Chapitre 6 : La découverte de Fred
Ne plus culpabiliser, c'est une des meilleures choses qui soient arrivées à Hermione depuis la rentrée. Ne plus se dire « c'est ma faute », « il va mal à cause de moi », c'était ça qu'elle voulait. Et elle l'a eu.
Aussi étrange que cela puisse paraître, après trois semaines de fatigue de plus en plus croissante à chaque crise, George avait miraculeusement repris des forces. Il souriait tout le temps, et sans jouer la comédie. Il n'avait plus de cernes aux yeux, et tout le monde avait retrouvé le sourire. Quand Hermione lui demandait la raison de cet étrange changement d'état, il répondait simplement, « c'est l'amour », « mon corps s'y est fait ».
Hermione avait donc cessé de culpabiliser, et profitait pleinement de sa vie, de son couple avec George, de ses amis, de Poudlard. Elle avait réussi à obtenir ce que sa mère et ses ancêtres n'avaient eues : une vie normale, du moins à peu près, si on retirait les séances de crises avec George dans la Salle sur Demande, qui n'étaient pas très banales, mais la plupart du temps, ça se finissait en étreintes fougueuses et en baisers. La quantité de sang que réclamait Hermione n'avait pas diminuée pourtant ; mais elle n'avait pas augmenté, au grand soulagement de George et Hermione.
Fred avait même arrêté de harceler George, mais il gardait cependant un œil attentif sur son jumeau, car il pensait que cette soudaine amélioration de santé n'était pas du à la bonne fortune, et il n'était pas le seul à se poser des questions. Mais personne ne cherchait trop non plus, ils préféraient profiter d'un George heureux et plein de vitalité, que de se fatiguer eux-mêmes à comprendre pourquoi il allait mieux.
Au grand bonheur de Fred, et de Lee, ainsi que la plupart des élèves, George était de nouveau réellement intéressé par leurs créations. La boutique n'était plus qu'une question de mois. Hermione évitait de parler de ce sujet, car elle savait que George n'irait plus à Poudlard. Elle essayait de le convaincre de terminer son année, mais George hésitait toujours. Il aurait aimé rester avec elle, mais il était sûr de pouvoir continuer à la voir malgré son départ, et il s'arrangerait pour le sang.
Mais pour le moment, au lieu de songer au futur, chacun songeait au présent, à un présent plutôt heureux, où la maladie d'Hermione ne causait plus de soucis réels.
Tout allait bien dans le meilleur des mondes…
- Hey, 'Mione ! lance Ron, qui vient d'entrer dans la salle commune.
- Oui ? répond-elle, en se détachant de George qui la tient dans ses bras.
- Au lieu de jouer à l'escargot en reproduction, j'aurais besoin que tu viennes avec moi. C'est important. Harry nous attend déjà.
- Escargot en reproduction ? Tu manques bien de respect envers ton frère aîné, et ta meilleure amie, qui, je te le rappelle au cas où ça te soit sorti de la tête, sort avec moi, ce qui inclut que tu risques de te prendre des coups si tu continues à lui parler comme ça, lance George.
- Oui c'est ça, allez Hermione, suis-moi !
Hermione ne peut résister à Ron qui la tire par le bras, et lance un vague « à tout à l'heure » à George. Hermione disparaît de la salle, et George en profite pour rejoindre son jumeau.
- Rebonjour toi, lui dit Fred dans un grand sourire.
- Alors, ça avance ? demande George.
- Depuis que tu m'aides avec plus de volonté, oui, ça avance. J'ai imaginé qu'on pourrait faire des Yeux à Rallonge sinon.
- C'est quoi ça ?
- Tu vois les Oreilles à Rallonge, c'est pour entendre à distance, et bien c'est le même principe mais avec la vue, explique Fred.
- Bonne idée, mais cela risque d'être compliqué à créer.
- Oui. Tu sais, c'est juste un projet ! On y réfléchira !
- D'ac Fred.
- C'est vraiment bien que tu ailles mieux ces derniers temps. Qu'est-ce que tu avais ? De l'anémie comme Hermione peut-être ?
- Heu… peut-être bien que oui… je ne sais pas, tu sais, la croissance et tout ça…
Fred regarde son frère d'un air démoralisé, puis reprend dans un sourire :
- Oui, bien sûr, la croissance. Ou alors, ce n'est peut-être ni ça, ni une éventuelle crise d'anémie, mais juste que tu as décidé de coucher moins régulièrement avec Hermione.
- Mais laisse Hermione en dehors de ça ! Puis arrête de croire que c'est uniquement sexuel entre nous ! Je ne suis pas comme toi, moi !
- Ah oui ? Ce n'est pas ce que Alicia m'a raconté la der…
- Alicia ne t'a rien raconté du tout… coupe George, énervé.
- Ca va, je plaisante. Ne te fâche pas… moi je me moque éperdument de ce que tu fais avec ta dulcinée, du moment que cela n'atteint pas à ta santé mentale et physique. Enfin pour la santé mentale, pas besoin d'Hermione pour dire que tu es complètement marteau.
- Répète ça ? s'exclame George dans un sourire malicieux.
- J'ai dit que tu étais complètement marteau.
- Ah oui ? Et toi alors ?
- Moi ? Je suis fêlé, ça va de soi.
- N'importe quoi, vraiment, répond George, en tendant un Nougat Néansang à son jumeau.
- Qu'est-ce que tu veux que je fasse de ça ? demande ce dernier.
- Essaye-le, je pense qu'on doit pouvoir stopper l'hémorragie.
- Tu es sûr ? Je n'ai pas très envie d'essayer ce soir, je n'ai pas envie de me saigner personnellement.
George lui lance un sourire un peu faux, puis reprend, comme si de rien n'était :
- Donc, pour revenir à nos moutons, - tiens, mets ce chapeau sur ta tête -, je sors avec Hermione par amour, pas pour…
- J'avais compris, idiot, coupe Fred, et puis je te dis que peu m'importe ce que tu fais avec ton Hermione, du moment que tu n'en souffres pas.
- Pourquoi je souffrirais avec Mione ?
- Je dis juste ça parce que tu as commencé à aller mal en sortant avec elle… répond calmement Fred en enfonçant le chapeau sur sa tête, qui disparu, sous les regards médusés de quelques élèves.
- Ce n'était qu'une simple coïncidence ! La preuve, je vais mieux et je sors toujours avec elle !
- Oui, c'est vrai, répond Fred, toujours la tête invisible.
- Alors, arrête avec ça s'il te plaît. Et retire ce chapeau maintenant, sinon tu vas rester comme ça.
- Quoi ? s'exclame Fred en ôtant vivement le chapeau de sa tête. On reste invisible ?
- Je ne sais pas, mais on ne sait jamais, répond George, d'un air distrait.
C'est à ce moment là qu'Hermione revient, accompagnée de Harry et Ron, joyeuse. Elle salue d'un geste Ron et Harry, et rejoint George.
- Tu es encore occupé avec Fred ? demande-t-elle.
- Oui, enfin on n'en a pas pour longtemps, répond George.
- Je pourrais vous aider peut-être ? propose-t-elle.
- Nous aider ? Toi ? lance Fred, étonné.
- Oui ? Quel mal y aurait-il ? répond-elle d'un ton froid.
- Aucun, aucun, dit précipitamment Fred, c'est juste que quelques semaines plus tôt, tu voulais nous mettre des retenues pour ça…
- Oui… et j'ai toujours envie de vous en mettre des fois, mais bon, de toute façon on ne peut rien faire contre, vous aimez ça. Et puis George est impliqué, alors je pourrais faire des efforts pour m'intéresser à ce qui l'intéresse, non ?
- Pfiuuu ! dit Fred, dans un sifflement admiratif. La préfète change ces temps-ci ! Elle est bien heureuse on dirait !
- En effet, répond-elle dans un rire.
- Bon, et bien pour nous aider… tu pourrais t'occuper de la vente ? propose Fred.
- Oui, bonne idée, ajoute George.
- Bon… et bien d'accord, répond Hermione, un peu déçue. J'aurais aimé participer à la création de vos horreurs…
- Tu y participeras si tu veux… répond George. Justement, Fred avait un projet…
- Enfin on verra ça plus tard, dit Fred.
Fred lui tend le chapeau, et lui explique comment l'utiliser. Ensuite, Hermione va au milieu de la salle, et commence une démonstration, sous les regards amusés de Harry et Ron.
- Dire qu'avant, elle trouvait ça affligeant, dit Ron dans un rire.
- Je crois bien que ton frère George la fait changer. Et dans le bon sens, répond Harry.
- Pour une fois qu'il fait quelque chose de bien !
Après quelques minutes, de succès auprès des élèves, Hermione repose le chapeau auprès de George, puis rejoint Harry et Ron.
- Et bien, on ne te voit plus très souvent, dit Ron.
- Mais on se voit en cours, le soir… proteste Hermione.
- Tu passes ton temps avec George ! Si je n'avais pas pris un air pressé et important tout à l'heure, et dit « c'est important », tu aurais refusé une simple ballade avec Harry et moi, pour rester avec George…
- Mais non, enfin, répond Hermione dans un sourire gêné.
- Tu fais bien ce que tu veux, dit Harry, d'un air indifférent. Du moment que tu es heureuse…
Une demi-heure s'écoule, et Fred et George arrêtent leur travail.
- Mione, tu viens ? demande George à Hermione, de loin.
- Z'allez où, encore ? demande Fred.
- Mais, est-ce que ça te regarde ? répond George.
- Non, dit ce dernier.
Fred observe George et Hermione s'éloigner, et sortir de la salle commune. Ce que Fred pense à cet instant, c'est que c'est étrange, le fait que son jumeau et Hermione partent, tous les soirs, il ne sait où. Une fois, il avait essayé de les chercher, il ne les avait trouvés nulle part.
Il s'approche de Harry, et lui demande :
- Dis-moi, est-ce qu'Hermione t'a déjà dit où ils allaient, tous les soirs, tous les deux ?
- Non, répond Harry.
- Rien du tout ? insiste Fred.
- Rien du tout.
- C'est étrange quand même…
- Ils font ce qu'ils veulent, non ? dit Harry.
- Oui… enfin admets que c'est étrange. De plus, je trouve que c'est étonnant que George aille mieux, comme par magie.
- C'est peut-être de la magie, justement, suggère Harry.
- Tu crois ?
- Peut-être, répond Harry, l'air ailleurs.
- Mais avec quoi…
- Tu ne m'as jamais parlé de ces pastilles qui te mettent d'aplomb pour plusieurs heures de suite, au point de faire des sauts périlleux ?
- Oui, on a créé, répond Fred. Mais cela m'étonnerait… il faudrait que je jette un coup d'œil…
- Moi, je te dis ça comme ça, je dis ça, je dis rien… répond Harry. Enfin je pense plutôt qu'il a juste eu une période de fatigue. Oublie.
- Dis-moi Harry, viens une minute.
Fred entraîne Harry avec lui, dans un coin de la salle, pour éviter que des oreilles indiscrètes s'égarent dans leur conversation.
- Tu pourrais me prêter ta cape d'invisibilité ? demande Fred, à voix basse.
- Ma cape ? répond Harry, surpris.
- Oui. J'en aurai besoin demain…
- Ne me dis pas que tu vas les espionner ?
- Noooon, rien de tout cela, assure Fred. Je voudrais juste savoir où ils vont comme ça…
- Non.
- Pourquoi ? demande Fred, d'un air contrarié.
- Tu dois les laisser tranquilles.
- Mais je m'inquiète ! C'est mon jumeau ! Comme ma propre chair ! Et je ne vais rien faire de mal, juste savoir où ils vont, je ne vais pas les suivre et les observer tout le temps, je ne suis pas un voyeur, enfin…
- Non.
Fred regarde Harry, désespéré.
- S'il te plaît… je ne vais pas espionner.
Harry regarde Fred, qui semble désemparé devant son refus.
- C'est bon, ça va, arrête de jouer la comédie. C'est d'accord. Mais jure-moi de ne pas les espionner. Et de prendre soin de ma cape.
- Juré. Merci Harry, tu es génial ! Je t'adore tu sais !
Le lendemain soir.
Hermione et George se tiennent par la taille, et sortent de la salle commune. Fred les observe, et dès qu'ils sont sortis, il regarde Harry.
- La cape.
Harry la sort de sa poche, et la tend à Fred.
- Merci.
Fred sort de la salle commune, et enfile la cape. Discrètement, il suit son jumeau et Hermione. Ils bavardent joyeusement, mais Hermione doit s'accrocher à l'épaule de George pour marcher. Nouveauté, jusqu'à présent, elle va mieux.
Après quelques minutes de marche dans les couloirs de Poudlard, ils s'arrêtent devant un mur.
La Salle sur Demande ! Pourquoi n'y ai-je pas songé plus tôt ?
Sans faire de bruit, il s'approche. Mais pourtant, il a bien dit qu'il ne ferait que les suivre, et ne pas les espionner… mais la tentation est trop grande… quand on va dans la Salle sur Demande, c'est bien pour cacher quelque chose, non ? Et si c'était quelque chose de grave ?
Oubliant sa promesse faite à Harry, il suit le couple dans la pièce. Cette fois-ci, ce n'est pas la salle de l'AD, mais une chambre, avec un lit au milieu.
Mon Dieu, j'espère que je ne les ai pas suivis pour rien et qu'ils ne vont pas uniquement faire un gros câlin… mince…
- Ca va, Mione ? demande George, pendant que Fred va se cacher dans un coin de la pièce.
Hermione ne répond pas, son souffle s'accélère. Puis, George sort une lame, et s'entaille le bras.
Fred doit retenir un hoquet de surprise devant cette mutilation de la part de son frère. Il voit le sang couler, et à la plus grande surprise de Fred, Hermione attrape vivement le bras de George et se met à boire le sang de son jumeau.
Mais… mais… mais qu'est-ce que c'est que ça ?
Fred est complètement scié devant le spectacle, et ne sait plus trop quoi penser. Les secondes s'écoulent, et Hermione boit, boit, pendant au moins une minute. Fred a l'impression qu'elle ne va jamais s'arrêter, et que son jumeau va mourir sur place. S'il n'était pas là officieusement, il sauterait bien sur Hermione pour l'arracher au bras de son jumeau.
Hermione serait… un vampire ? Non, c'est impossible… elle n'a rien d'un vampire… pourtant… ce sont les vampires qui boivent du sang…
Vampire ou pas, Hermione paraît bien étrange à Fred. Mais le pire, c'est qu'il comprend maintenant pourquoi son frère était tant fatigué. Il lui avait caché ça ! Et il déclare sortir avec Hermione juste par amour ! Alors qu'en réalité c'est pour faire ces pratiques douteuses !
Fred se sent comme trahi, son frère lui a caché un tel secret, et a menti sur la raison de son état de santé. Et cette Hermione, véritable danger, qui vampirise son frère jumeau ! Comment pourrait-il rester ainsi, sans rien dire ? Il ne sait plus quoi penser… mais une seule question hante son esprit : pourquoi ?
Hermione arrête de boire, relève sa tête vers George, qui la regarde en souriant. Il l'attrape par la tête et l'embrasse longuement. Fred est complètement désorienté : ils s'aiment ? Oui, devant leurs élans d'affections réguliers, il en est sûr, mais pourquoi faire CA ? Il en a assez vu, il veut partir. Mais il doit attendre que George et Hermione soient inattentifs aux alentours, pour sortir.
Comme s'ils avaient entendu son souhait, Hermione pousse George sur le lit, et s'allonge sur lui. Ils semblent complètement ailleurs, et Fred commence doucement à s'éclipser. Il marche le plus silencieusement possible, voulant à tout prix éviter de se faire surprendre de cette manière. Puis, sans un bruit, il entr'ouvre la porte le moins possible, et sort, sans un bruit. A peine a-t-il fermé la porte, qu'il regagne la tour de Gryffondor, les larmes aux yeux.
- Mon propre jumeau ! Je n'y crois pas ! Comment est-ce possible !
Fred vient de retrouver Harry, et lui rend sa cape, enfin la lui jette, furieux.
- Ne me dis pas que tu les as espionnés ? s'écrie Harry.
- Les espionner ? Si tu avais vu ce que j'ai vu, tu t'en moquerais comme de l'an quarante ! fulmine Fred.
- Tu avais promis…
- SI TU AVAIS VU !
- Qu'est-ce que j'aurais vu ? demande Harry, essayant de calmer la colère qu'on peut entendre dans sa voix.
- Tu aurais vu… tu aurais vu quelque chose d'indéfinissable… Hermione… elle… mon frère, mon jumeau… il souffre, il doit avoir mal, si mal…
- Il m'a l'air plutôt heureux… dit Harry.
- Il n'en a que l'air alors ! réplique Fred. Ou alors peut-être qu'il est vraiment, ce qui inclurait le fait qu'il soit masochiste !
- Hermione ? George ? Pratiquer des jeux sado-maso ? Tu dérailles Fred.
- Je ne dis pas ça ! Mais ça pourrait presque être comparé à ça ! Bon, pour Lupin, ça pouvait passer, il ne faisait de mal à personne, mais Hermione…
- Hermione est un loup-garou ? demande Harry, étonné.
- Non, elle est… c'est… différent… commence Fred.
- Mais qu'est-ce que tu racontes ?
- Bah en fait…
Mais Fred n'a pas le temps d'en dire plus. Hermione et George viennent de rentrer dans la salle commune. Fred se tait, et fait comprendre à Harry qu'ils en discuteront plus tard. Hermione et George se dirigent vers Ron, Ginny et Lee qui sont près de la cheminée. Ils agissent comme si tout allait bien, ce qui a le don d'exaspérer encore plus Fred à l'instant présent.
- Salut, alors, ça va toujours ? demande Fred qui vient de rejoindre le groupe.
- Fred, arrête, souffle Harry, qui le tire par le bras.
- Mais enfin Harry, je ne vais rien dire de mal. Je demande juste si ça va.
- Très bien, répond George dans un grand sourire.
- Vraiment ? répond Fred d'un ton ironique.
Puis, sans prévenir, Fred attrape le bras de George, et le serre à l'endroit où, sous sa robe, il y a encore la cicatrice de son entaille.
- Je suis content de voir que tu te portes toujours bien alors… dit Fred.
George le regarde d'un air surpris, interrogateur. Mais Fred lâche son bras, et commence une discussion tout à fait différente avec Ron. Harry pousse un soupir de soulagement : Fred ne va rien faire d'exagéré devant tous les élèves présents dans la salle commune.
Les minutes passent, et chacun décide de rejoindre son dortoir. Hermione et George se quittent comme à l'habitude après de longues embrassades, baisers, et mots doux. Puis George monte dans le dortoir. Il entre, mais il n'y a personne.
- Lee ? Fred ?
- Lee, non, mais Fred, oui, fait son jumeau qui sort de derrière un rideau de lit.
- Ah ? Il est où ? Et les autres ?
- Ils ne sont pas loin, je leur ai juste demandé de patienter quelques minutes, car j'aimerais avoir une conversation avec toi. Seul à seul.
- Vraiment ? dit George, visiblement embêté devant l'air accusateur de son frère. Si tu veux, pas de problème. C'est à propos de quoi ?
- A propos de tes pratiques étranges dans la Salle sur demande avec ta chère Hermione !
A l'entente de ces mots, George blêmit. Son regard devient affolé, il semble pris de panique.
- Tu n'as rien dit à personne de ce que tu as vu, hein ? dit George avant toute explication.
- Non, je n'ai rien dit, et je ne dirai rien que si tu m'expliques pourquoi vous faîtes ça ! Sauf si c'est trop grave, là j'irai dire à Dumbledore qu'Hermione est devenu un vampire si c'est le cas !
- NON ! Et puis ce n'est PAS un vampire ! s'écrie George. Et puis d'abord, comment as-tu su ? Tu nous as suivi hein ?
- JE M'INQUIETAIS !
- T'inquiéter ? JE VAIS TRES BIEN !
- AH OUI ? Tu joues les donneurs de sang avec Hermione, qui soi dit en passant est complètement tarée, et non seulement tu me le caches, mais en plus tu oses me dire que tu vas très bien ? Pas étonnant que tu sois fatigué ! Tu dois faire ça tous les soirs hein ?
- Oui, et je ne vois pas en quoi ça serait gênant pour ta petite vie ! Et elle n'est pas tarée, ne dis pas ça ! Tu ne sais rien !
- Ne pas me gêner ! Mais t'es mon JUMEAU ! Je t'aime bordel, je tiens à toi, et je devrais rester comme un abruti à te regarder donner ton sang et ton énergie à Hermione ? Malgré l'amitié que j'ai pour elle, là je pense que ça dépasse les limites ! Elle est détraquée de te boire le sang ! C'est répugnant ! Pourquoi ?
- Je fais ça pour son BIEN ! répond George.
- Son bien ? Mais n'importe quoi ! Ce n'est pas comme ça que tu arrangeras son cas ! Et d'ailleurs, TON bien, tu y as pensé ?
- Je vais mieux, tu le vois bien !
- Oui c'est vrai. Mais ne changeons pas de conversation ! Si Hermione n'est pas un vampire, c'est quoi alors, hein ? Pourquoi vous faîtes ça ? Qu'est-ce qu'elle a Hermione ? Elle est dangereuse ? Hein ? Je veux tout savoir, George, c'est du sérieux ton truc. C'est flippant, j'comprends plus rien moi.
- Oui. C'est sérieux. Mais je vais tout t'expliquer ! Juste ne dis rien !
- Mais dis-moi la vérité avant de me demander de ne rien dire ! s'écrie Fred.
- Laisse-moi parler alors ! Hermione est MALADE ! s'écrie George.
- Ca, j'avais remarqué ! réplique Fred.
- Mais enfin, si tu veux comprendre, arrête de m'interrompre sans cesse ! Elle n'est pas malade dans le sens de folle, c'est une maladie ! C'est héréditaire !
- Une maladie qui donne envie de se prendre pour un vampire ? Ca s'appelle le Vampiriste Chronique peut-être ? dit Fred d'un ton ironique.
- Mais c'est sérieux ! C'est une maladie orpheline que seules les femmes, et quelques rares hommes, ont dans la famille des Whelter ! dit George, la voix tremblante.
- Les Whelter ?
- La famille du côté paternel d'Hermione, explique George. Je te jure que ce ne sont pas des conneries.
- Ah, donc ton Hermione a une maladie héréditaire… ? dit Fred, un peu sceptique, mais attentif.
- Les malades ont une terrible envie de boire du sang humain. Et d'après elle, les médecins qui ont tenté de soigner les cas des Welther n'ont jamais trouvé, et n'ont émit qu'une seule hypothèse : une maladie héréditaire mentale. Ne va pas croire qu'elle est folle hein ! C'est maladif, c'est dans ses gênes, c'est dans son sang… et il n'y a aucun moyen de calmer les crises qu'elle a – quand elle a besoin de sang.
- Et donc toi tu te saignes pour elle… ?
- Oui. Il existe bien un médicament qui calme les crises, mais il ne fonctionne pas sur tous les organismes. Sur elle, il marche. Mais de toute façon, c'est un véritable poison, car pris à intervalles trop réduits, il s'avère terriblement toxique pour le corps. Et il créé des problèmes cardiaques.
- Mais pourquoi toi ? Elle est malade depuis longtemps ? Elle vampirisait qui avant alors ? demande Fred.
- Tu te rappelles quand elle disait avoir de l'anémie ?
- Oui, et ?
- Et bien c'est à cette période que la maladie s'est déclarée. Avant cela, elle n'avait rien, et le risque que la maladie se déclare était minime, vu qu'elle ne pensait pas que la maladie sauterait une génération. De plus, la maladie se déclare assez jeune en général. Et donc elle ne pensait que vers quinze ans, elle tomberait malade. Et je l'ai surprise qui faisait une crise, et elle m'a tout avoué… au début, je lui donnais mon sang, on ne sortait pas ensemble, c'était une fois par semaine, même pas, et c'était juste une aide. Mais après, je suis tombé amoureux… elle aussi… et voilà… c'est tous les jours maintenant…
Un long silence. Fred réfléchit.
- C'est vrai tout ça ? demande Fred en fronçant les sourcils.
- Vrai de vrai, répond George qui a les larmes aux yeux. Elle pourrait te le confirmer. Son père aussi.
Fred ne dit rien. George fait donc tout ça pour Hermione ?
- Elle n'a pas de médicament ?
- Je lui interdis d'en prendre. C'est trop dangereux.
- Donc c'est toi qui dégustes au final… dit Fred, d'un ton morne.
- Oui, mais je m'en fiche ! Je l'aime ! Et peu m'importe si je dois donner mon sang ! Elle va beaucoup mieux grâce à moi maintenant ! Je ferais tout pour elle !
- Oui, c'est un très beau sentiment, mais enfin, c'est une situation mauvaise ! Très mauvaise George !
- Mais Fred, comprend-moi ! Je te dis que tout ce que je veux, c'est son bonheur ! Laisse-moi continuer ! Tu vois très bien que je ne suis plus fatigué comme avant ! dit George, d'un ton suppliant.
- Oui… d'ailleurs, comment cela se fait que tu ailles mieux ? dit Fred.
- Et bien… mon corps s'est habitué, voilà tout ! répond George.
- Habitué… ? Oui bien sûr…
- Je te dis que c'est ça.
- Si tu le dis… mais tu aurais pu m'en parler de ça ! C'est grave ! Je suis ton frère jumeau, on n'a pas de secret l'un pour l'autre ! Et si on en a, on n'en a pas d'aussi grave ! Tu en as parlé à quelqu'un d'autre ?
- Non. Personne n'est au courant. Et je te demanderai de n'en parler à personne. Ni à Hermione, ni à qui que ce soit. Cela doit rester secret. Jure-le moi Fred, je t'en supplie…
Fred semble réfléchir, puis d'un ton agacé, il répond :
- D'accord, je ne dirai rien. Mais si tu recommences à aller mal, j'irai en toucher deux mots à Hermione. Il est hors de question que ta santé physique se dégrade comme avant.
- Je vais mieux !
- Oui, oui… répond Fred à voix basse.
- Je te jure que je vais mieux. Si j'ai un problème, je t'en parlerai. Mais s'il te plaît, laisse moi continuer à l'aider ! Il le faut ! Je ne pourrais pas supporter de la voir souffrir si je ne l'aide plus ! Je ne veux pas la voir se détruire la santé avec son médicament ! Et je ne veux pas qu'elle devienne un danger pour les autres et qu'on la mette à l'écart, voire qu'on l'exclue de l'école ! dit George, les larmes aux yeux.
Puis, Fred s'approche de son frère et le prend dans ses bras.
- Je suis désolé Fred, murmure George, une larme coulant sur sa joue. Je suis désolé de t'avoir menti…
- Et moi, je suis désolé de m'être mêlé de cette affaire sans te demander ton avis. Ni celui d'Hermione. Si tu as un problème, si Hermione va mal, je serai là pour toi. Ne l'oublie pas George.
- Merci… et… pas un mot.
- Promis.
Depuis cette discussion, Fred n'a pas dit à Hermione qu'il savait. Cela fait à peine cinq jours. Fred laisse son frère faire, mais il veille à ce qu'il ne fatigue pas. Quant à Harry, il lui a dit qu'il s'est expliqué avec George, et qu'il ne peut pas lui en dire plus. Cependant, Fred veut bien rester en dehors de cette affaire qui ne concerne que George et Hermione, mais il y a quelque chose qui le tracasse : si Harry avait raison ? Si George allait mieux grâce à la magie ? Si tout ça n'était qu'une illusion ?
Savoir que son frère prend quelque chose pour être en forme, ce n'est pas ce qui le fait pencher du côté « je ne me mêle de rien ».
A ce moment, George et Hermione sont partis manger. Lee est resté avec Fred pour terminer un nouveau produit. Mais Fred pense à tout autre chose : il faut qu'il aille vérifier les réserves. Ces fameuses pastilles qu'a évoqué Harry, il n'a pas encore vérifié si le stock avait baissé ou non. Le pire, c'est que George et lui n'ont jamais essayé de les commercialiser, car ils ne savent pas vraiment s'il y a des effets secondaires. Une fois, George avait dansé la polka comme dans un état second pendant une minute après en avoir pris une. Mais Fred ne savait pas si son frère s'était payé sa tête ce jour là, ou si c'était vraiment un effet secondaire.
Dans tous les cas, effets secondaires, tertiaires ou non, il doit aller vérifier. Il n'allait pas se droguer de médicaments à la place d'Hermione. Même Hermione ne serait pas ravi de savoir ça, d'après Fred. D'autant plus que ce n'était pas non plus un médicament fait pour ça. Il n'était destiné qu'à mettre quelqu'un en super forme pour quelques heures, à le faire sauter partout, histoire de faire une blague. Mais vu l'état pitoyable de George en temps normal, ça ne devait que le faire aller bien, normalement.
- Lee, tu veux bien m'attendre une minute ?
- Bah, je vais rejoindre George. Tu nous rejoins, d'accord ?
- D'accord, je n'en ai pas pour longtemps.
Puis, Fred monte les marches quatre à quatre, et va fouiller dans leurs affaires communes. Nougats Néansang, présents. Oreilles à rallonge, en veux-tu en voilà. Filtres d'amour, premiers essais. Pastilles Toubon, ce n'est pas bon du tout !
Fred vide le sachet censé contenir toute leur réserve de pastilles magiques, mais en effet, soit un chat amateur de bonds dans tous les sens est passé, soit, hypothèse plus probable, George en prend régulièrement. Et il n'en reste plus beaucoup. De quoi tenir… une semaine s'il en prend une par soir. Oui, sept pastilles, c'est tout ce qu'il reste. Bien sûr, son frère pourrait en fabriquer à nouveau, mais il n'aurait jamais le temps en si peu de temps, d'autant plus que c'est surtout lui, Fred, qui s'est occupé de leur fabrication – et qui connaît donc les composants et les sortilèges à utiliser.
Plein de colère, de rage, Fred jette le sachet à son emplacement initial, et chuchote :
- Tu ne vas pas pouvoir continuer à t'en sortir comme ça pendant longtemps…
George ne va pas très bien ; il est censé accompagner Hermione pour calmer sa crise imminente, et il se sent faiblir. Il embrasse Hermione sur le front, lui chuchote un « je reviens » et monte les marches du dortoir à toute vitesse ; une fois en haut, il se précipite sur la réserve et cherche les Toubons. Mais bizarrement, le sachet ne s'y trouve plus.
- Et merde ! s'exclame-t-il.
- Tu cherches quelque chose ? lance une voix, derrière lui.
- Fr… Fred ? Tu fais quoi dans le dortoir ?
- Je peux te demander la même chose.
- Euh je…
- Cherche ceci ? dit-il en tendant le sachet de pastilles.
Il le retourne, et rien ne tombe.
- Vide, mon cher frère. On dirait que tu n'as pas pensé à renouveler le stock toi-même. Ou alors tu n'as pas osé me le demander. Cela aurait paru suspect. Et c'est bien dommage, tu n'en as plus. Tu faiblis à nouveau. Oui, l'effet ne dure qu'une vingtaine d'heures. C'est bien dommage.
- Comment…
- J'ai su ? Tu as cru que j'allais croire que « ton corps s'habituait » ? A part prendre des vitamines, ou ceci, tu n'avais pas d'autres possibilités pour améliorer ton piteux état.
- Je n'en ai plus… je m'en moque, je règlerai ce problème plus tard. Bon, je vais aider Hermione, dit George d'un ton déterminé.
- Oh que non ! Tu ne vas pas y aller sans ta pastille chérie, j'ai déjà été sympathique de tolérer ça, mais là, si tu y vas, tu vas sombrer littéralement.
- Mais non ! Et puis je m'en moque ! Laisse moi partir !
- C'est ça, vas-y ! Mais t'es malade mon pauvre, si tu y vas, tu ne vas pas t'en remettre aussi facilement et tu vas dormir trois jours de suite !
- Et si je n'y vais pas Hermione va sauter sur le premier venu et se faire exclure de Poudlard !
- Tu n'y vas pas ! lance Fred d'un ton ferme.
- J'y vais ! réplique George.
- Tu n'iras pas !
- Fred ! Ne fais pas ça !
Hermione commence à se sentir mal. Elle se demande ce que fait George. Pourquoi met-il tant de temps à revenir ? Elle commence à trembler, à sentir les ténèbres l'envahir. Elle ferme les yeux, et essaye de ne pas entendre les voix des élèves qui passent à côté d'elle. Pourtant, c'est si dur de résister.
Ne pas y penser, oublier le sang… c'est mental, elle peut arriver à se contrôler…
Mais c'est si difficile, qu'elle sent qu'elle pourrait craquer à chaque seconde. Elle attend. George doit arriver d'un instant à l'autre. Après, ça sera fini, elle pourra l'embrasser à nouveau, normalement. Soudain, quelqu'un s'approche d'elle. Ce n'est pas George.
- Hermione, ça va ?
- RON ! VA-T-EN !
Ron s'en va, sans demander son reste à Hermione, qui semble furieuse. Elle a bien failli se jeter sur lui et le mordre au premier endroit de peau à portée de vue. Si jamais elle l'avait fait… elle n'ose même pas imaginer les conséquences de cet acte.
A ce moment là, une main attrape la sienne. George. Elle ouvre les yeux, et de son regard flou, elle distingue celui qu'elle aime. Ses cheveux roux, son allure imposante, elle se sent soulagée. Mais pas assez, la crise commence à se faire ressentir de plus en plus. Elle se laisse traîner jusqu'à la Salle sur demande, et entre. Elle s'assoit sur le lit. Le roux attrape une lame, et s'entaille le bras, qu'il tend à Hermione. Puis, d'un geste brusque, Hermione se jette sur le bras, et boit. Elle sent que son malaise s'en va, elle va mieux…
Elle boit, les secondes s'écoulent, une à une, lentement.
Mais, pourtant… ce sang est presque identique à celui qu'elle boit habituellement… il est même autant dire semblable… pourtant, il y a un quelque chose d'étrange, qu'elle ne saurait définir. Puis, levant ses yeux, elle murmure :
- Fred ?
A suivre...
