Tract #3 : soupçons.
De retour à leur appartement, Shuichi renonça finalement à questionner Yuki. Après tout c'était peut-être bien une collègue de travail, il savait que Yuki avait une assistante, et puis pourquoi Yuki lui aurait-il mentit ? Il n'avait pas de raisons de le faire. Il tentait de se rassurer comme il le pouvait mais rien n'y faisait, cette scène et ce rendez-vous traînaient toujours dans son esprit, il ne parvenait pas à l'oublier.
La semaine passa et rien de suspect à l'encontre de Yuki n'arriva. Shuichi le trouva même quelque peu changé, voir même d'avantage attentionné à son égard.
Shuichi, dis moi, tes parents et ta famille sont-ils au courant pour nous deux ? Lui avait-il demandé une fois alors qu'ils étaient au lit prés à s'endormir après un débat amoureux.
Pourquoi cette question Yuki ? S'étonna le jeune homme. C'était une des première fois où l'écrivain s'intéressait un tant soit peu au passé et à la vie de Shuichi.
Et bien comme tu le sais, ma famille nous a accepté malgré tout. Bien que ce fut difficile, surtout pour mon père. Mais et la tienne ?
Shuichi hésita, il lui dirait la vérité.
Ils le savent par la presse et les médias, je n'ai pas eu le loisir de leur annoncer moi-même. Admis-t-il avec amertume. Ils ont eu beaucoup de mal à l'accepter, ma sœur fut étrangement compréhensive mais pour mes parents….ce fut plus difficile.
Mm mm. Eu pour tout réponse son compagnon. Je vois.
Il se plaça sous les draps et attira Shuichi à lui, il l'embrassa et lui souhaita la bonne nuit. Encore un peu étonné, Shuichi s'allongea à son tour pour s'endormir presque aussitôt.
Au studio, il rejoignit les autres membres de son groupe à la salle de repos. Fujisaki entamait une discussion intense avec Sakano au sujet de nouveaux accords et de nouveaux sons qu'il avait l'intention de mettre sur le nouvel album. Sakano approuvait par des hochements de tête, les bras croisés, les sourcils froncés, visiblement près à donner son approbation.
Shuichi chercha du regard Hiro, il n'était pas encore arrivé.
Bonjour, Shindoû. Lui lança Sakano avec un large sourire. Tu te sens en forme, n'est-ce pas ? Demanda-t-il d'une manière surexcitée comme il le faisait souvent. Rassure moi, près à écrire de nouveaux chef d'œuvres ? Insista-t-il quelque peu inquiet. La nature trop tendue, stressée voir anxieuse de Sakano, dont Shuichi avait le don de faire ressortir, finissait par le fatiguer. Il se contenta de hausser les épaules.
Il n'est pas prés ! Hurla Sakano en parcourant la pièce, les mains sur les tempes. Que pouvons nous faire ? Que pouvons nous faire ? Ne cessait-il de répéter.
Shuichi l'ignora et soupira. Fujisaki vint s'asseoir à ses cotés.
Que se passe-t-il Shuichi ? Quelque chose ne va pas ? Demanda-t-il visiblement soucieux et compatissant.
Je doute de moi et de mes capacités pour l'écriture. Ce fut réellement très difficile pour le nouvel album.
Oui, mais tu y es arrivé. Se calma soudainement Sakano.
Il a raison, et puis nous t'aiderons à ta motiver, comme pour le premier. Lui lança d'un air complice Fujisaki.
Bien qu'étant le plus jeune membres du groupe, Fujisaki était de loin le plus mature et était pourvu d'un grand talent de composition, ce qui n'était nullement étonnant vu son lien de parenté avec Seguchi Tohma, pianiste, membres des Nittel Grasper, le groupe de Sakuma Ryuichi et président de la N.G. Peut-être que le talent est héréditaire ? Se surpris à penser Shuichi.
Soudain la porte fut ouverte à la volée.
Big news ! Annonça en hurlant, le doigt levé M. K.
Shuichi faillit tomber à la renverse de son siège rattrapé de justesse par Fujisaki.
Arrête de rentrer comme ça ! Critiqua-t-il fermement en menaçant K du poing. Celui-ci sortit un revolver et le menaça.
Des réclamations ? Demanda-t-il le sourire en coin nullement impressionné. Intimidé, Shuichi recula en levant les mains.
Euh ! Après toutes réflexions…Admit-il, une sueur froide lui coulant dans le dos.
K. était une des rares personnes que Shuichi ne pouvait faire tourner en sa faveur, pourtant, le manageur était entièrement dévoué au groupe et à son succès, il mettait tout en œuvre pour cela, parfois de manière peu louable.
Hiro entra à son tour dans la pièce, et tous les regards se tournèrent vers lui.
Toutes mes excuses. Commença-t-il. Je reviens de Kyoto, j'ai passé la semaine avec Ayaka.
Bien, puisque tu es là, la réunion va pouvoir commencer. Annonça K. enthousiaste.
Vous aviez quelque chose à nous annoncer. Rappela Sakano.
En effet, une de vos chansons a été choisi pour figurer par mis la bande son d'un jeu vidéo.
Vraiment ? S'étonna Shuichi. Laquelle est-ce ?
Aucune importance ! Déclara K. en haussant les épaules. Ce qu'il faut y vois la dedans c'est la possibilité de toucher un public plus large.
Comment cela ? Demanda Fujisaki.
Ce jeu va sans doute être exporté à l'étranger, aux Etats-Unis voir même en Europe. Elle peut avoir suffisamment d'impacte pour toucher les gens de ces pays. Expliqua Sakano. C'est formidable ! S'exclama-t-il soudainement les poings serrés des larmes de joies au coin des yeux. Bad Luck deviendra un groupe mondialement connu. Je ne pouvais en rêver tant. Continua-t-il en rêvant déjà à une notoriété future qui le reconnaîtrait comme un grand producteur.
Mais cela ne doit pas nous faire oublier notre objectif du moment. Lança subitement K. coupant Sakano dans son imagination. L'écriture du nouvel album. Il porta sur Shuichi un regard lourd de sens.
Je la sais bien. Soupira celui-ci.
Bien, je te fais confiance. Conclu-t-il avant de sortir en compagnie, Fujusaki et de Sakano de nouveau perdu dans ses rêves de gloire.
Hiro se rapprocha de son ami. Il avait sentit en lui une humeur maussade.
Shuichi. Dit-il.
Ne t'en fait pas Hiro, tout va bien. Annonça celui-ci pour rassurer son ami.
Tu n'as pas besoin de me raconter d'histoire Shuichi, je te connais par cœur.
Vaincu, Shuichi se résigna à se confier.
Je doute. Admit-il. Sur moi et mes capacités.
Es-ce à cause de Yuki ?
L'espace d'un instant, Shuichi se rappela la scène qu'il avait surprit.
Non. Tout ce passe bien avec Yuki. Je t'assure.
Hiro fouilla dans son sac et sortit une boite rectangulaire qu'il présenta à Shuichi.
Tient, c'est pour toi, un cadeau d'Ayaka. Elle sait que tu les aimes.
Shuichi baissa le regard sur ce que lui tendait son ami et eu un sourire, c'était une boite de ces longs bonbons en forme de bâtonné rose. Shuichi avait pris l'habitude d'en mâchouiller un quand il se sentait mal ou quand il entrait dans une grande réflexion.
Tu l'as remerciera.
Bien entendu.
Ce soir là Shuichi rentra chez lui en s'étant fixé un but. Il écrirait au moins une chanson pour la fin de la semaine. Il avait pris la décision de forcer le sort. Il n'avait peut être pas la perfection de Ryuichi sur scène ni le talent de composition de Tohma mais il devait se forcer. S'il devait travailler plus dur pour arriver à leur niveau, il le ferait, les efforts ne l'effrayaient pas. K. lui avait dit un jour qu'il arriverait avec le temps à égaler le niveau de Ryuichi, qu'il en était capable. Et bien, cela serait !
Quand il enclencha la porte de l'appartement, il avait une joie nouvelle au cœur, il voulait annoncer son intension et sa bonne résolution à Yuki, il espérait que celui-ci le féliciterait ou l'encouragerait, mais il fut figé sur place. Quelque chose de nouveau l'avait frapper des ses premiers pas chez lui. Il resta sur place, immobile comme une statue, il ferma les yeux et huma profondément l'air. Un parfum, nouveau, différent flottait dans l'air. Il était fruité, léger, et clair. Un parfum de femme, il en était persuadé.
Etait-elle venue ici ?
Il se dirigea dans le salon, Yuki était installé dans le canapé, regardant à moitié la télévision sirotant tranquillement un cognac. Il en avala une gorgée quand il aperçut Shuichi avec étonnement. Il avait pris l'habitude que son compagnon annonce son retour à haute voix en hurlant presque, mais cette fois ci, il s'était montré discret, sans prononcer un seul mot.
Shuichi ?
Je suis rentré, Yukiiiiii. Dit celui-ci en sautant au cou de son ami. Je t'ai fait peur ?
Non, juste surpris.
Pardon. S'amusa le jeune homme en riant. Il avait caché ses émotions et sa surprise. Il ne pouvait, il ne parvenait à douter de Yuki. Pourtant….
Un instant plus tard, il avait posé sa tête sur les genoux de son ami, il n'en pouvait plus, il fallait qu'il lui demande pour en être sûr.
Ta sœur est venue aujourd'hui ? Demanda-t-il.
Elle vient presque tous les jours, tu les sais pourtant.
Oui. Bien sur mais…est-ce qu'elle a changé de parfum ? Tenta-t-il. Il sentit un léger mouvement de surprise de la part de son compagnon.
C'est possible, je n'ai pas fait attention. Répondit-il.
Shuichi sera les poings, cette fois-ci, il en était persuadé, il lui cachait quelque chose et il découvrirait quoi, il ne renoncerait pas, ni ne ferait marche arrière. Il doutait, il se posait trop de question. Pourquoi ces mensonges ? Qui était cette femme ? Et la pire de toute qu'il se refusait à croire: Yuki le trompait-il avec elle?
