Tract # 12 : Protecteur.
Shuichi dormait encore quand Yuki franchit la porte de leur appartement.
L'écrivain avait une idée bien précise en tête et se dirigea immédiatement au studio de la N.G.
Quelle ne fut pas la surprise pour les gardiens et pour le personnel présent de voir débarquer ce géant blond, le visage tendu, à l'allure décidée, le regard dur et menaçant.
Sans un bonjour, sans un regard, ni même sans que quelqu'un ose l'interpeller, il se dirigea droit au bureau du président.
En chemin, il tomba nez à nez avec l'américaine. Il la reconnu immédiatement grâce à la description qu'en avait fait Shuichi, mais même sans cela, de part son allure atypique, il l'aurait reconnue comme étrangère. Ils se fixèrent mutuellement sans se parler, leurs regards le faisaient pour eux. L'un pouvait y lire de la menace, une mise en garde à prendre très au sérieux, l'autre de la stupeur et de l'entêtement également. Yuki coupa court à cet échange silencieux et la dépassa pour entrer en trombe dans le bureau de Tohma sous les appels implorants d'une jeune secrétaire surprise et apeurée qu'il ignora royalement.
Complètement abasourdit par cette visite improviste, Tohma coupa court à sa discussion téléphonique, les yeux exorbités, muet pour le moment.
Il raccrocha le combiné, les mains tremblantes, avec des gestes lents et mesurés.
Eiri… ! Ne pu-t-il prononcé que faiblement, comme dans un murmure interdit.
Yuki s'approcha du bureau et posa ses mains à plat devant Tohma, le fixant intensément comme si il voulait le faire fondre ou disparaître par la seule force de son regard.
C'est pour Shindou Shuichi que tu es là, n'est-ce-pas ? Affirma Tohma.
Oui.
Tohma se recula dans son siége, les mains sous le menton, en grande réflexion, intimidé par tant de présence de la part de son beau-frère.
Il ne pouvait croiser son regard, il sentait qu'il allait céder de toute manière.
Tu sais que je ferais tout pour ne pas te blesser Eiri. Annonça-t-il finalement le souffle court. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir, je te le promets.
Fort de cette promesse, Yuki fit demi tour et repartis sans un mot, laissant Tohma à ses réflexions.
Le président de la N.G. resta ainsi un moment, à regarder le ciel par sa grande baie vitrée, finalement, il appuya sur le bouton de son téléphone et demanda à sa secrétaire de convoquer son éventuelle future partenaire.
Lorsque l'américaine pénétra dans le bureau, elle comprit immédiatement que quelque chose s'était passé.
Tohma qu'est-ce que ça signifie ? Vociféra-t-elle en se dirigeant d'un pas qui se voulait solide vers le bureau.
Juste quelques mise au point. Commença le jeune homme. Si vous continuez vos chantages sur le leader et membre des Bad Luck Shindou Shuichi notre contrat et nos associations futures seront nuls et non avenues.
Tohma ! Hurla-t-elle.
C'est Seguchi Tohma ! Corrigea-t-il sans sourcilier.
C'est lui ! L'écrivain, Yuki Eiri. Il débarque et tu retournes ta chemise. Tu es comme un petit chien devant son maître. Tu n'es qu'un lâche Tohma !
A ces mots, Tohma frappa du poing sur la table, en faisant tomber son combiné téléphonique. Tremblant de nervosité et de colère, il tenta de se calmer en se concentrant sur sa respiration.
Eiri est la personne que j'aime le plus dans ce monde. Je l'ai trahi une fois, je m'en suis voulu toute ma vie et je m'en voudrais encore certainement jusqu'à la fin de mes jours. Et c'est Shindou qui lui a rendu son envie de vivre, sa passion, pas moi mais lui. Ce que tu fais, ce chantage, c'est comme si tu le faisais à Eiri indirectement. Cela m'est intolérable !
Complètement abasourdie, l'américaine resta bouche bée, hagard.
Si tu refuses mes conditions, écarte toi de mon chemin.
Tu as besoin de moi pour lancer ton groupe sur le marché américain.
S'il le mérite réellement et s'ils sont suffisamment talentueux, je n'aurais aucun mal à trouver une autre maison de diffusion que la tienne.
Fort de cet argument, Tohma savait la partie gagnée, il en eut la certitude quand il la vie se mordiller nerveusement la lèvre inférieure.
Les sourcils froncés, les poings et les dents serrées, elle détourna le regard.
Fort bien puisque c'est ainsi. Conclu-t-elle avant de passer la porte d'un pas rageur.
Tohma n'était pas inquiet, elle avait pu constater et mesurer d'elle-même le potentiel de ce groupe, elle ne lâcherait pas le morceau aussi facilement.
Toute la pression retomba subitement et Tohma se laissa choir sur son fauteille demandant d'un geste lasse un verre d'alcool à sa secrétaire qui avait timidement passé la tête par la porte du bureau.
