Auteur : Yami Flo
Genre : Général, Humour. Tout le monde réfléchit (si, si ! C'est possible !), Dan continue ses avances, Sasuke continue de déguster, les cousines Suiteki discutent garçons, Shikamaru risque des ennuis, et Neji et Aoi ont d'intéressantes conversations nocturnes…Neji ? Respire, vieux !
Disclaimer : Si Naruto était à moi, je n'écrirais pas de fanfictions. Et si c'était le cas, Shizuka, Aoi, Masaru et Yume feraient parti de l'histoire…
Chapitre 9 : L'Art Du Zen
La fin du voyage s'était déroulée dans une humeur…dangereuse, aurait-on pu dire. Ce n'était pas tout à fait vrai, aurait remarqué l'observateur anonyme. Cela dépendait des moments et, surtout, des personnes.
En fait, elle changeait toutes les deux minutes. Les derniers kilomètres jusqu'au village avaient été éreintants. En effet, Ono Dan, toujours perdu dans son délire selon lequel il avait découvert un ange et une déesse complètement folle de lui, n'avait cessé de réclamer un baiser soit à Yume, qui avait répondu à grand enchaînement de prises dignes d'un catcheur, soit à Aoi qui, ayant emprunté des kunai à Tenten, n'hésitait pas à en lancer sur l'inopportun, non sans maudire le sort qui l'avait fait ressembler à ses congénères féminins.
La dite Tenten suivait avec un œil rond les tentatives de drague éhontées du bretteur sur la personne de leur cadet, sans pour autant se mêler de l'affaire. S'il sautait ainsi sur toutes les femmes, elle préférait largement qu'il l'ignore. Et, en désespoir de cause, elle se rapprocha imperceptiblement de Neji. Elle vit un nouveau kunai passer à ras du crâne du ninja d'Iwa, et elle soupira. A ce rythme, Aoi allait finir par tous les utiliser. Enfin, du moment qu'il lui en rachetait d'autres, elle n'avait rien à dire.
Masaru, de son côté, observait ses deux coéquipiers avec un formidable sourire. Non pas qu'il eut souhaité qu'une telle chose arrive à Aoi, non, il l'aimait bien, mais le fait que Yume soit plus occupée à corriger le ninja d'Iwa nommé Dan lui permettait de jouir d'un certain repos. Il n'était plus le cobaye numéro un des techniques de taïjutsu de la brune, quelqu'un d'autre subissait, et sans se plaindre, encore ! En second lieu, elle ne pouvait pas non plus utiliser les informations découvertes sur le fait qu'il soit atteint de vertige afin de le taquiner, ce qui était encore plus réjouissant. Avec un peu de chance, elle finirait même par les oublier…
Gaï suivait des yeux sa nouvelle élève, évaluant ses connaissances en matière de taïjutsu, et songeant déjà aux techniques à mettre en pratique pour la faire progresser plus avant. Un fait lui apparut clairement en la voyant frapper : elle ne pouvait pas suivre le même entraînement que Lee, pas tout de suite, en tout cas. Oh, elle avait de bonnes bases, remarqua-t-il en voyant Yume envoyer un coup de genou dans le ventre de Dan, trois fois de suite, avant de devoir reposer la jambe pour ne pas être déséquilibrée, mais elle manquait de style. Ses attaques exprimaient une force brute mais c'était peut-être seulement du à son humeur du moment. Elle ne manquait pas de souplesse et de rapidité, ce qui était un bon point. Peut-être devrait-il augmenter son endurance en lui faisant porter des poids ? Il devait avoir la vieille paire de départ de Lee quelque part chez lui…
Shizuka, elle, tergiversait mentalement sur la nécessité d'intervenir. D'un certain point de vue, il était inconvenant d'être ainsi poursuivi par un fou. Mais, d'un autre côté, peut-être que Yume pourrait faire des progrès en matière de socialisation. Aoi, par contre, était un autre problème. Le petit semblait très mal prendre la chose et elle ne le blâmait pas. Malgré tous les déboires qu'elle avait traversé, elle n'avait jamais eu affaire à ce genre de cas. Heureusement pour sa santé mentale. Et puis, elle savait que Shushiro ou même Haruko aurait déjà tué l'inopportun.
Lee suivait des yeux les tentatives infructueuse du genin de Iwa pour 'toux discrète' séduire les élues de son cœur. Elles lui rappelaient vaguement ses propres tentatives pour approcher Sakura-chan. Très vaguement. Lui n'avait jamais poussé l'audace jusqu'à tenter de toucher la poitrine de sa bien-aimée. Et la dite bien-aimée ne l'avait jamais fait passer par-dessus son épaule en lui tordant le bras avec la nette intention de le réduire en miette. Il cligna des yeux. Dan devait faire au moins vingt centimètres de plus que Yume et elle l'avait soulevé comme une plume. Il siffla discrètement. Sa nouvelle coéquipière avait une sacrée poigne. Et, selon ses dires, sa mère et son père étaient encore plus forts…Une flamme ardente apparut dans son regard. Il fallait à tout prix qu'il rencontre ces gens ! Avec leur aide, il pourrait peut-être enfin vaincre son rival éternel, Neji ! Et Naruto, aussi…Et puis Sasuke…Enfin, une longue liste de noms se bousculait dans son crâne.
Son regard glissa sur Aoi qui, tant bien que mal, avait réussi à planter un kunai dans la main de Dan, sans que cela semble déranger le concerné. En fait, à part une vague larme au coin de l'œil et une tirade enflammée sur le fait qu'Aoi n'avait pas à craindre les élans de son cœur et pouvait se laisser aller à sa passion, il semblait assez indifférent à sa nouvelle blessure.
Quant à Aoi…
Le blond avait l'air hargneux. Il ne ressemblait plus du tout au petit ange rayonnant de beauté et de douceur que Lee avait aperçu pour la première fois dans le bureau de l'Hokage, et qu'il avait côtoyé au cours de ce voyage. Et la métamorphose avait quelque chose d'effrayant. Est-ce que toutes les beautés du monde avaient l'air si terrifiantes lorsqu'elles étaient en colère ? Sakura, Ino, Aoi,…même Tenten, tiens, avaient l'air de devenir une toute autre personne quand elles étaient énervées. La schizophrénie sévissait-elle chez les ninjas ? Ah bien y réfléchir, Kakashi était louche…
Mais Dan poussait les choses à un tout autre niveau. Il se demanda vaguement ce qui pourrait bien arriver aux filles et à Aoi si jamais le genin dérangé continuait ses assauts passionnés. Une idée le frappa de plein fouet, tellement réaliste qu'il pâlit un peu. Il secoua la tête et serra les poings. Si les choses continuaient à déraper de cette façon, il allait faire un malheur.
Les jumeaux suivaient des yeux chaque tentative de leur camarade, pariant sur le temps qu'il mettrait à chaque fois avant de se faire éjecter par ses « dulcinées. » C'était une petite habitude qu'ils avaient développée avec un cercle restreint de la catégorie mâle. Heureusement pour eux : si jamais une de leur condisciple de l'académie avait appris la chose, ils seraient déjà morts. Néanmoins, l'éventualité était faible, et les jumeaux prudents. Iwao calculait déjà tous les profits qu'il pouvait tirer de la situation. Sato, plus réaliste, songeait pour sa part aux speechs enflammés que leur équipe ne manquerait pas de supporter une fois de retour au village. Ils avaient, chacun à leur façon, presque pitié des étrangers. Les pauvres allaient vivre un séjour inoubliable. Il espéra seulement que, comme Koma-sensei l'avait ordonné, Dan avait finalement fini par jeter sa tenue d'homme-grenouille. Un seul scandale au bain publique leur avait suffit, merci.
Kino Koma, assis à côté de Kobayashi-san dans la charrette, secoua la tête avec lassitude. Ce n'était pas parce qu'il avait seulement neuf ans que ses supérieurs n'allaient pas exiger un rapport de sa part. Et il en avait mal au crâne rien qu'à y penser. Si jamais il découvrait qui était le petit imbécile qui avait autorisé le passage de Ono Dan en tant que ninja, il le tuerait. La position des parents (à savoir les plus gros entrepreneurs d'Iwa no Kuni, et de lignage noble, s'il vous plaît) n'excusait ni ne permettait pas tout. Il y avait tout de même des limites à ne pas franchir. Mais bon, en jounin obéissant, on s'attendait à ce qu'il subisse et ferme sa…bouche. Ce qu'il faisait. Pour l'instant. Enfin, peut-être qu'avec l'arrivée des ninjas étrangers, il aurait droit à quelques jours de repos. Il avait justement un album de coloriages à terminer…
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A Konoha, durant le périple fatidique, les choses allaient de mal en pis pour un dénommé Uchiha Sasuke.
Il claqua la porte derrière lui, fissurant le mur tout autour du chambrant. Trois jours. Trois jours qu'une personne inconnue venait chez lui, durant son absence, mettre son appartement sans dessus dessous.
Une chose était claire, ce n'était pas Naruto. Le blond avait nié toute responsabilité dans cette affaire. Eh ! Il était pur et innocent, selon ses dires ! Il n'avait même pas su ce que Sasuke lui reprochait avant que ce dernier ne tente de lui envoyer un chidori ! Ce à quoi il avait répliqué en tentant un rasengan…
Sans l'intervention de Kakashi et de Sakura, les dégâts auraient pu être considérables…Sasuke avait d'ailleurs haussé les sourcils en voyant la kunoichi aux cheveux roses se mettre à hurler, non pas sur Naruto, mais bel et bien sur lui. Naruto avait eu sa part, lui aussi, mais quand même…Sakura…
C'est drôle comme elle paraissait à cran en ce moment. Et les cernes sous ses yeux indiquaient qu'elle ne devait pas beaucoup dormir…Il haussa les épaules. Ce n'était pas vraiment son problème. Mais si cela interférait avec l'entraînement ou les missions, il prendrait l'affaire en main. Il ne pouvait pas se permettre de perdre du temps dans ses activités.
En parlant de perte de temps…
S'il découvrait qui avait saboté la plomberie de l'appartement, il ferait un malheur. Descendant des Uchiha ou pas descendant des Uchiha, il n'y avait pas moyen de trouver un plombier avec une seule minute de libre à Konoha. Et ce n'était pas faute d'avoir essayé.
Râlant pour la forme, il prit une serpillière et commença à éponger consciencieusement l'inondation qui avait noyé le tapis du salon, une partie de la cuisine et la salle de bain. Oh oui, le coupable ne perdait rien pour attendre. Et quand il l'aurait eu, il lui rendrait la monnaie de sa pièce…
Akane l'observa stoïquement au travers de son miroir aqueux, confortablement installée dans sa chambre dans le manoir des Suiteki. C'était un objet qu'elle avait fabriqué elle-même, selon les explications de sa mère et de sa regrettée tante. Elle pouvait voir ce qu'elle désirait grâce à lui, pour peu qu'il y ait une source d'eau assez étendue non loin. Pratique quand vous vouliez vous cacher ou récolter des informations.
Elle reposa le miroir sur une table et s'étira longuement, un sourire aux lèvres. Sasuke était beaucoup plus amusant à énerver qu'Aoi. Son petit frère était un garçon quelque peu timide et trop poli pour son propre bien. Cela avait son charme de le taquiner, mais ses réactions étaient devenues trop prévisibles. Alors que, en s'en prenant à un Uchiha, à Uchiha Sasuke en plus, elle cassait un mythe. Qui aurait cru que le brun possédait des caleçons longs avec des ours et des cœurs ?
-Akane ? Je peux te parler une seconde ?
La jeune fille releva la tête, seulement pour croiser le regard de sa cousine Yukie. D'un geste de la tête, elle l'invita à s'asseoir auprès d'elle. Les deux filles restèrent silencieuses un long moment. Finalement, Akane finit par se remettre en position assise et se mit à engager la conversation.
-Alors ? Quel est le problème ?
-Eh bien…J'ai rencontré un garçon…
-Oh ! Une nouvelle histoire de cœur ! Attends, attends, faut que je sorte mon magnéto, s'exclama Akane en bondissant hors du lit et en se mettant à fouiller frénétiquement les tiroirs. Pour une fois que tu nous ramènes un homme à la maison ! Alors, vous en êtes à quel stade, pour l'instant ? Vous avez dépassé le stade des baiser langoureux ou vous en êtes toujours à celui des regards torves et de la main dans la main aux rendez-vous ?
-Akane ! Ce n'est pas du tout ce que tu crois, s'indigna Yukie, rougissante ! C'est un ami, rien de plus ! Et c'est quoi, cette autre histoire de cœur dont tu parlais ?
Akane eut un sourire nerveux. Si quelqu'un s'apercevait qu'elle utilisait les techniques familiales à outrance pour empoisonner la vie des gens, elle était bonne pour être consignée à vie dans sa chambre après avoir eu droit aux sempiternels sermons patriarcaux. Même si elle le faisait pour son petit frère adoré. Bon, d'accord, le petit frère en question n'avait rien demandé et Akane avait agit un peu à la hâte, mais c'était amusant de voir les réactions du petit Uchiha…
-Rien d'important, finit-elle par dire. Alors, c'est qui ce garçon, s'enquit-elle pour détourner la conversation ?
-…Un jounin, finit par dire Yukie en soupirant. Mais il est beaucoup plus jeune que moi, il ne doit pas avoir plus de quatorze quinze ans et il est déjà pris, finit-elle, dépitée.
-Ouch ! Ca, c'est le truc classique en amour, dit Akane en secouant la tête. Je suppose que tu attends quelque chose de moi, non ? Du genre : lui casser la tête pour qu'il accepte de sortir avec toi ? Parce que je te préviens, ce n'est pas ma catégorie…
-Non, non, pas du tout, s'exclama Yukie ! Je voudrais seulement…que tu m'aides à me faire remarquer auprès de lui. Peut-être que…peut-être que j'aurais une chance, si je l'approches, d'au moins lui dire ce que je ressens.
-Les romantiques, y a rien de pire, soupira Akane. Et il s'appelle comment, ton Roméo ? Parce que t'aider, je veux bien, mais si je n'ai pas le genre du spécimen chassé, je suis incapable de t'aider.
-Il…il s'appelle…
Loin de là, dans une boutique de vêtements, un pauvre jounin aux cheveux bruns noués en queue de cheval et ployant presque sous une montagne de sacs, éternua. Une jeune fille blonde sortit de la cabine d'essayage, moulée dans un ensemble crème qu'elle examina d'un air critique.
-Shikamaru ? Qu'est-ce que tu en penses ?
-Mouais, c'est joli. Ca te va très bien…
-Tu plaisantes, j'espère ! Cette tenue ne me va pas du tout au teint ! Allez, j'essaye l'autre !
Shikamaru soupira. Mais dans quelle galère s'était-il encore fourré ?
La prochaine fois qu'elle lui demanderait de l'accompagner faire du shopping, il refuserait. Et si elle insistait, menaces à l'appui, il demanderait à être muté quelque part, loin, très loin, où les boutiques en période de soldes n'existaient pas…
On pouvait toujours rêver, non ?
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La nuit était tombée depuis un long moment sur Iwagakure, mais pourtant, Hyuga Neji ne dormait pas. Allongé sur son matelas, les bras croisés derrière la tête, il fixait pensivement le plafond. Bien entendu, il savait qu'il avait besoin de repos, mais le sommeil ne se décidait pas à venir.
Il jeta un regard en coin aux autres occupants de la chambre. Maito Gaï ronflait. Neji grimaça. C'était une chose qu'il aurait voulu éviter d'apprendre sur son Sensei. Non loin de lui, Lee semblait pris dans une lutte acharnée avec ses couvertures. Quant à leur cadet, le dénommé Kamiya Masaru, il dormait si profondément que Neji doutait qu'une explosion puisse le réveiller. L'hypothèse aurait été tentante à vérifier mais il ne tenait aucun grief personnel contre le jeune garçon. En revanche, son amie brune, par contre…
Il se demanda comment se portaient les filles et Aoi. Il eut un petit sourire. Pauvre Aoi. Encore et toujours pris pour ce qu'il n'était pas. Mais il n'avait pas protesté outre mesure lorsqu'on l'avait assigné à résidence avec les femmes. Peut-être parce qu'il se sentait plus en confiance avec Shizuka-sensei et Yume pour veiller sur son sommeil ? Non qu'il le blâmait. Yume avait un caractère peu facile et probablement paranoïaque.
Shizuka…là, c'était un grand mystère. Neji secoua la tête pour éviter de se pencher sur ce problème. Cependant, il se souviendrait longtemps du hurlement d'agonie qui avait retentit dans les couloirs de l'hôtel quelques heures plus tôt. S'étant précipités dans la chambre des filles – dont, avait-il noté au passage, la porte avait était arrachée violement – lui et ses coéquipiers mâles avaient découvert Shizuka en larmes sur son matelas parce qu'elle avait oublié son Usa-sama.
Atterrant ! Les conséquences s'étaient faites sentir à court terme, cependant. Quand Dan, n'ayant visiblement pas écouté les conseils de son professeur comme de quoi il se devait de laisser les nouveaux arrivants en paix, s'était présenté à la porte de la chambre, un coup de poing rageur l'avait propulsé à travers le mur.
En laissant une silhouette humaine.
Neji ne savait pas trop quoi penser de cette histoire. D'un côté, elle lui avait prouvé que Tatsumaki Shizuka était encore plus gamine qu'il ne le croyait. De l'autre, sa récente démonstration de force montrait qu'elle n'avait certainement pas usurpé son titre de jounin de Konoha et qu'elle pouvait veiller sur ses élèves. Aoi était dans de bonnes mains. Etranges, certes, mais compétentes.
Néanmoins, Neji n'était pas tranquille pour lui. Ce type, ce…Ono Dan, n'abandonnait pas ses déclarations enflammées à l'adresse de Yume et de l'androgyne blond. Tenten y avait également eu droit, s'étant, malheureusement, trop rapprochée de Aoi pour lui donner d'autres armes. Résultats : Ono Dan l'appelait maintenant la 'Princesse Divine' et avait une fois de plus tenté sa chance. Et, malgré les diverses prises de taïjutsu, les lancés de kunai à 1 millimètre de sa personne et les quelques jutsu utilisés pour le tenir à distance, il ne se décourageait pas. Au moins, il avait cessé de les attaquer à tout instant. Point positif ? Neji en doutait fortement.
Un petit bruit rompit le confortable silence, et Neji fronça les sourcils. Une latte de parquet craqua dans le couloir. Une forme sombre se dessina sur le mur alors qu'une chandelle faisait son apparition près de la porte, laissée ouverte pour la nuit.
Une silhouette menue entra dans leur chambre. Instantanément, Neji porta la main au kunai qu'il gardait sous son oreiller. Déformation professionnelle. Il serra les dents. Il aurait du se douter que les ninjas de Iwa tenteraient quelque chose contre eux. Peut importaient les supposés traités de paix, il était futile de croire qu'on laisserait vivre des ninjas ennemis dans ses propres murs, en dehors des périodes d'examens, bien entendu.
La silhouette sembla hésiter un moment avant d'entrer. Elle tournait la tête à droite et à gauche, presque craintivement. Aussi silencieusement qu'elle le put, elle s'approcha de Neji et s'agenouilla près de lui. Aussitôt, le membre de la bunke se redressa et plaça le kunai le long de la gorge de l'intrus. Intrus qui, pas surpris du tout par la manœuvre, approcha la chandelle de son visage, avant le la poser au sol.
Le visage baigné de larmes de Suiteki Aoi lui apparut alors en pleine lumière. Sans laisser à Neji le temps de réagir, il se jeta dans ses bras en gémissant et enfouit sa tête contre l'épaule de son senpai.
-Neji-kun, je t'en supplie, aide-moi ! J'en peux plus ! Je vais craquer !
Neji cligna des yeux. Une fois. Deux fois. Et, mû par un réflexe, resserra ses bras autour de la forme frêle. Allons, bon, qu'est-ce qui arrivait au jeune garçon ? Peu habitué à de telles démonstrations, même lorsqu'elles venaient du blond, et ne sachant absolument pas quoi faire, il opta pour les quelques mots gentils que sa mère lui disait lorsqu'il était encore enfant.
-C'est bon, Aoi, c'est bon, je suis là…
-Je veux mourir, sanglota Aoi ! C'est intenable !
-Aoi, ne dis pas de bêtises ! Et baisse la voix, tu vas les réveiller, ajouta-t-il en désignant d'un signe de tête le reste des garçons, toujours profondément endormis. Tu ne voudrais quand même pas qu'ils te voient dans cet état ?
Aoi sembla se calmer un peu. Il se décolla de Neji et s'assit en tailleur devant lui. Le jeune Hyuga en fit de même. Ce n'était pas la première fois que cela leur arrivait. Depuis sa défaite à l'examen des chunins, quelques années plus tôt, Neji était devenu moins antisociable, même si la différence ne sautait pas aux yeux tout de suite. Mais Aoi avait vite noté le changement. Neji s'était toujours demandé comment.
Les clans Hyuga et Suiteki se connaissaient depuis des années et il était même prévu que Suiteki Murasaki, le frère aîné de Aoi, épouse une jeune fille de la bunke pour lier un peu plus les deux familles. C'était dans ce genre de rencontres que Hyuga Neji avait rencontré pour la première fois le fils cadet des Suiteki, un enfant adorable, qui lui avait fait penser à Hinata d'une certaine manière. Etant les seuls enfants présents, et probablement selon l'idée des adultes, ils avaient sympathisé. Enfin, sympathisé…Neji s'était surtout retenu de lancer un Kaiten sur le môme de cinq ans qui avait pris l'habitude de le suivre partout comme un petit chien. Au bout du compte, il s'y était fait mais non sans mal.
Et, au final, Neji ne regrettait pas cette amitié ténue entre eux. Aoi ne portait de jugement sur personne (ou presque) et faisait de son mieux pour arranger les choses. Neji pouvait s'ouvrir à lui, parfois. Mais, ces derniers temps, l'inverse était devenu plus courant.
-Alors ? Quel est ton problème, demanda Neji à voix basse ?
-Ma vie entière est un problème, Neji-kun ! Je ressemble trop à une fille, ma sœur se sert de moi comme d'une poupée, ma famille m'ignore, mon Grand-père me méprise, mon Sensei ne comprend rien à mes problèmes, mes coéquipiers sont trop pris par leurs propres querelles pour faire attention à moi, je n'arrive pas à maîtriser nos techniques familiales et je me suis fais embrasser par un autre homme ! Et là-dessus, nous quittons Konoha et tout ça pour qu'un type me harcèle ! Comment veux-tu que je reste calme !
Neji se massa les tempes. Aoi avait parlé à toute vitesse, sans reprendre son souffle, passant à des sujets différents à chaque fois, et le Hyuga avait eu un certain mal à tout déchiffrer. Il soupira. La nuit serait tout sauf reposante.
-Pour ta famille, je ne peux rien dire. Tu sais déjà les problèmes qui sévissent dans la mienne…
-Malheureusement, constata Aoi. Je suis heureux qu'il n'y ait pas ce genre de système chez nous.
Comme s'il ne l'avait pas entendu, Neji continua.
-Ton physique…efféminé pourrait faire de toi un très bon espion car on se méfie souvent peu des personnes à l'air fragile. Ta sœur est un problème que tu dois résoudre par toi-même.
-Neji, tu connais Akane, toi aussi. Tu sais, comme moi, de quoi elle est capable…
-Malheureusement, grogna le jeune Hyuga, se souvenant trop bien des frasques de Suiteki Akane. Concernant ton équipe…J'ai vu ce qu'elle donnait et, franchement, je m'étonne qu'elle marche aussi bien.
-Beaucoup de monde le fait. Shizuka-sensei semble avoir une sacrée réputation. Mais le plus ennuyeux, c'est plutôt les relations entre Masaru et Yume. Ils se battent au moindre prétexte.
-Et tu joues les états tampons, acheva Neji, pensif.
C'est un jeu risqué, mais je crois qu'il existe une personne pour remplir ce rôle dans presque toutes les équipes…songea-t-il.
Aoi soupira et se mit à triturer le bout de sa natte d'un air songeur.
-Plus ou moins. Mais, malgré cela, je n'échangerais ma place pour rien au monde. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais j'ai vraiment l'impression d'avoir trouvé ma place quand je suis avec eux. Tu dois trouver ça stupide, acheva-t-il avec un sourire tremblant.
Neji haussa les épaules. Aoi était avant tout un émotif et un instinctif, s'il aimait son équipe malgré les innombrables problèmes qu'elle pouvait lui amener, il n'avait rien à dire. Il ne pouvait que prier pour les choses ne se détériore pas d'avantage.
-Au fait ?
-Oui ?
-Qui est le type qui t'a embrassé ? Cela fait plusieurs fois que vous faites référence à cette histoire…
-C'est…non, je préfère ne pas le dire.
-Aoi, si tu ne me dis rien, je ne peux pas t'aider. Je veux juste savoir si j'aurais besoin de mettre les points sur les « i » avec cette personne quand nous rentrerons.
-Pourquoi ? Ce n'est pas comme si le problème te concernait…
Neji cligna des yeux, perplexe. Effectivement, de quoi se mêlait-il ? Les histoires du blond ne le concernaient aucunement. Mais…Quelque part au fin fond de son esprit, vivait l'idée que de martyriser le petit Aoi aurait été comme de martyriser Hinata-chan. Quelque chose d'intolérable. Bon, d'accord, Neji n'avait pas de rapports particulièrement amicaux avec sa cousine, et il ne s'était pas gêné autrefois pour l'enfoncer, mais depuis l'examen des chunins, deux ans plus tôt, ils en revenaient à des discussions polies.
Mais il ne pouvait pas l'avouer à Aoi. Aussi, il trouva une explication logique et, selon lui, assez satisfaisante.
-Aoi, cette histoire te travaille, cela se voit. Elle pourrait finir par altérer tes capacités sur le terrain et ce n'est définitivement pas quelque chose que je voudrais risquer, expliqua patiemment Neji. Alors, qui ?
-…Uchiha Sasuke, finit par murmurer Aoi, au point que Neji l'entendit à peine.
Neji plaqua une main sur sa bouche pour retenir son cri d'horreur et surtout un fou rire consécutif à la révélation. Aoi ne pouvait pas être sérieux, tout de même ? Mais, en le voyant, rouge de honte, les poings serrés, Neji n'eut plus aucun doute ; il était sérieux. Une seule question s'imposa à lui.
-Sasuke ? Mais comment… ?
-Un accident. Je suis tombé, il m'a rattrapé, j'ai relevé la tête, il a baissé la sienne, et…bon, tu devines la suite, soupira Aoi en faisant un geste de la main.
S'en fut trop pour Neji. Il se laissa tomber en arrière et éclata de rire. Dans son sommeil, Lee gémit, et Masaru se contenta de se retourner. Gaï resta parfaitement immobile. Aoi, fâché, ne prit même pas la peine de baisser le ton.
-Ce n'est pas drôle ! J'ai failli me faire tuer par sa compagne et j'ai reçu plusieurs lettres de menaces lorsque Masaru en a fait part à d'autres personnes. Les Kamis soient remerciés, mon Grand-père s'occupe peu des rumeurs ou de lire mon courrier, sinon, je serais mort. De plus, Akane en a eu vent et elle m'a asticoté à ce sujet ! Elle croit que je suis…
Neji s'arrêta de rire, se rassit, et entreprit de calmer son cadet.
-Aoi, si c'était un accident, tu n'as rien à craindre. Ton Grand-père ne peut pas te tuer pour une broutille pareille.
-Mais tu ne comprends pas, Neji ! C'était peut-être un accident et j'étais choqué, mais…j'ai aimé ce baiser ! J'ai aimé me faire embrasser par un autre homme !
Neji ouvrit la bouche. La referma. L'ouvrit. La referma. Peine perdue. Il était vraiment à court de paroles. Toute trace de raison ayant déserté les lieux, le cerveau du chuunin se mit sur le mode automatique. Bieennnn. Restons logique. Restons zen. Surtout, ne pas céder à la panique. Récapitulons les faits.
Suiteki Aoi, petit frère et/ou ami non officiel, et il ne tenait pas à ce que cela s'ébruite, avait embrassé Uchiha Sasuke, dernier, ou presque, membre du clan prestigieux des Uchiha. Le même Sasuke qui possédait un fan club composé de furies idolâtres. Ils s'étaient embrassés devant tout le monde. La réaction de Sasuke restait un facteur inconnu mais Aoi se posait des questions sur sa propre sexualité et tout ça alors qu'il venait juste d'atteindre la puberté. Sur ce, il devenait une cible vivante pour toute créature désirant devenir la petite amie officielle du grand ténébreux, ce qui s'était, selon toute vraisemblance, déjà réalisé. Et il devenait également la cible d'attentions non voulues de la part d'un obsédé notoire d'Iwa.
Il comprenait mieux que Aoi soit traumatisé, tiens.
-Aoi, ce n'était qu'une expérience, rien de plus. Cela ne veut pas forcément dire que…
-Mais je n'ai jamais eu envie d'embrasser une fille avant !
-Et alors ? Moi non plus. Pas plus que je n'ai embrassé un garçon. Aoi, tu viens tout juste d'atteindre la puberté, c'est normal que certaines choses te travaillent. Mais surtout, soit reste calme. Un accident ne veut rien dire.
-Oh.
-Quant à ce type…nous quitterons Iwa no Kuni après-demain, dès que nos réserves seront prêtes et que nous aurons touché notre salaire. Tu n'auras plus à t'en soucier.
-Mais il ne veut pas me laisser tranquille ! Yume et Tenten peuvent le maintenir à distance, mais moi…Et je ne peux pas les suivre partout ! Ce serait inconvenant !
-Tu as essayé de lui dire que tu étais un homme, s'enquit Neji, lassé ?
Aoi changea de position, soupirant lourdement.
-Plusieurs fois. Mais il refuse absolument de m'écouter ! Et je ne compte pas le laisser me tripoter pour qu'il s'en rende compte par lui-même. Ce garçon est une nuisance ! La question soulève des polémiques dans la chambre des filles, tu sais. Yume vote pour l'anéantissement pur et simple de la menace Dan, quitte à déclencher une guerre. Tenten est partagée, elle préférerait un assassinat discret, qui ne porte pas l'attention sur nous, mais vu le genre de la cible, ce serait tout, sauf discret. Quant à Shizuka-sensei…comme elle est assez peu concernée par le problème, mais qu'elle s'inquiète beaucoup pour la santé de ses étudiants, elle m'a dit qu'en cas de problème, elle s'arrangerait pour venger ma vertu.
-Très honorable de sa part, dit Neji, sarcastique.
-Pitié, n'en rajoute pas, soupira Aoi. Elle est peut-être une personne de bonne compagnie quand il n'y a pas de portes aux alentours et quand elle n'a bu ni alcool ni café, elle peut être un professeur compétent pour peu que ses idées sur la conception de l'enseignement ne soient pas trop loufoques, mais question réconfort, elle est loin d'atteindre le haut du panier.
Neji haussa un sourcil. Ce n'était pas le genre d'Aoi de parler de cette manière. Soit il était vraiment très fatigué, soit cette histoire de harcèlement moral lui faisait plus d'effets que prévu. Aoi continua à parler, l'air las.
-Cependant, elle a décidé d'un plan d'action. D'après Shizuka-sensei, le mieux, pour qu'il me laisse tranquille, serait de le convaincre que je ne suis pas…libre, souffla Aoi.
-Libre ?
-Comme dans…sortir avec quelqu'un, tenta Aoi ?
-C'est bien joli, mais je ne vois pas en quoi je pourrais t'aider, constata le Hyuga.
Aoi eut un étrange sourire.
-C'est en partie pour cela que je suis là, Neji-kun. Je voudrais te demander quelque chose…
-Je t'écoute.
Il avait un mauvais pressentiment qui lui hurlait de se carapater d'ici avant de se faire piéger. Aoi eut un sourire timide, celui que Neji avait appris à cataloguer comme le numéro 7 « Je serais vraiment malheureux si tu refusais, alors s'il te plaît, ne me dis pas non », et, nota-t-il avec un temps de retard, qu'il affichait son regard « Je t'en pris, j'ai vraiment besoin de toi, ne m'abandonne pas maintenant ». L'un des plus terribles de sa gamme. Neji se sentit frissonner malgré lui.
-Nous en avons longuement délibéré avec Shizuka-sensei, Yume et Tenten sur les bienfaits, existants ou non, de cette idée. La proposition a été accueillie à la majorité moins une voix et je n'étais pas impliqué dans le vote. Une solution a été décidée pour garantir ma sécurité mais il ne tient qu'à toi qu'elle se réalise. Neji-kun, pourrais-tu…pourrais-tu jouer le rôle de mon petit ami pendant que nous restons ici ? Pour me protéger…
Neji passa par une belle palette de couleur – allant du blanc au vert, en passant par le rouge – avant de s'effondre sur son matelas, complètement inconscient. Aoi secoua la tête et entreprit de le réveiller en lui versant le contenu d'une petite carafe d'eau, laissée à la disposition de la petite équipe sur une table.
Neji pourrait s'évanouir une fois qu'il aurait dit oui mais pas avant.
Sur son lit, Gaï, qui avait le sommeil moins lourd que n'auraient voulu le croire les deux garçons, sourit. Enfin, il n'avait entendu que la fin de la discussion, à savoir la dernière phrase prononcée par Aoi, mais il en tirait ses propres conclusions. La fleur de la jeunesse était entrain de s'épanouir. Neji devenait un véritable homme malgré ses préférences douteuses.
Et il était de son devoir en tant que mentor de faire en sorte que cet amour perdure !
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Un nouveau chapitre ! Enfin !
Désolée pour le retard, vraiment, mais je profite des vacances pour m'avancer dans ma traduction de La Légende Commence (histoire sur les Samouraïs de l'Eternel, si certains veulent la lire, faites un saut dans la catégorie Ronin Warriors ou consultez mon profile) et bon, le reste des histoires passe un peu au second plan. Enfin, je n'abandonne pas les autres. Le nouveau chapitre de Dans Nos Larmes est prêt, il sera mis en ligne très bientôt. J'espère…
Le plan réussira-t-il ? Quelle sera la réaction de Dan devant le 'couple' ? Qu'est-ce qui attend Shikamaru ? Sasuke continuera-t-il à subir les foudres de Akane ? Que réserve encore à nos genins le séjour à Iwa ? Et que comptent faire les professeurs ?
Toutes ces réponses (ou presque) au prochain chapitre !
RAR :
Tsukieina : Heureuse de voir que ce chapitre t'a plus. Nous allons voir les membres cette charmante équipe en action individuelle dès le prochain chapitre. Et pas dans le sens habituel du terme…
Luinil Azuretoile : Oui, la petite bande est fun, c'est un fait, et c'est vrai que Koma est trop chou. Des nerfs d'acier, cependant…'rire diabolique', c'est pas encore sûr !
Onalurca : Comment ne pourrait-on pas aimer Aoi ? La seule idée me sidère ! Pauvre petit…si mignon qu'il ne cesse de s'attirer des ennuis. La question du yaoi est à l'étude. Il y aura au moins un couple yaoi dans cette histoire, et peut-être pas celui auquel on pourrait s'attendre…Je verrais avec qui caser Aoi en temps voulu, même si je trouve que, compte tenu de l'âge des persos, on a le temps côté romance.
Sakoni : Ah, Dan, on le type qui me fait marrer tout en me donnant la migraine. Un cas, celui-là…Et le reste de l'équipe ne sera justement pas en reste. J'aime bien tes fics, tu sais, et j'ai même brancher ma petite sœur dessus (Envy est son homonculus favori) !
Bonus : Fiche d'identité
Ono Dan (Ono : Hache et Dan : Homme)
Cheveux : Bruns, bouclés
Yeux : Noirs
Age : 16 ans
Taille : 1m71
Poids : 67 kg
Groupe Sanguin : AB
Anniversaire : 4 Novembre
Statut : Genin
Techniques : Bretteur confirmé, ne dispose d'aucune aptitude en taïjutsu et en genjutsu. Possède peu de techniques de ninjutsu.
Description : Fils unique d'une riche famille du pays d'Iwa et accepté à l'académie uniquement pour les fonds que ces derniers y ont fourni, Dan est un garçon vivant dans un monde fantaisiste. Il se croit irrésistible mais fait fuir toute personne de sexe féminin qui croise son chemin. Lecteur assidu de 'Icha Icha Paradise', même s'il n'a pas l'âge légal. Il donne des migraines interminables à son professeur, ses coéquipiers et surtout, à ses supérieurs…
Famille : Son père, sa mère (Ono Akagane et Ono Kizuko)
Missions :
A : 0
B : 0
C : 4
D : 9
Merci à ceux et celles qui prennent la peine de me laisser une review. Cela m'encourage à continuer et à m'améliorer.
A bientôt.
