Chapitre 3 : Je veux te voir sourire
- T'étais où ? demande Fred, en voyant George remonter dans le dortoir.
- Moi ? répond George, en essayant de prendre un air innocent.
- Ouais, toi.
- J'étais… je me promenais.
- Tu te… promenais ? On t'a cherché avec Lee. Tu nous as dit « je n'en ai pas pour longtemps » … tu parles…
- Rah, mais je ne faisais rien de mal !
- Tiens, ça t'arrives ? demande Fred, en souriant.
- J'étais juste allé faire un tour dans les cuisines.
- A cette heure-ci ? répond Fred, en fronçant les sourcils.
- Bah voui… dit George.
Fred regarde son frère. Il semble très sceptique.
C'est pas bon du tout ça.
En effet, ce n'est pas bon du tout. Mais à la surprise de George, Fred s'écroule de nouveau dans son lit.
- Tu m'as rien ramené ?
- Heu non, désolé, répond George.
- T'es pas sympa…
- Ouais, désolé. Bon je vais me coucher, je suis hyper fatigué.
George s'allonge dans son lit, mais Fred relève la tête.
- Bonne nu… t'as quoi à ton bras ? demande Fred, les yeux ronds.
George n'avait pas vu ce détail : étant donné que la plaie n'est pas cicatrisée, du sang coule en un très mince filet le long de son bras. Il avait pourtant essuyé et lavé son bras et sa main, mais cela n'a pas suffit.
- Ca ? Oh, c'est rien, je suis tombé, enfin c'est un elfe de maison qui nettoyait la cuisine qui m'a fait tomber. Je ne te raconte pas comment il s'est excusé pendant une éternité. « Toutes mes excuses Monsieur, je suis un mauvais elfe de maison » « Monsieur veut que je soigne son bras ? » « Tenez Monsieur, des ananas pour vous » « Je suis navré, si vous voulez quelque chose, demandez-moi, c'est de ma faute. » « Je pourrais porter ces fruits jusqu'au dortoir de Monsieur si Monsieur a trop mal au bras », dit George, en imitant une voix d'elfe.
- Ah, je vois le genre. Bon, bah bonne nuit alors, dit Fred en se retournant.
- Ouais, bonne nuit, répond George, bien content que son frère le laisse tranquille.
Lui en parler maintenant ? Non, je crois qu'il vaut mieux… garder tout ça secret.
Il ne fait pas très chaud. En plus, ce n'est pas très confortable. Mais elle se sent bien, si bien. Cela fait longtemps qu'elle ne s'est pas sentie aussi bien. Pourtant, elle ne dort pas très bien. Elle a l'étrange sensation que plus rien ne peut lui arriver, pourtant, quelque chose la gêne. Quelque chose lui manque. Quoi, elle ne sait pas.
Mais pour le moment, elle essaye de ne pas s'en soucier, et profite de cet instant de bien-être, bien-être qui était devenu si rare. Elle ne bouge pas, de peur que ce bien-être s'enfuit comme il est venu.
Elle n'est pas encore tout à fait réveillée, mais plus tout à fait endormie. Elle sent un souffle contre son visage. Mais elle ne sait pas qui c'est. Elle ouvre un œil, puis deux. Sa vue est floue.
- Hermione, ça va bien ? demande la personne qui est juste en face d'elle.
- Où… où suis-je ? demande-t-elle, d'une voix pâteuse.
- Tu es dans la salle commune de Gryffondor, répond la voix masculine.
Hermione relève avec difficulté la tête, pour voir le visage de Ron, étonné.
- Ca va Mione ?
- Hein ? Oui, ça va… répond-elle vaguement.
- Qu'est-ce que tu fais à dormir ici ?
Hermione ne répond pas tout de suite. Elle essaye d'analyser la situation. Elle se remémore sa soirée… elle est allée voir George, puis il lui a donné du sang. Elle s'est mise à pleurer dans ses bras, puis là, plus rien. Elle a du s'endormir… et comme il n'a pas pu la monter dans le dortoir des filles, il l'a déposée là…
Oui, ça doit être ça.
- Bah en fait… commence Hermione.
- En fait, Hermione est tombée sur des livres très intéressants à la bibliothèque, alors elle est restée pour lire, puis elle est rentrée très tard, elle était si fatiguée qu'elle ne s'est pas senti le courage de remonter dans le dortoir des filles, termine Harry, en descendant du dortoir des garçons.
Harry, je t'aime.
- Exactement, répond Hermione. Il est quelle heure ?
- Tout juste huit heures du matin. Tu devrais aller te préparer Mione. Et la prochaine fois, ne reste pas si longtemps. J'ai récupéré ma cape, ne t'inquiète pas pour ça, elle était sur la table.
Hermione se lève. Elle a dormi toute habillée. Elle monte dans le dortoir, et change de vêtements. Avant de partir, elle vérifie qu'elle a bien son médicament sur elle. Mais sa poche est vide. George avait gardé le flacon. George… il fallait qu'elle aille lui parler. Absolument. Mais comment lui parler sans attirer des soupçons ? Et comment lui parler seul ? Il est toujours avec Fred… Fred il est sympa, mais il ne pourrait pas traîner un peu ailleurs des fois ?
Attrapant une autre petit flacon dans sa réserve, elle descend rejoindre ses amis. Bizarrement, elle se sent légère, heureuse. Elle pense savoir pourquoi, mais elle préfère ne pas y penser. Dans la salle commune, elle tombe sur George en train de maltraiter Ginny.
BINGO.
- Alors Miss Je-collectionne-les-copains, c'est qui ta nouvelle conquête ?
- Mais c'est PERSONNE ! crie Ginny.
- Mouais… j'ai les moyens de te faire parler !
George attrape Ginny par la taille et commence à la serrer contre lui, presque à l'étouffer. Fred est mort de rire devant la scène, tandis que Ron et Harry rigolent discrètement. Les autres Gryffondor sont amusés par le comportement des jumeaux, tandis que quelques filles demandent en vain à George de laisser la pauvre Ginny tranquille.
- Mais laisse-moi ! proteste Ginny. T'es FOU !
- Allez Ginny, avoue tout à grand frère George !
- Mais lâche-moi !
- Tant que tu n'auras rien dit, je te serrerai, et si tu résistes, je te chatouille et je te fais avaler une crème canari, dit George d'un ton amusé.
- MAIS ARR…
- Laisse-la tranquille, lance Hermione, qui venait d'arriver devant George.
Plus que surpris, George lâche subitement Ginny, qui s'écroule par terre comme une pierre. Un lourd silence remplace les cris et les rires présents quelques secondes plus tôt.
- Sa… salut Mione ! dit George, gêné.
- Salut, répond Hermione d'un ton presque froid.
- Ca va bien ?
- Ouais, et si t'arrêtais de torturer Ginny, ça irait mieux.
- Désolé, je pensais pas que…
- Tu ferais mieux de penser plutôt ! Avec cette chose qu'on appelle CERVEAU !
George ouvre la bouche, ne sachant que répondre.
- Pardon Hermione… arrive-t-il à articuler.
- C'est plutôt à GINNY que tu devrais dire ça !
- Pardon Ginny ! dit précipitamment George à l'adresse de sa sœur, qui est toujours pas terre.
- Ouais bon ça va, répond Ginny en se relevant.
Mais George a ses yeux plongés dans ceux d'Hermione. Visiblement, il semble surpris par la réaction si froide d'Hermione. Pourtant la veille, elle s'était blottie dans ses bras, et là pour une simple affaire d'embêtement de Ginny (rien de très grave quoi), elle le ridiculisait. Il l'avait aidé, c'était comme ça qu'elle le remerciait ?
- Hermione, attends, me fais pas la…
Mais elle a déjà quitté le dortoir. George sort en trombe de la salle commune, laissant tous les autres en plan, ébahis devant la scène.
- Bah elle va mieux Hermione… souffle Ron à l'adresse de Harry.
- Tu m'étonnes.
Hermione se dirige vers les toilettes des filles. George est à plusieurs mètres derrière elle, la suivant, se faufilant entre les élèves qui descendent dans la Grande Salle.
- Mione, attend ! C'est pas la peine de te fâcher pour ça ! lui dit-il de loin.
Mai selle continue sa route, ne répondant même pas à George.
- HERMIONE !
Elle tourne la tête, et lui lance un grand sourire. George s'arrête de courir, et regarde ce sourire étrange.
- Hermione ? murmure George.
- Laisse-moi tranquille, lui répond-elle, en reprenant vivement sa marche.
- Mais enfin, attend !
Une fois arrivée dans les toilettes de Mimi, elle vérifie qu'il n'y a personne. Même Mimi Geignarde n'est pas là, sans doute partie flirter avec un conduit d'eau.
George, essoufflé, entre dans les toilettes.
- Hermione ? T'es là ?
- Oui, je suis là.
Elle surgit de derrière la porte, attire George à l'intérieur et referme la porte.
- Je suis désolé, pourquoi tu te fâches comme ça ? commence George.
- Je…
- Tu ne vas pas bien ? Tu as mal dormi ? Je le savais, c'est ma faute, j'aurais pas du te laisser dans le canapé, maintenant t'es de mauvaise humeur et…
- GEORGE !
- Mais c'est vrai, c'est de ma…
- Arrête !
George se tait, préférant éviter d'énerver encore plus Hermione.
- J'aurais pas trouvé une meilleure occasion et un meilleur prétexte pour te parler seul à seul.
- Qu… quoi ? répond George, qui ne comprend plus rien.
- Rien.
- Tu m'en veux pour Ginny ?
- Pour Ginny ? Je m'en fiche ! Bon c'est vrai que tu exposais bien ta débilité à ce moment, mais c'est rien, on est habitués. Non, je voulais juste te parler.
- Tu m'as crié dessus pour que je te suive ?
- C'est à peu près ça.
- Je croyais que tu étais vraiment fâchée contre moi… répond George, rassuré.
- Comment je pourrais t'en vouloir sur quoi que ce soit après ce que tu as fait pour moi ? dit Hermione, à voix basse, en commençant à faire les cent pas.
- Oh, c'est rien tu sais.
- Comment ça « c'est rien » ? Tu t'es tailladé le bras pour moi, tu m'as donné de ton propre sang ! Et tu dis que c'est rien ?
- N'importe qui au courant qu'une de ses amies a une maladie grave essayerait de l'aider !
- Peut-être, mais moi ma maladie, c'est pas une « maladie grave ». Non, c'est plus que ça.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demande George.
- Je veux dire que… que je suis dangereuse.
- Toi ? Dangereuse ? Mais tu ne le seras plus puisque je vais t'aider maintenant !
- Justement ! Ca me dégoûte un peu de le dire, mais tu sais… depuis que j'ai bu ton sang… je me sens bien. Très bien. Je n'ai plus du tout envie de boire du sang humain, je suis… apaisée ? Oui, je crois que c'est le mot.
- C'est vrai ? demande George dans un sourire.
- Oui, répond Hermione en baissant la tête.
- C'est formidable Hermione, ça marche !
- Mais justement ! C'est ça le problème ! réplique-t-elle, en continuant de faire les cent pas.
- Où est le problème ? demande George.
Elle s'arrête de marcher, et s'approche de George.
- Le problème, c'est que je vais prendre goût au sang. Ce liquide rouge qui m'apaise… je vais en devenir… dépendante. Je ne pourrai plus m'en passer. Et je serai obligée de prendre le médicament.
- Non ! s'écrie George. Oublie ça !
- Je ne veux pas que tu deviennes ma « réserve ». Tu comprends George ? Je veux pas te faire du mal.
- Mais ça ne me fait pas de mal… ce n'est rien qu'une toute petit coupure !
- Je ne te parle pas de ça ! Si on recommence, je vais en vouloir plus à chaque fois ! Tu comprends, ça va devenir comme une drogue ! Je pourrais plus m'en passer ! Et c'est épuisant de perdre du sang, régulièrement. Et si un jour tu ne peux plus m'en donner, je vais devoir prendre ce médicament. Et même si je le reprends, ma… ma soif sera devenue si maladive que je risque de blesser quelqu'un ! Je pourrais sauter sur n'importe qui ! Et je dévoilerais mon secret…
- Et tu préfères risquer ta propre vie en prenant le médicament ? répond calmement George.
- Oui, je préfère ça plutôt que de courir le risque de devenir dépendante de toi. Je ne veux pas avoir… besoin de toi.
- Hermione. Le sang est le seul moyen de t'apaiser totalement. Contrairement au médicament, tu te sens beaucoup mieux après, la crise passe, mais en plus tu peux rester plus de temps sans avoir de crises. C'est bien ça ?
- Oui.
- Alors à quoi bon chercher des excuses ? Si tu deviens dépendante au sang, je serai là pour t'en donner !
- Mais George, tu ne vas pas faire ça toute ta vie ? Tu ne vas pas me laisser te… te vampiriser ?
- Toute ma vie, je n'en sais rien. Mais tant que je serai là, je t'aiderai.
Hermione plonge son regard dans celui de George, qui à l'air déterminé. Son regard exprime tout autre chose que tout à l'heure dans la salle commune. La malice et le rire ont quitté ses yeux pour laisser place au sérieux.
- Tu risques de…
- Je ne risque rien du tout Hermione.
- Mais…
- Si je te vois heureuse, je ne risque rien. Si je te donne mon sang, tu seras heureuse. Alors si tu peux faire quelque chose pour moi, souris.
- Sourire ?
- Tu es quelqu'un d'important pour moi. Tu es une amie. En plus, tu es la meilleure amie de mon frère. Je ne peux pas te laisser comme ça, seule à dépérir dans ton coin, à prendre un médicament douteux qui te tue petit à petit. Tout ce que je veux, c'est te voir sourire, épanouie avec Harry et Ron.
Hermione ne répond rien. Elle a l'impression que George lui raconte un énorme mensonge, mais pourtant il ne dit que la vérité, et elle le sait.
- Alors laisse-moi apaiser ta soif.
Hermione sent ses yeux se mouiller.
- Ah non, tu ne vas pas pleurer ! dit George dans un rire.
- Merci, dit-elle en se jetant dans ses bras.
- Hey doucement !
George est tombé par terre sous le poids d'Hermione, qui est sur lui.
- Merci, merci, merci…
- C'est normal Hermione. Arrête de penser à moi, pense à toi, d'accord ?
- D'accord. Mais je veux pas que tu ailles mal par ma faute, d'accord ?
- D'accord, mais je ne vois pas pourquoi j'irai mal par ta faute. Tu peux te relever par contre… ?
- Ah oui, pardon.
Hermione se relève rapidement, et aide George à se relever.
- Bon, maintenant, tu vas arrêter de te prendre la tête et de croire que c'est « une mauvaise idée ». Si tu veux du sang, tu-viens-me-voir. Compris ?
Hermione acquiesce en silence, mais elle n'est pas convaincue.
- Quand même, je ne suis pas sûre que…
- Hermione !
- Je…
- TU VIENS ME VOIR !
- Oui…
- Promet moi que tu ne prendras plus de ton médicament !
- Euh bah…
- Promets-le moi !
- Promis, dit Hermione, dans un soupir.
- Et promets moi que tu viendras me voir si tu vas mal.
- Promis…
- Voilà, j'aime mieux ça. Maintenant, fais-moi un beau sourire.
Hermione relève la tête, et fait le plus beau sourire possible à George.
- Hier, avant que je t'aide, tu étais blanche et triste. Depuis que tu as bu, tu es presque rayonnante. Et avec ce sourire, si tu le gardes à longueur de journée, tu seras parfaite.
Hermione sourit encore plus en entendant ses paroles.
- Merci, chuchote Hermione. Merci pour tout.
- De rien, je fais ça parce que c'est normal, je suis ton ami.
- Merci pour tout.
Hermione s'approche de George, dépose un léger baiser sur sa joue, et s'en va, laissant George sourire comme un niais tout seul dans les toilettes.
La première fois qu'Hermione avait eu de nouveau envie de sang après cette entrevue, c'était une semaine après. En effet, pour elle ne savait quelle raison, la durée de tranquillité était relativement longue. Hermione avait cependant ressentit de nouveau les symptômes de la crise.
Elle avait attrapé son médicament. Mais se rappelant de la promesse faite à George, elle le reposa. Fallait-il vraiment qu'elle aille solliciter l'aide de George ?
Elle savait qu'elle avait promis… elle se disait qu'elle devait éviter de lui faire du mal… mais d'un côté, l'envie devenait plus forte à chaque seconde. Elle avait couru, cherchant les jumeaux, puis dès qu'elle vit Fred et George, ce dernier n'eut besoin que d'un regard pour comprendre. Il l'avait attrapée, et il l'avait emmenée de force dans la Salle sur Demande, où ensuite il avait refait une entaille dans son bras, pour permettre à Hermione de calmer sa crise.
Hermione avait alors reposé ses lèvres sur le bras de George, s'en voulant d'un côté, mais éprouvant une grande reconnaissance pour le seul qui pouvait l'aider ici, à Poudlard. Hermione n'osait pas parler, et se contentait de dire de vagues « merci ».
George la rassurait, et la réconfortait avec ses paroles sur l'entraide, l'amitié… Hermione n'osait plus le contredire, et se contentait d'accepter cette aide si étrange. A la fin, elle avait insisté pour soigner son bras, bien que George lui ait assuré qu'il ne s'agissait que d'une petite entaille qui cicatriserait toute seule.
Fred avait posé quelques questions à son frère, mais George répondait que cela ne le regardait pas. Fred, au grand étonnement de George, n'insistait pas trop. De toute façon, il était assez rare que George entraîne Hermione il ne sait où.
Hermione devenait plus rayonnante chaque jour. Ses crises étaient désormais quasi-inexistantes, et elle n'avait « besoin de George » qu'en moyenne une fois par semaine.
Cette vie avait commencé depuis trois semaines.
Hermione, Harry et Ron sont assis dans la salle commune, en train de travailler sur leurs devoirs.
- J'ai presque fini, dit Hermione.
- Déjà ? s'exclame Ron.
- Et oui.
- T'es pas humaine comme fille…
- Merci pour le compliment, répondit Hermione dans un rire.
- Au fait Hermione, ton anémie, c'est finit ? demande Harry.
- Finit ? Oui, on peut dire ça, répond Hermione dans un sourire.
Fred et George sont assis de l'autre côté de la salle. George observe Hermione de loin, tandis que son jumeau donne une crème canari à Angelina.
- George, aide-moi, d'autres en veulent.
- Ouais, répond George, sans quitter Hermione des yeux.
- George, soit un peu plus motivé, sinon on arrivera jamais à tenir une boutique si t'es toujours ailleurs.
- Ouais.
- George ?
- Ouais.
- Tu m'écoutes ?
- Ouais.
- Tu es amoureux du professeur Flitwick ?
- Ouais.
- GEORGE !
- Hein quoi ?
- George, tu veux vraiment pas m'aider ? dit Fred, exaspéré.
- Si, si, désolé. Tu me parlais d'Oreilles à rallonge ?
- George, fais un effort, on parlait de crèmes canari !
- Ah oui, pardon.
- Qu'est-ce que t'as en ce moment ?
- Quoi ? De quoi tu parles ?
- T'es toujours ailleurs !
- Ah bon ?
- Ouais, répond Fred.
- Vraiment ? Désolé.
- Et qu'est-ce que t'as à regarder Hermione comme ça ?
- Moi ? Mais rien, je trouve juste qu'elle à l'air d'aller mieux, non ?
- Ca c'est sûr, je ne sais pas ce qu'il s'est passé, mais depuis quelques semaines sa soi-disant anémie semble avoir disparue.
- Regarde comment elle sourit… elle a l'air si heureuse… elle ne prend plus son médicament… elle est… épanouie, heureuse…
- Oui oui George. T'es sûr que tu vas bien ?
- Bin oui pourquoi ? répond George, d'un ton innocent.
- Je sais que c'est génial qu'Hermione aille mieux, mais tu verrais ta tête…
- Hein ? Elle a quoi ma tête ? dit George, en détournant son regard d'Hermione.
- Rien, rien… dit Fred, à voix basse.
George ne dit rien. Il se contente d'aider son frère.
- Vraiment, ça va être génial la boutique, dit George, comme pour se faire pardonner de sa conduite.
- Ouais, on y arrivera ! répond Fred. Et si tu t'y investis vraiment avec moi, ça sera parfait.
Pendant ce temps, Hermione commence à ranger ses affaires. Elle est heureuse. Cela faitcinq jours qu'elle n'a pas eu de crises. Elle monte dans le dortoir, pose ses livres et ses feuilles de parchemin, et redescend. Elle continue de bavarder avec Ron et Harry, qui sont en train de prédire leur future mort pour Trelawney.
- Moi, j'ai écrit… j'ai écrit que j'allais me faire enterrer vivant, dit Harry.
- Ah ? Moi je vais me faire décapiter.
- Sympathique, pas sanglant du tout, dit Harry d'un ton ironique.
- Sanglant ? s'exclame Hermione.
- Oui, répond Harry.
Harry, je t'aime beaucoup moins tout d'un coup…
Hermione commence à imaginer George qui prend un couteau, et qui s'entaille le bras… un sentiment d'envie la prend. Ce n'est même plus du besoin, mais du désir. Elle veut sentir la chaleur du bras de George contre ses lèvres, sentir ce sang étranger couler dans sa gorge, pour l'apaiser. Pour pouvoir sourire à George.
Sa respiration s'accélère, elle commence à fixer George. Ron et Harry lèvent la tête, et lui demande ce qu'elle a. Elle ne répond rien, et continue de fixer le roux.
George laisse tomber une crème canari, et se dirige vers Hermione, sous le regard démoralisé de Fred.
- Ca va Mione ? demande-t-il.
- Moyen…
- Viens, on va à l'infirmerie, prétexte George.
- Attends, on peut l'accompagner, propose Ron.
- Non, finis ton devoir pour Trelawney toi, réplique George.
- OK OK…
Il la tire, et l'emmène hors de la salle.
- George, tu vas où encore ? demande Fred.
- J'emmène Hermione à l'infirmerie, c'est tout.
- Mh… mouais, allez, à tout à l'heure.
George tire Hermione plus fort à travers les couloirs de Poudlard. Enfin, ils arrivent à la Salle sur Demande.
- Une chambre calme, dit George comme il le fait à chaque fois.
Une fois à l'intérieur, George fait s'asseoir Hermione sur le lit.
- Tu vas bien ? Tu fais une crise ?
- Je… je sais pas… je crois que…
- Attends, bouge pas.
George sort une lame. Hermione lève ses yeux vers George.
- Tu crois que mes crises vont se rapprocher maintenant ? demande-t-elle, à voix basse.
- Sûrement, mais c'est pas grave, on occupera juste plus souvent la Salle sur Demande.
George veut défaire sa manche, mais la lame le gêne. Sans réfléchir, il la prend entre ses dents, et de sa main gauche remonte la manche de son bras droit.
- C'est pas joli à voir, commente Hermione, en passant ses doigts sur son bras. T'as vu ce que tu fais à cause de moi ?
- Ch'est rien… commence George.
Mais en voulant parler, il s'entaille la lèvre avec la lame. Elle tombe, et il pose sa main sur sa bouche.
- Et merde, ça fait mal… dit-il alors qu'un très mince filet de sang s'écoule sur son menton. Hermione ? Hermione, ça va ?
Hermione a les yeux écarquillés, et elle fixe le visage de George. Ce sang… ce sang elle a envie de le boire, maintenant, tout de suite.
- Tiens, j'en ai sur la main, tu en v…
Mais George n'a pas le temps de tendre sa main vers la bouche d'Hermione, qu'elle s'est jetée sur ses lèvres et commence à lécher le liquide pourpre. George bascule sous le poids d'Hermione, et elle continue de boire, dans un état second. Une vague de bien-être l'envahit, sa soif s'apaise doucement. George n'ose plus bouger, surpris par l'élan d'Hermione, qui a maintenant ses lèvres posées sur les siennes.
Hermione recule son visage de la bouche de George, nettoie son menton d'un geste de la main, et lèche ses doigts un par un, lentement, ne laissant plus une trace de sang. George contemple ce spectacle, l'air ahuri. Hermione, toujours sous l'emprise de sa crise, voyant que le sang continue de couler, repose ses lèvres sur celles de George, qui ne proteste pas.
Au contraire, il la laisse faire. Pris de il ne sait quelle pulsion, il attrape la tête d'Hermione entre ses mains, et commence à l'embrasser. Hermione ne voit qu'une occasion de mieux boire le sang guérisseur de George. Se laissant faire, elle continue de boire le sang par la mince entaille.
Mais elle en veut plus, encore plus, elle sent qu'elle en a besoin de plus, et les lèvres de George sur les siennes lui procurent un plaisir encore plus intense. Mais déjà l'entaille commence à cicatriser, tellement elle est mince. Alors Hermione commence à mordre violemment la lèvre de George pour que le sang vienne plus abondamment. Elle élargit l'entaille de ses dents, inconsciente de son acte.
George essaye de contenir un cri, mais la douleur n'étant pas des plus agréable, il pousse un gémissement de protestation. Hermione sort de son état second, et se recule vivement.
Cette fois-ci la plaie de George est plus importante, et le liquide rouge a envahi les mains de George qui sont posées contre sa bouche.
George contemple ses mains rouges de sang, et le sent couler le long de son menton, et perler sur sa robe. Une douleur lui traverse la bouche, lui coupant la parole. L'entaille est importante, et ses mains n'arrivent pas à stopper les flots écarlates.
A la vue d'autant de sang, sa respiration s'accélère. Il commence à paniquer, et essaye vainement d'ârrêter la petite hémorragie. Il lève ses yeux vers Hermione, qui le regarde, complètement desemparée devant ce spectacle sanglant dont elle est responsable.
Puis Hermione se lève, et s'enfuit en courant, de grosses larmes coulant le long de ses joues.
A suivre...
