Tout Ce Qui Commence Doit Finir…

Auteur : Lynn2005

Votre adresse e-mail : lynn2005hotmail.fr

Averstissement : Pour des raisons de facilités, j'ai recommencé ma fanfic

Spoilers: tous les tomes déjà sortis, donc, du tome 1 à 6

Résumé général : Et si, avant de partir dans cette terrible quête des Horcruxes, le jeune Harry Potter décidait de changer le destin d'un de ses proches, qui pourrait alors lui prêter main forte? Spoiler tome 6

Disclaimer : Je ne possède rien ni personne, tout est à JK Rowling.

Chapitre 1: Au-delà du voile… Et si tout était différent?

- Quoi?

- DUBBLEDORE!

Harry se retourna. Au-dessus de leurs têtes, debout dans l'embrasure de la porte qui donnait sur la salle aux Cerveaux, se tenait Albus Dumbledore, sa baguette magique levée, le visage pâle et furieux. Harry sentit alors une sorte de décharge électrique traverser chaque particule de son corps –ils étaient sauvés

Dumbledore dévala les marches, passant devant Neville et Harry qui ne songèrent plus à quitter la salle. Dumbledore était déjà arrivé au pieds des gradins lorsque le Mangemort le plus proche s'aperçut de sa présence et l'annonça à grands cris. L'un des autres Mangemorts prit aussitôt la fuite, grimpant les marches à quatre pattes comme un singe. Le sortilège que lui lança Dumbledore le ramena en arrière aussi facilement que s'il avait été accroché à un filin invisible…

Seuls deux adversaires continuaient à se battre, sans s'être apparemment rendu compte de l'arrivée de Dumbledore. Harry vit Sirius se baisser pour éviter un jet de lumière rouge jailli de la baguette de Bellatrix. Il éclata de rire en se moquant d'elle:

- Allons, tu peux faire mieux que ça! S'écria-t-il, sa voix résonnant en écho dans la vaste salle….

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Tout était calme dans le petit quartier de Privet Drive. La nuit avait déjà voilé ses rues, recouvrant les environs d'une fine brume froide. Tout semblait endormi, errant dans des rêves paisibles, loin de tous les ennuis actuels -car ils étaient nombreux... La population avait été récemment prévenue au sujet d'un criminel très dangereux et déséquilibré qui serait en liberté. Bien qu'il serait étrange de voir un prisonnier en fuite s'abritait dans cet arrondissement, les habitants avaient tous redoublé de prudence. Depuis cette annonce, les rues étaient désertes dès que tombaient les ténèbres… Pourtant, seule au milieu de cette obscurité, une petite lumière vacillante s'échappait d'une des fenêtres du numéro 4.

Harry Potter était allongé sur son lit, se remémorant ce souvenir autrefois douloureux, le regard fixé sur le plafond de sa chambre qu'il ne distinguait pourtant que de façon floue. En face de lui, paisiblement endormie, sa chouette des neiges était enfermée dans sa cage dorée, elle-même posée sur une grande valise. Contrairement à son habitude, la chambre du jeune homme était rangée, et pour cause: seules encore deux-trois affaires traînaient sur le sol, le reste était soigneusement empaqueté dans la malle. Tout semblait indiquait un départ… pourtant, le jeune sorcier restait obstinément étendu sur son lit. Durant toutes ces années passées chez les Dursleys, Harry avait pris pour habitude de demeurer ainsi de nombreuses heures la nuit, ruminant de sombres pensées. Pourtant, une chose changeait aujourd'hui: le visage du jeune homme était éclairé d'un sourire. Certes, ce sourire était marqué par la tristesse, mais pourtant, Harry souriait: dans quelques heures, il allait quitter cette abominable famille, et vivre ailleurs.

Voilà pratiquement un mois que Harry était de retour de Poudlard… Les Dursleys se montraient de plus en plus distants -ce qui n'était pas vraiment pour lui déplaire; cependant, loin d'en paraître soulagé, le jeune homme paraissait renfermé, blessé… La mort de Dumbledore l'avait vraiment ébranlé. Le seul que Voldemort n'ait jamais craint… disparu à jamais…

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Dans quelques minutes, Harry atteindra enfin sa majorité, mais pourtant, à ce moment même, cela lui était égal. Ruminant ses obscures pensées, il feuilletait machinalement son livre de potion… celui du Prince au sang-mélé… celui de Rogue. Comment celui-ci avait pu trahir la confiance que Dumbledore lui accordait, au point de mettre lui-même fin aux jours de son mentor? Comment ce dernier avait-il pu faire confiance à un tel personnage, ancré dans la magie noire à jamais? Comment lui-même avait-il pu suivre ses conseils pendant une année entière à travers ce livre? Tandis que sa fureur s'amplifiait, Harry tournait obstinément les pages de ce maudit livre. Il le vengerait! Il ne pouvait laisser le partisan le plus fidèle aux côtés de Voldemort, alors que celui qui luttait contre le mage noir n'était plus.

Alors qu'il allait refermer violemment le livre, étant arrivé à sa fin, et s'allonger sur son lit, Harry remarqua quelque chose qu'il n'avait pas encore perçu. Fronçant les sourcils, le jeune homme tendit le bras pour attraper sa baguette, qu'il alluma immédiatement afin d'examiner le livre. L'année dernière avait été plutôt mouvementée, telle que Harry n'eut jamais l'occasion de lire entièrement le livre, et n'avait donc jamais remarqué que les trois dernières pages étaient complètement vierges. Le cœur battant, il prit alors sa plume, qu'il trempa dans l'encre, avant d'en faire tomber une goutte sur une des pages, comme il l'avait fait autrefois avec le cahier de Jedusor. L'enthousiasme du jeune homme retomba alors en constatant que la tache formée restait désespérément visible. Les douze coups de minuit sonnant dans le tranquille petit quartier de Privet Drive, Harry reposa la plume, et fouilla dans sa mémoire quelque formule qui lui serait utile. Il leva alors sa baguette et la pointa sur cette page obstinément immaculée, murmurant le mot revelatum. Redoutant un court instant que Rogue n'eut usé d'un sort plus puissant afin de cacher ses inventions, il eut la surprise de voir apparaître une fine écriture, tracée de la même main que celle du Prince, qu'il lut alors frénétiquement, le cœur battant à tout rompre. Le jeune homme fut alors étonné de remarquer que les sorts n'étaient pas la seule invention de Rogue: les trois pages étaient noircies de noms d'ingrédients, et de leurs applications à des potions, principalement des poisons.

Le regard de Harry fut alors attiré par la description d'une des potions: Permet de modifier un évènement d'une journée antérieure. Une annotation dans la marge fit tout de suite penser à Harry que son ancien professeur de potions ne devait pas l'avoir employée souvent: A n'utiliser qu'en dernier recours. Cette nouvelle capacité s'offrant à lui, le jeune sorcier se mit alors à lire et relire la préparation de la potion, laissant ses idées vagabonder: il pourrait empêcher le sacrifice de ses parents… sauver Dumbledore… arrêter Rogue… rattraper Pettigrow cette fameuse nuit… Un pincement au cœur, il s'imagina alors entouré de ses parents, souriant comme sur les photos qu'il aimait contempler pendant des heures, de Lupin, et de Sirius, enfin réunis… Sirius… Il pourrait l'empêcher de tomber à travers ce voile funeste… Mais Harry savait que s'il exécutait ce qui lui tenait à cœur, il pourrait changer le cours des choses à tout jamais… Il ne pourrait donc sauver ses parents sans permettre à Voldemort de garder son entière puissance, et de continuer la guerre sanglante qu'il menait à cette époque. Et cela, il ne pourrait le permettre. Une larme solitaire glissa alors délicatement le long de sa joue tandis que l'image de ses parents entourés de leurs deux meilleurs amis s'effaçait lentement. Il avait toujours souhaité changer le destin de ses parents, et maintenant que cette possibilité s'offrait à lui, il ne pourrait pas la réaliser. De rage, il referma violemment le livre, provoquant un grognement de l'oncle Vernon dans son sommeil. Pourquoi lui? Pourquoi était-ce à lui de vivre ce qu'il avait vécu? De vivre une enfance malheureuse, privé de ses parents? De mener cette terrible lutte contre le sorcier le plus puissant? Pourquoi était-ce à lui de tuer, ou être tué? Et pourquoi, pourquoi Dumbledore l'avait abandonné au moment où il en avait le plus besoin? Dans un excès de colère, Harry balança le livre à travers sa chambre: et si, après tout, il décidait quand même de sauver ses parents? Mais que ferait un bébé âgé d'un an contre le mage noir le plus puissant de l'époque? Car la potion ne se comportait pas comme un simple retourneur de temps: elle renvoyait la personne au même endroit, au même instant où l'événement que l'on désire changer s'était déroulé, avec pour seul souvenir le détail à modifier. Et Harry comptait bien s'en servir, même si le désir ardent de rejoindre ses parents était impossible à réaliser…

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Minuit sonna au clocher de l'église de l'arrondissement, se répercutant sur chacune de ses faces. Un vent frais souffla doucement sur la cime des arbres, qui s'agitèrent alors tels des spectres dans cet étrange brouillard, tandis qu'un long hululement déchira le calme de la nuit, rendant une atmosphère des plus inquiétantes. Sortit de ses pensées par les douze coups, le jeune homme bondit alors sur ses pieds. Cherchant les dernières affaires qui manquaient à l'appel, il se dirigea assez rapidement vers sa valise, valise close quelques minutes après. D'un coup de baguette, elle fut réduite à une très petite taille, si petite, qu'on aurait pu la confondre avec un coffre à bijoux. Harry s'en empara et la glissa délicatement dans sa poche, avant de se diriger vers Hedwige. Celle-ci dormait paisiblement, ou du moins, jusqu'à ce que le jeune homme la verrouilla d'un sort. N'aimant pas vraiment ce traitement, la jeune chouette tourna vers lui ses gros yeux ocres, et émit un hululement de reproche à l'attention de son maître, mais celui-ci ne lui prêta pas oreille. Harry empoigna la cage et jeta un rapide coup d'œil à l'intérieur de la pièce, vérifiant ses affaires. Un léger sourire aux lèvres, il s'avança ensuite vers la porte, mais se retourna au dernier moment: après 7 ans dans cette horrible pièce, il allait enfin la quitter… Franchissant la porte, il referma celle-ci délicatement.

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Le petit quartier londonien était plongé dans une nuit brumeuse, où régnait un silence des plus étonnants. Du côté moldu comme du côté sorcier, aucun passant ne déambulait plus dans les rues, la terreur les poussant à rester enfermés chez eux, abrités par quatre murs pourtant impuissants face à ce nouveau danger. Seule une petite chambre d'un pub miteux semblait encore dotée d'une vie. Harry Potter était assis en tailleur sur le sol de sa chambre, devant son petit chaudron en étain, suivant les instructions de son cahier. La petite aiguille de l'horloge dressée derrière lui se positionna dans un léger cliquetis sur le chiffre quatre, déclenchant alors un très faible carillon. Mais Harry y semblait indifférent. Voilà à présent quelques heures que le jeune homme confectionnait sa potion. Il lui avait fallu un mois entier avant de trouver tous les ingrédients demandés, et quelques semaines pour la préparation. Cette nuit-là, il pourrait enfin exécuter son plan. Bien sûr, il avait été très dur pour lui de sélectionner un des moments de sa vie à changer –il en avait tellement-, mais une chose était sûre, cette potion sera utilisée!

Une légère fumée verte commençait à s'échapper du chaudron. L'air déterminé, Harry y plongea son verre, ferma les yeux, et but d'une traite son verre avant de s'évanouir sur le plancher de sa chambre…

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Harry vit Sirius se baisser pour éviter un jet de lumière rouge jailli de la baguette de Bellatrix. Il éclata de rire en se moquant d'elle:

- Allons, tu peux faire mieux que ça! s'écria-t-il, sa voix résonnant en écho dans la vaste salle.

Harry sursauta soudain comme s'il avait reçu un choc électrique: Sirius était bien trop près du voile. Ne perdant pas une seconde, le jeune homme sortit rapidement sa baguette et la pointa sur Bellatrix.

- Experliarmus!

Il savait qu'il ne ferait pas le poids contre la jeune femme, mais son but n'était pas de l'affronter, mais seulement de la distraire. Le deuxième jet de lumière le frappa en pleine poitrine. Son corps se courba alors avec grâce et tomba lentement en arrière, pour terminer étendu sur les gradins, incapable d'exécuter le moindre geste. Lupin laissa échapper un cri, et se précipita auprès de lui, tandis que Neville continuait de s'agiter en tout sens. Il fut alors soulagé de constater que le jeune homme était seulement pétrifié, et lui rendit immédiatement sa mobilité. Sans prendre le temps de remercier le lycanthrope, Harry se dressa sur ses pieds, et chercha des yeux son parrain. Le cœur battant, il parcourut du regard toute la pièce, jusqu'à ce qu'une détonation suivit d'un cri retentit derrière le socle de pierre. Harry aperçut Sirius s'effondrer à terre en hurlant un court instant de douleur, tandis que Bellatrix, le sourire triomphant, tourna les talons et prit la fuite. Il se précipita alors près de son parrain, craignant le pire, et constata avec bonheur que celui-ci était toujours vivant. Dumbledore, quant à lui, fit volte-face, et tenta d'arrêter Bellatrix d'un sort, mais la jeune femme parvint à le dévier. Elle était déjà à mis-gradins lorsque Harry se lança à sa poursuite.

- Harry… Non! s'écria Lupin.

- On ne peut pas la laisser s'échapper! J'ai déjà laissé Pettigrew s'enfuir, je ne la laisserais pas elle!

Et il s'élança, grimpant à son tour les gradins de pierre…

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Le jeune homme descendait doucement les escaliers, cage en main, surveillant chacun de ses pas afin de ne faire grincer aucun marche. Il traversa ensuite le petit salon, un sourire aux lèvres à l'idée de sa tante astiquant chacun des bibelots exposés sur la cheminée. Arrivé à la porte d'entrée, Harry jeta un coup d'œil à l'intérieur de la maison: non, vraiment rien ici ne lui manquerait. Franchissant alors la porte, il inspira un grand coup, emplissant ses poumons de l'air frais mais vivifiant, et fit quelques pas à l'extérieur. Le paysage n'avait pas vraiment changé pendant les 16 ans où il y avait vécu. Chaque jardin était toujours aussi soigné, chacun ayant pour seul but, non l'entretient de son bien, mais seulement la jalousie de son voisin. Chaque maison était toujours aussi silencieuse la nuit, et Harry y savait quelque chose, ayant passé de nombreuses nuits à errer dans les rues. Seule cette étrange brume était un élément nouveau, sujet de bien des conversations. Bien entendu, Harry avait vite compris que ce phénomène anormal avait pour origine les détraqueurs, récemment enrôlés par Voldemort.

Arpentant l'allée depuis un moment, le jeune homme finit par s'assoir sur le petit muret du 4, Privet Drive. Un court instant mourut, avant que le réverbère le plus proche s'éteignit, et qu'une curieuse lumière venant du ciel parut se diriger vers lui. Un sourire aux lèvres, Harry se leva, époussetant au passage son jeans et regarda, sans s'en étonner, une moto volante atterrir à quelques mètres de lui. Une personne en descendit doucement, et se rapprochait de lui, d'un pas léger et lent. C'était un homme de grande taille, le visage creusé, mais plutôt séduisant, qui le fixai du regard à travers les quelques mèches qui lui tombaient élégamment sur les yeux. Arrivé à sa hauteur, sa voix calme et grave brisa le silence.

- Bonsoir Harry.

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L'année suivant cet incident se déroula, à quelques détails près, exactement comme le jeune homme l'avait vécu, n'en gardant cependant aucun souvenir. Suite à plusieurs interrogations quant au retour de Voldemort, Fudge fut renvoyé du ministère pour être succédé par Rufus Scrimgeour, l'ancien chef des aurors. Sirius fut acquitté et put alors goûter à la liberté. Malefoy, quant à lui, fut enrôlé de force par Voldemort au rang de Mangemort afin d'atteindre Dumbledore. Ce dernier apprit alors à Harry, à travers différentes mémoires, qui était véritablement Tom Jedusor, et ce qu'étaient les Horcruxes, pour l'inviter ensuite à vivre avec lui sa dernière aventure. Il mourut ensuite de la main de Rogue, devant les yeux de Harry, qui ne pensa alors plus qu'à retrouver son professeur de Potions pour se venger. Pour finir, la nouvelle directrice de Poudlard, Minerva McGonagall décida de fermer temporairement l'école, celle-ci n'étant plus sûre sans la protection de son ancien directeur.

Quelques heures après l'enterrement de Dumbledore, Harry avait reçut une lettre de Sirius l'encourageant à vivre chez lui après qu'il eut atteint ses 17 ans. Apercevant alors un léger rayon de soleil à travers cette tempête d'évènements, le jeune homme accepta promptement son invitation, espérant alors que son parrain puisse apporter une quelconque aide à la recherche des Horcruxes. Il passa les quatre semaines qui suivirent à se morfondre, attendant sans patience le jour de son anniversaire.

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Cette voix soudaine dans le silence rajoutait un peu à l'étrange de l'atmosphère… et quoi de plus bizarre que de voir soudainement une moto sortir des nuages pour se poser juste devant lui. Pourtant, Harry ne s'en étonna pas. Pour le jeune homme, il s'agissait de son quotidien. Un triste mais pourtant joyeux sourire aux lèvres, il s'approcha de son parrain, qui lui serra chaleureusement la main tout en lui souriant. Ce sourire, qu'il n'avait pas surpris depuis quelques mois, réchauffa le cœur meurtri du jeune homme. La lueur qui brillait à cet instant dans les yeux de l'ancien maraudeur ne mentait pas: Sirius était enchanté d'être à nouveau libre de ses mouvements, et le jeune homme savait à quel point il avait savouré cette sensation l'année précédente faisant frémir son professeur de potions. Essayant d'effacer le souvenir de ce dernier, mettant fin aux jours de Dumbledore, Harry adressa un léger sourire à son parrain.

- Salut Sirius.

Échangeant des regards lourds de circonstances, les deux hommes restèrent un instant sans esquisser le moindre geste, laissant la brume envelopper petit à petit leurs jambes. Brisant soudain ce climat de retrouvailles, Sirius fut le premier à s'animer à nouveau. Dans un sourire moqueur, il se dirigea vers sa moto, l'enjambant alors dans un geste pourtant discret, avant de regarder son filleul droit dans les yeux, laissant apparaître de légères fossettes.

- Que dirais-tu de quitter enfin ce coin? A moins que tu ne tiennes à y rester, bien sûr!… ce que je comprendrais…

Se rappelant une discussion qu'il avait eue avec le même homme il y avait maintenant 4 ans, lorsque ce dernier lui avait déjà proposé de vivre chez lui, Harry sourit en coin, et se dirigea à la suite de son parrain, saisissant au passage la poignée de la cage d'Hedwige. Sirius laissa échapper un léger éclat de rire, de ce rire qui ressemblait tant à un aboiement de chien, en remarquant la rapidité du jeune sorcier. Après avoir laissé ce dernier s'installer derrière lui, l'ancien maraudeur démarra à nouveau son véhicule et prit alors la direction du ciel.

Regardant sans regrets la résidence du 4, Privet Drive s'effacer doucement comme ils s'éloignaient, Harry savourait pleinement ce nouveau sentiment de liberté, allant même jusqu'à en oublier les derniers évènements qui l'avaient tant attristé. Bientôt, ils s'infiltrèrent dans la couche nuageuse particulièrement épaisse, et Harry reporta son attention devant lui, regardant, malgré le vent, son parrain qui prenait un malin plaisir à accélérer sans bruit au-dessus des nuages. Par moment, ceux-ci s'éclaircissaient légèrement, laissant place à une vue aérienne des quartiers qu'ils traversaient et Harry se penchait à ces moments-là, regardant sans fin les habitations à cette heure inanimées qui défilaient sous leur yeux. Souriant à pleine dents, le souvenir de sa première impression de vol en balais lui revient en mémoire: cette sensation de plaisir intense, de liberté, loin de tous soucis… Harry comprenait à présent pourquoi Sirius avait tant tenu à récupérer sa moto volante: une fois qu'on y avait goûté, on ne pouvait plus se passer de cette merveilleuse émotion.

Un long, mais pourtant si court moment aux yeux de Harry passa, lorsqu'il put enfin apercevoir le petit quartier du Square Grimaurd. Sirius piqua alors vers le sol, diminuant de moitié sa vitesse pour ne pas s'écraser, et se posa sur un carré de pelouse à l'abandon, au milieu d'une petite place que Harry connaissait bien à présent, pour y avoir passé ses deux dernières années. Les maisons qui s'y dressaient ne paraissaient pas plus accueillantes que lorsque Harry les aperçut pour la première fois: chaque petite chose qui constituait cet arrondissement semblait sombre, dépourvue de vie. La même brume que Harry venait de quitter recouvrait les nombreux débris sur le sol, s'infiltrant dans chaque bifurcation de rues. Descendant tous deux du véhicule, les deux hommes se dirigèrent d'un pas furtif vers la petite gouttière placée entre les numéros 11 et 13. Une fois arrivés à sa hauteur, celle-ci sembla soudain augmenter considérablement de volume, tandis que les deux maisons environnantes s'écartaient légèrement. Une porte lugubre apparut alors, le numéro 12 placardé à son côté. Se retournant alors, Sirius lança une série de sorts afin de camoufler sa moto, et fit à nouveau volte-face, ouvrant la porte à son filleul. Ce dernier la franchit délicatement, prenant garde de ne pas éveiller le portrait dormant de la vieille mère de Sirius, un sourire aux lèvres tandis qu'il contemplait avec joie l'intérieur du manoir. Contrairement au 4, Privet Drive, tout ici lui avait manqué, excepté bien sûr Kreattur, qu'on enfermait à présent dans un petite pièce, avec l'interdiction formelle de transplaner. Se demandant alors si Buck vivait toujours à l'étage, Harry remarqua alors une petite lueur vacillante venant du salon, mais n'eut pas le temps de s'en interroger, puisque Sirius venait de refermer la porte derrière lui, et parla de sa voix grave, légèrement rauque:

- Bon anniversaire, Harry…

Lâchant des yeux la petite lumière vacillante, le jeune homme se retourna, un sourire heureux collé aux lèvres: à présent, il en était sûr, c'était le meilleur anniversaire de sa vie… Pourtant, il n'était pas au bout de ses surprises. Ne lui laissant pas le temps de répliquer, Sirius avança de son pas lent et gracieux vers le salon, invitant Harry à le suivre d'un signe de tête. Celui-ci s'exécuta immédiatement, clopinant derrière son parrain. Il s'introduisit alors dans la pièce sombre, et y découvrit un Lupin assoupi sur le fauteuil, un livre glissant lentement sur sa poitrine, suivant le rythme lent de la respiration du lycanthrope. Celui-ci semblait encore plus épuisé que les années précédentes: ses traits étaient plus creusés, ses cheveux blancs étaient plus nombreux, et ces cernes se faisaient plus visibles. Harry ne doutait pas que la lycanthropie de l'homme ajoutée à la bataille qu'ils menaient à présent ne ménageait pas son ancien professeur de défense contre les forces du mal. Pourtant, un certain charme ne quittait jamais son visage. Sirius, qui avait lentement traversé la pièce pour raviver le feu, se dirigea vers son meilleur ami pour le tirer de son sommeil. Sursautant, Remus fit tomber le livre, avant de regarder béatement Sirius… puis Harry, à qui il sourit. Il se frotta alors les yeux d'un air las.

- Bonsoir Harry. Heureux de te revoir à nouveau.

- Bonsoir professeur.

- Harry, Harry… Combien de fois t'ai-je dit de ne pas m'appeler ainsi? demanda Remus d'un ton amusé.

Il se leva, ramassant au passage son livre, et serra énergiquement la main du jeune sorcier. L'air frêle de cet homme disparaissait immédiatement lorsque l'on se rendait compte de sa force, et Harry y savait quelque chose. Gardant le sourire, le jeune homme se frotta discrètement la main tandis que Lupin se dirigea vers Sirius pour lui parler de basse voix. Tendant alors l'oreille, Harry essaya désespérément d'attraper une bribe de phrase, mais les deux hommes cessèrent leur discussion, et se tournèrent vers lui. Ce fut Sirius qui s'adressa à lui.

- Veux-tu manger quelque chose? Ou préfère-tu te coucher maintenant? Je suppose que tu dois être fatigué.

Comprenant que l'intention première de son parrain était d'éloigner son neveu de leurs propos, Harry fronça les sourcils, tout en refusant poliment la proposition de Sirius. Il n'aimait pas beaucoup que celui-ci lui cachait quelque chose: cela ne révélait jamais quelque chose de bon…

- Non… Non, merci. Je crois que je vais aller me coucher.

Saluant aimablement les deux hommes, Harry sortit alors du salon, l'esprit toujours axé sur cette étrange discussion entre Sirius et Lupin: quel peut être l'objet de leur discussion que les deux hommes semblaient lui cacher? Il l'ignorait bien entendu, mais il chercherait à tout prix à le savoir… Pour cela, Harry n'avait pas changé malgré les évènements qui l'avaient attristé. Néanmoins, en tant normal, il aurait attendu d'être seul avec l'un des deux maraudeurs pour obtenir ce qu'il voulait, mais la fatigue commençait à le gagner, et la seule chose qui l'attirait à ce moment était le bon lit douillet à l'étage, préparé exclusivement pour lui. Traversant d'un pas las le couloir sombre, où la tapisserie laissait encore apparaître les emplacements des tableaux que Sirius avait fait enlever, Harry traîna des pieds jusqu'à atteindre les escaliers. Les deux dernières années, Sirius s'était affairé à rénover la maison des Blacks afin que cette dernière soit plus accueillante. Bien sûr, les couloirs restaient sombres, et les pièces humides. Pourtant, la tapisserie semblait plus fraîche, les vieux objets aux écussons des Blacks avaient complètement disparus, avec dans une même lancée, tous les petits parasites qui avaient infestés les lieux, et les meubles avaient été changés. A partir de ce moment, Sirius semblait plus à l'aise, peut-être du fait que Lupin s'était à présent installé chez son ami, la maison ne servant plus de QG à l'Ordre. Il avait de la même manière accepté le fait que ce manoir était en sa possession. D'après ce que lui avait un jour dit Lupin, il en avait été même à retrouver ses anciennes manies de maraudeur, du temps où il ne pouvait plus se lasser de ses petites blagues, de ses ricanements et de ses sourires moqueurs.

Les marches grinçaient d'un bruit atroce sous les pas du jeune homme tandis que celui-ci les gravissait. Arrivé devant sa chambre, tombant de fatigue, Harry franchit la porte de sa chambre pour déposer la cage d'Hedwige avant de s'affaler sur le lit et de s'assoupir en quelques instants.

A son réveil, le jeune homme ressentit une fois de plus cette impression de vide intense qu'il percevait à chaque matin, le seul souvenir que Dumbledore lui avait laissé depuis sa mort. Pourtant aujourd'hui, elle était mêlée à une émotion plus douce, plus apaisante: il vivait enfin chez son parrain. S'asseyant mollement sur son lit, Harry replaça correctement ses lunettes sur le nez, celles-ci ayant glissé pendant la nuit. Il jeta alors un œil à l'intérieur de la pièce, avant de se lever lentement et de se diriger vers la cage d'Hedwige.

- Salut ma belle…

Un long et affectueux hululement lui répondit, le faisant sourire. Harry ouvrit la cage de la chouette, lui permettant de se dégourdir les ailes à l'intérieur de la chambre, avant de passer devant le miroir et de remarquer la coupe qu'il arborait. Dans un n-ième effort, il tenta d'aplatir ses cheveux, mais cela se révéla une fois de plus vain. Renonçant alors, il se décida à sortir de la pièce et remarqua enfin le silence dans lequel était plongé le manoir. Les sourcils froncés, il resta un moment immobile, prêtant à l'oreille à toutes formes de bruits qui pourraient rompre le silence, mais tout ce qu'il pouvait entendre à ce moment était les lamentations de Kreattur qui provenaient de l'étage. Intrigué, Harry descendit lentement les escaliers, toujours sur ses gardes, mais le jeune homme se détendit lorsqu'il perçut une légère rumeur parvenant de la cuisine. Continuant sa descente, il pénétra dans la pièce, apercevant alors Sirius et Remus, ainsi qu'une Tonks en pleine forme. A son entrée, ceux-ci se redressèrent, et lui adressèrent un grand sourire auquel Harry répondit immédiatement.

- Bonjour Harry! Bien dormi? s'enquit Sirius.

- A merveille, oui.

- Bonjour Harry, bon anniversaire! lui dit Tonks tandis qu'elle se dirigeait vers lui d'un pas énergique. L'air fatigué qu'Harry lui avait remarqué l'année dernière avait complètement disparu: ses cheveux étaient plus roses que jamais, et malgré la petite lueur de chagrin qui brillait dans ses yeux, elle semblait joyeuse.

- Bonjour Tonks… Merci… lui répondit-il tout en souriant gauchement.

Elle sembla un moment légèrement amusée, puis elle se tourna vers les deux hommes.

- Il faut que j'y aille; à plus tard!

Avant de sortir, elle adressa un léger clin d'œil à Remus qui provoqua une soudaine teinte pourpre aux joues de l'homme, ainsi qu'un ricanement de Sirius. Celui-ci se redressa davantage, avant de faire enfin attention à son filleul.

- Je suppose que tu dois être affamé?

Harry acquiesça, gardant le sourire en voyant les deux amis, et jeta un œil à l'intérieur de la cuisine, tandis que Sirius s'affairait déjà à préparer le petit déjeuner. Lupin, quant à lui, était à nouveau attablé, et buvait une gorgé de sa tasse fumante tout en lisant la gazette. Tout comme le reste de la maison, la cuisine des Blacks n'avait pas échappé à l'envie de changement de Sirius: la tapisserie avait été entièrement refaite, rendant la pièce plus lumineuse. Le buffet dressé au fond de la pièce ne contenait plus qu'une vaisselle vierge du blason des Blacks. De l'autre côté, une grande horloge, ressemblant légèrement à celle des Weasleys, arborait deux cadrans: l'un indiquant tout simplement l'heure –ce qui permit à Harry de savoir qu'il était seulement 7h- et l'autre montrant les différentes personnes qui vivaient dans le manoir. Sirius avait lui-même modifié les aiguilles, ajoutant le nom de Remus, de Tonks, et celui de Harry.

Ce dernier se dirigea lentement vers la table et s'y installa, prenant garde à ne pas déranger son ancien professeur de DCFM, contrairement à Sirius qui arriva en trombe, une assiette pleine d'œufs au plat et de bacon ainsi qu'un panier rempli de toasts en lévitation qu'il déposa un peu trop brusquement sur la gazette que lisait le lycanthrope. Las des idioties de son ami, celui-ci lui jeta un regard noir en coin, tandis qu'il tournait la page de son journal complètement désinvolte. Un peu vexé, Sirius s'assit en face de Harry, qui souriait, malgré lui, à pleines dents, et lui tendit l'assiette. Celui-ci se servit alors, en remerciant poliment son parrain qui prit la parole, jetant de temps en temps un regard en biais à Lupin.

- Les Weasleys t'attendent cette après-midi. Ton ami Ron t'a invité pour ton anniversaire. Il me semble qu'Hermione sera aussi présente, si cela peut répondre à ta question.

Un pincement au cœur au souvenir de ses amis, le jeune homme acquiesça, et croqua un peu plus brusquement que voulu dans son toast. Pendant les quelques semaines qui avaient suivi son retour au 4, Privet Drive, Harry avait reçu plusieurs lettres de ses amis. Seulement, il n'avait pas eu le cœur à leur répondre, renvoyant simplement un court message d'à peine quelques mots. La discussion qu'ils avaient eu après l'enterrement de Dumbledore avait longuement fait réfléchir le jeune homme: certes, il savait qu'il ne pourrait empêcher ses amis de l'accompagner dans cette curieuse quête. Cependant, il souhaitait plus que tout leur sécurité, ce qui implique son éloignement par rapport à eux. Le cœur serré, il se demandait comment réagirait Ginny en le revoyant… et comment lui, réagira-t-il? Un ricanement de Sirius le sortit soudain de ses pensées: ce dernier était à nouveau en train d'agacer Remus sur le sujet "Tonks", ce qui n'était pas vraiment pour plaire au lycanthrope…

Un peu plus tard dans la journée, les trois compagnons arrivèrent en transplanant chez les Wealeys. Contrairement à la maison des Blacks, le Terrier était toujours égal à lui-même: pendant toutes les années où Harry y avait séjourné, seule la chambre des jumeaux avait été réaménagée afin d'accueillir les visiteurs.

A peine étaient-ils arrivés que Mrs Weasley se précipita hors de la maison.

- Harry, mon chéri!

Le jeune homme se retrouva en quelques instants dans les bras de la petite femme replète, provoquant un nouveau ricanement de la part de Sirius. Il avait toujours été amusé de la conduite de Mrs Wealey vis-à-vis de Harry.

- Bon… bonjour, Mrs Wealey, réussit-il à articuler.

Elle se décida enfin à le relâcher, et le regarda de haut en bas.

- Ce que tu peux grandir en quelques semaines. Ron a bien prit une dizaine de centimètres depuis qu'il est rentré. Il va falloir refaire votre garde-robe une nouvelle fois.

C'est alors qu'elle se rendit compte de la présence des deux maraudeurs. Un peu gênée de sa conduite, elle leur adressa un sourire d'excuse en les accueillant à leur tour.

- Bonjour Remus… Sirius.

- Molly, répondit Lupin en lui souriant.

- Bonjour, fit Sirius dans un petit signe de main, son sourire moqueur toujours accroché aux lèvres.

- Harry, mon chéri, tes amis t'attendent dans ta chambre, lui apprit Mrs Wealey tandis qu'ils marchaient tous en direction de la porte d'entrée.

Une fois arrivés, ils se dirigèrent tous trois vers la cuisine, alors que Harry monta quatre à quatre les escaliers qui le conduirent à sa chambre. Ron et Hermione étaient effectivement en train de l'attendre là, tous les deux assis sur le lit, en grande conversation. Ils se levèrent d'un bond en le voyant, et Ron se précipita vers son meilleur ami.

- Harry, enfin!

Les deux amis se saluèrent chaleureusement, et Hermione, de son côté se leva à son tour pour accueillir le jeune homme. Tous les deux lui souriaient, lui souhaitant au passage un "joyeux anniversaire, Harry", mais il y avait dans leur sourire quelque chose qui rappela à Harry l'été dernier: derrière ce masque de bienveillance, une inquiétude régnait. Depuis qu'ils avaient appris pour la prophétie, ils semblaient toujours très anxieux pour lui, mais à présent que Dumbledore était mort, on sentait dans leur regard qu'ils feraient tout pour apporter leur aide à leur ami, et cela, Harry leur serait toujours reconnaissant. A ses yeux, ils représentait le meilleur soutien qu'il ait jamais eu.

Harry leur sourit, tandis qu'ils s'installaient tous trois sur le lit qui lui était réservé.

- Alors, tu viendras assister au mariage? lui demanda Ron, très enthousiamé. Maman semble beaucoup moins sévère depuis l'année dernière… Enfin, tu sais… Depuis que Bill…

- Comment va-t-il? demanda Harry.

- Beaucoup mieux, il s'en remet. Mais pour l'instant, on ignore encore s'il y aura des conséquences, répondit Hermione.

- Lupin a dit qu'il ne sera pas un lycanthrope, c'est déjà ça… rajouta Ron.

- Oui…

Harry regardait ses pieds , un silence s'installant alors.

- Tu… Tu as reçu un hibou de McGonagall? demanda timidement Hermione.

- Oui…

Deux semaines après son retour chez les Dursleys, un hibou Grand-Duc s'était posé sur sa fenêtre, lui apportant déjà la réponse sur la fermeture de Poudlard. Apparemment, la nouvelle directrice avait réussi à convaincre les parents de laisser leurs enfants prendre leurs cours à Poudlard, en leur assurant que la sécurité à l'école serait doublée: des aurors parcourraient les couloirs ainsi que le parc, des sorts multiples jeté par l'ensemble du corps professoral seraient là pour encadrer les enfants, et toutes sorties dans le parc en-dehors des heures de cours seront interdites, ainsi que tous vagabondages, tant qu'il règnera la terreur dans le monde des sorciers. Bien sûr, Dumbledore n'était plus là pour permettre l'établissement de la barrière qui protégeait les élèves, d'où l'ensemble des mesures prises. Harry avait eu alors un très léger sourire en lisant cette lettre: au moins, ses amis seraient protégés par des gens compétents, au lieu d'attendre chez eux que quelque chose se passe. Bien sûr, il doutait que tous les parents laissent leurs enfants prendre ce risque, mais ils savaient que la plupart retournerait à Poudlard.

- Et… tu… qu'est-ce que tu compte faire? demanda Hermione sur un ton vaguement inquiet, qui indiquait qu'elle connaissait déjà la réponse.

- Ce que j'ai dit l'année dernière: je n'y retournerais pas.

Les deux amis se regardèrent alors.

- Dans ce cas, nous t'accompagnerons, comme nous te l'avions dit.

- Hermione, écoute…

- Non, tu le sais que quoi que tu fasses, tu ne pourras pas nous en empêcher! l'interrompit Ron.

Un faible sourire se dessina sur les lèvres du jeune homme. L'idée que Ron et Hermione, et peut-être même Sirius, lui apportent leur aide à sa quête lui réchauffa le cœur. Il acquiesça alors silencieusement, ne quittant pas ses pieds des yeux.

Un cri dans les escaliers retentit alors:

- Le goûter est prêt!

Ron et Hermione échangèrent alors un sourire discret, et se levèrent, Harry les regardant légèrement étonné.

- Qu'est-ce…

- J'ai faim, répondit Hermione. Et puis, ça me permettra de saluer Sirius et le professeur Lupin.

Harry se leva alors à son tour, regardant toujours ses amis de son air intrigué, mais ceux-ci l'ignorèrent superbement, et descendèrent les premiers les escaliers, Harry leur emboîtant le pas. C'est alors que quelque chose le frappa: depuis qu'il était arrivé, encore ni Ron, ni Hermione ne s'était trouvé quelque chose à se reprocher, et paraissait même en grande discussion. Un sourire aux lèvres, Harry pensa qu'ils avaient enfin fini par évoluer dans leur relation affective, mais cela, il le saura plus tard. De cette pensée, une autre lui vint à l'esprit: Ginny. Il ne l'avait pas encore vu. Une étrange sensation le saisissant, il essaya de savoir comment il réagirait s'il la revoyait… amis cela lui était impossible pour le moment.

Arrivé à la cuisine, Harry eut un pincement au cœur: Mrs Weasley lui avait préparé une petite fête d'anniversaire, décorant de plusieurs banderoles la cuisine, tandis que les fusées miniatures des jumeaux éclairaient la pièce de leurs lumières multicolores. Un gros gâteau était posé sur la table, au centre d'un petit tas de cadeaux. Sirius et Lupin souriait, accompagnés de Tonks sont les cheveux rose bonbon juraient curieusement avec l'intérieur orangé de la cuisine, de Fleur et de pratiquement toutes la famille Wealeys: seuls Mr Wealeys était absent pour affaires au ministère, et Charlie qui avait du rester près de ses dragons –bien sûr, Percy n'avait toujours pas repris contact avec ses parents. Tout promettait une joyeuse fête d'anniversaire: Mrs Weasley avait sûrement organisé tout cela pour lui changeait les idées, et Harry lui en était reconnaissant. Après avoir remercié chacun d'entre aux, et voir ouvert ses différents cadeaux, dont celui de Hagrid et certains de ses amis, Harry s'assit à table, en même temps que tous les convives. Chacun affichait un air joyeux, mais on voyait dans certains de leurs gestes, de leurs expressions, qui l'inquiétude régnait à présent. Sirius et Lupin semblait en grande discussion avec Mrs Weasley et Tonks. Fleur quant à elle, ne cessait de secouer ses cheveux en riant aux éclats aux dires d'un Bill marqué de vilaines cicatrices, agaçant légèrement Hermione. Les jumeaux, dans leurs coins, semblaient encore manifester un certain intérêt pour un objet que tenait fermement Fred –à moins que ce ne fut George. Seule une personne ne souriait pas: Ginny était assise à quelques chaises près de sa mère, et retournait sans fin un petit morceau de sa part de gâteau, les yeux fixés sur son assiette. Harry s'en voulait de la voir ainsi, mais il se consola en pensant que c'était pour son bien, pour la protéger de Voldemort. Une explosion suivi d'un cri perçant sortirent Harry de ses pensées: les jumeaux venait de faire exploser l'objet qu'ils contemplaient depuis un moment, ce qui eut pour conséquence de colorer leur peau, ainsi que celle de leur voisin, c'est-à-dire Mrs Weasley, Lupin et Fleur, de couleurs criardes parcourut de petits motifs, comme des points ou des étoiles.

"INCONTROLABLES!", "DESESPERANTS!" étaient les seuls mots que perçut Harry à travers les éclats de rire. Lui-même ne pouvait s'empêcher de rire avec les autres. Apparemment, la blague n'était du goût ni de la petite femme rousse, ni de Fleur, qui ne cessait de pousser de grands soupirs en se contemplant dans un petit miroir de poche, ni d'Hermione, qui considérait toujours les blagues de Fred et Georges comme déplacées. Ron, quant à lui, ne cessait de rire comme un dément, tout comme Sirius, qui faillit même en tomber de sa chaise.

Après ce petit incident, Harry, Ron et Hermione avait décidé de profiter de cette belle journée pour trainer un peu dans le jardin, pendant que les jumeaux passaient un mauvais moment, avec leur mère: celle-ci n'avait pas beaucoup aimé entendre que les effets ne se dissiperont que le lendemain, et les obligea exécuter plusieurs taches ménagères, comme nettoyer la cuisine, ou débarrasser le potager des gnomes qui l'habitaient. Les deux anciens maraudeurs étaient, quant à eux, repartis pour affaires, mais ils n'avaient pas tenu à mettre Harry au courant, ce qui agaça légèrement le jeune homme. Bill et Fleur, ainsi que Ginny ne s'était pas remontrés depuis le goûter. Dans un soupir, Harry s'allongea dans l'herbe, à côté de ses deux amis: Ron était déjà couché, mais Hermione préféra rester en position assise, ce qui lui permettait de les voir tous les deux.

- Quand se déroulera le mariage? finit par demander Harry.

- Dans une semaine, normalement, lui répondit Hermione.

- Ouais, maman arrête pas de courir partout après Fleur et Bill pour les préparatifs. On en devient fou!

- Ron!

- C'est la vérité… Ils n'ont pas besoin d'elle pour savoir comment Bill va s'habiller… J'espère qu'elle ne fera pas pareil avec le mien.

Rougissant, Hermione tourna la tête vers Harry, sembla hésiter un moment, puis, prit un grande inspiration et lui demanda:

- Quand comptes-tu partir à Godric's Hollow?

Harry ne lui répondit pas immédiatement. Depuis la mort de Dumbledore, partir pour cette mission lui semblait immédiat. Pourtant, à cet instant, il aurait tout donner pour rester auprès de ses amis, dans le jardin du Terrier. Mais quelque chose au fond de lui-même lui disait qu'il lui fallait partir le plus tôt possible. Il se redressa légèrement, regardant Hermione en clignant d'un œil, le soleil le génant. Autant à l'enterrement de Dumbledore, évoquer ce sujet lui était douloureux, autant à présent, cela lui semblait naturel, comme lorsqu'il se préparait à un match de Quidditch.

- Après le mariage…

- Si tôt? Ron se retourna vers lui, écrasant au passage sa baguette. Outch!

- Le plus tôt sera le mieux.

Hermione acquiesça, tandis que Ron fit la moue. Un autre cri perçant de Mrs Weasley qui venait de voir que les jumeaux faisaient leur dégnomage la baguette à la main interpella alors Harry.

- Ta… ta mère est au courant de tes intentions?

Ron fit la moue:

- Non, elle croit toujours que je vais retourner à Poudlard. Je me demande comment elle réagira…

- Tu devrais peut-être la mettre au courant? proposa Hermione d'une petite voix.

- Tu rigole? Pour me faire tordre les oreilles, et me faire hurler dessus en me rappelant ce que je devais faire! Plutôt partir sans rien dire…

- Elle s'inquiètera en ne te voyant plus.

- Tu ne crois pas qu'elle s'inquièterais davantage si je lui disais ce que je compte faire?

- Lupin la rassurera, renchérit Harry.

Hermione afficha une petite moue dubitative, et sembla vouloir continuer de débattre sur ce point, mais Ron la coupa dans son élan.

- Et si on faisait une partie de Quidditch pour se changer les idées? Ginny et les jumeaux pourront jouer avec nous.

- Ron, je ne crois pas que ce soit vraiment le moment pour…

- Les jumeaux sont occupés, répondit Harry dans un sourire, mais on pourrait toujours se défouler un peu sur un cognard.

Exaspérée, Hermione se leva, murmurant qu'elle allait voir Ginny, laissant les deux garçons qui se levèrent et coururent dans leur chambre chercher leur balai. Ils purent ainsi échapper aux griffes de Mrs Weasley, toujours énervée pour sa couleur verte fluo, accompagnée de jolis petits cœurs mauves.

Dans la soirée, Mr Weasley rentra, épuisé comme à son habitude, après une dure journée de travail. Il fut alors étonné d'être accueilli par sa femme dont la peau arborait une étrange couleur. Celle-ci, toujours mécontente envers les jumeaux, lui réserva un accueil des plus chaleureux, tandis que Harry et Ron ricanaient dans un coin, amusés de l'expression affiché sur la tête de l'homme, Hermione levant les yeux au ciel. Les deux maraudeurs arrivèrent quelques instants après, excusant Tonks de son absence: elle avait, apparemment été retenue par le ministère qui avait besoin de ses services cette nuit. Les jumeaux, quant à eux, s'éclipsèrent sous prétexte qu'ils avaient leur boutique à gérer, non sans réserver un "au revoir" chaleureux à Harry, lui souhaitant une nouvelle fois un joyeux anniversaire. Le dîner se déroula ensuite dans le calme paisible de la petite cuisine du Terrier. Après avoir soupé, les trois amis montèrent chacun dans leur chambre respective. Harry resta un instant debout au milieu de sa chambre, jetant un œil à l'intérieur de la petite pièce. Un long hululement l'accueillit: Hedwige était posée sur le haut des cartons installés dans un coin de la chambre, une souris au bec. Dans un sourire, il se dirigea vers la cage de sa chouette, déposant un peu de Miam-Hibou dans sa petite gamelle, et s'assit sur le lit. Il plongea alors sa main dans la poche de sa veste, et en ressortit sa malle, à qui il n'avait toujours pas rendu sa taille normale. C'est ce qu'il fit de sa baguette, sortant alors son pyjama. Il se changea alors, et s'introduisit dans son lit, repensant à cette journée: il venait de passer le meilleur de ses anniversaires. Un petit sourire aux lèvres, il s'endormit, rêvant à nouveau de sa dernière journée avec Dumbledore.