Tract # 5 : L'écriture.
Shuichi ne savait pas qu'Hiro était intervenu. Pour lui, ce soir là, il s'était rendu au studio apporter une lettre d'absence, ce qu'il fit effectivement après s'être rendu chez l'écrivain.
Trois jours passèrent sans que Shuichi ne retourne chez lui. Il marchait de long en large chez Hiro, cherchant obstinément une solution pour récupérer Yuki. Jamais il n'avait baissé les bras, même quand Ayaka était venue faire valoir son droit de fiancé officielle de l'écrivain, il s'était battu jusqu'au bout. Cette fois-ci pourtant, cela avait été à deux doigts, il avait été presque prés à renoncer, ce ne fut qu'à la dernière minute qu'il fit changer la situation en clamant haut et fort en plein concert que Yuki était à lui. Oui, c'était ainsi et cela devait rester.
Allongé sur le lit de Hiro, les bras derrières la tête, un regard vague posé sur l'extérieur, Shuichi réfléchissait.
Et si Yuki s'était effectivement lassé de lui ? S'il avait choisi de se tourner à nouveau vers les femmes ? Il ne pouvait tout de même pas changer de sexe ! Il repensa à la tenue d'écolière qu'il avait acheté et mit un jour. Ca n'avait ni frustré ni repoussé Yuki, peut-être même avait-il apprécier au contraire malgré son apparente colère du moment.
Shuichi se leva d'un bon et eut un long soupire. Que faire ? Bien entendu il se battrait mais quelle était la bonne stratégie à adopter sans trop vexer Yuki et sans le mettre en colère.
Il se laissa à nouveau tomber sur le lit, le visage enfouit dans l'oreiller frappant rage ment des poings sur le matelas. Il était furieux, contre lui-même, contre sa lâcheté et contre sans manque d'imagination. Il faut dire qu'il avait eu du mal à se remettre du choque : Yuki embrassant une fille sous ses yeux ! Cela avait été dur à avaler. Mais après tout si Yuki était plus heureux avec elle…non, il voulait l'entendre de sa propre voix. C'était cela, il irait le voir, lui dire tout ce qu'il savait, il le supplierait s'il le fallait et si Yuki lui annonçait clairement qu'il ne voulait plus de lui malgré tout…et bien il s'effacerait. Peu importait, tout ce qui comptait, c'était le bonheur de Yuki avant tout et si cela signifiait qu'il devait disparaître de sa vie alors….
Perdu dans ses pensées, Shuichi n'entendit pas Hiro rentrer. Ce ne fut que quand celui-ci lui toucha l'épaule qu'il le remarqua. D'un air grave, il s'assit sur le lit et regarda Shuichi les sourcils froncés.
Je ne vais pas pouvoir te couvrir plus longtemps. Informa-t-il d'une voix basse. Tu sais tout comme moi que Fujisaki travail vite et bien. A ce rythme là, il aura fini sa partition avant la fin de la semaine. Quand cela arrivera, K. portera à nouveau toute son attention sur toi et tu sais ce que cela signifie.
Shuichi eut un frisson. Bien entendu il le savait. Le voyant complètement démotivé, K. userait de manière peu loyale pour lui redonner l'inspiration. Le jeune homme se frotta la tête, perplexe. C'était trop pour lui, entre parler à Yuki et éviter K. d'un coté, il ne savait plus comment il allait gérer son temps.
Revient au moins au studio. Ça te changera les idées. Pourquoi ne pas parler à Ryuichi. Tu sais qu'il n'a cessé de te réclamer et de s'inquiéter pour toi.
Surpris, Shuichi fixa son ami, il affichait un doux sourire amusé et compatissant. Ryuichi. C'était une bonne idée, peut-être le conseillerait-il pour écrire.
D'accord mais K. ?
On va essayer de le ménager au maximum. Fait comme si tu avais la forme. Ça te laissera un peu de répit.
Sur les conseils de son ami, Shuichi se rendit à nouveau au studio.
Yo! Tout le monde prés à travailler d'arrache pied et à faire un tabac ! Lança-t-il à son arrivé.
Quelque peu effrayer, Sakano en lâcha sa tasse de café éclaboussant ainsi le sol, il hurla et parti en courant dans le couloir chercher de quoi essuyer. A son retour, K. se glissa derrière lui et lui murmura à l'oreille :
A mon avis, tu devrais freiner sur le café. Lui conseilla-t-il d'un ton lourd de sens.
Sans saisir l'illusion, Sakano leva vers lui un regard d'incompréhension.
Il a raison, Sakano. Vous êtes déjà suffisamment stressé comme ça. Tenu bon d'ajouter Fujisaki qui se retourna ensuite vers Shuichi. Tu tombes à pique, j'ai bientôt fini ma partie. Tu vas pouvoir nous montrer tes nouvelles paroles.
Euh….Ouiiiiii ! Bien sûr sans problème ! S'empressa-t-il d'ajouter en prenant un air sur de lui.
Toujours sur le qui-vive, K. s'approcha de Shuichi, une main sur le menton.
Tu as déjà écrit des paroles ? Demanda-t-il visiblement peu convaincu.
Voyant son attitude, Shuichi fit tout pour éviter son regard. Il ne tiendrait pas longtemps face à lui.
Bien entendu ! Mentit-il en lui tournant le dos. Peine perdu K., par un habile déhanché, se retrouva face à lui presque nez contre nez, le fixant intensément, cherchant une faille quelconque.
Comment es-ce que ça se passe en ce moment avec Yuki ? Insista-t-il.
K. connaissait bien son travail, il savait sur le bout des doigts quels étaient les points forts et les points faibles de ses artistes. Et sa question toucha au vif Shuichi qui ne pu retenir une larme. Sans demander son reste, il sorti en courant de la pièce, hurlant et pleurant comme un petit enfant.
Bon sang K. ! Vous pourriez faire un peu preuve de savoir vivre ! Lança Hiro d'un ton sec hors de lui.
Le manager lui tournait le dos, il ne fit qu'un quart de tour, suffisamment pour qu'il présente son magnum et son air décidé à Hiro, qui se renferma gentiment sur lui.
Biennnn ! Lança K. enthousiaste. Les talents de persuasions du manager de génie que je suis, au charisme inégalable vont encore une fois être mis à contribution pour le bien de tous ! S'emballa-t-il sous les regards ahuris et perplexes de l'assistance. Ahahahaha ! Yuki Eiri, tu es à moi ! Minauda-t-il en prenant soudainement un air étrange qui glaça l'air et en fit même frissonner Fujisaki. K. s'était retourné et caressait son revolver de la joue en ayant un rire glauque, qui rappela à Hiro celui des psychopathes des Thrillers.
Fujisaki se rapprocha du guitariste peu rassuré.
Cet homme me fait vraiment peur parfois. Avoua-t-il à voix base.
Hiro ne pu lui répondre mais il n'en pensait pas moins.
Pendant ce temps, Shuichi s'était réfugié sur les toits de l'immeuble, légèrement calmé mais encore parcourut par un spasme nerveux.
Oh ! Yuki, qu'es-ce que je peux faire ? Se demanda-t-il à haute voix.
Faire pour quoi ?
Shuichi sursauta. Il chercha vivement d'où provenait la voix. Il se leva et regarda à droite à gauche. Personne. Il était seul. Un peu effrayé, il colla son dos contre le mur.
En haut Shuichi.
Obéissant, sans même savoir pourquoi, il leva la tête mais ne vit qu'une forme sombre qui le surplombait. Un rire se fit entendre et la forme se jeta dans l'air pour atterrir sur le dos de Shuichi qui cherchait à s'enfuir. Il reconnut subitement Ryuichi et se calma.
Ryui…chi ? S'étonna-t-il.
hummm, Shuichi est malin. Dit-il. Dis ! Dis ! Pourquoi Shuiiiichi n'est pas venu au studio ? Tu étais malade ? Demanda-t-il nerveusement en se laissant glisser au sol.
Sans lui répondre immédiatement, Shuichi se rassit contre le mur, imité par Ryuichi étonné.
En quelque sorte, mais je vais mieux maintenant. Mentit le jeune homme.
Je suis content. Dit-il.
Tu pourrais me donner un conseil ? Enchaîna-t-il vivement pour changer de conversation
Moi ? Un conseil à Shuichi ? S'étonna-t-il en se grattant le bout du nez et en portant sur le jeune homme de grands yeux ronds.
Oui. S'il te plait. Dis moi comment faire pour écrire des chansons. Je…J'ai peur de m'y prendre mal.
Ryuichi prit subitement un air extrêmement sérieux, un des rares qu'il avait, Shuichi le dévisagea bouche bée, il avait en face de lui Sakuma Ryuichi, leader mondialement connu des Nittel Grasper, il affichait en cet instant la même expression qu'il avait tant de fois admirée sur les vidéos de son groupe.
Quand tu es sur scène, Tu chantes avec ton cœur, tu donnes tout ce que tu as, n'est-ce pas ?
Shuichi ne réagit pas immédiatement, il ne pouvait cesser d'admirer son idole. Quand enfin il réalisa qu'il devait être stupide de rester ainsi sans rien dire, il ne pu faire qu'un léger mouvement de tête pour confirmer les dires de Ryuichi.
Et bien, pour écrire, c'est la même chose. T'es chansons doivent venir du plus profond de ton cœur, raconter ce que tu resents, tes angoisses, tes envies et même tes peurs. Elles doivent être une partie de toi qui se dévoile à ton publique. Tout en parlant Ryuichi s'amusait avec les bras de son ours en peluche, comme si c'était de lui que venait son inspiration. Mais, ça, Tohma pourrait mieux t'expliquer que moi. Conclu-t-il en reprenant son air espiègle habituel et en lançant à Shuichi un sourire ravis et complice.
Merci. Merci infiniment Ryuichi. Articula avec peine le jeune homme.
Plus tard, chez Hiro, Shuichi s'était placé devant une feuille blanche, stylo à la main la tête pleine des paroles de son idole. Il mordillait nerveusement un des bâtonnés d'Ayaka d'un air très concentré, les sourcils froncés. Finalement, il reposa son stylo et relut plusieurs fois les mots qu'il avait écrits.
C'est comme Ryuichi me l'a conseillé. C'est une partie de moi, de ce que je resents…pourtant, il manque quelque chose comme ci ce n'était pas complet. Il regarda le cadrant du réveil où des lettres luminescentes indiquaient clairement deux heures du matin. Que faisait Yuki à cette heure-ci ? Dormait-il ? Où écrivait-il encore ?
Comme si je n'étais pas complet ! Répéta-t-il en comprenant soudainement ce qui était pour lui une vérité fondamentale : Sans Yuki, sans l'homme qu'il aimait par dessus tout il était incomplet, son âme avait perdue une partie indispensable : son autre lui-même, son âme sœur. Sans Yuki, il lui manquerait toujours quelque chose, ce petit plus qui permet d'affronter la rigueur de la vie et de le supporter. Sans Yuki, il ne pouvait tout simplement être.
Il reposa délicatement la feuille. Il était comme cette chanson, Il la plia en quatre et la fourra dans sa poche de pantalon. Elle ne serait pas finie tant qu'il n'aurait pas été parlé à Yuki.
Il avait pris sa décision : demain il irait le voir coûte que coûte.
