Tract # 6 : patience.

Alors que Shuichi était parti se réfugier sur les toits, K., de son coté avait cherché Ryuichi et lui avait demandé d'aller voir le jeune homme. Il savait pertinemment que le caractère de celui-ci ferait le reste. Le manager en profita pour rendre une petite visite à l'écrivain blond.

Quand Yuki ouvrit la porte de son appartement, il ne fut pas étonné de tomber nez à nez avec K.

Je suppose que vous venez pour Shuichi ? Dit celui-ci.

K. se contenta de sourire et de lever son index.

Réglez vos histoires avec lui et faites en sorte qu'il retrouve le moral.

Au sinon ?

Yuki crus distinguer derrière les lunettes noires du manager comme un éclaire de sournoiserie.

Au sinon…Articula celui-ci avec lenteur. Il s'approcha d'un pas de Yuki, qui, nullement impressionné, refusa de céder à l'aspect soudainement hostile de K.

Le manager bloqua d'un geste rapide le poigner de l'écrivain.

Au sinon, répéta-t-il, voila un petit cadeau de ma part pour vous convaincre.

Il laissa lentement glisser sa main pour permettre à Yuki de découvrir un petit bracelet de métal gris argenté. Intrigué, il le porta à la hauteur de ses yeux et y découvrit une petite diode rouge qui clignotait de manière régulière.

Qu'est-ce que vous avez bien pu inventer encore ?

Voila le dernier bijou du génie que je suis….un bombe dissimulée dans un bracelet à télécommande courte distance ! Annonça K. fièrement.

Une bombe ! Mais vous êtes complètement malade ! S'exclama Yuki.

Tous les moyens sont bons.

En levez moi ça immédiatement !

Pas avant que vous n'ayez parlé à Shuichi. S'entêta le manager.

Yuki se redressa et eut un petit sourire.

Je l'aurais fait de toute manière.

Je n'en doute pas. Conclu K. avant de s'éloigner les mains dans les poches.

Yuki examina encore une fois le petit bracelet, il ne croyait pas à cette histoire de bombe, les méthodes de K. consistaient bien plus à manipuler et à apeurer moralement qu'à mettre la vie des gens en danger. De plus, il n'aurait certainement pas pris le risque de se mettre Tohma à dos. Yuki tourna le bracelet, il aurait pu l'enlever facilement, il sourit, c'était plus là manière à K. de lui faire comprendre qu'il fallait absolument qu'il agisse.

Shuichi attendit la fin de la journée histoire d'être sûr que Yuki serait bien chez eux, et il quitta l'appartement de Hiro sans le prévenir, il savait de toute manière que son ami ne lui en voudrait pas.

Sur le chemin le menant chez lui, un nœud nerveux, d'anxiété apparut au niveau de son estomac. Ses jambes tremblaient, il avait la gorge sèche et avait du mal à avaler. Toute la journée, il s'était répété en boucle un petit sketch, il avait même pensé à noter exactement ce qu'il allait lui dire, ce qu'il ne fit pas en fin de compte.

Devant la porte d'entrée, sa main tremblait tellement qu'il ne parvint qu'à l'aide de ses deux mains à positionner correctement la clef et à la tourner. L'appartement était plongé dans le noir à l'exception du bureau, il tendit l'oreille. Aucun son à par le vrombissement sourd de l'ordinateur. Il avança normalement sans même chercher à dissimuler ou à annoncer sa présence. D'un rapide coup d'œil dans le bureau, il s'aperçu que Yuki n'y était pas. Il devait sans doute être à la cuisine à se préparer un café comme il le faisait souvent. Shuichi arriva dans le salon, il hésita un instant à s'asseoir sur le canapé quand il entendit finalement les pas de Yuki sortant de la cuisine comme il l'avait deviné, une tasse à la main et une cigarette à moitié consumée dans l'autre.

Yuki ! Parvint-il à prononcer timidement.

Je me demandais quand tu allais bien pouvoir refaire surface. Lui lança-t-il froidement, nullement surpris.

Je…pardon, j'aurais du te prévenir au moins que je m'absenterais. Murmura Shuichi en baissant les yeux.

Yuki bu une gorgée et passa devant le jeune homme sans lui adresser un regard, il s'arrêta finalement à la hauteur de la table basse.

Qu'est-ce qui ta décidé à revenir ? Lui demanda-t-il toujours en lui tournant le dos.

Yuki. Shuichi hésita, il ne savait plus quoi dire, tout ce qu'il s'était répété dans la journée s'était embrouillé dans son esprit. Il faut qu'on parle. Annonça-t-il avec peine.

En effet c'est ce que je crois également.

Shuichi releva les yeux vers son amant, la fumée de sa cigarette formait une étrange auréole angélique autour de sa tête blonde.

Est-ce que tu me trompes ? Finit-il par dire en détournant les yeux.

Yuki se baissa pour éteindre sa cigarette dans le cendrier et pour poser sa tasse encore fumante puis il se retourna vers son compagnon.

Qu'est ce qui te fait croire ça ?

Piqué au vif, Shuichi sentit toute la colère, l'angoisse et l'inquiétude de ses derniers jours remonter du plus profond de son cœur.

Je t'ai vu avec cette femme ! Je sais qu'elle est venue ici et de plus tu m'as menti ! Hurla-t-il un poing menaçant brandit en avant.

Oh ! Se contenta de répondre l'écrivain.

Ne fait pas comme si c'était faux ! Je vous ai vu vous embrasser !

A ces mots, Yuki haussa un sourcil et eu un sourire amusé.

Nous embrasser. Vraiment ?

Oui au café, je l'ai vue se pencher vers toi et…Ses mots se perdaient dans sa gorge, freinés par l'émotion. Il détourna les yeux pour ne pas pleurer.

Yuki se rapprocha et lui fit face.

Qu'as-tu vu exactement ? Lui demanda-t-il d'un ton calme.

Surpris, Shuichi le dévisagea sans réellement comprendre, Yuki rapprocha lentement son visage de celui du jeune homme jusqu'à lui en frôler la bouche.

As-tu vu nos lèvres se toucher ? Il passa sa langue sur ses lèvres. Nos langues se mélanger ? Dis moi Shuichi ?

Le jeune homme trembla. Non, il n'avait pas vu cela, il l'avait juste vue se pencher vers son compagnon et en avait déduit un baisé mais…

Est-ce que tu l'aimes Yuki ? Demanda-t-il sincèrement et naïvement. Si tu veux rester avec elle, si tu es plus heureux comme ça alors…tu sais que je ferais tout pour toi, je changerais, je m'habillerais en fille si finalement tu les préfères mais je t'en supplie ne me rejette pas ! Il agrippa fermement le col de la chemise de son compagnon qui le dévisageait froidement. Si tu ne veux plus de moi, dis le mais sache que j'en mourrais ! Je ne peux pas vivre sans toi Yuki. Je t'en pris ! Je suis perdu, je ne sais plus quoi faire ! Je ferais tout ce que tu me demanderas. Je serais même près à partir, à te quitter si tu es persuadé que tu seras plus heureux avec elle. Dans ce cas dis le moi, ne me laisse dans l'ignorance !

Yuki l'avait écouté sans broncher, il apercevait à présent des larmes pointer au coin des grands yeux de son compagnon.

Imbécile ! Répondit-il froidement.

Arrête de me traiter d'imbécile. Je te dévoile mon cœur, je te dis que je serais prés à mourir pour toi si tu me le demandais et toi tu me traites d'imbécile. A présent, le jeune homme affichait un air plus hargneux, déterminé. Yuki le dévisagea longuement, il savait parfaitement qu'il en était capable que son cri et ses accusations étaient sincères, qu'ils venaient du plus profond de son cœur. Il le sentait brisé, peut-être comme jamais, cela fit monter en lui un sentiment étrange…de la honte, de la culpabilité de l'avoir ainsi blessé une fois de plus ? Une fois de trop. Il caressa lentement le visage de Shuichi et passa un pouce rêveur sur ses tendres lèvres, qui étaient pour lui capable de le défendre, de lui crier son amour même quand il se montrait véritablement arrogant et cruel.

Il n'y a que toi Shuichi. Avoua-t-il finalement à mi-voix. Elle n'est pas mon amante.

Le jeune homme eu un léger mouvement de recule.

Vrai…ment ? Articula-t-il difficilement.

Je sais que je me suis souvent montré cruel avec toi mais je suis quelqu'un de fidel. Je ne pourrais pas être avec deux personnes en même temps…c'est bien assez difficile comme ça de te supporter toi seul. Conclu-t-il avec une touche d'ironie.

Alors qui est-elle ? Pourquoi la voyais-tu en secret ? Pourquoi m'avoir mentit ? Tu aurais pu me la présenter tu sais, je l'aurais accueilli et accepté alors pourquoi ?

Yuki ne pouvait plus détourner les yeux de Shuichi, son amant le regardait à nouveau de ce même regard accusateur voir provocateur qui lui avait fait céder la première fois. Car c'était lui et ce baisé que lui avait voulu à cet instant qui avait tout déclenché. Cette fois-ci, il était allé contre des principes qu'il avait cru avoir enfoui à tout jamais en lui, mais Shuichi avait insisté, il l'avait suivit jusqu'à le harceler. S'il s'en était réellement donné la peine, il aurait pu tout arrêter à cet instant mais c'était au final lui qui avait tout provoqué. Et puis Shuichi était d'un incroyable entêtement !

Sans réfléchir plus avant, il se pencha vers Shuichi et l'embrassa avec fougue et passion, comme cela ne lui était rarement ou presque jamais arrivé. En cet instant, il le désirait, lui, ce petit être têtu et téméraire avec ses qualités et ses défauts. Il le désirait pour lui-même, pour cet amour sans faille qu'il lui offrait à tout instant, sans rien attendre. Il ne supportait pas de le voir souffrir. Il l'aimait réellement mais pourquoi ne parvenait-il pas à le lui dire ou à le lui prouver autrement que par l'acte d'amour ?

Il l'allongea sur le sol sans précautions mais Shuichi ne se plaignit pas, il ne se plaignait jamais de lui, même si parfois il était un peu emporté. D'une manière possessive, jalouse, inondée de désir, il lui fit l'amour avec force et vigueur, il se montra un peu brutal, presque animal. Car après tout il était sa chasse gardée à lui seul. Il était sien.

Plus tard, la tête posée sur le torse trempé de sueur de son compagnon, bercé par son souffle régulier, apaisé par ses caresses sur son cuir chevelu et sur son dos, il aurait pu s'endormir, il se sentait bien, en sécurité comme nul par ailleurs. Lové contre lui, au creux de ses bras aimants et tendres, il aurait pu se sentir n'importe où chez lui.

Tu ne me le dira jamais, n'est-ce pas ? Dit soudainement dans un doux murmure Shuichi.

Quoi ?

Qui elle est ?

Yuki se releva et encercla le visage de Shuichi de ses bras.

Qu'est-ce que ça t'apporterais ?

Tout de même, j'aimerais savoir. Indirectement, elle a failli nous séparer. Je ne l'aurais pas supporté. Avoua-t-il dans un souffle suave.

Mais tu es revenu, comme toujours. Et comme à chaque fois tu reviendras vers moi malgré tout. Parce que tu m'aimes, n'est-ce pas ? Dit-il en guise de conclusion.

Et toi ? Est-ce que tu m'aimes ? Lança soudainement Shuichi alors que les baisés de son compagnon descendaient déjà jouer avec son oreille. Yuki ne lui répondit pas. Parfois, j'ai l'impression que tu ne veux de moi que pour le sexe. Continua-t-il.

Est-ce que cela te gêne ? Demanda Yuki sans cesser de l'embrasser alors qu'il descendait à présent sur son cou.

Je ne sais pas. Non, pas vraiment. Du moment que je suis à tes cotés, tout me va. Il se tu et savoura ce doux moment avec son amant. Mais J'aimerais que tu me le dises parfois. Pensa-t-il sans oser le lui avouer de vive voix.