Et voilà! Me voilà de retour avec un tout nouveau chapitre! Je m'excuse de cette absence, et j'espère n'avoir pas été trop longue. Je remercie au passage ma chère amie Kingsley pour sa superbe review! Sur ces mots, enjoy yourself ;) !

Bisous à tous!

Lynn

Disclaimer: Tout est à JKRowling! Sauf l'histoire et quelques personnages sortis tout droit de mon imagination :)

Chapitre 5: La forêt interdite

Lorsque Harry se réveilla le lendemain matin, il se sentait allégé, comme s'il avait était débarrassé de quelque chose qui le perturbait. Il dut mettre un certain temps avant de se rappeler tout ce qu'il avait appris la veille: la coupe de Poufsouffle était enfin découverte. Il allait enfin pouvoir se débarrasser du troisième Horcruxe… Il ne lui restait plus qu'à trouver les trois autres, ce qui ne serait sûrement pas une tâche facile. Harry soupira. Si seulement tout c'était passé différemment: si seulement Dumbledore était encore en vie… Si seulement Voldemort n'existait pas. Mais, pendant ces six dernières années, Harry avait appris que la vie n'était pas aussi simple que ça. Un ronflement venant du lit voisin l'interrompit dans ses pensées: Ron était encore paisiblement endormi. Soupirant à nouveau, Harry se tourna sur le côté, mais ne parvint pas à retrouver le sommeil. Ne voulant se lever de peur de réveiller Ron, le jeune homme se résigna donc à compter les différents grains de poussière qui, en passant devant l'un des rayons du soleil qui filtrait à travers ses volets, brillaient d'une étrange lumière, lorsqu'une pensée lui vint à l'esprit: le livre qu'il avait trouvé à la bibliothèque. Il ne l'avait pas encore vraiment lu. Depuis peu de temps, il maîtrisait parfaitement l'occlumancie ainsi que la legilimencie, il lui fallait donc s'ouvrir à d'autres entraînements utiles au vu des combats qui l'attendaient. De plus, ce livre pourrait peut-être lui apporter de nombreuses informations utiles quant à sa prochaine tâche: chercher la coupe de Poufsouffle.

Tout en prenant garde à ne pas perturber le sommeil de son meilleur ami, Harry attrapa du bout des doigts sa baguette, ainsi que ses lunettes qu'il posa immédiatement sur son nez tandis que de l'autre main, il extirpa le livre de sous son oreiller. Tout ce dont il avait besoin en mains, le jeune sorcier s'assit en tailleur sur son lit, le dos recouvert par ses couvertures pour garder la chaleur de son lit, et agita un court instant sa baguette, ce qui eut pour effet d'en allumer le bout, avant de la placer sur son oreille, lui permettant une meilleure mobilité. Un sourire aux lèvres tandis que l'image de Luna Lovegood lui revint en mémoire, il regardait avec avidité le dos du livre. Sur la tranche, incrusté d'argent, on pouvait lire "Magie Noire: s'en protéger ou la pratiquer?" de Sémoua Leboce. La première chose qui marqua Harry était la disposition du livre: toute une partie consacrée à la défense et une autre sur la pratique de la magie noire. Ce n'était pas tout les jours qu'il lisait ce genre de livre… Quel était vraiment le but de cet ouvrage? Harry le posa délicatement sur son oreiller et commença à le feuilleter: de nombreux sorts et contre-sorts avec leurs effets étaient listés, mais le livre décrivait également de nombreux rituels et potions utiles. Harry fut surpris par l'abondance d'informations sur tout ce qui touchait la défense contre les forces du mal. Bien sûr, il avait déjà quelques notions sur la matière, mais il n'aurait jamais imaginé qu'il puisse exister autant de sortilèges… De sa main droite, il délogea sa baguette de son oreille et la rapprocha doucement du livre afin d'examiner plus précisément les ressources que lui apportait ce livre. Quelque chose retint alors son attention. Il s'agissait d'un petit contre-sort:

Joregux: (sort informulé) Permet de dresser un poussant bouclier arrêtant tout sortilège de la part de l'ennemi et de repousser celui-ci par un souffle brusque et puissant.

Harry fronça les sourcils: il n'avait jamais entendu parler de ce genre de sortilèges… Cela devait être au programme des septièmes années, puisqu'il s'agissait d'un sort informulé… Tournant la page, il continua de fouiller un peu les autres sortilège, mais un seul retint à nouveau son attention:

Thunderbolt: (sort informulé) Provoque une soudaine pluie d'éclairs étourdissant les ennemis pendant un court instant (relatif à la puissance du sort).

Il s'agissait du même sort que Dumbledore avait utilisé en sa présence lors de sa cinquième année, couvrant ainsi la fuite du directeur. Encore un sortilège informulé… Maîtriser ces sorts ne serait pas une tâche aisée… Harry secoua sa tête de droite à gauche, comme pour chasser cette idée, et se remit à l'étude de ce livre. Il arrivait maintenant à la deuxième partie, celle qui traitait de la magie noire. Resserrant ses couvertures sur lui, le jeune homme commença à fouiller dans la liste des sortilèges. Beaucoup avaient pour but la souffrance du malheureux sorcier qui les subissait et parfois, dans des envergures si horribles que les cheveux de Harry se dressaient le long de sa nuque. Comment pouvait-on inventer de telles horreurs! Beaucoup de sortilèges étaient décrit avec une telle précision qu'Harry préférait passer au sortilège suivant. Il n'existait seulement que trois sortilèges impardonnables, mais le jeune homme était d'un tout autre avis: beaucoup de ces descriptions lui rappelaient les souffrances qu'engendrait le sort Doloris… Toutefois, il arrivait à Harry de tomber sur deux ou trois sortilèges qui semblaient avoir une toute autre fin, certain étant même praticables sur l'usager en personne: dédoublement de personnalité, protection infinie, décuplement de puissance. Ce fut ainsi que Harry trouva le sortilège:

Fenslink: accroissement surhumain brusque de la force magique. Courte durée (relative au sorcier qui la pratique). Usage modéré.

Plus concentré que jamais, Harry était en train de lire la présentation du sort, lorsqu'un cri soudain venant de derrière la porte le fit sursauter, perdant ainsi l'étreinte de sa baguette.

- Debout là dedans! hurlait Sirius. Le petit déjeuner est prêt!

Se remettant doucement de sa frayeur, le cœur battant toujours à tout rompre, Harry entendit un long grognement provenant du lit d'à côté, tandis que Ron plaçait ronchonnement un oreiller sur sa tête.

- Jvaisletuerjvaisletuerjvaisletuer … marmonnait-il.

Sourire en coin, Harry referma avec regret le livre, le plaça rapidement sous son propre oreiller avant que Ron ne se levât et se hissa en-dehors de son lit.

Lorsqu'il descendit dans la cuisine, un sourire apparut sur ses lèvres en remarquant qu'Hermione était déjà là, avec, certes, l'air encore un peu endormi. Sirius, quant à lui, s'affairait à préparer le petit déjeuner avec un tel entrain que les trois jeunes sorciers le laissèrent faire, s'asseyant chacun autour de la table, les yeux dans le vague, les paupières alourdies par un réveil si brusque. Toujours habillé de son pyjama, Ron était assis à côté d'Hermione, les yeux fermés, les deux coudes posés sur la table tandis que ses mains soutenaient difficilement sa tête. Hermione, quant à elle, touillait d'un air somnolent sa tasse de thé, la joue reposant sur sa main droite. Harry remarqua qu'elle portait le collier que lui avait offert le jeune rouquin. Un bruit de vaisselle retentit, puis Sirius arriva, sourire aux lèvres, avec les différentes assiettes qu'il avait lui-même préparé. L'odeur qui s'en échappait sembla soudainement réveiller Ron, qui s'anima instantanément et se jeta sur la nourriture. Cependant, il semblait toujours en vouloir à Sirius de l'avoir éveillé si tôt.

- Pourquoi nous avoir réveillé maintenant? demanda-t-il, la bouche pleine comme à son habitude.

- Il fallait bien que tu te lèves un jour! répondit le maraudeur dans un sourire jovial. Et puis, le chemin jusqu'à Poudlard est plutôt long.

Ron faillit s'étouffer dans sa tasse.

- Pou-Poudlard? s'exclama-t-il, hébété. On part maintenant? Je veux dire: pourquoi maintenant? On est même pas prêts!

- Harry l'a dit: le plus tôt sera le mieux.

Harry regardait Sirius avec le même air hébété que Ron. Il savait qu'ils devaient se dépêcher, mais de là à se précipiter… Il commençait à croire les soupçons d'Hermione quant à l'entrain de son parrain dans cette quête: il prenait cela trop à la légère.

- Je ne crois pas que ce soit une bonne idée de partir maintenant, répliqua Hermione de son air sage.

Sirius regarda la jeune fille, le visage méfiant.

- Écoute Hermione: je ne veux pas débattre là-dessus, mais si tu veux connaître la raison qui me pousse à accélérer les choses… Remus est pratiquement sûr d'avoir éveillé des soupçons quant à la cache de la coupe. Il serait donc judicieux de se hâter si nous ne voulons pas arriver trop tard.

Hermione sembla chercher un instant de quoi répliquer, mais un hibou Grand-Duc l'en empêcha. Celui-ci s'engouffra avec grand bruit dans la petite cuisine et déposa devant la jeune fille un exemplaire de la Gazette des Sorciers, avant de repartir, son dû à l'intérieur de la petite bourse qu'il portait à la patte. Sirius profita de cet instant de répit pour se lever.

- Préparez-vous: nous partons dans une heure.

Et il sortit de la cuisine, laissant les trois jeunes gens déjeuner.

°o.o°o.o°

Lorsque Harry remonta dans sa chambre, c'était un Ron bougonnant qui le suivait. Celui-ci n'avait pas vraiment apprécié le fait d'avoir été réveillé si tôt, afin de lui annoncer un tel programme. Silencieux, mais pourtant marmonnant, il se dirigea directement vers son lit et commença à s'habiller en maugréant sur Sirius, tandis que Harry se vêtait de son côté, l'air pensif. Dans quelques heures, ils allaient enfin détruire leur premier Horcruxe. Cependant, le jeune homme ne savait pas encore où ni comment ils allaient le faire. Lorsque Dumbledore s'y essaya, il avait perdu l'usage de sa main. Fallait-il aussi qu'il perde l'usage de la sienne? Ou peut-être d'un autre membre… ou tout simplement perdre sa vie? Existait-il un moyen sûr de détruire cet objet sans avoir de répercutions sur soi-même? Sûrement non, puisque Dumbledore ne l'avait pas utilisé. Pourtant, il était sûr d'avoir vu quelque chose à ce sujet… Serait-ce dans ce livre étrange qu'il venait de lire? Passant son pull tricoté Weasley, Harry jeta un œil à son meilleur ami: celui-ci était en train de se débattre avec son pantalon, qui se révélait une fois de plus trop petit pour lui. Profitant de cette opportunité, Harry prit rapidement le livre caché sous son oreiller et en fouilla furtivement les pages. Il trouva alors ce pourquoi il cherchait dans la section magie noire:

Helthik: (sort informulé) Protection momentanée de la personne contre toute attaque puissante extérieure. N'est d'aucune utilité face à un Sortilège Impordonnable.

Pourquoi ce sort était classé "magie noire"? N'était-ce pas naturel de se défendre? Le sort était-il si puissant pour être répertorié ainsi? Harry ferma les yeux tandis qu'il se mémorisait le sortilège. Il le lui fallait à tout prix, même s'il devait pratiquer de la magie noire pour cela!

- Qu'est-ce que tu fais? lui demanda la voix de Ron.

Harry ferma brusquement le livre et le glissa sous son oreiller.

- Rien, répondit-il simplement.

°o.o°o.o°

Marchant tous les quatre côtes à côtes, Harry et ses amis se dirigeaient lentement mais sûrement vers l'extérieur du village. Quelques instants auparavant, ils s'étaient tous réunis dans le petit salon de leur QG pour préparer leur recherche. Il était convenu que, n'ayant pas de voyages du Poudlard Express en cette période, ils devaient transplaner à la gare de Poudlard, juste à côté du lac, et se rendre à la cachette en passant par les bois. Hermione n'était pas très rassurée à l'idée de rencontrer à nouveau les centaures, ou même peut-être Graup, mais Sirius lui assura qu'il connaissait un chemin hors de dangers. Chacun s'étant soumis à un entraînement intensif avant leur départ, Sirius avait conclu qu'ils étaient prêts à partir. Bien entendu, avait-il lui même dit, il ne serait pas aussi efficace que Dumbledore en personne. Mais étant un très bon élève à son époque et leur groupe étant au nombre de quatre, il leur assura qu'il n'y aurait pas trop de dangers pour eux.

Arrivés à l'extérieur du village, chacun se regarda et, un à un, ils disparurent dans un pop sonore. Lorsque Harry émergea à nouveau à l'air libre, ce fut dans un endroit qu'il connaissait et qu'il n'oublierait jamais. Poudlard… Poudlard et son parc… Et son lac… Et sa forêt… Cet univers lui manquait horriblement. Après tout, ce fut le premier endroit où il se sentit chez lui: c'était un peu comme s'il s'agissait de sa deuxième famille -puisque Sirius constituait ce qu'il restait de la première. Mais il avait lui-même choisi de s'éloigner de cet endroit et avec raison: il ne pouvait pas rester une année de plus à étudier bêtement alors que Voldemort renforçait chaque jour ses rangs. Se débarrassant de ses dernières pensées, il se tourna vers ses trois amis. Sirius fut le premier à parler. Depuis qu'ils étaient arrivés, le maraudeur avait cette petite expression sérieuse sur le visage, tandis que des souvenirs douloureux lui étreignaient le cœur. Ce n'était pas les souvenirs en eux-même qui étaient douloureux, mais plutôt l'intense vide qu'ils provoquaient en lui lorsqu'il s'en souvenait. D'aussi loin qu'il s'en rappelait, James avait toujours été son meilleur ami, le seul qui lui ait montré l'affection dont il manquait. Bien sûr, maintenant, il y avait Remus. Mais ils n'avaient pas la même complicité. James et lui avaient été si proches que chacun savait ce que l'autre ressentait, ce que l'autre avait l'intention de faire. Il avait toujours été pour lui ce frère jumeaux. Et le fait d'en avoir été privé avait laissé une intense sensation de vide au fond du maraudeur.

- Bien, maintenant qu'on y est, il n'y a pas de raisons de reculer. Allons-y, dit-il de sa voix rauque, légèrement tremblante, mais aucun des trois sorciers ne le remarqua.

L'automne avait pris le pas sur l'été depuis maintenant plus d'un mois. Les arbres qui bordaient la gare de Pré-au-Lard commençaient à le ressentir, se teintant soit de jaune, soit de marron, perdant de temps en temps leur feuillage. Harry marchait silencieusement à travers la gare, comme le reste du groupe, regardant le sol et se dirigeait à grands pas vers la forêt interdite. Il ne savait pas encore ce qui l'attendait plus loin et préférait dix mille fois être ailleurs à cet instant. Mais, c'était son choix, son fardeau, laissé par Dumbledore lors de sa mort. Il ne pouvait pas le refuser. Pas maintenant que de nombreux sorciers, dont seule une poignée seulement en avait conscience, avaient leur vie entre ses mains si jeunes.

Au bout de quelques instant, ils y arrivèrent enfin. La forêt se dressait devant eux, l'air encore plus menaçante qu'à l'époque où Harry était encore un élève à Poudlard. Ses arbres s'agitaient, créant ainsi une sorte de râle mystérieux, sortant du naturel et faisant se dresser les poils sur leurs bras. Des bruits étranges en échappaient, comme si les créatures qui habitaient cet endroit si étrange savait qu'il y avait à l'extérieur des personnes qui n'avaient aucune raison d'y être. La lumière elle-même semblaient avoir été bannie de ce lieu. Sirius, qui était devant eux et contemplait la forêt depuis le début, sortit lentement sa baguette de sa poche, incitant les autres à en faire autant, puis leur dit dans un murmure:

- Qui m'aime me suive…

Hermione jeta un œil à ses deux compagnons: Ron semblait très effrayé à l'idée de devoir retourner dans cette forêt maudite, où tous ses séjours avaient été pour lui les plus mauvais, tandis que Harry regardait la lisière l'air indécis. Ce dernier inspira un dernier coup, sortit sa baguette et, s'engouffrant dans les bois, suivit Sirius. Il ne restait plus que Ron et Hermione. Ceux-ci, encore indécis, se demandant au passage s'ils avaient bien fait de suivre Harry dans cette nouvelle aventure, se regardèrent un long moment sans rien dire, puis, dans un geste tout à fait naturel, ils se prirent la main, afin de se rassurer l'un l'autre, et entrèrent ensemble à la suite des deux autres, les mains liées. Harry avait déjà rejoint Sirius et marchait à ses côtés.

- Tu es sûr du chemin qu'il faut prendre? demanda-t-il. Je ne suis jamais passé par ici.

- Plus que sûr. Avec James, on explorait souvent les moindres recoins de la forêt, espérant trouver un nouveau terrain de jeu. Je connais la forêt comme ma poche.

- Et les centaures?

- Oh, ne t'inquiète pas pour eux. Ils ont leur territoire propre: la forêt ne leur appartient pas entièrement et je connais leurs limites.

Harry jeta un œil en arrière, vérifiant que ses deux amis le suivaient bien. Son cœur se serra soudain à la vue de ses deux compagnons, main dans la main, tandis que chacun regardait d'un côté. Il avait toujours su que ses deux amis possédaient certaines affinités, mais le fait de les voir ainsi lui provoquait une étrange sensation. Il avait l'impression qu'au fur et à mesure que leur relation avançait, ils s'éloignaient de lui… Mais quelque chose d'autre perturba le jeune homme: lorsqu'il les vit, une deuxième sensation lui pressa le cœur. Un sentiment de jalousie à l'égard de Ron… Mais était-ce vraiment de la jalousie? Après tout, il était sorti avec Ginny, il n'avait aucune raison d'être jaloux…

- Harry, est-ce que tu m'écoutes? demanda Sirius dans son éternel petit sourire en coin.

- Hum…? Excuse-moi, non. Tu disais?

- Qu'il fallait prendre un petit chemin sur le côté, répondit le maraudeur, l'air légèrement intrigué par le moment d'absence de son filleul. Mais qu'il y ferait sûrement très sombre: il faudra donc se méfier des créatures qui s'y abriteraient. Elles ne peuvent être que mauvaises.

Harry acquiesça, resserrant sa baguette et chassant de son esprit toutes formes de sentiments envers son meilleur ami. Il fallait qu'il se concentre sur sa mission… sur l'Horcruxe.

- Sirius… Sais-tu comment on se débarrasse d'un Horcruxe?

- Oh, ce n'est pas bien compliqué –le cœur de Harry fit un nouveau bond. Le problème –l'enthousiasme de Harry retomba soudainement-, c'est que lorsque tu le fais, tu t'exposes à de très graves représailles de la part de l'objet. N'oublie pas qu'il a été créé par un sorcier qui a commis un meurtre. Il faut toujours se méfier de ces objets.

- Pourtant, il ne s'est rien passé lorsque j'ai détruit le livre de Jedusor.

- C'est juste! Et d'ailleurs, tu as eu beaucoup de chance. Mais après tout, peut-être qu'il ne les a pas tous protégés…

Tandis qu'il parlait, Sirius continuait son avancée dans la forêt et finit par arriver à l'endroit qu'il avait décrit quelques minutes auparavant à son filleul. Il se baissa alors, sous le regard intrigué de ce dernier, et souleva un gros arbuste plus touffu, qui, à la surprise de Harry, n'avait aucune racine, révélant ainsi un petit sentier. Plusieurs araignées de petite taille s'en échappèrent, furieuses d'avoir été dérangées si soudainement, provoquant un cri de frayeur de la part de Ron tandis que le rouquin blanchissait à vue d'œil. Sirius ricana tout en se relevant.

- Ce ne sont que de petites araignées, Ron, dit-il de son ton moqueur.

Il jeta l'arbuste un peu plus loin et, sans attendre, s'engagea sur le sentier ainsi découvert, Harry immédiatement à sa suite, suivi d'Hermione, puis de Ron qui avait enfin lâché la main de la jeune fille et ne cessait de jeter des regards en arrière à l'endroit où avaient disparues les arachnides. Hermione avait rejoint Harry et, sans autre cérémonie, lui murmura à l'oreille.

- Comment peut-on être sûr que ce soit le bon chemin? Cela fait longtemps que Sirius n'est pas retourné dans la forêt.

- Si tu lui faisais un peu confiance, Hermione? demanda Harry d'un plutôt neutre pour une fois. Il sait ce qu'il fait.

- D'accord, mais que fera-t-on une fois arrivé là-bas? Qui sait ce qui nous attend!

- J'y ai déjà pensé, figure-toi. Je n'en ai aucune idée.

Tandis qu'ils parlèrent, un phénomène étrange se produisit: la lumière, autrefois filtré par les branches des arbres, disparut complètement, laissant place à une légère lueur bleu nuit. Le chant des oiseaux qui, jusque là, n'avait été qu'un faible fond sonore, s'interrompit aussi soudainement. Harry et Hermione s'immobilisèrent alors, étonnés par ce brusque changement, et relevèrent la tête vers la cime des arbres. Ron, qui venait de les rejoindre, en fit autant.

- Qu'est-ce qu'il se passe? Il fait déjà nuit? s'étonna-t-il.

- Tu pénètres dans un endroit purement magique, Ron Weasley, fit la voix grave et rauque de Sirius. A partir de ce moment, soyez sur vos gardes.

Sur ce, il leva sa baguette magique, la secoua d'un geste brusque tout en murmurant, et continua son chemin, celui-ci à présent éclairé par la baguette du maraudeur.

- Ca fait froid dans le dos, cette histoire, frémit Ron.

- Allons-y, répliqua Harry, allumant à son tour sa baguette d'un lumos.

Au bout d'un moment, le jeune homme, n'y tenant plus, se tourna vers Hermione qui marchait à ses côtés.

- Je n'aurais jamais du accepter votre proposition! Vous prenez beaucoup trop de risques en m'accompagnant et je ne veux pas être le responsable si jamais il vous arrivait malheur.

- Écoute Harry, nous en avons déjà parlé une dizaine de fois, répondit Hermione d'une petite voix tandis qu'elle jetait des regards inquiets dans les environs. C'est notre choix. Que dirais-tu si moi, ou même Ron, était obligé de partir soudainement? N'aurais-tu pas envie de lui apporter ton aide? Nous ne voulons pas qu'il t'arrive quelque chose, Harry.

- Ouais, renchérit Ron. Et puis, d'ailleurs, c'est beaucoup mieux que de rester cloîtrés dans un château en attendant que quelque chose survienne!

Harry sourit face au soutien de ses amis et ouvrit la bouche pour leur répondre, mais un bruit soudain sur leur gauche l'interrompit. Chacun s'arrêta, dressant l'oreille et n'esquissant plus le moindre geste. Un peu plus loin, quelque chose rampait dans le silence inquiétant de la forêt. Ils restèrent un instant ainsi, ne bougeant plus ne serait-ce que le petit doigt. Le bruit continuait, à intervalle régulier, comme si la créature cherchait quelque chose, et, après un interminable moment, le bruissement s'interrompit au lointain. Chacun put alors respirer normalement. Ron avait considérablement pâli et la main d'Hermione tremblait tandis qu'elle tenait sa baguette. Harry lui-même sentait ses jambes osciller sous lui. D'où venait cette soudaine frayeur? Était-ce à cause de leur "mission"? Ou peut-être était-ce la créature?

- Qu'est-ce… Qu'est-ce que c'était? demanda Ron, toujours aussi pâle.

- Aucune idée, répondit Hermione.

- Où est Sirius? s'exclama Harry qui regardait plus loin.

Les deux autres se retournèrent immédiatement. Lorsqu'ils s'étaient arrêtés pour attendre que la créature passât, ils ne s'étaient pas rendus compte que Sirius avait continué sa marche. Les trois amis se regardèrent un très court instant, puis chacun se mit à courir en suivant la direction qui leur semblait la bonne. En lui-même, Harry se maudit: il avait quitté des yeux son parrain suffisamment longtemps pour perdre son chemin. Et si Sirius ne les retrouvaient plus? Et s'il se faisait attaquer? Mais très vite, il dut mettre de côté ces deux possibilités.

- Harry! Où étiez-vous passés? demanda Sirius, l'air plus inquiet que jamais.

Harry s'arrêta et regarda d'où venait la voix. Apparemment, il n'avait pas pris la bonne direction: Sirius était en train de revenir sur ses pas, beaucoup plus à droite que l'endroit où se trouvaient les trois amis. Lorsque Sirius les rejoignit, Harry fut choqué par la couleur blafarde de son visage.

- Restez prêts de moi, maintenant… grogna-t-il. Nous y sommes presque.

Essoufflés, mais néanmoins rassuré par la présence du maraudeur, Harry, Ron et Hermione lui emboîtèrent le pas, la baguette bien levée afin de voir où ils marchaient. De temps à autre, Harry ne pouvait s'empêcher de jeter un œil en arrière, craignant de voir une ombre, ou d'entendre un soudain bruissement. Quelque soit la créature qu'ils avaient rencontrés, Harry était sûr au plus profond de lui que jamais il n'aimerait la croiser à nouveau. Ils marchèrent, marchèrent sans aucune autre interruption. L'obscurité qui régnait aux environs était telle que Harry devait parfois plisser les yeux pour voir la silhouette de son parrain. Et ils continuèrent de marcher, sans autre bruit que celui de leurs pas. À son plus grand soulagement, le jeune homme avait appris que tout chose avait sa fin. Ce fut ainsi qu'il vit Sirius s'arrêter à quelques mètres de lui et se retourner vers eux.

- Nous y sommes enfin, affirma-il, le visage étrangement tiraillé par la peur.

Harry se rapprocha et regarda l'endroit que lui indiquait le maraudeur. Un peu plus loin, sous une énorme racine d'un chêne âgé d'au moins un millénaire, noire comme l'encre, se dessinait l'entrée de la grotte dont Sirius avait parlé. Celui-ci ne semblait pas très à l'aise et paraissait lutter avec lui-même contre une envie de fuite imminente. Une pression soudaine à son bras gauche attira l'attention de Harry: Hermione venait de le rejoindre, lui agrippant le bras de ses deux mains, et ne semblait pas très rassurée à l'idée d'entrer dans la grotte. Ron, quant à lui, était resté silencieusement derrière ses deux amis, étant plus grand qu'eux, et, bien qu'il ne disait rien, Harry savait qu'il avait aussi peur qu'Hermione. Tous deux n'étaient pas allés avec Dumbledore cette fameuse nuit, et craignait ce qu'il les attendaient.

- Bien, on n'a quand même pas fait tout ce chemin pour prendre racine ici! s'exclama Sirius, un sourire forcé sur les lèvres. Allons-y.

Mais, avant même qu'il eut fait un pas en avant, un horrible cri lointain, à glacer le sang, s'échappa soudainement de la grotte, faisant reculer les trois compagnons, immédiatement suivi d'un autre, cette fois-ci beaucoup plus proche de l'entrée de la grotte.

- Qu'est-ce que… quelle est cette puanteur! gémit Ron, la main sur le nez et la bouche.

Mais aucune réponse ne lui fut apportée, car, au moment même où il posa la question, chacun savait déjà de quoi il s'agissait: faisant régner une odeur nauséabonde autour d'eux et dans de lourds bruits de pas, un troll des montagnes s'extirpa lentement de la grotte, traînant derrière lui une énorme massue. D'une hauteur de cinq mètres, sa peau était d'une couleur grisâtre et terne comme de la pierre et recouverte entièrement de verrues immondes, tandis que son corps ressemblait étrangement à un énorme rocher sur lequel une tête de taille minuscule semblait en équilibre. Ses jambes étaient courtes, mais épaisses comme des troncs d'arbre, terminées par des pieds hérissés de pointes. Tandis qu'il avançait d'un pas lourd et grondant, redressant sa massue au-dessus de sa tête, le petit groupe aperçut avec horreur un deuxième troll ressortir de la grotte. Sirius n'attendit pas une seconde de plus.

- Fuyez! Je m'occupe de celui-ci!

Sans attendre une réponse de leur part, il empoigna fortement Harry et, d'une force surhumaine, le propulsa de l'autre côté du troll. Ron et Hermione coururent le rejoindre. Le troll s'arrêta pour les regarder un instant, la bouche ouverte béatement, les paupières retombant légèrement ses yeux, lorsqu'un sort le frappa à la tête, rebondissant sur sa peau épaisse. Sirius, la baguette levé, le regardait sourire aux lèvres, une expression de défi sur le visage.

- C'est entre nous deux que ça se passe, mon vieux! Viens voir tonton Patmol…

Les yeux braqués sur son parrain, vexé d'avoir été rejeté si rapidement de la bataille, Harry en oublia complètement le deuxième troll qui se dirigeait de son pas lent et lourds vers eux. Celui-ci, dans un grognement sourd, releva sa massue d'une taille gigantesque au-dessus de sa tête, prêt à frapper le premier des trois sorciers qui le dérangeaient.

- Harry, attention! hurla la voix stridente d'Hermione.

Le jeune homme n'eut que le temps de se retourner et de plonger sur le côté que déjà la massue s'abattait à l'endroit où il se trouvait quelques secondes auparavant. Se relevant immédiatement, il leva sa baguette vers le troll. Celui-ci, maintenant encerclé par les trois sorciers, semblait en intense réflexion quant à savoir lequel il devait frapper en premier.

- Hermione, est-ce que tu connais un sort efficace contre les trolls? demanda rapidement Harry.

- Non, leur peau est trop épaisse pour que des sorts les atteignent!

- Alors quoi? demanda Ron. Wingardium Leviosa? Ca a déjà marché une fois!

Tandis qu'ils cherchaient un moyen de le battre, le troll s'anima à nouveau et décida d'attaquer les trois jeunes gens en même temps. Il grogna donc, interrompant leur discussion, et, après s'être assuré de la prise de sa massue, il la fit tournoyer à ras du sol, essayant de faucher les trois sorciers. Harry avait eu le bon réflexe de se reculer en voyant la massue se diriger vers lui, mais Ron eut moins de chance: essayant de l'enjamber, il réussit à passer la première jambe, mais la massue lui balaya la seconde, le précipitant au sol dans un cri de douleur de la part du jeune rouquin. Quant à Hermione, elle avait tout simplement reculé, étant la dernière cible du troll. Le géant de pierre se stabilisa à nouveau, regardant d'un air abruti Hermione se précipiter vers Ron et l'aider à se lever, puis il sembla avoir pris Harry comme nouvelle cible, étant le plus petit et le plus mince du groupe. Se tournant d'un pas pesant à faire trembler le sol, il leva à nouveau la massue vers Harry. Celui-ci ne lui laissa pas le temps de l'abattre sur sa tête et plongea entre ses deux jambes, rejoignant ainsi ces deux compagnons. Emporté dans son élan, le troll laissa à nouveau tomber sa massue et tourna, d'un air ébahi, sa minuscule tête vers eux.

- J'ai une idée, répliqua Harry. Couchez-vous!

- Harry, qu'est-ce que… commença Hermione.

- Couchez-vous, j'ai dit!

Plus concentré que jamais, Harry pointa sa baguette sur le sol, comme cela avait été indiqué, ferma les yeux et fit le vide dans son esprit pour ne penser plus qu'à une chose: une foudre soudaine et si puissante qu'elle neutraliserait le troll. Il n'avait jamais encore mis en pratique ce sort, l'ayant découvert le matin même, et il allait enfin savoir s'il pouvait le pratiquer. Ouvrant les yeux, il regarda un très court instant le troll qui venait de se tourner vers eux, puis de toute la force qu'il pouvait, il pensa au mot Thunderbolt. Un soudain éclair de lumière l'aveugla, tandis qu'un grondement atroce lui titilla les tympans. Puis, le jeune homme entendit un, puis deux, puis trois coup de tonnerre et, aussi soudainement que cela s'était produit, tout se refit silencieux, laissant les trois compagnons dans un étrange nuage de poussière.

- Qu'est-ce qui s'est passé? demanda Ron d'un air déconcerté, tandis qu'Hermione et lui se relevaient.

Un grognement prévint toute réponse: à travers le nuage de poussière qui commençait à s'évanouir, ils virent que le troll était toujours debout, les regardant d'un air étrangement absent. Puis, brusquement, celui-ci s'écroula sur le dos, dans un fracas qui fit grinçait les arbres environnants. Harry soupira, légèrement épuisé par le sort qu'il venait de pratiquer. Se passant une main sur le front, il regarda ces deux amis. Ron se tenait toujours la jambe.

- Est-ce que ça va? demanda-t-il.

- Ca peut aller.

- Qu'est-ce que tu as… commença Hermione.

Un cri un peu plus loin leur remit les pieds sur terre: Sirius était toujours aux prises avec l'autre troll. Se précipitant à son secours, les trois jeunes gens stoppèrent net leur avancée en voyant la créature s'écrouler devant un Sirius en extase. Épuisé, mais fier de lui, le maraudeur les rejoignit en passant directement sur le corps du troll.

- Eh bien, on ne peut pas rêver mieux comme accueil!

Puis, reprenant son air sérieux:

- Personne n'a rien?

- Ron s'est blessé, répondit Hermione.

- Ca ira, assura celui-ci d'un ton légèrement plus brusque qu'il ne l'aurait du.

- Bien, parfait alors! répondit Sirius. Allons-y!

Et il se remit en route, infatigable. Harry et ses deux amis le rejoignirent aussitôt à l'entrée de la grotte. Le maraudeur intensifia la lumière qui s'échappait de sa baguette et, prenant appui sur la racine de l'arbre, il se pencha vers le trou, explorant le fond.

- On dirait qu'il y a des marches… Mais c'est entièrement recouvert par la végétation. Faites attention en descendant.

Sur ces derniers mots, il descendit. Harry regarda les deux autres, puis se pencha à son tour au-dessus de l'ouverture. Le passage que prenait son parrain semblait aussi étroit que celui qui conduisait à la cabane hurlante, l'obligeant à marcher recourbé. D'une voix plutôt rauque, Harry s'engagea dans le passage à son tour tout en prononçant les quelques mots que son parrain venait de formuler:

- Allons-y.

Le jeune homme marchait lentement pour ne pas glisser sur les innombrables lianes d'une plante qui recouvraient toute la surface du sol. La baguette levée, la main posée sur les parois suintantes du boyau, Harry regardait avec étonnement les plantes qui y habitaient. Les parois en étaient recouvertes et le jeune homme avait des difficultés pour apercevoir la terre qui les formait. D'où venait toute cette végétation? Le passage avait été creusé à l'intérieur du sol, par conséquent, les plantes s'y glisseraient. Mais contrairement à cette hypothèse, les végétaux semblaient vouloir ressortir de la grotte. S'interrogeant toujours sur l'origine de la flore environnante, le jeune se rendit alors compte de quelque chose d'anormal: le sol semblait bouger sous ses pieds tandis que son rythme se faisait plus lent, plus difficile. Pourtant, cela semblait impossible. Mais la voix d'Hermione confirma ses doutes:

- Harry… Je crois que c'est un Filet du Diable.

Tout en continuant d'avancer, Harry se retourna pour regarder la jeune fille: ses chevilles disparaissaient peu à peu sous les branches de la plante. Lui-même sentait la plante lui chatouillait les genoux. La voix de Sirius rompit alors le silence.

- Gardez votre calme. Hermione, tu sais comment t'en débarrasser?

- Bien sûr, on l'a appris en première année.

- Alors fais-le, répliqua immédiatement le maraudeur.

Hermione se mit alors à murmurer un sort, tandis que des flammes bleues apparurent à l'extrémité de sa baguette. Celle-ci tombèrent doucement sur le sol, faisant se recroqueviller la plante sur elle-même et relâchant ainsi l'étreinte qui emprisonnait les chevilles de la jeune fille. Sirius, de son côté, avait fait de même, mais Harry et Ron étaient toujours aux prises avec la plante, essayant de bouger un minimum pour ne pas se faire étrangler. Hermione murmura à deux reprises le même sort, envoyant les flammes aux pieds des deux garçons, qui retrouvèrent presque aussitôt leur mobilité. Ron se massait la jambe.

- Pouah! Et c'est ça les défenses de Vous-Savez-Qui?

- Je ne crains que ce ne soit qu'un avant-goût de ce qui nous attend, Ron. Voldemort joue simplement avec ses victimes avant de leur réserver leur véritable sort.

Le visage de Ron blanchit soudainement. Et il pâlit davantage lorsqu'un cri, le même qu'ils avaient déjà entendus avant de s'engager dans le passage, retentit à nouveau.

- Qu'est-ce que c'est? demanda-t-il de sa voix aiguë (la même qu'il avait lorsqu'il paniquait).

- Je n'en suis pas sûre, répondit Hermione, tout aussi blanche que lui.

Voir Hermione blêmir ainsi ne rassura pas Harry, loin de là. Serrant un peu plus sa baguette, il jeta un œil à son parrain et ensemble, Sirius devant, lui derrière, se remirent en route, faisant apparaître sans cesse des petites flammes bleues, suivi par Hermione, puis par Ron. Ils marchèrent ainsi lentement, se faisant parfois piéger par les plantes, puis, ils arrivèrent à un endroit du passage où la terre se changea en pierre, élargissant quelque peu le chemin. Mais les plantes, infatigables, étaient toujours présentes, poussant à travers les pierres, provoquant de nombreuses fissures. Par moment, une légère pierre choyait du plafond, sous l'effet rétractile de la plante face aux flammes. Leur marche se fit alors plus rapide, la pierre leur permettant une meilleure stabilité, mais le chemin était long, incroyablement long. Cependant, de nouveau, toute chose avait sa fin: Sirius finit par s'arrêter, levant sa baguette en grognant. Harry, intrigué, se rapprocha de son parrain et vit ce qui contrariait le maraudeur: devant eux s'érigeait un mur d'aspect plutôt ancien, recouvert comme tout le reste d'épaisses lianes, sans aucune forme de poignée ou d'autre ouverture. Harry passa devant Sirius et, de sa main gauche, effleura la pierre qui constituait le mur: il s'agissait du même mur qui s'était dressé devant Dumbledore et lui il y a quelques mois. Sirius avait du voir une expression passer sur son visage:

- Harry?

- J'en ai déjà vu un identique. Il lui faut un "tribut" de sang…

Harry leva sa baguette mais le maraudeur lui attrapa le poignet droit, l'empêchant de continuer.

- Ce n'est pas à toi de faire ça, dit-t-il dans un murmure rauque.

Désobligé, Harry se recula jusqu'à l'endroit où se trouvait ses deux amis et regarda Sirius lever à son tour sa baguette, qu'il pointa vers sa main gauche. Dans un murmure, il fit apparaître une sorte de rayon jaune qui lui entailla la paume assez profondément, provoquant une grimace desa part. Refermant sa main dans un geste de réflexe, il s'approcha davantage du mur, et l'y apposa. Une arcade se dessina alors en une ligne blanche éclatante, comme si de la lumière filtrait à travers une épaisse faille, puis aussi rapidement que la lumière était apparue, la pierre sembla se volatiliser, laissant place à une entrée.

- Ben dis donc, murmura Ron.

Hermione, quant à elle, semblait fascinée. Harry se rapprocha à nouveau de son parrain, qui, de sa baguette, fit apparaître une sorte de bandeau en tissu qui recouvrait entièrement son entaille.

- Tu aurais du me laisser faire.

- Harry, ce n'est pas à toi de faire ce genre de chose, répéta Sirius de sa voix grave et rauque.

Il jeta un œil à l'intérieur de l'arcade: il y faisait encore plus noir qu'à l'intérieur du passage.

- Je suppose que c'est à partir de ce moment que la fête commence, murmura-t-il. Reste bien à côté de moi, Harry.

Après avoir jeté un nouvel œil sur ses deux amis, Harry s'engagea à la suite de sa parrain dans le passage découvert par l'arcade. Ron et Hermione le suivirent aussitôt. Il découvrirent alors, à la lumière de leur baguette, ce qui ressemblait à une immense salle souterraine. Une odeur étrange et plutôt répugnante flottait dans l'air, tandis qu'ils continuaient d'avancer sans bruit. Sirius se dirigea soudainement vers la paroi la plus proche, et, après avoir murmuré un sort, fit apparaître des flammes sur une torche qu'Harry n'avait pas remarqué. Instantanément, une série de pop se fit entendre tandis que de nombreuses torches, recouvrant l'intégralité de la pièce, s'allumaient les unes après les autres. Ils purent alors contempler la salle dans toute son ampleur. Celle-ci devait faire au moins cinq mètres de hauteur, et au moins une trentaine de largeur. Elle était constituée de nombreuses colonnes espacées l'une de l'autre de quelques mètres, remplissant entièrement la salle, à l'exception de son centre, où –le cœur de Harry fit un triple saut périlleux- un piédestal était visible grâce une étrange lumière émeraude qui en échappait. Cela semblait bien trop facile, pensa Harry. Chacun restait immobilisé par leur découverte, se jetant de temps en temps un œil furtif. Un léger gémissement se fit entendre au fond de la salle. Le même qui les avait acceuillit.

- Je n'aime pas ça, murmura Hermione.

- Lorsque je suis allé avec Dumbledore, répliqua Harry du même ton, il ne s'était rien passé avant qu'on ait pris l'Horcruxe.

- Allons-y, répéta une nouvelle fois Sirius.

Ils mirent alors en route, Harry passant le premier, Sirius immédiatement à sa suite. Les yeux de Harry ne quittait plus le piédestal. Qu'est-ce qui l'attendait? Une potion empoisonnée, comme celle qu'il avait forcé à boire Dumbledore? Mais Harry ne remarqua aucune étendue d'eau: il ne devait pas s'agir du même piège. Mais s'il n'y avait déjà plus de coupe? Et si… Il n'eut pas le loisir de s'interroger davantage sur ce piédestal: tandis qu'il s'avançait, toujours un peu plus angoissé à chaque pas, vers le centre de la pièce, il sentit soudain le sol se dérober sous lui. Ou plutôt, il sentit son pied glissait dans le vide.

- Harry! hurla une voix.

Le jeune homme ne comprenait pas: le sol était là, et pourtant, il le traversait comme s'il n'existait pas. Un brusque arrêt lui remit les pieds sur terre: Sirius venait de le rattraper au col, l'empêchant de tomber complètement. A quatre patte, une main sur le sol, l'autre tenant fermement le col de son filleul, Sirius grimaçait.

- Et si tu m'aidais un peu, tu ne crois pas? demanda-t-il.

Reprenant ses esprits, Harry s'agrippa au bord de la fosse, et commença à se hisser tandis que Sirius l'attirait à lui. Une fois assis sur le sol bien concret de la pièce, Harry regarda avec ébahissement ses jambes disparaître à travers la pierre.

- Qu'est-ce que…?

Hermione se jeta à ses côtés, s'assurant que le jeune n'avait rien, puis regarda à son tour le sol. Sirius, quant à lui, se releva, serrant fortement de son autre main sa main gauche contre sa poitrine. Ron, debout un peu plus loin, était de nouveau d'une couleur laiteuse. Sirius prit alors la parole:

- C'est un sortilège d'illusion. Apparemment, il n'y a pas de sol qui conduit au piédestal.

- Mais comment allons-nous faire pour traverser!

- Aucune idée. Peut-être… Peut-être que le sol n'est pas complètement inexistant. Il doit bien y avoir un passage quelque part…

Harry se releva à l'aide d'Hermione, et tous deux regardèrent Sirius en intense réflexion. Ron les rejoignit alors et regarda Harry comme s'il s'agissait d'un revenant, mais aucune parole ne s'échappa de ses lèvres tremblantes. Sirius commença à murmurer quelques sorts, mais apparemment sans aucun effet. Les trois amis restèrent immobile, le laissant chercher un quelconque sort qui leur serait utile pour traverser cette immense fosse invisible. Au bout d'un bon moment d'attente, le maraudeur jura à voix basse, puis se tourna vers les trois autres qui le regardaient étonnées.

- Il n'y a aucun passage… et c'était James qui était le plus doué en Apparition: je ne vois pas comment faire autrement.

- Hermione le peut, elle! s'exclama Harry en se tournant vers la jeune fille dont les joues prenaient une charmante couleur pourpre.

- Je ne suis pas sûre que ça marchera, répondit-elle dans un sourire fier et gêné à la fois.

- Essaye toujours, répliqua Ron, un faible sourire aux lèvres.

Sirius se contenta de grogner d'approbation. Hermione se leva alors, se plaçant juste au bord du précipice, et murmura un sort. Immédiatement, un pont reliant l'endroit où ils étaient jusqu'au piédestal apparut. Harry et Ron se levèrent dans un geste joyeux, mais presque instantanément, le pont se désintégra dans d'immenses flammes. Sirius grogna à nouveau, tandis que Ron se tourna vers lui.

- Alors quoi? Qu'est-ce qu'on fait, maintenant? C'est quand même incroyable! La coupe est à peine à quelques mètres de nous!

- Ron, calme-toi, murmura Hermione, déçue de son sort.

Ron lui décocha un regard meurtrier, puis, comme s'il se rendait compte de ce qu'il venait de faire, il baissa les yeux, et murmura un vague "excusez-moi". Harry eut un léger sourire en coin: son ami avait toujours tendance à réagir négativement lorsque la panique s'emparait de lui. Ce qu'ils ignoraient tous les trois, c'était que la colère de Ron avait provoqué un nouveau gémissement mystérieux, mais celui-ci avait été recouvert par les éclats de cris du jeune rouquin. Harry se tourna alors vers son parrain, qui le regardait étrangement.

- Je peux m'y rendre, répondit Sirius devant l'air étonné de son filleul.

- Comment? demanda Harry enthousiaste.

- En prenant ma forme animale…

- Mais, s'exclama Harry, interdit. C'est à moi d'aller chercher l'Horcruxe!

Sirius regarda à nouveau le sol dans une nouvelle réflexion, puis, leva à nouveau le regard vers le jeune homme.

- Si tu étais plus léger, je pourrais te transporter, dit-il dans un sourire.

Harry, déconcerté, regarda un instant son parrain, puis, semblant enfin comprendre, répondit à son sourire et leva à nouveau sa baguette. Se tapotant le haut du crâne, il murmura un sort. Immédiatement, il se sentit soulevé et si léger, comme s'il marchait sur les nuages. Pendant ce temps, Sirius avait déjà pris sa forme animale, un grand chien au pelage noir et hirsute, et attendait patiemment que son filleul l'approchât. Se tournant vers les autres, qui semblaient un peu froissés d'être mis de côté, le jeune homme leur sourit.

- Désolé, murmura-t-il.

Et, sans plus attendre, il se dirigea vers le grand chien noir, et l'enfourcha doucement, de peur de blesser son parrain. Celui-ci agita un moment la queue pour montrer que tout allait bien, puis, il coucha ses oreilles et se précipita vers le bord du gouffre. Tout ce qu'espérait Harry à cet instant, c'était qu'il y avait bel et bien un sol autour du piédestal. Lorsque les pattes de Sirius touchèrent le bord du précipice (ce qui était étrange à penser, puisque le sol semblait bel et bien là), il s'élança dans un bond vertigineux, comme s'il n'avait aucune charge sur le dos. Harry aperçut alors la lueur verte qui s'échappait du piédestal se rapprocher, se rapprocher davantage, jusqu'à ce qu'elle ne fut plus qu'à un mètre de lui. Un brusque choc lui fit alors perdre l'équilibre, dans un cri d'horreur de la part d'Hermione, et le propulsa contre le pylône. Se remettant doucement de ce qu'il venait de lui arriver, un jappement attira son attention: Sirius était au bord, se cramponnant du mieux qu'il pouvait au sol glissant. Harry se précipita alors, et ramena auprès de lui son parrain. Tous les deux l'un à côté de l'autre, ils se rendirent compte que le sol était assez étroit pour rester à deux, et Sirius se colla donc tout contre le piédestal, s'asseyant et regardant Harry les oreilles baissés. Celui-ci s'approcha alors doucement de la petite colonne, et regarda à l'intérieur du socle qui semblait creux. Une lumière verte l'aveuglait tandis que la surface ondulait légèrement. Lorsque Harry approcha davantage son visage de la surface, un sifflement soudain le surprit, le faisant reculer rapidement. Contrairement à ce qu'il avait imaginé, le piédestal n'était pas rempli de potion, comme le précédent, mais par une multitude de petits serpents apparemment très venimeux. Harry soupira: si ce n'était que ça, il pouvait aisément récupérer l'Horcruxe, puisque Voldemort et lui-même était les seules personnes qui pouvaient parler Fourchelangue, ce que Voldemort ignorait. Pour vérifier sa théorie, le jeune homme pointa sa baguette sur le récipient, et murmura un incendio. Une multitude de flammes en jaillirent alors, léchant la peau froide et lisse des serpents, qui ne semblaient pas en souffrir. Lorsque les flammes s'évanouirent, les serpents étaient toujours là, intacts comme si rien ne s'était passé: ils étaient protégés par un sort dont Harry ignorait les limites, et apparemment, seule une personne parlant le fourchelangue pouvait atteindre l'Horcruxe. Le jeune homme se concentra alors, puis, murmura dans une langue qui lui était bien différente:

- Laissez-moi prendre ce qui m'appartient…

Sans demander leur reste, les reptiles s'écartèrent du centre du réceptacle, se pressant contre les parois pour laisser un léger passage pour une seule main. Frissonnant à l'idée de devoir y plonger sa main, Harry murmura l'un des sorts de protection noire qu'il avait lu le matin même. Sa peau fut alors recouverte d'une lumière légèrement opaque, lui assurant alors un bouclier personnel, comme une seconde peau. Fermant les yeux, il introduisit alors sa main au milieu de tous ces serpents, cherchant un obstacle qui pourrait lui révéler la présence de l'Horcruxe. Il continua ainsi jusqu'à en enfoncer le coude, puis le bras tout entier, jusqu'à douter de la présence de l'objet. Puis, enfin, il la sentit: elle était là. Il referma ses doigts sur l'une des poignées de la coupe, et la ramena doucement mais sûrement à lui. Elle était comme Harry l'avait vu dans la pensine de Dumbledore: petite, avec des poignées finement ouvragées, la coupe d'Helga Poufsouffle était enfin dans ses mains. Comment imaginer une seule seconde le danger qu'elle représentait pour la communauté sorcière? Mais, au moment même où il sortit la coupe de sa cache, un grondement intense le fit sursauter. Le plafond commença à se fissurer doucement, tandis que quelques pierres déjà commençait à s'effondrer sur le sol. Un nouveau cri retentit derrière lui. Harry se retourna juste à temps pour voir Hermione empêcher qu'un morceau entier du plafond ne les écrasât. Elle le regardait d'un air inquiet.

- Harry, il faut partir d'ici tout de suite!

Harry acquiesça. Plaçant la coupe dans une poche intérieure de sa veste, il remonta sur le dos de Sirius. A présent que l'Horcruxe avait été retiré de sa cache, le sol avait perdu son sort d'illusion, révélant un profond précipice dont on ne pouvait apercevoir le fond. La magie permettant l'existence de cette salle semblait avoir soudainement quitté les lieux et, par conséquent, la salle n'avait plus aucun support pour demeurer ainsi. Les oreilles plaqués sur sa tête, Sirius s'approcha du bord, prit le meilleur appui qu'il put, et s'élança dans un bond magistral par-dessus le vide. Les rochers se détachaient de plus en plus du plafond, mais Hermione les repoussait un à un à l'aide de Ron. Les colonnes, quant à elles, commençaient à se fendre et certaines s'écroulaient déjà. Alors qu'il était en l'air, Harry entendit un horrible cri venant de derrière eux. Il se retourna alors, et n'eut que le temps de voir une ombre disparaître sous l'une des énormes colonnes dans un cri atroce. Sirius et lui atterrirent de l'autre côté et, tandis que Sirius reprenait son aspect normal, Harry chercha des yeux la créature qu'il avait cru apercevoir.

- Harry! Il faut partir d'ici! suppliait la voix d'Hermione, tandis qu'elle continuait de lancer sorts sur sorts.

- Euh… oui, allons-y!

Vérifiant que la coupe était toujours là, Harry jeta un dernier coup d'œil vers l'endroit où la créature avait disparue, et se mit à courir derrière les trois autres. Arrivant le premier à l'arcade, Sirius retira son bandage ensanglanté et passa de nouveau sa main meurtrie sur le mur, qui s'ouvrit automatiquement. Un rocher s'écroula soudain de l'arcade, et s'apprêtait à s'abattre sur le maraudeur, mais il fut arrêté de justesse par Hermione.

- Merci… Maintenant, courrez sans vous retourner!

Un à un, il les poussa à se précipiter à l'intérieur du passage, puis il ferma la marche, juste derrière Harry. Celui-ci, tête baissée, une main cramponnée sur la poignée de la coupe, l'autre sur sa baguette, courait à perdre haleine, trébuchant de temps à autre sur la végétation. Les rochers qui confectionnaient les quatre murs du souterrain tombaient sans arrêt sur leur passage, les obligeant à repousser et les attaques incessantes de la plante et les pierres qui menaçaient à chaque instant de les assommer. Le tunnel ne lui avait jamais paru aussi long. Il ne cessait de courir en lançant sorts sur sorts et pourtant, la sortie était toujours invisible. Devant lui, il voyait Ron se débattre avec sa baguette, repoussant à chaque fois de justesse les rochers qui s'écroulaient. Plus loin encore, Hermione semblait avoir créé une sorte de bouclier qui l'englobait totalement, la protégeant des chutes de pierres. Un gros rocher s'écroula soudainement entre lui et Ron. Harry lui fit disparaître, mais un cri lui indiqua que Ron venait de se prendre un éclat. En effet, une fois la fumée dissipée, il put apercevoir le jeune rouquin à terre, aux prises avec la plante. Harry vint à son secours, faisant apparaître les mêmes petites flammes bleues qu'Hermione utilisait souvent, et l'aida à se relever. Hermione revenait déjà sur ses pas.

- Ron, est-ce que ça va?

- Ca ira, répondit-il en se tenant le dos.

- Continuez de courir! s'exclama Sirius qui venait de les rejoindre.

Il les poussa à nouveau, et tous se remirent à courir, Hermione en première, tenant la main de Ron qui courait derrière elle, Harry les suivant, Sirius juste derrière lui. Mais à nouveau, ils furent interrompus dans leur course: un énorme morceau de la voûte s'écroula soudain juste derrière Harry le précipitant à terre par le souffle. Immédiatement après, les lianes du Filet du Diable commencèrent à le ligoter au sol, mais il s'en débarrassa bien vite et se remit sur ses pieds. Ce ne fut qu'à cet instant qu'Harry réalisa une chose: Sirius était juste derrière lui!

- SIRIUS!

- Harry, qu'est-ce qui se passe? demanda Hermione qui s'était arrêté en l'entendant.

- Continuez!

Et sans se faire prier, les deux jeunes sorciers coururent vers la sortie qu'ils pouvaient à présent apercevoir. Harry se précipita auprès de l'amas de pierres qui venaient de s'écrouler, le cœur battant à lui rompre les côtes.

- Sirius! répétait-il sans arrêt. Réponds!

La seule réponse qu'il obtint était un craquement sourd au-dessus de sa tête: le plafond semblait vouloir cesser sous le poids de la terre. Paniqué, Harry chercha rapidement de quoi débarrasser Sirius de tous les rochers qui le recouvraient, en espérant qu'il était toujours en vie… Harry chassa immédiatement cette pensée. Il faisait beaucoup trop noir pour que le jeune homme ne puisse voir quoi que ce soit. Se rappelant d'une formule, il leva sa baguette vers le tas de pierres, et murmura un simple mot. Mais ce simple mot était d'une puissance telle qu'il fit éclater les roches comme des bulles de savons, débarrassant le maraudeur de tout fardeaux. Un nouveau grondement sourd accueillit le sort. Harry se précipita auprès de son parrain, et constata avec bonheur qu'il respirait toujours. Mais il n'eut pas le temps de s'en réjouir que déjà le bout du tunnel était empli de terre, celle-ci ayant finalement réussi à prendre le dessus sur les pierres. Harry passa le bras de Sirius par-dessus son cou, et entreprit de le ramener à la surface le plus rapidement possible. Jamais la sortie ne lui avait aussi proche et aussi éloignée à la fois. Il courait sans arrêt, trébuchant très souvent sur les morceaux de roc tombés ou sur les plantes qui reprenait peu à peu leurs esprits. Arrivé aux escaliers, Harry reposa le corps de son parrain sur le sol et le fit léviter à l'extérieur. Puis, avant de sortir à son tour, il jeta un dernier regard à l'intérieur du souterrain: désormais ne régnait que le chaos. Le passage était obstrué par des monceaux de terre, mêlée à de gros blocs de roches, dont on voyait des lianes s'extirper avec difficultés. Harry grimpa les marches rapidement et se retrouva assis à côté de Sirius, tandis que Ron et Hermione se précipitaient déjà auprès d'eux. Le jeune homme ne put s'empêcher de sourire: ils avaient enfin ce pour quoi ils étaient venus! La coupe était enfin en leur possession… Il se laissa retomber sur le sol, essoufflé et épuisé comme il ne l'avait jamais été.

°o.o°o.o°

Lorsque Sirius refit surface, ils étaient déjà de retour à leur QG. Aidé d'Hermione, Harry l'avait transporté jusqu'à la gare de Poudlard, sans rencontrer aucune créature à leur plus grand étonnement, puis ils avaient tous transplané directement à l'intérieur de leur refuge, sans passer par l'extérieur du village. Par chance, ils ne rencontrèrent aucun problème. Ils l'avaient alors installé sur le canapé du petit salon, et Hermione s'en était alors occupé du mieux qu'elle pouvait puisque, grâce à ses recherches incessantes, la jeune fille avait beaucoup de notions en médicomagie. Heureusement pour lui, Sirius ne souffrait que de blessures superficielles.

- Il s'en remettra bien vite, avait assuré la jeune fille.

Harry lui avait sourit en la remerciant, avant de se diriger vers la table basse et d'y déposer la petit coupe qu'il avait jusque là gardée précieusement dans la poche de sa veste. Ils s'étaient ensuite tous assis, et avait entrepris de rechercher un moyen afin de détruire cet objet. Ce fut à ce moment là que Sirius se mit à grogner:

- On pourrait la donner à tes frères, Ron. Eux qui aiment bien faire exploser tout ce qui se trouve sur leur chemin… Il paraît que tu en gardes de bons souvenirs.

Ron grimaça dans un sourire, tandis qu'Harry souriait franchement.

- Comment te sens-tu?

- Parfaitement bien… Enfin, pas si parfaitement que ça, finalement, dit-il en se redressant et se soutenant la tête. Qu'est-ce que j'ai manqué?

- Seulement quelques éboulements supplémentaires.

- Bah, ça ne me manquera pas! Et cette coupe?

- On ne sait pas encore comment la détruire, répondit Hermione.

- Un simple destructum suffit… Mais la destruction d'un Horcruxe peut être dangereuse si l'objet a été au préalable protégé par de puissants sorts.

- Je m'en occupe, répondit alors Harry.

- Harry… commença Sirius.

- C'est ma tâche de détruire ces objets. Et puis, tu n'es pas en état…

Sirius soupira, mais Harry ne lui laissa pas le temps de réagir: il prit la coupe et sortit sa baguette. Et avant qu'Hermione ne puisse l'en empêcher, le jeune homme pratiqua le sort de protection qu'il avait lu dans le livre puis tapota sa baguette contre la petite coupe en murmurant un destructum. L'objet se mit alors à gémir étrangement, laissant s'échapper une fumée opaque. Puis, aussitôt, elle se fendilla légèrement sur le côté avant de redevenir qu'une simple coupe. Harry soupira, et il ne fut pas le seul. Leur premier Horcruxe avait été détruit! Harry regardait la coupe sans mot dire: maintenant que la partie de l'âme de Voldemort avait été détruite, il ne s'agissait plus que d'un simple petit objet, relique du passé de Poudlard.

- Je propose de l'exposer comme trophée sur la cheminée, sourit Sirius. Bon, eh bien, qui a faim?

Il se leva, chancelant légèrement, puis, d'un pas assuré, se dirigea dans la cuisine sous le regard des trois jeunes amis.

°o.o°o.o°

Lorsque Harry se coucha cette nuit-là, ce fut le cœur léger…