir de la cuisine, cherchant des yeux la brochure de commande où le numéro à cet effet devait être indiqué. Mais en s'approchant, elle ne trouva rien d'autre que des magazines sorciers, la plupart sur le Quidditch, datant de l'année dernière, et qu'elle avait déjà lu en long et en large.
Où pouvait bien être cette brochure ? Son regard tomba alors sur la poubelle où une feuille noire et jaune, qu'elle reconnue comme la plaquette du restaurant en question, dépassait du couvercle.
Se souriant à elle-même, elle ouvrit la poubelle et se saisit du tract, fière de pouvoir effectuer quelque chose d'aussi banal que de commander de la nourriture moldue. Néanmoins, elle stoppa net son geste, remarquant plusieurs journaux enfouis dans le fond sous une masse de carton.
Le nom … Son nom lui sauta aux yeux et avec précipitation, lâchant la brochure, elle attrapa une masse de journaux. C'est alors qu'un portrait la représentant s'étala devant ses yeux qu'elle écarquilla avec horreur en déchiffrant le titre inscrit au-dessus.
« Lady Dorea Artwood en fuite sur notre continent après avoir assassiné une vingtaine de moldus »
D'après nos dernières informations, Lady Dorea Artwood serait en fuite sur le continent américain après avoir participé au massacre de Guadalaraja, ce samedi 2 août.
La jeune femme est activement recherchée depuis sa fuite de Poudlard, mais reste à ce jour, introuvable. Nous appelons la communauté magique à rester prudent.
Le nouveau ministre de la magie britannique, Rufus Scrimgeour, exige que la jeune femme se rende aux autorités, afin qu'elle fasse preuve d'une enquête et qu'elle soit interrogée par le Comité International de la Sécurité Magique ».
Dorea sentit les battements de son cœur s'affoler alors qu'elle faisait défiler les pages titres de la Gazette de New-York sous ses yeux. Tous parlaient d'elle :
« Mais où est Dorea Artwood ? » ; « L'élu et le Phénix Noir : le yin et le yang de notre communauté » ; « Une nouvelle guerre en Grande-Bretagne, Dorea Artwood, soutiendra-t-elle son frère Harry Potter, l'élu ? ».
Et le pire, c'est que tous ces journaux, où son portrait et celui de son frère faisaient la une, ne dataient pas plus tard que de la semaine passée. Elle tourna les pages de la gazette qui remontait à deux jours de cela où la photo d'un couple s'affichait sur la page titre. C'est avec horreur qu'elle reconnue sa tante : Deirdre.
« Les Feldman, dans la tourmente des Artwood, maintiennent leur bal donné à l'occasion de leurs dix ans de mariage ».
La bile lui monta soudainement à la gorge en distinguant sa tante, les cheveux relevés en un chignon élégant et vêtus d'une grande robe droite sombre, faire un grand sourire à l'objectif tout en levant sa coupe de champagne. Un homme à sa droite, tout aussi grand qu'elle, arborant une moustache « Van Dyke », lui faisait un signe de tête, le regard brillant de fierté. Un petit texte apparaissait sous le cliché que Dorea s'empressa de lire.
« Alors que la nièce de Deirdre Feldmann – cette dernière étant, précisons-le, cracmole de son état – est en fuite à travers le continent, l'épouse de notre éminent secrétaire d'état chargé à la coopération magique, a donné un bal pas plus tard que ce jeudi 8 août à l'occasion de leurs dix ans de mariage. Les Greengrass, grande famille faisant partie du registre des vingt-huit familles les plus influentes de Grande-Bretagne étaient parmi les invités d'honneur de cette fameuse soirée.
Une magnifique soirée qui a été donnée chez eux sur Park Avenue. La Church Mission House demeure un haut lieu des soirées mondaines de notre communauté et nous félicitons encore le couple pour ces dix années de mariage. »
La jeune femme reporta son attention sur la photo qu'elle examina avec plus d'attention. Quelques convives se trouvaient derrière eux, conversant le plus naturellement du monde. C'est là qu'elle remarqua une tête blonde qu'elle reconnut entre mille.
Dorea retint son souffle, le silence l'englobant jusqu'à un sifflement apparaissant dans ses oreilles. Brusquement, c'était comme si la terre s'éventrait sous ses pieds.
N'y tenant plus, elle laissa tomber les journaux sur le parquet et courut vers les toilettes. La lunette à peine levée qu'elle se mit à vomir.
Durant plusieurs minutes, elle débecqueta l'entièreté de son repas du déjeuner, sans pouvoir se calmer. Lorsque ce fut fini, et qu'elle tira la chasse d'eau, elle s'adossa au mur, vidée de toutes ses forces. Elle prit alors conscience que ses joues étaient humides, baignées de larmes qui ne cessaient de couler depuis plusieurs minutes maintenant.
Comment ? Mais comment cela était possible ? Sa première pensée fut que Gabriel lui avait menti de bout en bout et à présent qu'elle détenait la vérité, elle assemblait les pièces du puzzle qui lui manquaient depuis plusieurs jours.
Gabriel avait réellement rencontré sa tante qui devait certainement être au courant de son arrivée sur New-York à présent. Néanmoins avisant de la présence des Greengrass, certainement de Zabini qui devait faire partie du voyage, et par extension de Malefoy, Gabriel avait peut-être dû juger, tout comme sa tante, de la mettre à l'écart. Et elle était prête à mettre sa baguette au feu que Nott ne devait pas être bien loin non plus.
Elle se redressa et reprit la direction du salon, avisant les journaux comme s'il s'agissait d'une bombe qui allait détonner d'un instant à l'autre.
Gabriel lui avait menti. Elle s'était fait rouler une fois de plus.
« Mais quelle conne ! » Pensa-t-elle tandis que la colère prenait place dans tout son être.
Et sa tante qui préférait accueillir chez elle des fils de mangemort plutôt qu'elle… Elle, sa propre nièce. Elle considérait cela comme une trahison.
Sans plus réfléchir et n'ayant qu'une idée unique en tête : celle de confronter Gabriel, elle se saisit de sa casquette posée sur l'un des fauteuils, prit son portefeuille dans son sac, muni d'un peu d'argent liquide moldus et de sa fausse identité, ramassa les gazettes au sol et sortit de l'appartement, claquant la porte derrière elle.
La jeune femme se retrouva très vite dans un taxi en direction de l'île de Manhattan et plus exactement la Woolworth Building.
Il ne lui fallut pas plus de quinze minutes pour rejoindre le centre de Manhattan. Elle régla le chauffeur d'un billet de vingt dollars américain et sortie de la voiture, se retrouvant sur le trottoir devant une immense tour blanche aux allures quelque peu gothique.
Plusieurs passant déambulaient ici et là sans la remarquer, bien trop pressés de rentrer chez eux après une longue journée de travail. Elle se dirigea donc vers l'entrée circulaire toute en verre. Elle passa devant un groom qui ne lui décocha pas même un regard en sa direction, ce qui était tant mieux pour elle.
Lorsqu'elle déboucha enfin sur l'immense hall du Congrès, elle fut bouche bée par la hauteur démesurée des étages qui la surplombait. Des escaliers, également en laitons, contrastant avec le marbre sombre, lui faisaient front, menant certainement aux quartiers de la sécurité magique ou autre.
Au-dessus des escaliers, quatre horloges étaient suspendues à chaque point cardinal du hall. Une aiguille était pointée sur un trait de couleur verte où il était inscrit « menace modérée ». Continuait « menace haute », puis le vert passait au jaune avec « danger », orange avec « sévère : activité inexpliquée » et enfin rouge « urgence ».
- Mademoiselle, que puis-je faire pour vous ?
Dorea porta son attention vers la voix qui l'avait hélée sur sa droite et vit une hôtesse d'accueil installée derrière un comptoir.
- Bonsoir, je souhaite voir Gabriel Kowalski. Il fait partie des agents d'élite du M.A.C.U.S.A.
- Qui dois-je annoncer ? fait l'hôtesse avec un sourire avenant.
- Kate Harrington.
L'hôtesse baissa la tête sur un registre et s'empara de sa baguette posée sur la table qu'elle agita d'un geste souple. Les feuilles du registre se tournèrent d'elle-même jusqu'à ce qu'apparaisse une page où les noms inscrits par ordre alphabétique allaient de i à k.
- Kowalski … Kowalski, répéta l'hôtesse en cherchant le nom. Ah voilà ! Ce sera aux départements de la justice magique.
- Qui est ?
- Au centième étage de la tour, répondit-elle le plus banalement.
Dorea haussa un sourcil et remercia l'hôtesse avant de commencer à se diriger vers les escaliers.
- Attendez Mademoiselle ! la rappela l'hôtesse.
La jeune femme fit volte-face alors qu'elle se trouvait à la moitié du chemin et retourna vers le comptoir.
- Je vois qu'il a été noté que Monsieur Kowalski ne travaille plus ici depuis le 8 août dernier.
- Pourquoi ? demanda Dorea en fronçant des sourcils.
- Je n'ai pas plus d'information que ça. Il est juste noté sur le registre que – elle suivit de son index l'inscription annotée sous le nom de Gabriel – Monsieur Kowalski a été licencié à la suite d'une faute professionnelle le jeudi 8 août, à 21 h 37 après avoir été mis en examen devant le Comité International de la Sécurité Magique.
Dorea ferma les yeux de dépit, n'ayant pas besoin de plus d'information pour comprendre ce qui avait dû se passer. Gabriel avait été licencié parce qu'il avait pris tous les risques pour elle et qu'il n'avait fourni aucune explication sur les raisons de son absence…
La colère qu'elle avait ressentie envers le jeune homme se dissipa quelque peu. Néanmoins, elle se demanda où pouvait-il passer ses journées, s'il n'avait plus de travail ?
- D'accord, je vous remercie de m'en avoir informé, dit Dorea.
Puis elle ressortie du building, et héla un autre taxi, sachant parfaitement quel était sa prochaine destination.
- Quelle destination M'dame ? questionna le chauffeur à l'avant.
- La Church Mission House, dit-elle avec détermination.
Le chauffeur s'engagea sur Broadway Avenue et prit la direction de Park Avenue. Alors qu'ils faisaient un détour par Williamsburg pour contourner les habituels bouchons de l'heure de pointe, Dorea se mit à contempler la rue aux alentours.
Elle ne préférait pas penser à ce qu'elle allait pouvoir dire à sa tante, mais elle savait parfaitement ce qu'elle avait à faire. Ça ne pouvait plus continuer comme cela. Elle ne pouvait plus se cacher ou fuir même.
La jeune femme vit un couple rire aux éclats au coin de la rue, puis s'embrasser alors que le feu passait au vert et que la voiture redémarrait. Elle se laissa à imaginer que ça pourrait être Drago et elle, dans un monde tout à fait utopiste.
- Vous êtes sûr que c'est là, Mam'zelle. Ça m'a l'air bien vétuste.
Une vingtaine de minutes plus tard, ils étaient devant un immeuble à l'architecture de style renaissance. Seulement le bâtiment avait l'air quelque peu délabré par sa pierre noircie, comme si le bâtiment n'avait pas été entretenu depuis des années. Sur le croisement de la rue, une Aston Martin année 1962 y était garée.
- Oui, c'est bien ici, confirma Dorea reconnaissant tous les subterfuges repousse-moldus. Vous pouvez rester, j'en ai pour quelques minutes. Il faudra ensuite retourner à la Woolworth Buildings, expliqua-t-elle calmement. Tenez, voici déjà une partie du paiement, dit-elle en lui tendant une liasse de billets.
- J'vous attends ici, pas d'problème, dit le chauffeur en prenant l'argent qu'il s'empressa de compter.
Dorea souffla une ample inspiration et sortit du véhicule puis se dirigea vers l'immeuble, toujours munie du rez-de-chaussée. Elle s'approcha de l'entrée, une double porte en fer forgée noire, qui s'ouvrit à son approche comme pour l'inviter à pénétrer le bâtiment. Ce qu'elle fit sans tergiverser, ressentant même des picotements dans sa nuque lorsqu'elle passa la porte. Un système de sécurité magique certainement pour vérifier s'il s'agissait bien d'une sorcière.
La porte se referma dans un claquement sonore et la pièce s'illumina laissant découvrir un vaste hall richement décoré. À sa droite un escalier menait au dernier étage qui était bien haut au-dessus de sa tête et face à elle un ascenseur y était placé, dont les portes coulissèrent à cet instant.
Elle pénétra l'ascenseur, les portes se refermèrent et l'habitacle entreprit son ascension. Elle arriva à destination une poignée de seconde plus tard, un « ding » lui annonçant qu'elle approchait de ce moment qu'elle redoutait depuis plusieurs minutes.
Lorsqu'elle en sortit, un majordome s'avança vers elle.
- Mademoiselle, que puis-je pour vous ?
- Je viens voir Deirdre Artwood, enfin, je veux dire Feldmann, se rattrapa-t-elle.
- Madame Feldmann est occupée.
- Et… Monsieur Feldmann ?
- Monsieur Feldmann est avec sa famille dans le petit salon. Je ne peux le déranger sans savoir l'objet de votre visite.
- Dites que Dorea Artwood est ici et qu'elle souhaite voir sa tante.
Les yeux du maître d'hôtel s'ouvrirent grand sous le coup de la stupeur et se confondit en excuse, avant de se diriger vers une double porte close à sa gauche.
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Drago écoutait d'une oreille distraite la conversation qu'entretenait Ludwig Feldmann et Gareth Greengrass. Il observa Diane Greengrass qui sirotait son verre d'alcool, esseulée depuis que sa belle-sœur avait été happée par une affaire pressante. Ou plutôt par un Gabriel Kowalski qui exigeait de la voir aussitôt que possible. Depuis ils s'étaient tous deux enfermés à l'étage, sans que personne sache ce qu'il se passait réellement.
Les Greengrass, tout comme leurs filles et même Blaise ou encore le jeune William Feldmann, commençaient à se poser des questions sur ce Gabriel Kowalski qui leur rendait visite chaque jour ou presque.
Et Drago, lui, ne cessait de se demander où pouvait bien se trouver Dorea Artwood.
Il avait très vite compris, Ludwig leur confirmant au bout de quelques jours de ces allers et retours incessants, qu'ils recherchaient activement la nièce de son épouse et que Gabriel Kowlaski les aider en ce sens. Il n'avait donc pas localisé la jeune fille et elle devait être toujours en fuite ou alors …
Non le blond ne préférait pas y penser…
Bien évidemment, Gareth Greengrass ne s'était pas privé de remarquer que toute cette histoire était des plus « sordides » et Diane, de son côté, compatissait auprès de son frère aîné, même si cela était clair qu'elle n'en songeait pas un mot. Drago et ses amis avaient très vite compris que leur retour en Angleterre se ferait plus tôt que prévu. Les Greengrass ne souhaitant pas être mêlée à ce genre de débâcle. En bref, tous faisaient bonne figure, mais n'en pensait pas moins.
Drago inspirait pour la énième fois alors que le majordome faisait son entrée dans la pièce. Il le vit chuchoter quelque chose à l'oreille de Ludwig, qui se redressa soudainement de son fauteuil, le teint devenant livide.
- Vous en êtes certain ? insista Ludwig à l'adresse de son majordome.
- C'est ce qu'elle a dit.
À cet instant un cri retentit dans le hall et Drago se releva sur ses jambes, reconnaissant entre mille le prénom qui venait d'être prononcé.
- Dorea !
Sans attendre le jeune homme se dirigea vers la porte et ce fut comme s'il tombait d'une cinquantaine d'étages sans pouvoir se rattraper à quoi que ce soit au passage.
Dorea Artwood se tenait là, au milieu du hall d'entrée.
Le cœur battant et la respiration saccadé, la première envie qui le traversa c'était d'aller aussitôt l'embrasser. Il amorça un geste avant de se rétracter aussitôt ayant conscience que ce genre de retrouvaille serait malvenue après leur dernière conversation.
Il eut à peine le temps de remarquer sa nouvelle couleur de cheveux à travers sa casquette, son teint halé qui faisait ressortir ses yeux verts habituellement pétillant. Ce qui n'était pas le cas en cet instant. Elle avait l'air bien plus épuisée que rayonnante. Il coula un regard vers sa tenue, son jean laissant deviner ses jambes toujours aussi appétissantes et son top qui laissait entrevoir la peau de son ventre plat. Ou encore ses rondeurs féminines qui s'étaient littéralement révélées depuis la dernière fois qu'il l'avait vu. Mais par-dessus tout il pensa qu'elle était toujours aussi belle, toujours aussi désirable, même voire plus encore.
- Dorea ! s'exclama Daphné dans son dos.
La blonde passa devant lui pour accourir vers la jeune Artwood, mais cette dernière recula d'un pas, tâchant d'éviter cette embrassade qu'elle jugeait bien plus que gênante.
- Non…Non… Je ne crois pas non, fit-elle sans même lancer un regard envers son amie.
- Dorea qu'est-ce que tu fais ici ? intervint Gabriel qui était en bas des escaliers aux côtés de Deirdre.
La jeune femme lança un petit paquet qu'elle tenait sous son bras lorsqu'elle était arrivée. C'étaient des journaux, des titres qui avaient fait la une de ces derniers jours.
Le silence s'abattit sur l'assemblée alors qu'elle les dévisageait un à un. Son regard s'attarda sur Drago durant un instant interminable avant qu'elle ne détourne les yeux aussi vivement que si elle s'était brûlée.
- Je vois que tu t'es formé une nouvelle famille, tante Deirdre, dit-elle en se tournant vers l'épouse Feldmann. Dommage que mon attitude tarisse ce tableau si parfait, ajouta-t-elle son ton révélant toute la rancœur qui l'avait gagné depuis sa découverte une heure auparavant.
- Dorea, ce n'est pas ce que tu crois. Nous voulions te garder en sécurité avec Gabriel, se défendit Deirdre.
- Peut-être, mais tu n'as même pas cherché à me revoir. Remarque, tu n'as pas cherché tout cour.
- Que veux-tu dire ?
- Où étais-tu lorsque papa est mort ? Où étais-tu lorsque je me suis retrouvée dans le coma ?
Deirdre ne répondit pas.
- Tu vois, c'est bien ce que je disais. Je gêne, dit la jeune femme avec calme et presque indifférence.
Elle fit volte-face et se dirigea vers l'ascenseur qu'elle appela en appuyant sur le bouton. Les portes s'ouvrir aussitôt.
- Dorea, attend ! fit Daphné en la rattrapant par le coude. Où tu vas ?
L'ancienne serpentard se tourna vers ce qui avait été sa plus chère amie et tout aussi calme, dit alors :
- Tu avais raison Daphné, je suis un assassin. Et les assassins sont jugés pour leurs actes.
Elle pénétra l'habitacle, résolue et inébranlable, appuya sur le bouton et à cet instant Gabriel, tout comme Drago et le reste des personnes comprirent ce qu'elle comptait faire. Drago accouru vers l'ascenseur, tâchant de la retenir.
- DOREA NON ! hurla Gabriel en se précipitant à son tour vers l'appareil.
Les portes se refermèrent sur eux, sans qu'ils puissent faire quoi que ce soit. Le blond martela les portes de rages.
- Il faut transplaner à Woolworth. On pourra arriver avant elle et l'empêcher de se rendre, dit Daphné paniquée.
- Daphné, restes en dehors de ça ! s'exclama son père d'un ton autoritaire.
- Mais c'est mon amie ! rétorqua-t-elle.
- De toute manière, on ne peut pas transplaner à Woolworth comme ça, expliqua Gabriel d'une voix forte et haletante. Il faut des autorisations, ce qu'on n'a pas. Et moi je viens de me faire virer.
Deirdre fondit en larmes et Ludwig alla la consoler.
- On va trouver une solution, lui murmura-t-il. On va trouver une solution.
Plus qu'excédé par l'inaction de chacun, Drago tenta le tout pour le tout et couru vers la porte qui se trouvait à droite de l'ascenseur s'engageant vers les escaliers qui menaient au rez-de-chaussée.
- Malefoy, qu'est-ce que tu fou ?! s'énerva Gabriel.
- Je vais essayer de l'en empêcher, dit-il sans se retourner alors qu'il commençait à dévaler les marches.
L'ancien agent eut un moment de confusion puis se lança à la poursuite du blond tout comme le jeune Zabini.
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Dorea inspirait et expirait, calmant sa respiration et par la même occasion son palpitant. Elle obstrua ses prunelles et revit l'expression médusée de chacun lorsqu'elle avait débarqué dans l'entrée des Feldmann. Elle s'était empêchée trop observer le blond, de peur que sa résolution ne défaillisse à la seconde même où elle aurait posé son regard sur lui.
Elle rouvrit les yeux et vit les rues défiler alors qu'il commençait à faire nuit.
- Vous m'avez l'air bien triste Mam'zelle, remarqua le chauffeur à travers son rétroviseur.
- Je ne suis pas triste, simplement décidée.
- Alors c'est une bonne chose, non ?
- Disons que ce sera bien pour les autres.
Le chauffeur répondit par un hochement de tête et cinq minutes plus tard, il gara le véhicule près de la Woolworth. Elle ôta la casquette qui révélait entièrement son visage, paya et sortie de la voiture.
Le groom qui était posté devant l'entrée tourna la tête, et au vu de son expression ébahie, la reconnue aussitôt.
Elle franchit l'entrée circulaire, comme elle l'avait fait plus tôt dans la soirée et pénétra le hall du M.A.C.U.S.A.
- Mademoiselle, que puis-je pour …
Dorea tourna la tête et l'hôtesse ouvrit la bouche de stupeur et appuya sur un bouton qui se trouvait sous le comptoir. Aussitôt une alarme stridente retentit dans le bâtiment.
Elle s'avança alors vers les escaliers qu'elle monta d'un pas serein et mesuré. Elle vit les aurors se précipiter vers elle, baguette en main et l'encercler tandis qu'elle débouchait sur un atrium surplombé par de multiples ascenseurs montants et descendants.
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- Putain, Kowalski, tu ne peux pas aller plus vite avec ton engin ! cracha Drago.
- Hé, tu n'es pas le seul à t'inquiéter pour Dorea.
- Ne t'inquiète pas Drago, fit Blaise en apposant une main sur son épaule alors qu'il se trouvait à l'arrière. On va réussir à la sortir de ce merdier. D'accord ?
Pour toute réponse, le jeune homme passa une main nerveuse dans ses cheveux qu'il recoiffa en arrière.
- Si je pouvais prendre sa place, je le ferais sans me poser de question, murmura-t-il plus pour lui-même que pour les deux autres.
Personne ne répondit, mais Gabriel Kowalski comprit qu'en cet instant, ce jeune homme qui se trouvait à ses côtés, à qui il avait adressé à peine deux phrases, était bien plus amoureux de Dorea Artwood qu'il ne le pensait lui-même.
L'Aston Martin se rangea le long du trottoir de la Woolworth Buildings et Drago, tout comme Blaise et Gabriel sortirent de la voiture aussi rapidement qu'ils le purent et coururent vers l'entrée du bâtiment. Le blond traversa le hall et se demanda pourquoi c'était si silencieux. Il monta les marches, Blaise et Kowalski à sa suite et découvrit avec panique Dorea agenouillée, les mains en l'air, entourée d'une bonne vingtaine d'aurors, baguettes pointées vers elle.
