Tract # 2 : Jalousie ?
Le lendemain matin, un rayon de soleil timide réveilla Shuichi. Il se détendit en étirant ses bras et ses jambes, puis il chercha Yuki du regard. Il n'était plus dans le lit, il avança une main timide et fébrile vers l'oreiller de son compagnon. Il était froid, Yuki s'était certainement levé depuis un petit moment. Shuichi tendit l'oreille, au loin, dans le couloir il devinait le bruit de la douche. Une idée lui traversa l'esprit qui fit naître sur son visage un léger sourire narquois, celui des enfants qui préparent un mauvais coup. Il se leva d'un bon et se dirigea vers la salle de bain en longeant les murs, les anciens films d'espion en noir et blanc lui revenant en mémoire, il s'imaginait très bien dans la peau de l'un d'entre eux à cet instant précis. Il posa sa main sur la poigné de la porte, il l'enclencherait en rentrerait en trombe dans la pièce, il voulait le voir sous la douche, le surprendre. Il enclencha la porte et se cogna contre elle. Peine perdue, Yuki l'avait fermé à clef. Shuichi rumina de déception et se laissa glisser le long du mur. Il entendit la douche s'arrêter, Yuki sortit de la pièce quelques secondes après, la taille cintrée d'une serviette blanche qu'il maintenait d'une main. Shuichi se leva immédiatement.
Tu es si prévisible. Dit-il calmement en lui donnant une légère tape du poing sur le haut du crâne. Sans lui laisser le temps d'en placer une, il referma la porte derrière lui et s'enferma de nouveau.
Résigner pour le moment, Shuichi attendit patiemment.
Une fois sa propre toilette finie, il rejoigna tranquillement Yuki dans son bureau. Sans vouloir le déranger d'avantage, il s'installa sur la petite banquette de cuir noir et attendit un moment bercé par le bruit régulier des touches de l'ordinateur.
Dis Yuki… Tenta-t-il finalement d'une petite voix.
Oui. Lui répondit son ami d'un ton calme.
Cette semaine, K. Nous a permis de nous reposer, je n'irais pas au studio. Ca te dirait que l'on sorte un peu ensemble. Qu'on se promène dans la ville. On ne le fait jamais.
Quelque peu surpris par cette demande, pour le moins sérieuse, Yuki arrêta son activité, mit ses coudes sur la table et pris sa tête entre ses mains dans une position de réflexion.
Non, Shuichi. Pas cette semaine. Répondit l'écrivain.
Oh ! Soupira Shuichi, extrêmement déçus sans insister d'avantage. Oui, tu dois avoir du travail, je suis désolé, c'était stupide de ma part. Conclu-t-il finalement en riant. Mais Yuki savait très bien que derrière ce rire, Shuichi voulait masqué son amertume. Il se leva et s'assis sur la table base en face de son compagnon.
Il y a de ça c'est vrai. Commença-t-il. Mais je ne veux pas que tu croies que je n'ose pas m'afficher avec toi en pleine rue, Shuichi. Ne crois pas que j'ai honte de cela.
Non, bien sûr que non ! Jamais je ne pourrais penser ça pas après…Il n'osa terminer sa phrase, il avait très nettement en mémoire la fois où Yuki avait affirmer en direct face aux caméras de télévision qu'ils étaient amants, il l'entendait encore dire qu'il le faisait passer avant sa réputation et ses œuvres. Ce jour là, Shuichi n'avait pas su comment réagir, peut-être s'était-il sentit un peu honteux de n'avoir pas pu en faire autant. Et puis il y avait aussi cette journée qu'ils avaient passée ensemble au parc d'attraction. Une journée fantastique que Shuichi garderait gravé en mémoire tout le reste de sa vie.
Dans un élan, il prit les mains de Yuki et les serra.
Ne t'en fait pas, je ne peux pas t'en vouloir pour ça, ni pour rien d'ailleurs, ajouta-t-il en riant, tu as du travail c'est normal, je comprend très bien.
Yuki fut quelque peu étonné par l'attitude étrangement sérieuse et mature de Shuichi, cela le rendit presque attendrit. Il caressa tendrement la joue de son ami et l'embrassa.
Merci. Dit-il simplement avant de se remettre à écrire.
Quelques minutes plus tard, le jeune homme s'éloignait de son quartier en traînant les pieds, d'humeur morose.
C'est quand même dommage. Se murmura-t-il pour lui-même. J'aurais aimé en profiter parce qu'après K. ne me lâchera pas d'une semelle. Il imagina subitement une scène de cauchemar où K. le tenant en joug avec une arme à feu le forçait à écrire des chansons jusqu'à épuisement. C'est un vrai bourreau ! Ironisa-t-il en se secouant la tête pour se sortir cette vision de son esprit. Bon ! Qu'es-ce que je pourrais faire aujourd'hui ? Se demanda-t-il en regardant autour de lui. Hiro doit profiter de son temps libre avec Ayaka, et l'idée de passer du temps avec Fujisaki ne m'enchante guère. La semaine va être longue. Soupira-t-il.
Il marcha finalement au hasard et ses pas l'amenèrent directement à l'immeuble du groupe N.G. qui le produisait, lui et son groupe. C'était chanter ce qu'il aimait, pour lui ce n'était pas vraiment un travail ni une corvée mais une vraie passion. Cela ne le gênait pas de ne pas avoir de repos, son vrai problème venait de l'inspiration pour écrire les chansons. Il le savait très bien et se demandait comment il allait faire pour écrire les textes du nouvel album, déjà pour le premier cela avait été un vrai parcourt du combattant. Il s'était réellement surpassé et cela avait donné de bon résultat au final, et puis maintenant il avait plus d'expérience. Il était devenu une star nationale, il avait su conquérir un public fidèle, il ne fallait pas décevoir ses fans. Plus il pensait à cela, plus il désespérait devant l'ampleur de sa tâche. Il avait toujours voulut chanter mais jamais il ne s'était imaginer quel pouvait en être les inconvénients.
Assis sur une murette, les yeux levés vers le ciel, l'esprit rêveur, les jambes se balançant, il n'avait pas remarqué l'ombre qui s'approchait de lui. On le appât par derrière, le faisant tomber à la renverse.
BOUM ! Shuichi ! BOUM ! Prince Kumagoro a gagné ! Na no da !
Etourdit, sentant une douleur lancinante aux tempes, il ne pouvait distinguer qu'une forme rose se balançant au dessus de lui. Soudain la personne se pencha au dessus de lui et il devina les yeux d'un bleu profond et enfantin de son idole.
Ryuichi. Réussit-il à dire. Il se releva avec difficulté et se frotta douloureusement la nuque.
Naaaa, Kumagoro, c'est Shuichi le chat. Donna celui-ci pour toute réponse.
Le jeune homme sourit, il s'était habituer au caractère très original de Sakuma Ryuichi, bien qu'ayant la trentaine et qu'étant une star dans le monde entier, celui-ci agissait le plus souvent comme un enfant, se prenant pour son lapin rose en peluche, Kumagoro, ou le faisant parler, il le traînait partout avec lui. Mais ce qui faisait le génie et la vraie force de Ryuichi étaient ses superbes prestations scéniques, il devenait un autre homme qui chantait et bougeait dans une perfection sans égale. C'était grâce à lui que Shuichi avait voulu devenir chanteur et maintenant il voulait atteindre son niveau.
Dis, Pourquoi Shuichi est triste ? Demanda naïvement celui-ci. Tu veux un bonbon pour te consoler ? Essaya-t-il en lui tendant des papiers fluo de couleurs différentes.
Je ne suis pas triste, juste un peu inquiet. Répondit Shuichi en se prenant au jeu. Dit Ryuichi, ça te dirait de passer la journée avec moi ?
La présence de Ryuichi lui faisait du bien, c'était un des seuls qui avait réussi à lui rendre le sourire quand il avait perdu sa voix et le seul capable vraiment de l'encourager à donner toujours plus. Il était son rival et un grand ami.
Humm. Passer la journée avec Shuichi, qu'es-ce que tu en dis Kumagoro ? Il porta la peluche à son oreille et pris un air très sérieux, comme si elle lui parlait. OK, Kumagoro est d'accord à condition que Shuichi retrouve le sourire !
Marché conclu. Répondit-il en riant.
Bien qu'ils durent porter des lunettes noires sous peine de déclencher des émeutes à eux deux, ils passèrent une très bonne journée. Ryuichi était bien plus espiègle que Shuichi, il marchait en chantant des comptines pour enfant en balançant les bras, réclamait jouet ou friandise à en faire une comédie ou s'étonnait pour un rien. Shuichi se sentait redevenir le grand frère qu'il avait été, des moments nostalgiques, surgies du passé lui revinrent en mémoire.
Ils s'étaient installés à la terrasse d'un café, sirotant tranquillement une boisson quand Shuichi fut intrigué par une personne qui se tenait sur le trottoir d'en face, n'y prétend pas tout d'abord attention, cela lui trottait tout de même dans la tête, cette façon de s'habiller, cette silhouette, il la connaissait, il en était certain. Finalement il regarda plus attentivement. C'était un homme de haute stature, très élégant. Il le reconnu immédiatement. Sa main trembla et il lâcha sans même sans rendre compte sa paille. L'homme attendait patiemment, les mains dans les poches de son grand manteau noir, soudain il détourna la tête, une femme venait d'arriver, il l'accueillit chaleureusement et lui passa un bras autour des épaules pour la faire entrer dans l'immeuble. Shuichi se leva d'un bon, il ne parvenait pas à y croire. Il regarda l'enseigne du bâtiment, c'était un restaurant très luxueux, un des plus fastueux de la ville.
Il sentit le regard étonné de Ryuichi sur lui ce qui l'incita à se rasoir. Il décida d'attendre avant de tirer des conclusions trop hâtives.
Le temps passa, ils avaient beaucoup consommé et Ryuichi commençait à trouver le temps long.
Ryuichi, s'il te plait, attend encore un peu avec moi. L'avait supplier, à demi mot, Shuichi, le ton si calme et si sombre qu'il avait pris l'avait quelque peu effrayé mais il avait compris que c'était important donc il obéit, sans rechigner.
Enfin après quelques heures, l'homme et la femme ressortirent du restaurant en riant, ils se dirent au revoir en se faisant la bise sur les joues et s'éloignèrent chacun de leur coté.
Shuichi se leva, paya la note et partit en courant.
Il courut droit devant lui, sans regarder où il allait, les larmes perlant aux coins des yeux. Pourquoi ? Se répétait-il. Pourquoi m'as-tu mentis ? Qui est-elle ? Quelles relations avez-vous ? Plus il avançait, plus des questions tournaient dans son esprit, peut-être nourries par sa trop grande imagination. Enfin, à bout de souffle, il s'arrêta et s'adossa contre un mur. Non, il devait savoir, vérifier par lui-même et comprendre pourquoi. Pourquoi Yuki avait-il refuser de sortir avec lui pour se retrouver à déjeuner dans ce restaurant avec cette femme ?
Il décida de rebrousser chemin pour rentrer chez lui. Il saurait la vérité coûte que coûte, après tout, c'était son Yuki, à lui seul et à personne d'autre.
