Merci à Anacofleb et Miss Wendy Malfoy.
Disclaimer: Le monde d'Harry Potter, ses personnages et tout le reste appartient à JK Rowling.
Défi « Voler »
Envole-toi, mon joli phénix
*****ATTENTION : Mort d'un personnage. Soyez avertis.******
C'est dommage que tu l'aies vu le jour de sa combustion, dit Dumbledore en s'asseyant derrière son bureau. La plupart du temps, il est très joli, avec un plumage rouge et or. Les phénix sont des créatures fascinantes. Ils peuvent transporter des charges très lourdes, leurs larmes ont de grands pouvoirs de guérison et ils sont très fidèles. —JKRowling, CoS.
Lorsque j'arrivai enfin chez Ron et Hermione, le ciel était déjà d'un bleu sombre, prémices d'une nuit chaude et étoilée. Seule une lueur orangée apparaissait encore à l'horizon, loin au-delà du petit cottage appartenant à mes deux meilleurs amis.
Le cœur déjà gros et les yeux embués de larmes, j'avançai vers la demeure devant moi et cognais. Une magnifique vieille femme vint m'ouvrir. Ses cheveux frisés étaient désormais parsemés de mèches blanches, me rappelant les filaments brillants caractéristiques des traînées d'étoiles filantes. Ses yeux rieurs, d'un brun noisette, avaient aujourd'hui perdu toute trace de bonne humeur. Néanmoins, ses adorables rides trahissaient la vie heureuse qu'elle eut vécu.
« Bonsoir, Hermione. » Je l'embrassai chaleureusement, la serrant dans mes bras.
Pour unique réponse, j'eus droit à deux sanglots. Je lui caressai doucement le dos et osai enfin demander comment il allait et où il se trouvait.
« À l'étage, » souffla-t-elle.
Je la remerciai, saluai enfants et petits-enfants du couple, agrippai ma canne et montai l'escalier de bois massif.
« Harry ? » Je m'arrêtai. « Merci d'être venu, » dit-elle, et j'hochai de la tête pour unique réponse.
Parvenu enfin à l'étage, je passai quelques portes et j'entrai enfin dans la chambre à coucher de mon plus vieil ami.
« Hey, » sourit l'homme en me sentant entrer.
« Hey… » Tentai-je, mais le son mourut dans ma gorge et seul un sanglot en émergea.
Ron ouvrit les yeux. Ses cheveux, autrefois si roux, si vifs, avaient désormais une teinte plutôt terne, parsemée de gris. Son visage était recouvert de rides, et donc ses yeux semblaient rire constamment. Seuls ses iris d'un bleu aussi profond que l'océan semblaient avoir gardé leur jeunesse. Je regardai mon ami et ne reconnus pas le corps du vieillard mourant devant moi. Comment avions-nous pu vieillir autant sans nous en apercevoir? Encore hier, nous avions onze ans…
« Comment ça va ? » Demandai-je, prenant place sur le lit.
« Je vais mourir, Harry, » répondit simplement Ron, un doux sourire aux lèvres.
Aussitôt, je me détournai et essuyai de sous mes lunettes les larmes qui menaçaient de couler sur mes joues.
Ron sourit davantage. « Ne pleure pas… pas pour moi… je n'ai rien à regretter. »
« Merlin que tu vas me manquer… » Soufflai-je alors, la voix emplie de sanglots. J'attrapai la main de Ron et la serra vigoureusement entre les miennes. Ses doigts étaient déjà froids.
Les yeux saphir se fermèrent un instant.
« Non! » Soufflai-je, paniqué, mais mon Ron rouvrit ses si jolis yeux, toujours souriant.
« Je ne pars pas vraiment, tu le sais, ça, Harry ? Dis-moi que tu le sais. Que je resterai là, pour toi. »
Que pouvais-je répondre?
« Je le sais. »
Et il hocha la tête, satisfait.
Mais le savais-je vraiment ? Mon meilleur ami – mon tout premier ami – mon frère s'en allait, pour de vrai, pour de bon, cette fois-ci. Après tout ce qu'on avait vécu, après tout ce qu'on avait réussi à passer à travers, il partait définitivement, seul, loin de moi… sans moi. C'était égoïste, je le savais, mais je ne voulais pas le laisser partir.
Il souffrait depuis plusieurs mois, mais depuis plusieurs jours, c'était pire. Il était vieux, il était épuisé.
Hermione, même ma douce Hermione, qui l'avait aimé comme personne, avait déjà fait son deuil. Ses enfants, son magnifique Hugo et sa petite Rosie, avaient également compris et respecté son départ. Même ses petits-enfants comprenaient.
Mais moi, non!
Et Ron refusait de partir tant que je ne l'aurais pas accepté.
Hermione m'avait supplié de venir le voir… lui parler… afin qu'il puisse partir en paix, mais je n'avais rien voulu entendre. Si mon entêtement pouvait le garder en vie, alors je resterai entêté.
Mais la vie n'est pas ainsi faite… et on ne peut pas toujours avoir tout ce qu'on désire…
Et quand j'ai reçu le hibou d'Hermione, ce matin, j'ai compris que j'agissais encore en imbécile. J'ai compris que Ron devait partir, avec ou sans mon consentement. Et j'ai compris que cela se passerait dans les prochaines 24 heures… Qui étais-je pour lui refuser cette paix? Étais-je à ce point égoïste? Avais-je le droit de priver mon meilleur ami d'une mort paisible, après tout ce qu'il avait fait pour moi?
Alors voilà où j'en étais… assis sur le lit d'un mourant, lui faisant mes adieux et essayant de croire que ce qu'il me disait était vrai; qu'il ne partait pas, pas vraiment.
Puis, un souvenir me revint en tête. Un souvenir vraiment loin et plutôt flou. Un souvenir, si je me rappelle bien, qui n'avait pas vraiment de rapport avec Ron… et pourtant…
J'ai connu un sage, autrefois. Un vieux sorcier, un peu loufoque, mais dont la vérité et la sagesse emplissaient chacune de ses paroles.
Je regardai mon ami Ronald et certains mots me revinrent à l'esprit.
« C'est dommage que tu l'aies vu le jour de sa combustion. La plupart du temps, il est très joli, avec un plumage rouge et or. Les phénix sont des créatures fascinantes. Ils peuvent transporter des charges très lourdes, leurs larmes ont de grands pouvoirs de guérison et ils sont très fidèles. »
J'eus un sourire. C'était exactement mon Ron, ça! Un phénix. Mon phénix. Je le revis, à ses 15 ans, transporté par les membres de l'équipe de Quidditch de Gryffondor, vêtu de rouge et d'or, un sourire fendant son visage encore un peu enfantin, laissant la foule scander « Weasley est notre roi! » Oui, il était beau!
Oui, il était tout aussi fascinant! Drôle, courageux, téméraire, stratégique, farfelus, compréhensif, encourageant, dévoué et authentique.
Et il pouvait porter des charges très lourdes, oh ça, oui! Quand on est le meilleur ami de l'Élu, en pleine guerre, qu'on n'a que 17 ans et qu'on veut malgré tout le suivre, et réussir à porter une partie de son fardeau à sa place, comme il l'a fait, pour moi, c'est exactement ce que porter de lourdes charges signifie. J'y repense aujourd'hui, avec du recul, et j'ose me demander, si les rôles avaient été inversés, l'aurai-je suivi partout, comme il l'a fait? Et à ma grande honte, la réponse reste toujours aussi obscure.
Leurs larmes ont de grands pouvoirs de guérison. Si seulement il savait à quel point c'était vrai. Lui ai-je déjà dit? Je ne crois pas. Mais sa présence à mes côtés, lors de la perte d'un être cher, quand il pleurait tout comme moi, il réduisait de moitié ma peine. Le savoir, lui, toujours présent et encore en vie, Merlin que ça aidait. Pleurer sur son épaule avait souvent été une délivrance.
Mais il ne saura jamais à quel point il était précieux, mon phénix. Il ne le saura jamais, car il vient tout juste, et ce pour une dernière fois, de fermer les yeux, me cachant à tout jamais ses saphirs d'océan qui éclairaient ma vie.
Mais il ne part pas vraiment, je le sais, ça, maintenant. Je le sais, qu'il restera là, pour moi… puisqu'après tout, un phénix, c'est immortel! Ça renaît de ses cendres. S'il n'est plus près de moi, c'est qu'il s'est envolé.
Je déposai la main sans vie de Ron sur sa poitrine et souris. Un sourire difficile et tremblant, mais je souris néanmoins. Doucement, toujours aidé de ma canne, je me dirigeai vers la fenêtre et l'ouvris.
« Envole-toi, mon joli phénix, » murmurai-je au vent, murmurai-je à mon frère bien-aimé, murmurai-je à mon premier véritable ami, à mon phénix.
Fin.
