Chapitre 2

18 juin

- Je t'appellerai pour la coupe du monde ! Lui dit Ron alors qu'il se dirigeait vers l'oncle Vernon.

Après avoir fait comprendre à son oncle qu'il avait un parrain assassin qui veillait à son bien-être, ils montèrent dans la voiture, direction Little Whinging. Le longue durée du trajet et le silence furieux de son oncle laissèrent le temps à Harry de réfléchir à ce qu'il allait faire jusqu'au prochain lundi. Il ne pourrait rien faire de concret le soir-même, il était bien trop tard, mais il pourrait effectuer quelques changements chez les Dursley avec l'aide de Dobby et, le lendemain, se rendre à Gringott afin de reconnaître son héritage.

Ils arrivèrent devant le 4, Privet Drive une quarantaine de minutes plus tard. Harry prit sa malle ainsi que la cage d'Hedwige et monta rapidement dans sa chambre avant que son oncle ne puisse enfermer ses affaires dans son ancien placard. Il déposa son coffre au pied de son lit, regarda sa chambre dans sa globalité et appela doucement son ami elfe.

- Dobby !

*POUF!*

- Harry Potter monsieur a appelé Dobby ?

- Oui, bonsoir Dobby. Désolé si je te dérange, je sais que tu as beaucoup de travail à Poudlard.

- Oh non, Harry Potter monsieur pas déranger Dobby ! Le directeur très gentil avec Dobby et Dobby demandé à avoir un salaire ! Maintenant que le château est vide, Dobby peut prendre congé quand il souhaite ! Que Dobby peut faire pour Harry Potter monsieur ?

- Et bien, tout d'abord, je me disais que tu pourrais peut-être travailler pour moi ? Je te verserai un gallion par jour, tu aurais un endroit où dormir et tu aurais congé une fois par semaine.

- Harry Potter Monsieur voudrait de Dobby pour elfe de maison ? Dobby ne peut pas accepter Monsieur

- Dobby, je connais très peu d'elfe mais tu es le seul en qui j'ai assez confiance pour lui demander ces services. Si tu acceptes, tu seras mon ami et mon elfe personnel à vie, d'accord ?

- C'est un honneur pour Dobby. Dobby accepte ! Mais un seul gallion par mois et un jour de congé par mois aussi.

- Un gallion par semaine et deux jours de congé par mois, c'est ma dernière offre. Et interdiction de m'appeler maître !

- Dobby est d'accord. Dobby commence quand ?

- Et bien j'aurais un peu besoin de toi ce soir mais ce sera tout pour l'instant. Je compte sortir demain ainsi que lundi. Je t'appellerai peut-être une fois ou deux.

- Bien Harry Potter monsieur ! Que Dobby peut-il faire maintenant ?

- Et bien Dobby, c'est assez simple. Je voudrais agrandir ma chambre et …

Après une heure de réflexion, de directives et de magie elfique, la petite chambre du 4, Privet Drive fut méconnaissable : 40m2, deux grandes fenêtres, les murs peints en bleu ciel et le sol entièrement couvert d'une moquette bleu marine. Dobby avait réparé son lit, en avait doublé la largeur et avait remplumé son matelas. Son armoire fermait maintenant correctement et étaient deux fois plus grande qu'avant sans oublier que son bureau avait enfin un nouveau pied, permettant à Harry de récupérer les livres dont il s'était servi pour stabiliser le bureau bancal. Dobby avait ensuite fait apparaître une longue commode, une petite bibliothèque, une nouvelle table de nuit ainsi qu'un grand et beau perchoir pour Hedwige. En plein milieu, Harry avait demandé une petite table ronde et deux chaises afin de pouvoir manger dans sa chambre et ne plus voir les Dursley.

Une fois tous les changements effectués, Harry rangea ses manteaux, vestes et chaussures dans son armoire avec sa malle, plia et rangea ses quelques habits potables dans les tiroirs de son nouveau meubles –il irait bien s'acheter de nouveaux vêtements mais cela devrait attendre quelques jours- et ses livres scolaires sur les étagères de la bibliothèque. Quand il eut fini, il « donna congé » à Dobby, constatant l'heure tardive et se coucha. Il y aurait sans doute de grands changements dans sa vie le lendemain.

19 juin

Il faisait une chaleur étouffante dehors et les Dursley, bien qu'effrayés au début par la menace de la surveillance de Sirius, avait retrouvé leurs habitudes : lui donner des corvées. Dehors, en plus. Il devait laver la voiture déjà impeccable de Vernon, tondre la pelouse en faisant très attention aux précieuses fleurs de Pétunia et laver les carreaux de toutes les fenêtres de la maison. Et, si ce n'était déjà pas assez, il dû laver tous les sols de la maison afin qu'elle sente le frais et le savon. Tout cela pour dire qu'en commençant aux alentours de huit heures du matin et ayant fait une courte pause à l'intérieur pour préparer les repas et manger ce qu'ils le laissaient manger, Harry n'eut finit que vers 17h. Complètement épuisé et ne supportant plus la chaleur, il s'endormit et remit sa visite à Gringott au lendemain.

20 juin

Harry arriva enfin devant l'escalier du grand bâtiment de marbre blanc qui abritait les gobelins banquiers après avoir été bringuebalé de part et d'autres du magicobus pendant vingt bonnes minutes. Ne sachant pas ce qui l'attendait et le temps que ça prendrait, il était venu pour 9h. Cela ne prendrait pas plus de trois heures, si ? Il finit par entrer et par se diriger vers le gobelin qui se trouvait à « l'accueil » et qu'il reconnut.

- Bonjour Gripsec, dit doucement Harry.

Le gobelin derrière le pupitre leva la tête de son parchemin et le regarda surpris.

- Vous m'avez conduit à mon coffre la première fois que je suis venu ici. Je suis Harry Potter.

- Oui, je vous avais reconnu Monsieur Potter, bien que vous ayez grandi depuis votre dernière visite. Je suis juste surpris que vous vous rappeliez de moi. Peu de sorciers parviennent à nous différencier et, s'ils le font, n'ont pas la décence de tenir nos noms. Qu'est-ce que Gringott peut faire pour vous Monsieur Potter ?

- Je suis ici pour en savoir plus sur mes comptes et pour subir un bilan sanguin complet.

- Bien, suivez-moi, je vais vous conduire jusqu'au bureau de votre gestionnaire de compte.

Il le suivit dans une série de petits couloirs jusqu'à une porte d'ébène portant la plaque « Ragnock » et une inscription dans une langue qu'Harry ne parvenait à pas déchiffrer, surement du Gobelbabil. Après avoir frappé le heurtoir à trois reprises, ils entrèrent dans un bureau finement décoré au milieu duquel un gobelin richement habillé semblait occupé.

- Maître Ragnock, je vous amène votre client. Il souhaiterait en apprendre plus sur sa fortune et effectuer un bilan complet.

- Très bien Gripsec, vous pouvez disposer.

Lorsque le jeune gobelin fut sorti, le vieux gobelin se tourna vers Harry, croisa les doigts et se présenta à lui :

- Monsieur Potter, je me présente : je suis Ragnock, le gestionnaire de compte de la famille Potter depuis trois générations. Je suggère que nous commencions par prouver que vous êtes bien celui que vous prétendez être et nous partirons de là pour vous donner votre bilan et évoquer vos comptes. Avez-vous des questions avant de commencer ?

- Non, maître Ragnock, aucune.

- Bien, placer trois gouttes de sang dans ce bol et écrivez votre nom complet.

Disant cela, Ragnock avait placé un bol en terre cuite, un poignard, un parchemin et une plume sur son bureau. Harry se coupa le bout de l'index et le pressa afin que trois gouttes de son sang tombent dans le bol. Alors qu'il prit la plume, il ressentit des picotements à son doigt et vit la coupure se résorber. Il écrivit alors son nom à l'aide de son sang sur le parchemin et, lorsque ce fut fait, des lettres apparurent sur le parchemin. Regardant Ragnock, il vit celui-ci l'inviter à lire le parchemin :

#

Nom : Harry James Potter

Né le : 31 juillet 1980

Père : James Charlus Potter, décédé.

Mère : Lilianne Violette Potter (née Evans), décédée.

Santé : Forte myopie (cause : horcruxe)

Radius gauche et humérus droit mal soudés

Lacérations dorsales anciennes (non-infectées)

Malnutrition intense

Magie rétractée à 50% (cause : malnutrition)

Statut : Héritier, adulte (dernier membre de la lignée)

Héritage : Lord de la noble et très ancienne maison des Potter (par le sang paternel), Lord Peverell (par le sang paternel), Lord Gryffondor (par le sang paternel), Lord Serpentard (par droit de conquête).

Don(s) : Métamorphomage

Fourchelang (cause : horcruxe)

Double forme animagus

Richesse : Potter : 1 736 115 gallions (valeur de l'or, des objets et des meubles)

Coffre scolaire : 7 942 gallions (valeur de l'or)

Peverell : 2 371 056 gallions (valeur de l'or et des objets)

Gryffondor : 2 128 867 gallions (valeur de l'or et des objets)

Serpentard : 2 742 443 gallions (valeur de l'or et des objets)

Total : 8 986 423 gallions

Parts (%) : Gazette du Sorcier (33%)

Nimbus Inc. (40%)

Zonko (15%)

Microsoft (30%)

Immobilier : Manoir familial des Potter (Ecosse, Grand-Bretagne - inhabité), maison secondaire des Potter (Godric Hollow, Grande Bretagne – ruines), maison d'été (Naples, Italie - inhabitée), maison d'hiver (Oslo, Norvège – inhabitée), chaumière (Irlande – ruines), Château d'Ambroise (Irlande – inhabité), Chambre des Secrets (Ecosse, Poudlard – inhabitée) et Poudlard (3/4 – héritière Poufsouffle décédée sans descendant – héritier Serdaigle inconnu).

#

- Bien, nous savons maintenant de source sûre que vous êtes bien Harry James Potter, Lord de la noble et très ancienne maison des Potter et tant d'autres titres que je me permets de ne pas citer, Gringott peut vous proposer ses services, Lord de la noble et très ancienne maison Potter.

- Harry suffira, Maître Ragnock.

- Bien Harry. Je disais que Gringott peut vous proposer ses nombreux services tels que régler vos soucis de santé ou de magie, répondre à vos questions, vous mener à vos coffres et vous proposer de nombreuses alternatives de paiement.

- A propos de mes coffres, je n'ai pas la clé de mon coffre scolaire en ma possession, serait-il possible d'en avoir une nouvelle et éventuellement de résilier l'autre ?

- Et bien, considérant vos richesses et votre statut, une clé n'est plus utile à présent. Vous avez enfin pris connaissance de vos héritages et, par conséquent, tous vos coffres ne s'ouvriront qu'en votre présence seule.

- Et bien, c'est plus que je ne l'espérais et que voulez-vous dire par « alternatives de paiement » ?

- Et bien, pour nos clients les plus riches, notre palette de moyens de paiement s'élargit : une bourse sans fond et attachée à votre magie, un portefeuille moldu auquel il vous suffit de demandé la somme désirée ou une carte semblable aux cartes de crédit moldus.

- Une carte de crédit, ce serait parfait. Mais à quel coffre serait-elle reliée ? Me faut-il vous demander une carte pour chacun de mes coffres ?

- Rares sont les sorciers ayant autant de coffres. En temps normal, les sorciers dénigrent ce système de carte mais, pour ceux qui l'utilisent, il leur faut une voire deux cartes maximum. Pour vous, je peux modifier l'un de nos portefeuilles. Il vous suffira de glisser votre carte dans la fente de rangement portant le nom du coffre voulu.

- Dites-moi, Maître Ragnock, j'imagine que vous êtes bien payé pour tout l'excellent travail que vous faites pour ma famille depuis si longtemps.

- Votre famille me paie généreusement, Harry, 300 gallions par mois pour être exacte.

- Et bien, j'aimerais vous donner un travail supplémentaire, Maître Ragnock, et je suis prêt à vous payer 30 gallions supplémentaire mensuel jusqu'à la fin de mes jours. J'aimerai investir dans des entreprises moldus, trois pour être précis. Serait-ce possible avec la société Apple en Amérique, les studios d'animation Pixar en Amérique également et la société Grunnings dans le Surrey ?

- Bien sûr, Harry. Désirez-vous vous rendre à vos coffres ? Votre portefeuille et votre carte seront prêt dans trente minutes.

- Non, je n'en ai pas besoin. Mais j'ai une question, Maître Ragnock : qu'est-ce qu'un horcruxe ?

- Un Horcruxe, Harry, est un objet issu d'un sort de magie noire extrêmement puissant permettant au sorcier qui le désire de séparer son âme en deux et d'enfermer cette âme dans un objet ou un être. Ce procédé nécessite cependant un meurtre de sang-froid. Le sorcier qui réussit à accomplir cet acte ne peut plus mourir car l'horcruxe devient une ancre sur terre pour l'âme. La création d'un Horcruxe est un sujet assez tabou dans la communauté des sorciers. Il semblerait que votre Seigneur des Ténèbres ait non seulement réussi à en créer, mais qu'il se soit servi de vous comme hôte, volontairement ou non.

- J'ai… j'ai un morceau d'âme de Voldemort en moi ?

- À l'endroit-même où se situe votre cicatrice, oui. Mais, n'ayez aucune inquiétude Harry, la magie gobeline est tout à fait adaptée à la situation. Si nous formons d'incroyables briseurs de sorts, ce n'est pas pour rien après tout. Nous pouvons l'enlever sans risque en seulement quelques minutes et nous pouvons guérir vos blessures en même temps.

- Vraiment ? Et ma myopie ?

- Comme le parchemin l'indique, votre myopie est due à l'horcruxe. Une fois celui-ci enlevé, vous verrez correctement et votre cicatrice disparaîtra graduellement.

- Alors faisons ça, Maître Ragnock.


Après avoir quitté la banque, lunettes en main et portefeuille en poche, Harry regarda le chemin de Traverse d'un œil neuf. Passant près d'une poubelle, il y jeta ses lunettes –il n'en aurait plus besoin désormais- et tourna son nouvel anneau avec son pouce en réfléchissant à ce qu'il ferait de la demi-heure qu'il lui restait avant de devoir rencontrer Daphné.

Oui, un anneau. Celui des Potter. Les Peverell et les fondateurs de Poudlard n'étaient pas nobles à leur époque, seul leur notoriété leur avait attribué un titre de noblesse et aucun siège ne leur était attribué au Magenmagot. Il n'avait donc hérité que de leur « titre de noblesse » et de leur part de Poudlard, pour les deux fondateurs.

Voulant faire bonne impression auprès de Daphné, il décida de faire un peu de shopping, au moins pour avoir quelque chose d'agréable à mettre pour leur « rendez-vous ». Il passa par le Chaudron Baveur pour se rendre au plus vite à l'une des boutiques qu'il pensait se trouver non-loin de là. N'ayant jamais pu faire d'achat pour lui-même, à part une robe de sorcier lorsqu'il en avait besoin d'une nouvelle, cela lui prit du temps pour trouver ce qu'il voulait et ne pût faire que très peu d'achats : deux jeans, un pantalon noir et un gris, quatre chemises (une blanche, une vert foncé, une argentée et une bleu marine), un polo noir et un blanc, quelques sous-vêtements, une paire de basket effet jean et une paire de chaussures de ville noires. Pour éviter d'être en retard au Chaudron Baveur, il se changea directement dans l'une des cabines. Il opta pour les baskets, un jean et la chemise bleu nuit puis appela Dobby pour qu'il dépose ses affaires dans sa chambre.

Retenant le nom du magasin en partant, il se promit d'y retourner. Il y trouvait une multitude de vêtements à son goût et de plutôt bonne qualité. Marchant d'un pas rapide, il avisa une petite pizzeria au bout de la rue ainsi qu'un coiffeur deux bâtiments plus loin. Ses cheveux avaient bien poussé cette année, il devrait y faire un tour aussi tôt que possible. Il arriva dans la rue où se trouvait le Chaudron Baveur assez rapidement et regarda la vielle montre de Dudley et vit qu'il était 11h59. Il pressa encore le pas, ouvrit la porte de l'auberge à la volée, sans faire trop de bruit et s'installa au bar.

- Mr Potter, comment allez-vous ? Je peux vous proposer quelque chose à boire ?

- Bonjour Tom, ça peut aller. J'aurai bien commandé une bière au beurre mais j'attends une personne qui ne devrait plus tarder et nous n'allons pas rester.

- Alors, ce sera pour la prochaine fois Mr Potter, dit l'aubergiste avec un clin d'œil.

Ceci dit, Harry regarda sa montre et vit qu'il était 12h01. Il jeta un coup d'œil vers la cheminée et, à cet instant précis, le feu émeraude se raviva et une personne en sortit. Ses cheveux bruns étaient légèrement ondulés, son pull blanc laissait voir ses épaules et les manches s'arrêtaient à hauteur du coude. Elle portait un pantalon noir et mat ainsi que des ballerines de la même couleur, remontées d'un petit nœud en cuir. Harry se surprit en train de la regarder de haut en bas et se reprit une seconde plus tard puis se leva pour la rejoindre.

- Il est 12h01, Daphné. Je crois que cela signifie que tu es en retard.

- Et moi, Potter, dit-elle avec un sourire en coin, je crois qu'il est juste temps pour toi de t'acheter une nouvelle montre : elle avance, finit-elle en chuchotant.

Il fronça les sourcils et regarda sa montre pensivement. Puis, en relevant la tête, il lui répondit :

- Pas faux. De toute façon, ce n'est même pas la mienne. Y allons-nous héritière de la noble et ancienne famille des Greengrass ? lui demanda-t-il en lui présentant son bras.

- Et puis-je savoir où ?

- Ca, c'est à moi de le savoir et à toi de le deviner, très chère Daphné. En tout cas, si tu souhaites ne pas être venue pour rien, tu as tout intérêt à me suivre.

- Très bien, emmène-moi : j'irai là où tu iras.

Elle eut un froncement de sourcils assez mignon lorsqu'ils prirent la direction de la sortie moldue du Chaudron Baveur. Mais elle ne fit aucun commentaire. Il l'emmena à la pizzeria qu'il avait vue plutôt, ils s'assirent et la laissa commander en premier.

- Tu as déjà mangé une pizza Daphné ?

- Je ne suis pas un ermite Potter, bien sûr que j'en ai déjà mangé. Deux ou trois fois.

- Eh bien, pas moi. Mon cousin en mange très souvent mais je n'ai jamais pu y gouter.

Daphné le regarda, intriguée par son dernier commentaire.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? Pourquoi pas ?

- Parce que je ne méritais pas d'en manger. Du moins, c'est ce qu'ils disaient.

Pensive, elle donna sa commande au serveur et le regarda alors qu'il posait des questions sur les pizzas proposées avant d'enfin faire son choix.

- Dit Potter, ça tient toujours ce que tu m'as dit dans le couloir la dernière fois ? Tu sais, le fait que tu me devrais un service si j'acceptais de répondre à tes questions ?

- Oui, ça tient mais…à une condition : en plus de finir de répondre à mes questions, tu dois m'appeler par mon prénom.

Elle soupira intérieurement.

- Potter, je t'ai déjà donné les raisons pour lesquelles tu ne devais pas être familier avec moi et tu as décidé d'outrepasser cela. Bien. Mais ne me demande pas cela. Pas à moi.

- Les gens ne sont pas obligés de le savoir, Daphné et j'ajoute qu'en échange, tu pourras me poser une question, n'importe laquelle, et je devrai être tout à fait honnête.

Elle fronça les sourcils. Il lui tendait une fameuse perche. Elle ne pouvait pas l'appeler par son prénom. Impossible. Quoi que… Elle pouvait très bien ne l'appeler par son prénom qu'aujourd'hui et le rappeler Potter à partir de demain.

Elle fronça à nouveaux les sourcils. Non mais à quoi pensait-elle ? Demain ? Non ! Après cela, elle ne le reverrait qu'à Poudlard pendant leurs cours communs et à quelques reprises dans les couloirs. C'était tout. Voilà.

Elle réfléchit : si elle acceptait, elle devrait poser la bonne question. Que pouvait-elle demander ? Elle ne s'intéressait pas à lui après tout. Peut-être sur les rumeurs le concernant ? Elle en savait désormais un peu plus sur la fin de leur deuxième année, elle savait que tout était vrai : la chambre de Serpentard, Harry Potter y étant allé. Mais voilà tout. Pensive, elle regarda la table : le sel et le poivre, leur boisson venant d'être servies par le serveur, les doigts de Potter tapotant la table en rythme…

- Non mais je rêve ! C'est l'anneau des Potter ? C'est impossible.

- C'est ta question ? Bon, d'accord, concéda-t-il en souriant.

Non, ce n'était pas… Arg !

- Plus sérieusement, je peux te faire confiance ? Serment du petit doigt ?

Elle le regarda, les yeux plissés.

- Il est hors de question que je fasse ça.

- Tant pis. Alors je ne te dirai rien.

Son œil tiqua. Les Gryffondors étaient-ils tous si énervants ?

- Dépêche-toi qu'on en finisse, dit-elle en donnant son petit doigt.

Le sourire de Potter s'agrandit.

- Puisque tu y tiens, lui répondit-il en faisant le serment. Non, plus sérieusement, j'ai décidé de te faire confiance et j'espère ne pas me tromper. J'ai découvert pas mal de choses en allant à Gringott ce matin. Premièrement, Dumbledore avait ma clé depuis la mort de mes parents et, pourtant, il ne m'a rien dit sur mon héritage. Deuxièmement, j'ai parlé avec Hagrid cette année et il a laissé échapper le fait que c'était Dumbledore qui avait décidé de me laisser chez ma tante et mon oncle moldu. C'est Hagrid qui m'a amené à lui depuis la maison de mes parents et McGonagal était également présente mais elle n'était pas vraiment d'accord avec la décision de Dumbledore. J'ai l'impression qu'il essaie de diriger ma vie malgré moi.

- Qu'il ait possédé ta clé et ne t'ait rien dit sur ton héritage, je comprends mais qu'est-ce que le fait qu'il t'ait laissé chez ta famille à avoir là-dedans ?

Ce fut presque imperceptible mais elle le vit légèrement se renfrogner à cette question.

- Tu as dit que tu serais honnête Harry.

L'appeler par son prénom sembla faire effet. Il soupira et continua :

- Ma « famille » a toujours voulu être ce qu'il y a de plus normal dans le monde moldu. Sauf que j'étais là, moi, Potter, le sorcier, le monstre, le gamin avec une bizarrerie. Ils n'ont jamais demandé à m'avoir dans leur vie. Si j'étais mort avec mes parents, cela ne leur aurait fait ni chaud ni froid. Ils m'ont donc fait payé ma présence et ce que je suis.

- Comment ? Insista-t-elle.

- Je ne sais pas comment la plupart des sorciers traitent leurs elfes de maison mais j'ai déjà vu Lucius Malfoy maltraiter le sien.

Elle ne voyait pas vraiment où il voulait en venir mais le suivit :

- Oui, je l'ai déjà vu faire. Certaines familles comme la mienne les traitent plutôt bien. Les elfes sont des créatures puissantes qui ne peuvent vivre qu'au dépend de la magie de leur maître et certaines familles comme les Malfoy les maltraitent. Mais pourquoi parler de ça ?

- L'elfe des Malfoy, Dobby, a été libéré à la fin de notre deuxième année. J'ai eu un certain rôle dans sa libération et, aujourd'hui, il travaille pour moi. Avec un salaire et des jours de congé. Il est très spécial : toujours enjoué, il semble vraiment content de me servir et porte des chaussettes de toutes les couleurs. J'aime beaucoup cet elfe.

Il souriait en évoquant l'elfe mais son sourire se fana quand il continua :

- Je le comprends, en quelque sorte. J'ai été une sorte d'elfe de maison pour ma famille. Ils m'ont obligé à faire le ménage à partir du moment où j'ai appris à marcher et à cuisiner pour eux à chaque repas à partir du moment où j'étais assez grand pour atteindre la gazinière. Je n'ai jamais eu de vrai lit ni de vraie chambre jusqu'à mon entrée à Poudlard : je dormais dans le placard sous l'escalier. Si aucune bizarrerie n'était arrivée de la journée alors j'avais droit aux restes du repas. Si je faisais de la magie accidentelle, j'étais enfermé dans mon placard pendant plusieurs jours et je n'avais droit qu'à un verre d'eau et deux tranches de pain par jour. Il fallait que je reste en vie. Après tout, une « tragédie » comme la mort de leur neveu orphelin aurait terni leur réputation de famille normale auprès des voisins.

Puis il se tut.