Chapitre 8 : La dernière des Whelter
« Merci pour tout. Prends soin de George. S'il te plait. Et aussi de Harry, Ron, et tous les autres.
Hermione ».
Fred referme la lettre, et la met dans sa poche, d'un geste énervé. Harry, Ron et Ginny le regardent, d'un air interrogateur.
- Qu'est-ce que… commence Ron.
Mais il ne termine pas sa phrase, Fred a déjà tourné les talons, et rejoint George, qui lit la lettre, dans son coin, en silence.
« Cher George,
Je sais que tu penses que je n'aurais jamais du partir. Et je sais que tu as raison. Mais, il le fallait quand même. Tu dois te dire que, « si elle m'aimait, elle ne me quitterait pas ». Mais au contraire, je t'ai quitté parce que je t'aime. Tu comprends, je ne suis pas « faite » pour toi. Je ne sème sur mon passage que malheur et destruction. Et je ne veux pas que tu fasses partie de tous ces malheurs que je provoque. N'essaye pas de me revoir. Vis ta propre vie. Je n'en fais plus partie.
Je t'aime, Hermione. »
- Et merde, lance George en chiffonnant la lettre.
Fred passe son bras sur les épaules de son jumeau, et le fait s'asseoir sur un canapé, à côté de lui. George semble vide, comme si la vie venait de le quitter.
- Faut que je la ramène, dit George.
- Non, répond Fred, à voix basse.
- Si. Il le FAUT. Je ne peux pas rester sans elle. Elle ne peut pas partir comme ça. Je sais qu'elle fait ça pour moi, mais je m'en fous.
- Non, George, tu ne t'en fous pas, personne ne s'en fout. C'est son choix. Elle t'aime, alors elle a choisi de te rendre… ta vie.
- AH OUI ? rugit George, et se levant, le regard braqué sur son jumeau. ET QUELLE VIE ? Tu ne comprends pas que sans elle, j'ai plus de vie ?
Les autres Gryffondor assistent à la scène, terrifiés.
- Je te dis que je vais la ramener, elle ne peut pas gâcher sa scolarité à cause de… de moi !
- George, ce n'est pas « à cause de toi »…
- On s'en tape de savoir à qui la faute ! C'est avant tout la faute de cette foutue maladie ! Mais je ne la laisserai pas terrasser Hermione ! Tu comprends ça ? Je vais aller la chercher, qu'elle le veuille ou non, et je lui ferai comprendre qu'en partant, c'est bien pire pour moi ! Et justement, si elle m'aime, elle reviendra !
- Réfléchis, bon sang ! Je ne te dis pas que tu ne la reverras jamais, mais tu ne peux pas aller la revoir comme ça, et lui demander de revenir comme si de rien n'était !
Ron se gratte la tête, il ne comprend rien. Harry et Ginny quant à eux se lancent des regards étonnés, tout en observant la dispute de Fred et George.
- Tu préfères la laisser seule à son désespoir peut-être ? rétorque George.
- MAIS NON, ENFIN ! Je te dis juste que tu ne dois pas aller la revoir ! Pas maintenant !
- Tu as raison, je n'ai qu'à débarquer dans dix ans, « salut, tu te rappelles de moi ? ».
- Mais NON ! George, fais un effort ! Elle va rester cloîtrée chez elle jusqu'à la fin de ses jours ! Tu crois que ça me fait plaisir ? Tu crois que je vais rester moi non plus sans rien faire ? On va faire bouger les choses, George, tu vas la récupérer ta Hermione !
- Fred. C'est ce que je dis depuis le début.
- Oui, mais on ne va pas la récupérer à ta manière. On va, avant de songer à la ramener, songer à régler le problème ! Toi, tu le contournes en voulant simplement la ramener !
- Mais qu'est-ce que tu racontes ? demande George.
- Bon sang, dit Fred, on va la soigner, ta Hermione !
- Mais tu racontes n'importe quoi ! Je ne vois pas comment ! Tu crois qu'aucun médecin n'a tenté de soigner sa famille ? crie George, se souciant peu de qui peut l'entendre. Alors explique moi pourquoi toi tu y arriverais si personne d'autre n'a réussi ?
- Les autres qui ont essayés, comme tu dis, c'était des MOLDUS !
- Et alors ?
- Et alors on est des SORCIERS ! On peut trouver de VRAIS vampires !
- Ferme-là ! dit George – cette dernière phrase étant un peu trop explicite. Et même en bavardant avec eux, qu'est-ce qu'ils pourraient faire ? Ce n'en est pas une.
- Je sais, répond Fred. Mais tu préfères rester les bras ballants, à pleurnicher dans ton coin tout en maugréant que tu es triste sans l'amour de ta vie ?
- Non, je préfère la ramener.
- Rah, mais tu le fais exprès ? On va la soigner ! On va chercher, on va essayer ! Et on trouvera ! A chaque problème sa solution.
- Mais là, ce n'est pas un problème comme les autres ! réplique George.
- Mais je te dis qu'avant de la revoir, on va essayer. George, fais-moi confiance, à nous deux, on y arrivera.
George ne dit rien, et réfléchit. Pendant ce temps là, Harry, Ron et Ginny se sont lancés dans une grande discussion, où on peut entendre des « j'comprends rien », « vampire ? », ou encore « tu sais de quoi ils parlent ? ».
- J'en sais rien, j'en sais carrément rien, dit George, avant de s'écrouler dans les bras de son jumeau.
- On va y arriver, le rassure Fred.
- Elle est à peine partie qu'elle me manque déjà.
- Je sais. Mais, écoute ce qu'elle te dit. N'essaye pas de la retrouver… on va l'écouter pour le moment. Pour le moment, j'ai dit, George. Non, on va plutôt essayer de trouver.
Plusieurs semaines se sont déjà écoulées, et les jumeaux Weasley ont passé tout leur temps à chercher. Inlassablement. Harry et Ron n'ont jamais pu savoir ce qu'ils cherchaient réellement. Ni pourquoi Hermione était partie. Tout ce qu'il savait, c'est ce qu'on avait dit officiellement.
Le jour de son départ, Dumbledore avait fait une annonce, entre deux « hum hum » d'Ombrage. Il avait simplement expliqué qu'Hermione avait longuement discuté avec le professeur McGonagall de son état de santé, et qu'au final, Hermione avait jugé préférable d'arrêter ses études pour « une période indéterminée » afin de prendre « soin de sa santé ».
Il fallait comprendre par là « qu'après une longue descente vers la déprime, Hermione avait simplement décidé d'épargner les autres de sa dangerosité, et de rendre sa liberté à George, pour toujours, afin de vivre enfermée chez elle jusqu'à ce que la mort veuille bien d'elle, emportant ainsi la dernière des Whelter ».
Tout le monde avait questionné George, qui était celui le « mieux placé pour savoir ». Il n'avait fait que répéter inlassablement les mots de Dumbledore. Finalement, tout le monde avait fini par se taire, et ne plus poser de questions. Harry et Ron se demandaient juste si elle reviendrait, et George ne leur en avait jamais donné la réponse, ni Fred. Les jumeaux avaient envoyé une simple lettre avec écrit « On y arrivera, et tu reviendras », à laquelle Hermione avait répondu un « je vous ai dit de ne pas me revoir ». Harry et Ron quant à eux n'avaient jamais eu de réponses à leur courrier.
Hermione vivait chaque jour chez elle, aidée de son père, et refusait désormais tout contact avec l'extérieur. Elle refusait toutes les visites, et n'acceptait que le sang de son père, ou alors, elle finissait par se gaver de médicaments. Elle pensait tous les jours à mourir, afin d'emporter dans la mort cette maladie qui avait frappé ces ancêtres. Mais sans aucune raison, elle n'arrivait jamais à aller jusqu'au bout de ses tentatives, elle finissait toujours par se résigner, et par se dire qu'elle attendrait la mort sans la chercher. Qu'elle attendrait, quelque chose…
Son père la rassurait, et essayait de la protéger. Parfois, il avait tenté de la convaincre de retourner à Poudlard, mais c'était un combat perdu d'avance, rien, ou presque, ne pourrait la ramener là-bas. Elle était en rupture totale du monde sorcier et moldu. Les seuls humains qu'elle voyait étaient ses parents. Et Pattenrond restait parfois des heures, endormi en boule contre elle, tandis qu'Hermione dormait, rêvant de ses années passées, et songeant à sa mort future. Mais à Poudlard, personne ne l'avait oubliée. Tout le monde espérait chaque jour qu'ils trouveraient Hermione en cours, de nouveau en pleine forme, et sa fameuse maladie guérie. Ils pensaient qu'elle ne se laisserait pas abattre, mais aucun ne savait que cela faisait bien longtemps qu'Hermione avait baissé les bras.
Il arriva le jour où les jumeaux Weasley en eurent marre. Marre des réflexions des autres comme quoi ils n'étaient jamais là, comme quoi ils ne travaillaient plus du tout. Peu savaient qu'ils cherchaient la solution, l'antidote à la maladie d'Hermione. Marre aussi d'Ombrage et de ses règles totalement injustes, cruelles, et stupides. Plus rien ne les retenait à Poudlard. Ron, Harry et les autres étaient devenus suffisamment grands pour s'occuper d'eux tous seuls, sans avoir besoin de l'aide de Fred ou de George – à vrai dire, ils n'en avaient jamais vraiment eu besoin. C'est ainsi, qu'après avoir dévasté le château, ils s'emparèrent de leurs balais, en faisant de jolis trous dans la porte du bureau d'Ombrage, et qu'ils s'envolèrent, quittant Poudlard, où ils n'avaient vraiment plus rien. George n'avait plus aucune raison de rester entre ces murs. Le seul qu'ils regrettaient un peu, c'était Lee. Mais l'amitié, ça s'entretient en dehors d'une école. Ils partirent, avec une seule idée en tête : finir leurs recherches, qui étaient sur le point d'arriver à leur terme.
Ce jour-là, le printemps montre toute sa splendeur. George n'est jamais venu là auparavant, et il a longtemps réfléchit avant de venir. Tout en s'occupant de sa nouvelle boutique, il a mené maintes et maintes recherches, que ce soit avec l'aide de Guérisseurs sorciers, ou en allant bavarder tranquillement autour d'une Bierraubeurre avec un charmant vampire. Il a prit des risques, mais il s'en moque complètement. Car il n'a pas fait tout ça pour rien. Du moins, c'est ce qu'il espère.
Il avance vers le portail, et observe la maison. Les volets du premier étage sont fermés. Mais il y a bien quelqu'un. Hermione ne serait pas sortie de chez elle. George observe la porte, et voit une sonnette où il y a écrit « Granger » à côté. Il appuie sur ce qu'il pense être une sorte de bouton, et un rideau est tiré. Il voit une femme d'environ plus de quarante ans. Elle referme le rideau, et quelques secondes plus tard, la porte s'ouvre. La femme qu'il pense être la mère d'Hermione s'approche du portail, l'air méfiant.
- Vous êtes ?
- George Weasley.
A l'entente de ce nom, elle pousse un cri de surprise, et dit :
- Allez-vous en. Partez.
- Il faut que je rentre, pourtant, dit George, pas vraiment surpris par la réaction de la mère d'Hermione.
- Elle ne veut pas vous voir. Elle ne veut voir personne, répond fermement la mère d'Hermione.
- Qui vous a dit que je voulais la voir elle ? dit George, tout en gardant son calme. Laissez-moi rentrer, je voudrais vous parler à vous, d'abord.
- Non, je ne vous laisserai par entrer.
- Je crains que si vous ne me laissiez pas entrer, j'utilise les grands moyens.
- Vous ne pouvez pas, vous n'êtes pas au sein de votre école de magie ! rétorque-t-elle.
- Pour votre information, j'ai le droit, je suis sorcier de second cycle, et puis, de toute façon, j'ai arrêté Poudlard, oui, comme votre fille. Mais pas pour les mêmes raisons, non. Et j'ai plus de dix-sept ans, je suis donc majeur. Laissez-moi entrer.
La mère d'Hermione pousse une sorte de grognement, et avance à contre cœur vers le portail.
- Entrez, mais je vous défends de la voir. Vous ne pourrez que parler à moi, ou à mon mari.
George sourit, confiant, et entre. Il suit la mère d'Hermione, et passe la porte d'entrée. A l'intérieur, la maison est des plus banales ; une maison moldue. Les photos sur les murs ne bougent pas. Mrs Granger l'emmène dans la cuisine, et le fait asseoir. Elle s'assoit face à lui. Quelques secondes plus tard, Mr Granger les rejoint. Il semble abattu, et prend place à côté de son épouse. Elle lui murmure quelque chose à l'oreille, il acquiesce, et demande :
- Puis-je savoir pourquoi vous êtes venu ? La lettre d'Hermione me semblait claire, n'est-ce pas ?
- Mr Granger, je sais que votre fille ne veut plus voir personne et…
- Et ce n'est pas vous qui saurez la convaincre. J'ai essayé, moi aussi, mais c'est sans espoir. Toutes les personnes de la famille Whelter malades finissent comme ça.
- Je sais, je sais, j'ai déjà entendu la petite histoire, répond George.
- Que voulez-vous, alors ? demande Mr Granger, agacé.
- Je veux tenter quelque chose.
- Qu'est-ce que vous voulez dire ?
- Il faudrait pour ça que je la vois, dit calmement George.
- Mais vous aviez dit que vous ne vouliez que nous par…
- Je sais ce que j'ai dit, coupe George. Mais maintenant, j'aimerais la voir. Il y a peut-être une chance de guérison.
- Sottises ! siffle Mrs Granger.
- Je peux toujours essayer, dit George. Vous n'avez rien à perdre.
- Si ! réplique Mrs Granger. La santé de notre fille ! Sa santé mentale ! Elle est déjà très faible, mais je pense que si vous ratez, le fait qu'elle vous ait revu sera pire !
- Ecoutez, répond George, qui commence à s'énerver. Vous préférez qu'elle reste enfermée ici jusqu'à ce qu'elle finisse par mourir, ou vous préférez qu'elle ait une vie normale ?
Mr et Mrs Granger vont pour répondre, mais ils restent sans voix. Puis, après quelques secondes, Mr Grange répond :
- Très bien, vous pouvez aller la voir. Mais je vous préviens… je vous préviens, si ma petite fille va mal à cause de vous… votre soi-disant remède a intérêt à fonctionner.
George sourit, et dit :
- J'ai passé des mois à chercher, avec mon frère jumeau Fred. Il ne s'agirait pas d'une solution miracle définitive, mais je pense que cela serait quand même très bénéfique pour elle. Je vous remercie, il faudrait que j'aille la voir tout de suite.
Mr Granger se lève, murmure un juron, et sort de la cuisine. Mrs Granger reste assise à la table, les yeux perdus dans le vague. George se lève, et suit le père d'Hermione. Il monte au premier. George le suit dans un long couloir plongé dans l'obscurité. Il s'arrête devant une porte, et dit à George :
- Elle est là. Elle passe ses journées à lire. Elle risque de devenir violente en vous voyant. Je ne sais pas, mais cela va faire pas mal de temps qu'elle reste seule la plupart du temps, maintenant.
- Ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer, dit George d'un ton calme. Je peux entrer ? J'aimerais être seul avec elle.
- Oui, oui, dit Mr Granger, un peu énervé. Bonne chance, Mr Weasley.
George regarde Mr Granger s'éloigner, et baisse la poignée de la porte.
- Papa ? demande la voix d'Hermione.
George ne répond pas, et entre dans la pièce. Elle est plongée presque entièrement dans le noir, hormis une petite lampe moldue. Hermione est allongée sur son lit, sur le ventre. Elle lit un gros livre, et on peut voir sur sa table de chevet des flacons et des flacons de poudre blanche. On peut également y voir quelques tâches de sang, du sang qui appartient sûrement à Mr Granger – ou à Hermione elle-même, qui tente de se calmer toute seule.
Elle tourne la tête et regarde le nouvel arrivant. George a déjà refermé la porte, et elle ne peut pas distinguer qui vient d'entrer. Mais elle sait que ce n'est ni son père, ni sa mère. Elle se lève, avec un peu de difficulté, et s'approche de George, dans le noir. Elle s'arrête juste devant lui, et lève ses yeux vers lui. Elle le reconnaît immédiatement, et lève la main. Mais George attrape son poignet au moment où elle s'apprête à le frapper.
- Va-t-en, murmure-t-elle.
- Non, répond George, en baissant le bras d'Hermione.
Elle résiste, mais George, plus fort, réussi à lui ramener le bras le long du corps. Elle grimace de douleur. De son autre main, George l'attrape par la tête et l'embrasse. La main d'Hermione se relâche, et cette fois-ci, elle le serre dans ses bras, et répond au baiser. Hermione perd tout contrôle, et le mord pour la seconde fois au niveau de la lèvre. Elle passe sa langue sur la lèvre blessée de George, et se recule. Elle passe son doigt sur le menton de George, et lèche ses doigts rouges. Puis, elle le regarde à nouveau, et dit :
- Je t'ai dit de partir. De ne pas venir me voir.
- Je sais, mais là, il fallait vraiment que je passe. Je pense avoir découvert quelque chose.
- Ah oui ? dit Hermione, faisant mine de s'intéresser.
Puis, elle se retourne, et lève l'autre main, et va pour frapper George ; mais ce dernier la retient encore une fois.
- Tu pourrais cesser de vouloir me taper ? A ce que je sache, on s'aime, et les gens qui s'aiment ne se battent pas, du moins ils évitent, dit George.
- Oui, on s'aime, mais je t'ai dit de ne pas me revoir.
Ils se regardent en silence, tout en se tenant à une certaine distance. Puis, au bout de quelques minutes, George répond :
- Et toi, tu écoutes ce que je te dis ? J'ai trouvé quelque chose !
- Quelque chose, quelque chose… super, et c'est une raison pour venir me voir ?
- OUI ! Et puis même si je n'avais rien trouvé, toutes les raisons sont bonnes pour te voir ! Tu me manques, bordel ! Tu ne comprends pas que depuis que tu es partie, c'est dix fois pire qu'avant ?
- Et moi alors, tu y as pensé ? réplique Hermione. Tu ne crois pas que moi j'étais malheureuse de te voir sombrer avec Fred ?
- Mais je te dis que c'est encore pire qu'avant ! Tu n'aurais jamais du partir ! s'écrie George.
- T'es qui pour me dire ça, d'abord ? T'es pas un Whelter à ce que je sache ! lance Hermione.
- Non, mais peu importe ! Je suis George, tu sais, celui avec qui tu sors, à moins que ça ait changé ?
Hermione attrape sa lampe et la jette de toutes ses forces sur le sol.
- Dégage maintenant, tu veux que je te vide de tout ton sang, encore ? Tu veux mourir, c'est ça ? dit Hermione.
- Non, je veux vivre, au contraire. Mais c'est plutôt moi qui devrais dire ça ! Tu comptes mourir ici, enfermée, à force d'avaler ton foutu médicament ?
- Je préfère ça que de te voir mourir ! s'exclame Hermione.
- C'est bien beau tes jolis sentiments, mais je te dis qu'aucun de nous deux ne mourra si on reste ensemble !
- Ah oui, et comment ? demande Hermione les poings serrés.
- Grâce à ça.
George sort de sa poche un flacon qui contient un liquide bleuâtre.
- Génial, c'est quoi ton truc ? lance Hermione.
- C'est peut-être quelque chose qui pourra remplacer ta poudre tueuse.
Hermione s'approche, et attrape le flacon, qu'elle regarde.
- T'as trouvé ça où ? Comment tu sais si ça marche ? demande-t-elle, sceptique, mais en se calmant un peu.
- J'ai fait des recherches avec Fred. On a quitté Poudlard. Et on est allé voir des vampires… des vrais. On leur a expliqué ce que tu avais… et après maintes et maintes conversations, on a fini par trouver quelque chose qu'utilisent les vampires pour remplacer le sang humain, quand ils ne peuvent pas en boire. Cela marche avec une simple gorgée d'après eux. Mais bien sûr, cela a été créé par des vampires pour les vampires. On a donc ensuite travaillé dessus avec des Guérisseurs de Ste Mangouste amis de papa pour en changer certains composants, afin que cela puisse agir sur les humains. Hermione, je ne sais pas si ça va marcher. Je n'en sais rien. Mais tout ce que je sais, c'est que c'est complètement inoffensif.
- Et comment tu le sais ?
- Je l'ai testé sur moi, et Fred aussi l'a testé sur lui. Comme chacune de mes inventions, répond George dans un sourire. Et je n'ai jamais rien eu. Ni Fred.
Hermione pose la fiole sur sa table de chevet, et s'assoit sur son lit. George la rejoint et s'assoit à côté d'elle.
- Il suffira que tu en boives une fois par jour, avant tes crises. C'est très simple à fabriquer, en plus.
- Tu… tu penses vraiment que ça marcherait ? dit-elle d'une petite voix.
- Oui, j'espère. On a galéré pendant des mois rien que pour toi, alors ça a intérêt à fonctionner, dit George dans un rire.
Hermione se tourne vers lui, et le prend dans ses bras.
- Je suis désolée, vraiment…
- Pourquoi ?
- Pour tout. Je suis partie, et à peine je te revois, je veux te chasser à coups de poings. Alors qu'en plus tu viens m'annoncer que mon foutu problème est peut-être résolu.
- C'est rien, et puis, je comprends, tu sais. Ce que tu vis n'est pas facile, je peux comprendre que tu aies voulu te couper du monde, et surtout, de moi.
Quelques larmes coulent sur les joues d'Hermione, qui est toujours contre George, qui la serre dans ses bras.
- Tu sais, je pensais à toi tous les jours, dit Hermione. Je voulais te voir, mais je savais qu'il ne fallait pas.
- Moi aussi, et Fred a souvent du me retenir d'accourir chez toi.
- C'est vrai ?
- Oui, dit George tout en passant sa main dans les cheveux d'Hermione.
Hermione ne dit plus rien, et reste dans les bras de George. Cela fait si longtemps qu'elle n'a vu personne. Elle a fait tant d'efforts pour s'isoler, et pour tenter de le repousser, mais tout ça était en vain. Elle ne peut plus rien contre lui, elle lui appartient corps et âme, et ce depuis le début. Elle fait partie de sa vie. S'éloigner de lui n'y a rien changé.
- On va essayer, dit-elle dans un chuchotement.
- Oui, on va attendre que tu aies une crise, et tu boiras mon médicament.
- Oui. On va attendre ensemble.
Hermione et George s'allongent sur le lit, et attendent dans le noir.
- Ca doit être dur de vivre toute seule, murmure George.
- Surtout sans toi, répond-elle.
Puis, ils ne disent de nouveau rien, et attendent. Sans rien dire, ils attendent que les minutes, que les heures passent. Mrs Granger passe au bout de deux heures, et regarde si tout va bien. Elle trouve sa fille et George allongés dans le lit, George enlaçant Hermione d'un air protecteur. Elle ne dit rien, et referme la porte, perplexe.
- Finalement, il a réussit à la calmer, dit-elle à son mari une fois retournée en bas.
- Ah, c'est bien. Ca criait tout à l'heure.
- J'espère que ce garçon a vraiment trouvé quelque chose qui fonctionne.
- Ca serait vraiment génial, dit Mr Granger. Un miracle, mais génial. Si seulement on avait pu trouver quelque chose avant, ma mère serait encore là.
- Oui, mais avant, ta famille n'avait pas cet avantage si précieux.
- Lequel ? demande Mr Granger.
- Notre petite Hermione est une sorcière, et elle a des amis sorciers qui peuvent tester une médecine encore plus large…
- Faisons-leur confiance, dit Mr Granger.
- Nous n'avons plus qu'à espérer, termine Mrs Granger, sous le regard triste mais à la fois plein d'espoir de son mari.
- George, George, réveille-toi ! s'exclame Hermione.
George ouvre les yeux, et se redresse brutalement. Il trouve Hermione dans un coin du lit, prise de tremblements. Elle le regarde d'un œil avide, et semble comme folle.
- Il faut qu'on essaye, il faut qu'on essaye, dit-elle, le souffle court.
George attrape la fiole, l'ouvre. Il fait renverser sa tête à Hermione, et l'aide à boire de contenu de la fiole.
Hermione semble d'abord prise de convulsions, et tousse. George la regarde, à moitié affolé.
- Hermione ? Ca va ? Hermione, dis-moi quelque chose !
Elle continue de tousser quelques secondes, et puis soudain, tout s'arrête. Elle pousse un long soupir et s'effondre dans les bras de George.
- C'est passé, c'est passé George. C'est un miracle, c'est passé.
George la regarde, et sourit.
- Tu vois, ça a marché. Je suis si content, on a trimé, mais on y est arrivé.
Puis, George et Hermione se mettent à rire. Ils rient de joie, comme si les mois passés n'étaient qu'un mauvais souvenir. Hermione attrape George et se met à l'embrasser. Ce dernier la fait basculer, puis la regarde intensément.
- Je n'avais pas ris depuis si longtemps, lui dit-elle.
- Moi non plus, répond George. Pas ainsi. Tu vas pouvoir retourner à Poudlard, reprendre une vie normale, revoir tout le monde…
- Oui, j'ai un peu du mal à y croire, mais si ça marche réellement, il me suffira d'en boire… d'en boire comme je bois de l'eau, et tout ira mieux. Je vais pouvoir vivre normalement… comme mes ancêtres n'ont pu le faire…
Hermione est au bord de l'euphorie. C'est la première fois depuis des mois que quelque chose de positif lui arrive – à part sa relation avec George. Tout cela lui semble irréel, c'est un changement si brutal.
- Mais si tu n'es plus à Poudlard, je vais m'ennuyer, moi, lance Hermione.
- Mais nooon, il y a toujours Ron et Harry, Ginny, et puis je viendrais te voir le week-end. Et les vacances ne sont pas dans longtemps…
Hermione lui lance un sourire complice, puis continue :
- Je vais pouvoir finir l'année et passer mes… MES BUSE ! s'exclame-t-elle. J'ai raté plusieurs mois, comment je vais faire, George ? Je vais rater mes BUSE !
- Mais non Mione, pas de soucis la dessus, tu arriveras très bien à rattraper, j'en suis certain. Tu ne peux pas savoir comment tout le monde – ou presque – va être heureux de te revoir.
- Moi aussi, tout me manque. Je me demande comment cela aurait terminé si tu n'avais rien trouvé, dit Hermione. Mais mes BUSE…
- Je pense que cela aurait été très triste. Mais je ne voulais pas que tu meures… alors on s'est bougé avec Fred, et voilà le résultat : une Hermione qui retrouve le sourire, qui va pouvoir mener une vie normale, et qui va pouvoir venir passer des nuits torrides avec moi ! Et tes BUSE, oublie, ça sera tranquille !
- George ! s'offusque Hermione.
- Bah quoi ?
- Rien, rien, dit Hermione, blasée. On fini par s'habituer à force.
- Oui, oui… dit George. Bon, on va annoncer la nouvelle à tes parents ? Tout va redevenir comme avant, une Whelter va enfin pouvoir mener une vie comme celles des autres, ton père va être fou de joie, non ? Je t'apprendrai à faire la potion, et comme ça, tu en prendras comme de l'eau, comme tu dis…
Hermione soupire, et répond :
- Oui, il va être très heureux. Mais, par contre, je ne pourrai jamais mener une vie tout à fait normale…
- Pourquoi donc ? demande George, surpris.
- Cette potion n'est pas un remède définitif. Et je sais qu'on ne trouvera jamais rien de définitif contre une maladie mentale. Ca ne fait que remplacer la poudre, en quelque sorte. Bien sûr, je pense que c'est rudement plus efficace que ce poison poudreux. Mais au final, la maladie est toujours en moi. Ce n'est pas physique, on ne peut rien faire de plus.
- Oui, c'est vrai, dit George.
- Alors, premièrement, il faudra toujours que j'aie de ce liquide bleu sur moi. Sinon, je pourrais redevenir dangereuse. Et enfin… et enfin, il faudrait que je sois la dernière des Whelter. Que cette maladie meure avec moi. Que cette maladie mentale disparaisse !
George regarde Hermione, un peu abasourdi.
- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?
- Je veux dire par là que je ne serai jamais mère. Je ne veux pas engendrer un enfant qui perpétue cette maladie. Peut-être que tu as trouvé un médicament, mais ce n'est pas une vie joyeuse non plus. Je n'ai pas envie que tout ça recommence, ni de gaver mes enfants de cette potion bleue dès leur plus jeune âge. Moi, ça suffit, tu ne crois pas ?
- Oui, répond George, un peu triste. Tu as raison, c'est la meilleure chose à faire.
- Au moins, voyons le bon côté des choses : la dernière des Whelter aura une vie normale, hein ? Et je ne te vampiriserai plus, je n'aurai plus de crises… tout va rentrer dans l'ordre. Mais je serai la dernière, voilà tout.
- Oui. Et puis tu sais, les mioches, ça fait que courir partout et brailler à longueur de journée. Je plains mes parents, dit George, en souriant.
Ils se lèvent, s'étirent, et s'apprêtent à quitter la pièce sombre.
- Allons annoncer la nouvelle à mes parents. Il faudra aussi que j'envoie un hibou à McGonagall. Et que je prévienne Harry, Ron…
- Chaque chose en son temps, Mione, dit George, en l'attrapant par la main, et en la guidant vers le rez-de-chaussée. On va d'abord annoncer le miracle à tes parents, puis je m'occuperai de toi, et seulement après on s'occupera des hiboux et des lettres...
Hermione est resplendissante. Il n'a fallu qu'une simple visite de George pour la remettre d'aplomb. Désormais, sa maladie est partiellement guérie, et elle va pouvoir reprendre une vie normale, retourner à Poudlard, revoir ses amis. Le sang des Whelter ne lui gâchera plus la vie, et enfin, elle pourra mener une relation entièrement saine avec George. Elle ne souffrira plus de le voir dépérir, car elle n'aura plus besoin de lui, ni de Fred, pour « apaiser sa soif ». Sa soif de sang disparaîtra, et peut-être même qu'elle finira par l'oublier, et qu'elle n'aura plus besoin de prendre de médicament, vu que la maladie est mentale, psychologique.
Elle peut désormais être libre d'aimer George, sans aucune contrainte.
Si ce n'en est qu'une : elle sera la dernière des Whelter.
FIN
Je remercie tous ceux qui m'ont suivie, mes lecteurs et mes reviewers, ce fut une fic que j'ai particulièrement aimée – et que j'aimerai toujours ! Ne manquez pas l'épilogue.
