Chapitre 3: Le commencement d'une quête

Les mains soutenant sa nuque, Harry était à nouveau étendu sur le lit, les yeux dans le vague. Depuis qu'ils étaient arrivés à Pré-au-Lard et avaient retenu leurs chambres aux Trois Balais, Harry ne cessait de se rappeler l'attaque curieuse de ces mangemorts. Il les revoyait continuellement apparaître, jeter quelques sorts sur les quelques malheureux qui n'avaient pas pu les éviter, puis disparaître en même temps que Sirius et Lupin… C'était comme si les mangemorts n'avaient pas voulu de ce combat… Comme si les deux maraudeurs seuls les intéressaient. Pourtant, les mangemorts n'étaient pas du genre à ne faire qu'une courte apparition sans rien laisser derrière eux, ou plutôt, en ne pas semant aucun désastre… Était-ce un avertissement? Mais un avertissement contre quoi? Et pour qui? Harry fronça les sourcils. Il lui avait semblé reconnaître une des silhouettes noires. Mais à qui appartenait-elle, il n'arrivait pas à s'en souvenir… Ses paupières se faisant lourdes, le jeune homme se tourna sur le côté, et s'endormit au bout de quelques minutes, replongeant au cœur de cette sombre caverne…

°o.o°o.o°

Les jours avaient passés dans ce petit village serein, pratiquement déserté depuis le retour "officiel" de Voldemort. Seulement quelques passants courageux hantaient les rues, où de nombreuses commerces avaient fermé boutique par crainte d'une attaque de mangemorts, ou tout simplement pour fuir le danger naissant. Harry et ses amis, quant à eux, avaient préférés faire preuve de discrétion quant à leur présence. Ce qui ne fut guère aisé car, dès le lendemain de leur arrivée aux Trois Balais, Ron avait reçu une beuglante de sa mère, le priant de revenir immédiatement chez lui en ramenant ses deux compagnons. Le jeune rouquin, bien qu'un peu troublé par la colère de sa mère, avait préféré ne pas répondre de suite: Harry, Hermione et lui avaient prévu de lui envoyer un courrier la rassurant juste avant leur départ pour Godric's Hollow. En attendant, ils avaient continué, discrètement, leur entraînement si bien qu'Harry avait fini par pénétrer l'esprit d'Hermione. Cela se passa plus tôt dans la matinée, alors qu'ils étaient tous deux à nouveau face à face sur le lit d'Harry, l'un essayant de percevoir les pensées de l'autre, tandis que celui-ci essayait de le repousser. Au bout d'une bonne demi-heure de concentration, Harry finit par abattre la faible protection d'Hermione, et se retrouva propulsé au cœur des pensées de la jeune fille. Il n'eut que le temps de comprendre ce qu'il venait de se passer que déjà Hermione le repoussa. Il eut alors un sourire taquin:

- Dis-moi, Hermione, ce n'était pas un de tes souvenirs, n'est-ce pas?

Hermione, rougissant au plus point, secoua frénétiquement la tête d'un air négatif.

- Non, en effet, répondit-elle rapidement, ses joues arborant une couleur des plus cramoisies. Harry, cela restera entre nous?

Le regard que lui lança à ce moment Hermione incita Harry à ne jamais raconter à qui que ce soit ce qu'il venait de voir, sous peine d'être transformé en Scroutt à Pétard pour le reste de sa vie. Le jeune homme lui alors fit un léger sourire et lui promit de ne jamais rapporter à Ron le fait qu'il l'avait vu habillé en tenue de Quidditch -plutôt moulante au goût de Harry-, dans un endroit que seuls les rêves d'Hermione avaient pu engendrer. Cette dernière, les joues toujours aussi pourpres, lui murmura un vague merci, et sembla plutôt empressée de quitter la pièce. Harry, toujours amusé d'avoir été plongé au cœur de l'imagination débordante de son amie, s'allongea sur son lit, tout sourire. Mais quelque chose troubla sa bonne humeur: Hermione n'avait pas une grande habilité pour l'occlumancie, contrairement aux mangemorts qu'il rencontrerait.

°o.o°o.o°

Le matin de leur départ, les trois compagnons étaient descendus dans la grande salle où Mlle Rosmerta recevait ses clients journaliers, et s'étaient assis dans un coin éloigné de la pièce. Certes, le pub n'était pas très rempli: on n'y voyait seulement que quelques clients chétifs boire leur thé dans une crainte apparente, la main tremblante. Cependant, Harry et ses amis parlaient d'une voix sortant à peine du murmure, revoyant chaque aspect de leur plan: le matin même, Ron avait envoyé Hedwige porter le message qu'ils avaient rédigé tous trois la veille. Ils bouclèrent ensuite leurs bagages, avant des les réduire à une très petite taille, beaucoup plus pratique pour le transport. Il ne leur restait plus qu'à régler la note pour leurs chambres. Harry se leva donc, se dirigeant vers le comptoir, et paya les 53 gallions et les 13 mornilles que la jeune femme lui demanda. Elle n'avait pas l'air très heureuse de les voir partir, et Harry comprenait fortement sa réaction: ils avaient été trois de ses quelques derniers clients. Depuis le retour de Voldemort, le commerce n'était plus une chose aisée dans les villages de sorciers. Adressant un dernier sourire encourageant à la jeune femme, il rejoignit ses deux amis et tous trois sortirent du pub. Ils se rendirent sur la colline où le magicobus les attendait, afin de les conduire à Godric's Hollow. Harry s'installa, sans mot dire, dans le fauteuil défoncé du véhicule. Le jeune homme était dans un étrange état: il allait enfin voir l'endroit où tout avait basculé, sa vie, comme celle de milliers de sorciers… Ron et Hermione, quant à eux, s'était installé légèrement en retrait sur le conseil de la jeune fille, et parlaient à voix basse de choses qu'Harry n'arriva pas à percevoir. Peut-être ne voulait-il pas les entendre? Peut-être voulait-il rester seul, sans autre perturbation que les arrêts fréquents, et plutôt dérangeant du magicobus? Par deux fois, la vieille femme assise derrière s'écrasa sur lui lors des haltes du véhicule, le sortant désagréablement de ses pensées. Il fut donc soulagé de la voir descendre, la couleur de son visage légèrement verdâtre. Un long moment s'écoula alors, lorsqu'une nouvelle escale du magicobus le sortit de ses pensées: ils étaient enfin arrivés à Londres. Soupirant, Harry se leva, immédiatement suivi par Ron et Hermione, et sortit du magicobus. Une porte en bois vermoulu se dressait alors devant eux d'un air misérable. Telle était toujours perçue l'entrée du Chaudron Baveur, ainsi faite afin d'éloigner de toute curiosité les moldus. Harry poussa la porte, qui grinça d'un horrible bruit. Tom, le barman, se dressa alors au-dessus de son comptoir, un sourire d'espoir sur les lèvres.

- Bonjour Tom.

- Bonjour Mr Potter!

Les trois compagnons se dirigèrent une table, Ron et Hermione suivant toujours Harry sans manifester leur présence. Ils s'assirent, chacun se jetant un coup d'œil l'un à l'autre. Harry fit le tour de la salle du regard, et se tourna vers ses deux amis pour prendre la parole, mais comme à son habitude, Hermione le coupa:

- Je suppose que tu voudrais te rendre à Godric's Hollow, seul …

Harry acquiesça alors dans un léger sourire.

- Je préférerais, oui…

- Nous t'attendrons ici, répliqua Ron.

- Nous irons faire un tour à la bibliothèque du chemin de Traverse, rajouta Hermione, tandis que le jeune rouquin grimaçait.

Harry acquiesça. Il était convenu que, dès qu'ils arriveraient à Londres, tous les trois s'activeraient dans les recherches sur le faux Horcruxe que Dumbledore arracha de cette lugubre grotte, au péril de sa vie, et sur la personne qui se cachait sous les initiales R.A.B., puisque, comme l'avait remarqué Harry, Dumbledore et lui avait déjà détruit deux Horcruxes. Il en restait donc plus que quatre: "la coupe… le médaillon… le serpents… quelque chose qui a appartenu à Gryffondor ou à Serdaigle". Or, si ce médaillon était la réplique d'un réel Horcruxe, cela signifierait qu'il n'y ait plus que trois Horcruxe restants, ce qui simplifierait les recherches de Harry…en admettant que celui-ci fut détuit…

Il se leva lentement et sortit du pub.

°o.o°o.o°

Harry était debout au milieu de la rue. Cela faisait un moment que le jeune homme avait retrouvé, grâce à certaines indications de passants dans la rue, le quartier de Godric's Hollow. Pourtant, maintenant qu'il s'y trouvait, il n'était plus vraiment impatient. Il observait le quartier, les lèvres scellées, s'imaginant l'état d'esprit de ses parents lorsqu'ils habitaient ici: cela faisait plus d'un an qu'ils y étaient installés, dans la crainte qu'un jour le Seigneur des Ténèbres ne frappe à leur porte. Dumbledore leur avait conseillé ce quartier moldu, afin de ne pas éveiller les soupçons de Voldemort. Pourtant, cette nuit-là, Queudver les avaient trahis… Cette nuit-là, le Seigneur des Ténèbres avait retrouvé leurs traces… Cette nuit-là, un désastre s'était déroulé… Et tout ceci à cause d'un être si pitoyable qu'il trahît ses amis… Harry serra si fortement son poing droit que ses jointures en devinrent blanches. Il commença alors à s'enfoncer dans le quartier, cherchant des yeux la maison de ses parents. Il avançait lentement, observant chaque résidence qui emplissait cet arrondissement. Certains enfants moldus jouaient en tout insouciance dans leur jardin, ne se doutant pas une seconde du danger qui grandissait chaque jour. Aucune expression sur le visage de Harry n'apparaissait lorsque celui-ci se demanda combien de leurs parents connaissaient les siens… Chaque maison ressemblait étrangement à celles de Privet Drive. Pourtant, de chacune d'elle émanait une sorte de chaleur rassurante, alors que celles qu'il connaissait ne dégageaient que froideur et haine envers autrui. Un sourire léger apparut sur ses lèvres: le jeune homme était rassuré par l'idée que ses parents avaient du connaître la tranquillité dans ce petit quartier avant la trahison de leur ami. Une vieille dame taillait ses rosiers, et provoqua une sorte de bruit qui le fit sortir de ses pensées. Ce fut alors qu'il la trouva. Elle était là, debout face à lui. Pourtant, dans ses souvenirs, il n'en restait plus rien qu'un gros amas de débris. Un petit jardin peuplé de magnifique fleurs y trônait, tandis qu'une jolie plante fleurie grimpait le long du côté gauche de la façade, juste à côté du numéro de la maison. Quelques objets exposé à côté de la porte montrait qu'à l'évidence des moldus y habitaient. Harry était resté immobile depuis que ces yeux s'étaient posés sur le numéro: il était debout en face de l'endroit où, 17 ans plus tôt, ses parents vivaient, certes dans la crainte, mais heureux. Ses yeux s'embrouillèrent légèrement de larmes, mais il se ressaisit bien vite, sentant un regard posé sur lui. Daignant alors détourner son regard, il croisa celui de la vieille femme qui l'observait sans gène aucune, les sourcils froncés.

- Tu dois forcément être le fils du gentil couple qui avait habité là, il y a quelques années, lui dit-elle sans retenue.

- Euh, oui… répondit Harry. Il avait préféré dire la vérité: de toute évidence, la vieille femme avait du connaître ses parents, et on lui rappelait que trop souvent sa ressemblance avec James.

- Les pauvres gens… Quel triste accident.

Harry grimaça, détournant son regard de celui de la vieille femme.

- Un… un accident? demanda-t-il.

- Oui… Une fuite de gaz, répondit la vieille dame, regardant à son tour la maison. Il ne restait plus rien de leur jolie maison. Un si gentil couple, répéta-t-elle. L'homme te ressemblait beaucoup. Quant à la jeune femme, elle était d'une beauté remarquable. Et je ne connais pas de femme aussi douce qu'elle… Pourtant, ils semblaient toujours anxieux.

- Vous… les connaissiez bien?

- Bien évidemment! répondit la vieille femme, comme choquée par ce qu'il venait de lui demander. Lors de leur arrivée, je me suis rendue chez eux pour leur souhaiter la bienvenue, et depuis, ils m'invitaient souvent chez eux… C'était la jeune femme qui m'a ouvert ce jour-là. Elle était gratifiée d'une beauté surprenante, et d'une personnalité d'ange. Toujours serviable, amusante, gentille, intentionnée avec tout le monde, mais surtout avec son enfant…-Harry eut un pincement au cœur- Elle l'appelait sans arrêt "son chérubin", rajouta-t-elle dans un sourire ému, oubliant qu'il s'agissait du jeune homme qui se trouvait devant elle. Quant à son mari, je n'avait encore jamais vu un homme si bienveillant avec sa petite famille. A la fois si charmant et si grave…

Elle sembla soudain perdue dans ses souvenirs, et Harry profita de ce moment de répit pour lui demander:

- Et… savez-vous où ils re-reposent à présent?

°o.o°o.o°

Il était assis depuis de longues heures. Le soleil, après avoir atteint son zénith, continuait lentement sa course éternelle, éclairant une large pierre tombale d'une lumière puisant légèrement dans l'orangé. Sur cette surface marbrée était gravés ces quelques mots:

Potter James Potter Lily
1961-1981 1961-1981
A nos regrettés amis, ils resteront
À jamais dans nos cœurs.

Depuis son arrivée, Harry n'avait plus quitté du regard la pierre qui ornait la tombe de ses parents. Un vague souvenir d'eux lui revint en mémoire: lors de sa quatrième année, il avait ressentit un grand bonheur lorsque leur silhouette s'extirpèrent de la baguette de Voldemort. Ce fut la seule fois où ils lui avaient apparus autrement que sur une simple photo, la seule fois où ils purent lui parler. Il aurait tant donné pour les connaître, leur parler ne serait-ce qu'une heure. Mais comme lui avait rappelé Dumbledore, les personnes disparues le sont à tout jamais, et cela, aucun sortilège, aucune potion, aucun rituel ne le changerait. Si seulement tout c'était passé différemment… Si seulement Rogue n'avait pas couru rapporté cette horrible prophétie à son maître, ses parents seraient encore en vie… Ce qu'il pouvait le haïr… Il avait passé toutes ces années à Poudlard sous la protection de Dumbledore, et à la première occasion, il n'avait pas hésité à le tuer. Après présent, tout ce qu'il espérait, c'était se retrouver face à face avec son maître des potions.
De légers bruits de pas se firent alors entendre et se dirigèrent lentement vers lui. Harry ne se retourna pas: il savait à qui appartenaient ces pas. Ils continuèrent un moment ainsi, puis finirent par s'arrêter à quelques mètres de la tombe. Un silence s'installa alors, comme si tout ce qu'il les entourait s'était soudain figé. Seul était perçu le vent qui agitait doucement les feuilles des arbres proches du jeune homme. Celui-ci ne cessait de fixer obstinément la surface marbrée, où l'ombre de l'homme était à présent visible. Combien de temps dura ce calme? Harry n'aurait su le dire. Néanmoins, comme il le savait, toute chose a une fin: l'homme prit la parole.

- C'est fou comme il pouvait sentir des pieds…

Harry ne put s'empêcher de sourire à la réflexion de son parrain. Comment pouvait-il prendre tout si… positivement? Sirius s'avança alors d'un pas léger vers la stèle, et s'accroupit aux côtés de son filleul. Ce ne fut alors qu'à ce moment que le jeune homme condescendit à tourner la tête vers le maraudeur. Lui, ne regardait que la tombe. Harry fut alors troublé par l'expression de son visage, et ne réalisa qu'à cet instant qu'il s'agissait de la première fois où son parrain se rendait sur la tombe de ses amis. Sur son visage se percevait une infime tristesse, mais aussi, Harry en eut le cœur serré, une culpabilité que seul Sirius pouvait ressentir. De toute évidence, le maraudeur s'en voulait énormément de ne pas avoir assurer le rôle de gardien du secret. Harry préféra ne pas briser le calme qui s'était installé entre eux deux, laissant son parrain se recueillir auprès de son meilleur ami, si bien que le soleil fut pratiquement couché lorsque l'homme se redressa, invitant son filleul à faire de même.

- Bien, nous n'allons quand même pas moisir ici. James n'apprécierait sûrement pas que l'on salisse sa tombe!

Harry acquiesça machinalement, et se mit à cheminer lentement à travers les stèles, reprenant le chemin du retour, tandis que Sirius s'accorda un dernière regard. Une larme s'aventura délicatement sur les reliefs de son visage lorsqu'il murmura de sa voix rauque:

- Adieu, mon ami…

°o.o°o.o°

De retour au Chaudron Baveur, Harry, à présent accompagné de Sirius, retrouva ses deux amis, dont une Hermione quelque peu maussade. Ron, quant à lui, lui lançait de temps en temps un regard amusé. Harry s'assit à leur table, pendant que Sirius allait chercher quelques boissons.

- Où étais-tu, Harry? demanda Ron. Cela fait des heures que nous t'attendons!

- A Godric's Hollow, répondit-il d'un ton évasif, jetant un œil à Hermione. Hermione, qu'est-ce que tu as?

- Rien! la coupa Ron, d'un ton enjoué. Elle n'a pas trouvé ce qu'elle voulait à la bibliothèque.

- Il n'y a pratiquement aucun livre intéressant là-bas! C'est incroyable! Une bibliothèque se doit de renseigner les gens sur n'importe quel sujet! répliqua-t-elle, emportée.

- Celle-ci ne contient que peu de renseignements, répondit Sirius qui venait de les rejoindre. Au cas où des élèves mineurs ne viennent y chercher des informations.

Il distribua à chacun un verre, puis s'assit à son tour, devant une chope d'Hydromel.

- Pourquoi t'étais-tu rendue là-bas?

Hermione jeta un œil à Harry, qui prit alors la parole.

- Nous recherchons une personne qui répondrait aux initiales R.A.B..

Il les regarda un instant sans parler, comme méditant. Il but ensuite une longue gorgée de sa chope, et dévisagea chacun de son air grave.

- Bien, parlons de choses sérieuses. Il baissa le ton: tout d'abord, Ron, j'ai un message de ta mère… Je suppose que tu sais déjà de quoi il s'agit, donc, je ne m'étalerais pas dessus.

Ron devint légèrement plus pâle: apparemment, il craignait toujours l'arrivée d'une autre beuglante.

- Ensuite… reprit-il, les fixant un à un de ses yeux gris. Cela est bien beau de partir comme cela, dans une quête qui vous mènera je ne sais où, mais avez-vous réfléchi une seule fois à un endroit où dormir?

- Nous avions pensé à nous installer ici, répondit Hermione de sa petite voix timide –étonnamment, le ton qu'avait pris Sirius semblait impressionner la jeune fille.

- Un endroit où n'importe quel mangemort pourrait un jour passer et vous apercevoir, répliqua Sirius à voix basse.

Les trois amis se regardèrent tour à tour: leur expérience aux Trois Balais s'étant bien passée, ils en avaient conclu qu'ils pourraient la réitérer aux différents pubs qu'ils rentreraient. Cependant, la remarque de Sirius les perturba: ils ne pouvaient pas rester cachés indéfiniment aux yeux des partisans de Voldemort.

- On ne savait pas vraiment où aller… se défendit Harry.

- Je m'en doute, répondit Sirius dans un léger sourire. Mon expérience de fugitif m'a permis de trouver quelques endroits sûrs, continua-t-il sur le ton de la conversation. Je pense que nous devrions nous installer dans l'un d'eux. Ce sera plus sûr qu'ici.

°o.o°o.o°

Sirius les conduisit donc tous trois dans un village sorcier, dont Harry n'arrivait jamais à se souvenir du nom. Le village en lui-même n'était pas bien grand, n'abritant qu'une soixantaine de résidences, pour la plupart désertée par leurs habitants. La nouvelle du retour de Voldemort devait pousser les gens à s'exiler, pensa Harry. Les rares villageois restants demeuraient cloîtrés chez eux, ne prenant que peu de risques. Néanmoins, l'habitation où s'installèrent les quatre compagnons semblait en bon état, pour ne pas dire excellent, sachant qu'elle avait été abandonnée depuis quelques dizaines d'années. Bien qu'Harry et Hermione avait été séduit par l'idée de Sirius, Ron n'était pas du même avis. Il n'avait toujours pas réussi à vaincre son arachnophobie et selon lui, il y avait un peu trop d'arachnides. Éclatant de son rire rauque, Sirius poussa le jeune homme, devenu livide, à l'intérieur de la maison.

- Je pense qu'un peu de ménage serait nécessaire.

Harry pensa que le terme "un peu" était péjoratif: les murs étaient recouverts d'une sorte de matière noire légèrement poisseuse, où de nombreuses araignées semblaient y avoir élu domicile. Une bonne quantité de toiles de taille impressionnante pendaient du plafond, si bien qu'ils en furent tous quatre recouverts, à la plus grande horreur de Ron, qui passa du blême au vert. Quant au sol, il était devenu invisible sous l'épais manteau de poussière qui s'y était déposée. Les poutres semblaient vermoulues, et les volets pendaient sur leurs gonds. Sirius fit un rapide tour de la maison, tandis que Harry, Hermione et le pauvre Ron avaient opté pour rester dans le hall. Le maraudeur les rejoignit au bout de quelques minutes, se frappant les mains l'une contre l'autre.

- Bien, il n'y a personne. Les chambres sont en haut, mais il n'y en a que trois. Je vais chercher quelques vivres. En attendant, installez-vous: faites comme chez vous, rajouta-t-il dans un ton clairement amusé.

Il transplana, laissant les quatre amis enfin seuls. Hermione claqua de la langue, de la même manière que lorsque quelque chose la frustrait. Harry se tourna vers elle, un sourire aux lèvres.

- Qu'est-ce qu'il y a?

- Sirius, répondit-elle.

- Quoi, Sirius? demanda-t-il, piqué au vif.

- Il… Il prend trop les choses à la légère. Tu as vu son air satisfait? On dirait qu'il aime cette situation… Je veux dire, rajouta-t-elle rapidement avant qu'Harry ne la coupât, on dirait qu'il retourne à l'époque où il était un "maraudeur" à Poudlard. Mais c'est totalement différent!

- Hermione, écoute, laisse tomber, OK? Il en est conscient, trancha Harry. Regardons plutôt comment arranger tout ça, d'accord?

Hermione, renfrognée, acquiesça, mais il sembla à Harry que c'était contre son gré.

- Mais, qu'est-ce que j'ai fait pour mériter tout ça? gémit Ron tandis qu'ils s'aventuraient dans les couloirs, regardant au passage les araignées qui semblaient le narguer. D'abord le manoir de Sirius, maintenant cette ruine! Je vais finir par me recycler en femme de ménage!

Au bout de deux heures, les trois amis vinrent à bout de toute la poussière, matière poisseuse et araignées qui ornaient la maison. Au grand dam de Ron, le jeune homme était tombé sur un épouvantard alors qu'il était en train d'arranger la chambre qu'Harry et lui avait choisie. Terrifié, il avait du recevoir l'aide de son ami pour pouvoir venir à bout de l'énorme arachnide qui était apparu. Grâce à, ce que Ron appelait, le don d'Hermione -celui d'écouter fidèlement les cours de Flitwick et de McGonagall- la jeune fille avait fait apparaître de nombreux meubles et draps pour chacune des pièces, simplement à partir de planches de bois, ou de meubles détériorés. Ils étaient à présent tous trois assis sur le lit rajeuni de Ron. L'absence de Sirius commençait à les inquiéter. Que pouvait-il faire pour être absent si longtemps? Avait-il été retrouvé par ces curieux mangemorts qui le poursuivaient, lui et Lupin? Alors qu'ils tergiversaient sur toutes les possibilités qui avaient pu retenir le maraudeur aussi longtemps, ils entendirent un pop caractéristique du transplanage. Inquiets, ils se turent, mais la voix de Sirius brisa rapidement le silence.

- A table!

Le ton qu'il prit n'indiquait en rien qu'il avait eut des problèmes, ce qui les rassura. Ils le rejoignirent bien vite, le ventre de Ron commençant à grogner fortement. Ce qui les attendait à la cuisine les figea sur place. Apparemment, Sirius n'avait vraiment aucun notion de valeur: alors qu'ils s'entendaient à un repas frugal, ce fut une montagne de provisions qui les accueillit. Le maraudeur, amusé de leur réaction, pointa sa baguette sur le tas de vivres, qui disparut en quelques secondes, remplissant les différents placards de la pièce rafraîchis par Hermione, et laissa place à un bon repas, qui leur chatouilla l'odorat. Au cours du dîner, Harry se tourna vers Sirius:

- Pourquoi t'es-tu absenté si longtemps?

- J'ai eu du mal à trouver une boutique ouverte, répondit-il.

Harry eut alors la nette impression que Sirius ne lui disait pas tout.

Le soir venu, chacun se rendit dans sa chambre respective. Harry et Ron était en train de déballer leurs affaires de leur malle dont ils avaient préalablement rendu la taille respective. Harry, l'esprit toujours sur la réponse de Sirius finit par se tourner vers Ron, et lui demanda:

- Tu ne crois pas que Sirius nous cache quelque chose?

Ron, occupé à ranger ses robes dans son placard, ne lui répondit pas tout de suite.

- Que veux-tu dire par là? finit-il par demander, les sourcils froncées, la langue entre les dents tandis qu'il essayait de plier correctement ses affaires –ce qui était loin de donner un bon résultat.

- Eh bien, les discussions qu'il entretient avec Lupin, l'attaque au mariage de Bill, son absence prolongée de toute à l'heure…

- Ah oui, c'est vrai, répondit distraitement Ron. Rah, je n'y arriverais jamais! C'est bien un sort de filles, ça!

Il s'installa dans son lit après avoir revêtu son pyjama. Harry, lui, était encore assis sur le bord du sien, pensif. Ron le regarda.

- A mon avis, tu t'inquiètes pour rien, mon vieux. Il doit sûrement s'agir d'une de ses missions pour l'Ordre du Phénix…

Harry acquiesça et se glissa à son tour dans son lit. Ron se mit à ronfler presque immédiatement, mais Harry resta un instant allongé sur le dos, fixant le plafond. Se pourrait-il que Sirius manigance quelque chose sans lui en avoir parlé? S'agirait-il d'une mission pour l'Ordre du Phénix, comme l'avait suggéré Ron? Car, bien que son leader n'était plus, l'Ordre avait continuait ses actions. Ou peut-être d'une mission donnée par Dumbledore avant sa mort? Car, comme il l'avait lui-même confié à Harry trois ans plus tôt, il échangeait souvent du courrier avec son parrain. Harry chassa immédiatement l'idée que, peut-être, Sirius avait été recruté par Voldemort. Il savait que trop bien ce que pensait Sirius des partisans de Voldemort, ainsi que Voldemort lui-même. Il n'aurait jamais accepté… Du moins, c'était ce que Harry pensait. Troublé, il se tourna, jetant un œil à travers la fenêtre où la lune se voyait du fait des volets défaillants, et s'endormit.

°o.o°o.o°

Lorsqu'il se réveilla le lendemain matin, gêné par un rayon de soleil qui filtrait à travers les volets, il lui avait fallu quelques minutes pour reconnaître l'endroit où il se trouvait. Les ronflements incessants de Ron lui fit comprendre que le jeune homme dormait toujours. Il tendit la main vers sa table de nuit, et attrapa sa montre: six heures du matin… Harry soupira: il avait toujours été aussi matinal. Il s'extirpa lentement de son lit, et s'habilla silencieusement pour ne pas réveiller le jeune rouquin qui dormait profondément. Un bruit soudain dans la cuisine lui indiqua qu'il n'était pas le seul à être réveillé, ce qui réjouit Harry: il pourrait enfin parler à son parrain et essayer de comprendre tous les événements qui l'intriguaient. Arrivé à la porte de la cuisine, Harry se figea sur place: Sirius n'était pas seul… Il parlait à quelqu'un, dont la voix était connue du jeune homme: Lupin! Silencieusement, Harry s'approcha d'avantage, et appuya son oreille sur la porte. Les deux hommes chuchotaient, comme s'il craignait que leur conversation soit entendue:

- … avoir une idée de l'endroit, mais il me faut encore quelques indications.

Il y eut une sorte de grognement, puis Sirius prit la parole:

- Harry m'a parlé de l'existence d'une personne dont les initiales serait R.A.B. –le cœur de Harry fit un bond dans sa poitrine, tandis qu'il appuya plus fortement sur la porte: que signifiait cette conversation!

- Tu penses leur en parler?

- Je verrais.

- Bien.

Le silence s'installa à nouveau, puis:

- A plus tard alors…

- Bonne chance.

Il y eut alors un pop distinct, puis le silence complet. Le cœur battant, Harry n'en revenait toujours pas. Il resta un bon moment ainsi, incrédule, lorsque la porte s'ouvrit brusquement, lui faisant perdre l'équilibre. Il se retrouva alors face à face avec Sirius, qui semblait soudain embarrassé.

- Harry… qu'est-ce que… Tu es déjà réveillé?

- Que faisait Lupin ici? demanda celui-ci, presque involontairement.

Son ton n'était pas agressif, mais plutôt froid. Sirius soupira.

- Harry, tu ne devais pas…

- Pourquoi lui as-tu parlé de R.A.B.!

Dans un nouveau soupir, Sirius regarda vers les étages, comme s'il s'attendait à voir Ron ou Hermione, puis il se tourna vers son filleul.

- Installe-toi, je vais t'expliquer… finit-il par dire, à contre-cœur.

Harry, toujours interloqué par ce qu'il venait d'entendre, s'assit sans demander son reste, et attendit, sans patience, que Sirius ne lui expliquât enfin ces faits étranges. Celui-ci semblait prendre son temps en s'asseyant à son tour, en face du jeune sorcier. Il se passa la main sur les yeux d'un air las puis murmura:

- J'aurais du te le dire beaucoup plus tard, mais tu ne me laisses pas le choix…

Il attendit un moment avant de reprendre.

- Tu te souviens des lettres que tu m'envoyais, me racontant au fur et à mesure les leçons que te donnait Dumbledore? S'il t'a donné l'autorisation de m'en parler, c'est uniquement parce que j'avais, moi aussi, une mission à remplir. Depuis que j'ai été acquitté, Dumbledore me confiait souvent des missions pour l'Ordre, dit-il comme pour se justifier de l'air interrogateur de son filleul. Cette mission-là, je la partageais avec Remus, qui, je te le rappelle, est infiltré dans une meute de loup-garous à la solde de Voldemort, depuis l'année dernière.

Harry ne savait pas très bien où Sirius voulait en venir, mais il préféra ne pas l'interrompre, et écoutait patiemment.

- Cette mission, continua le maraudeur, était de lui donner des indications sur les Horcruxes –le cœur de Harry manqua un battement. Bien sûr, Dumbledore, grand sorcier et rusé comme il était, avait déjà trouvé les deux premiers: la bague et le médaillon. Mais il manquait encore d'indices pour les autres, et c'est à Remus et moi qu'il avait confié cette mission. Il nous accordait une confiance aveugle… Remus, grâce à sa mission et à quelques bonnes relations, a déjà récolté une bonne quantité d'indices. Il pense déjà savoir où se trouve la coupe de Poufsouffle.

- Où ça! demanda Harry, excité par la nouvelle.

- A Poudlard, répondit Sirius.

- A… A Poudlard! répliqua Harry, les sourcils froncés. C'est impossible!

- Je vois que nos avis coïncident, remarqua Sirius dans un sourire. Remus doit encore vérifier la véracité de cette information, mais il avait l'air assez sûr de lui lorsqu'il me l'a annoncé.

Harry resta un moment bouche bée devant tout ce que venait de lui apprendre son parrain: c'était bien trop de chose en bien peu de temps.

- Mais pourquoi…

- Ne pas t'en avoir parlé? Ordre de Dumbledore. Il ne voulait pas que tu prennes le risque de partir toi-même à la recherche de ces Horcruxes. Il préférait t'amener avec lui… Mais maintenant…

Sirius se tut, laissant le silence s'installer progressivement dans la petite cuisine. Les volets grinçaient faiblement sous le vent tandis qu'Harry réfléchissait toujours.

- Mais toi, quelle était ta mission? demanda Harry, rompant le silence au bout de quelques minutes.

- Te surveiller si jamais il lui arrivait quelque chose… répondit Sirius dans un léger sourire en coin. Et t'apporter mon aide si le besoin est. Il voulait que tu ne cours aucun risque inutile.

Harry acquiesça lentement, puis reprit bien vite:

- Je t'ai entendu parler de R.A.B.. Tu le connais?

- "Connaissait" serait plus juste. Aussi étrange que cela peut te paraître, il s'agissait de Regulus Augias Black…

La bouche de Harry s'ouvrit sous la surprise.

- Ton… Ton…

- Mon frère, oui! Cet idiot… répondit Sirius, d'un ton désinvolte. Il semblerait que cet imbécile a voulu s'enfuir après avoir volé le médaillon de Voldemort. Ne me demande pas comment il a fait, je n'en ai aucune idée: je l'ai toujours cru dénué d'intelligence! Mais comme tu le sais, on n'échappe pas longtemps au Seigneur des Ténèbres. Après avoir mis un mangemort à ses trousses pour retrouver le médaillon, Voldemort l'a fait exécuter.

- Mais comment le sais-tu?

- Je l'ai vu avec… A l'époque, je ne savais pas encore ce que représentait ce médaillon aux yeux de Voldemort.

- Et le médaillon? demanda Harry.

- Envolé, soupira Sirius.

Petit silence.

- Et sais-tu quel est le dernier Horcruxe? reprit Harry.

- Non, je l'ignore encore, mais je comptais sur Hermione pour le découvrir…

- Hermione?

- Disons que sa capacité à fouiller une bibliothèque entière avec un tel enthousiasme est un bon atout, répondit Sirius dans un sourire en coin amusé.

Harry sourit, puis resta un moment sans rien dire, cherchant encore quelques questions à poser. Certes, ce que venait de lui confesser Sirius expliquait bien les étranges discutions entre les deux maraudeurs. Mais cette attaque au mariage?

- Et…

- Je pense t'avoir dit assez de choses pour l'instant, Harry. Tu sauras le reste en temps voulu…

Harry se renfrogna, légèrement boudeur. Sirius, qui sembla s'en rendre compte, s'étira, puis brisa à nouveau le silence sur un ton plus enjoué.

- Bien, et si on déjeunait?

°o.o°o.o°

- Regulus Black! répéta Ron pour la dixième fois.

Harry, lassé, l'ignora. Dès lors qu'il avait fini de déjeunait, Harry s'était précipité dans la chambre d'Hermione, réveillant au passage Ron pour que celui-ci l'accompagne, et leur avait rapporté en détails tout ce que venait de lui avouer Sirius.. Il n'eut pas à attendre longtemps une réaction de leur part: Hermione était bouche bée, tandis que Ron ne cessait de répéter la même chose: "Regulus Augias Black!". Au bout d'un moment, Hermione sembla retrouver l'usage de la parole:

- Pourquoi ne te l'a-t-il pas dit plus tôt?

- Il agissait sur l'ordre de Dumbledore… Il ne voulait pas que je l'apprenne de peur que je prenne des risques.

- Et les mangemorts qui le poursuivaient?

- Il n'a pas voulu me le dire…

- Mais… c'est impossible: la coupe ne peut pas se trouver à Poudlard, remarqua-t-elle en se souvenant de ce détail. Aucun mangemort n'a pu y entrer sans que Dumbledore s'en rende compte!

- Je le sais bien… Nous verrons ce que donneront les recherches de Lupin.

°o.o°o.o°

Le mois d'août se termina paisiblement, sans autre révélation de la part de Sirius. Depuis qu'ils étaient au courant, ce dernier s'absentait plus souvent, se tenant au courant des agissements de Lupin, mais ne les laissait jamais seuls trop longtemps. Quant aux trois amis, ils passaient la plupart de leur temps dans la bibliothèque où Sirius les avaient amenés. C'était la plus vaste bibliothèque que Harry n'avait jamais vue. Elle était situé dans une petite ville sorcière, au Nord de Liverpool. Selon son parrain, le ministère avait rassemblé dans ce lieu tous les livres de magie, ainsi que tous les documents officiels que le monde sorcier possédait. Jusqu'à ce moment, ni Harry, ni Ron, ni Hermione –au plus grand désespoir de la jeune fille- n'avait trouvé une quelconque indication sur le dernier Horcruxe.

Au cours de la deuxième semaine de septembre, Harry et ses deux amis étaient en train de déjeuner tranquillement avec Sirius, lorsque le hibou Grand-Duc qui apportait le journal d'Hermione s'engouffra dans la cuisine, et déposa la gazette sur les genoux d'Hermione. Celle-ci, après avoir déposé les cinq noises que lui réclamait le hibou, ouvrit en grand le quotidien sur la table. Harry et Sirius, d'un air désinvolte, continuaient de déjeuner, lui jetant de temps en temps un œil en attendant une réaction de sa part, tandis que Ron se tourna vers elle, et lui demanda de son ton brusque:

- Des gens qu'on connaît sont morts?

Sans lui prêter attention, Hermione continua sa lecture. Elle poussa alors un petit cri, et tourna un article vers les autres. Harry pâlit:

- Oui?

- Non! Mais jetez un œil à ça!

Curieux, il se pencha vers la gazette en même temps que les autres. Il s'agissait d'un petit article traitant sur le travail du ministère. Apparemment, Scrimgeour avait trouvé en la personne de Rita Skeeter la coopération qu'il avait, par deux fois, réclamé à Harry. Celle-ci avait écrit de nombreux éloges le travail efficace qu'effectuait le nouveau ministre, qui, d'après elle, avait réussi à capturer de très dangereux mangemorts et à sécuriser les différents endroits où les sorciers avaient l'habitude de se rendre, tels que Pré-au-Lard, ou même le chemin de Traverse. Elle terminait l'article en rassurant les sorciers, et les incitant à sortir à nouveau de chez eux, prétextant que le ministère veillait à leur bonne sécurité. Une photo de Scrimgeour illustrait l'article. Celui-ci se tenait droit, presque d'une façon raide, et jetait un œil mauvais à Harry. Celui-ci soupira: Rita avait donné une liste des soi-disant mangemorts. Mais aucun d'eux n'en était vraiment un: Harry connaissait la plupart de vue ou simplement par noms, et il donnerait sa main à couper qu'aucun d'eux ne portait la marque des Ténèbres.

- Encore une fois, Rita a fait du bon boulot, soupira Sirius. Rien de tel que cet article pour mettre la population sorcière en danger.

- Mais je le connais, celui-là, s'écria Ron en se penchant d'avantage sur l'article. Mon père m'en avait parlé un jour. Ce n'est pas un mangemort!

- Je crains qu'il n'y ait aucun véritable mangemort, répondit Hermione.

Harry se remit alors à manger, lorsque Sirius prit à nouveau la parole.

- Vous avez trouvé quelque chose d'intéressant à la bibliothèque?

- Rien, non, soupira Harry.

- Aucun objet de Serdaigle ou Gryffondor n'a été signalé comme volé, rajouta Hermione.

- Vous croyez que Dumbledore ait pu se tromper? demanda Ron.

Harry et Hermione échangèrent un regard.

- Non, j'ai confiance en ses intuitions, répondit Harry.

Plus tard dans la journée, les trois compagnons s'étaient à nouveau rendus à la bibliothèque, dans l'espoir de trouver une quelconque indication sur ce mystérieux Horcruxe. Chacun avait un rôle bien réparti: Hermione fouillait toutes les éditions de la gazette d'il y a cinquante ans à aujourd'hui, recherchant un quelconque vol constaté dans un musée ou chez un particulier; Ron, quant à lui, examinait tous les livres de Poudlard qui pourraient parler des Fondateurs et peut-être des objets précieux qu'ils possédaient, tandis qu'Harry cherchait tout ce qui les concernait dans les livres d'histoire de la magie. Le bibliothécaire, qui n'avait pas perdu de vue le fait que ses trois adolescents revenaient à présent tous les jours, leur demanda à plusieurs reprises l'objet de leur recherches, espérant les aider. Hermione avait alors prétexté qu'ils essayaient d'approfondir leurs connaissances sur Poudlard, mais il ne semblait pas vraiment la croire. Pour l'instant, aucun d'eux n'avait trouvé d'informations importantes, seulement quelques petits détails sur la vie des deux Fondateurs. Harry, à nouveau dans un rayon à la recherche d'un nouveau livre à explorer, était en train de désespérer. Et si, finalement, Dumbledore s'était trompé? S'il ne s'agissait pas d'un objet de l'un des fondateurs, mais simplement d'un trophée rapporté de l'une des victimes de Voldemort? Il contemplait la couverture des livres, recherchant l'un qui pourrait l'intéresser (La révolte des Gobelins - tome 28, L'incroyable voyage de Henrick Ledingue, La création du Quidditch et ses perfectionnements – tome 6) lorsqu'un petit livre attira son attention: Magie Noire: s'en protéger ou la pratiquer? de Sémoua Leboce. Harry fronça les sourcils: comment un livre de défense pouvait se trouver dans le rayon Histoire? Il le sortit doucement de l'étreinte des deux gros livres d'Histoire qui l'encadrait, et le regarda de plus près. D'après la poussière qui le recouvrait, cela faisait bien une dizaine d'années qu'il avait été lu. Harry l'ouvrit, et jeta un rapide coup d'œil à son contenu. Ce livre était bien étrange, pensa Harry. Le contenu était divisé en deux parties: la première était exclusivement consacrée à la défense contre toute forme de créatures magiques, ainsi que de nombreux sorts de magie noire, tandis que la seconde exposait tous les sortilèges, incantations, potions et rituels que pratiquait la magie noire. Certains effets de sorts retourna l'estomac de Harry, et celui-ci s'apprêta à le reposer, lorsque une unique pensée lui vient en tête: Rogue. Avec ce qu'il possédait dans les mains, il pourrait lui faire regretter à jamais tout le mal qu'il avait fait. De plus, certains sorts pourraient l'aider lors de sa rencontre inévitable avec Voldemort. Il se dirigea donc vers le bibliothécaire, un grand homme à l'allure sévère, et emprunta le livre pour une durée de deux mois (le maximum qu'il pouvait). Lorsqu'il retourna à sa recherche, il croisa le regard interrogateur d'Hermione, qui lui demanda immédiatement:

- Tu as trouvé quelque chose, Harry? demanda-t-elle, pleine d'espoir.

- Non, simplement un livre intéressant de défense, dit-il, ce qui était à moitié vrai.

Les épaules d'Hermione s'affaissèrent lorsqu'elle retourna à ses propres recherches, tandis qu'il rejoignit Ron, absorbé par sa lecture.

°o.o°o.o°

Au milieu de la nuit, Harry était paisiblement en train de dormir, rêvant de multiples livres qui voltigeait dans les airs, l'entourant et s'ouvrant à chaque fois qu'ils passaient devant lui. Il lui montraient de nombreuses coupes de Poufsouffle, d'épés et boucliers de Gryffondor, ainsi que des médaillons de Serpentard, mais le livre concernant Serdaigle ne cessait de s'enfuir lorsqu'il essayait de l'attraper. Il se mit alors à courir après le livre, mais celui-ci se transforma soudain en une Hermione à l'air menaçant, dont la taille était le double de la sienne, qui lui reprochait d'avoir gardé le livre du Prince, et maintenant celui qu'il avait trouvé à la bibliothèque.

Soudain, toutes les images devinrent complètement floues, et un nouveau décor apparut: il s'agissait de la grande-rue de Pré-au-Lard. Quelques personnes s'y aventuraient, confiant dans l'article de Rita qu'ils avaient lu le matin même. Harry semblait ramper sur le sol, à l'ombre des magasins, car personne ne paraissait le voir. Il se déplaçait lentement, et explorait tout les angles de rues, sifflant au passage lorsqu'il apercevait un homme du ministère chargé de surveiller les activités de la rue. Il rampait, rampait, passant à plusieurs reprises devant ces aurors, comme s'il essayait de se rappeler la position de chacun dans le village. Il se dirigea ensuite vers les ruelles douteuses, continuant son exploration, puis, au bout de quelques minutes, sortit du village et se dirigea vers une direction inconnu. Il y eut soudain un flash de lumière blanche et Harry se réveilla en sursaut dans son lit, couvert de sueurs.

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Voilà, c'est la fin de ce chapitre! J'espère qu'il vous a plu, et qu'il répond à vos attentes. Je m'excuse de ce retard, mais j'ai du refaire tout le plan de ma fic, et je dois avouer que ça m'a pris un bon bout de temps. Mais, maintenant que j'ai toutes mes idées, ça devrait aller plus vite!
Vous remarquerez que j'ai finalement décidé de dévoiler un peu le complot Sirius/Remus. Mais rassurez-vous, ce n'est que la surface… Il y a encore bien plus à découvrir !
Pour finir, j'aimerais remercier les quelques reviews que j'ai reçu, qui m'encourage à continuer, ainsi que l'une de mes meilleures amies, alias James Potter (ou Lady Dogstar pour ceux qui la connaissent) pour m'avoir donné l'idée d'une entrée comique de Sirius. Bisous à toi, la puce!
Et à tous, au prochain chapitre!

Lynn