17- Liberté
Il se sentait flotter. Son esprit était comme détaché de son corps, loin, très loin. Etait-il mort ? Etait-ce ça le paradis ? Non… Ce n'était pas le paradis. Tout doucement il redescendait, il retrouvait son corps. Son corps douloureux. Il avait mal. Où était-il ? Harry essaya d'ouvrir les yeux, mais ses paupières étaient bien trop lourdes. Il re-essaya mais la lumière du jour l'aveugla. Il les referma et prit une profonde inspiration qui lui déchira les côtes. Autour de lui, plusieurs personnes s'affairaient. Elles parlaient mais il ne reconnaissait pas les voix. Il émit un gémissement. Tous ses membres le faisaient horriblement souffrir… Sa gorge était sèche.
… Soif… Gémit-il.
Harry ? Il est réveillé ! Maman il est réveillé !
George… ? Demanda Harry dans un souffle.
Oui, c'est moi Harry… N'essaie pas de parler. Calme-toi. Tu nous as sauvé la vie Harry !
Hum… j'ai soif.
Tu veux boire ? Maman, il a soif…
Mme Weasley revint avec un verre d'eau. Elle se pencha sur le lit, et regarda Harry, les yeux larmoyants.
Harry chéri… Tu es réveillé… J'ai eu si peur, dit Molly Weasley en le faisant boire tout doucement comme un enfant.
Ginny ? Dit faiblement Harry.
Ne t'inquiète pas…
Où je suis ?
A St Mangouste. Rendors-toi, tu dois te reposer. Tu es très faible Harry…
Will…
Ne t'inquiète pas. Il est là, près de toi. Repose-toi…
Harry se laissa aller sur les coussins, et s'endormit paisiblement en ne pensant plus à rien…
Ce ne fut que quelques semaines plus tard qu'il fut véritablement remis. Il restait faible malgré tout. Personne ne lui avait dit ce qui s'était passé, ce qui était arrivé à ses amis… Il était resté à St Mangouste. Seuls Will et Mme Weasley venaient le voir mais jamais ils ne parlaient de Hermione, Ron ou bien encore Ginny, comme s'ils voulaient le protéger. Will lui parlait de Eve et d'Emma. La première fois, il resta muet. Il était heureux bien sûr mais c'était tout de même bizarre. C'était une révélation troublante. Deux années plus tôt, il se sentait si seul… Et à présent il se découvrait une cousine, un oncle et une tante…
Enfin, il put sortir de l'hôpital. C'était un merveilleux jour ensoleillé. Bill et Charlie étaient venus le chercher et l'avaient emmené au Terrier. Quand ils arrivèrent devant la maison, Harry sentit la chaleur lui réchauffer le cœur.
Tu viens Harry ? Demanda Bill Weasley.
Oui... je viens.
Tous les trois partirent en direction de la maison des Weasley. La porte s'ouvrit sur Ronald Weasley, le visage un peu pâle, les yeux cernés. Il regarda Harry, les yeux agrandis par la surprise. Ils se remplirent de larmes. Il avança vers son meilleur ami et sans rien dire le serra dans ses bras. Harry accepta cette étreinte, ému.
Harry… tu m'as manqué. Si tu savais comme je suis heureux de te voir ! s'écria Ron.
Ron, tu m'as manqué aussi. J'ai eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose ! Où est Hermione ? Demanda subitement Harry.
Ron regarda Harry. Ses yeux se remplirent de larmes à nouveau, et il émit un gémissement de douleur.
Ron ! Qu'est-ce qu'il y a ? Où est Hermione ? Qu'est-ce qu'elle a ? Demanda Harry complètement paniqué. Elle n'est pas… Ne me dis pas que…
Oh Harry ! Non… grâce à Dieu non !
Par Merlin ! Tu m'as fait très peur ! Où est-elle ?
En haut dans ma chambre, elle se repose. Elle est très faible. Elle a failli mourir Harry, expliqua Ron gravement.
Je veux la voir…
Harry suivit Ron jusqu'à l'étage. Lentement ils poussèrent la porte de la chambre et rentrèrent silencieusement. La pièce était plongée dans la pénombre. Harry regarda Ron s'approcher du lit. Hermione était allongée là, endormie. Elle semblait tellement fragile… Son visage était maigre et fatigué. Harry s'approcha à son tour, et s'assit en face de Ron. Il prit la main d'Hermione dans la sienne, et se pencha vers elle pour lui souffler à l'oreille :
Tu as intérêt à vite guérir Hermione Granger. Je n'ai pas combattu Voldemort pour te voir mourir ! Tu vas vite te rétablir et devenir le plus grand professeur de Défense contre les forces du mal qu'on n'ait jamais vu à Poudlard !
Ron sourit à Harry tandis que celui-ci embrassait Hermione sur le front. Il se leva et sortit de la pièce laissant Ron seul avec Hermione.
Ma chérie… J'aimerais tant que tu te réveilles…
Je veux bien me réveiller si tu me laisses respirer Ronald Weasley ! Protesta Hermione faiblement.
Hermione !
Salut ! Dit Hermione d'une toute petite voix éraillée.
Tu as raté Harry ! Il vient juste de sortir !
Je l'ai entendu, avoua-t-elle. Qui a dit que je voulais devenir professeur de Défense contre les forces du mal ? Demanda-t-elle surprise.
Je ne sais pas… Il a deviné tout seul ? Hermione… je… Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi m'as-tu aidé ? Tu aurais dû rester loin… de moi… Le Mangemort ne t'aurait pas… attaquée !
Hermione le regarda complètement sidérée, comme s'il avait dit une énorme grossièreté !
Ronald Weasley ! Pour toi je donnerais mon dernier souffle et même celui d'après si c'était possible ! Et tu devrais le savoir ! S'exclama Hermione comme si elle faisait la morale à un petit garçon.
Ron se rapprocha d'elle, prit son visage entre ses mains et l'embrassa. Hermione sentait son sourire sur ses lèvres. Puis soudain elle le repoussa :
Ronald ce n'est pas un baiser qui…
Hermione… chut… Répliqua Ron en se mettant à genoux.
Ron… que fais-tu ?
Hermione Granger… Vous êtes ma meilleure amie depuis 7ans maintenant… et je peux affirmer que vous êtes la pire Miss Je-sais-tout que j'ai pu rencontrer de toute ma Sainte Vie, mais je peux aussi affirmer que je donnerais ma vie pour vous ! Et que je vous aime. Oui, au début je n'ai pas voulu l'admettre. Je me demandais quel était le problème. Je ne pouvais pas être amoureux. Mais peut-être qu'en fait je l'étais ? J'y pensais tout le temps… Puis je me suis demandé comment on pouvait guérir ça car je ne connaissais rien à l'amour. Mais tu « m'incitais » à te tourner autour… et j'étais comme une boule de neige quand j'étais près de toi…
Hermione se mit à rire à cette comparaison mais Ron continua sans faire attention.
Mon estomacfaisait des grands 8, il continu d'ailleurs et mon coeur battait et bat toujours la chamade… Je n'ai pas vraiment voulu que ça arrive mais je n'avais aucune échappatoire à ton amour alors je me suis rendu… Je suis tombé accidentellement amoureux de toi… fou de toi. Je suis amoureux Hermione…
Tout en disant ça, Ron avait sorti la bague que ses frères, Fred et George lui avaient gardé précieusement. Hermione ouvrit les yeux comme des soucoupes…
Ron… c'est bien ce que je pense ? Demanda Hermione la voix tremblante.
Oui…
Elle fondit aussitôt en larmes.
Euh… ce n'est pas cette réaction que j'attendais… oO ! C'est un…
Oui ! S'écria Hermione en l'embrassant.
MerciMerlin ! Répliqua Ron en riant.
Harry avançait prudemment dans le couloir. Il voulait voir Ginny, Bill et Charlie lui avaient assuré qu'elle allait bien mais il voulait s'en assurer par lui-même. Après son combat contre Voldemort, il ne l'avait plus vue… Arrivé devant sa chambre, il tapa prudemment à la porte. Il entendit un faible « Entrez ». Il pénétra dans la petite chambre, mal à l'aise.
Harry… c'est toi ?
Tu vas bien ? Hésita Harry.
Oui… ça va mieux… Je… je suis venue te voir à St Mangouste mais tu dormais…
Je ne savais pas…
J'ai demandé à ma mère de ne rien dire.
Pourquoi ?
Je ne voulais pas qu'on t'embête avec ça. Je voulais que tu te reposes…
Mais ça ne m'aurait pas embêté ! Je me suis tellement inquiété pour toi ! Je me suis demandé où tu étais… Si tu allais bien… Si tu étais morte !
En disant cela, sa voix s'était brisée.
Je t'aime Ginny… tu le sais… Je m'en veux tellement de ce qu'ils t'ont fait ! J'aurais dû te protéger ! Excuse-moi… je t'en prie !
Harry… Je n'ai rien à te pardonner… car tu n'as pas à t'excuser ! Harry tu nous as sauvé la vie. Grâce à toi, il est mort… pour toujours ! La deuxième guerre est terminée, nous n'avons plus rien à craindre à présent… Grâce à toi ! Je t'aime…
Ils se serrèrent très fort l'un contre l'autre. Harry se laissa aller, et pleura. C'était un soulagement, un poids en moins…
Après une bonne semaine de rétablissement, ils reprirent la route de Poudlard. Beaucoup d'élèves manquaient à l'appel. Leur premier cours était celui de potions mais ils en furent dispensés.
Le professeur Rogue est mort ? Demanda un Gryffondor.
Harry se souvint du soir de la bataille dans la forêt. Il avait eu de la peine pour cet homme. Le professeur McGonagall prit la parole :
Non. Mais il est très affaibli. Il pourra reprendre ce cours dans quelques jours seulement. Ne vous inquiétez pas…
Où est Neville ? Demanda Harry, craignant le pire.
Ce fut Seamus qui lui répondit.
Il est à St Mangouste. Il a été blessé très gravement. On… on ne sait pas s'il survivra…
Harry crut entendre une profonde tristesse dans la voix de Seamus.
On va aller le voir tout à l'heure… Tu veux venir ? Demanda Dean.
Oui, bien sûr que je veux venir !
Ils se dirigèrent vers la grande salle pour le déjeuner. Assis à la grande table des Gryffondor, ils regardèrent tout autour d'eux. De trop nombreuses places étaient inoccupées, et la tristesse se lisait sur tous les visages. Jamie était assise un peu plus loin, seule. Elle avait pleuré, ses yeux étaient rouges et cernés. Harry la rejoignit.
Jamie…
Oh Harry… Tu es là… Je ne t'avais pas vu…
Ca va aller… ? Demanda Harry.
Il avait appris par les jumeaux Weasley que Drago avait laissé sa vie le soir de la bataille.
Je ne sais pas Harry. Je ne sais pas du tout si je vais tenir, si je vais arriver à continuer… je ne peux plus continuer. C'est plus la peine.
Si, Jamie… Pour lui, tu vas devenir une des plus grandes Aurors. Pour lui, tu vas y arriver parce que tu es une Black ! Sirius voudrait que tu continues ! Jamie… Il a sûrement rejoint le ciel… Chaque nuit si tu regardes le ciel étoilé, je te promets que tu pourras le voir. C'est la plus belle des étoiles, la plus brillante. Jamie tu y arriveras pour lui ! Il ne s'est pas sacrifié pour rien, il a fait une des plus belles choses qu'une personne puisse faire pour une autre : Se sacrifier par amour pour toi !
Jamie regarda Harry, esquissa un sourire triste et acquiesça. Harry lui prit les mains et les serra très fort pour lui transmettre tout le courage et l'amour qu'il pouvait.
Plus tard, Harry rejoignit Dumbledore dans son bureau.
Harry… Tu es là. Assieds-toi donc.
Harry regarda autour de lui. Il connaissait ce bureau par cœur à présent. Il finit par s'asseoir dans un des grands fauteuils qui faisaient face au directeur.
Ca va mieux ?
Oui… J'ai encore un peu mal mais ça va mieux. Je… je n'ai plus ma cicatrice. Elle a disparu.
Je sais… Tom nous a laissé et il a emmené avec lui la cicatrice qu'il t'avait faite…
Le professeur Rogue ?
Il ne va pas trop mal. Disons qu'il aurait pu aller plus mal. Harry sais-tu pourquoi il était là ?
Parce que les Mangemorts l'ont trouvé ?
Il t'a suivi. Il ne voulait pas te laisser seul face à Voldemort…
Vous voulez dire… qu'il a eu peur pour moi ?
Oui, c'est à peu près ça.
Je ne comprends pas… Il me déteste…
En es-tu sûr ?
Je…
La haine peut être de l'amour Harry…
Harry restait atterré par ce qu'il entendait.
Sais-tu pourquoi Voldemort t'a choisi ?
Parce qu'il m'a considéré comme son égal ?
C'est plus profond, plus ancien, plus important que ça Harry…
Je ne comprends pas…
Harry, tu te souviens de ce que je t'avais dit lors de ta deuxième année, après que tu aies combattu le Basilic dans la chambre des secrets ?
Oui… Vous m'avez dit que seul un vrai Gryffondor pouvait se servir de l'épée de Godric Gryffondor…
C'est bien ça. Mais pas n'importe lequel… son descendant, Harry.
Harry ne comprit pas tout de suite. Puis il regarda Dumbledore comme s'il était devenu fou.
Mais je ne peux pas être…
Pourtant tu l'es Harry… et ta tante Pétunia le sait bien…
Ma tante…
Harry mit plusieurs minutes avant de reprendre la parole :
Que sont devenus les Mangemorts présents avec Voldemort ? Peter Pettigrow ?
Certains sont morts, les autres sont à Azkaban. Le nouveau ministre étant un Mangemort, nous devons en nommer un nouveau. Peter Pettigrow… Je suis arrivé avant que le professeur Lupin ne fasse quelque chose qu'il aurait regretté plus tard. Il est à Azkaban et pour longtemps…
Et Lucius Malfoy ?
Lucius Malfoy a, je crois, eu ce qu'il méritait… Avant de se faire capturer, notre cher Rogue a eu raison de Malfoy…
Severus Rogue a tué Lucius Malfoy ? S'exclama Harry.
Je cois bien que Severus Rogue n'aurait jamais voulu que l'on fasse du mal au fils de Lily Evans… Ni même à celui de James Potter. Ca peut te sembler impossible, absurde et incroyable Harry, mais Severus, malgré toute sa haine envers ton père, admirait ou plutôt enviait James. Bien plus que tu ne pourrais l'imaginer. Bien sûr, ne t'attends pas à ce qu'il te l'avoue en face. La fierté a la vie dure…
Après cette entrevue avec Dumbledore, Harry partit pour St Mangouste avec ses amis. Il était toujours abasourdi par ces révélations. Mais il n'en toucha mot à personne. Il se souvint qu'il n'avait jamais parlé de la prophétie à Ron et Hermione, et il ne l'évoqua jamais par la suite. S'il leur avait dit, ils auraient paniqué. Et maintenant que tout était terminé, il ne voulait plus en parler. L'essentiel pour le moment était de soutenir Neville.
La chambre de Neville accueillait déjà sa grand-mère ainsi que plusieurs membres de l'Ordre, dont Maugrey, Tonks et Lupin. Harry était si heureux de les voir en vie.
Tu y es arrivé Harry, dit Lupin en s'approchant de lui. Tes parents et Sirius seraient fiers de toi…
Merci…
Pendant près d'une heure, ils restèrent au chevet de Neville, lui racontant ce qui se passait à l'extérieur, le priant de se battre… espérant qu'il se réveille.
Après avoir dit au revoir à Neville, Harry rejoignit son oncle. Il était accompagné d'Emma. Harry resta figé, ne sachant trop comment réagir. Emma, elle, le fixa puis se rapprocha.
Alors comme ça… on est de la même famille ? Demanda-t-elle.
Oui… il semblerait en effet…
On se ressemble ? Continua-t-elle.
Harry fut surpris de cette question. Il la regarda attentivement, lui adressa un sourire puis répondit :
Je crois bien…
Elle lui prit alors la main et ils restèrent là le temps que Will reviennent avec Eve.
